Après Nymphomaniac volumes 1 & 2... La Vie d'Adèle chapitres 1 & 2 !
Forte de ses succès, étant parvenue à faire réviser le niveau de classification des films Nymphomaniac volume 1 (l'interdiction aux -12 ans devenant une interdiction aux -16 ans) et Nymphomaniac volume 2 (l'interdiction aux -16 ans devenant une interdiction aux -18 ans), l'association Promouvoir a attaqué la classification du film La Vie d'Adèle (2013), d'Abdellatif Kechich, pour demander la suspension du visa d’exploitation interdisant le film aux -12 ans, en tant qu'il n’interdit pas le film aux -18 ans ou, à défaut, aux spectateurs de -16 ans, se référant aux scènes de sexe entre les deux personnages.
Cette fois-ci, comme nous l'avions imaginé et écrit sur ce blog le 6 février 2014, le juge des référés du tribunal administratif de Paris a rejeté la requête le 20 février dernier, non pas sur le fond mais sur la forme, le juge Heu estimant que l'urgence de l’article L. 521-1 du code de justice administrative invoquée, n'est pas caractérisée : d'une part, parce que le visa a été attribué le 9 septembre 2013 et, d'autre part, par ce que le film n'est plus exploité depuis plusieurs semaines, sa sortie en salles remontant au 9 octobre 2013. Le juge rejette en outre l'argument des requérants (l'association pour la dignité humaine joignant sa requête à celle de Promouvoir) selon lequel "le film est encore projeté dans 11 salles, dont 5 en Ile-de-France" et qu’il est même diffusé "sur les vols outre-mer d’Air France".
L'interdiction aux -12 ans décidée pour La Vie d'Adèle est-elle pour autant sauvegardée ? Si les associations Promouvoir et pour la dignité humaine se sont faites débouter par la voie du référé, rien ne les empêche désormais d'attaquer le visa d'exploitation en saisissant le tribunal administratif de Paris par la voie normale.
Notons que l'un des motifs de suspension du visa soulevés devant le juge concerne l'irrégularité supposée du procès-verbal de la Commission, les associations contestant, notamment et pour la première fois, la nomination de Gauthier Jurgensen par le ministre de la Famille alors que, selon elles, il aurait dû faire partie du collège des professionnels puisque travaillant pour le site Allociné. Le décret du 23 février 1990 ne prévoyant pas de quorum par collège au sein de l'assemblée plénière (*), le moyen invoqué est sans aucun doute inopérant puisque l'appartenance d'un membre à l'un ou l'autre des collèges ne change rien à la décision de la Commission, celle-ci ne rendant qu'un avis au ministre de la Culture seul compétent pour attribuer le visa d'exploitation d'un film.
(*) Chaque demande de visa d'exploitation fait l'objet d'une projection du film en sous-commission à l'issue de laquelle, chaque membre présent, vote. Si la sous-commission propose une restriction à la programmation, l’œuvre est obligatoirement renvoyée en assemblée plénière. L'assemblée ne siège valablement que si quatorze membres au moins sont présents sans qu'un nombre minimum de représentants des quatre collèges - des institutionnels, des professionnels, des experts et des jeunes - composant la Commission, ne soit exigé.