En mai dernier, deux militants gay avaient commandé un gâteau pour le dessert d’une soirée associative. Le glaçage devait reproduire la photo de Bert et Ernie (les marionettes cryptogay de «1, rue Sésame») accompagné d’un slogan en faveur du mariage pour tous, non reconnu dans la province britannique, très conservatrice. Avaient-ils choisi leur pâtisserie au hasard? Toujours est-il que Ashers Bakery est géré par des chrétiens fervents. Son manager avait refusé la commande au nom de ses «convictions religieuses».
Tollé
L’affaire n’en était pas restée là, puisque la Commission de l’égalité avait été saisie illico par l’association gay. Elle a rendu son verdict en octobre, condamnant le commerce à s’excuser auprès de ses clients et à les dédommager. «D’honnêtes commerçants humiliés et traînés dans la boue!» s’est insurgée la presse conservatrice, qui a rappelé une autre affaire qui avait suscité la controverse en Ulster, quand un couple avait refusé de louer une chambre d’hôtes à un couple gay, en 2008. Les propriétaires du bed & breakfast avaient été lourdement condamnés.
Le pâtissier a trouvé le soutien d’une organisation chrétienne, qui a décidé de porter l’affaire sur le plan politique. C’est ainsi que le bras de fer pâtissier a donné naissance à une proposition de loi, qui a été présentée lundi au Parlement de la province. Elle autoriserait les commerçants à se prévaloir d’une clause de conscience pour ne pas servir les clients homosexuels. Le texte est porté par un député du Parti démocrate unioniste, une des principales formations nord-irlandaises, fondée par le Révérend Paisley, à l’homophobie légendaire. «Voilà que les droits des gays, et le droit d’avoir ces droits reconnus et promus par tout le monde, est plus important que les droits des chrétiens à vivre conformément à leur conscience», s’est insurgé l’élu Paul Givan, auteur de la proposition.
«Pas de chiens, pas de Noirs, par d’Irlandais… pas de gays»
The Rainbow Project, le principal groupe LGBT de la province, s’est dit atterré par cette «campagne destinée à légaliser la discrimination». «C’est une manière de remettre à jour les pancartes “pas de chiens, pas de Noirs, par d’Irlandais” en y ajoutant “pas de gays”», a déclaré Jack O’Doherty, directeur de l’association. En Arizona (Etats-Unis), une proposition de loi du même type avait fait l’objet d’un veto de la gouverneure, en février dernier.
Source: GayStarNews