Fraîchement débarquée à Paris, je compte bien profiter de tous les plaisirs que peut offrir cette mégalopole, que j’ai toujours considérée comme le centre du monde. Même si je viens tout juste d’arriver, je ne suis pas seule. Mon meilleur ami, Axel, a un appartement à deux rues de chez moi et ma cousine, Eva, est en colocation à l’autre bout de la ville. On est vendredi soir, et un vendredi soir, surtout à Paris, pas question de rester devant la télé ! A la tisane et aux biscuits secs, je préfère de loin les Mojitos et chips épicés. A 18 heures, alors que j’étais en train de me demander ce que j’allais faire, la sonnerie de mon téléphone me tire de ma rêverie. C’est Eva qui me propose une soirée.
- Il y aura tous mes colocs. On commence par un apéro et on bougera ensuite. Tu peux proposer à Axel si tu veux.
J’allume la radio, le son au volume maximum, puis file prendre une douche et me préparer. Petite robe noire, escarpins, eye-liner, mascara, parfum… Tout y est. Ou presque. Je suis en train d’essayer de mettre un peu d’ordre dans ce que mes amis appellent une crinière quand je me rends compte, grâce à l’animateur radio, que je ne suis pas en avance… Bon, OK, je suis même carrément en retard. J’arrive à la colloc’ une bonne quarantaine de minutes après l’heure de rendez-vous. Axel est déjà là et me taquine à propos de ma ponctualité légendaire. L’ambiance est bonne, les niveaux des bouteilles descendent doucement mais sûrement, et je sympathise un peu avec tout le monde. Surtout avec Martin, qui me pose une foule de questions et qui en profite pour me demander si je suis célibataire. Pas envie d’entrer dans les détails, je réponds brièvement que oui avant de lui demander de me parler un peu de lui. Notre conversation est interrompue par Eva, qui fait tinter une fourchette en tapotant sur son verre comme pour porter un toast. Elle se lève et pose LA question :
- Alors, on va où ?
Les propositions fusent. On décide finalement d’aller au quartier des Grands Boulevards et d’improviser ensuite. Vite, il est minuit et demie, on va rater le dernier métro !
On attrape l’avant-dernier métro, fiers de notre avance, et après un bon quart d’heure de marche (que mes pieds me reprochent déjà), nous voilà dans une boîte dont je n’ai même pas pris la peine de regarder le nom. La musique me plaît tellement que je danse sans m’arrêter une bonne heure avant de me dire que, tiens, c’est l’heure du Mojito. Alors que j’étais accoudée au bar en train d’attendre ma commande, quelque chose m’interpelle. J’ai cru voir un visage familier. Je plisse les yeux pour tenter de mieux l’apercevoir à travers la foule. Non, ce n’est pas possible… Ce n’est pas lui… A peine le temps de me demander si c’est l’effet de l’alcool, si je rêve ou si c’est bel et bien vrai, il fonce vers moi et me lance :
- Zoé ! Qu’est-ce que tu fais là ?! Quelle surprise de te voir, après tout ce temps.
Lui, c’est Ethan, un mec avec qui j’avais eu une brève liaison lorsque j’étais en première année à la fac, mais qui s’était arrêtée parce qu’il devait partir à Paris. Je ne l’avais pas recontacté depuis mon arrivée, n’étant pas du genre à retourner le passé et préférant habituellement regarder droit devant moi. Mais sur le moment, le voir me met en joie. L’effet du rhum ? Pas seulement. Il m’embrasse sur la joue, et à son contact des images de nos ébats me reviennent en tête. Meilleur coup de tous les temps ! J’ai connu quelques hommes avant lui, et d’autres après, mais aucun ne m’a fait autant d’effet. Entre nous, c’était surtout physique, il n’avait jamais vraiment été question de sentiments, mais l’attraction qui nous liait était plus qu’intense. Je lui raconte que je suis là pour ma dernière année d’étude quand mon Mojito arrive. Je m’interromps dans mon explication pour en boire deux grosses gorgées. Il me regarde avec un large sourire (et quel sourire !) et me demande gentiment s’il peut goûter, prétextant qu’il a très soif. Pas le temps de lui répondre, que la paille est déjà dans sa bouche. Il s’approche de mon oreille pour me glisser :
- Maintenant que j’ai bu dans ton verre, je connais toutes tes pensées… Je dois dire que je ne suis pas déçu… Et sache que j’ai envie de la même chose que toi.
J’éclate de rire :
- Toujours aussi sûr de toi !
- Aussi perspicace, tu veux dire.
On se regarde un moment sans se parler. Ses yeux parcourent mon visage avant de s’arrêter sur ma bouche. Une folle envie de l’embrasser me prends, mais je me retiens et décide de prendre congé :
- Bon excuse-moi, je retourne voir mes amis. A tout à l’heure peut-être ?
- OK. Préviens-moi quand tu t’en vas, je serai vers là-bas, dit-il en me désignant une table située dans un coin, où ses amis, visiblement éméchés, semblent être en grande conversation philosophique.
Je rejoins le groupe, un immense sourire aux lèvres, sous le regard interrogateur d’Axel. Je sens déjà que Paris va me plaire… Pendant que je danse, je remarque qu’Ethan regarde dans ma direction avec insistance. Ou plutôt, il me déshabille carrément du regard, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je me suis toujours sentie belle et extrêmement désirable dans ses yeux. Je sais qu’il adore me voir danser et le simple fait de savoir qu’il me regarde avec envie suffit à attiser mon désir. Ce n’est pas un canon, même s’il est plutôt mignon, mais il a un sex-appeal à couper le souffle et un charme démesuré. A ce moment-là, je ne danse que pour lui et une multitude d’images traversent mon esprit. Sa bouche dans mon cou, ses mains parcourant mon corps, mes cuisses contre ses hanches… Nos rapports étaient un parfait mélange de tendresse et de brutalité. Soudain, deux mains m’empoignent et me retournent, me tirant de mes fantasmes. C’est Martin, qui se colle à moi pour danser. Je regarde vers Ethan, mais il a tourné la tête.
Vers la fin de soirée, comme Eva et Martin sont fatigués, on décide de tous rentrer. Je pars récupérer mes affaires au vestiaire, qui par chance se trouve tout près de la table d’Ethan et ses amis. Il m’attrape par la main pour m’attirer à lui et me dire à l’oreille :
- Attends-moi à l’extérieur, je pars aussi.
Une fois dehors, Axel me dit qu’il me raccompagnera, si, si, il insiste, avant de rentrer chez lui. Eva et ses colocataires ne prenant pas le même chemin que nous, on se dit au revoir devant la boîte, en se promettant de remettre ça très vite. J’explique à Axel que je dois juste « régler un petit truc avant de partir », tout en guettant la porte. De toute façon, on a encore une dizaine de minutes à patienter avant le premier métro.
Ethan sort. Montée d’adrénaline. Il m’attrape par le bras pour m’attirer à quelques mètres de là et me lance :
- Viens manger chez moi demain soir !
- Non. Mais je suis dispo pour prendre un verre mardi soir si tu veux.
- OK, dit-il, sans avoir l’air déstabilisé. Tu veux aller où ? Tu as toujours le même numéro ?
- Oui. Appelle-moi pour me donner le lieu de rendez-vous. Choisis, je ne connais pas Paris.
- OK, chef !
Sa main attrape la mienne et il fait glisser son pouce dans ma paume. Je sais très bien ce que ça signifie… Je m’écarte pour partir mais il m’attrape fermement par les hanches et enfonce plusieurs fois ses ongles dans le bas de mon dos. Ce geste n’est pas anodin, il sait que ça me rend folle et que ça ne peut que raviver en moi des sensations. Ses mains empoignent ensuite ma nuque et il pose ses lèvres chaudes et humides sur ma joue. Son odeur, qui m’est tellement familière, m’envoûte totalement… Je regrette presque qu’il ne m’ait pas vraiment embrassée. Je me dégage et lui murmure :
- A bientôt alors !
- A bientôt Zoé, je t’appelle…
Image : FREDBOUAINE © (Flickr)
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