Peut mieux faire: c’est le verdict du Centre d’études stratégiques de La Haye sur le traitement des gays et des lesbiennes au sein de l’armée de milice helvétique. Dans une étude publiée le 20 février dernier (et relevée par «20 Minuten»), l’institut néerlandais a comparé la situation dans 103 pays du monde. Avec un score de 78,5 sur 100, les forces suisses apparaissent loin des armées modèles allemandes, scandinaves, canadiennes ou françaises. Elle est même derrière l’Irlande, la Hongrie et le Portugal.
Outil sommaire
Les variables étudiées par le LGBT Military Index paraissent assez sommaires: elles comprennent l’intégration des gays et lesbiennes, la présence d’un interlocuteur pour les questions homosexuelles et la prise en compte des minorités sexuelles dans le cadre des lois militaires.
Ces résultats ne surprennent guère Mehdi Künzle, de l’association suisse des gays Pink Cross. Pour lui, le fait de parler de l’homosexualité n’est pas bien vu dans l’armée, comme dans les clubs sportifs: «Le thème est passé sous silence».
«N’importe quoi»
Autre son de cloche du côté de Beat Steinmann, de l’association des officiers gay Queer Officers. Pour lui, cette étude néerlandaise, «c’est n’importe quoi»: la Suisse a eu un rôle de pionnière au niveau mondial pour l’intégration des homosexuels. La formation des cadres prévoit une sensibilisation aux questions liées à l’orientation sexuelle et des sanctions en cas de harcèlement et de discrimination, explique-t-il. Résultat: les psychologues militaires n’auraient traité qu’un seul cas lié à l’orientation sexuelle, ces trois dernières années. Steinmann assure, en outre, qu’«il n’y a pas beaucoup d’armées dans le monde qui ont autant de généraux étoilés ouvertement gay que la Suisse.» Même si leur coming-out n’est pas de notoriété publique.
Tout va pour le mieux dans les casernes helvétiques, alors? Non, précise Beat Steinmann. Présente dans la population, l’homophobie l’est aussi dans l’armée, rappelle-t-il. «Pédé» reste une insulte répandue sur les places d’armes. Mais selon lui, il faut aussi savoir surmonter «la peur de la discrimination, avec laquelle ont vit également dans la vie civile».