L’ex-députée italienne et militante trans Vladimir Luxuria drapée dans un drapeau arc-en-ciel, arrêtée par la police de Sotchi. A deux jours de la cérémonie de clôture, cela restera quasiment l’unique image de solidarité LGBT dans l’enceinte des Jeux olympiques d’hiver 2014. Même le fameux t-shirt du label de fringues américain American Apparel avec le «6» du principe de non-discrimination de la charte olympique est resté invisible dans les tribunes, sans parler des podiums.
L’absence de la question gay durant les deux semaines de compétition tranche avec l’effervescence des semaines et des mois qui ont précédé les Jeux. La répression d’initiatives pro-LGBT en Russie a été passée sous silence, comme celle menée le 7 février à Saint-Pétersbourg, où un groupe a été arrêté avant même de pouvoir déployer une banderole sur un pont de la ville. Les militants russes ont de quoi être amers. «Il n’y a eu aucune déclaration forte de la part d’un athlète en faveur des droits de l’homme, des droits des gays et lesbiennes. On espérait davantage», a soupiré la présidente de la Coalition LGBT de Russie, Anastasia Smirnova, comme l’a relevé le journal canadien «La Presse».
Agacement
Le verrouillage policier, la mise en garde du CIO contre toute manifestation «politique» expliquent-ils ce silence? Pas seulement. Interrogés par les médias, plusieurs des rares athlètes «out» en lice ont exclu – avec un certain agacement – d’élever leur voix pour les droits des LGBT. Au cours d’une soirée organisée pour fêter sa médaille d’or, la patineuse néerlandaise Ireen Wüst a même fini par «faire un câlin» au président russe en personne, et à le féliciter pour ses Jeux.
Ceux qui rêvaient, il y a quelques mois encore, d’un grand boycott des JO du Tsar Poutine en seront pour leurs frais.
Autoritarisme et corruption
Dans leur démesure et leur absurdité, les Jeux de Sotchi auront achevé de convaincre une bonne partie du monde de la nature autoritaire et corrompue du régime russe. Mais au final, c’est surtout la réputation du CIO qui aura souffert. Le Comité a finalement admis du bout des lèvres qu’un débat devrait être lancé sur l’opportunité de confier les olympiades à un régime homophobe. Et pendant ce temps en Russie même, le maître du Kremlin, autoproclamé «rempart contre la décadence», est plus populaire que jamais.