Décédé le 2 octobre 1985, Rock Hudson devenait il y a trente ans la première célébrité victime du terrible virus. La révélation de sa maladie quelques mois plus tôt fut aussi celle de son coming-out. Un hommage en cinq films est rendu à cet homme qui a laissé son nom pour sa carrière, mais aussi pour sa mort en héros de la cause gay et de la lutte contre le sida. Rock Hudson avait pourtant toute sa vie entretenu l’illusion, made in Hollywood, de son hétérosexualité, le moindre soupçon public du contraire pouvant à son époque ruiner une vie. La coqueluche de ces dames jouait ainsi le jour et draguait la nuit dans des boîtes louches.
Né Roy Harold Scherer Jr. en 1925, ce jeune camionneur débarque en Californie en 1947. Sans talent mais doté d’un sacré physique, il rencontre Henry Wilson un agent recruteur d’acteurs gays, qui devine un fort potentiel derrière le garçon efféminé de près de deux mètres aux épaules de catcheur. Il le transforme en idole virile. En 1954, Rock Hudson devient une star grâce à «The Magnificent Obsession» de Douglas Sirk. L’année suivante il est sacré le célibataire le plus désiré de l’année. Mais les rumeurs qu’avaient fait taire Wilson en sacrifiant d’autres comédiens homos sur l’autel des media enflent. Rock se marie alors avec Phyllis Gates. Elle est lesbienne… En 1984, spécialisé dans les comédies, Hudson peine dans ses dialogues, maigrit, tombe malade. Il apprend qu’il a le sida, à l’époque une maladie honteuse, absolument fatale, appelée «la peste gay». Il en mourra l’année suivante, à 60 ans.
Filmographie
«Rock Hudson’s home movies» (1992) permet à Mark Rappaport de raconter sa vie publique, privée, ses rôles certes virils mais laissant deviner son orientation sexuelle. Dans «The Magnificent Obsession» (1954), Douglas Sirk livre un mélodrame flamboyant où Rock, milliardaire insupportable, est rongé par la culpabilité, tandis que «The Tarnished Angels» (1957), traite avec lui de thèmes audacieux comme le ménage à trois, l’alcoolisme, le suicide. «Giant» (1955) de Georges Stevens oppose Rock Hudson et James Dean au temps du boom pétrolier au Texas. Enfin «The Last Sunset» (1961) western noir de Robert Aldrich, voit la star en redresseur de torts face au méchant Kirk Douglas. En écho à cet hommage vendredi et samedi, Everybody’s perfect propose deux films le dimanche. «Et maintenant?» de Joaquim Pinto, un journal intime résumant le combat du réalisateur portugais contre le VIH et l’hépatite C et «Normal Heart» de Ryan Murphy, montrant la montée en puissance du virus dans les années 80.
» Cinémas du Grütli, Genève, du 13 au 15 novembre