Le 25 février 2014, Michaël Hajdenberg a révélé sur Mediapart qu'à la fin de l'année 2013, "à un moment où le journal Le Monde publiait plusieurs articles sur l’affaire Tapie incriminant Stéphane Richard", le président du groupe Orange, il a été demandé à Frédérique Dumas, la directrice générale de la filiale cinéma du groupe, de renoncer à financer le film Saint Laurent, de Bertrand Bonello, "pour ne pas s’attirer les foudres de Pierre Bergé, actionnaire du quotidie", qui préférait l'autre film, Yves Saint Laurent, de Jalil Lespert. Décidant de maintenir le financement du film de Bertrand Bonello, Frédérique Dumas a depuis été remerciée.
Le site @rrêt sur images rapporte que Xavier Couture, conseiller spécial de Stéphane Richard, était à la manœuvre citant l'article de Mediapart qui publie le contenu du message vocal laissé sur le répondeur de Frédérique Dumas : "Oui, Frédérique, c’est Xavier, écoute, on discutait avec Stéphane, de la problématique du Monde au sens le plus large avant que, voilà, que j’essaie de convaincre les journalistes du Monde d’être un peu plus gentils avec Stéphane, et pas de faire un feuilleton avec une histoire qu’on aimerait bien voir retomber. Je pense qu’il serait utile de réfléchir à deux fois avant de financer le film sur Yves Saint-Laurent qui est très contesté par Pierre Bergé comme tu le sais, voilà. Donc ça n’a pas un lien de cause à effet immédiat, mais je pense que c’est peut-être pas utile en ce moment de s’attirer les foudres de Pierre Bergé. Donc je ne sais pas où tu en es sur ce film. On me dit que Orange Studio aurait l’intention de le produire, or à ce stade Stéphane n’est pas vraiment favorable voilà, écoute tu peux me rappeler quand tu veux. Je t’embrasse."
Un cas qui ne serait pas exceptionnel si l'on en croit Mediapart cité par @rrêt sur images : "sur le film de Mathieu Kassovitz, L'Ordre et la morale, consacré à la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa, les administrateurs d'Orange ont invoqué le fait que le groupe ne devait pas continuer sur cette ligne de films politiques". Même constat sur le film de Nicolas Hulot, Le Syndrome du Titanic, considéré alors "comme un mauvais choix" et d'ajouter les confidences de Frédérique Dumas : "Dans les deux années qui ont suivi, on est par exemple venu me proposer un film sur une candidate à l’élection présidentielle et un film sur Karachi. Je savais qu’il m’était impossible de les produire".
Le site du Nouvel Observateur ajoute : "Gervais Pellissier [n° 2 d’Orange, ndlr] commente le film de Mathieu Kassovitz L’Ordre et la morale et précise qu’il ne souhaite pas que le groupe poursuive sur une ligne éditoriale de ce type. Il précise que les fonds qui nous sont confiés, par notre actionnaire principal, ne doivent pas servir à financer des films politiques et que nous devons rester mesurés quand il s’agit d’histoires récentes. Christine Albanel [ancienne “plume” de Chirac, ancienne ministre, et présidente du CA d’Orange, ndlr] précise que ce film est sorti trop tôt par rapport aux faits et qu’il aurait été préférable d’attendre quelques années encore."