Quelques observations et questionnement, liés à mes rencontres :
- Pour y trouver du sexe totalement anonyme, rapide, sans ennui, et surtout toute la nuit – c'est-à-dire avec 3, 8, 10, 15 hommes qui se relaient ? Assouvir le fantasme caricatural de « se taper des bites » en ne voulant strictement rien savoir des hommes à qui elles appartiennent ? Je connais en effet quelques femmes, croisées de-ci-delà dans des clubs, littéralement et très explicitement insatiables, capables de se faire prendre en levrette par 15 ou 20 types à la suite sans cesser de hurler, et qui adorent ça et en redemandent, et ce, chaque vendredi et chaque samedi soir, chaque semaine de l'année... mais elles doivent représenter 1% à peine des femmes qui fréquentent les clubs. Oh bien sûr, en % des choses coquines qui s'y produisent, elle « assurent » au moins 40% ou 50% du sexe total pratiqué, sinon plus, tout particulièrement lorsqu’il y a « des hommes seuls », qui n'ont alors qu'à prendre leur place dans la file d'attente... Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ce ne sont pas des « folles » ni des « désespérées » (sous entendu : qui ne trouveraient jamais de mecs pour les baiser, en dehors des clubs où elles font un peu - je suis provoc' - les putes gratuites) : elles sont souvent
intelligentes et cultivées, parfois jolies. Il n’est qu’à relire, d’ailleurs, La vie sexuelle de Catherine M, de Catherine Millet, qui est une belle femme et d’une grande intelligence, extrêmement cultivée, et ses descriptions de partouzes durant lesquelles elle était prise par des dizaines et des dizaines (et des dizaines et encore des dizaines...) d'hommes anonymes à la chaîne : personne ne doute du libre-arbitre de Catherine Millet, ni de sa santé mentale. Personne ne doute de la motivation de ses actes, dans sa vie sexuelle non-conventionnelle : son propre plaisir. Les 1% que j’évoque sous souvent loin de toute caricature des « folles dingues de la bite qui ont 3 neurones et s'habillent en panthère des pieds à la tête, aguichant les mecs en club comme les plus vulgaires des putes sur le trottoir, que les hommes ne baisent que par facilité et faute-de-mieux », elles me font plutôt penser à Catherine Millet !
- Pour y faire des rencontres sur un mode libéré et sans tabous (c'est-à-dire en sachant que si on se plait, on peut très bien s’embrasser 10 minutes plus tard, se caresser et faire l'amour bien peu de temps après…), découvrir des personnes partageant l’état d’esprit libertin que la vie ‘normale’ ne permet jamais de croiser (ou plus exactement, si, on se croise, mais on ne sait pas que les autres partagent la même philosophie hédoniste que nous, donc on passe à côté). Là on peut échanger directement sur l’intime et le plaisir, ce qui est relativement rare quand on croise un couple inconnu dans un bar ou un restaurant « normal », et pratiquer des jeux de séduction en rapport (par exemple, les jeux de regard entre 2 couples, etc…). Souvent ces libertins-là (auxquels j’appartiens totalement) cherchent éventuellement à tisser des liens, et se revoir - mais plutôt après, dans des cadres plus intimes. En effet, faire l’amour à 3 ou 4 dans l’intimité d’une chambre, c’est quand même très, très différent que :
- 1/ faire l’amour à 3 ou 4 mais sur la banquette d’un club échangiste, c’est à dire : avec 25 personnes qui matent autour ;
- 2/ faire l’amour carrément tous ensemble à 25 (ce qui s’appelle : une partouze).
- De même, une soirée privée organisée entre 4-5 couples vraiment choisis, c’est différent que de faire l’amour avec les 4 ou 5 couples qui n’ont en commun que d’avoir été présents au même moment, dans le même club libertin.
Pour moi, il y a deux libertinages : avec ou sans la phase de séduction (certes, cette phase peut parfois se résumer à une conversation de 15 minutes seulement, durant laquelle rapidement les regards caressent les corps des autres, les mains s’égarent, se trouvent, explorent les creux et les courbes… et si la magie opère, les deux couples vont directement au bout de leurs envies : après tout si l’enchantement opère, il opère instantanément ! Et les libertins ne sont pas du genre à différer leurs plaisirs, quand leur désir est en éveil…). Nous pourrions aussi dire : il y a deux libertinages : un où l’on considère que la première étape est de choisir ses partenaires, le second où l’on considère que l’on vient pour du plaisir, tous les partenaires disposés à en donner étant alors les bienvenus.
- "Avec la phase de séduction", ce sont des gens qui fréquentent les clubs libertins dans l’espoir avant tout d’y rencontrer des gens avec qui ils auront des affinités. Le club libertin s’apparente alors à un genre de salon du 18e, de point de ralliement pour les esprits libertins : les gens s’y retrouvent pour y parler de plaisir et de leur façon de s’y adonner, échangent leurs expériences, souvent raillent le monde et ses conformismes absurdes, les gens s’y séduisent, s’y plaisent, les gens y font l’amour. Mais on vient dans le club pour « prendre un verre dans une atmosphère de volupté, et voir qui il y aura ». Bien sur dans l’espoir d’y rencontrer un couple avec qui les affinités et le désir se créent (et de savourer ces affinités sur place, évidemment), mais pas prêts pour autant à faire l’amour avec le premier couple venu, qui ne correspondrait pas à nos désirs. Bien sûr, ces affinités sont souvent physiques : une même allure, une même élégance dans la présentation, etc. Mais aussi intellectuelles (même désir de séduction, échanges intéressants, …).
- "Sans la phase de séduction", ce sont des gens qui fréquentent les clubs libertins tout simplement pour avoir du sexe, rapidement, et rien que du sexe. Du sexe tout de suite et sans détour. Le club libertin s’apparente alors à un bordel moderne : là où il y a encore 50 ans à peine on payait la dame patronnesse en choisissant ses prestations sur une liste, et la « cocotte » pour les exécuter, on paie à présent son droit d’entrée en club échangiste, et sans « garantie de résultats ». Dans un cas la fille était intéressée financièrement, dans le second elle est censée partager le même plaisir, mais en tout cas les hommes qui y viennent (avec ou sans leur femme) en attendent la même chose : se faire sucer + une chatte à baiser. Et les femmes, elles, y viennent pour se faire baiser, beaucoup baiser. Bien sûr, cette seconde conception interroge le plaisir des femmes : existe-t-il beaucoup de femmes qui fréquentent ces lieux, elles également, pour n’avoir que du sexe, que des bites anonymes, beaucoup de bites anonymes, en se foutant pas mal de savoir que leurs propriétaires s’appellent Pierre ou Paul ou Jacques, tant qu’ils bandent ?... (oui, assurément, il en existe, mais pas tant que cela me semble-t-il). Le club libertin est alors un back-room pour couples hétéro, un endroit très sombre où tous les corps sont là pour la même chose, des contacts sexuels sans trop voir les têtes les uns des autres.
- Les adeptes du libertinage « avec séduction » se plaignent que les clubs libertins soient « des lieux d’abattage, des endroits où le sexe se renchérit sur ses automatismes (une bite / une trou), se réduit à sa pure mécanique, que personne ne s’y parle, ne s’y rencontre, n’y échange, que ce sont juste de vastes lieux où les hommes sont réduits à la taille et à la dureté de leur bite (peu importe leur prénom, tout le reste…), les femmes à l’attrait de leur corps ». J’ai même rencontré des hommes me dire « me faire traiter comme une bite sur pattes, et devoir quémander la pauvre attention de Machine ou Machine, qu’en dehors jamais je n’aurais draguées, mais qui sont les deux seules femmes présentes, et qui finalement veulent « les bites les plus dures possibles », non merci. J’ai une autre conception du libertinage ! ». Sans compter que... baiser sur un coin de banquette recouverte d'un film plastique, entourés de dizaines d'autres couples, pas très glam... on est loin du luxe et du confort des beaux hôtels, refuges classiques des amants... Globalement, ils disent que les clubs libertins sont « des repaires de beaufs » qui « échangent Bobonne contre la 1e chatte venue, qui n’a le mérite que de la nouveauté, parce qu'en vérité ça fait belle lurette qu'ils n'ont plus rien à se dire, Dudulle et Bobonne, alors ils viennent tromper l'ennui abyssal de leur couple en essayant d'autres chattes ou d'autres bittes, dont les propriétaires ne valent pourtant pas forcément mieux que ce qu'ils ont à la maison tous les soirs dans le blanc des yeux ». Ces gens là (ceux qui se plaignent de la vulgarité des lieux libertins, et de leur fréquentation) souvent organisent des soirées privées, désertent rapidement ces lieux, et en parlent comme « d’une sexualité de poulets en batterie, industrielle, ultra-normée, vulgaire et anti-désir ». [perso, je me place plutôt dans cette catégorie]
- Les adeptes du libertinage « sans séduction » se plaignent de subir « trop de blabla », que les autres ne soient « pas assez libérés, pas assez chauds, pas assez sexe, trop coincés, trop hésitants, trop pisse-froids, des snobs qui sont là par effet de mode, juste là pour faire les beaux et se montrer, mais pas pour "vraiment baiser" », ils précisent que « les gens ne savent pas s’amuser, ils viennent là « pour parler », comme si c’était un endroit « fait pour ça », et ils jouent après les outrés dès qu'on OSE les approcher, ces princes et ces princesses qui viennent "seulement boire des coups" dans des clubs échangistes ! »… En langage mec, cela se retrouve sur certains forums sous forme de questionnement de ce type : « où sont-les vraies libertines, les chiennes, les salopes qui s'assument, les vraies amoureuses de la bite ? Toutes des coincées du cul moi je vous dis, elles viennent là et puis elles s’effarouchent si on ose s’approcher d’elles, elles jouent les marquises inaccessibles, alors qu’elles savent quand même bien que si elles sont dans un club, c’est pour se faire baiser par tous les trous et par tous les mecs présents… ».
Héritage 18e siècle et "Lumières" (le libertinage concerne une minorité de personnes "vraiment libres", affranchies des croyances) versus héritage seventies et "peace and love" (nous sommes tous frères dans la volupté). Vraie ligne de fracture entre deux attentes, deux visions du libertinage moderne.
Bon mais alors, qui domine ? Basé sur mon expérience, je dirais que tout dépend des clubs. Certains ménagent plus la première ou la seconde approche du libertinage, certains ménagent des espaces très distincts, dédiés à la conversation, aux échanges, et d’autres espaces avec de très grandes banquettes pour s’adonner au sexe à plusieurs. Certains clubs aussi sont hyper, hyper sombres : une fois dans les parties coquines, impossible de distinguer les traits du visage de l’homme qui tente de vous caresser l’épaule… ou autre chose (qui prend votre main pour la poser sur sa queue, ou bien : qui présente sa queue à l'entrée de votre bouche. Ben oui, c'est ça aussi la pratique des clubs libertins... les hommes tentent le tout pour le tout, les femmes disent "non" ;-)).
En + de ces deux raisons opposées et relativement irréconciliables, dans les autres raisons qui peuvent pousser les femmes à aller en club échangiste (d'après moi, d'après ce que j'ai observé) :
- Pour l’atmosphère. La sensation, parfois extrêmement bien ménagée par le décor, de « sortir de la vie sociale, de s’extraire du monde » pour gagner un lieu secret, entièrement dédié à la volupté, et pouvoir tout oublier. Se laisser griser par le décor, par les effluves, lâcher prise, profiter d’un moment de pure sensualité. Cela est vrai pour les clubs qui ont un superbe décor, évidemment. Le club genre « arrière cour avec des canapés posés un peu les uns à côté des autres, et un vague matelas, quelques assiettes de chips » n’offrent pas du tout cette sensation de s’évader vers un autre monde ;-) Je reviendrais sur l’importance du décor dans un autre post.
- Pour être « déchargées » de tout le poids de la séduction. Certes, c’est paradoxal car tous les clubs (et surtout les clubs parisiens) indiquent qu’ils n’acceptent que les femmes ultra apprêtées et extrêmement sexy. Mais une fois à l’intérieur, les apparences comptent peu. Les femmes sont les denrées rares (car même lors des soirées « only-couples » certaines se tiennent ostensiblement à l’écart, donc celles qui jouent le jeu n’en sont que plus convoitées), et surtout (basé sur mes propres observations), les hommes « échangent beaucoup plus ». En soirée, la grande majorité des femmes va avoir 1 ou 2 partenaires en plus de son « officiel », rarement plus. Un homme va chercher à approcher un maximum, maximum de femmes… Donc de facto, les femmes sont plus sollicitées, vu que les attentes ne sont pas symétriques. Il y a toujours plus d’hommes qui veulent baiser les femmes que l’inverse. Les femmes sont donc soudain le centre de toutes les attentions. On sait que tous les hommes autour ne guettent de nous qu’un seul regard, qu’un seul signe. Cela peut procurer une sensation de pouvoir, de « tenir toutes les rênes du jeu » qui est grisante. Soudain, on est au centre de tous les désirs. On a qu’à lever le petit doigt parmi les 10 hommes autour de nous pour choisir celui avec qui on va « partager », et avoir le pouvoir de laisser les 9 autres déçus et frustrés... Ce n’est pas forcément un fantasme à assouvir tous les jours, mais une fois de temps en temps, je comprends que cela plaise à certaines femmes. Dans la vie quotidienne on nous demande d’être parfaites, performantes en tout, belles, apprêtées, minces, souriantes, etc etc… et là soudain, plus rien ne compte. Le désir est brut. Tous les hommes nous veulent.
- Pour faire plaisir / suite à quelques délicates pressions / suite à de très insistantes sollicitations / … de leur compagnon / amant / mari. Cette raison ne me semble pas à négliger. J’en croise assez souvent, de ces femmes qui m'entraînent à l'écart pour me dire : « écoute, ne lui répète pas mais je suis là juste pour faire plaisir à mon Jules, je n'aime pas trop les femmes mais il est persuadé que j'adore, si on pouvait ne rien faire mais si tu pouvais par contre lui dire qu’on a pris beaucoup de plaisir toutes les deux, on remonte et tu lui glisses ça à l'oreille, ça me rendrait vraiment un grand service », ou qui me formulent d’autres demandes de ce genre. Ne pas croire que les maris sont forcément les derniers des salauds. Parfois les maris en question sont persuadés que leur femme va prendre du plaisir, et qu'ils vont ensemble dans ce lieu "seulement pour qu'elle ait du plaisir", et eux, ne font strictement rien, ne regardent pas la moindre femme (autre que la leur en train d'en caresser d'autres, mais sans jamais se joindre à elles, ni même se branler en les regardant). D'où d'ailleurs ces femmes qui me disent parfois "dis-lui qu'on a pris beaucoup de plaisir toutes les deux, il sera content, et s'il pense que j'ai passé une bonne soirée, la sienne sera bonne aussi, et s'il est content moi je suis contente, donc tout sera bien". C'est du vécu, promis juré.
- Dans une moindre mesure, et ça dépend fortement des clubs, certaines femmes sont présentes pour « rencontrer des gens qui comptent ». Cela n’a rien de nouveau. Au 18e déjà les libertins classiques raillaient les « carrés de petits-maîtres courtisans » qui pensaient « utiliser la luxure pour accéder à un monde qui n’est pas le leur ». En clair, « je participe aux mêmes partouzes que le roi et ses ministres, je me sens donc proche du roi et de ses ministres, je suis devenu quelqu’un d’important, de semblable au roi »… En France tout particulièrement, la presse entretient beaucoup le mythe (ça fait fantasmer le chaland) que les clubs sont fréquentés par toute l’élite, notamment médiatique. (cf par exemple, et ce n’est que le 1er qui apparait dans Google : la toute première phrase de cet article : « Patrons, hommes politiques, sportifs,journalistes et top-modèles fréquentent les clubs échangistes ou SM ». - l'affaire DSK aussi, si elle a mis en lumière une certaine "face sombre" du libertinage, a quand même aussi fait savoir qu'un futur quasi-président passait ses nuits à baiser dans divers endroits échangistes... donc pouvait y être rencontré !). Du coup, est-ce que des filles, que ça intéresserait beaucoup de rencontrer des patrons et politiques, fréquentent ces lieux pour nourrir leur carnet d’adresses ? Assurément il y en a. A vrai dire, elles se remarquent : elles n’adorent pas spécialement le sexe. Petite confidence entendue (par moi-même) de la part d’un sportif français très connu croisé dans un club, avec qui j'ai discuté autour d'un verre de ce sujet : « c’est bizarre, chaque fois que je rencontre une jolie fille ici, elle a forcément des problèmes d’argent terribles, elle est menacée d’expulsion par que son bailleur est un pourri, et elle va être à la rue, et elle voudrait faire tel ou tel truc mais il lui manque juste un petit complément financier pour repartir, et sa mère est gravement malade... »… Nota : Ça ne concerne bien entendu pas que les filles. J'ai déjà vu (là aussi, c'est du 100% vécu, promis-juré) un type ne pas décoller du fumoir d'un club parisien réputé pour être fréquenté par des hommes d'affaires (le fumoir étant à peu près le seul endroit où l'on parle, quand on vient y prendre la cigarette de l'apaisement après les folies on échange alors quelques mots de courtoisie avec ses voisins...) et raconter à tous les hommes qui y passaient, un à un, qu'il avait été honteusement licencié et cherchait désespérément du travail et dérouler tout son CV... inutile de dire que généralement, à 1 ou 2 ou 3 h du matin d'une soirée sexe, on ne parle normalement pas boulot et on n'improvise pas un entretien de recrutement post-partouze ;-) Après, il ne faut pas croire que les responsables de clubs soient dupes. Leur métier les rend fins psychologues !
- Bien sûr, il y a surement encore mille et mille raisons ! L'article reste bien sûr à compléter !