L.,
Voilà le fameux blog dont je te parlais. Je tremble un peu, en t’envoyant ce lien. Je tremble car j’ai peur qu’il te donne de moi une image imparfaite, voire purement fausse. J’ai peur que tout ce qui est écrit ici – que ce soient des récits d’expériences ou des rencontres, des anciennes amourettes qui ne tourmentent à présent plus mon « présent » – se dresse entre nous, et te détourne de moi, de celle que je suis vraiment.
Sensible et fragile, charnelle et solaire…
Tout sauf « cérébrale », froide, distante, dans l’algèbre, dans l’analyse perpetuelle - « chichiteuse » comme disent certains hommes qui se plaignent après, assez souvent, d’amantes « peine à jouir » …
Définitivement, je ne suis pas de ces femmes chez qui les chemins du plaisir relèvent plus de l’algèbre de l’esprit que d’une réelle et authentique aspiration de la chair, d’un penchant évident pour le plaisir, d’une faculté "naturelle" à m’abandonner à lui, en toute légèreté…
Aux analyses savantes sur l’érotisme – ses origines, ses mutations, ses variantes ou je ne sais quoi -, je préfère définitivement le sang, les nerfs, le feu, les palpitations folles et les prodigieux battement de cœur, toutes ces perturbations bénies qu’il procure sans modération à ceux qui le vivent « de l’intérieur »…
Je le vis « de l’intérieur », crois-moi… Crois-moi "sur parole", puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes, nous ne sommes pas amants, n’est-ce pas, tu n'as d'autre choix que de me croire de cette façon là, faute d'avoir vu...
Nous ne sommes pas « encore » amants ? Ai-je le droit d’écrire ça ?
C’est bien toi, tout à l’heure, qui me disait que j’allais tomber amoureuse de toi, que « ça », c’était « absolument inéluctable », c’est bien le mot que tu as employé, « inéluctable », sur un ton que j’ai trouvé si délicieux qu’il effaçait magiquement toute l’arrogance dont il était porteur, un ton qui te rendait soudain charmant, touchant, irrésistible…
Donc tu peux survoler ici les milliers de lignes que j’ai déjà du écrire sur le sujet, mais garde en tête que j’aime surtout les amours solaires, les corps en chaleur qui s’attirent, se cherchent et se trouvent… Les amants qui s’espèrent… Se désirent…
Ne soit pas effrayé par ces milliers de lignes déjà écrites - le seul sens dans lequel doit être lu terme "libertinage" est bien le sens de Diderot : "recréer la douceur du jardin d'Epicure". Synonyme d'hédonisme, donc. Tu me disais aussi, tout à l'heure, que tu n'es pas "homme à partager tes maîtresses", et je trouve cela noble et attirant...
Donc garde à l’esprit qu’ici ce n’est pas « moi », ce n’est qu’une toute petite facette de celle que je suis, ce n’est pas « vraiment » l’amante que je suis. Mais t'envoyer ce lien est, aussi, une certaine façon de commencer à me dénuder.
Je pense aux hasards, aux jolis hasards aujourd'hui.
Camille