Apparue en février 2014 en Guinée, la nouvelle épidémie du virus Ebola s’est rapidement étendue à ses voisins d’Afrique de l’Ouest. Faisant des ravages en Sierra Leone et au Liberia également, on craint maintenant une expansion mondiale du virus, avec un cas aux Etats-Unis et quelques cas suspects non-avérés en France.
Le virus, mortel à 50%, a tué près de 4900 personnes, sur un peu moins de 10000 personnes contaminées, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé, dont on sait que les chiffres sous-estiment la réalité.
C’est donc un certain mouvement de panique qui traverse le monde. La Sierra Leone a été confinée pendant trois jours, les pays occidentaux contrôlent les arrivées des vols d’Afrique de l’Ouest, chaque cas suspect de fièvre est immédiatement traité… Au Texas, l’université de Navarro a même refusé certains étudiants pour la simple raison qu’ils venaient d’Afrique…
Premières victimes : les femmes
Cependant, si le virus fait des milliers de victimes, ce sont les femmes qui sont en première ligne. Elles sont en effet beaucoup plus touchées par Ebola que les hommes. Au Liberia, 75% des malades sont des femmes ! En moyenne, sur les différents pays touchés, elles représentent entre 55 et 60% des personnes souffrantes.
Les femmes sont en effet plus exposées au risque de contamination. Ce phénomène n’est en fait pas étonnant, quand on se penche sur les conditions de vie et la place des femmes dans cette épidémie.
Les femmes sont en effet très nombreuses dans les métiers de la santé et sont donc majoritairement exposées au virus.
Mais surtout, la plupart de ces femmes se concentre dans les métiers moins haut placés : elles ont plus tendance à être infirmières que médecins. De plus, le personnel de nettoyage des hôpitaux est également majoritairement composé de femmes, et elles sont exposées au virus de manière importante. Les personnes exerçant ces professions bénéficient de moins de soutien et de protection que leurs collègues masculins, la plupart du temps médecins.
Mais même en-dehors du corps médical, les femmes sont les plus exposées au virus. Au Liberia notamment, ce sont elles qui soignent les personnes malades dans leur famille. Aussi, beaucoup d’entre elles vendent des produits sur les marchés, au Liberia, mais aussi entre la Guinée et la Sierra Leone, ce qui fait d’elles des victimes potentielles. Enfin, quand les personnes de leur entourage meurent, ce sont elles qui s’occupent de l’enterrement et font la toilette mortuaire. Le rôle de ces pratiques dans la propagation du virus est non négligeable. Il faut dire qu’il est facile de contracter la maladie, qui se transmet par le sang, le sperme, les sécrétions vaginales, mais aussi la sueur et la salive. C’est pour cela qu’il est capital de désinfecter les draps et vêtements des malades, ce qui n’est pas toujours possible, et explique également l’expansion du virus.
La lutte contre Ebola doit cibler la population féminine en priorité
Comment est donc envisagée la lutte dans un futur proche ?
L’ONU a dit s’inquiéter de la progression du virus, et a annoncé qu’à ce rythme là, celui-ci va « gagner la course »… Dans les pays occidentaux, on prend en charge chaque cas suspect, on a soigné quelques individus atteints (notamment aux Etats-Unis et en Espagne), on contrôle l’arrivée des vols venant d’Afrique. Les Américains ont également déployé une force militaire de 3000 personnes pour aider à endiguer le virus. Mais il s’agit à la fois de précaution et d’action. Il faut y ajouter la prévention et l’information. Il faut absolument limiter au maximum la transmission du virus pour stopper l’épidémie. Et donc cibler les femmes, premières victimes.
Car dans la lutte contre le virus, qui prend maintenant de l’ampleur à mesure que l’inquiétude grandit dans la communauté internationale, c’est une dimension non négligeable. Cette inégalité des genres dans la contraction et transmission du virus doit être prise en compte. L’ONG Human Rights Watch conseille donc les différents gouvernements de lancer des campagnes visant particulièrement les femmes. D’autres organisations agissent, comme l’Unicef par exemple, qui a mis en place un kit pour aider à la diffusion de l’information. Il vise particulièrement les femmes, engagées dans de nombreuses tâches à risque comme la cuisine, le ménage, la toilette et les préparations funéraires…
Mais si la prévention et les campagnes d’information sont nécessaires, le risque collatéral du mouvement de panique émergeant en Europe et en Amérique est de dériver vers la suspicion voire la paranoïa. Aux Etats-Unis, en plus de la polémique autour de l’Université Texane, d’autres protestations ont vus le jour. Le hashtag #IAmALiberianNotAVirus a fait le tour de Twitter, après qu’une photographe Libérienne ait publié une vidéo dénonçant la stigmatisation dont certaines personnes originaires du Liberia, de la Sierra Leone ou de Guinée font l’objet.
Quoiqu’il en soit, des recherches sont en cours pour élaborer un vaccin contre le virus Ebola, qui continue de faire des ravages en Afrique de l’Ouest. En attendant, il faut renforcer la prévention, qui concerne tout le monde sans exception, même si le succès de ces campagnes devra passer par l’implication des femmes.