Un sondage mené dernièrement par l’institut Yuri Levada brosse un tableau inquiétant de l’opinion publique russe face à l’homosexualité, seize après sa dépénalisation. Dans le cadre d’une enquête sur les «comportements déviants», les personnes ont été interrogées sur leur attitude face aux gays, mais aussi aux punks, prostituées, vagabonds, alcooliques ou membres de sectes.
Concernant les homosexuels, un cinquième des sondés (21%) préconisent leur «liquidation» pure et simple. La première fois que cette étude avait été menée, dans la Russie encore soviétique de 1989, ils étaient 35% à souhaiter l’élimination des homosexuels. Ce taux a baissé jusqu’en 1999, juste avant l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, avant de repartir à la hausse et d’atteindre 23% en 2012, date des premières lois antigay. Quelque 37% des sondés estiment que les homos devraient être «isolés du reste de la société» – un chiffre au plus haut depuis vingt-cinq ans. Ceux qui estiment qu’ils devraient être «laissés tranquilles» ne sont plus que 24%, dix points de moins qu’en 2003.
Hostilité croissante
Ces chiffres attestent d’une intolérance, voire d’une haine croissantes à l’égard des minorités sexuelles. Ils contredisent le discours du leader russe, qui a souvent affirmé que malgré les lois qui bâillonnent les mouvements LGBT en Russie, les homosexuels peuvent vivre en toute sécurité.
En mars, un autre sondage avait trouvé que 37% des Russes considéraient l’homosexualité comme une «maladie à traiter» et 26% (+9 par rapport à 2013) le résultat d’une «mauvaise éducation parentale, de la promiscuité ou de mauvaises habitudes». A l’inverse, ils n’étaient plus que 11% (-5 par rapport à 2013) à affirmer le «droit d’exister» de l’orientation homosexuelle à côté de l’hétérosexualité.