Réfléchir à comment vivre son homosexualité et sa foi chrétienne: c’est le but d’un petit groupe qui s’est récemment formé en Valais. L’initiative provient d’une jeune paroissienne de Savièse: Clémentine Dubuis, 20 ans. «En Valais, nous sommes plusieurs homosexuels catholiques, mais très peu osent le dire ouvertement, par peur de se faire éjecter», a -t-elle expliqué à l’agence catholique APIC. «La première fois que je me suis confiée à une dame engagée dans l’Eglise, elle m’a conseillé de me taire», raconte-t-elle. Pourtant, la jeune femme a persévéré. Elle a finalement reçu les encouragements d’un prêtre, qui a organisé une rencontre avec l’évêque de Sion, fin janvier. Mgr Jean-Marie Lovey «nous a confirmé que nous étions dans l’Eglise, qu’elle ne nous rejetait pas et qu’il était important que nous puissions y rester tels que nous sommes.»
Eglise démunie face aux jeunes
Clémentine se dit «certaine que l’Eglise va s’ouvrir à la réalité du XXIe siècle». A commencer par la prise en compte de la «souffrance de certains jeunes homosexuels. Lorsqu’ils se tournent vers [l’Eglise], elle est souvent démunie.» La démarche s’inscrit aussi dans le sillage de l’affaire Wendelin Bücheli, ce curé de Suisse centrale en conflit avec son évêque, Mgr Vitus Huonder, après avoir béni un couple de femmes. L’Eglise «a une vision mécanique du couple, estime la jeune femme. On croit qu’un couple ne peut porter qu’un fruit matériel. Il s’agit d’un homme, d’une femme et donc d’un enfant. Les gens qui pensent comme ça ignorent que le fruit de l’amour peut être immatériel.»
Avant de dire «tu ne peux pas vivre ton homosexualité», la bible dit: «tu peux aimer». Clémentine
Le Valais accueillera une gay pride le samedi 13 juin prochain, la deuxième de l’histoire de ce canton très catholique. En 2001, la première édition s’était heurtée à la franche hostilité du diocèse, sans parler des intégristes. Le nouvel évêque, Mgr Lovey, s’en tient à une position plus mesurée. «Il est heureux qu’il puisse y avoir des lieux de rencontre, afin de prendre conscience qu’il existe des minorités qui souhaitent être reconnues dans leur humanité intégrale et dans leur dignité, a-t-il récemment estimé sur les ondes de Rhône FM. Mais il faut continuer de dire que l’homosexualité n’est pas le projet de Dieu.»
» L’interview de Clémentine sur le site cath.ch