Photos © Julien Adelaere
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Photos © Julien Adelaere
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Certes, vue de l’extérieur, Nice semble être une riche station balnéaire peuplée de vieilles rombières à la peau tannée par le soleil, déambulant le long de la promenade des Anglais accompagnées de caniches géants aux reflets abricot… Pourtant la ville abrite un solide réseau d’associations et d’initiatives LGBT qui tentent de renverser les idées reçues.
S’il est un cliché qui se révèle pertinent à propos de Nice et qui frappe d’emblée le visiteur, c’est que la ville est riche. Lieu de villégiature prisé par l’aristocratie européenne à partir du Second Empire, Nice conserve les traces des nombreux séjours de têtes couronnées telles que la reine Victoria ou le tsar Alexandre II. Aujourd’hui encore, la ville est la deuxième destination touristique de France après Paris et les Russes et Chinois fortunés continuent de se presser au Negresco ou au Boscolo Exedra. Les majestueuses façades Art déco des grands hôtels, la profusion d’églises baroques aux décorations surchargées ou les aménagements urbains plus récents (comme la promenade du Paillon et la rénovation de la place Garibaldi) attestent d’ailleurs de la prospérité de la cité méditerranéenne.
Mais les lecteurs de Point de vue et les admirateurs du gotha ne sont pas les seuls à trouver leur bonheur à Nice : la ville a en effet également un glorieux passé artistique et a accueilli par exemple Matisse, Chagall et Niki de Saint Phalle.
Enfin, l’histoire de l’homosexualité s’est aussi écrite en partie dans la préfecture des Alpes-Maritimes, puisque c’est ici que Magnus Hirschfeld (1868-1935), fondateur de l’Institut de sexologie à Berlin en 1919 et défenseur des droits des homosexuels, vint finir ses jours après l’accession au pouvoir des nazis. Mais qu’en est-il aujourd’hui de la vie et du tourisme LGBT dans cette ville coincée entre mer et montagne, à quelques encablures à peine de l’Italie ?
Pinkwashing ou schizophrénie ?
Pour une ville dont le cœur est à droite depuis les années 1960, Nice offre un dynamisme LGBT dont peu d’autres villes peuvent se prévaloir. Et ce malgré la course après le Front national engagée par son député-maire Christian Estrosi (LR) à l’approche des élections régionales de décembre, pour lesquelles il devra affronter Marion Maréchal-Le Pen. Les derniers mois l’ont ainsi vu multiplier les saillies douteuses sur les ondes nationales, à propos de l’affaire Zyed et Bouna, de l’islam, de l’immigration, des Roms ou de l’identité française.
Parallèlement, il est un des rares élus de droite à considérer l’ouverture du mariage aux couples de même sexe (qu’il n’a pourtant pas votée à l’Assemblée nationale) comme «une avancée» sur laquelle il ne faudrait pas revenir dans le cas plus que probable d’un changement de majorité en 2017. Et force est de constater que la municipalité fait de l’œil à ses habitant-e-s LGBT.
Ainsi, l’Office du tourisme a mis sur pied en 2011 le label «Nice, irisée naturellement» qui répertorie les adresses friendly de la ville, des hôtels aux cafés en passant par les plages et les boîtes. Un tel dispositif peut certes ressembler un peu à un gadget, mais il s’accompagne d’un programme de formation des commerçants organisé avec les associations LGBT de Nice. En outre, l’Office du tourisme est également à l’origine, en février 2015, de la première édition de Lou Queernaval, opération visant à donner de la visibilité aux LGBT par l’intermédiaire d’un défilé et d’animations dans le cadre des festivités du carnaval de la ville.
Enfin, la mairie subventionne le Centre LGBT Côte d’Azur, un lieu unique en son genre dans la région, qui regroupe pas moins de vingt associations. Le Centre, dont les locaux sont en pleine expansion, est ouvert trois fois par semaine et offre des permanences ciblées. Celle dédiée aux personnes trans, tous les lundis de 17h à 20h, est notamment assurée par la vice-présidente du Centre, Dana Osi, et n’a pas d’équivalent dans le sud de la France. Le Centre propose également, en partenariat avec la Bibliothèque municipale à vocation régionale (BMVR) de Nice, un fonds de 800 ouvrages en lien avec les questions LGBT, consultables sur place et empruntables pour les adhérents.
Deux associations organisent par ailleurs un festival du film gay et lesbien : Polychromes (Zefestival, en septembre-octobre) et Les Ouvreurs (In&Out, en avril-mai). La ville est également dotée d’une librairie spécialisée dans les livres anciens ou d’occasion sur les cultures homosexuelles et l’histoire des femmes, la librairie Vigna, qui entretient des liens étroits avec le tissu associatif local.
Enfin, Nice compte de nombreux lieux de sociabilité gay ou friendly, parmi lesquels la plage Castel, qui arbore fièrement un drapeau arc-en-ciel au pied de la colline du Château, ou le 6, un bar-club à la porte duquel l’inénarrable Cathy joue les hôtesses d’accueil et où se croisent des jeunes hommes pas si insouciants et les vieux briscards de la ville.
Des rapports moins hypocrites ?
Les Niçois, tant homosexuels qu’hétérosexuels, s’accordent à dire qu’il fait bon vivre dans leur ville et que la tolérance vis-à-vis de la visibilité LGBT a plutôt progressé ces dernières années. Cela n’empêche certes pas quelques manifestations d’hostilité, comme lorsque de la peinture rouge sang a été déversée sur la devanture du CentrE, fin avril. Cependant, comme on l’a vu, la vie LGBT de Nice est plutôt riche et variée, grâce à l’implication et au dynamisme du milieu associatif, mais également au soutien de la mairie. Se pose alors aux militants la question du positionnement face à ce maire si droitier au niveau national et si friendly au niveau local.
Les associations assurent bénéficier d’une véritable liberté d’expression dans leurs rapports avec les élus locaux, sans pour autant être dupes des enjeux électoraux. C’est ce que résumait assez bien le petit film promotionnel de la dernière édition du festival In&Out : il mettait en scène une élue locale fictive, Mazarine, cintrée dans son écharpe tricolore, manifestement peu au fait des problématiques LGBT mais consciente qu’il s’agissait d’électeurs à ne pas négliger…
Benoît Arnulf, directeur artistique de l’association Les Ouvreurs et secrétaire du Centre LGBT, reconnaît que les rapports avec les élus locaux, notamment concernant la programmation du festival, sont plutôt simples, parce qu’il sait à quoi s’attendre. Globalement, il est libre de montrer les films qu’il veut, même si, cette année, la projection porno (présente dans la programmation des éditions précédentes) a dû être supprimée. On lui a clairement fait comprendre qu’une partie des subventions en dépendait… Preuve que, cette année au moins, quelqu’un à la mairie a pris la peine de feuilleter le catalogue du festival !
De telles situations ne sont cependant pas l’apanage des villes de droite. À Lyon également, Écrans mixtes a dû renoncer en 2015 à sa traditionnelle séance porno du samedi minuit à la suite d’amicales et discrètes pressions de la municipalité, qui subventionne le festival et pour laquelle la pornographie (même lorsqu’elle met en scène exclusivement des hommes ou lorsqu’elle est filmée par des femmes) donnerait une mauvaise image des femmes.
Ainsi, si les relations des associations LGBT avec les autorités locales niçoises ne sont pas plus idylliques qu’ailleurs, elles pourraient en revanche s’avérer finalement moins hypocrites…
Bonnes adresses
Centre LGBT Côte d’Azur, 123 rue Roquebillière-Nice / 09.81.93.14.82 / www.centrelgbt06.fr
Librairie Vigna, 3 rue Delille-Nice / 06.07.70.61.84
Le 6, 6 rue Raoul Bosio-Nice / 04.93.62.66.64 / www.le6.fr
Photos : © Nicolas Maille
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C’est enfin l’été et, si vous faîtes partie de la petite moitié des Français-es qui partent en vacances, peut-être avez-vous prévu de vous rendre dans un pays où l’homosexualité est illégale. Vous n’avez que l’embarras du choix : ils sont soixante-dix-sept à travers le monde. Les plus médiatisés sont les pays africains et/ou musulmans, auxquels on peut ajouter la Russie, où l’homosexualité n’est plus illégale depuis 1993 mais où toute forme de visibilité homosexuelle est, comme on le sait, sévèrement réprimée.
La situation des homosexuel-le-s dans ces pays est évidemment un scandale, mais que dire des réactions que ces situations insoutenables provoquent chez les personnes LGBT en France ?
À chaque fois que les médias communautaires se font l’écho de telle ou telle mesure répressive dans l’un de ces pays, on peut s’attendre à une avalanche de commentaires, sur leurs sites Internet ou sur les réseaux sociaux, dans lesquels se mêlent ethnocentrisme, occidentalisme, islamophobie et racisme éhonté, le tout dans une ignorance complète et volontaire de l’histoire de ces pays, du contexte et de toutes les évolutions qui peuvent expliquer, sinon justifier, leur climat homophobe.
La palme de la réaction la plus abjecte revenant sans doute à Pierre Guénin (photo), ancien éditeur de presse homosexuelle (et co-fondateur d’un prix qui porte son nom remis chaque année par SOS Homophobie) qui a récemment commenté en ces termes les déclarations du président gambien Yahya Jammeh (qui souhaite égorger «tout homme qui veut en épouser un autre») : «sa grosse gueule de Noir parle pour lui. Et il se dit civilisé ! On peut en douter. Un gorille du 1er siècle ?». Ni l’âge de Pierre Guénin (quatre-vingt-huit ans) ni les crimes du président gambien n’excusent de telles ignominies racistes.
D’autres commentateurs se proposent pour leur part de ne plus se rendre dans les pays où les homosexuel-le-s sont réprimé-e-s, une suggestion problématique pour au moins deux raisons.
La première est que, pour espérer avoir la moindre efficacité, un tel boycott ne peut pas être individuel mais collectif, c’est-à-dire médiatisé, structuré, organisé comme l’était le boycott de l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid ou comme l’est actuellement la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre les violations du droit international commises par Israël. Et ce n’est actuellement pas le cas.
La seconde raison est que, quand bien même un tel boycott parviendrait à faire significativement baisser le nombre de visiteurs étrangers dans ces pays, son effet ne serait peut-être pas aussi positif qu’escompté. Dans des pays pour lesquels le tourisme représente une source de revenus importante, voire indispensable, cela se traduirait par un ralentissement économique certainement plus favorable aux démagogues et aux fondamentalistes religieux qu’aux partisans d’un assouplissement des législations en matière de mœurs. Pensons-y, avant d’organiser ou d’annuler nos vacances à l’étranger…
Bonne lecture et bon été à toutes et tous !
Photo 1 : le Kremlin à Moscou © Pavel Kazachkov
Photo 2 : Pierre Guénin © DR
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