Cette semaine, petite explication à ce sujet. Bien souvent, on associe le terme « matriarcal », en opposition à « patriarcal », à l’idée de la domination. Cette liaison est-elle bien fondée ? Ou n’est-ce qu’un cliché ?
Les sociétés matriarcales sont entourées de mystère : nous ne disposons que de peu de traces écrites, et nombre d’entre elles ont disparu. Le martriarcat n’est toutefois pas une invention, certaines sociétés existent toujours aujourd’hui. Nous allons ici découvrir plusieurs d’entre elles …
Mais, tout d’abord, faire le point s’impose !
Le matriarcat, c’est quoi ?Etant l’inverse du patriarcat, nous avons (et continuons) fréquemment à l’associer aux caractéristiques de ce dernier. Comme le montre son étymologie, le patriarcat désigne un système social dominé exclusivement par les hommes. Or, nous n’avons pas de traces d’un peuple où les femmes détenaient exclusivement le pouvoir.
Le caractère du pouvoir est ici différent : le matriarcat est un système de parenté, un concept d’organisation familiale où la femme est considérée comme la base de la société.
Une société matriarcale est matrilinéraire, en général matrilocale et basée sur l’avunculat.
Une société matrilinéraire est caractérisée par la transmission du statut social, du nom et de la fortune, transmise par la lignée maternelle.
Matrilocale signifie que l’époux ira habiter dans le village de l’épouse.
L’avunculat est un système d’oragnisation et de relations sociales, dans lequel le rôle du père est faible, tandis que celui de l’oncle maternel est plus important. Ainsi, dans les sociétés matriarcales, l’oncle est en charge de la parternité sociale de l’enfant.
Dans cette société, la conception du pouvoir s’organise selon ces différents points : la propriété, la filiation, et l’économie. Les femmes détiennent ces pouvoirs. Ainsi, elles possèdent les terres, les maisons, les enfants, les économies … Ce sont les hommes qui exercent le pouvoir, et les femmes qui le détiennent, car le pouvoir de l’homme découle du consentement de la femme.
De fait, le matriarcat n’est pas à confondre avec la gynocratie, que l’on appelle également gynarchie.
Et la gynarchie, c’est quoi alors ?C’est l’exercice du pouvoir par les femmes. Ainsi, dans ce régime politique, les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif sont détenus par les femmes. C’est un système social et familial qui donne la primauté aux femmes. Il s’agit donc plus d’un système basé sur la politique, contrairement au matriarcat, qui relève d’un système de parenté où la femme est considérée comme la base de la société.
A la découverte des sociétés matriarcales dans le monde
Dans la petite ville de Juchitán de Zaragoza, dans la vallée d’Oaxaca au Mexique, la population, majoritairement zapotèque, a conservé de nombreuses traditions, et les femmes parlent encore le dialecte de cette société matrilinéaire. Elles sont les protagonistes de la société zapotèque, ce que l’on observe au marché : elles coupent la viande, vendent l’agave, s’occupent des clients et des touristes … Ce sont les femmes qui tiennent ici les magasins et contrôlent la vie économique de la ville.
Des femmes aux étals d’un marché, Juchitán de Zaragoza
Toutefois, si les hommes n’ont pas le pouvoir, ils sont également acteurs dans la société, et travaillent aussi, sous la direction des femmes.
Cette société est aussi très tolérante envers l’homosexualité, contrairement au reste du Mexique.
Les Na (Moso ou Mosuo) sont un peuple de 30 000 à 60 000 habitants au sud-ouest de la Chine, à la frontière des provinces du Yunan et du Sichuan. Le district des Moso, nommé Yongning en chinois, signifie « Sérénité Eternelle ». Les chinois n’enviraient-ils peut-être pas un peu leur culture ?
Dans cette société, la paternité est avunculaire, les pères des enfants ne sont donc pas reconnus et ce sont les oncles qui s’occupent des enfants de leurs soeurs. Les familles sont ainsi composées par des fratries, générations qui se suivent et vivent ensemble. La naissance de filles dans les familles est nécessaire afin de permettre la continuité de la lignée, et la naissance de garçons pour l’éduation des enfants. La propriété appartient à tout le clan familial.
Une femme Na faisant une livraison
Les Moso ont des moeurs très différentes des nôtres : les affaires amoureuses sont indépendantes des affaires familiales. Ainsi, leurs moeurs sont débridées, et ils jouissent d’une grande liberté amoureuse et sexuelle, ce qui exclut les rapports de domination entre hommes et femmes. Les ruptures ne sont donc pas un problème, entre les familles et avec les enfants (étant élevés du côté maternel).
Toutefois, malgré ces libertés, les Moso sont pudiques : ils pratiquent « la visite furtive » ! De fait, la discrétion est de mise, et il est difficile de savoir quelles relations entretiennent les différents individus, villageois. Par ailleurs, parmi leurs valeurs, les Moso banissent les sentiments de possession et de jalousie.
Les Khasis
Dans la majeure partie de l’Inde, les familles préfèrent les petits garçons aux petites filles, celles-ci étant considérées comme un fardeau, et les garçons héritant des propriétés, du nom, et des richesses de la famille. Or, au Meghalay, état au Nord-Est du pays, on observe l’inverse dans la tribu des Khasi. Leur société est matrilinéaire et matrilocale : ainsi, les plus jeunes filles des familles, héritent du nom, des possessions terrestres et des biens. Elles sont donc les gardiennes du patrimoine familial, et occupent une place primordiale dans la société. Elles sont appelées les « Kadduh ». Il n’est donc ici pas question de dot, ni de mariages arrangés, contrairement aux autres régions indiennes : dans cette tribu, garçons comme filles choisissent librement leur conjoint. Bien sûr, les cadettes ont plus de succès que les autres filles.
Jeune fille Khasi vêtue d’habits traditionnels
Les femmes de cette tribu possèdent les entreprises familiales, et ont l’habitude de prendre les décisions concernant la famille. De fait, souvent, les hommes restent au foyer pour s’occuper de celui-ci et des enfants.
Néanmoins, avec l’évolution du toursime ces dernières années et la modernisation, des mouvements d’opposition à l’intérieur de ces sociétés se lèvent, et ont un impact progressif sur les traditions. Et, comme nous l’avons vu, ces sociétés, bien que très différentes des nôtes, ne sont pas égalitaires et ne prônent pas un modèle parfait. Toutefois, il est intéressant de comparer nos systèmes …
Crédits photos : Mosu Boats, Liwubi Dao Island - © Neimon (Flickr) / Women at market stalls, Juchitan de Zaragoza - © Oliver Laumann (Flickr) / Mosu woman making a delivery - © marti brown (Flickr) / A Cute Girl Wearing Dhara - © Biswajit_dey (Flickr)
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