Hier, on a appris le suicide d’Alyssa Funke. Il y a quelques jours, à tout juste dix-neuf ans, elle s’est tiré une décharge de chevrotine dans la tête. Elle avait acheté le fusil elle-même, quelques heures auparavant. Ce suicide a mis fin à la campagne de harcèlement dont elle était victime depuis plusieurs semaines. Au mois de mars, Alyssa Funke a tourné une scène pour Casting Couch X ; apparemment, c’était la deuxième ou troisième fois qu’elle apparaissait dans un film porno. Ses anciens camarades de classe du lycée de Stillwater, dans le Minnesota, sont très vite tombés dessus. Alyssa a assumé face aux insultes, elle a fait mine de tenir bon avec quelques tweets fiers et arrogants façon Belle Knox. C’était sans doute une manière d’essayer de jouer le jeu ; ça n’a pas suffi, le slut shaming a fait une victime de plus.
La police a ouvert une enquête pour éclaircir les circonstances du suicide d’Alyssa Funke. Le problème, c’est qu’ils réfutent totalement la piste du harcèlement moral. Pour eux, la décision de la jeune fille n’a rien à voir avec les attaques dont elle faisait quotidiennement l’objet sur Facebook, Twitter et Instagram. Alyssa Funke était dépressive depuis de nombreuses années, ça leur suffit. A l’annonce de sa mort, le lycée de Stillwater s’est empressé de prendre la défense de ses anciens étudiants en affirmant que l’établissement n’avait jamais été confronté au cyber-bullying par le passé. Ils ont également souligné avec insistance qu’Alyssa Funke avait quitté le lycée pour l’Université de River Falls ; un tel acharnement à se départir de toute responsabilité est limite indécent. Pendant ce temps, les parents d’Alyssa Funke refusent toujours toute interview.
Edit : L’affaire Alyssa Funke a pris une ampleur considérable outre-Atlantique. Comme on pouvait s’y attendre, deux camps se sont formés ; pour les uns, la jeune fille a été brisée par l’industrie pornographique. Pour les autres, c’est le cyber-harcèlement qui l’a menée au suicide. Tous ensemble, ils ont soigneusement enquêté sur la vie d’Alyssa Funke : élevée par des parents criminels et négligents, timide, vulnérable et dépressive, la jeune fille a toujours été la cible des bullies. Face à la cacophonie générale, Melissa Funke, la mère d’Alyssa, s’est finalement exprimée. Pour elle, cela ne fait aucun doute : sa fille s’est suicidée parce qu’elle ne pouvait plus supporter les moqueries de ses anciens camarades de lycée. Belle Knox, qui supporte mal de voir son quart d’heure de célébrité prendre fin, a profité de l’occasion pour rappeler au monde qu’elle existait en adressant une lettre ouverte à la défunte : « ça aurait pu finir comme ça pour moi aussi. » On espère sincèrement que tout ça va forcer la police à enquêter du côté des anciens camarades de lycée d’Alyssa Funke.