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Le 16 août 2012, Zachary, 4 ans, mourait des suites d’une perforation intestinale. L’enfant vivait dans un foyer pour sans-abris de la banlieue de Portland (nord-ouest des Etats-Unis) avec sa mère, Jessica Dutro, 25 ans, et le conjoint de celle-ci, Brian Canady, 24 ans.
Tous deux comparaissent devant la justice depuis la semaine dernière pour avoir causé la mort du garçonnet. Le couple gardait deux autres enfants.
«Il parle et il marche comme ça. Beurk»
Dans un premier temps, Canady avait avoué avoir administré un violent coup de pied dans le ventre de l’enfant, le 13 août, jour de l’anniversaire de l’enfant. Mais l’audition de la sœur aînée de Zachary a indiqué que c’est sa propre mère qui aurait infligé les coups mortels. Selon l’accusation, Jessica Dutro éprouvait du dégoût et de la colère contre son fils, qu’elle croyait «pédé», selon son expression. «Il parle et il marche comme ça. Beurk», avait-elle écrit à son petit ami sur Facebook. Elle avait aussi évoqué des punitions qu’elle lui infligeait afin de le «corriger», rapporte le quotidien local «The Oregonian».
Le couple avait attendu presque 24 heures avant d’appeler les secours, malgré de graves symptômes. L’enfant était mort deux jours plus tard à l’hôpital. Entre-temps, les services sociaux s’étaient aperçus que les deux autres enfants de Jessica, une fille de 7 ans et un garçon de 3 ans, présentaient également de graves lésions à la suite de coups. La fillette avait plusieurs côtes cassées.
L’organisation suisse des gays s’est dotée d’un nouveau secrétaire général à l’issue de son assemblée générale de samedi. C’est Bastian Baumann, un Bernois de 29 ans, qui succède à Alicia Parel. Cette dernière se retire pour raisons de santé après deux ans aux commandes de Pink Cross. Spécialiste des relations publiques et de la communication, Bastian Baumann est actuellement directeur de campagne auprès de l’Aide suisse contre le sida. Il y a quelques années, il avait contribué à la fondation du groupe GayThun à Thoune (BE).
Initiative du PDC dans le collimateur
Parmi les objectifs prioritaires de Pink Cross en cette année 2014, la campagne contre l’initiative du PDC sur la soi-disant «pénalisation» des couples mariés. Le texte propose incidemment d’inscrire la nature hétérosexuelle du mariage dans la Constitution helvétique.
«Quand je rencontrais un mec qui me plaisait, je me disais: ouf ce n’est pas vrai, en fait je suis hétéro!», avoue Anne en riant. La trentaine, cette doctorante en littérature américaine fait partie du Groupe bi de Genève. Elle a mis du temps à s’accepter. «Je viens d’un milieu évangélique. La perspective d’être attirée par une femme me terrorisait, même si c’était le cas pendant mon adolescence», avoue-t-elle.
Profond soulagement
Passage à la «normalité»: pendant quelques années, Anne est en relation stable avec un homme. Mais à 25 ans, elle décide de s’assumer. «J’ai été en lien avec deux femmes puis avec un homme bisexuel. Intégrer à ma vie cette bisexualité qui me semblait si menaçante est un profond soulagement», dit-elle. Anne est maintenant en couple hétéro depuis deux ans, son compagnon sait qu’elle aime aussi les femmes et il le vit bien. «J’ai été claire depuis le début. Je pourrais aussi envisager mon avenir et une famille avec une femme», précise-t-elle. Ne lui manquent-elles pas trop lorsqu’elle est avec un homme, et vice-versa ? Anne rigole. «C’est un vrai préjugé. En réalité, personne ne peut combler tous nos besoins, quelle que soit notre orientation sexuelle», souligne la jeune femme.
S’autoriser la liberté
S’assumer en réconciliant son identité et ses actes: c’est la libération que vit Michel, 52 ans et quatorze ans de vie conjugale hétéro derrière lui. «Mon ex se posait des questions sur mon orientation sexuelle. Moi aussi, d’ailleurs! J’avais des fantasmes homosexuels et j’étais tombé amoureux d’un homme à l’âge de dix-neuf ans. Je n’avais pas pu l’assumer: je craignais trop la réaction de mon père», avoue-t-il. Michel ne «s’autorise» à se poser des questions et à passer à l’acte avec des hommes qu’au moment de son divorce à l’âge de 44 ans. Désormais célibataire, il dit être ouvert à toute relation «quel que soit le genre ou le sexe d’une personne» tout en précisant avoir eu «davantage d’histoires sentimentales avec des femmes, et de fantasmes envers les hommes».
L’amour des femmes, le désir des hommes… Julien aussi fait la distinction. A 38 ans, en couple hétéro depuis trois ans, il préside le groupe de parole des bisexuels de l’association 360. «Enfant, je sentais que je devais choisir qui aimer. J’ai refusé cette barrière: je voulais pouvoir aimer tout le monde», dit-il. Petit, on le prend pour une fille et il «adore» les chaussures à talons de sa mère. Adolescent, Julien entretient une «forte amitié» avec un garçon, mais ce n’est qu’à 28 ans qu’il a sa première expérience homo. «Mes copines ne me trouvaient pas assez viril, je ne me sentais bien dans aucun milieu. La vraie souffrance des bi, c’est le décalage avec la norme», affirme-t-il, l’âme un brin torturée.
La norme en question
La norme. Si elle pèse si lourd sur les bisexuels, c’est qu’ils la remettent en question, comme l’explique Lorena Parini, politiste et maître d’enseignement et de recherche en études genres à l’université de Genève. «Toute société comporte des standards de genre, de sexe et de sexualité. Ils sont binaires: on est un homme ou une femme, on aime un homme ou une femme. L’entre-deux – intersexes, transgenres, androgynes, bisexuels – interroge la norme centrale binaire».
Et les homos, qui ont créé leur propre norme pour revendiquer des droits, ont du mal à accepter les bisexuels. «Ils ont le sentiment qu’être à la fois homo et hétéro, c’est un acte de traîtrise envers un groupe minoritaire et discriminé», explique Denise Medico, psychologue et sexologue spécialisée dans les questions LGBTI. Anne raconte ainsi que sa première copine était certaine qu’elle était lesbienne. «Elle me disait: tu vas le découvrir, ce n’est qu’une question de temps! Les homos sont parfois plus agressifs que les hétéros envers nous. Ils veulent qu’on choisisse notre camp», explique-t-elle. Ce qui revient, pour un bi, à faire disparaître la moitié de lui-même.
«On voudrait juste avoir le droit d’exister», s’insurge Julien. «Je ne suis pas hétéro, je ne suis pas homo: je suis moi-même, et j’emmerde les définitions », s’exclame-t-il, soulignant que «ceux qui ont une sexualité atypique sont plus fragiles: ils peinent à trouver d’autres personnes avec qui partager leurs doutes et leur chemin». «On pourrait dire qu’il y a plusieurs formes de bisexualité» explique Denise Medico. «Les monogames sériels, tantôt en couple avec un homme, tantôt avec une femme. Les expérimentateurs, qui veulent explorer leur sexualité et remettre les normes en question. Puis les personnes qui sont attirées sexuellement et amoureusement par des personnes de genres différents. Par exemple, certains hommes qui fréquentent les lieux de rencontre entre hommes ne sont pas forcément des homosexuels qui n’osent pas sortir du placard. Parfois, ce sont des hommes qui aiment vraiment leur femme, d’un sentiment de tendresse amoureuse, mais qui fantasment sur des hommes», raconte Denise Medico. Pour elle, cela peut expliquer pourquoi le mouvement bi est encore discret. «Les bisexuels les plus visibles, ceux qui aiment indifféremment un homme ou une femme, sont une minorité», note-t- elle. Et cette double attirance est mieux vécue par les femmes. Non seulement parce qu’elles sont moins stigmatisées, mais aussi parce que leur sexualité est plus fluide, moins compartimentée que celle des hommes.
Le coeur avant tout
D’ailleurs, Anne n’aime pas trop les catégories. «Un bisexuel est bisexuel parce que cela correspond à quelque chose qu’il ressent, point final», soutient la doctorante. Au fond, c’est peut-être de cela qu’il s’agit: vivre selon son désir et son coeur en tordant le cou aux définitions, aux préjugés et aux classifications qui enferment et qui blessent. Et si le combat des bisexuels était en réalité notre lutte à tous?
Pour contacter le groupe bi de 360: Julien au 076 203 22 24 ou bi@360.ch
» association360.ch/groupe-bi
La vie amoureuse de Marco a de quoi donner le tournis. «Actuellement, j’ai trois relations avec des femmes, dont une compartimentée », affirme cet architecte romain de 35 ans avec un doux accent italien. Compartimentée? «Oui, quand je suis avec elle, c’est exclusif: les deux autres ne sont pas là», explique-t-il. Une fois la demoiselle partie, Marco se sent libre de faire ce qu’il veut, comme il veut: il est un polyamoureux déclaré, entretenant flamme et désir avec plusieurs femmes.
«Mes histoires amoureuses se sont toujours superposées. La monogamie, j’ai essayé quelques mois, mais c’était trop d’efforts», lâche-t-il entre deux gorgées de cappucino. Vous l’aurez compris, la fidélité ne fait pas partie de son vocabulaire: Marco est en couples. La jalousie ? «Si je ne trouve pas ma place ou que ma partenaire ne m’accorde pas assez de temps», dit-il. Pour le reste, Marco est un homme heureux. «L’exclusivité de la monogamie ne provoque que drames et tensions. Le polyamour, croyez-moi, c’est plus simple».
Difficultés multipliées
Ce drôle de mot serait-il l’antidote aux séparations, infidélités et autres douleurs ? Hélas non, si l’on en croit Yves-Alexandre Thalmann, thérapeute de couple et auteur d’un livre sur les amours multiples. «Entretenir plusieurs relations simultanément peut être infernal, car les difficultés inhérentes à toute liaison se multiplient par le nombre de partenaires », estime-t-il. S’engueuler fois dix, imaginez le tableau… «Il ne faut pas confondre amour et relation. Avoir des sentiments multiples, c’est possible. Créer un vrai lien, c’est autre chose: cela exige du temps et de l’investissement,», souligne Yves- Alexandre Thalmann. D’ailleurs, notre polyamoureux Marco dit avoir de la peine à dire ce qu’est une ‘relation’ pour lui. «Les paramètres utilisés sont généralement le sexe, l’intimité, la création d’une famille ou le partage de la vie quotidienne. Or pour moi, ils ne vont pas forcément ensemble», dit-il. Et l’Italien d’expliquer qu’il lui est arrivé d’entretenir une «vie conjugale» avec une femme tout en couchant avec une autre – avec laquelle il n’aurait pas voulu vivre.
«Polyamour»: le terme est joli, mais peut-on vivre plus d’une passion en même temps ? Non car l’exercice est épuisant, si l’on en croit Denise Medico, psychologue et sexologue spécialiste des questions LGBTI. «Etre amoureux de deux personnes suscite en général beaucoup de souffrance. Plus que deux, c’est rarissime», affirme-t-elle avec un sourire. En cause, l’énergie et l’espace considérable que prend Eros dans notre cerveau. «L’état amoureux n’est pas qu’une émotion, c’est une fonction qui active la zone la plus élevée de notre cerveau, celle qui gère par exemple les pensées abstraites, le langage ou les processus mentaux plus complexes», explique Francesco Bianchi- Demicheli,spécialiste en médecine sexuelle au Département de gynécologie obstétrique à l’hôpital universitaire de Genève. Il a fait partie de la première équipe de chercheurs ayant observé l’activité du cerveau des amoureux par imagerie médicale. «Les résultats montraient que notre pensée est dirigée sur l’objet de notre passion au moins 85 % du temps. Aimer du même amour fou trois personnes ou plus, c’est donc un phénomène particulier », soutient-il.
Ni exemples ni règles
Mais il n’y a pas que l’amour fou. Il y a la tendresse insouciante, le désir coquin, l’amitié ambiguë, l’attirance qui va et qui vient… Toutes sortes de sentiments qu’expérimente sans doute Marco, qui explique son style de vie comme la conséquence de changements sociétaux. «Avant la règle, c’était: un job et un partenaire pour la vie. Désormais, on multiplie les sphères d’activités et les partenaires», soutient-il. Reste qu’il ne sait pas trop «dans quelle configuration» il pourrait réaliser un jour son projet de devenir père. Une grande question parmi d’autres sur le chemin marginal et étonnant des polyamoureux.
En savoir plus: http://polyamour.info
Le polyamour (venu de l’anglais, polyamory) traduit l’idée d’«amours multiples». Il regroupe les différentes pratiques de relations amoureuses avec de multiples partenaires.
Le terme libertin vient du latin libertinus, «esclave qui vient d’être libéré», «affranchi». Dans son acception d’origine, il désigne le libre-penseur. De nos jours, il désigne une personne qui s’adonne sans retenue aux plaisirs de la chair.
L’échangisme consiste à échanger temporairement son partenaire avec un autre couple lors d’actes sexuels.
La pansexualité désigne ceux qui aiment et entretiennent des relations sexuelles avec autrui quels que soient son genre, son sexe et son orientation sexuelle (transsexuels et intersexes compris).
Réalisatrice peu prolifique, Mariana Rondón n’en connaît pas moins un joli succès en Amérique latine. Cinq ans après la sortie de Cartes postales de Leningrad où des enfants s’inventent un monde pour se protéger des horreurs de la guerre, la cinéaste revient avec Pelo Malo, où elle raconte l’histoire d’un garçon de neuf ans.
Il s’appelle Junior, vit à Caracas avec sa mère et son petit frère de deux ans. Mignon, de constitution délicate, il est obnubilé par ses cheveux qu’il a frisés comme son père alors qu’il les aimerait tellement lisses comme ceux de Marta, sa jeune maman. Dans l’espoir de dompter cette toison rebelle qui lui pourrit l’existence, il s’enferme dans la salle de bains, passant des heures devant la glace à se coiffer et se recoiffer, allant jusqu’à enduire ses boucles épaisses de mayonnaise ou d’huile pour mieux les aplatir.
Les angoisses d’une mère
Ce comportement coquet déplaît fortement à Marta, qui y voit le signe d’une potentielle homosexualité. D’autant que Junior n’aime pas le sport, veut être chanteur, danse avec sa grand-mère qui lui apprend des chansons kitsch et joue à la poupée avec une copine acariâtre et peu gâtée par la nature, rejetée par les autres enfants. Il adore aussi regarder le concours de Miss Venezuela à la télévision et s’intéresse de trop près à un voisin plus âgé qui se balade en débardeur sous sa fenêtre.
Autant dire que le gamin, ne correspondant pas à la norme, a du mal à se couler dans le moule ardemment souhaité par sa mère. Ce qui provoque entre ces deux êtres des relations particulièrement conflictuelles. Certaine qu’il va souffrir dans une société dominée par la masculinité, Marta s’ouvre de ses angoisses à un médecin, usant par ailleurs de divers moyens pour essayer de viriliser son rejeton. Tandis que ce dernier, aspirant à un amour maternel qui lui est refusé, lutte pour assumer une différence qu’il ne fait que pressentir.
Les obsessions capillaires de Junior et ses petits travers servent naturellement de prétexte à la réalisatrice pour stigmatiser l’homophobie et l’intolérance. Mais elle s’y prend avec finesse, évoquant l’orientation sexuelle de Junior par petites touches, sans rien dramatiser, ni vouloir absolument illustrer son propos par l’image. Pas question non plus pour Mariana Rondón de tomber dans les bons sentiments ou la compassion. Certes bienveillante, elle peut aussi manifester une certaine dureté, sinon se montrer cruelle dans le dénouement d’un récit singulier aux personnages attachants et parfaitement interprétés. A commencer par Samuel Lange Zambrano (Junior) et Samantha Castillo (Marta). Ils contribuent largement à la réussite de ce film bien écrit, bien mis en scène, qui a reçu le Coquillage d’Or au Festival de San Sebastian.
Gagnez vos entrées pour l’avant-première en présence de Mariana Rondón (réalisatrice) et de Marité Ugas (productrice) @ Cinémas Les Scala, Genève, mercredi 2 avril à 19h45. Tentez votre chance en envoyant vos coordonnées à guillaume@magazine360.ch
Il faut croire que tout ce qui sort de l’ordinaire est désormais suspect d’être gay, en Russie. Comme cette initiative d’une école d’anglais d’Irkoutsk, qui a organisé une flash-mob sur le thème de la Saint Patrick, dimanche sur le parvis d’un centre commercial. Selon l’agence Interfax, les «déguisements historiques» irlandais des participants, et notamment des kilts portés par certains d’entre eux, ont vite fait d’attirer l’attention de quelques jeunes désœuvrés. Résultat, une grosse bagarre et une belle pagaille.
«représentants d’une orientation sexuelle non traditionnelle»
Selon la police, les agresseurs ont cru avoir eu affaire à une gay pride sauvage. Les élèves de l’école «ont été pris pour des représentants d’une orientation sexuelle non traditionnelle» – le terme consacré par la loi contre la propagande homosexuelle – a expliqué une source des forces de l’ordre (avec peut-être une pointe de complaisance).
L’école a confirmé que certains élèves et professeurs avaient été blessés légèrement, tout en soutenant que c’est plus simplement les tenues exotiques portées par les flash-mobbers qui «n’était pas au goût de ces masses grises».
C’est une idée bien reçue dans les salons sans doute pas très feutrés des homophobes d’ici ou d’ailleurs: Nous les homosexuels, en plus d’être d’horribles fornicateurs mus par la douceur de la luxure et des actes contre nature, nous cachons derrière tous les complots du monde. A les entendre, nous faisons et défaisons les rois, main dans la main avec les francs-maçons et autres sociétés secrètes. Le but est bien sûr de servir nos intérêts. Eh bien, navré de décevoir les amateurs de la couleur bleu marine, l’association des leadeurs gays suisses Network n’a rien d’une réplique du cabinet de Richelieu ou de Mazarin.
Réunie les 22 et 23 mars en Assemblée générale à Genève, Network s’est au contraire illustrée par la transparence, en affirmant clairement ses objectifs qui vont, rassurez-vous, bien au-delà du réseautage. Ils y ont parlé des comptes de l’association et amené au vote des modifications statutaires. Bref, une assemblée générale dans tout ce qu’elle peut avoir de plus banal…
Mais la banalité s’arrête à cette réunion qui a pour vocation de demander démocratiquement leur avis aux 450 membres de Network. Les nombreuses activités proposées dans divers domaines sont là pour le prouver. L’utilité d’une telle structure est également toujours d’actualité, car même si les choses vont mieux, force est de constater que l’orientation sexuelle peut encore être une entrave à l’avancement. «Il y a toujours un plafond de verre», commente Luzius Sprüngli le président nouvellement élu de Network. «Il y a maintenant des dirigeants qui sont ouvertement gay. Cela facilite les choses mais tout n’est pas encore réglé. Et nous sommes là pour le rappeler.»
Romands peu représentés
Bien implanté de l’autre côté de la Sarine, Network se fait petit à petit sa place dans le paysage romand. «Les Suisses allemands sont peut-être plus portés sur ce qu’ils appellent le Stammtisch. En revanche, la philosophie que porte Network est largement partagée également chez les latins. Preuve en est, une section tessinoise vient de se créer», commente Etienne Francey, seul membre romand du Comité national. Et ce dernier d’ajouter: «Genève et la Romandie vont pouvoir amener une dimension encore plus internationale à l’association en créant du lien avec les organisations présentes dans la région». Network crée du lien aussi au niveau local puisque, par exemple, «les membres genevois et lausannois vont être impliqués ensemble dans la tenue des Assises contre l’homophobie au travail qui devraient se tenir à Genève», ajoute Dominique Rachex, responsable de la section du bout du lac.
Enfin, désolé de décevoir à nouveau mais pour ceux qui pensent que Network est un club très fermé: il n’en est rien. La procédure d’adhésion est, nous dit-on, tout à fait accessible, à condition bien sûr d’avoir 650 francs à débourser à titre de cotisation par année.
5 Questions à François LongchampLe président du Conseil d’Etat genevois a ouvert l’Assemblé générale de Network. Il a accepté de répondre à nos questions.
– François Longchamp, c’est important pour vous d’être présent à cette assemblée?
– Oui, car c’est une organisation importante et représentative au niveau national. Et puis, nous sommes au cœur de la Genève internationale, au cœur des droits de l’homme. C’est l’occasion aussi pour nous de rappeler que le combat de la communauté gay n’a pas été toujours tout simple et qu’il est encore à mener dans de nombreux pays. Septante-sept Etats considèrent l’homosexualité comme un délit et dix la punissent encore de la peine de mort. Il faut continuer à porter ces enjeux-là même si les choses ont considérablement changé.
– Qu’est-ce que cela vous inspire de savoir que pour certains Network est considérée comme appartenant à un hypothétique lobby gay?
– C’est sans doute un des derniers vestiges de l’homophobie. C’est ce que l’on réserve comme commentaire à toutes les minorités qui sont agissantes que ce soit certaines religions ou certaines nationalités. Je pense au contraire que c’est un très gros progrès que de voir que le droit à la différence se traduit par un droit à l’indifférence. C’est plutôt cela que je vois derrière une structure comme Network, plutôt qu’un pseudo lobby secret cachant les puissants.
– Quel est votre avis sur l’adoption par des couples de même sexe?
– Nous sommes actuellement en procédure de consultation. J’aime toujours à rappeler, puisque je me suis moi-même occupé de politique sociale, que je m’apprêterai volontiers à faire une comparaison de la façon dont certaines familles pourtant tout à fait hétérosexuelles élèvent, ou plutôt n’élèvent pas leurs enfants. Et combien les critiques selon lesquelles deux femmes ou deux hommes ne pourraient pas élever un enfant sont incongrues dans ce monde un peu particulier.
– Quelle est votre analyse par rapport au climat d’homophobie qui règne en ce moment?
Si l’on regarde à travers l’histoire, et notamment durant ces 30 dernières années, on a certainement un climat d’homophobie qui va en déclinant. C’est clair aussi que l’actualité est là pour nous rappeler qu’elle existe encore et qu’elle le sera encore sans doute pendant longtemps. C’est la raison pour laquelle des assemblées comme celles-ci et des groupes de pression comme ceux-ci doivent mener la garde et veiller.
Je ne vous ai pas vu participer au vote, j’en déduis que vous n’êtes pas membre de Network?
Je suis là à titre de représentant officiel. Je ne suis pas membre de cette auguste association et je n’ai pas pu voter y compris sur l’épineuse question de savoir s’il fallait adopter les comptes ou adopter les statuts. (Sourire)
La vidéo du discours de François Longchamp:
C’est samedi, et vous allez sortir avec votre meilleur ami homo? Attention, vous risquez bien de finir dans une boîte gay… Pour vous préparer, Jeremy Helligar, blogueur américain du Huffington Post a rédigé cinq règles d’or pour survivre dans cet environnement impitoyable!
1. Si tu restes éveillée toute la nuit pour choper, teste ton endurance ailleurs!
Pauvre Jeremy! Il a subi les assauts effrénés d’une jeune femme hétéro en mal d’amour qui lui a roulé un french kiss digne d’un porno! Quand il l’a repoussée tant bien que mal, cette dernière s’est exclamée: «Quoi? Tu ne veux pas de moi? Mais je suis canon! Plein de mecs tueraient pour être à ta place.» Ce à quoi Jérémy lui a gentiment répondu: «J’en suis persuadé. Mais regarde autour de toi. Aucun des mecs dont tu parles n’est là.» Eh oui les filles… le vieux fantasme de «transformer» un gay en hétéro pour vos beaux yeux est impossible! Séchez vos larmes, et laissez-vous porter par la musique.
2. «Ladies first», ça ne s’applique pas ici. Alors attends ton tour!
Décidément, les femmes hétéros ont donné du fil à retordre à Jeremy… Il se souvient d’une cliente assoiffée, qui l’a bousculé tellement fort pour accéder au bar, que le bloggeur en est presque tombé par terre. Il lui a dit de faire attention, elle l’a insulté. Et quand le barman a d’abord servi Jeremy, la guerre était déclarée! Furibarde, elle a tenté de convoquer le videur – qui s’en fichait éperdument. «Si elle avait été plus courtoise et patiente, elle serait déjà en train de siroter son cocktail, comme moi.» Compris? Rentrez vos griffes!
3. Envie de danser? Eloigne-toi du bar et va sur la piste!
Rien de pire, aux yeux de Jeremy Helligar, que ces clientes qui se mettent à se dandiner près du bar, dans le fol espoir de braquer les regards des clubbers: «Si vous retenez l’attention de quelqu’un, ce sera seulement celle du mec que vous n’arrêtez pas de bousculer.» Alors direction le dancefloor, et que ça saute!
4. Evite de jouer les entremetteuses!
Vous les filles qui veulent absolument caser leur meilleur ami gay, Jeremy vous met en garde: «Survendre votre pote est inutile: notre détecteur de bullshit est aussi puissant que notre gaydar.» De simples présentations suffisent. Pour le reste, ils sont assez grands pour se débrouiller tout seuls.
5. Les femmes hétéros sont adorables. Mais une, ou maximum deux à la fois.
Pour cette dernière règle d’or, Jeremy s’inspire d’une célèbre série télé: «Je sais que Sex and the city a instauré le principe que les femmes doivent sortir en groupe de quatre, écrit-il, mais cela ne s’applique pas dans les lieux où les hommes vont pour se rencontrer entre eux.» Ils vous conseille de prévoir vos sorties entre filles durant les Ladies night.
Abominable misogyne, doublé d’un partisan du ghetto, ce Jeremy? Pas tant que ça. Le bloggeur confie que son but n’est pas de cloisonner le monde de la nuit entre homos et hétéros. Il raconte qu’à Buenos Aires, par exemple, les boîtes gay sont rares, et selon lui, c’est tant mieux. On sort dans des boîtes «gay-friendly» où la valeur cardinale est le respect. Et de souhaiter que cela existe dans la vie de tous les jours: «Gays et hétéros en harmonie, ouverts et libres d’être ce qu’ils sont. Et le plus important, en se traitant les uns les autres avec respect et en attendant sagement son tour au bar.» Et la règle la plus importante: Amusez-vous et dansez jusqu’au bout de la nuit!
Le célèbre monument lacustre se fera solidaire, ce samedi… si la météo le permet. Les Services industriels de Genève éclaireront le Jet d’eau en rose durant la soirée. Une manière de rappeler le sort des personnes LGBT en difficulté dans plusieurs régions du monde, de la Russie à l’Ouganda.
Assemblée générale
Ce message coloré répond à l’initiative de Network. L’association suisse des cadres et dirigeants d’entreprise gay et bi tient son assemblée générale dans la cité de Calvin, ce week-end. Les 430 délégués seront accueillis dans les locaux de l’Organisation mondiale du commerce. Outre les affaires courantes de l’association, les membres profiteront de ce cadre pour se pencher sur le thème des relations internationales.
L’an dernier, Network avait financé une plaque commémorant le supplice de Bartholomé Tecia, un jeune homme condamné à mort pour homosexualité dans la Genève du XVIe siècle.
Il était le fondateur du «plus nauséabond et [du] plus odieux des groupuscules américains qui propagent la haine», résume l’organisation antiraciste Southern Poverty Law Centre. Le révérend Fred Phelps est décédé jeudi, a annoncé jeudi sa fille Shirley. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il avait 84 ans. A la tête de la Westboro Baptist Church, une secte organisée autour de sa propre famille, ce pasteur du Kansas était devenu une figure marquante – voire une caricature – de l’intolérance religieuse aux Etats-Unis. Il avait acquis une célébrité nationale avec ses manifestations surréalistes, notamment en marge d’obsèques de personnes LGBT (dès les années 1980, avec l’hécatombe causée par le sida), de soldats américains morts au Moyen-Orient ou de stars du show-business. Inscrits sur des placards fluo, les slogans se déclinaient sur le mode de «Dieu hait les pédés», «Seigneur, merci pour les soldats morts» et «Va brûler en enfer»…
Formidable repoussoir
Sur les réseaux sociaux, où la mort de Phelps avait été anticipée, beaucoup ont rendu la monnaie de sa pièce au gourou homophobe en paraphrasant ses messages haineux. Les médias LGBT américains étaient plus modérés, offrant même un hommage paradoxal au pasteur de Topeka. «Nous avons perdu quelqu’un qui a fait bien plus pour la communauté LGBT que nous le réalisons», explique la militante Cathy Renna dans le Huffington Post. Elle rappelle que Phelps, en tant que formidable repoussoir, a été très utile pour la mobilisation des gays et des lesbiennes aux Etats-Unis. Il a notamment créé des occasions très télégéniques d’illustrer la lutte contre l’homophobie. «La juxtraposition du visage de Phelps et d’anges qui lui tournaient le dos et chantaient Amazing Grace a eu un impact bien au-delà de la réaction tripale de colère. Ça voulait dire: nous sommes meilleurs que lui», raconte Cathy Renna, se souvenant d’une manif de la WBC lors des obsèques du journaliste gay Randy Shilts, en 1994. Quand Phelps et ses ouailles ont commencé à perturber les obsèques de soldats tués au Moyen-Orient, ajoute-t-elle, les militants LGBT ont gagné de précieux alliés.
«Sa croisade vicieuse a fait de l’homophobie un sujet débattu au niveau national et a même inspiré une législation contre les crimes de haine et contre le fait d’infliger [à des proches en deuil] une détresse émotionnelle», résumait le site LGBT Queerty, qui a tout de même lancé l’idée d’une manifestation parodique, lors des obsèques du révérend. Il ne le mérite même pas, estime Cathy Renna: «Son héritage sera exactement à l’opposé de ce dont il avait rêvé. Plutôt que de perdre du temps à danser sur sa tombe, je pense qu’il vaut mieux prendre un moment pour se souvenir de ceux qu’il a blessés.»
Divisions
A noter que le vieux leader était en froid avec sa communauté, désormais déchirée par de profondes divisions et décrite par certains observateurs comme moribonde. L’an dernier, plusieurs membres de la famille Phelps se sont retournés contre la communauté. Dans une lettre ouverte diffusée sur internet, Megan Phelps-Roper, 27 ans, et sa sœur Grace, 19 ans, avaient présenté leurs excuses pour leur participation aux rassemblements de la WBC. Par ailleurs, un des treize enfants du pasteur, Nathan, est devenu un militant gay en vue après avoir rompu avec sa famille dans les années 1970.
Vladimir 27 ans, partage un petit duplex avec son «mari», Pavel, un médecin de 29 ans. Ces deux gays, interrogés par NBC News, reconnaissent avoir voté différemment lors du référendum sur l’avenir de la Crimée, dimanche. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne s’est fait la moindre illusion en glissant son bulletin dans l’urne…
Le couple s’est rencontré via internet en 2007 et ils se sont mariés trois ans plus tard. La cérémonie était célébrée par un pasteur canadien de passage en Ukraine. Comme la plupart des gays de Simferopol, capitale de la province séparatiste, ils maintiennent une vie discrète. A leurs voisins, ils ont laissé entendre qu’ils étaient frères – mais dans le quartier, personne n’est vraiment dupe, admettent-ils.
«Poutine ou le chaos»
Vladimir a voté pour le rattachement à la Russie. Faisant écho à la propagande du Kremlin, il estime que les mouvements qui ont pris le pouvoir à Kiev sont des «fascistes». «Je préfère la dictature de Poutine au chaos», explique le jeune homme, très marqué par une agression dont il a été victime il y a deux ans. Un groupe d’une quinzaine d’hommes l’avaient passé à tabac, un soir près du marché de Simferopol.
Pavel, quant à lui, fait partie des 3% de votants qui ont réclamé de rester en Ukraine. La crainte principale du médecin est que la Crimée devienne une nation paria, «comme l’Abkhazie» (ndlr: la province géorgienne devenue un satellite de Moscou après un coup de force de Vladimir Poutine contre Tbilisi, en 2008).
Quotidien truffé d’incertitudes
Pour tous les deux, les lois contre la «propagande gay» en vigueur en Russie ne sont qu’une crainte supplémentaire dans un quotidien déjà truffé d’incertitudes.
Kiev ou Moscou? Certains gays de la région ne veulent même pas choisir. Pour Maxim, un gay de 29 ans, ce sera l’exil. En tout cas, dès qu’il aura rassemblé assez d’argent pour partir de l’autre côté de la mer Noire, en Turquie. Il y laissera sa mère, qui ignore son homosexualité et a voté pour le rattachement à la Russie. Employé d’une association culturelle financée par l’Ambassade des Etats-Unis en Ukraine, Maxim ne voit aucun avenir dans la péninsule, désormais russe. Il n’a même pas voté, dimanche. Pour lui, le résultat du vote «montre qu’il n’y a pas d’espoir de vivre une vie honnête et transparente» en Crimée.
Exilée en France, ne pouvant plus retourner en Tunisie depuis 2011 suite à la réalisation du film «Laïcité Inch’Allah!», la réalisatrice, scénariste et productrice Nadia El Fani poursuit son combat pour les droits et la liberté de conscience dans son pays.
– Nadia El Fani, vous êtes aujourd’hui exilée en France, poursuivie par la justice tunisienne et menacée par les islamistes. Pourquoi?
– Parce que je dérange (rires). Jusqu’en 2010, on me connaissait comme une artiste militante, féministe, un peu contestataire, mais ça passait, même sous la dictature de Ben Ali. En 2010, j’ai tourné en plein Ramadan «Ni Allah Ni Maître!», rebaptisé par la suite «Laïcité Inch’Allah!» Un film sur une société tunisienne qui semblait justement ouverte et prête à assumer son rapport à un Islam plus tolérant.
– C’est cette liberté de conscience dans la société tunisienne que vous mettiez en lumière qui a choqué?
– Oui, parce qu’entre le tournage du film et sa sortie en 2011, la révolution et l’avènement des islamistes ont changé la donne. Le film a été attaqué en Tunisie, j’ai été rapidement menacée de mort et poursuivie en justice. Le public venu assister à l’ultime projection du film aussi.
– Que vous reproche-t-on exactement?
– J’ai été inculpée de toutes sortes de chefs d’accusation absurdes. Comme atteinte au sacré, aux bonnes mœurs, aux préceptes religieux et j’en oublie. Je suis toujours poursuivie au pénal, c’est pour cela que je ne rentre pas en Tunisie. Je préfère militer depuis ici pour la liberté dans mon pays que d’y croupir en prison. Car c’est encore ce qui me guette.
– Vos films ne parlent pas directement d’homosexualité, mais l’évoquent de manière assez claire. Pensez-vous que cela a pu ajouter à la colère islamiste?
– Peut-être. Dans mes films de fiction, mes personnages sont souvent bisexuels. Une manière de montrer cette réalité dans un autre contexte. Mais il est clair que la Tunisie d’aujourd’hui, mais d’hier aussi, n’est pas encore prête à parler ouvertement d’homosexualité. Il y a, de manière générale, une pudeur de l’intime qui perdure. Ce qui se passe dans la sphère privée n’apparaît jamais. Même un couple hétéro ne s’embrassera pas dans la rue.
– Les homos sont-ils poursuivis et enfermés comme en Egypte?
– Non, enfin oui et non. En Tunisie, la loi répressive, qui date de la colonisation d’ailleurs, a été amendée sous le régime de Burguiba. Mais elle pénalise la sodomie, pas l’homosexualité. Sous Ben Ali, il y avait une liberté de mœurs de façade. Des pratiques plus libres, qui n’étaient pas officielles, étaient tolérées. Notamment avec des étrangers.
– Hammamet était d’ailleurs un haut lieu du tourisme homosexuel. Qu’en est-il aujourd’hui?
– Je ne sais pas comment ça se passe là bas maintenant, mais il faut savoir que de manière générale dans les pays arabes, les hommes ont plus de relations homosexuelles qu’ailleurs dans le monde. Par contre il y a la notion de passif et d’actif dans ces pratiques qui est très marquée et marquante.
– Pourquoi?
– C’est à dire que celui qui est actif dans la relation sexuelle est considéré comme un homme fort, viril, capable de séduire hommes et femmes. Alors que celui qui est passif est plutôt dénigré et rejeté. Mais, de manière générale, l’homosexualité reste un sujet qu’on n’aborde pas ouvertement en Tunisie. Les femmes sont d’ailleurs très peu inquiétées. Elles peuvent sortir, même dormir ensemble sans que jamais on ne les voie comme un couple. On n’est pas menacées en Tunisie. On va nous reprocher de boire, de fumer, de sortir seules, mais jamais personne ne va nous identifier comme homosexuelles, les gens préfèrent éluder la question.
– C’est plus compliqué pour les hommes?
– Oui, avec l’avènement des islamistes, les gays ont peur. Depuis 2011, les religieux et le gouvernement appliquent la loi contre la sodomie à la lettre. N’hésitant pas à emprisonner les homos sur simple dénonciation. Mon propre avocat a été enfermé plusieurs mois l’an dernier pour cela. Il est, comme par hasard le président d’un parti laïque. Ce que je regrette aujourd’hui c’est l’hypocrisie qui perdure en Tunisie, notamment à travers cette nouvelle Constitution. Le danger c’est ce qui fait référence en filigrane à des lois musulmanes archaïques, encourageant l’aliénation de la femme et se mêlant de la vie privée, en condamnant, par exemple, toujours la sodomie.
– La communauté internationale évoque plutôt une Constitution et un gouvernement de transition progressistes?
– C’est un leurre. Oui, des choses bougent, la société tunisienne avance, mais fondamentalement, rien ne change, pour l’instant en tout cas. Des libertés oui, mais il y a des limites! Et ces limites ce sont les islamistes qui les posent. C’est un peu le paradoxe de la révolution. A la chute de Ben Ali le peuple a obtenu la liberté de parole, mais elle a libéré aussi la parole islamiste, xénophobe, raciste, nationaliste. Avant, le pouvoir censurait. Aujourd’hui on a un gouvernement, composé majoritairement de tous ces extrêmes, qui ne représente pas tous les Tunisiens. Pourtant, je suis malgré tout confiante dans le peuple tunisien pour que dans ce pays émerge une société moderne, progressiste et tolérante. Mais ce n’est pas pour tout de suite. Les Tunisiens ne resteront pas sous l’emprise des islamistes. C’est une transition.
Nadia El Fani est née en 1960 dans une famille d’intellectuels tunisiens. Son père est tunisien et militant communiste et sa mère française. Elle démarre dans le cinéma en 1982 comme assistante de Polanski, Goupil ou Zeffirelli, avant d’ouvrir sa propre société de production Z’yeux Noirs Movies en 1990. Mère d’une fille de 23 ans, elle s’installe à Paris en 2002. Depuis, elle a réalisé plusieurs films documentaires ou de fiction, cumulé les prix et récompenses, dont le Grand Prix International de la Laïcité (Paris 2011) et le Sceaux de la Paix, prix de la ville de Florence (2013).
Filmographie
2013 Nos seins nos armes Film réalisé avec l’essayiste française Caroline Fourest sur les Femen.
2012 Même Pas mal Une réponse cinématographique à la campagne de haine qu’elle a subi de la part des extrémistes islamistes qu’elle compare à sa lutte contre le cancer.
2011 Laïcité In ch’Allah! Une photographie de la société tunisienne et de ses paradoxes, réalisée à quelques heures de la révolution.
2008 Ouled Lenine Documentaire consacré à son père, dirigeant du Parti Communiste en Tunisie après l’indépendance.
2005 Unissez-vous, il n’est jamais trop tard Une rencontre improbable entre un travailleur immigré retraité et une française particulière, dans un cimetière.
2003 Bedwin Hacker Long métrage clairvoyant qui annonçait que la contestation dans les pays arabes passerait par Internet
La Roumanie n’est pas près de faire une place aux couples de même sexe. Au début du mois, la Commission des affaires juridique de la Chambre des députés à rejeté, à l’unanimité, une disposition sur les unions civiles. Le texte, préparé par le député Vert Remus Cernea, était destiné à tous les couples, homos et hétéros, à l’instar du pacs français de 1999. Il était limité à quelques questions pratiques: successions, assurances sociales, contrats.
Le projet de loi sera vraisemblablement enterré. En effet, avant cela, il avait été douché par les sénateurs: seuls deux – sur 176 – avaient voté en sa faveur. Beaucoup de membres des partis modérés, à gauche comme à droite, s’étaient abstenus.
«Progrès illusoire»
Droite et gauche semblent unanimes pour rejeter une loi jugée «inutile», voire «totalitaire» pour certains. C’est le cas de la députée d’un parti agrarien, Diana Tusha. «Nous avons eu assez de 50 ans d’expérience du communisme, où les lois étaient imposées sans égards pour les spécificités roumaines, a-t-elle déclaré. Il n’y pas à traumatiser encore des générations au nom de quelque progrès illusoire relevant de recettes étrangères.»
L’an dernier, le Parlement roumain avait écarté in extremis, sur pression d’éléments de la société civile et de l’Union européenne, une motion définissant le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme. Le pays dispose toutefois de lois anti-discrimination qui incluent l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
Les Etats-Unis ont fait d’une pierre deux coups, ce lundi, en livrant leur première liste de personnalités russes qui font l’objet de sanctions. Sept proches du Kremlin verront leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis gelés. Parmi eux figure Elena Mizoulina, note le site LGBTQ Nation. L’an dernier, c’est cette députée ex-communiste, reconvertie dans le nationalisme au sein du parti pro-Poutine Russie Juste, qui avait présenté la loi contre la «propagande homosexuelle». La juriste, championne de la défense de la moralité, a également présenté diverses lois, notamment contre l’adoption d’enfants russes aux Etats-Unis, la «vulgarité» sur internet ou encore contre la diffusion du dessin animé «South Park» sur les écrans russes.
Influence
Les sanctions font suite au coup de force russe en Crimée, qui a mené à l’annexion, de fait, de la péninsule ukrainienne par Moscou au terme d’un référendum jugé illégal par les Occidentaux. La Maison Blanche s’est gardée de dire que Mizoulina avait été sanctionnée pour son engagement antigay. Officiellement, c’est son influence au sein de la Douma, le Parlement russe où elle siège depuis quinze ans, qui aurait été décisif.
L’Union européenne a, quant à elle, imposé des mesures similaires contre 21 personnalités russes et pro-russes. Outre un gel des avoirs dans l’UE, elles font l’objet d’une interdiction d’entrée sur le territoire des 28. Mizoulina n’y figure pas.
La dernière hypothèse en date sur le vol de la Malaysia Airlines a de quoi décoiffer. Et si la disparition du Boeing 777 avait à voir avec l’incarcération de l’ancien Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, accusé de «sodomie»? Selon la presse malaisienne, le Capitaine Zaharie Ahmad Shah aurait été un supporter «fanatique» du politicien, poursuivi depuis seize ans (!) par une obscure affaire d’homosexualité aux relents de règlement de comptes politique. Le 7 mars dernier, il a été à nouveau incarcéré pour 5 ans, déclenchant une vague de colère parmi ses partisans.
Or le commandant Shah a été photographié avec un t-shirt de soutien à Ibrahim. Par ailleurs, la femme du pilote et ses trois enfants auraient déménagé la veille du décollage du vol Kuala Lumpur-Pékin, avec 239 personnes à bord. La dernière piste suivi par les enquêteurs fait état d’un détournement de l’avion par ses pilotes, avant un brusque changement de cap. Près de dix jours après la disparition, aucune trace de l’appareil n’a été localisée.
Quentin Dupieux, par ailleurs DJ connu sous le nom de Mr Oizo dans le monde de la musique, est aussi une sorte de gourou de celui de la pellicule. Ses fans forment une secte, encensant frénétiquement ses œuvres complètement barrées. A ce jour il en a commis sept du genre, dont quatre longs-métrages. On citera «Steak» où Georges, souffre-douleur de ses camarades de classe, craque et les mitraille, et «Rubber», l’histoire démente d’un pneu psychopathe.
Là, il propose une comédie encore plus déjantée que d’ordinaire intitulée «Wrong Cops» et se déroulant dans une petite ville de Californie. Un film à sketches parti d’un court, qui laisse découvrir des flics dérangés, obscènes, corrompus jusqu’à la moelle et au comportement malsain qui patrouillent dans les rues.
Le plus dingue deale de l’herbe cachée dans des rats et des poissons morts
Le plus dingue (l’Américain Mark Burnham) deale de l’herbe cachée dans des rats et des poissons morts. Se piquant d’être mélomane, il terrorise ceux qu’il croise et notamment un ado attardé et introverti (Marilyn Manson) sous prétexte de lui apprendre ce qu’est la bonne musique. Ses collègues, caricatures de crapules, sont à la hauteur. Il y a un obsédé sexuel qui harcèle les filles pour qu’elles lui montrent leurs seins, un loser borgne et frustré (Eric Judor, le pote de Ramzy) se rêvant future star de l’électro, un lâche particulièrement débile cherchant à se débarrasser d’un vieux quasiment réduit à l’état de cadavre. Sans oublier une fliquette blondasse du genre pétasse, adepte du chantage.
Délibérément bête
En résumé des keufs peu portés sur la défense de la loi, mais dictant la leur. Ce petit monde fortement alcoolisé se retrouve finalement au cimetière et fait la fête en dansant sur les tombes pour rendre hommage à un pote décédé. «Putain, quelle bombe !» Peut-on notamment lire sous la plume d’un internaute, résumant le plaisir fou pris par d’autres inconditionnels.
N’en déplaise aux passionnés, Quentin Dupieux qui se veut délirant en imaginant un univers glauque et décalé dans une ambiance rétro, déçoit. On relèvera surtout un grand néant artistique que l’auteur, envoyant valser tous les tabous, n’épargnant rien ni personne, des gays aux handicapés en passant par la morale et l’autorité, saupoudre étonnamment d’une pointe de réalisme. «C’est un regard léger sur les misères de nos sociétés, un regard attendri et méprisant sur l’être humain», remarque- t-il.
Côté musique, élément essentiel dans ses films et ici omniprésente, on n’atteint pas non plus des sommets. Explication de l’intéressé: «Le film est délibérément bête, donc je pouvais utiliser ma musique de dégénéré sans que ça l’abîme…» Entièrement d’accord, quitte à être rejetée par la secte…
» Sortie le 19 mars.
C’est dans la salle de bain de son grand appartement de Schöneberg que Michel nous reçoit un lundi soir, la moitié du visage et du torse recouvert de mousse à raser, nous invitant à prendre place sur la cuvette des WC d’un geste de la main ample et élégant, comme s’il s’agissait d’une bergère Louis XV. Gloria n’est pas encore là, mais on la devine déjà sous les traits de ce bel homme élancé, révélés peu à peu par le rasoir. Quand il a terminé, il contemple son épaisse moustache taillée en brosse dans le miroir: «C’est un grand point de discorde. Beaucoup l’aiment, beaucoup la détestent. Certains me lancent: ‹Tu as oublié de te raser›!, sur un ton vraiment désagréable. Ce n’est pas une mode, c’est une déclaration. Un homme maquillé en femme qui porte une moustache, ça ne passe dans aucune case, ça oblige à réfléchir. Que les gens s’énervent, moi je la garde. C’est devenu ma marque de fabrique.» Et comme s’il se trouvait tout à coup trop sérieux, Michel glisse en plaisantant: «Même si bon, sans moustache, je flirtais beaucoup plus quand j’étais en Gloria! En homme, en revanche, c’est plus facile de flirter…»
Rock’n’roll queer
Trois nuits par semaine, Michel devient Gloria Viagra. Gloria en hommage à l’héroïne du film éponyme de Cassavetes, interprétée par Gena Rowlands. Viagra pour la déconne. Avec sa perruque afro blonde platine, ses robes fourreau et ses nuées de strass, elle a des allures de reine du disco échappée des années 1970. Sur scène, avec son groupe SqueezeBOX!, qu’elle aime présenter comme «le seul groupe de rock’n’roll queer du monde», Gloria se partage le micro avec la drag queen new-yorkaise Sherry Vine, réinterprétant à la sauce «sex, drag and rock’n’roll» les succès de groupes tels que Radiohead ou les White Stripes.
Elle officie également comme DJ depuis une quinzaine d’années. Après avoir fait ses débuts derrière les platines du club gay berlinois SchwuZ, elle électrise aujourd’hui les soirées GMF au Weekend, une boîte perchée dans un building de l’Alexanderplatz, et se produit dans toute l’Allemagne. Elle a également ses habitudes à Tel Aviv et à Zurich, au Heaven et au Kaufleuten.
Pourtant, ce soir-là, Gloria n’est pas attendue pour un show. Engagée à une soirée de gala organisée à l’occasion de la Berlinale, elle sera «seulement là pour être belle et [se] saoûler». Sa silhouette de gratteciel (1m97 sans talons), son excentricité et son humour désopilant ne séduisent pas seulement les patrons de clubs gays, mais s’arrachent aussi dans les soirées mondaines. «Gloria est à la fois une partie de moi et un masque, sous lequel je peux me permettre de faire des choses que Michel n’oserait pas faire. Je peux flirter, être plus insolent, offensif. Je suis une sorte de clown, cela te donne une liberté. Les drag queens sont rarement considérées comme des artistes, plus comme des clowns», confie Michel, tandis qu’il fait disparaître ses sourcils sous une pâte épaisse et barde son menton de zébrures de rouges à lèvres pour camoufler une fine couche de poils. «Il faut d’abord démaquiller l’homme avant de maquiller la femme par-dessus!»
«Salope de comptoir»
Autant qu’il se souvienne, Michel a toujours aimé s’habiller en femme. Enfant, il s’amusait à faire des défilés de mode en chemise de nuit avec sa soeur. Après des études de danse classique interrompues à cause d’une blessure, il suit des cours de stylisme et travaille un temps dans les ateliers de la Deutsche Oper, un des trois opéras de Berlin. Aujourd’hui encore, il coud lui-même «les robes de Gloria». Il choisira finalement de vivre la nuit, en rejoignant le bureau de programmation du mythique club rock SO36, à Kreuzberg. C’est au début des années 2000 qu’il deviendra Gloria Viagra et en fera ce métier qui lui va comme gant.
Regrettant que les drag queens soient la plupart du temps considérées comme «des bonbons de soirée vides de contenu», Michel-Gloria s’engage à sa façon en manifestant pour les droits des personnes de la communauté homo. L’an dernier, il a mené une série d’interviews avec des responsables politiques des différents partis allemands à l’occasion des élections au Bundestag. Mais il sait tout de même apprécier la légèreté qui colle aux basques de Gloria, comme dans son émission web Thekenschlampe («salope de comptoir»), où il interviewe des célébrités gay dans leur bar préféré un verre de prosecco à la main, en les faisant boire plus que de raison pour délier leur langue. Pas question par contre de tout se dire. Quand on lui demande son âge, elle répond: «Blonde!»
Il n’y a pas que dans les palais présidentiels et les Parlements du Nigeria, de la Russie ou de l’Ouganda que s’élaborent les lois les plus homophobes. Depuis la fin février, le modeste conseil communal de Trente (nord-est de l’Italie) débat d’une motion qui prévoit rien de moins que de retirer les enfants à leurs parents, si ceux-ci sont un couple de même sexe.
Intitulée «Save the children! Les droits des enfants ne sont pas ceux des couples gay», cette «motion de la honte», comme l’a surnommée la presse transalpine, est défendue par un certain Claudio Cia. Cet élu de l’opposition municipale de droite propose de charger les services sociaux de «vérifier l’environnement» de l’enfant et de dénoncer «l’absence d’une figure maternelle ou paternelle» auprès du maire. Lequel serait amené à «prendre des dispositions pour le placement immédiat de l’enfant dans un environnement propice à son plein épanouissement humain jusqu’à ce que l’on puisse répondre à ses besoins de protection en se référant aux autorités judiciaires.»
«Digne des pires régimes totalitaires»
Le réseau LGBT national Arcigay a qualifié la proposition de «monstrueuse»: «C’est un acte inouï, digne des pires régimes totalitaires, un manifeste de l’ignorance et d’incivilité qui manipule la Constitution et déforme les traités de défense des droits de l’enfant pour revendiquer le droit de décider à la place des enfants et de leurs parents.» Ce délire homophobe qui aurait dû passer tout droit à la poubelle est toujours à l’ordre du jour du conseil municipal de cette ville de 120’000 habitants… Après trois longues heures de débat, la semaine dernière, la séance a été ajournée. Les élus remettront ça le 25 mars.
Que ne ferait-on pas pour vendre des slips? La griffe de sous-vêtements masculins québécoise Undz a inventé un nouveau concept. Dès dimanche, elle lance une police d’assurance pour les parties intimes de ses clients. Le contrat est offert à partir de trois culottes achetées. «Un homme peut assurer sa voiture, son chien, sa maison, sa vie… alors pourquoi pas son pénis? J’ai pensé que c’était absurde», explique le fondateur de la marque, Bernard Doré, dans un communiqué de presse. «C’est pourquoi Undz, poursuit-il, permet à tous les hommes, partout dans le monde, de protéger leur bien le plus précieux.»
Restrictions
C’est la prestigieuse Lloyd’s de Londres qui couvre les dégâts intimes, à hauteur de 50’000 dollars. Les personnes intéressées sont priées de bien lire les conditions du contrat: la compagnie ne prend pas en charge les opérations de réassignation de genre ni les mutilations infligées par des proches. Undz, qui n’a pas l’air de prendre son offre promotionnelle trop au sérieux (il n’y a qu’à voir la pub gore ci-dessous), affirme que 16’000 hommes dans le monde subissent des blessures accidentelles dans cette région de leur anatomie chaque année. «On a trouvé le chiffre sur Google», avoue la porte-parole de l’entreprise.
Onze jeunes hommes ont été condamnés jeudi à 100’000 couronnes (14’500 francs / 12’000 euros) d’amende et 160 à 190 heures de services d’intérêt général après avoir été reconnus coupables d’un crime de haine. La victime, un quinquagénaire gay, était tombée dans un guet-apens, après avoir été contacté sur le site de drague Gaysir.no.
Arrivé sur une plage des environs d’Oslo, l’homme avait vu le groupe de jeunes, armés, se précipiter sur lui en hurlant «sale pédé» et d’autres insultes homophobes, raconte TheLocal. Il s’était enfui dans les bois, poursuivi par ses agresseurs, qui ont tiré sur lui avec leurs fusils, en fait des armes soft-air. Profondément traumatisé par l’attaque, survenue le 1er novembre 2012, la victime a fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique. Les prévenus, âgés de 19 à 20 ans, ont expliqué devant la cour qu’il avaient entrepris de «nettoyer» la plage – leur lieu de rendez-vous favori, par ailleurs un site de drague homosexuelle.
Eh non: n’en déplaise à ceux qui croient que le monde est sous la coupe de puissants homosexuels, le club des super-riches n’est pas truffé de magnats ouvertement gay, lesbiennes, bi et trans. Dans son classement mondial des milliardaires, le magazine américain «Forbes» n’en a déniché que sept… sur 1645. Sans suprise, presque tous sont Américains. Le premier reste le producteur de musique et investisseur américain David Geffen – 227e fortune mondiale. Découvreur des Eagles ou de Guns N’Roses, il est aujourd’hui, à 71 ans, à la tête d’une fortune dépassant les 6 milliards de dollars, notamment à travers ses participations dans Apple et dans les studios DreamWorks.
Au deuxième rang des mégafortunes LGBT se trouve le cofondateur de PayPal Peter Thiel, 46 ans. Il est à la tête d’un pécule de 2,2 milliards de dollars, qu’il a accumulé grâce à des placements précoces dans une petite boîte nommée Facebook.
Première trans
Pour la première fois, une personne transsexuelle apparaît cette année dans le classement de «Forbes». Héritière de la famille propriétaire des hôtels Hyatt, Jennifer Pritzker (1,8 milliard de dollars) est à la tête d’un fonds d’investissement. Elle a publiquement annoncé son changement d’identité de genre l’été dernier.
Vient ensuite les seuls non-Américains du classement: le couple italien Domenico Dolce, 56 ans, et Stefano Gabbana, 51 ans. Les propriétaires de la griffe de mode éponyme disposent de 1,65 milliard de dollars chacun. Dans le même domaine d’activités, le boss du label Kors de prêt-à-porter féminin, Michael Kors, fait son entrée dans le classement (1 milliard). Enfin, le magnat de l’équipement médical Jon Stryker (1,6 milliard) apparaît aussi dans la liste des super-riches. Stryker figure, par ailleurs, parmi les plus importants donateurs pour les associations de lutte en faveur des droits des LGBT aux Etats-Unis.
Le socialiste Mathias Reynard est, à 27 ans, le benjamin du Parlement fédéral. Cet élu du peuple valaisan, s’y engage, notamment, pour la cause homosexuelle. Récemment, son initiative parlementaire 13.407 «Lutter contre les discriminations basées sur l’orientation sexuelle» a obtenu le soutien de la Commission des affaires juridiques du Conseil national. Le texte, s’il est accepté, permettrait à la Suisse de se doter d’une norme pénale pour lutter contre les propos homophobes. Interview.
– Mathias Reynard, quel est votre regard sur la trajectoire de votre initiative parlementaire?
Mathias Reynard – Je pense que l’on se trouve aujourd’hui dans une situation de changement. La décision de la Commission des affaires juridiques du Conseil national a surpris, car il y a déjà eu des propositions similaires déposées durant les législatures précédentes. Elles ont toujours été refusées. On sent aujourd’hui un courant plutôt favorable: la majorité a été nette, mais tout est encore à faire au Conseil des Etats. On dit parfois que la Chambre des cantons est plus conservatrice, mais j’ai fait mes calculs. Je pense que l’initiative a de bonnes chances.. Dans le cas où la Commission des affaires juridiques des Etats donnerait son aval, un projet concret pourrait alors être rédigé et on irait jusqu’à un vote devant les deux Chambres. On devrait être fixés d’ici un mois.
– Vous avez su convaincre en commission. La situation sera-t-elle la même devant l’ensemble des députés et des sénateurs?
– En général, quand on obtient une majorité assez claire en commission on s’assure un résultat assez satisfaisant au plénum. Je crois que l’on peut imaginer un résultat positif au Conseil national en tous cas. Cette initiative parlementaire a été signée par des gens d’à-peu-près tous les partis. Il y a notamment beaucoup de libéraux-radicaux romands qui l’ont signée, alors que ce n’est pas forcément le parti qui le soutien en commission. On peut donc espérer un score encore meilleur au plénum. L’incertitude vient plutôt du résultat du Conseil des Etats aujourd’hui.
– Pourquoi avez-vous décidé de vous engager pour cette thématique?
– Il y a plusieurs raisons. Il y a déjà un aspect qui me semble assez fort: le fait que cela vienne d’un élu d’un canton plutôt conservateur comme le Valais. Quand ce sont des parlementaires genevois ou zurichois qui font ce genre de proposition, cela étonne un peu moins. Et pourtant, je pense au contraire que c’est dans des cantons comme le mien où l’on a le plus de boulot à faire dans cette thématique. C’est également quelque chose qui me tient à cœur pour des questions de valeurs. Mon engagement est fondé sur la lutte contre les discriminations et la lutte contre les incitations à la haine. La Suisse s’est construite sur le respect des minorités et j’aimerais bien que cela continue. Et puis, évidemment, au niveau personnel, j’ai aussi dans mon entourage des personnes qui ont eu beaucoup de difficultés à vivre leur homosexualité via leurs familles. Elles vivent très violemment les attaques, le propos incitant à la haine.
– Il faut dire qu’en Valais on est plutôt habitué à des Oskar Freysinger, Grégory Logean ou Jörg Meichtry. Que pensez-vous de ces personnages?
– Quand on entend des propos ouvertement homophobes, ouvertement discriminatoires à l’égard des homosexuels, j’ai souvent l’impression que derrière ces paroles se cache le mal-être des personnes qui tiennent ces propos. Et puis au-delà de ça, il y a énormément de souffrance qui est générée. Ces personnages le font en général pour apparaître dans les médias. Pour choquer. Mais ils ne se rendent pas forcement compte du mal qui est fait. Vous savez, en Suisse, un jeune homosexuel sur cinq fait une tentative de suicide. C’est beaucoup plus élevé que chez les jeunes hétérosexuels et cela doit évidemment nous pousser à nous poser des questions. A nous demander pourquoi nous en sommes là; et si nous ne pouvons pas agir là-contre.
– Comment expliquer le retard pris sur cette question par la Suisse?
– Je pense qu’il y a beaucoup de tabous, beaucoup de non-dits. En Suisse tout va également plus lentement. Je pense, par ailleurs, que les recommandations qui nous ont été faites lors l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme ont touché des personnalités politiques.
– Vous êtes enseignant et membre de la Commission de l’éducation. Pour vous est-ce que l’école doit être un levier pour pouvoir parler plus ouvertement diversité sexuelle?
– Certainement que mon initiative parlementaire ne réglera pas tout. Elle fixe un cadre. Elle donne un signal. Il s’agit de dire: «En Suisse les propos incitant à la haine envers les homosexuels ne sont pas les bienvenus.» Ensuite, il y a tout un travail de prévention à faire. Bien sûr que l’école joue un rôle central. Je me rends compte des souffrances, des douleurs, des non-dits qui existent autour de cette question. Et je crois qu’il y a aussi un vrai travail qui doit être fait par l’école.
– Quel est votre position sur le mariage gay et l’adoption?
– Je considère que tous les individus sont égaux et doivent être traités de manière égale. Donc sur le fond, j’y suis favorable. Mais j’entends aussi beaucoup de personnes dans mon entourage qui me disent: «Ce n’est pas forcement quelque chose que l’on veut.» Je crois que l’on doit donner ce droit. C’est quelque chose qui me semble important. Je ne pense pas que pour qu’un enfant soit heureux et se développe bien le primordial soit l’orientation sexuelle de ses parents. L’essentiel, c’est l’amour qui est donné à l’enfant. Le reste, c’est surtout une question de temps, je crois.
Dans un arrêt rendu le 7 mars dernier, un juge de New Kingston a estimé que les jeunes homos et transsexuels ne pouvaient être chassés des égouts où ils ont trouvé refuge. La décision fait suite à plusieurs raids visant à déloger les squatteurs, sous le prétexte qu’ils «attirent les criminels». Les plus jeunes d’entre eux ont 12 ans. Ils survivent le plus souvent en se prostituant, après avoir été jeté à la rue par leur famille et exclus des foyers d’accueil.
«Énervés à juste titre»
Les jeunes présentés au juge comparaissaient pour s’être opposés à l’intervention des policiers et pour avoir proféré des jurons – un délit, selon la loi jamaïcaine. «Ils étaient énervés à juste titre, comme ils n’ont nulle part ailleurs où aller, a expliqué la militante Yvonne McCalla-Sobers au site britannique Gay Star News. La police les a déjà chassé de tout leurs squats.»
En octobre dernier, des policiers avaient évacué et incendié une maison occupée par des homosexuels à New Kingston – brûlant les maigres possessions des squatteurs. Un mois plus tôt, quatre hommes avaient échappé à une foule qui avaient bouté le feu à leur refuge, à Montego Bay. La maison avait hébergé Dwayne Jones, l’adolescent transsexuel poignardé à mort au mois de juillet.
Vulnérabilité
«Bien que le commissaire à la police de Jamaïque a émis une directive exigeant que les LGBT ne fassent pas l’objet de discrimination, il est clair qu’il y a encore beaucoup à faire pour que les agents respectent et soutiennent les droits humains des gays vulnérables dans ce pays», a estimé Maurice Tomlinson. Cet avocat et activiste LGBTI a récemment réalisé une vidéo sur la vie des jeunes gay et trans dans les égouts (voir ci-dessus).
La fusillade contre un centre LGBT de Tel Aviv, en 2009, risque de rester un mystère. Le Ministère public israélien a abandonné hier toutes les charges pesant contre le principal suspect de l’attentat. Hagai F. avait été inculpé en juillet 2013 pour l’attaque à l’arme automatique qui avait fait deux morts – une ado de 16 ans et un jeune homme de 24 ans – et onze blessés parmi les participants à une réunion de jeunes gays et lesbiennes, Bar Noar.
Documents falsifiés
F. a été libéré de prison le mois dernier. Son implication reposait principalement sur le témoignage et la correspondance fournis par un homme. Or ce dernier aurait falsifié ces documents et a été inculpé de faux témoignage.
F. avait pourtant avoué l’attaque meurtrière à un informateur placé dans sa cellule. Il avait dit avoir agi «à cause de l’injonction biblique d’attaquer les homosexuels». Aux enquêteurs, il avait aussi lancé: «Vous avez tout ce qu’il faut contre moi, vous pouvez vous féliciter». La police avait conclu que F. avait voulu viser le responsable de l’association LGBT visée, qui avait eu des rapports sexuels de son frère cadet, âgé de 15 ans à l’époque.
«Au début, j’avais pensé ridiculiser M. Poutine avec une poupée vaudou dont les gens pourraient faire ce qu’il veulent dans l’intimité de leur chambre à coucher. Et puis je me suis dit: quel meilleur moyen de s’attaquer à la réputation de l’homme qui prétend battre un ours à main nue que de faire de lui un plug!» Ainsi naquit le premier sex-toy à l’effigie de Vladimir Poutine, raconte son talentueux concepteur: un Américain nommé Fernando Sosa. Les photos du gadget, publié en fin de semaine sur le réseau Reddit, ont rencontré un grand succès sur le Net.
Le graphiste a réalisé son œuvre, plutôt ressemblante avec l’originale, avec une imprimante 3D. Mais pas question d’assouvir ses fantasmes les plus fous pour l’instant: l’objet est réalisé en grès. Aïe, ça fait mal rien que d’y penser. Mais Sosa promet d’y remédier. Il a lancé un appel pour dénicher du silicone qui se prêterait à la production de gadgets sans risques pour la muqueuses délicates.
C’est au total 230 jeunes de 16-17 ans, soit l’ensemble des élèves de 2e année, qui ont été libérés des cours habituels le 28 janvier, pour suivre une demi-journée dédiée à l’homosexualité et à l’homophobie. «Enfin!» doit se dire Giulio, ancien élève du collège De Saussure, à l’origine de cet événement. C’est en effet grâce aux efforts et à la persévérance de Giulio et de ses camarades membres du groupe Tollé, que cette après-midi entière a pu voir le jour. «C’était prévu pour l’année dernière, mais la journée a été repoussée, témoigne le jeune homme. Il y a eu des craintes de la direction, qui montrent qu’il est toujours épineux d’aborder le sujet».
Discussions et ateliers
Douze intervenants, parmi lesquels des membres des associations LGBT genevoises, se sont répartis les élèves et ont animé pendant 90 minutes des petits ateliers destinés à destigmatiser l’homosexualité. «Les jeunes de mon groupe étaient vraiment intéressés, surtout quand je racontais des anecdotes sur l’école», poursuit Giulio. «Mais il reste du chemin à faire: au début, tout le monde semble ouvert, mais quand on creuse, on entend par exemple que certains préféreraient ne pas voir d’homos s’embrasser.»
Véritable groupe depuis la rentrée scolaire de septembre 2012, Tollé pour la tolérance de son nom complet, a organisé plusieurs soirées de projections en collaboration avec Totem. Dans un avenir proche, le groupe espère reconduire ce type de journées de sensibilisation, pourquoi pas à l’échelle du collège entier.
Du côté de Candolle
Quelques jours auparavant, le 21 janvier, le Groupe Egalité du Collège de Candolle a organisé une soirée de projection et discussion, intitulée «homosexualité-homophobie», avec le soutien du DIP. Après une projection de Prora, court-métrage de Stéphane Riethauser, le Groupe Egalité a procédé à une analyse des résultats d’un questionnaire à choix multiple sur l’homosexualité et l’homophobie, mis sur pied par le groupe et auquel ont répondu l’ensemble des Candolliens. Parmi les dix questions, «Que ferais-tu si ton meilleur ami était gay ?», «L’homosexualité, cela évoque pour vous:», «Comment réagis-tu quand tu vois deux personnes du même sexe s’embrasser ?» ou encore «Lutter contre l’homophobie c’est:» suivi de nombreuses possibilités à classer en utile, souhaitable, nécessaire. «On a pu constater dans les résultats que les plus jeunes sont davantage ouverts, mais qu’il reste certains comportements homophobes, commente Giulio, présent lors de l’analyse des résultats. Il est également difficile de dire si les élèves ont répondu sincèrement au questionnaire ou non».
Quels que soient les résultats, que le collège n’a malheureusement pas souhaité communiquer, il faut signaler l’initiative de ces jeunes qui désirent faire évoluer les comportements de l’intérieur des établissements.
C’est pas sur le Léman qu’on verrait des choses pareilles! A l’autre bout de la Suisse, le lac de Constance accueille depuis plusieurs années des croisières plutôt particulières. Fin juin, le cuir, le latex et la dentelle sont à l’honneur à bord du Torture Ship, une traversée dédiée aux amoureux (a priori plutôt hétéros) du SM. L’événement attire les adeptes de toute la région depuis 15 ans – ainsi que les curieux et les voyeurs qui se pressent autour de l’embarcadère. Il y a trois ans, une seconde croisière très cul s’est ajoutée au programme: le Swinger-Schiff (le bateau échangiste) assure la traversée entre Friedrichshafen (All) et Romanshorn (Suisse).
Seulement voilà, ces orgies lacustres commencent à embarrasser la Ville de Constance (All), propriétaire de la compagnie de navigation locale. C’est justement la BSB qui affrète un de ses navires, le Schwaben, pour les deux soirées.
Mission touristique
Le bourgmestre démocrate-chrétien a exigé de la société qu’elle résilie le contrat pour le Swinger-Schiff. «Ce n’est pas un problème de tolérance sexuelle ou de pruderie: la question est de savoir si des bateaux de la BSB peuvent être affrétés pour des événements à caractère sexuel. Je refuse clairement cela: la BSB a un mission touristique», a déclaré Uli Burchardt. Une dénonciation du contrat de location pourrait remettre en cause le Torture Ship, organisé par la même socitété.
«Si cet événement est si mauvais, comment se fait-il qu’en trois ans, personne ne se soit plaint?» s’interroge Thomas Weiss, coorganisateur de la sauterie, dans les colonnes de la «Schwäbische Zeitung». Il affirme avoir déjà vendu 500 des 700 billets (à 178 euros pièces) pour le Swinger-Schiff.
«Si un couple estime que c’est plus pratique, que cela les satisfait davantage et que les deux parties sont d’accord, alors OK», a répondu le dalaï-lama, 78 ans, au journaliste américain. Auparavant, il avait fermement condamné les lois antigay en vigueur dans différents pays, notamment en Russie.
Par le passé, le chef des Tibétains en exil avait pourtant laissé entendre qu’il désapprouvait les rapports homosexuels sur la base des textes bouddhistes. A ce jour, aucun pays de tradition bouddhiste n’a ouvert le mariage à tous les couples, même si certains, comme la Thaïlande, discutent ouvertement de la reconnaissance des couples homosexuels.
De l’Ouganda au Nigeria, le durcissement des lois antigay en Afrique risque de pousser des milliers de personnes LGBT à s’exiler. Face à cette situation, une initiative a vu le jour en Californie. Travaillant auprès de demandeurs d’asile, une jeune avocate d’origine sud-africaine a mis en place un fonds de soutien aux Africains LGBTI persécutés désireux d’émigrer. Le «Rescue fund to help LGBT people escape Africa» a récolté près de 9000 dollars (6500 euros) en 3 semaines sur la plateforme de financement participatif Indiegogo. Il en attend 19’500 (14’000 euros) d’ici au 17 mars.
«Très jeune, j’ai pris conscience de l’Holocause et du phénomène des boucs-émissaires, ainsi que de l’importance pour les Juifs de la diaspora d’aider autrui à échapper à la persécution», explique Melanie Nathan, à l’origine du projet. Elle dispose d’une «liste de Schindler» (selon sa propre expression) de 30 cas «vérifiés» de personnes LGBTI persécutées en Ouganda, au Cameroun, au Nigeria et en Gambie, notamment. Pour motiver les donateurs, elle annonce une liste de récompenses pour les plus généreux: un drapeau sud-africain signé par la militante Edie Windsor ou des pièces commémoratives à l’effigie d’Elie Wiesel ou de Nelson Mandela. L’argent doit servir à financer la délivrance d’un passeport, d’un visa et l’achat d’un billet d’avion. Le projet est, en revanche, extrêmement vague quant à la destination et aux conditions d’accueil des réfugiés.
«Une question de vie ou de mort»
Difficile de rester insensible à cet appel. «Pour beaucoup, c’est une question de vie ou de mort», rappelle la jeune avocate. L’initiative suscite toutefois un certain malaise, ne serait-ce que par les parallèle suggéré entre les Justes qui ont sauvé des Juifs persécutés durant la Seconde guerre mondiale et la situation actuelle des minorités sexuelles en Afrique.
Dans un article republié par le site du quotidien britannique «The Guardian» jeudi, la bloggeuse sud-africaine Melanie Judge critique sévèrement l’initiative. «Certes, la fuite forcée des LGBTI exigera la mise en place de refuges. Mais la promotion d’une filière de l’Afrique vers les verts pâturages américains, sans s’attaquer aux conditions qui forcent cette migration, est dangereuse et opportuniste. Dissociée des combats menés en Afrique même pour la justice sociale, ces interventions pleines de bonnes intentions n’offrent aucune solution à long terme aux questions systémiques qui sont le moteurs de l’homophobie. Elles sont au mieux un palliatif condescendant – au pire, elles renforcent la victimisation des Africains et le statut des Occidentaux comme sauveurs.»
Au nom de l’africanité
A ce sujet, Melanie Judge est d’avis que le gouvernement sud-africain, jusqu’à présent très frileux malgré sa Constitution égalitaire en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre, doit prendre ses responsabilités et battre en brèche l’idée soutenue par de nombreux régimes que l’homosexualité est «anti-africaine». «L’Afrique du Sud, écrit-elle, devrait être en mesure de fournir un contre-récit à ceux qui professent les préjugés au nom de l’africanité.» Et de rappeler la prise de position claire de la Commission des droits de l’homme de Pretoria: «Vivre libre et d’aimer sans peur de la violence n’est pas une notion venant des pays occidentaux. La lutte pour ces libertés, comme pour d’autres, a été au cœur du combat pour la libération sur le continent africain.»
L’Argentine, le pays du pape François, s’apprête à fêter les un an de son élection. Et, dans le même temps, une union pas comme les autres. Le 7 mars, et pour la première fois au monde, un ex-curé va se marier légalement avec quelqu’un du même sexe. Une reconversion à 360°…
L’histoire d’Andrés Gioeni, 42 ans, commence dans la province de Mendoza, capitale de l’ouest argentin. Il grandit avec deux frères dans une famille assez traditionnelle, «plutôt macho», dit-il. Inscrit dans un collège catholique, il rejoint bientôt un petit groupe de missionnaires qui œuvre dans un bidonville de la périphérie, où aucun religieux ne met les pieds. Les jeunes s’en plaignent à l’évêque auxiliaire, qui leur explique qu’il n’a pas assez de recrues pour envoyer des prêtres dans toutes les banlieues et leur demande si l’un d’eux n’a pas la vocation… Andrés n’a que 16 ans. Pour lui, c’est un signe, c’est lui qu’on appelle. Après huit ans de séminaire, il est enfin ordonné prêtre, et semble promis à une brillante carrière au sein de l’archevêché de Mendoza. Il devient même le plus jeune directeur de la catéchèse de la province. «Je garde un bon souvenir de cette époque, se souvient-il aujourd’hui. J’aimais le contact avec les gens, la transmission aux enfants, je me sentais à ma place».
«Dans mon milieu social, être gay était inimaginable»
Mais dans l’intimité, il ressent un vide de plus en plus grand que la foi ne parvient pas à combler: «J’avais tout simplement besoin d’un amour moins abstrait, plus physique», explique-t-il. Quand il commence à s’interroger sur sa sexualité, ressurgit soudain un attrait pour les hommes sentit dès l’adolescence, mais jusqu’ici réprimé : «Dans mon milieu social, être gay était inimaginable». Avant de s’engager dans les ordres, Andrés a même eu une petite amie pendant deux ans, sans relation physique puisque l’Eglise le lui interdisait, ce qui lui évite de se confronter à la réalité. Désormais, sur internet, il commence à visiter des sites gay, et même à chatter. «Je me sentais la personne le plus sale et la plus hypocrite qui soit, c’était une période terrible», poursuit-il. Dans une situation intenable, et ne souhaitant pas mener une double vie «comme d’autres peuvent le faire», il décide de quitter sa robe de prêtre, sa famille, sa paroisse, et prend la route de la capitale, Buenos Aires.
Poster Boy
Arrivé sans un sou, il se lance dans le théâtre, qu’il affectionne depuis l’adolescence. Dans la grande ville, le jeune homme resté vierge pendant 30 ans découvre soudain la vie nocturne, la fête, et rattrape vite le temps perdu: «Je suis un peu tombé dans l’autre extrême…», reconnaît-il. Pour accélérer sa carrière, il propose même ses services de mannequin, ce qui marche assez bien. Il en vient même à poser pour des sous-vêtements, puis nu à la Une d’une revue gay. «J’ai accepté un peu naïvement, et aussi parce que j’avais besoin de sentir que je plaisais». Sans imaginer les conséquences. A Mendoza, sa famille et les fidèles découvrent brutalement la nouvelle vie de celui qu’on connaît encore comme «le père Andrés». Immédiatement, il est expulsé de l’épiscopat.
Un an plus tard, alors qu’il travaille dans un bar, il rencontre l’âme sœur, Luis, producteur de télévision, avec qui il vit maintenant depuis dix ans. «Une rencontre providentielle, car nous sommes extrêmement complémentaires». Ensemble, ils s’apprêtent à faire le grand saut. Le 7 mars, le couple gay sera uni par les autorités de Martinez, en banlieue de Buenos Aires, comme l’autorise la loi argentine depuis 2010. L’acte sera suivi d’une cérémonie avec une trentaine de personnes venues de Mendoza, sa famille, des amis mais aussi des membres de l’Eglise, respectueuses du choix d’Andrés.
«Je suis convaincu que François est favorable à des changements»
Lui, de son côté, n’a pas perdu la foi. Avant son mariage, Andrés Gioeni s’était fait connaître par deux lettres pieuses, et assez émouvantes, envoyées au pape François, dans lesquelles il demandait plus d’ouverture au souverain pontife. Le pape, pour l’heure, ne lui a pas répondu. «Je suis convaincu qu’il est favorable à des changements, mais il ne peut avancer contre l’Eglise», dit-il sans rancœur. Mais grâce aux réseaux sociaux, son histoire a circulé. Andrés a reçu de très nombreux messages de catholiques homosexuels, mais aussi de membres de l’Eglise argentine qui lui ont apporté son soutien «ce qui m’a beaucoup aidé». Ces messages l’ont aussi encouragé à écrire un livre, récemment diffusé gratuitement sur internet, où il approfondit sa réflexion sur la compatibilité de la foi et de l’homosexualité. Son titre : «Tant d’amour gâché. Comment être gay, croyant et ne pas mourir en essayant».
Il y a fort longtemps, les candidats aux élections arpentaient les allées de marchés pour serrer des mains; hier encore, ils allaient à la pêche aux voix sur Facebook. A présent, pour draguer l’électeur, les voilà connectés à Grindr. Ainsi deux politiciens du parti libéral néerlandais D66 ont créé un profil sur l’application reine du plan cul express en vue du scrutin municipal du 19 mars. Jan-Bert Vroege, 37 ans, and Pieter Rietman, 30 ans, tous deux en lice à Amsterdam, ont inscrit dans leur ligne de présentation: «Est-ce que j’ai un plan avec toi le 19 mars?»
Outil de recrutement
D’après Rietman, un des favoris du scrutin à Amsterdam-Ouest, Grindr a déjà montré son efficacité pour recruter des militants, raconte-t-il à «Het Parool». En plus, l’outil de géolocalisation permet d’établir un lien de proximité avec les utilisateurs de l’application, qui peuvent suivre ses déplacements en temps réel. Evidemment, pas question de joindre l’utile à l’agréable: on ne trouve pas de détails cochons ou de selfies palpitants sur les profils des politiciens: ces derniers sont déjà en couple. Au lieu de cela, ils y rappellent leurs engagements électoraux sur les questions LGBT, notamment la sensibilisation à l’orientation sexuelle dans les écoles et la promotion de la capitale comme destination touristique gay.
Premier festival associant projections, masterclass et forum de discussions sur le thème des droits humains, le FIFDH (du 7 au 14 mars prochains) se définit comme une tribune libre face au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Avec sa palette d’intervenants de tous bords, ses débats de qualité, son succès populaire (plus de 25’000 spectateurs en 2013), il s’est imposé au fil des ans comme une plateforme incontournable pour celles et ceux qui luttent quotidiennement sur le terrain pour faire respecter les garants de notre humanité partagée, et dénoncer les violences et les violations qui, à chaque fois qu’elles sévissent, nous font faire un pas en arrière.
D’actualité
Pour cette 12e édition, la récente affaire Snowden qui a révélé au monde que nous n’échappions pas aux ordinateurs superpuissants de la NSA a inspiré les organisateurs. À l’occasion d’une soirée, le FIFDH ouvrira le débat intitulé «Yes we scan», en présence de l’ancien juge espagnol Baltasar Garzón (en charge de la défense de Julian Assange, dont les organisateurs attendent la présence, ainsi que celle de Snowden, via Skype) et d’Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart et acteur de la renaissance du journal La Cité. D’autres soirées thématiques seront consacrées à la situation en Syrie et en Centrafrique, à la montée des extrémismes en Europe, aux liens entre nouveaux médias et révolutions, ou encore à la traite des femmes à travers le monde.
Parmi la quarantaine d’oeuvres cinématographiques en compétition, mentionnons des documentaires de création sur le travail de mémoire au Cambodge («L’image manquante» de Rithy Panh), sur la problématique des migrations («Who is Dayani Cristal», coréalisé par Gael Garcia Bernal et Marc Silver), ou sur la faillite de l’aide d’urgence en Haïti («Assistance mortelle», de Raoul Peck). Pour la deuxième année consécutive, le festival s’ouvre également au genre de la fiction, avec notamment un long-métrage plein d’humour sur la mafia sicilienne («La mafia ne tue qu’en été», de Pierfrancesco Diliberto) et une adaptation bouleversante d’un conte d’Oscar Wilde, «Le Géant égoïste» de Clio Barnard, oeuvre où le lyrisme sert de façon poignante un propos sur les laissés-pour-compte de l’Angleterre postindustrielle.
Première mondiale
Autre temps fort du festival, la soirée du 10 mars, organisée autour du principe «un film, un sujet, un débat», verra la diffusion en première mondiale de «Global Gay, un nouveau défi pour les droits de l’homme» (bande-annonce ci-dessous). Réalisé par Rémi Lainé et Frédéric Martel (auteur du livre éponyme dont le film s’inspire), «Global Gay» suit le combat de militants LGBT à travers le monde, du Népal au Cameroun, de Cuba à la Russie en passant par l’Afrique du Sud. À chaque étape, une histoire se décline, mettant en scène des Chefs d’État, impliquant les plus hautes instances de l’ONU, et montrant à l’autre bout de la chaîne l’engagement de militants et de simples citoyens. S’appuyant sur le portrait de défenseurs des minorités sexuelles, le film dresse une cartographie des avancées et des reculs récents concernant les droits des homosexuels. Un débat prévu à l’issue de la projection réunira Alice Nkom, avocate camerounaise, fondatrice de l’Association de défense des homosexuels du Cameroun, et Robert Badinter, sénateur et ancien garde des sceaux français.
Le Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève du 7 au 14 mars » www.fifdh.org
La Fête du Slip veut tout faire toute seule et c’est tout à son honneur. Il faut dire que les soutiens institutionnels traditionnels (Pourcent Culturel Migros, Ville de Lausanne, fondations diverses et variées) ne se pressent pas au portillon pour soutenir ce bouillon d’événements et de formes de création qui sentent bon la pensée décomplexée et le lever de tabous. L’esprit d’avant-garde a toujours quelque chose de menaçant pour ceux qui, faut-il le rappeler, même dans le domaine artistique, restent des sentinelles du bon goût. Alors forcément, quand le programme décline des intitulés comme «Auto-Porn-Box» ou «Quintet: a choreo-pornographic experiment», et qu’on nous annonce qu’un «Petit théâtre masturbatoire» de papier sera à découvrir et faire dédicacer par son auteure (Marianne Chargois) à la galerie Humus (l’antre feutrée de l’érotisme sous toutes ses coutures éditoriales), ça fait un peu peur. Certains ont de la peine à savoir si l’on se situe encore dans le sanctuaire de la culture ou si l’on n’a pas outrepassé la bonne convenance pour verser dans l’orgie déguisée. Et tout cela en terre vaudoise où le demi-mot vaut toujours mieux qu’un mot cru! Il y a là une audace qui, espérons- le, tiendra encore toutes ses promesses avec cette cuvée 2014.
Au menu: cinéma
Après une session de «Préliminaires» le 1er mars, le festival s’ouvrira le jeudi 6 mars au cinéma Cityclub de Pully par la projection en avant-première de «Kink», un documentaire de Christina Voros sur le plus gros producteur de porno BDSM sur Internet dans le monde (kink.com). Produit par James Franco, le film défie les stéréotypes sur l’industrie pornographique et l’univers du BDSM, en montrant le travail au quotidien de personnes réfléchies et non dénuées de sens éthique. Autre documentaire attendu, «God Loves Uganda», un film plusieurs fois primé du réalisateur américain Roger Ross William qui décrit l’influence des organisations évangéliques américaines en Afrique, à travers notamment le projet de loi «Kill the gays» soumis au parlement ougandais en 2009. Cet homosexuel élevé dans la fois chrétienne y dénonce le néocolonialisme des fondamentalistes de Jésus et les ravages de leur fantasme de nation chrétienne sur les droits LGBT. Présent durant tout le festival, il s’entretiendra à l’issue de la séance du samedi 7 mars avec le sociologue Philippe Gonzalez, fin connaisseur du milieu évangélique.
Toujours au menu cinéma, signalons encore trois films de fiction réalisés par des cinéastes latinoaméricains qui feront écho aux deux documentaires sur les thèmes du BDSM et de l’évangélisme («Joven Y Alocada», de Marialy Rivas; «Remedy», de Cheyenne Picardo; «Era Uma Vez Eu, Verônica», de Marcelo Gomes).
À boire et à manger
On l’aura compris, la Fête du Slip n’est pas qu’un grand rassemblement d’hédonistes. Au disparate sexuel répond le disparate des formes représentationnelles et des discours. Dans le registre porno-art-préventif, il faudra compter avec Émilie Jouvet, photographe, grande arpenteuse de l’underground transgenres, et réalisatrice du premier long-métrage porno queer lesbien en France («One night Stand», 2006). À la librairie Humus (le samedi 8), elle dédicacera son livre de photographies sur l’univers queer, un livre qui s’inscrit dans une démarche de déconstruction de la représentation du corps dans l’art à travers la quête de nouveaux rapports aux identités sexuelles. Elle sera aussi présente le dimanche 9 mars au Romandie pour «Lesbian Porn & Safer Sex», une séance de projection de courts-métrages porno lesbiens suivie d’un workshop de prévention des IST pour les femmes qui ont des rapports sexuels avec des femmes.
On l’aura compris, la Fête du Slip n’est pas qu’un grand rassemblement d’hédonistes.
Le chorégraphe expérimental David Bloom sera également de la partie avec son film, «Quintet: a choreo-pornographic experiment» (projeté samedi 8 mars au Bourg de Lausanne), une recherche menée à Berlin avec des danseurs contemporains sur la place de la pornographie dans l’art et inversement. Avis aux amateurs: il animera le même jour à la galerie Humus une conférence/ atelier sur l’organisation de «sex-parties». Les adeptes de la bicyclette et du batifolage pourront quant à eux prendre part à la Critical Mass en slip qui les conduira de la librairie Humus (18h) au Cityclub où seront diffusés des courts-métrages lubriques et ludiques faits par des amoureux du vélo. Et puis pour ceux qui préféreraient se détendre autour d’une proposition culinaire ou d’un atelier sexe et espace, la Fête du Slip vous propose un «Porny-Brunch» au concept limpide (brunch & courts-métrages porno), un «Bondage divin et saveurs méritantes» au Café des artisans, ou un atelier tantrique sur le maniement de l’énergie sexuelle, animé par l’incontournable David Bloom.
Après toutes ces séances de remue- méninges et d’excitation sensorielle, il n’y aura plus qu’à plonger dans l’antre de nuits électro-cosmiques qui promettent d’être (d)étonnantes. Outre des Dj’s comme MLN, Léon ou encore les italo- suisses, Alix Vesper and The Magic Finger, un duo «rétro-futuriste» maniant à merveille la percussion et le «keytar» (Le Bourg, vendredi 7 mars), on a hâte de découvrir le live que nous réserve Anklepants aka Reecard Farché, allias «l’homme à la tête de bite», connu grâce à ses animatronics conçus pour de nombreux films hollywoodiens, tels «Prometheus» et «Star Wars III». Sur ce, bonne Fête du Slip!
La Fête du Slip du 6 au 9 mars – lafeteduslip.ch
C’est un arrêt historique qu’a rendu un tribunal libanais, le 28 janvier dernier. Selon le quotidien anglophone de Beyrouth «Daily Star», une transsexuelle mise en cause pour «relations contre nature» a été acquittée par un tribunal de Jdeideh, dans la banlieue de la capitale. Née intersexuée, mais enregistrée comme garçon par l’état-civil, même après son opération de réassignation il y a une vingtaine d’années, la prévenue avait été poursuivie conformément à l’article 534 du Code pénal. Le juge a tranché ce cas absurde en estimant que la disposition pénale était inapplicable: elle ne fournit pas une interprétation claire de ce qui était considéré comme «contre naturel»
Bonne direction
«C’est un grand pas en avant. Cela montre que nous allons dans la bonne direction», a commenté Georges Azzi, cofondateur du groupe LGBT libanais Helem, qui s’est réjoui du fait que le verdict avait été rendu par un magistrat a priori peu sensible à la cause LGBT. «Au moins cet article pourrait ne plus être utilisé pour poursuivre les personnes gay et transgenres au Liban», a-t-il ajouté. De fait, la jurisprudence va dans le sens d’un abandon de l’article 534, En 2009, dans une autre affaire, un juge avait conclu que les relations homosexuelles entre personnes consentantes ne pouvaient être jugées contre nature».
Il reste du pain sur la planche: la police et dans les forces de sécurité continuent de traquer les homosexuels. L’an dernier, encore, plusieurs arrestations abusives ont été menées, souvent accompagnées de violences, d’humiliations et d’intimidations.
L’homophobie ne s’apprend pas que dans les cours de récréations, elle se transmet aussi de père en fils dans les tribunes des stades de football. C’est ce qu’ont découvert hier soir les téléspectateurs de Channel 4. La chaîne britannique a diffusé une enquête édifiante sur la pratique des insultes homophobes en famille.
Intitulé «Hate on the Terraces» (Haine dans les tribunes), le documentaire enregistre notamment un véritable festival d’insultes entonnés par des garçons âgés de 6 ou 7 ans. «Prends-le dans le cul, pédé», «Retournez chez vous, tantouzes!» et autres variations enfantines sur «enculé» sont distinctement audibles sous les encouragements des papas supporters. Elles ont été enregistrées au cours d’un match entre Wigan et Brighton & Hove (2e Division) qui se déroulait près de Manchester, à quelques mètres de policiers… impassibles. La caméra cachée a également immortalisé des propos racistes et antisémites repris avec enthousiasme par les fans en herbe.
Directive antidérapages
La fédération de football anglaise a récemment adopté une directive sur la lutte contre les abus verbaux. Le texte est notamment critiqué comme inapplicable par certains clubs qui ont refusé de s’engager dans ce sens. Ce n’est pas le cas des Brighton & Hove Albion, qui se sont plaints d’être régulièrement la cibles de harcèlement homophobe au cours de leurs déplacements à l’extérieur, probablement à cause de la réputation gay-friendly de la ville côtière.
Derrière les paillettes et le glamour, que seraient les Fashion Weeks sans leur lot de petits drames? Du 6 au 13 février, New York ouvrait les feux avec les collections automne- hiver 2014. A pas feutrés ou sur des rythmes endiablés, les shows se succédaient dans une organisation sans heurt, où, vestes jetées avec fausse négligence sur les épaules et dissimulées derrières leurs grandes lunettes noires, les personnalités des premiers rangs faisaient mine de prêt-à-bailler, comme il se doit. Le cirque allait bon train, jusqu’à cet instant historique lors du défilé de Prabal Gurung samedi 8 février. Là, pendant que les mannequins se suivaient mécaniquement avec cet air un peu hanté, un intrus à cul nu s’est invité sur le catwalk.
Simple appareil
Mesdames et Messieurs, merci de faire une ovation à King Streaker, le roi de la provocation! Trench noir – le manteau favori des exhibitionnistes – string léopard, chaussettes rouges à rayures blanches et mocassins noirs façon Michael Jackson, le trublion a déboulé en arborant fièrement sa couronne digne du Burger King. Pour le grand final, il affichait ses jolies fesses rebondies avant de se faire courser, hilare, par un gars de la sécu. L’incident aurait pu s’arrêter là. Sauf qu’au-delà de l’inévitable buzz sur Internet, le happening de King Streaker a réussi à dérider la mode en la démystifiant d’un coup. Son geste n’avait rien d’irrespectueux face à une industrie qui se prend très au sérieux. Au contraire, c’était une invitation à respirer un bon coup en rigolant un peu. On en a vu des agitateurs gagner des paris en traversant des stades de foot à poil, mais là c’était différent. Vitalii Sediuk est plutôt de la trempe de Noël Godin, l’entarteur belge des années 90. Vous vous souvenez ? Le bougre qui prenait un malin plaisir à entarter ceux qui avaient le moins d’humour, avec une nette préférence pour Bernard-Henri Levy au Festival de Cannes. Preuve de la noblesse de son acte, il avait fini par s’auto-entarter lorsqu’il avait reçu le Prix de la Dent dure en 1996.
Retour en 2014: après enquête à New York, il s’avère que l’acteur ukrainien n’en est pas à son coup d’essai. En septembre 2011, c’est lui qui avait offert un bouquet d’hortensias à Madonna lors d’une conférence de presse au Festival du Film de Venise. Pas gênée, elle avait froidement éconduit le jeune homme en posant le bouquet au sol. Elle s’était alors tournée vers son voisin pour lui dire: «Je déteste les hortensias, il ne sait certainement pas». Eh bien si, il le savait. C’est justement pour cette raison qu’il lui en a offert un bouquet. Pour épier la réaction de la star, pour voir son vrai visage se révéler à la face du monde. Il avait réussi son coup, puisque face au tollé suscité par la réaction de la chanteuse parmi les internautes, elle avait publié un petit film intitulé «Lettre d’amour aux hortensias» sur le Web, dans lequel elle s’excusait – avec beaucoup d’humour – de son comportement odieux face à un fan. Réussir à faire courber la plus grande diva du showbiz, l’acteur ne se contentait pas de la petite porte pour inventer une nouvelle sorte d’entertaining sauvage! Si pas ses fesses, on risque bien de revoir sa frimousse bientôt, mais certainement là où ne l’attend pas. On parie?