http://www.letemps.ch/societe/2016/06/14/suis-charlie-plus-facile-dire-suis-gay|Le sociologue Gérôme Truc revient sur la perception des attentats et la manière d’afficher sa solidarité. Le monde semble moins «gay» que «Charlie».
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http://www.letemps.ch/societe/2016/06/14/suis-charlie-plus-facile-dire-suis-gay|Le sociologue Gérôme Truc revient sur la perception des attentats et la manière d’afficher sa solidarité. Le monde semble moins «gay» que «Charlie».
Pas toujours facile, de manifester sa sympathie pour les victimes d’Orlando. A Moscou, la police veille près de l’ambassade des Etats-Unis, où de nombreux anonymes ont laissé des fleurs et des bougies depuis lundi. Ce jour-là, Islam Abdullabeckov et son compagnon, Felix Glyukman, étaient venus avec un message: «Love wins – on est avec Orlando», et au verso «L’amour c’est l’amour, voilà tout». Les agents semblent avoir conclu qu’il s’agissait de propagande homosexuelle, passible de poursuites en Russie. «Nous avons posé la pancarte au sol et on s’apprêtait à poser des fleurs et des bougies quand la police est arrivée, on nous ont empoignés et embarqués dans la voiture de police», a raconté Felix sur Facebook.
Russian couple detained whilst laying flowers for Orlando victims https://t.co/xiZrGujwzD
— PinkNews (@PinkNews) 14 juin 2016
Réjouissances
Comme la plupart des leaders mondiaux, y compris dans des Etats qui répriment l’homosexualité, Vladimir Poutine a envoyé un message de sympathie à Barack Obama où il exprimait «sa douleur et son chagrin pour ceux qui ont perdu un être proche et cher dans ce crime barbare». Selon l’activiste LGBT russe Masha Gessen, le massacre a toutefois provoqué de nombreuses réactions antigay sur les réseaux sociaux russes: «Il y beaucoup de réjouissances». «Cinquante pédés tués dans un bar aux USA, heureusement aucun être humain n’a été atteint», dit une blague qui s’est diffusée avec un certain succès.
Abdullabeckov et Glyukman ont été libérés et ont pu retourner devant l’ambassade pour achever leur hommage aux victimes. Sans leur pancarte, qui a été confisquée par la police. On ignore pour l’instant si leur geste de solidarité aura des suites judiciaires.
Ce sont environ 300 personnes qui se sont donné rendez-vous mardi en fin d’après-midi sur la place Bel-Air, à Genève, pour manifester leur refus de la peur et de l’homophobie sous des pancartes comme «L’homophobie tue» ou «On ne s’arrêtera jamais de danser». Parmi les participants, notamment, Sandrine Salerno, membre de l’Exécutif de la ville, ainsi que les représentants des associations LGBT, qui ont pris la parole, notamment pour dénoncer l’indifférence et mettre en garde contre les amalgames. «Nous sommes aussi là pour manifester notre solidarité avec nos amis gays, lesbiennes, bisexuels et trans musulmans victimes d’homophobie et de transphobie étatiques, enfermés ou exécutés en toute légalité comme en Arabie saoudite, en Iran, en Syrie ou en Irak», a rappelé la coprésidente de 360, Chatty Ecoffey. «Sourions, soyons visibles et défilons dans la rue. Et même si vous n’êtes pas LGBT, défilez avec nous pour dénoncer cet abominable crime», a lancé Christophe Catin, président de Dialogai.
À Lausanne et Neuchâtel aussi
La veille, d’autres rassemblements en Suisse avaient déjà évoqué la mémoire des 49 clubbers tué lors de l’attaque contre le Pulse d’Orlando. Place de l’Europe à Lausanne les associations LOS, Lwork, Lilith et VoGay, entre autres, ont pris part à un hommage qui a rassemblé une soixantaine de personnes. Le nom des victimes a été lu, avant une minute de silence. «Nous sommes aussi là pour montrer que non, on ne se cachera pas», a témoigné Laurence, une participante, à «24 heures». Le groupe Togayther a aussi réuni ses sympathisants en ville de Neuchâtel.
Ils étaient une soixantaine à respecter une minute de silence sur la place de l’Europe, à Lausanne. Photo Lilith.
A Zurich, une cérémonie interreligieuse s’est déroulée sous l’égide de la Pride, en présence de la présidente de la ville, Corine Mauch. Quelques dizaines de personnes se sont aussi recueillies devant l’ambassade des Etats-Unis, à Berne, où un registre de condoléances a été ouvert.
Un lieu paradisiaque, une maison sublime dans les fleurs et la verdure, un grand bassin bleu. Le rêve pour la rock star Marianne Lane, interdite de parole à la suite d’une extinction de voix et qui est venue, avec son amoureux Paul, se reposer les cordes vocales dans l’île sicilienne de Pantelleria. Mais finies l’harmonie, la tranquillité et la langueur de l’été, quand débarquent à l’improviste son exubérant producteur Harry et sa fille Pénélope. Une visite qui s’annonce comme une menace. Autrefois son amant, Harry veut reconquérir Marianne, qu’il avait imprudemment poussée dans les bras de Paul…
«A Bigger Splash», signé de l’Italien Luca Guadagnino, est un remake de La piscine de Jacques Deray, un petit chef d’œuvre mettant alors en scène le couple aussi mythique que magnétique Alain Delon/Romy Schneider, que venait déranger le très charismatique Maurice Ronet, accompagné de la gracile et nonchalante Jane Birkin. Pour son adaptation actualisée, le cinéaste a fait appel à Tilda Swinton, Matthias Schoenaerts, Ralph Fiennes et Dakota Johnson. Un choix honorable. Cherchant trop l’effet dans une mise en scène désincarnée, le réalisateur tente, sans vraiment y parvenir, le mélange de tension érotique et de suspense psychologique autour de la piscine. A l’image de Jacques Deray, il veut ainsi impliquer dans un jeu de désir, de jalousie et de vengeance, la star de la musique quasi muette, son nouvel amant gigolo sur les bords, son ex envahissant, outrancier, cabotin, frénétique jusqu’à l’hystérie et sa progéniture ravissante mais un peu là où on la pose.
Pas toujours à la hauteur
Luca Guadagnino, à qui on reconnaît un style, assume certes le côté kitsch et frivole de son œuvre. Mais en dépit de la fidélité dans le déroulement de l’action, force est de constater que la copie n’est pas vraiment à la hauteur de l’original, huis-clos plus sensuel, trouble et ambigu. Reste la beauté de Pantelleria, que le cinéaste nous fait un peu visiter en promenant ses comédiens. Et pour le coup l’île des stars n’a rien à envier à Saint-Tropez.
» Sortie aujourd’hui sur les écrans romands