> Parce que, selon un proverbe chinois, « si le corps est droit, il n’importe que l’ombre soit tordue ».
Pré-requis : Charly Charlie - Allez, fais un effort. Sois réceptive aux invitations que te font tes copines. - Mais Maman, si tu savais comme j’ai la flemme d’aller à leurs soirées débiles… - Alors dans ce cas là je ne veux plus t’entendre te plaindre que tu es seule, Jade. - Bon, bon, ok j’y vais. Je te laisse, je vais me préparer. - Relâche la pression et amuse toi ma chérie. Envoie-moi des textos. Bisous. - Bisous Maman. Je raccrochai. C’était la première fois de l’année que j’acceptais (malgré moi) de sortir un jeudi soir. Un jeudi soir ! Quelle idée alors. J’ai cours moi demain ! - Gamine. - Quoi ? - Tu as cours à 14h, pauvre caillou. - Oui, à 14h, mais j’ai cours quand même, arrête de me chercher. C’était mon ami imaginaire (ou mon côté schizophrène ?). Selon la situation, j’avais droit,soit à la présence de « Charly garçon » soit à celle de « Charlie fille », soit à celle des deux. En l’occurrence, à cet instant précis, Charly prenait le dessus. Je pris une douche et me préparai. Je n’étais pas du genre à faire de chichis. Pantalon noir, et pull à paillettes (il fallait bien que je joue un minimum le jeu), le tout assorti de petites bottines noires. Classique. Il était 18h quand je reçus un texto d’Emmanuelle. « T’es partie ? » Elle me sembla déjà lourde. J’étais beaucoup plus près du lieu de la fête, mais habitant dans une maison beaucoup plus confortable que ma petite chambre, elle voulait absolument que nous finissions de nous préparer ensemble chez elle. Déjà que j’allais me la coltiner toute la soirée, je n’allais pas en plus venir tant de temps à l’avance ! Je retardai un peu l’échéance, puis vers 20h, je frappai à sa porte. Je ne pus m’empêcher de m’exclamer : – Waouh ! Tu es… Ça change ! – Merci, gloussa Emmanuelle. Je souris d’un sourire hypocrite. Je ne savais pas où est-ce qu’elle avait entendu un compliment de ma part. - On dirait une pute. - Je ne rentre pas avec elle si elle est habillée comme ça, m’exclamai-je pour Charly et pour moi-même. Emmanuelle arborait une robe rouge affreusement moulante, s’arrêtant au ras des fesses. Elle ne portait pas de collant et avait mis des escarpins d’au moins 10 centimètres de haut, le tout recouvert d’une petite veste en cuir noir. Au temps pour moi, elle portait des collants. Transparents et filés à l’arrière. C’était le genre de fille assez sympathique, discrète en classe, mais qui, une fois hors de la fac, se lâchait complètement. Même si c’était la première fois que je sortais avec elle, je l’avais toujours senti. – Tu as mangé ? Me questionna-t-elle. – Non et toi ? – Non, ça tombe bien, ma mère nous a ramené des pizzas tout à l’heure ! – Super ! Bingo. J’économisais une assiette de pâtes. C’était déjà ça de gagné. Emma retira sa veste et ses chaussures, puis nous nous installâmes à table.Une fois les pizzas entamées, je demandai : – Il y aura qui que tu connais à la soirée ? – Euh…Alors tu sais la petite là, Elsa, ma copine d’anglais, Carla, la fille que tu as vu la dernière fois, Louise, Marine, et Émilie avec son mec Hugo, qui lui va ramener des potes à lui, Quentin, Guillaume et d’autres. Et toi ? – Euh… Elle me coupa. – Et Simon. Je repris : – Je connais seulement la fille qui organise la fête, Élisa. Elle me coupa de nouveau : – Et Mathis. Le beau Mathis. Pardon, continue. – Et j’en connaîtrai de vue quelques-uns. Emma hocha la tête. - Sans ami. - Tu as prévu d’être comme ça toute la soirée ? Fais attention car tu risquerais de devoir te trouver une autre tête chez qui dormir. - Ça va, arrête de faire ta susceptible. – Tu remercieras ta mère pour les pizzas, je me suis régalée ! – Pas de problème ! On va se maquiller ? Emma nous emmena à la salle de bain. Je pris ma trousse de maquillage et la vidai : crayon, mascara et blush. Ma copine fît de même (elle était trois fois plus grande que la mienne) et la vida à son tour : crayons (noir, marron, bleu foncé, bleu clair et rose), mascaras (des mêmes couleurs), fond de teint, poudre, blush (le tout décliné en plusieurs teintes) et fards à paupières de différentes couleurs également. Pendant qu’elle appliquait tout son attirail, je me contentais de ce que j’avais. Puis j’attendis. Cinq minutes. Puis dix. Puis quinze. Puis trente. - Quelle coquette celle-là, s’exclama Charlie. - Je n’arrive plus à me souvenir de son vrai visage, répliqua Charly. - Tu es bien plus jolie qu’elle, surenchérit Charlie. Je souris. Une fois qu’elle eut fini, Emmanuelle me proposa d’utiliser son maquillage pendant qu’elle finissait de faire son sac dans la pièce d’à côté. Je n’osai refuser. Je saisis timidement sa trousse puis me laissai aller à un maquillage que je n’aurais jamais tenté. Bizarrement, j’étais satisfaite du résultat. Légèrement visible et subtile. Quand je rejoins mon amie, celle-ci ne put retenir son étonnement. Les mots avaient du mal à sortir de sa bouche, mais l’expression de son visage suffisait. Elle reprit ses esprits et déclara : – Waouh, Jade ! Je n’ai tellement pas l’habitude de te voir comme ça ! Tu es magnifique ! Je rougis, la remerciai puis plaisantai : – Eh oui, ma petite, je suis une fille ! J’étais en réalité plutôt complexée par des détails. Je ne me trouvais pas belle, les garçons non plus. Je ne me donnais jamais vraiment la peine de prendre soin de mon apparence physique mais j’avais conscience d ‘un certain potentiel quasiment jamais exploité. Il me fallait faire trop d’efforts, et les rares fois où je les faisais, j’avais l’impression qu’ils étaient inutiles. Cela me décourageait. On ne voyait pas ce potentiel car je ne répondais pas aux critères de beauté qu’on attendait d’une fille. Quels critères ? Je ne le savais pas tout à fait. Tout ce que je savais, c’est que je n’y répondais pas. Sans prétention (bien au contraire), je n’avais pas cette beauté « banale » qu’ont les filles qui répondent à ces fameux critères, mais j’étais dotée, je le pense, plus de charme que de beauté. Ce charme que l’on décerne grâce à une manière d’être, une force de caractère, une personnalité bien déterminée. Pour me trouver belle (du moins, pour être plaisante), il fallait me connaître. Et cela était chose difficile pour une fille fermée comme moi. Je ne donnais pas envie aux gens d’aller vers moi. Je fus tirée de ma de ma rêverie : - Ta copine t’appelle. - Pot de peinture t’appelle, rectifia Charly. – Wouhou Jade ! Mets tes chaussures, on y va. - Mocheton t’appelle, continua Charlie. - Place Pigalle t’appelle. Je ris ouvertement puis leur ordonnai de se taire. Emmanuelle enfila de nouveau ses talons avec lesquels elle n’arrivait même pas à marcher. Je remis mes bottines plates. Rira bien qui sera le plus à l’aise. - Ça ne se dit pas. - Laisse-moi. A peine sorties, nous nous faisions déjà accoster par des gens qui passaient en voiture ou agresser du regard par des passants. Bien sûr, tous les coups d’œil, bons comme mauvais, lui étaient adressés. J’avais vraiment honte et je marchais vite. A suivre.
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