Dans la forêt des mot-clés les plus tapés dans Google, la sextape est l’un des plus grands séquoias, dépassant de plusieurs branches ses confrères les Pinaceae. Quant au royaume de la titraille qui déclenche des torrents de clics, elle est également placée dans le trio de tête de ce qui fait le plus péter un câble l’internaute. On a déjà fait l’essai au Tag en titrant faussement « la sextape de Selena Gomez« , on vous a regardé vous ruer tels des loups affamés espérant découvrir ce que l’univers entier aimerait avoir entre ses mains : l’intimité de la star.
Il y a fort à parier que vous avez également cliqué sur ce titre avec l’espoir de trouver Alyssa Milano nue, suçant autre chose que des glaçons. Ça vous rappelait les débuts de l’ADSL, ces vidéos prometteuses de célébrités nues. Entre temps le monde a évolué. Marre d’attendre des sextapes qui ne viennent pas, le peuple, fappeur et fier, s’amuse à rendre hommage à ses stars.
Alyssa Milano a donc tourné pour Funny or Die une fausse sextape inspirée des plus grandes œuvres de Paris Hilton pour que vous cliquiez dessus et soyez informé de l’actualité géopolitique. Le sujet est grave, le conflit en Syrie inquiète, plus de 100 000 morts, un peuple gazé, des relents de guerre froide avec une Russie protectrice et arrogante, des pays occidentaux qui peinent à prendre une voie diplomatique et un Bachar El-Assad qui fanfaronne et propose sans stresser une petite 3e Guerre mondiale à qui viendra arrêter son massacre.
Etait-il nécessaire de tourner une fausse sextape pour alerter l’opinion sur la Syrie ? Si la démarche est louable, on sait aussi comment se comporte l’internaute quand il se fait rick-roller, il quitte la page et passe à autre chose. Publiée le 3 septembre, la vidéo tape déjà les 1,3 millions de vues et fait la joie de la presse en ligne trop contente de pouvoir placer un petit « sextape » pour son référencement naturel. Mais combien d’entre eux ont dépassé la première minute et le ton monacal du présentateur ? Notre petit doigt nous dit que l’audience chute de manière vertigineuse et terrifiante.
Déçu, l’internaute aura donc vite fait d’aller vers Google comme le suggère Quentin Girard, taper « Alyssa Milano sextape » et retrouver ses émois d’antan au lieu de s’inquiéter du chant des bombes.
Une bonne idée, une bonne compréhension du web pour un résultat quasi nul. Dommage.