Vendredi 5 septembre 2014, Jean-Claude Juncker, nouveau président de la Commission Européenne a dévoilé sa nouvelle équipe. Sur les vingt-huit membres de la Commission, seulement neuf femmes ont été désignées par les pays membres. Ainsi les sommations des commissaires féminines sortantes à Monsieur Juncker de « nommer au moins dix femmes » n’ont-elles pas été entendues, ou n’ont elles pas pu être respectées. La nouvelle composition de la Commission n’est donc pas plus paritaire que la Commission Barroso II (2009-2014), qui comptait également neuf femmes.
Des tractations longues et mouvementéesLa composition de la nouvelle Commission fut un défi à relever pour Monsieur Juncker. Les tractations et négociations avec les pays membres ont été longues et complexes.
Chaque pays de l’Union Européenne envoie un représentant à Bruxelles, auquel le président de la Commission attribue ensuite un portefeuille. Ainsi, il ne choisit donc pas directement les membres de son équipe, et n’a que l’arme de l’attribution des portefeuilles pour faire pression. Certains, comme l’économie, la finance ou l’énergie sont très convoités, et Monsieur Juncker n’a pu se servir que de ce seul argument dans ses négociations. Il a donc promis que les pays qui nommaient une femme à la Commission se verraient attribuer un portefeuille plus stratégique.
Un minimum malgré tout respectéCependant, en réunissant neuf femmes à des postes de commissaires européens, la nouvelle Commission respecte les volontés du Parlement européen et les exigences fixées par son président Martin Schulz. Ce dernier avait menacé l’équipe Juncker de se voir refuser le vote d’investiture qui doit avoir lieu en octobre si la nouvelle Commission ne comptait pas au moins neuf femmes dans ses rangs.
Cette menace de dissolution a rendu la tâche encore plus complexe qu’elle n’était déjà pour Jean-Claude Juncker, qui jusqu’au dernier moment n’était pas sûr de pouvoir remplir cette condition.
Une mise en avant des femmes nomméesLe 10 septembre 2014 le président de la Commission a donc enfin dévoilé la composition finale de son équipe. Malgré tout, le rôle des femmes au sein de la Commission n’est pas négligeable. La nouvelle Commission compte huit vice-présidents, dont quatre femmes sur les neuf nommées. La fonction de vice-président au sein de la Commission donne plus de pouvoir à celui ou celle qui l’occupe, avec notamment la prise en charge de projets prioritaires concernant l’ensemble de la Commission, ou encore la possibilité d’introduire de nouvelles initiatives à l’ordre du jour.
En outre et comme promis, Jean-Claude Juncker a attribué des portefeuilles plus convoités à certaines femmes de sa Commission, distribuant notamment l’énergie à Alenka Bratušek (Slovénie) et le commerce à Cecilia Malmström (Suède).
Une prise d’importance de l’Europe de l’EstLes pays d’Europe de l’Est ont joué le jeu de Monsieur Juncker et nombre d’entre eux ont ainsi nommés des femmes au poste de commissaire ; sur les neuf femmes de la Commission, cinq d’entre elles ont été désignées par des pays d’Europe de l’Est. En désignant des femmes, plus susceptibles donc de décrocher des postes à hautes responsabilités, ces pays démontrent ainsi leur forte volonté de peser plus lourd dans les politiques européennes. La Pologne, la Roumanie, la Slovénie, la Bulgarie et la République Tchèque ont notamment envoyés des femmes à la Commission.
Il est aussi important de noter que le Danemark, la Suède et l’Italie ont fait de même, ainsi que la Belgique, qui cède ainsi aux nombreuses pressions de Jean-Claude Juncker en nommant sa première femme commissaire.
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