33872 éléments (2249 non lus) dans 75 canaux
Outrageusement encagoulé et pustulé de sequins brodés de la tête aux pieds, Leigh Bowery fait une entrée chaloupante et remarquée dans le champ de la caméra de la BBC. La porte à tambour d’un grand restaurant londonien fait surgir comme par magie la sidérante apparition qui s’assied nonchalamment à une table et entame une conversation alambiquée avec son interlocutrice médusée. Extrait du programme culte «The Clothes Show», cette scène mythique semblant issue d’un futur improbable où toutes les drag-queens vénusiennes auraient leur place dans la vie quotidienne date pourtant de trois décennies. L’hallucinante créature est le fruit du travail d’un artiste polymorphe ayant poussé jusqu’aux extrêmes les plus impensables le jeu de l’apparence théâtralisée du travesti night-clubber.
Cette agile manœuvre de réalité augmentée a donné naissance à un personnage des plus fascinants, proche du delirium tremens. D’origine australienne, Leigh Bowery choisit rapidement Londres, plus adapté à son rythme de vie effréné, puis par extension New-York alors que la vague Nu-Rave bat son plein et qu’il en devient rapidement l’un des symboles les plus prodigieux. Unanimement cité en tant que la référence ultime par une majorité d’artistes et créateurs anglo-saxons tels que David Lachapelle, Alexander Mac Queen, Boy George, John Galliano, Lady Gaga, Vivienne Westwood ou The Scissor Sisters, il n’y aura pas eu d’équivalence aussi fantasque dans ce domaine suite à son décès en 1994. Jonglant avec dextérité entre art, performance, mode et clubbing, chacune de ses apparitions est plus tonitruante que la précédente.
par Fergus Greer (1991)
Investiguant les codes sociaux en vigueur de façon bien plus approfondie qu’il n’y paraît au premier abord, Leigh Bowery transcende tout ce qu’il touche. A commencer par son physique imposant, qu’il met joyeusement en valeur, moulé dans des combinaisons intégrales ou dégoulinant de cascades de peinture multicolore, engoncé dans un cocon entrelacé de chaînes dignes de Houdini et allant jusqu’à punaiser ses fameux masques en latex sur son visage et devenir ainsi un authentique monument vivant. Modèle iconique du peintre Lucien Freud, danseur et costumier de la compagnie de danse dadaïste Michael Clark, il fait aussi quelques apparitions remarquées dans des vidéos underground et ouvre le bien-nommé Taboo, le club hédoniste le plus délirant de Londres en pleine explosion ecstasy.
Art performatif
Leigh Bowery est également l’un des membres les plus éminents du mouvement artistique Tranimal qui apporte à la pratique drag une approche post-moderne volontairement cauchemardesque. Dans cette même lignée se situent également le créateur drag du mouvement, Jen Ben Jones, le jeune Matthew Sanderson ou la photographe américaine transformiste Cindy Sherman ainsi que toute une scène située principalement sur la West Coast, très bourgeonnante à l’heure actuelle. Quant à la performance artistique la plus aboutie de Leigh Bowery, interrogeant aussi bien la peinture classique que le voyeurisme primaire, elle date de 1988, période à laquelle il fut remarqué par la galerie Anthony d’Offay ayant pignon sur rue à New Bond Street. Il s’y enferma durant une semaine, séparé du public par un miroir sans tain encadré à la façon d’un tableau, prenant la pose figé sur une causeuse à la façon d’une Odalisque semblant tout droit sortie d’un trip lysergique à la Jodorowsky.
par Nick Knight (1992)
Statique, tel une poupée de cire, il change de pose comme un automate en affectant des minauderies au ralenti, parfois des mimiques plus explicites, dans le plus pur style performatif. Ses looks ahurissants passent de l’intégral polka dot rouge et blanc (visage inclus) à mi-chemin entre une varicelle d’opérette matinée de Yayoi Kusama, le tout orné d’un brushing au bigoudi, en passant par une divinité hindoue hirsute au visage bleu, piercée de chaînes nasales, emmitouflée dans un manteau ressemblant à une toile d’araignée. Et chaque dégaine plus invraisemblable l’une que l’autre se suit sans se ressembler. L’action encadrée par la pénombre est très justement éclairée par une poursuite ajoutant une touche théâtrale supplémentaire à la performance.
Le côté voyeuriste dans lequel le public est projeté malgré lui est magistral. Projet puissant et inégalable, il explore simultanément les frontières entre bienséance et impudeur, mascarade et mise à nu, culture classique et nouvelles esthétiques. Chacun s’y retrouve, le tout enrubanné en mode burlesque, cela aidant à faire passer la pilule. Ainsi, voyeurs, anthropologues, visiteurs d’un zoo ou d’un peep-show, chacun se retrouve à sa façon intensément happé par la fantaisiste machinerie exhibitionniste mise en place par le génial Leigh Bowery.
» A voir: «The Legend of Leigh Bowery», documentaire de Charles Atlas
Brandissant des pancartes et des drapeaux arc-en-ciel, une cinquantaine de manifestants ont effectué un bref parcours dans les rues du port ukrainien, jusqu’au parlement local. «La marche s’est déroulée en sécurité et dans un esprit positif. C’est un grand pas dans le futur. Le monde peut voir maintenant qu’Odessa est une ville ouverte et sûre, où chacun a sa place», ont communiqué les organisateurs, qui ont remercié la police de sa protection.
Les autorités municipales avaient tenté d’interdire l’événement, citant le risque de violences, comme l’an dernier. Les organisateurs ont réagi en annonçant à la dernière minute une seconde manifestation.
Un groupe d’hommes de l’organisation d’extrême droite Sokol a toutefois tenté d’attaquer les participants, mais ils sont arrivés après la dispersion de la manifestation LGBT. Des échauffourées ont éclaté avec la police, qui a interpellé une dizaine de personnes, indique le journal «Korrespondent».
En 2001, le mix euphorisant de l’album «Since I Left You» en avait soufflé plus d’un. Les Australiens de The Avalanches y avaient créé leur légende de géniaux bidouilleurs de sons, aidés par deux clips très inspirés (celui du titre éponyme de l’album et de «Frontier Psychiatrist»). Allez savoir pourquoi, il a fallu plus de quinze ans au trio de Melbourne pour sortir son deuxième album, «Wildflower».
La méthode reste la même: une orfèvrerie de samples, qui puisent dans les phonothèques oubliées de la pop psychédélique, de la soul, des B.O. et même des disques pour enfants. Si «Since I Left You» tenait de la farandole, «Wildflower» s’apparente plutôt au corso fleuri sous acide: un peu moins frénétique, mais tout aussi dansant. Y défilent des disco hits mutants («Subways» et «Going Home»), un vinyl rayé de 1971 transfiguré en ballade mélancolique («Sunshine»), une pub imaginaire pour des cornflakes («The Noisy Eater»), un poème brutaliste («Saturday Night Inside Out»), un pastiche de disque éducatif («Harmony») ou un ébouriffant hymne soul, «Because I’m Me», basé sur une improvisation chantée par un gamin new-yorkais, enregistrée en 1955.
Réminiscences
Qu’on se rassure: on est loin du bric-à-brac ou du patchwork musical. Le travail de The Avalanches est un tissage de sons empreint d’humour, de nostalgie et d’émotion. Au final, il déroule une folle poésie. Et comme la poésie – ou certains psychotropes auxquels l’album fait des allusions répétées –, «Wildflower» invoque des images, des réminiscences, des flashs. On se laisse entraîner vers ces paysages singuliers, où poussent de ces fleurs sauvages qui donnent à rêver.
» The Avalanches, «Wildflower». XL Recordings
Le dernier pays du continent latino-américain qui criminalisait l’homosexualité a enfin fait le ménage dans son Code pénal. La Cour suprême du Belize a abrogé mercredi l’article 53. Ce vestige du code colonial britannique punissait les rapports «contre nature» de 10 ans de prison, rappelle le site Kaleidoscot.
C’est l’aboutissement d’années d’efforts pour les associations de défense des droits humains dans ce petit pays de 350’000 habitants. Le militant Caleb Orozco et l’avocate Lisa Shoman avaient déposé une plainte devant la Cour suprême en 2013, soulevant que l’article 53 violait la Constitution bélizienne. «Nous avons gagné sur tous les plans: dignité, droit à la vie privée, lutte contre la discrimination, liberté d’expression et égalité de protection devant la loi. Le combat n’a pas été facile, mais les menaces, les intimidation et l’insécurité ne nous ont pas arrêtés», a commenté Orozco. Les Eglises catholique, anglicane et évangéliques avaient fait campagne pour le maintien de la loi homophobe.
Une trentaine de personnes restent actuellement poursuivies pour homosexualité au Belize. Le verdict pourrait avoir des répercussions dans dix pays des Caraïbes qui disposent encore de lois répressives contre les homosexuels, espèrent les militants locaux.
Le fait est assez rare pour être relevé: The Daily Beast, une des références du webjournalisme américain, a supprimé hier un de ses articles. En cause: un reportage sur la vie sexuelle des athlètes dans le village olympique. Dans «The Other Olympic Sport in Rio: Swiping», le reporter Nico Hines racontait l’hyperactivité des apps de drague en marge des JO. Il y constatait (ô surprise) que de nombreux participants étaient à la recherche d’un plan cul, voire d’une sexparty, et se demandait si «un mec moyen» comme lui-même pouvait «se joindre à la bacchanale».
Réponse affirmative, selon Hines, qui affirme avoir utilisé les apps sous son vrai profil d’«hétéro marié et père de famille». «Je n’ai aucun mérite à avoir deviner que [l’app de drague gay] Grindr s’avérerait plus concluante pour un plan immédiat que [ses équivalents hétéro] Bumble ou Tinder». Le journaliste dit avoir reconnu ainsi plusieurs athlètes de renom, dont certains issus «de un pays notoirement homophobes».
Indices
Dès sa publication, jeudi matin, le papier a suscité un tollé. De fait, dans sa version originale (à laquelle nous n’avons pas eu accès), l’article aurait fourni des détails compromettants pour les athlètes contactés. Dans Slate, Mark Joseph Stern a qualifié l’exercice d’outing sauvage de «dégoûtant et irresponsable». Stern dit avoir pu facilement identifier cinq sportifs à l’aide des indices semés dans l’article du Daily Beast. «Il se peut que Hines trouve que le petit jeu qui consiste à appâter des gens sur Grindr soit très rigolo, écrit-il. Pour ses victimes, cependant, ce papier dégueulasse est capable de dévaster une vie.»
So @NicoHines basically just outed a bunch of athletes in his quest to write a shitty @thedailybeast article where he admitted to entrapment
— Gus Kenworthy (@guskenworthy) 11 août 2016
Entre autres réactions, le médaillé olympique américain Gus Kenworthy a exprimé son indignation devant un «article de merde» en forme de piège tendu aux athlètes LGBT.
Excuses
The Daily Beast a réagi en corrigeant le texte pour camoufler davantage l’identité des sportifs, avant de supprimer l’article quelques heures plus tard. A sa place, on peut lire un message d’excuses du rédacteur en chef John Avlon: «Nous n’avons pas été à la hauteur des valeurs fondamentales de The Daily Beast. Nous nous sommes toujours engagés à dénoncer les brimades et le sectarisme, et à être un soutien fier et solide pour les personnes LGBT à travers le monde.»
http://yagg.com/2016/08/09/le-refuge-inquietante-hausse-des-demandes-dhebergement-en-2016/|L’association française a annoncé, que contrairement aux années précédentes, la période estivale de 2016 connaît une hausse des demandes de prises en charge. «Ce n’est pas une situation nouvelle, tempère Frédéric Gal, directeur général. Mais ce qui est surprenant aujourd’hui, c’est que ça arrive pendant l’été.» Les jeunes en difficulté mis à la porte après leur coming-out, peuvent trouver des échappatoires auprès de leurs ami.e.s, ou peuvent envisager de dormir dehors dans des conditions moins difficiles qu’en hiver.
Thomas et Josh venaient de faire leur course dans un supermarché du quartier de Hackney, lundi à Londres, quand ils ont été interceptés par un vigile. Un banal contrôle des achats? Pas du tout: l’agent a adressé au couple une mise en garde à la suite d’une plainte d’un autre client, apparemment dérangé par le fait que les deux hommes se tenaient la main dans les rayons.
«On s’est regardés, incrédules. On se sentait dans le Royaume-Uni des années 1960», a raconté Thomas au site Buzzfeed.
«Geste de bonne volonté»
Ecœuré, le trentenaire a relaté l’épisode déplaisant sur Twitter, adressant au garde et au client homophobe un doigt d’honneur virtuel. Mentionnée dans le tweet, l’enseigne de supermarchés Sainsbury’s n’a pas tardé à réagir. Elle s’est dite désolée de l’incident et a demandé les coordonnées du couple en vue d’un «geste de bonne volonté». En fin de compte, Josh et Thomas se sont vus offrir… une carte-cadeau de 10 livres – à peine 13 francs ou 12 euros. Devant les tribunaux britanniques, les cas de discrimination basée sur l’orientation sexuelle sont passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 5000 livres.
Contacté par Buzzfeed, Sainsbury’s a admis que la compensation n’était pas satisfaisante et a indiqué avoir pris des mesures auprès de l’entreprise qui assure la sécurité de ses magasins. Trop tard pour le couple londonien, qui s’est promis de ne plus remettre les pieds dans le magasin.
«Je ne m’intéresse pas à ses orientations privées, seulement à ses résultats», a déclaré hier le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic lors d’une conférence de presse. Il parlait de la candidature d’Ana Brnabic pour un poste de ministre. La manager de 40 ans a été choisie pour le portefeuille de l’Administration et de l’Autonomie locale dans le nouveau gouvernement pro-européen de centre droit qui doit être présenté aujourd’hui au Parlement en vue de son investiture.
Brnabic, actuellement vice-présidente d’un organisme pour le développement de l’économie locale, est ouvertement lesbienne. Son arrivée au gouvernement sera une première dans l’ex-république yougoslave, réputée très conservatrice. Au sujet de son homosexualité, a ajouté Vucic devant les médias, «elle m’a demandé si cela m’ennuyait, que tout le monde en parle. Je lui ai répondu: Je m’intéresse seulement à ce que vous pouvez faire, à votre professionnalisme et à votre capacité de travail.»
Participation politique
Gay-Straight Alliance (GSA), une des principales organisations LGBT serbes, a indiqué qu’elle avait déjà eu l’occasion de travailler avec la future ministre. Elle a salué la nomination comme une «décision historique». «La participation politique des personnes LGBT est cruciale pour accroître la tolérance, réduire la discrimination et la violence contre la population LGBT en Serbie», a communiqué GSA.
Les Friedman, une famille modèle juive de la classe moyenne, des américains sans histoire dont le petit monde va pourtant basculer. Nous sommes en 1987 quand Arnold, le père, est arrêté pour détention de revues pédophiles commandées aux Pays-Bas. Quelques jours plus tard, il est accusé d’avoir violé des dizaines d’élèves de son cours d’informatique. Son fils Jesse, âgé de 18 ans, est interpellé à son tour, après avoir été désigné comme son assistant, encore plus sadique avec les garçons abusés. Dans le tumulte général, les Friedman subissent un déchaînement médiatique sans précèdent où les faits sont dénaturés. Malgré la folie ambiante, il n’arrête pas de se mettre en scène, de se filmer ou de s’enregistrer. Plus on découvre la réalité d’une famille qui se déchire sur le dos de la mère, plus elle nous échappe. Tous déraillent, le père surtout qui reste insaisissable et qui ne tombe jamais le masque même à la veille de son procès.
Coup de chance
A l’origine, Andrew Jarecki, le réalisateur de Capturing the Friedmans voulait réaliser un film sur les clowns d’anniversaire de New York. Mais au fil de ses discussions avec le plus célèbre d’entre eux, Silly Billy (David Friedman), il découvre que la famille de ce dernier a volé en éclats suite à la condamnation pour pédophilie de son père Arnold Friedman et de son frère cadet. Il est évident pour Andrew Jarecki que son sujet sur les clowns est mort. Du coup, il reprend l’affaire Friedman. Grâce à des témoignages subjectifs avec les interviews des acteurs de l’enquête, et des plans objectifs avec les images de l’époque, qu’il s’agisse des nombreux films des Friedman ou des archives de l’enquête et du procès, il s’efforce de démontrer comment une situation en apparence limpide (un crime, deux coupables) cache des réalités complexes au point que le spectateur finit par y perdre son latin. Le cafouillage judiciaire, le manque de preuve factuelle, l’hystérie collective, le comportement de la famille, sont autant d’éléments qui brouillent les pistes. On passe sans cesse d’une conviction de culpabilité à une conviction d’innocence pour finalement ne rien savoir.
Cette fluctuation de conviction est la force principale de ce documentaire. Primé au Festival de Sundance, nommé à l’Oscar du Meilleur Film Documentaire, «Capturing the Friedmans» a fait couler pas mal d’encre en 2003. Après ce premier long métrage, Andrew Jarecki n’a pas repris son idée sur les clowns. Bien au contraire, en 2015, il signe la série documentaire «The Jinx», «The Life and Deaths of Robert Durst». Encore une histoire criminelle (dont nous avons parlé dans ces pages) où la justice américaine joue un bien drôle de rôle.
» A voir sur YouTube
Francis Ases connaît tout le monde et tout le monde le connaît… Les noctambules du moins. Cela fait plus de trente ans qu’il sort… Et les soirées, il ne fait pas qu’y aller, mais les organise aussi, notamment les Blitz à l’ABC, la petite salle du D!Club à Lausanne. Si vous ne le connaissez pas, vous l’avez déjà croisé, c’est sûr. C’est un bel homme grisonnant aux traits fins, cheveux et barbe bien taillés, assez baraqué et habillé avec goût. On comprend vite, en le voyant, que l’esthétique revêt une certaine importance à ses yeux. On ne se trompe pas: Francis est maquilleur professionnel. Il travaille pour des magazines, de la publicité et de l’événementiel, principalement en Suisse, mais à l’étranger aussi.
Enfance valaisanne
Cette passion pour la mode remonte loin: quand il était enfant, sa mère – décédée très jeune – l’habillait et prenait des photos qu’elle envoyait à ses tantes d’Espagne. Son jeu favori en grandissant: transformer sa chambre en studio photo, coiffer, habiller sa sœur, prendre des clichés. La suite semblait évidente.
Francis est né à Martigny, de parents espagnols. Peu intéressé par l’école, il veut voler de ses propres ailes et commence rapidement à gagner sa vie en travaillant dans une boutique de vêtement dans laquelle il organise régulièrement des défilés. Car avant de devenir maquilleur professionnel, ce qui faisait vibrer Francis, c’était le stylisme, mais au fil du temps, cette passion a cédé sa place à une autre… Grâce à son savoir-faire et à ses connexions, il a pu voyager beaucoup: Barcelone, les fashion weeks de Paris, le festival de mode de Hyères, la cime des alpes, la maison Bulle de Pierre Cardin, etc., il est allé partout.
Lorsque le Lausannois parle de maquillage, il évoque son lien intime avec les mannequins, le rôle d’apaisement et de conseiller qu’il remplit auprès des jeunes gens dont il s’occupe. Contrairement à la majorité de ses confrères, Francis se sert beaucoup de ses doigts: «Je suis très tactile, j’aime faire des massages, faire du bien à la personne.» Il a un petit côté papa altruiste. Alors, ce travail, une passion? «J’aime bien maquiller oui, mais dans le fond, tout cela n’est pas si important… Ce n’est qu’un travail.» Francis l’avoue, il n’aime pas se tuer à la tâche. Un constat sans doute inexact: Francis a de l’énergie, mais surtout pour ce qu’il aime. Et son boulot, il le chérit avant tout pour l’indépendance qu’il lui garantit. «La stabilité et le confort des autres m’ennuient prodigieusement. 42 heures par semaine, des impôts infinis, des patrons cons, des collègues incapables… non ça ne m’intéresse pas du tout.»
Amour de l’ivresse
Les amis, les bonnes discussions, la musique, les soirées, ça, c’est ce qu’il aime. À 45 ans, cela fait plus de trente ans que Francis sort. «J’aime ce moment qui rassemble sans distinction l’avocat et le mec au social», raconte-t-il, «l’ivresse, cette douce énergie qui détend tout le monde, les échanges légers, la rigolade, la drague, la danse…» Il a vécu le début de la house, mélodieuse, jusqu’à l’hégémonie de la minimale actuelle. C’est d’ailleurs la monotonie de la programmation qui l’a décidé à organiser des soirées à l’ABC (dès 2006), en collaboration avec Dasko, un ami berlinois au courant des dernières tendances musicales. Ses soirées, il les a souhaitées ouvertes à tous. Les jeunes, les vieux, les homos, les hétéros, tout le monde… Non, il n’organise pas de soirées gays. «À présent, les ghettos c’est terminé et c’est très bien comme ça.»
«Rien n’est artificiel en soi. Tout dépend du plaisir que tu y mets, que tu y prends» Francis Ases
C’était différent pour lui, dans sa jeunesse. L’homosexualité, on n’en en parlait pas, «il n’y avait même pas de placards desquels on aurait pu sortir». Alors, à 16 ans, lorsqu’il sort pour la première fois dans une boîte gay, Le Négociant, à Lausanne, c’est la libération: «Je suis rentré dans la salle, j’ai regardé les mecs qui étaient là, puis l’ami qui m’accompagnait – Simon, qui avait plus du double de mon âge – et je lui ai demandé: Ils sont tous PD? Quand il m’a répondu oui, c’était la libération. Je n’étais plus seul.» Mode, maquillage, photo, danse, drague… Francis ne serait-il pas un brin superficiel? «Rien n’est artificiel en soi. Tout dépend du plaisir que tu y mets, que tu y prends. Tant que tu fais quelque chose profondément, avec sincérité et concentration, ce n’est plus superficiel.»
Racaille esthète au bord du lacFrancis est un fêtard, oui, mais un contemplatif, aussi. L’un de ses endroits préférés est la buvette de la plage de Lutry. «C’est super beau, ça m’apaise… il y a une vue incroyable, de la pizza, des grands cyprès et le lac».
Adepte du style streetwear, le Lausannois se rend souvent au shop Cornwell à Lausanne (242 Shop), car Francis aime s’habiller façon «caillera».
A la Placette, sur Saint-Roch, une petite galerie où sont exposés de jeunes artistes locaux: installations, photographie, sculpture. Francis, en grand fervent de photo d’art, s’y rend souvent même s’il avoue, en riant, toujours préférer les vernissages aux expositions en elles-mêmes.
Et si la menace terroriste et la montée du populisme xénophobe avaient un contre-coup positif, pour faire dialoguer des communautés a priori antagonistes? En Allemagne, en tout cas, le climat de tension n’engendre pas que des réflexes de repli, comme le prouve un nouveau geste de rapprochement entre musulmans et LGBT.
Après la Pride de Stuttgart qui avait accueilli une délégation de la communauté turque locale le mois dernier, c’est au tour des Turcs de Hambourg de défiler au Christopher Street Day (CSD) de la cité hanséatique, ce samedi, rapporte Queer.de. Et ce n’est pas tout: l’organe représentatif des musulmans de la ville a apporté son soutien officiel à la démarche «au nom du respect mutuel». «Pour nous autres musulmans, la diversité sociale est voulue par Dieu, c’est donc un phénomène positif. Nous nous engageons sans réserve à cet ordre démocratique fondamental, que nous ne voyons pas comme contraire aux principes et enseignements de notre foi», a communiqué la Schura.
Ouvrir le débat
La communauté turque n’a pas caché que la décision de participer à la CSD avait suscité de fortes résistances parmi ses membres. «Néanmoins, nous croyons qu’il est important de s’opposer à toutes les formes de discrimination dans notre société et d’ouvrir le débat au sein de notre organisation», a expliqué sa présidente, l’élue Verte Nebahat Güçlü. Hambourg compte 50’000 musulmans, dont la moitié environ d’origine turque.
On pensait que le football féminin donnait l’exemple en matière de fair-play et de diversité. Aussi les chants entendus dans les tribunes, mercredi et jeudi, ont été une très désagréable surprise pour les joueuses. «Oooh bicha!» (pédé, en portugais du Brésil), a été repris en chœur dans les gradins clairsemés des match Australie-Canada à São Paulo et Nouvelle-Zélande-Etats-Unis à Belo Horizonte. Au grand dam des instances du foot, le chant est régulièrement entonné en cas d’interception par le gardien, lors des rencontres masculines au Brésil.
«C’est personnellement blessant», a confié Megan Rapinoe, milieu de terrain américaine, au «Los Angeles Times». «Je pense qu’une mentalité violente a en quelque sorte pris le dessus. Il faut qu’ils comprennent comment ces insultes sont perçues. Surtout par un joueur gay qui se débat avec un coming-out», ajoute la médaille d’or des JO de Londres.
Lesbian-friendly
Outre Megan Rapinoe, plusieurs footballeuses présentes à Rio sont sorties du placard, comme l’Australienne Michelle Heyman, les canadiennes Stephanie Labbe, Marie-Eve Nault et Melissa Tancredi ou la Néo-Zélandaise Katie Duncan. L’équipe de Suède aligne quatre joueuses out: Lisa Dahlkvist, Nilla Fisher, Hedvig Lindahl et Carolina Seger.
Des menaces pèsent sur la vie et la liberté de millions de gay, lesbiennes, bi et trans indonésiens. L’archipel connaît depuis quelques mois une offensive de mouvements islamistes et conservateurs pour criminaliser les rapports homosexuels entre personnes consentantes.
Un groupe d’universitaires et de militants a déposé une requête devant la Cour constitutionnelle dans ce sens. Pour ses auteurs, il s’agit selon eux de réagir à l’influence des associations LGBT, accusées de promouvoir les relations sexuelles occasionnelles, rapporte le «Jakarta Post». Leur proposition: bannir toutes les relations sexuelles hors mariage et étendre l’interdiction des rapports homosexuels à toutes les personnes, et non plus seulement entre adultes et mineurs.
Les juges de la haute instance ont déjà procédé à l’audition de cinq experts. Ils auraient décrit l’homosexualité comme «contagieuse» et «susceptible de déclencher une flambée d’infections au VIH».
Coups de fouet et prison
L’homosexualité entre personnes consentantes est légale dans la plus grande partie de l’Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde avec 250 millions d’habitants. Seules les provinces d’Aceh et de Sumatra du Sud, criminalisent les rapports homosexuels consentis. Leur législation, inspirée de la charia, prévoit cent coups de fouets et 100 mois de prison pour les contrevenants.
L’offensive antigay n’est pas limitée à la requête devant la Cour constitutionnelle. En mars, le Parti de la justice et de la prospérité (PKS, opposition islamiste) a déposé un projet de loi sur la pénalisation de l’homosexualité. Le mois précédent, la principale association de psychiatres du pays avait décrété que l’homosexualité, la bisexualité et le transgendérisme étaient des maladies mentales – à contre-courant des recommandations internationales.
«Personne ne devrait être autorisé à criminaliser un groupe minoritaire en Indonésie»
Les associations de défense des droits LGBT n’ont pas été invitées – pour l’instant au moins – à s’exprimer devant la Cour constitutionnelle. Ryan Korbarri, secrétaire de l’organisation Arus Pelangi s’est inquiété des manœuvres en cours: «C’est un danger pour nos amis LGBT. Personne ne devrait être autorisé à criminaliser un groupe minoritaire en Indonésie», a-t-il expliqué au «Jakarta Post». Les sentiments homophobes et transphobes seraient en progression dans la population indonésienne. Un sondage récent de l’Indonesian Survey Institute montre les personnes LGBT comme le groupe le qui inspire la plus grande aversion, devant les Juifs, les communistes et les chiites.
http://www.franceculture.fr/emissions/itineraire-bis/dominique-refugiee-parce-que-lesbienne|La séquence «Itinéraire Bis», s’intéresse au droit d’asile pour les personnes LGBT. Une procédure particulière qui concerne les personnes subissant des persécutions dans leur pays d’origine en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. C’est l’histoire de Dominique, Ivoirienne dont le long périple a abouti à l’Ardhis, l’association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et transsexuelles à l’immigration et au séjour. A réécouter et partager sur le site de France Culture.
Dominique, réfugiée parce que lesbienne via @franceculture https://t.co/8ArYm133FS
— Ludovic Piedtenu (@LudovicPiedtenu) 4 août 2016
Le site de l’association KaosGL a rapporté cette semaine la découverte du corps sans vie d’un jeune homme, dimanche à Istanbul. La victime est un réfugié gay syrien, Wisam Sankari. Son cadavre, décapité, portait les traces de multiples coups de couteau et de violences sexuelles. Selon ses amis, Sankari faisait l’objet de harcèlement et de menaces de mort.
«Nous avons dû quitter un hébergement parce que nous sommes gays. Autour de nous, les gens surveillaient que nous ne fassions rien d’immoral. Il y a cinq mois, un groupe avait déjà kidnappé Wisam dans le quartier de Fatih. Ils l’avaient emmené dans une forêt pour le tabasser et le violer. Ils l’auraient tué s’il ne s’était pas échappé», raconte Rayan. Mais le harcèlement a continué, par téléphone et dans les rues d’Istanbul.
Les prochaines victimes?
Les trois amis de Wisam ne précisent pas quel type de groupe est derrière les menaces et les attaques, dont ils font aussi l’objet. Ils suggèrent que les agresseurs exigent qu’ils se soumettent à des relations sexuelles.
A présent, ils craignent d’être les prochaines victimes. Alertés, la police turque, l’ASAM (principale ONG turque d’aide aux migrants), ainsi que des représentants de l’ONU n’auraient pas levé le petit doigt pour les aider ou les protéger. Un autre compagnon de route de Wisam, Diya résume: «Peu importe que tu sois Syrien ou turc, si tu es gay tu es la cible de tout le monde.»
Certain(e)s chanceux/ses se battent contre lui toute leur existence tandis que d’autres le regardent prospérer avec joie ou indifférence: qu’on l’aime ou qu’on veuille sa peau, le poil est une constante de notre existence. Normal: nous disposons du même nombre de follicules pileux – la cavité dans laquelle naît le poil – que notre cousin le singe. Heureusement, nos poils sont devenus bien plus fins que les siens au cours du temps, grâce semble-t-il à la découverte du feu qui nous a réchauffés autrement que par notre pelage originel. Ouf, car nous craignons toujours d’être confondus avec les primates dont nous descendons: laser, rasoirs, cire, tout est bon pour se débarrasser d’un poil que nous ne saurions voir.
Du poil, mais pas trop
«Ces dernières années, les soins se sont développés au point que tout le monde vient se faire épiler. L’usage du laser et la multiplication des centres low-cost ont créé un énorme buzz», constate Florence Masson, dermatologue au Centre de dermatologie de Cornavin à Genève et à Annemasse depuis une dizaine d’années. Certaines femmes, surtout hétérosexuelles adoptent l’épilation intégrale, une solution qui peut faire réfléchir, le poil pubien étant tout de même ce qui distingue le sexe d’une femme adulte de celui d’une fillette prépubère…
Du côté des lesbiennes, il semble que la tendance soit plutôt à l’épilation partielle. D’ailleurs, la nouvelle coupe qui fait fureur en 2016 selon le «New York Magazine», c’est le Full-Bush Brazilian, soit le fait de n’ôter que les poils qui dépassent de la ligne du maillot ainsi qu’au sud du pubis, sans toucher à leur quantité.
Manscaping périlleux
Chez les hommes, on se préoccupe de plus en plus de sa pilosité. Chez les hétéros comme chez les homos, la tendance est à la barbe comme la portent les bears ou les otters, même si le reste du corps est toujours plus épilé. «Les messieurs demandent facilement à ôter les poils des aisselles, parfois du dos ou des épaules, des zones du corps plus délicates. L’intégrale, en revanche, ce n’est pas très commun. Il y a peut-être une gêne à demander», suppose la dermatologue.
Snapchat, Tinder et le recours au sexting pour draguer poussent cependant certains hommes à s’entretenir dans les moindres recoins. Aux Etats-Unis, on appelle ça le manscaping, ou «aménagement du paysage masculin». Une activité à risque notamment pour les testicules, mais que ne ferait-on pas pour plaire?
«L’histoire ne tient qu’à un cheveu» L’éclairage d’un spécialiste sur la délicate histoire du poil.L’historien Joël Cornette ©DR
Le poil, ça le connaît: Joël Cornette, historien spécialiste de l’histoire moderne (XVIe et XVIIe siècles) à l’université Paris VIII, en a carrément fait une encyclopédie avec sa consœur Marie-France Auzépy. L’occasion de constater l’intérêt en tout temps et en tous lieux pour cette folle excroissance.360° – Pourquoi se préoccupe-t-on tellement de ses poils?
Joël Cornette – Parce que c’est le seul élément du corps, avec les ongles, dont on est maître et que l’on peut travailler. Se mettre en valeur passe forcément par le cheveu, l’épilation ou au contraire, la pilosité. On le voit dans toutes les sociétés du monde. En Afrique, certaines ethnies utilisent le chignon ou la tresse pour envoyer un message. Au Soudan par exemple, une femme qui porte une tresse couchée ou qui se rase la tête indique qu’elle est veuve. Mais il n’y a pas besoin d’aller si loin pour constater que le cheveu est un indicateur de groupe. Alors que les footballeurs de l’équipe nationale française portaient les cheveux longs en 1998, ils ont aujourd’hui le crâne rasé. Les exemples ne manquent pas!
–Chez les juifs, les musulmans ou certains religieux chrétiens, le port de la barbe est obligatoire. Le poil au fond, c’est un signe de pouvoir masculin?
– Oui, et un révélateur de sainteté. Loin de moi l’idée que les talibans soient des saints, mais par leur excès pileux, ils entendent exprimer leur rapport au djihad et à Dieu. On retrouve le même lien au poil dans l’Ancien Testament qui le légifère strictement. Les nazirs – une catégorie de juifs qui avaient un statut religieux à part et avaient fait vœu d’ascétisme – n’avaient pas le droit de se raser. C’est l’histoire de Samson, qui tirait sa force de sa longue chevelure jusqu’à être trahi par Dalila qui fait couper ses cheveux; il est alors mis en prison. Il y a une symétrie dans le rapport entre excès et absence de pilosité. Alors que chez les chrétiens byzantins portent la barbe comme signe religieux, ce n’est pas le cas chez les chrétiens romains et le bouddhisme fait même l’inverse: c’est le crâne rasé qui est signe de sainteté. Cependant, l’absence de cheveux peut aussi signifier l’indignité. Voyez ces femmes qui avaient couché avec des Allemands et dont on rasait la tête au sortir de la seconde Guerre Mondiale, ou les bagnards qui avaient le crâne rasé! Le cheveu est une diversité incroyable, une grammaire infinie.
–Reste qu’un sexe poilu est toujours tabou…
– Oui, parce que le poil est synonyme de sexualisation. Les représentations d’un Christ nu avec un sexe poilu sont une vraie rareté et voyez comme le tableau de Gustave Courbet, L’Origine du monde, a choqué: on y voyait des poils pubiens, c’était considéré comme obscène! Aujourd’hui, le poil est nettement plus censuré que l’acte sexuel lui-même et ce, jusque dans le cinéma. L’apparition de Sharon Stone dans «Basic Instinct» reste à ce titre dans tous les esprits: on a osé suggérer que sous sa jupe, il y avait du poil… ce tabou est commun à toutes les civilisations. On voit par exemple dans des tableaux du XVIe siècle décrivant le harem que les femmes ont beau être nues, elles n’ont pas un seul poil! Une femme à barbe, c’est un monstre. On est entre la répulsion et la valorisation.
– Dans le poil, il y a donc un grand potentiel subversif!
– Oui, comme le montrent la révolte des femmes dans les années 1920 qui affichaient une coupe à la garçonne et les jeunes hommes chevelus des années 1970! J’entends encore mon père me crier: va te faire couper les cheveux! (rire).
– Le poil est un instrument de liberté. Il est aujourd’hui menacé par le laser, les rasoirs… le poil a-t-il un avenir?
– Absolument, car son existence même est liée à celle de l’humanité qui ne cesse de le raccourcir, de l’allonger, de le façonner. En ce sens, l’histoire ne tient qu’à un cheveu! Propos recueillis par AJ
» «Histoire du poil», Joël Cornette et Marie-France Auzépy, éditions Belin, 2011
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/pilule-antisida-premiers-geneve/story/20586293|Jugée efficace, la PrEP est un traitement préventif qui fait déjà des émules dans de nombreux pays. Mais en Suisse les conditions de prescription sont précaires et son coût est exorbitant (presque 900fr. pour un mois), comme le rappellent les acteurs de terrain, aux HUG et à Checkpoint.
Rien de tel qu’un selfie entre célébrités pour faire les délices d’Instagram. Ainsi le skieur freestyle américain Gus Kenworthy et son compagnon, l’acteur Matthew Wilkas, se sont photographiés tout sourire avec la star trans de la téléréalité Caitlyn Jenner, ce week-end.
Banalement glamour? Pas tant que ça. Le bloggeur Kenneth Walsh affirme que la photo a été prise à une fastueuse fête d’anniversaire donnée en l’honneur du prince Azim de Brunei, à Londres. Troisième dans l’ordre de succession, le jeune homme de 34 ans est connu pour ses activités artistiques et ses relations à Hollywood. Le problème, c’est que son père, richissime sultan du petit Etat d’Asie du sud-est, s’est illustré en 2014 en promulguant une loi qui prévoit la peine de mort pour les homosexuels, entre autres mesures répressives inspirées de la charia. A l’époque, la décision avait entraîné un boycott visant l’empire économique du sultan, notamment ses hôtels à travers le monde, rappelle le site NewNowNext.
Sarcasmes
Manifestement embarrassé, Kenworthy a rapidement supprimé la photo de son compte. Ce qui n’a pas empêché Walsh de republier le cliché avec des commentaires sarcastiques visant le soutien de Jenner à la candidature de Donald Trump: «La mentalité mon-argent-me-protège-contre-ce-que-mon-gouvernement-fait-à-mes-camarades-LGBT na rien d’étonnant pour Caitlyn Jenner, mais j’avais espéré mieux de la part de Gus et de son copain acteur.» Ni Kenworthy, ni Jenner n’ont commenté l’affaire.
Se maintenir debout pour résister, vaincre la peur, pour que rien ne nous arrive, dit Alain Guiraudie dans son dernier film. L’auteur avait secoué la Croisette en 2013 avec «L’inconnu du Lac», où il montrait sans complexe des ébats dans des lieux de drague homosexuelle. En compétition pour la première fois en mai dernier, il bousculait à nouveau le festival avec «Rester vertical», situé dans les Causses, en Lozère.
Sorte d’alter ego du cinéaste, Léo, (Damien Bonnard), la trentaine fauchée, doit un scénario à son producteur. Mais en proie aux affres de la page blanche, il remet sans cesse son envoi, tout en demandant des avances pour un texte inexistant. Alors que sa situation se précarise, il se promène dans la campagne à la recherche du loup et rencontre Marie (India Hair), fille d’un éleveur qui, image métaphorique, garde ses moutons avec un fusil en cas d’attaque du prédateur. Léo et Marie s’aiment et font un enfant. Mais elle n’en veut pas. Resté seul avec son bébé sur les bras, Léo croise régulièrement trois hommes plus ou moins gay: Yoan (Basile Meilleurat), un adolescent sauvage échappé de chez Pasolini qui le repousse, Jean-Louis (Raphaël Thiéry), un paysan bourru d’âge mûr dont il refuse les avances et le vieux grincheux Marcel (Christian Bouillette), fan des Pink Floyd agonisant qu’il va sodomiser, lui procurant une fin douce dans une fusion entre le sexe et la mort.
En dehors de scènes choc comme ce sulfureux suicide assisté, un accouchement en direct filmé de manière frontale comme jamais sans doute au cinéma, des gros plans de sexe féminin, à la fois objet du désir masculin et symbole de vie, Alain Guiraudie livre un conte rural, existentiel, symbolique, voire parabolique.
Face aux loups
On est aussi dans un drame amoureux moderne, trouble, où le réalisateur se plaît à jouer avec la norme en renversant la vapeur sur certaines choses, selon ses propres termes. Un hétéro bon teint peut avoir envie de coucher avec un mec sans que cela que cela fasse définitivement de lui un homo. Un nourrisson ne doit pas forcément être avec sa mère. Il sera heureux avec son père qui l’élèvera aussi bien.
Entre rêve et réalité, tragédie et comédie, Alain Guiraudie brasse ainsi plusieurs thèmes, paternité, misère sexuelle et sociale, détresse paysanne, écologie, à travers l’émouvante histoire de Léo, un homme en perte de repères, mais en quête de sens au sein d’une nature magnifiée. Il réussira à entrer en contact avec les loups dans une superbe séquence finale où, face à eux, il importe plus que jamais de rester vertical.
» Sortie sur les écrans romands le 24 août
» 10×2 places à gagner par tirage au sort pour l’avant-première, le mercredi 17 août à 20h au cinéma Grütli à Genève, en présence d’Alain Guiraudie. Inscrivez-vous par e-mail à concours@magazine360.ch jusqu’au 12 août, sans oublier de mentionner vos nom et adresse!