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« Le jour, je tatoue et prends des photos, la nuit, je fais des films érotiques et des insomnies. » Dwam maîtrise les mots autant que les images. Installé·e depuis deux ans au Canada, l’artiste visuel·le queer et non-binaire a un sacré background artistique : études d’arts appliqués, et en master aux Beaux-Arts d’Angoulême, et même parenthèse en studio de dessin-animé, le tout avant de se lancer en tant que Tattoo-artist et photographe.
Touche-à-tout, oui, mais pendant longtemps, pas au porn. Dwam est synesthète, c’est-à-dire qu’iel perçoit le monde « comme un poème de couleurs, textures et formes qui se répondent en émotions, symboles, musique, goûts et souvenirs ». C’est aussi beau à lire que l’est le résultat de cette perception au travers de son art, qu’il s’agisse de la photo, du tatouage, de l’illustration, de la vidéo ou des performances. Ses sujets favoris ? « La joie de l’incarnation, la peau, la tendresse, l’intimité, la sexualité, les amours fluides, l’inconscient et l’onirique, mais aussi les représentations du corps, l’identité, les dynamiques de pouvoir questionnées et le concept de normalité », confie Dwam, « j’espère que je pousse les gens à s’accepter et à s’apprécier tel·les qu’iels sont, à célébrer toute forme de plaisirs, et à questionner les stéréotypes de genre et les représentations malsaines dont on a été abreuvé·es ! »
Des beaux-arts au porn indé« J’ai compris que jusqu’ici, je ne trouvais simplement pas ce que je souhaitais voir, alors j’ai eu envie de le faire moi-même»
« Une lente descente dans le stupre », voilà comment Dwam décrit son cheminement vers le monde du porn. « Difficile d’y échapper », estime l’artiste, dont une vaste partie du travail gravite autour du corps, des représentations et de la sexualité. Toutefois, iel confie avoir longtemps eu une forme de blocage face au monde du porn. « J’ai grandi avec une très mauvaise image du porn, pour moi c’était mauvais, moche, sexiste et dégradant », détaille-iel, « j’ai donc un double blocage : si ce n’est pas un minimum esthétique, ça ne m’intéresse pas, si c’est sexiste, je décroche immédiatement ». Mal filmé, mal éclairé, male gaze : pour Dwam, c’est un grand « non ». Lorsqu’enfin, iel accède à du contenu plus qualitatif, aux moyens plus élevés, Dwam découvre un univers « fascinant, méprisé à tort, riche en possibilités créatives, politiques, sensuelles… Et masturbatoires, évidemment ! » Tout particulièrement dans les milieux queers et indépendants.
Bishop Black et Kali Sudhra dans l’objectif de DwamUn porn bien réalisé, selon Dwam ? C’est un porn « moins codé, moins hétéro-centré, avec des perfomeur·se·s plus varié·es, centré autour du plaisir ».
De modèle vivant à performeur·euseAprès une expérience en tant que modèle vivant pour payer ses études, puis modèle photo « avec un malheureux écart via Suicide Girls » – il était important pour Dwam d’être visible en tant que personne queer, « et ça passait aussi par là », estime-t-iel -, c’est en 2013 qu’on lae voit faire son entrée dans le porn indépendant.
The reverence par Four ChambersSes premières vidéos, Dwam les a tournées avec Ortie, avec qui iel confie partager des visions artistiques très proches. « Une de ses premières réalisations vidéos pour Velvet Nest, une marque de strap-ons, jouait sur les codes de genre, et a été filmée backstage par Ovidie pour son documentaire « A quoi rêvent les jeunes filles« , ce qui nous a donné un peu de visibilité », poursuit Dwam. Au même moment, iel découvre Four Chambers via leurs photos et une de leur vidéos sur Tumblr. « C’était littéralement ce que j’avais toujours voulu faire, je les ai contacté immédiatement, et j’ai tourné avec eux dans les mois qui ont suivi », se souvient Dwam.
Tidal – par VespéralEn créant Vespéral, sa production de films indépendants, iel « explore la poésie visuelle du porn » selon ses propres mots. On valide, bien évidemment !
Sur OnlyFans, des photos et vidéos « aux petits oignons »OUROBOROS on @PinkLabelTV
— Vesperal (@VesperalFilms) March 3, 2021
Three persons of different genders, a triangular reciprocality of sexual push and pull, rough and tender threesome, fighting, playing, switching.
With @DanteDionys @Bishopblackx @Dwamhttps://t.co/Uvkq6lM0rO#queerporn #threesome #nonbinary #pinklabel pic.twitter.com/CiuzsQRxXL
Si la pandémie a quelque peu affecté sa motivation, Dwam passe tout de même « beaucoup trop de temps » à créer des photos et vidéos « aux petits oignons » sur OnlyFans, pour votre plus grand plaisir !
Pour décrire son contenu : « Il est à mon image, c’est un foisonnement désordonné ! » Diversité visuelle, entre concepts esthétiques, nu, lingerie, fetish, cornes, corset et costumes, mais aussi diversité de formats. Dwam propose ainsi des live-shows, Q&A, un peu de sexting, des bloopers… « Mon jeu-concept préféré étant le Cummathon : un marathon d’orgasme en video ! ».
Côté vidéos, on retrouve Dwam essentiellement en solo dans des scènes de masturbation, tease, strap-on, et quelques apparitions en duo avec son partenaire, même si celles-ci se font rares. « J’espère, bientôt, me lancer dans des collaborations avec d’autres performeuses, une fois les vaccins faits », confie-t-iel, Dwam met du coeur à l’ouvrage, et offre un équilibre jusque dans ses formats. « J’essaie d’avoir un ratio de videos pro vraiment montées et fignolées (mais qui prennent un temps fou à produire), et pas mal petits clips et mini-photosets amateur pris à la volée, avec toujours mon petit twist créatif de photographe, en terme de thème ou de lumière ».
Tell me something about you pic.twitter.com/kJkj3evY1K
— Uʀsɪɴᴀᴇ Vᴇsᴘᴇʀᴀ ʕ'ᴥ'ʔ (@heyursinae) May 1, 2021
Et en dehors de son Onlyfans, son dernier film, réalisé en 2019 à la Résidence Ardente, est sorti l’été dernier sous le nom de Cobwebs. « C’est un film-performance, nocturne et immersif » décrit Dwam, « Cobwebs est moins sexuel, mais explore (avec douceur) plusieurs fetish – BDSM, abduction, cordes, désorientation, knife play, breath play, et se savoure comme de l’ASMR du cul, avec des écouteurs ». Il est disponible, comme la majorité de ses films, sur PinkLabelTV.
Image en une : Ourobors par Vesperal, avec Dwam, Dante Dionys et Bishop Black.
Soyons très clairs, depuis que j’arbore fièrement ma non-binarité, mon regard sur le monde a, lui aussi, sensiblement évolué. Comme tout le monde, je cherche autour de moi des personnes qui me ressemblent, à qui je peux m’identifier, et le porn n’échappe pas à cette quête. Aujourd’hui, c’est Wille Brash qui vient se loger dans mes onglets, au creux de ma rétine, et au coeur de mes fantasmes.
Quand soudain, la lumière futJe ne sais pas vous, mais moi, mon porno, je l’aime artistique et qualitatif. Alors comment parler de Wille sans évoquer sa maîtrise du noir et blanc, et la beauté de ses clichés comme de ses vidéos ? Une lumière qui vient flatter ce corps aux lignes fines, comme dessinées à l’encre noire. Jeux de textures, de lumières, de fluides… Tout y est. Du haut des ses 22 ans, Wille dévoile ses talents de performers comme de photographe au travers de ses clichés, disponibles sur son Onlyfans.
Voir cette publication sur Instagram
Il y réside une véritable recherche artistique, tant dans la qualité des photos et vidéos, que dans les poses et mouvements présentés. On aime son dos dessiné, sa chute de reins et ses cuisses musclées, parfaitement mis en valeur au fil du compte.
La douceur habite ses clichés un jour et, le lendemain, c’est un esprit dominateur qui prend le pas. Impossible de se lasser, il n’y a que du plaisir pour les sens, ici.
Catsuit, harnais et tatouagesNo caption needed pic.twitter.com/PW5nXYYMEd
— onlyfans @ iamwille (@BrashWille) March 22, 2021
Catsuit sur le dos et « Catharsis » tatoué sur le ventre, Wille transporte les passions en aller simple direction sous la ceinture. Il faut dire qu’un boxer sied déjà à merveille à ses fesses rebondies, alors le latex…
Sans même parler d’accessoires, Wille se suffit à lui-même en matière d’art corporel. Drapé dans ses tatouages en veux-tu en voilà, on ne sait plus où donner de la tête. Chaque parcelle de cette peau est un spectacle qui vient embellir le tableau du plaisir offert par notre performeur. Là encore, la recherche artistique est poussée, jusqu’à présenter des close-up de ce corps que l’on adore. Focus sur son ventre, ou encore corps tapi dans l’ombre en arrière-plan et pied en lumière en premier-plan, tantôt full HD, tantôt grain accentué, il y en a pour tous les goûts, et tous les plaisirs.
Et, soyons clairs, le simple fait de voir apparaître un binder dans une page porn fait vibrer mon petit coeur non binaire. C’est aussi ça, la représentation que l’on souhaite !
Le ruissellement que l’on attendait tou·te·sWille maîtrise l’art du fluide, ce n’est rien de le dire ! J’en connais à l’Elysée qui n’apprécieraient pas beaucoup ce ruissellement par le haut, mais à mes yeux – mon Dieu – quelle extase. De sa bouche à son ventre, on jalouse ces quelques gouttes qui suivent leur petit bout de chemin sur un parcours aussi séduisant que le corps de Wille. Lentement mais sûrement, le performeur nous entraîne vers la découverte d’un plaisir visuel des plus agréables. Dehors, dedans, au soleil ou dans la pénombre, Wille nous étonne, nous transporte et prend discrètement le contrôle de nos fluides.
Bonsoir Twitter pic.twitter.com/RmyUzaXue9
— onlyfans @ iamwille (@BrashWille) March 15, 2021
Gros coup de cœur donc pour les jeux de ruissellements orchestrés par Wille, qu’il s’agisse de simples gouttes d’eau parcourant son corps, ou d’un extravagant squirt à même le parquet (oui, il l’a fait, et c’est beau).
Bref, on aime Wille, et la beauté de son contenu.
Vous pouvez retrouver Wille sur Instagram, Onlyfans et ManyVids
J’ai la même relation avec le tag bi qu’avec les mecs cis : la plupart des vidéos qu’il englobe sont cringy as fuck, mais je continue à y fourrer mon nez pour les quelques rescapées qui me font grimper au rideau. Je sais, on en a déjà maintes et maintes fois parlé, mais j’avais besoin d’ouvrir à nouveau le sujet, en tant que personne bi et adepte de ce tag. Il me brise le coeur et me le reconstruit dans la foulée. Pourquoi ? Ah, ça…
Je m’y reconnais pasC’est pas faute d’avoir entendu la même ritournelle de la part de mes ex masculins, mais non : être bi ne signifie pas « faire des plan à trois ». Désolée de vous décevoir (non), mais le plan à trois, ou threesome, c’est un autre tag. De fait, faudra m’expliquer pourquoi une majorité de vidéos hébergées, encore en 2020, sous le tag bi peuvent être résumées comme suit : meuf chaude 1 passe la soirée avec meuf chaude 2, « ouhlala je t’ai effleurée » allez on se tripote et « OH NON DIS DONC », un mec nous observe/surprend ! Que faire ? Un plan à trois avec un parfait inconnu, pardi !
Bored and third-wheeling, @AlyssaReeceXo agrees to a hot threesome with couple @IVANACHERRYKISS and @Vincexxxx!
— Adult Time (@Adulttimecom) September 9, 2020
Watch the new #ModelTime episode created by Alyssa "Stop It Or I'll Snap!" @ https://t.co/5E4Nntn7iJ pic.twitter.com/7hUuhxRRH9
Si vous vivez votre bisexualité comme ça, aucun problème. Tout ce que je dis, c’est que nous sommes une majorité de meufs bi à ne pas nous reconnaitre dans cette représentation, omniprésente dans le porn. Et je parle même pas des mecs bi, qui sont absents de ce magma de vidéos et films fantasmés par des mecs cis-hétéros. C’est pas tant le fait qu’il y ait un plan à trois qui me dérange, mais plutôt le fait que ceux-ci font quasi systématiquement appel à un imaginaire qui, IRL, porte préjudice aux femmes bisexuelles. Non, nous ne sommes pas là pour pimenter ton couple, ni pour charmer beau-papa et finir dans le pieu avec maman (sérieux, wtf ?), et pas là non plus pour s’incruster dans la vie sexuelle de notre meilleure pote.
« Mais si tu tapes ‘féministe bi’, tu devrais t’y retrouver, non ? » Qu’on soit bien clair, c’est précisément ce point là qui m’échappe : pourquoi devrais-je atteindre Bac+12 en recherche de porn pour pouvoir tomber sur une représentation un tant soit peu adéquate de ma sexualité ? Et pour info, si vous tapez « feminist bi » sur PornHub, vous tomberez en premier lieu sur une vidéo élégamment intitulée : « FEMINIST BITCH GETS A MOUTH FULL OF COCK ». Où est le fucking rapport avec la choucroute ?
Ma concurrence à moiQu’on se le dise, le porno dit « bi » mainstream étant très (TRÈS) largement sujet au male gaze (ndlr : la vision d’homme cisgenre hétérosexuel dans une œuvre artistique), son visionnage à l’aube de ma sexualité et sans outil pédagogique pour l’appréhender n’a pas eu que des effets positifs. À voir des heures de meufs qui performent un maximum dans l’art de hurler à chaque contact, tenant des heures et enchainant les orgasmes, j’ai fini par me croire aux olympiades de la gymnabaise. Et c’est terrible, mais aujourd’hui encore, même avec le recul et l’expérience, je me sens poussée à la concurrence lorsque je visionne ce genre de pornos, pour plusieurs raisons.
Déjà, physiquement, et ça dépasse le cadre tag bi : les meufs sont archi normées. Minces, blanches, des seins qui défient la gravité… On en a déjà parlé, mais quand on nous oppose « il en faut pour tous les goûts ! », j’ai quand même l’impression que certains goûts sont plus privilégiés que d’autres. C’est soûlant, mais c’est pas vraiment ça qui me dérange le plus, et ce n’est pas le sujet du jour.
« Mais vous êtes en train de baiser ? Je proteste pendant 30 secondes et je vous rejoins ! »Ensuite, pour la faire courte, mes premières relations, je les ai eues avec des meufs. À l’époque, je n’avais AUCUNE autre représentation de la bisexualité que celle donnée dans le porn. Je ne savais pas moi-même poser un mot sur ma sexualité, donc vas-y pour trouver quelque chose qui s’en approche ailleurs que sur des sites de cul. Je me voyais mal me pointer au Furet du Nord (ndlr : la Fnac des Ch’tis, histoire d’être un peu chauvine), arriver au comptoir et claquer : « Bonjour, excusez-moi, auriez vous des recueils de témoignages ou toute autre ouvrage se rapportant à la sexualité d’une femme qui aime à la fois relationner avec des hommes et des femmes, s’il vous plaît ? » Avec des parents cathos tradis c’était mission impossible. Sans autre moyen d’explorer, je me suis rabattue sur le porn.
Et si vous me faisiez un massage pendant que je ne fais rien ?Comme évoqué plus haut, j’y ai découvert des meufs qui tiennent des heures, gémissent fort, et prennent du plaisir à se taper une autre meuf avec en bonus le voisin/beau-père/beau-frère/petit ami de celle-ci. Cliché à mourir. Mais ça à l’époque, je ne pouvais pas le savoir, alors je n’ai pas pu m’empêcher de m’y comparer, et de me sentir un peu nulle face à ces meufs. Sans dévoiler mes goûts et habitudes en matière de sexualité avec des meufs, disons que ce que je voyais à l’écran se trouvait extrêmement loin de mes préférences. Si loin que j’en suis venue à questionner ma légitimité à me dire bi.
De fait, mon problème avec le tag bi, c’est que : de un, il manque de variété et participe donc à véhiculer des clichés biphobes, de deux, je n’ai pas grandi avec d’autres représentations que celle-là. Dieu merci, et c’est d’ailleurs ce qui m’a réconciliée en partie avec ce tag, les représentations et la parole autour de la bisexualité se sont un peu développées ces dernières années, et permettent aux plus jeunes de jouir d’une pédagogie sexuelle bien plus riche que celle qui m’avait alors été présentée à l’époque. Pour une fois, ouais, merci les réseaux sociaux.
@madsteapartyUn petit goût de reviens-yhere’s part two of my song about being #bisexual in honor of pridemonth! #fyp#foryou#foryoupage#viral#music#songwriter#bi#lgbt#originalsong
♬ boy bi by mad – mad tsai
« Pourquoi tu critiques ce tag alors que c’est celui dans lequel tu fourres le plus ton doi… NEZ, ton nez ? », tout simplement parce que j’ai le droit, déjà, c’est ma sexualité, et j’estime être suffisamment éduquée sur le sujet et concernée pour savoir ce qui m’influence ou non en matière de sexe, aujourd’hui.
Ceci étant dit, notons également que j’ai le droit, comme toute personne un peu horny, de ne pas avoir envie de passer une heure à chercher LA vidéo dans laquelle il y a ni violences (ni sexuelles, ni physiques en général), ni mec cis qui débarque de nulle part, on sait pas trop pourquoi, et, surtout, où tout ne tourne pas subitement autour dudit mec cis. Alors parfois, je baisse les bras, et je laisse ma libido se faire porter, par une part de biphobie intériorisée peut-être. Je jouis en fronçant les sourcils, clairement.
Aussi, je regarde ce tag parce que je sais que je vais tomber sur un maximum de plan à trois où les meufs font la paire face au mec. Je sais, j’ai dit plus haut que j’aimais pas le fait que ce tag en regorgeait, mais ce n’est pas contradictoire : j’aime les plans à trois, je n’aime pas qu’on associe systématiquement la bisexualité à cette pratique, c’est tout. Donc, je disais, le threesome FFM (deux meufs, un mec) est une pratique que j’aimais jadis, et que je ne compte pas remettre sur la table de sitôt, a priori, donc le porn vient ici répondre visuellement aux rêves érotiques et fantasmes que je peux avoir ponctuellement. Pour la millième fois, c’est du cinéma, et regarder des plans à trois ne veut pas plus dire que je veux en faire un IRL le lendemain, que regarder La La Land ne donne une envie irrépressible de faire des claquettes en pleins bouchons sur l’A1. Ça réveille mes fantasmes, ça me fait du bien, point.
« On t’attend pour combler tous tes désirs et oublier les nôtres »Et on en vient donc à la dernière raison : parce que ça me fait du bien, et que c’est, à la base, la fonction première du porn. Comme pour les réseaux sociaux, je m’aventure du côté des sites de cul uniquement quand je suis dans le mood, et que je sais à la fois ce que j’en attends et ce qu’ils ont à m’offrir. J’ai beaucoup moins de colère et de frustration en moi depuis que je peux constater que les choses changent, et que le tag bi évolue sur certains sites, majoritairement féministes ou queer. C’est lent, parfois je perds espoir ou tombe de haut, mais ça change petit à petit, et c’est tout ce qui m’importe.
Bref, tout ça pour dire : petit tag bi, je t’ai tant détesté pour ton influence pourrie en début de sexualité, j’en suis absolument pas désolée, mais sache que j’apprends désormais à t’aimer, et c’est plutôt chouette. Bisous mouillés, et à très vite !
Jamais tu n’auras autant eu envie de te retrouver en rade de batterie, à la vue de My Garage My Rules. En mécanicienne comme en réalisatrice, Manon Praline huile le moteur de tes fantasmes et les fait rugir comme personne.
Détendue du boulon, voilà le sentiment qui m’habite après avoir visionné la toute première réalisation de Manon Praline, sortie le 26 mars et dispo sur les plateformes IndieBill et PinkLabel. Des couleurs au montage, en passant par la bande son made by Sky Deep et le scénario tout droit sorti d’un fantasme et fetish de la réalisatrice, cette dernière nous fait ici du 180km/h sur l’autoroute des plaisirs.
FantasmagraphiqueRéinvention du fetish des mécanicien·nes, ce tout premier film signé Manon Praline et produit par Insatiable Pictures est, en somme, une réussite totale. Cliquetis d’outils en tout genre, soutif en satin fuchsia, ASMR d’une manucure on fleek sur un fessier au top… Voilà une entrée cinématographique réussie, en matière de porn. Et que dire du tripotage d’outils et de pièces automobiles auquel s’adonnent les performeuses Lola Tormento et Manon Praline ? Une métaphore filée si bien amenée qu’on se surprend à fantasmer sur des boulons… Moteur, action, ça mouille !
Lola Tormento et Manon Praline, sur le set de My Garage My Rules (crédits : Raja de Luna)On connaissait Aphrodite, déesse née de l’écume des mers, on découvre aujourd’hui « My Garage My Rules », rituel du cul né d’un fantasme estival et orgasmique de Manon Praline. « C’est après une nuit blanche que j’ai eu ce fantasme, qui deviendra par la suite le scénario », explique-t-elle, « je me suis masturbée, et je me suis dit que l’idée n’était vraiment pas à jeter. » En réalité, son fetish de la mécanique est plus lointain encore. « C’est un vieux truc, quoi, les outils, les garages… Dans le monde des mécaniciens, les gens ne vont pas parler de fetish, mais moi, avec mon background BDSM, évidemment que c’en est un ! », rit-elle.
Qui plus est, comme si cela ne suffisait pas de se jeter dans le grand bain en tant que réalisatrice, Manon Praline endosse également le rôle d’actrice, responsable post-prod et surtout : intimacy coach.
Alchimie et communication, clefs d’un film réussiManon Praline a un sens du care aussi grand que les papillons qui viennent se nicher dans son ventre lorsqu’elle croise LA personne adéquate pour son film. Sur son plateau, l’humain trouve aisément sa place. Son idéal, en termes de prise en charge émotionnelle des acteurs et actrices, elle le trouve notamment dans les films grand public, en la personne des intimacy coaches, en charge de la médiation entre performeurs/performeuses et réalisateurs/réalisatrices. Sur le plateau de Manon, c’est l’alchimie qui vient créer cet espace de communication nécessaire entre chaque protagoniste.
You can get our first three movies together in a bundle for a reduced price. If you enjoyed those there are more on the way very soon :)https://t.co/VCmyU6c5hB pic.twitter.com/9JFrJ5c1C2
— Insatiable Pictures (@InsatiablePics) January 19, 2020
Toutes les personnes composant cette équipe ont été un réel coup de cœur pour la réalisatrice. « J’ai senti dans mon ventre que ça allait le faire », explique-t-elle. À raison, lorsque l’on voit la montagne de dévouement professionnel mis en œuvre par chacun de ses membres. Toujours plus loin, toujours plus fort : d’une commande d’une vingtaine de secondes de musique pour son film, c’est en réalité un morceau d’un longueur de trois minutes que Sky Deep a choisi de composer. « C’est tout à son honneur, elle y a mis tout son cœur », souligne Manon, une reconnaissance sans borne dans la voix.
Et si vous doutiez encore du talent de casteuse de Manon, laissez-moi dissiper tout ça : on ne dirait peut-être pas, mais en regardant My Garage My Rules, vous assistez en fait également à la toute première performance de Lola Tormento. À l’aise, sexy à souhait, en alchimie totale avec sa partenaire de plateau… Ajoutez à ça la pincée de magie de Raja de Luna, directeur de la photographie sur ce tournage, et c’est dans la boite : un film aux couleurs et aux lumières tout juste divines. « C’est lui qui a fait la magie », sourit Manon, « le film est beau, toute cette atmosphère là, c’est lui. » Et niveau money money, à l’exception de Manon elle-même, toute l’équipe a reçu une rémunération amplement méritée. « C’était important pour moi », appuie la réalisatrice.
Au feeling, au cœur et au ventre, voici donc la recette d’un casting parfait pour Manon. Il faut l’avouer, lorsque l’on regarde le résultat, on ne doute pas de la magie orchestrée par cette formule. Une Lola Tormento ultra sensuelle, clope au bec et directives bien en main, face à notre Manon mécanicienne aux doigts de fée-moi-l’amour, en totale harmonie avec la bande-son signée Sky Deep et les lumières de Raja de Luna. Damn, que c’est beau.
Lola Tormento et Manon Praline, sur le set de My Garage My Rules (crédits : Raja de Luna) VHS, théâtre et pornoCôté historique, son premier porno, Manon l’a eu entre les mains sous la forme d’une VHS. « Quelqu’un l’avait piqué à un parent, et je crois que je l’avais regardé chez moi quand mes parents n’étaient pas là », confie-t-elle, « ça a été une guerre, parce que pendant longtemps, on avait pas de lecteur VHS. » De ce fameux film au format vintage, une scène l’aura fortement marquée. « Je me souviens d’une femme qui pisse dehors, et d’un mec qui mate, avec un gros plan sur sa chatte », détaille-t-elle, « depuis, je kiffe. »
Quant à son entrée dans le monde du porn, Manon Praline commence à s’interroger sur la question durant ses études de théâtre. « Dans les premières semaines, les étudiants commençaient à connecter entre eux et la question qui avait tourné, c’était « mais toi, tu veux faire quoi ? » et moi je savais pas quoi répondre », confie Manon, « je me sentais en dehors du groupe. Moi, j’avais envie de faire porno, c’était super clair, mais personne ne fait une école de théâtre pour faire du porno, donc j’ai rien dit. »
C’est en 2015, lorsqu’elle emménage à Berlin, que tout lui semble alors possible. Là bas, elle étudie à la fois à l’école de danse et à celle des arts. « Tous mes projets étaient reliés à la sexualité », explique-t-elle, « j’ai pu me prendre plus au sérieux et investir plus de temps à explorer ces pistes consciemment. » Si Manon Praline arpente depuis maintenant quelques années la scène porn – on la retrouve notamment dans As You Wish, My Lady, ou encore Baby –, ce film marque son entrée dans le monde du porn sous la casquette de réalisatrice. Un véritable challenge, en tant que femme trans et lesbienne, lorsque l’on sait que ce poste est encore aujourd’hui en très (TRÈS) grande majorité occupés par des hommes cis.
C’est donc tout naturellement son fetish de la mécanique qu’elle met en avant dans son premier film, puisqu’elle a travaillé en tant que mécanicienne, des années durant. Elle compare alors les collections de culottes aux outils de toutes formes, marques et couleurs que l’on retrouve dans ce monde. Les outils, pour elle, « c’est pas un besoin, c’est un fantasme, du niveau du désir », détaille-t-elle, « ça fait mouiller. »
Still didn't see My Garage My Rules?
— Manon Praline (@PralineManon) April 1, 2020
Here you can download the full versionhttps://t.co/iiJa1hQSbH@InsatiablePics pic.twitter.com/0Tg29m8kTE
« Je n’avais pas envie de revenir dans un garage pour me salir les mains en réparant des voitures », conclut la réalisatrice, « donc c’était cool d’y revenir pour salir les mains pour un film chouette ! » Et le tandem musico-créatif que forment Sky Deep et Manon Praline ne compte pas s’arrêter là : post-confinement, c’est un clip qui est prévu en production, afin d’illustrer la musique composée initialement pour ce film. On a donc : très hâte de voir le résultat.
Que se passe-t-il lorsque l’on donne aux gens ce temps qu’ils demandent depuis si longtemps ? En allant plus loin que les chiens tête en bas affichés sur Insta et les élucubrations sans fin des apprentis virologues sur Twitter, dans le monde du porn aussi, les visiteurs changent leurs habitudes.
Un certain plaisir personnel, voilà avant tout ce que recherchent ceux qui jouissent d’un tant soit peu de temps libre en cette période confinement. Et en matière de plaisir, quoi de mieux qu’un bon vieux porno, bien calé·e au fond du canapé (slash bureau pour celles et ceux en télétravail, mais t’inquiète on dira rien) ? Au-delà des chiffres, que ce soit au niveau de la fréquence ou des choix en matières de sites et de tags, les variations se font sentir au fil des interviews.
À la recherche du tag perduDécouvrir de nouveaux tags, s’aventurer dans les chemins parfois tortueux de l’offre porn sur l’internet mondial, voilà un défi digne de ce temps parfois beaucoup trop long, surtout lorsqu’accompagné de solitude. Pour Elsa, 31 ans et confinée seule, c’est une occasion en or. Deux semaines avant le confinement, cette institutrice a opéré une remise en question importante concernant sa sexualité. « J’ai rencontré une femme, et je suis clairement attirée par elle », explique-t-elle, « c’est un vrai changement dans ma vie et, bêtement peut être, je profite de ces moments seule pour visionner un peu de porno lesbien féministe, chose que je n’avais jamais faite avant. » Un moyen pour elle de se centrer sur ses désirs en la matière, et ses potentielles limites. D’un porno « plutôt mainstream », selon ses propres paroles, aux tags lesbiens, les habitudes d’Elsa ont considérablement évolué.
We got bored of sitting around in our calvins and socks, and decided to dress up a bit. Hit us up on https://t.co/BquPsmQXCH if you're curious to see the whole set! pic.twitter.com/EH205JHTUZ
— Valerie August (@fatalvalerie) April 27, 2020
C’est le cas également de Max, jeune homme cis bi de 25 ans. « C’est l’occasion de regarder des vidéos sur lesquelles je ne me serais pas forcément arrêté », entame le jeune homme, « le porno gay, par exemple, que je regarde peu habituellement. » Au-delà même des tags, ce sont des performeurs et performeuses auxquel·le·s Max s’attache, au cours de ce confinement. Il cite notamment Lana Rain, cosplayeuse NSFW adepte de fucking machines. « Jusque là, je n’étais pas particulièrement réceptif à ce genre de vidéos, mais sa manière d’en user de façon assez variée, et avec différentes atmosphères, c’est vraiment sympa », poursuit-il. Aller de vidéo en vidéo, jumper d’un tag à l’autre à la recherche de la séquence qui répondra à nos désirs, et se découvrir de nouveaux tags chouchous, l’offre immense d’internet en matière de porn devrait pouvoir ravir tou·te·s les curieux et curieuses.
Au-delà d’une variation en termes de tags, les interviewés notent aussi un changement éthique dans leurs choix de vidéos.
Éthique et tagsLe confinement semble également conférer aux internautes un temps de réflexion quant à l’éthique de leurs choix de visionnage. Si chacun met la limite où bon lui semble, quelques thèmes reviennent au fil des interviews, pour une remise en question approfondie. Des normes physiques encore fortement présentes dans le porn mainstream, largement mis en avant sur les plateformes les plus visitées, tout d’abord. « Un truc qui me marque beaucoup dans le porn gay, c’est l’omniprésence de ‘stud’ ou de ‘twink’, des colosses musclés ou des jeunots très minces », souligne Max, « c’est quelque chose que je trouve dommage, mais qui au fond trouve un écho similaire dans le porn hétéro. »
Un avis partagé par Lara, 34 ans. « Avant le confinement, j’étais dans la vitesse et l’à-peu-près », explique-t-elle, « si une vidéo ne me convenait pas tout à fait, je faisais l’impasse sur les moments cringe et basta. » Aujourd’hui, c’est un peu différent. L’exigence de Lara se trouve décuplée au fil des jours. « J’ai plus de temps, que je choisis de consacrer en partie au choix éthique de mes vidéos », poursuit-elle, « je me pose des questions telles que : ‘est-ce qu’il y a des bails sombres sur la boîte de prod ou sur les acteur·ice·s de la vidéo’, ‘est-ce que je peux tipper les acteur.ice.s’, ‘quels indépendants je peux favoriser’, etc. » Une démarche, notamment économique, allant en faveur des performeurs et performeuses. « Lorsque l’on sait que les travailleurs et travailleuses du sexe ne bénéficient pas des mêmes aides que le salarié lambda, je me dis qu’apporter sa petite pierre à l’édifice, c’est pas plus mal », conclut Lara.
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Oui, oui, on sait, vous aimeriez savoir si ça fap plus ou moins que d’ordinaire. En réalité, au vu des témoignages, entre celles et ceux qui augmentent considérablement la fréquence de leurs visionnages, et la team « rends la tendresse IRL stp », les courbes ne semblent subir ni grandes envolées, ni chutes vertigineuses selon les sites.
Côté internautes, le temps semble effectivement commencer à se faire long pour certains. « Je matais un peu de porn avant, régulièrement, et en ce moment plus du tout », confie Chloé, « j’avoue que le monde extérieur est tellement stressant, je n’en ai plus envie. » Juste avant le confinement, Chloé avait repris des sessions de Skype sex avec l’être aimé, sessions également abandonnées au vue de la gravité pesante de la situation. « Quand j’ouvre un site porno, je regrette de ne pas avoir la douceur de son désir, donc je referme la page », détaille-t-elle, « Le porno c’était mon truc à moi, et le Skype sex un ‘rapport’ sexuel et amoureux. Là je n’ai plus l’un, et j’ai moins envie de l’autre. » Avec le confinement, Chloé explique désexualiser les vidéos en question, et manquer d’imagination pour trouver ce qui pourrait pallier ce manque. « Je ne veux plus l’ultraviolence que je consommais avant, mais le porno plus doux m’ennuie terriblement », confie-t-elle.
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À la rescousse de ces client·e·s en manque de contact humain avant tout, les cam girls constituent pour certain·e·s la solution. Dans une interview donnée à Brut, Sophie, de son prénom d’emprunt, parle de son activité, peaufinée au fil du confinement. « Le confinement fait ressentir un peu plus de solitude à certains », explique-t-elle, « je pense qu’ils essayent un petit peu de combler ça en venant échanger en virtuel avec des filles. » Cette dimension humaine, dépassant le cadre du sexe, Vera Flynn l’a également évoquée lors de notre interview. Celle-ci souligne par ailleurs un fait largement occulté : si les échanges sont en hausse, cela n’affecte pas ou peu les revenus issus de l’activité de camgirl, puisque tous n’aboutissent pas sur de véritables demandes. Ainsi, si a priori, les camgirls représentaient une solution, celle-ci semble être à sens unique, pouvant creuser une précarité déjà présente dans le milieu, tout en augmentant la charge mentale des travailleuses du sexe en matière d’échanges sociaux.
Tag yourself : newbie editionTHREAD – Camgirls et confinement
— Vera Flynn (+18) (@VeraFlynncam) April 19, 2020
J'entends et je lis énormément de choses en ce moment sur les camgirls et TDS qui bossent sur internet. Comme quoi c'est LE bon plan, c'est vraiment notre moment, on se fait un max de pognon.
Pour Camille, c’est une première : le confinement lui a octroyé l’occasion d’ouvrir la boite de Pandore. « Je n’ai jamais ressenti le besoin d’aller vers des sites, mon imagination me suffisait jusqu’ici », confie-t-elle, « sauf que, confinement et surtout, ennui oblige, j’ai épuisé mon imaginaire. » Elle se tourne d’abord vers des films incluant ses crushes en matière d’acteur·ice·s, et puis, la curiosité l’emportant, se tourne vers les sites porno. Et là, c’est la surprise ! « Si les pages d’accueil m’ont d’abord rebutée, en cherchant un peu, j’y ai trouvé mon compte », rit-elle. Depuis trois semaines, elle visionne deux à trois vidéos par jour. « C’est une façon très agréable de passer le temps, et de prendre soin de soi », explique-t-elle, « la masturbation ne faisait pas partie de ma vie avant, alors que bon Dieu, ce que ça fait du bien un peu d’endorphine ! », rit la jeune femme.
En revanche, pour Camille, hors de question de plonger dans l’offre porn sans un brief préalable. « Mes copines sont déjà au fait des boîtes a priori éthiques et celles qui le sont moins », explique Camille, « je leur ai demandé avant celles qu’il fallait éviter, et les travailleuses du sexe à soutenir, également. C’est important de partir sur de bonnes bases, surtout lorsque l’on sollicite un milieu où la précarité est très présente. » Une apprentie spectatrice oui, mais responsable.
Fréquence, exigence, variations de choix… Ces interviewé·e·s ont vu leurs habitudes porn être bouleversées par la situation actuelle. Et vous ?
Photo en une Victoria Heath pour Unsplash
Propos affirmés, voix pétillante et bienveillance infinie ou, en deux mots plutôt qu’en mille : Vera Flynn. Précurseuse du milieu de la cam, à 28 ans, Vera sait ce qu’elle veut, et l’exprime avec clarté et engouement.
Elle est belle, Vera Flynn, et tout chez elle transpire la bienveillance et l’éclate. Entre body positivisme et pédagogie, celle dont les photos sont aussi douces que les propos s’est prêtée au jeu de l’interview pour Le Tag Parfait, pour votre plus grand plaisir – et le nôtre.
Vera Flynn, dans le plus simple et le plus bel appareilDouceur et bienveillance, depuis 2011
Vera, c’est l’équivalent porn de la bonne copine qui te prend par la main et te fait sourire, quand tout autour de toi n’était que chaos cinq minutes auparavant. Dans le combiné, sa voix chante la sensualité. À l’écran, son corps danse le plaisir.
Sur Cam4 depuis 2011, si son parcours a connu quelques tumultes, rien ne viendra entacher sa vocation première : sa carrière, c’est dans le porn qu’elle la voit, et elle n’en démordra pas. Affirmée, on vous dit. De 2015 à 2018, Vera Flynn a entrepris un parcours universitaire, période au cours de laquelle la belle met entre parenthèse ses performances porn, just in case. Pourtant, tout au long de cette pause, elle affirme avoir ressenti un besoin « viscéral » de s’y remettre, comme une vocation qui se rappelle à elle.
Début 2019, déterminée, Vera revient sur Cam4. « Le sexe constitue une partie très importante de ma vie, le travail du sexe également, et j’ai eu besoin d’être qui j’étais, parce que j’avais l’impression de me mentir à moi-même, c’était trop étrange », confie t-elle, « j’avais besoin de me consacrer complètement à ça, ça fait partie de mon identité. » Et ça se voit ! Devant l’objectif, Vera se veut sensuelle, et on lui concède aisément ce titre. « L’interaction du live, c’est quelque chose que j’adore », exprime Vera Flynn, « il faut comprendre en deux minutes ce que le client veut et ce qui va faire un bon skype, c’est un moment d’acting. » Pourtant, à l’écouter, cette assurance devant la cam n’est pas innée. « J’ai fait beaucoup de théâtre, plus jeune », poursuit-elle, « j’avais ce besoin d’être là, présente, de m’affirmer et de montrer qu’on peut être gros et bien avec son corps. »
Aujourd’hui, c’est sur Vends Ta Culotte et Instagram que l’on retrouve la pimpante Vera Flynn. Le travail du sexe faisant aujourd’hui entièrement partie de sa vie, Vera fait face au package qui l’accompagne encore bien (trop) souvent : lourdeur des internautes, sexisme, grossophobie et violence des abolitionnistes.
Pédagogie, valeurs et Vera
Là où une femme choisit comment user de son corps, on retrouve les éternels mécontent·e·s qui s’y opposent. Masculinistes ou abolitionnistes, face à elles et eux, Vera Flynn reste d’un calme olympien, et fait preuve de pédagogie… ou use de blocage, tout simplement. « J’essaye d’éduquer avant de m’énerver », détaille Vera, « on me dit bienveillante, j’essaye de laisser la violence de côté, et je sais que tout le monde ne peut pas le faire. »
Pourtant, profondément humaine, la camgirl a déjà été blessée par la violence de certains propos, notamment envers son corps. Il y a quelques mois, alors qu’elle poste des photos datées de 2015, c’est une vague de masculinistes qui vient s’échouer dans ses commentaires. « J’étais seule chez mes parents », explique-t-elle, « Ça fait mal, très mal. J’ai senti l’adrénaline, mais je me suis dit que j’allais ignorer la chose. » Plus facile à dire qu’à faire. Pourtant, la jeune femme y parvient, et fait de cette attitude son crédo. « J’ignore le négatif, même si c’est pas facile », poursuit-elle, « je bloque, j’ignore, sinon je me rends malade, et il ne faut pas. »
Son compte Instagram est un vrai temple de la pédagogie. « Je veux normaliser le travail du sexe et éduquer, je sens que je dois le faire, que c’est important », appuie-t-elle, « j’ai beaucoup de filles qui viennent me poser des questions, notamment sur le rapport au corps, sur le consentement, le rapport au sexe. » Vera dit également recevoir des retours positifs de la part de ses collègues quant à sa ligne éditoriale et la pédagogie affichée.
Quant à sa clientèle, Vera Flynn la chouchoute, bien consciente de répondre à une véritable demande. Show skype, show snap, téléphone rose, vidéos personnalisées et audios personnalisés, les spécialités de Vera sont aussi diverses et variées que ses qualités, et ses clients le savent. Il y a peu, l’un d’entre eux lui a même demandé d’augmenter le prix de sa prestation, une vraie preuve de respect et de reconnaissance de la qualité du travail fourni. « J’ai des clients qui font avec moi ce qu’ils n’osent pas faire IRL, je réponds à un vrai besoin », souligne Vera, « je me sens bien, et de plus en plus reconnue, autant pour le travail que pour l’éducation fournie ». Belle et épanouie, que demander de plus ? Eh bien, « normaliser le travail du sexe, et la bienveillance », demande, à juste titre, la camgirl. « Il faut être bienveillant, ça se perd », poursuit-elle, « au niveau du corps, si on est pas dans les normes, ce n’est pas grave. »
Porn et perception de soi
En plus de neuf années de carrière, le corps de Vera Flynn a également ondulé sur la courbe du temps. Avant son arrivée sur Cam4, Vera Flynn paradait déjà sur Stickam, où elle se faisait régulièrement bannir. La raison avancée ? « Un trop grand décolleté », confie Vera, « on m’a lors suggéré d’aller sur Cam4, notamment pour le côté un peu plus ‘communauté’. » La camgirl vit toutefois une réduction mammaire peu avant son inscription sur le site. « Logiquement, ton corps change », souligne-t-elle, « je suis passé d’un bonnet H à un bonnet E ».
L’année dernière, nouveau changement, et ce sont cette fois-ci 20 kilos qui s’envolent. « Pas parce que je n’étais pas bien », affirme Vera, « mais juste pour me prouver que je le pouvais. Et en perdant ces kilos, c’est malheureux, mais j’ai eu plus de clients ». Aucun changement pourtant du côté de ses prestations, le naturel est à Vera ce que le pain artisanal semble être aux confinés ces temps-ci : indispensable, et divinement pétri. « J’essaye de faire des photos et vidéos où je suis entière, même si c’est dur parfois de se regarder, parce qu’on a des complexes, etc. », énonce la camgirl, « mais j’essaye de faire un porno populaire où je suis moi même : oui, je suis grosse mais c’est pas une mauvaise chose, on peut être bien et être grosse ». Une affirmation qui, si elle semble évidente, est toutefois bonne à rappeler.
Dans ce travail, Vera Flynn voit un véritable challenge, dans toutes ses incertitudes, ses hauts comme ses bas. « C’est une mise en scène », explique la belle, « réussir à faire de l’argent à travers mon corps, qui je suis, c’est très gratifiant. » Et si Vera Flynn souligne son attrait pour l’échange et la théâtralité du travail du sexe, elle aime à rappeler également qu’au delà du sexe, « c’est du bonheur que l’on apporte. On l’oublie parfois, mais c’est vraiment ça ». Alors, Chez Vera Flynn, fappez nombreux, fappez heureux !
Siroter un bon petit verre de vin tout en appréciant son porno favori, c’est tout un art. Du goût du blanc au rouge rond ambiance levrette claquée, pour mettre une fessée à tes papilles, autant s’adresser aux experts du milieu. Le Tag Parfait s’est tourné vers sa caviste préférée, Sand, pour associer parfaitement les goûts et les couleurs (de vin). L’objectif ? En prendre plein les yeux, et la bouche !
Château Planquette, petite branlette et belle-familleAlors qu’en 2019, les tags qui se hissent à la première place dans le coeur des fappeurs font écho à la famille, avec « MILF » et « step moms », nous partons à la recherche d’un vin ambiance poulet du dimanche – et Sand a la solution. « Un Bordeaux, peut-être », lance la caviste, « c’est la méga tradition, la bouteille que le grand-père sortait déjà sur le rôti ou le gigot. » La référence parfaite pour le top tag ? « Château Planquette », poursuit-elle, « c’est un Vin de France, bio, assez généreux, avec beaucoup de notes fruitées, très velours. » Comme belle-maman : belle robe rouge et fort caractère.
Pour l’accord vin/fap, la rédaction recommande un Moms Teach Sex autour du repas dominical avec India Summer, Emma Hix et Logan Long.
Hentai : « Souriez, vous allez cuver »Il n’y a pas que le soleil qui se lève, au Japon. Le tag « hentai » se hisse à la deuxième place des tags les plus convoités sur les sites de porn en 2019. Alors pour savourer au mieux ces réalisations tout droit sorties du Japon, Sand possède « la cuvée parfaite ». C’est chez Kohki Iwata que l’on trouve la perle rare. Installé en France, dans l’Hérault, depuis une dizaine d’années, le producteur propose une cuvée de Syrah se mariant à la perfection avec vos Hentai préférés. À vous la cuvée Souriez, « un vin très sensuel », selon Sand.
Pour l’accord vin/fap, la rédaction recommande un petit extrait de Tsuyabi 2 chez Hentai Pros.
Petits secrets entre coquinesLe porn lesbien reste sur le podium des tags en 2019. Pourtant, c’est du côté des Bourse que l’on déniche le vin idéal pour une soirée entre meufs. Les Requins, de chez Angélique et Quentin Bourse, Domaine du Sot de l’Ange, pour être précis. « C’est un vin de Loire un peu exotique, un pétillant naturel avec un côté super gourmand et plein de fraicheur », souligne Sand, « ce sont des vins mousseux élaborés facilement. » Et la caviste de détailler un procédé à la hauteur de nos lesbiennes favorites : simple, efficace et surprenant. « On prend le raisin, on le presse, et on commence à le faire fermenter avant de le mettre en bouteille », illustre la caviste, « Quand tu ouvriras la bouteille, tu auras un vin un peu transformé. C’est plein de fruits, la bulle est rigolote, et c’est pas de la bulle fine. »
Pour l’accord vin/fap, la rédaction recommande un vieil épisode de l’iconique série Where the Boys Aren’t de Vivid (que vous aurez sauvegardé sur un vieux CD-Rom) ou la version 2020 avec Abella Danger, Kendra Spade et Milana Ricci.
La sodomie, à blanc (sec)La sodomie et l’œnologie ont ça en commun qu’il faut maîtriser le sujet avant de se lancer tête la première dans l’expérience. Enfin, « tête », façon de parler… Pour ce quatrième tag, Sand surprend et préconise « plutôt du blanc, parce que finalement, faut être vachement subtil ». À qui le dites-vous… « C’est une façon d’envoyer un message de façon subliminale ! », rit-elle. Et l’experte pousse le plug plus loin encore : contre toute attente, ce petit blanc, elle le voit « plutôt sec ». « On peut rester sur la Loire avec les vins de Laura David, qui fait un superbe blanc sec, L’Insolente, mutin, vif et en même temps racé », poursuit la caviste. Tout ce qu’on aime !
Pour l’accord vin/fap, la rédaction recommande n’importe quelle vidéo du couple Danika et Steve Mori, experts de l’anal en amateur.
« Haut-Médoc » de Carré Rose Films (réalisé par Carmina, rédactrice en chef, ndlr) Masse et macèreLumières tamisées, bougies en tout genre, petite huile sur la table de nuit et… Action ! Les massages sont la caution romantique de ce top tags 2019. « J’irais plutôt sur un truc original, mais qui demande du temps à découvrir, ce sont les vins orange », raconte Sand, « au cours de la macération, ils prennent de la couleur, souvent orangé-cuivré, et en même temps ils vont avoir un peu de tanin. Il faut prendre son temps. » À l’ouverture, c’est la fraicheur du vin qui viendra frapper le consommateur, mais comme toute bonne chose, le temps viendra faire son affaire, et transformer les arômes du vin au fur et à mesure que la température augmentera. Parmi ces vins orange, « L’Étrange Orange, vin d’Alsace signé Louis Maurer, qui fait du vin avec du Gewurztraminer » se pose en choix final pour cette catégorie massage, aussi douce que surprenante. « Au nez, tu t’attends à avoir un truc très doux qui va t’emmener dans le sucre, alors qu’en bouche pas du tout : t’as un côté légèrement orange amère, thé fumé, ambiance presque orientale », illustre l’experte. Des douces chorégraphies de mains sur un dos détendu à la gorge profonde, finalement, il n’y a qu’un pas, parfaitement illustré par l’Étrange Orange.
Pour l’accord vin/fap, la rédaction recommande un délicieux massage par Josephine Jackson pour NF Busty.
Plus on est de fous, plus on rit !« Champagne ! », lance Sand, des rires dans la voix. « Je pense que c’est peut-être un peu cliché, mais c’est un truc que tu réserves pour les grandes occasions », poursuit-elle, « il y a de l’expression, le travail de la bulle, et ça raconte le terroir. » Et des histoires à raconter, en gang bang, il y en a autant que de participants ! Pour ambiancer la partouze, Sand préconise les champagnes de chez Bérêche, et plus particulièrement « leur brut réserve, l’entrée de gamme est magnifique, avec de belles bulles fines et élégantes ». Bulles et partie fines, que demande le peuple ?
Pour l’accord vin/fap, la rédaction recommande une orgie en blanc très festive et élégante de chez Private.
La sobriété de l’aventurier·eIl existe bien des catégories parcourues sur les sites de porn qui font appel à notre imagination. On se dit que l’écran est mal foutu, et comment sa jambe peut se retrouver derrière l’épaule du monsieur ? Et attends, ils sont combien ? Tant de questions, si peu de réponses. Bref, on a des interrogations. Alors pour continuer à suivre, et peut-être tester de nouvelles choses par la suite, Sand conseille de se pencher sur le cas du cidre. « On y pense pas forcément, mais ils sont légers en alcool, ça permet de garder la tête froide, de pas trop s’échauffer », explique la caviste, « parce que l’alcool, c’est bien, ça désinhibe, mais il ne faut pas en abuser. » Caviste, oui, mais responsable avant tout ! Et en termes de choix, Sand opte pour Lemasson, un producteur de cidres normands qui« fait des choses vraiment chouettes, assez typées ».
Pour l’accord cidre/fap, la rédaction recommande les explorations tendres et dominantes du couple StrpnandSexPair autour du pegging.
Alors, rendez-vous devant l’écran, un verre à la main et dans l’autre, eh bien… À vous de jouer !
Pour retrouver Sand, vous pouvez suivre son compte Twitter ou lire son blog Gérard, à table !
Photo de une : Christian Clay et Dana deArmond boivent du vin pour Tushy.
Petites lèvres qui ballotent, grandes lèvres absentes ou presque, vulves hyperpigmentées ou grises, avec ou sans poils… S’il existe autant de vulves que de personnes en jouissant, les consommateur·ice·s de porn oublient parfois de dépasser les barrières normées des sites mainstream, vecteurs de multiples complexes auxquels la vulve n’échappe pas.
« Le jour où j’ai dit à mon copain que j’étais complexée de la chatte, il a explosé de rire », se souvient Maddy, 24 ans. Depuis son adolescence, l’étudiante subit son hyperpilosité. « Subir, c’est vraiment le verbe adéquat », appuie-t-elle, « j’ai été moquée, on a fait circuler des rumeurs sur moi, juste parce que malgré une épilation acharnée, j’avais toujours au moins un peu de poils. Cette violence envers l’aspect de sa vulve s’est transformée en complexe chez Maddy, au point de ne plus vouloir se mettre à nu. Depuis quelques mois, la jeune femme s’est décidée à fréquenter à nouveau un homme, et a choisi de lui confier ledit complexe. « En fait, après explication, il a mieux compris d’où ça vient, et s’est senti un peu con que des mecs m’aient créé ce complexe », poursuit-elle, « il a voulu pointer du doigt le porno, mais je ne suis pas d’accord, il y a une diversité dans l’offre, il suffit de la consommer. »
La publicité de la marque « Nana » qui a fait pleurer dans les chaumières Porno mainstream et vulves norméesSi on s’en tient aux sites les plus fréquemment visités et aux vidéos les plus regardées, il est communément admis que l’on retrouvera les clichés qui marquent la société en matière de corps. En atteste le témoignage d’Alina, travailleuse du sexe et camgirl de 30 ans. « J’ai vu mes premiers porno à 15 ans. J’ai dû cliquer sur les premières vidéos, en première page. J’étais curieuse, pas encore à la recherche d’un support masturbatoire », confie-t-elle, « je me souviens de porno mainstream, d’hommes musclés souvent à plusieurs pour une seule femme aux seins siliconés, qu’on voyait en gros plan et dans toutes les positions possibles. » Côté vulve, la jeune femme met d’abord en cause le manque d’éducation sexuelle dans les lacunes en matière de représentation. Dès le lycée, Alina confie avoir « cru que la norme était d’avoir une vulve fine, rose, sans poils, et avec des petites lèvres plus petites que les grandes ».
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Le problème, c’est que ces clichés, véhiculés par le porno dit mainstream puis par ses principaux consommateurs – les hommes – lors de leurs rapports sociaux, sont vecteurs de complexes chez les jeunes femmes. Pendant longtemps, cela a été le cas de Marlène, 32 ans. « Lors de mes premiers préliminaires, mon partenaire a éclaté de rire à la vue de ma vulve, et m’a dit de « faire gaffe à pas m’envoler les jours de grand vent », ça m’a blessée et marquée », soupire-t-elle, « j’ai mis longtemps avant d’accepter de me remettre nue en pleine lumière. » De même, Latika, 28 ans, en a entendu des vertes et des pas mûres à propos de la pigmentation de cette zone de son corps. « En tant que femme noire, vous n’imaginez pas les horreurs qu’on peut lire, voir, entendre sur nos corps », soutient la jeune femme, « par exemple, on m’a déjà demandé plusieurs fois si je me lavais correctement, à cause de la pigmentation de ma peau au niveau de mon entrejambe. » Selon Latika, la représentation faite des femmes noires dans les films pornographiques mainstream ne reflète pas la réalité de leurs corps et contribue à la stigmatisation raciste à laquelle la société prend largement part chaque jour. « Jusque dans mon intimité, on me reproche la normalité de mon corps », fulmine-t-elle, « entre hyperpigmentation et dépigmentation, non, notre peau n’a pas une couleur uniforme partout, et ce n’est pas une question d’hygiène. »
Dans le choix de leurs films pornographiques, et pour contrer les complexes vis-à-vis de leur vulve, c’est du côté des indépendant·e·s que bien des consommatrices ont trouvé leur bonheur.
Côté indépendant·e·s, la diversité du bout des lèvresDes clito et des vulve-licornes, t'en veux, j'en fais!
— Misungui Bordelle (@MBordelle) April 2, 2019
Écris moi un mail!
Misunguisurvivor@gmail.com pic.twitter.com/QEtx02zCLi
« Depuis mes 15 ans jusqu’à mes 22 ans, j’avais pour seuls modèles de vulves celles que j’avais vues dans les films pornos », lance Alina. La diversité, c’est au travers de sa bisexualité qu’elle la découvre. « Je me suis sentie bête devant une telle diversité de vulves », explique-t-elle, « cela m’a confortée dans l’idée qu’il existe en fait autant de vulves qu’il existe de femmes. » Quant à la sienne, Alina dit l’avoir découverte à 24 ans, grâce au monde de la webcam (Chaturbate et Cam4 pour sa part). « C’est en diffusion webcam que j’ai vu à quoi ressemblait réellement ma vulve », explique la camgirl. De la forme aux poils en passant par la couleur, le panel des vulves, dans l’imaginaire d’Alina, s’est au fil du temps largement agrandi. « Dans le porno indépendant, que je consomme quasi uniquement depuis 4 ans, je vois une diversité croissante de corps et parfois, de vulves », illustre la performeuse.
View this post on InstagramA post shared by Vagina Museum (@vagina_museum) on Oct 31, 2019 at 10:35am PDT
Côté spectateur·ice·s, cette offre de plus en plus diversifiée ravit, en grande majorité. « La première fois que j’ai vu des poils lors d’un show à la cam, ça m’a surpris », confie Anthony, 39 ans, « mais dans le feu du désir, franchement, je suis vite passé outre. Maintenant, je m’en fous ». Cette représentation plus diverse est même rassurante pour les concerné·e·s. C’est le cas de Noémie, 31 ans. La petite brune en avait assez des remarques sur la taille de ses petites lèvres, « plus grandes que les grandes lèvres, et pas assez rangées au goût de ces messieurs ». Agacée, Noémie empoigne un jour son PC, et en quelques clics, télécharge plusieurs vidéos mettant en scène des femmes aux vulves aussi diverses que variées. « J’ai tout mis sur clé usb, et à chaque remarque désobligeante, je passe cette clé aux hommes qui en sont l’origine », rit-elle. Si elle revoit rarement la couleur de ces fameuses clés, Noémie a toutefois « le sentiment de contribuer à la juste représentation des chattes » par ce biais. « Ce n’est pas le porno, le problème, contrairement à ce que l’on peut penser », affirme-t-elle. Un sentiment partagé par Alina. « On peut blâmer le porno, mais il est le seul ou presque à montrer des vulves en détail, en gros plan », soutient-elle.
T-Shirt Chatte par Bipo Cie Avant le porno, la société au coeur du problèmeÀ l’origine du problème, selon performeuses et interviewé.e.s : la société avant tout, les lacunes du monde pornographique en matière de représentation des femmes et des vulves n’étant que le reflet de celle-ci. En témoigne la récente polémique autour de la publicité Nana, mettant en scène une multitude de représentations métaphoriques de la vulve, entre fruits et origamis. « Le problème, ce n’est pas qu’on ne veut pas représenter correctement les vulves, le problème, c’est que la société ne veut tout simplement pas les voir », soutient Lucia*, performeuse depuis quatre ans, « c’est un énorme tabou, et tant qu’on ne le brisera pas, on n’avancera pas. Dans le porno, on voit les vulves, mais il manque en fait toute l’éducation autour d’elles. C’est comme envoyer des ados apprendre la vie au cinéma, sans aucune école pour les aiguiller, ça n’a pas de sens. »
Côté porno, effectivement, la diversité tend à trouver sa place au fil du temps. « Dans le monde de la cam, on trouve de plus en plus de modèles plus représentatifs de la diversité des corps dans notre société, même si ce n’est pas encore assez », explique Alina, « c’est la société et ses normes qui doivent changer d’abord, inclure les différences, les accepter puis les représenter dans le porno. » Et effectivement, lorsque l’on se plonge dans les sites porno, du poil et des vulves aux formes et aux couleurs en veux-tu en voilà, il y en a un sacré paquet ! « Encore une fois, le porno, c’est comme du cinéma », lance Lucia, « si tu veux du réaliste, cherche dans les rubriques qui s’en rapprochent, et si tu n’en veux pas, garde en tête que c’est du cinéma. »
In progress! Ma première broderie pic.twitter.com/gN9nFNJl0Q
— Catin Haineuse (@MetauxLourds) March 29, 2017
Pour l’actrice, demander au monde du porn de changer radicalement son offre avant tout changement sociétal reviendrait à « donner de la morphine à un grand brûlé ». « Ça soulage et ça donne l’impression que tout va mieux, mais ça ne soigne pas le cœur du problème », explique-t-elle. Dans un monde où performeurs et performeuses peuvent être parfois extrêmement précaires, imposer l’offre comprend le risque de se confronter à un échec et à une perte de revenus, alors que susciter la demande semble à la fois la solution la plus pérenne, que ce soit sur le plan financier ou social. Qui plus est, l’offre en elle-même existe d’ores et déjà, et ne demande qu’à être consommée.
Une meilleure consommation du porno, voilà d’ailleurs ce que préconise Alina. « Consommez du porno éthique, dans lequel l’image n’est pas destinée qu’au plaisir et aux fantasmes des hommes. Vous y verrez plus de diversité des corps et cela peut aider à s’identifier à des personnes qui nous ressemblent, et qui se sentent belles », conclut la jeune femme, « c’est ça le secret, apprendre à s’aimer. Intégrer sa diversité, s’y identifier puis s’accepter. »
« Aime ta chatte » un film de altSHIFTMieux éduquer, représenter et consommer, voilà les clés pour embrasser justement la diversité des vulves, aussi bien IRL que sur le web. Alors, à vos doigts, et que ça chauffe !
*Prénom d’emprunt.
Photo en une : origami de la publicité de protections hygiéniques Nana, diffusée en 2019.
Plus de 700 000 dollars, c’est le montant estimé des dons suscités au cours des deux derniers jours par cette travailleuse du sexe essentiellement présente sur la plateforme OnlyFans.com. Face aux incendies qui ravagent l’Australie depuis septembre, Kaylen Ward, aka The Naked Philantropist sur Twitter, a décidé d’agir. Particulièrement émue par cette situation, similaire aux incendies survenus en Californie l’été dernier, et qui avaient alors touché la famille de la jeune influenceuse américaine de 20 ans, celle-ci lance alors un troc des plus originaux le 4 janvier : contre la preuve d’un don de 10 dollars minimum à toute association luttant contre la propagation de ces feux, Kaylen envoie… un nude !
I’m sending nudes to every person who donates atleast $10 to any one of these fundraisers for the wildfires in Australia. Every $10 you donate = one nude picture from me to your DM. You must send me confirmation that you donated.
— THE NAKED PHILANTHROPIST (@lilearthangelk) January 4, 2020
Please RT #AustraliaOnFire #AustraliaFires pic.twitter.com/VIgzCUy6Wf
« Je m’attendais à récolter 1000 dollars, mais mon tweet a explosé », confie la jeune femme à Buzzfeed. En quelques heures, ce sont des dizaines de milliers de retweets qui viennent submerger Kaylen, au point de devoir monter en urgence une équipe de quatre personnes pour gérer l’afflux de dons, la vérification des preuves et l’envoi des photos promises. Mais si l’initiative est plus que louable, les motivations réelles des internautes se sont bien vite fait sentir… Entre les preuves trafiquées dans le but d’obtenir gratuitement un nude, les frustrations liées à l’attente, et le harcèlement orchestré par les opposant.e.s au travail du sexe, la jeune Kaylen a rapidement partagé sa souffrance.
I am a 20 year old girl. I am just one person. Think about how the shit you do affects me. Now think about millions of people doing things to me all at once. Leave me ALONE.
— THE NAKED PHILANTHROPIST (@lilearthangelk) January 6, 2020
« C’est assez incroyable de voir à quel point les gens peuvent haïr les travailleuses du sexe », fulmine Aileen, 27 ans, « même lorsqu’une action va en faveur d’une urgence qui ravage tout un pays, même lorsque l’une d’entre elles fait plus qu’un gouvernement, c’est pas suffisant, c’est ‘sale’, c’est ‘mal’ ». Par ailleurs, certains détenteurs des fameux clichés se sont adonnés au partage de ceux-ci auprès de personnes n’ayant pas fait de don. Kaylen Ward s’est alors empressée de rappeler le caractère illégal de cette pratique, déplorant le fait qu’une poignée de personnes soient prêtes à faire échouer une action caritative en si bonne voie de réussite.
My Instagram got deleted pic.twitter.com/nBRQlByYAR
— THE NAKED PHILANTHROPIST (@lilearthangelk) January 5, 2020
Mais tout ça, c’était sans compter sur Instagram, et sa politique très stricte en matière de nudité féminine. Le compte de l’influenceuse a ainsi été supprimé par l’équipe modératrice du réseau social, qui prohibe tout contenu à caractère sexuel. Depuis, plusieurs faux comptes sont venus tenter de prendre la place occupée au préalable par Kaylen sur le réseau. Fort heureusement, l’appel initial est clair : c’est un don direct aux associations que souhaite la jeune femme. De fait, faute d’intermédiaire, toute tentative ou accusation d’escroquerie tombe à l’eau.
Ce n’est pas sans rappeler la discrimination et la censure que subissent régulièrement les actions caritatives menées par des personnalités du porno, comme ce fut le cas des Pornpedallers récemment. Tous ces déboires sont pourtant loin de décourager le milieu, l’action de Kaylen ayant inspiré en peu de temps bien d’autres actrices, comme la porn star Riley Reid, ou encore Lea Nights.
If you donate $20 + to any of the fundraising efforts related to the firefighters / animal shelters looking after the animal refugees
— Lea Nights (@LeaNights) December 21, 2019
don't forget to send me proof so I can send you porn!
Check out my pinned tweet for details!#HoesAgainstScoMo#AustraliaFires #AustraliaBurns
Cependant, ce gain massif de popularité de Kaylen Ward a fait réagir sur les réseaux, où des utilisateur·ices n’ont pas manqué de rappeler qu’elle avait utilisé le « n-word » dans le passé et refusé le dialogue après avoir choisi un costume d’Halloween inapproprié.
edit : OnlyFans ne perd pas le nord puisqu’ils ont contacté Kaylen via Twitter le 7 janvier, pour leur proposer de discuter, ce qui a suscité la colère des modèles qui se plaignent quotidiennement du mauvais service client de la plateforme. Ils sembleraient être arrivés à un accord, et donneront ensemble 20% des revenus de Kaylen à une association.
I have teamed up with @OnlyFans to further these donations. We will donate 20% of all of my earnings to one Australia Bushfire charity. Go subscribe to help raise money for the Australia fires https://t.co/2pUoQY0d0H
— THE NAKED PHILANTHROPIST (@lilearthangelk) January 7, 2020
Comment below which charity you would like to see us donate to pic.twitter.com/GgbXfyQbRd
Des guilis dans le cœur et la culotte, voilà la sensation procurée par la découverte de vhsporno.com, équivalent en ligne d’une friperie du cul.
Le site, tenu par un couple de trentenaires, a vu le jour « grâce à un vide-maison », expliquent Phallus Gump et Vagina Sky : « le proprio était « gêné » de mettre en vente ses films de cul et des vieux sex-toys ». Thank god(e), un ami du duo récupère ce trésor vintage avant qu’il ne tombe dans l’oubli (et la poubelle). « Il savait que j’étais un gros consommateur, et un nostalgique du genre », souligne Phallus, « en plus, nous, on avait un magnéto » (ndlr : un gros lecteur DVD, sauf que la fente est bien plus large, rapport au fait que l’objet à insérer pour lecture est autrement plus gros qu’un DVD). Ni une ni deux, le couple récupère l’ensemble des VHS, et reste sans nouvelle des vibros. « Ça se fait d’utiliser des vibros d’occasion ? » s’interroge Phallus. Et de poursuivre : « Ce cadeau nous a bien fait marrer, les vieilles jaquettes, les titres, etc. » C’est ainsi que débute l’aventure .
Le fameux trésor issu du vide-maison, et ses regrettés sex-toys disparus (crédits : vhsporno).Retro du cul et nostalgicle
Adeptes des « collections à la con » de leur propre aveu, Phallus et Vagina se retrouvent rapidement avec une cinquantaine de cassettes sous le bras. L’objet lui-même vient rappeler Phallus à ses bons souvenirs. « La VHS, c’est l’époque de mes premières branlettes », lance-t-il, « j’ai eu la chance d’avoir un grand frère qui planquait mal ses cassettes. » Une époque qu’il évoque notamment dans la chronique de Max, disponible sur le site.
« Je n’étais pas le seul nostalgique de cette époque, mais personne ne parlait vraiment des films », relate Phallus. Il confie alors son envie d’écrire des chroniques « un peu dans l’esprit de Nanarland » à Vagina, qui pousse l’idée plus loin encore. « Moi, le porno, contrairement à Phallus, j’en consomme peu », souligne-t-elle. Vagina s’intéresse plutôt aux parcours d’anciennes performeuses, et souhaite mieux comprendre l’univers dans lequel elles ont alors évolué. « Il faut le dire, le cul, c’est cool ! » rit-elle.
Le couple fait chauffer le magnéto, total respect pour les us et coutumes, du début à la fin. « On fait ça très assidûment, on prend des notes, etc », détaille Phallus, « ce n’est qu’ensuite que je numérise le film pour pouvoir en extraire des scènes ». L’homme entame alors une phase de documentation autour dudit film et de re-visionnage, autant de fois que nécessaire. Ambiance investigafion sur fond de Retour vers le futur. « On ne dirait pas comme ça, mais il y a pas mal de boulot derrière nos chroniques ! », souligne-t-il.
Raies en action et rédaction
Côté plume, Phallus s’occupe du descriptif des films sélectionnés et de la présentation des acteur·ice·s et producteurs, « si possible sur un ton humoristique », et Vagina prend la critique en main, « en essayant de garder un peu de légèreté et sans trop me prendre au sérieux. »
Le temps file, mais le plaisir de redécouvrir « des films avec des vrais scénarios, de la mise en scène, des vrais dialogues, des acteur·ice·s récurrent·e·s », lui, reste, avec des préférences tranchées. Le gonzo ? Très peu pour phallus. Pour le X amateur, la critique est tout aussi vive. Dans le cœur de monsieur, « les films de Laetitia ont quand même vachement plus de saveur que ceux de Jacquie et Michel ! » Un avis partagé par Vagina, dont le processus de critique est le même pour le porno que pour le cinéma dit « classique ». « C’est un genre qui mérite que l’on s’y intéresse », appuie-t-elle.
Pourtant, le couple peine à trouver la stabilité voulue sur les réseaux sociaux. Youtube et uTip ont ainsi fermé leurs comptes, pourtant dénués de scènes de sexe ou de nudité pour le premier. Quant à Adsense, impossible pour eux de l’utiliser. « Pas facile de parler porno sur les réseaux sociaux », déplore le duo, qui ne lâche pourtant pas l’affaire.
Comme vous le savez peut-être YouTube a fermé notre chaine. Vagina a ouvert la sienne : https://t.co/OMmvyCY9Qr
— VHS Porno (@vhsporno) December 9, 2019
Le couple a désormais passé la centaine de VHS au sein de sa collection, et s’affirme comme critique du milieu. « On n’a pas seulement une vocation humoristique, on se veut aussi politique, dénoncer l’hypocrisie de la censure du porno sur le net, ce que subissent les actrices au quotidien… », appuie Vagina, pointant du doigt notamment un féminisme « anti-porno » et prohibitionniste : « j’ai l’impression qu’on régresse sur la liberté sexuelle ».
D’ailleurs, lorsque l’on aborde la question de la culture du viol dans les pornos vintage, leur réponse ne se fait pas attendre : « Pour moi la culture du viol est beaucoup plus présente dans le porno d’aujourd’hui », explique Phallus, « j’entends par « porno VHS » les films scénarisés et pas le « Hard Crade » ces compilations de scènes VHS uniquement distribuées dans des sexshop à l’époque. » Jusqu’ici, le couple n’a pas été confronté à des scènes de violences dans les vhs visionnées. Pas de contrainte, d’agression ou de harcèlement. Une allusion à un viol est faite dans le film « Les nains préfèrent les blondes », et est alors mentionnée dans la critique faite par le couple :
Pour compléter l’histoire, un homme fait irruption dans la maison en demandant à être caché car il est poursuivi. Personne ne lui pose plus de questions. Tout est normaaaaaal. Et plus tard, une femme vient elle aussi rejoindre le groupe en disant que le fugitif arrivé avant avait essayé de la violer. Encore moins de réactions… OK… Euh ça parlait d’un viol quand même ! Donc nous avons deux personnes qui veulent se cacher de types dangereux, mais on n’a pas une explication, pas un détail et la bande de beatniks a l’air s’en cogner et continue à baiser tranquilou.
Critique du film « les nains préfèrent les blondes », par VHSporno.com.
Le couple reste pourtant critique du milieu dans lequel il évolue au travers de sa plume. « Nous ne nous voilons pas la face, des scènes de films pornos peuvent à raison être considérées comme culture du viol et être dérangeantes comme peuvent l’être les slashers et les films gores », soutient Phallus, « pour moi le porno doit être considéré comme les autres style, à savoir « de la fiction » ».
Du haut de ses onze chroniques, le site n’est encore qu’au début de son aventure, et promet déjà bien des surprises. « Un genre que j’affectionne particulièrement, c’est la parodie », confie ainsi Phallus, « ceux qui lisent nos chroniques savent que j’affectionne plus que tout Max, portrait d’un serial-niqueur, c’est un peu ma madeleine de Proust (j’ai usé la bande étant ado). On en a d’autres sous le coude ! » Côté Vagina, c’est le style cinématographique du porno des années 70 qui l’emporte, entre actrices « considérées comme des stars » et « très vieux films ‘clandestins’ diffusés dans les maisons closes ». À vos claviers, le programme est chargé !
Avant de vous lâcher en pleine nature et de vous laisser envelopper vos fantasmes de la première jaquette vintage venue, Phallus Gump et Vagina Sky vous dévoilent leur hotte-liste de Noël :
Bon visionnage !
Sur sa chaîne Youtube « Vous Êtes Vraiment Sympa ! », Benjamin Névert a lancé une série de vidéos intitulée « Entre Mecs ». Le principe ? Quatre mecs discutent librement d’un sujet donné et de leur rapport à celui-ci. Dimanche dernier, c’est le porno qui s’est retrouvé sur la table.
« Vous vous rappelez la première fois que vous avez vu du porno ? » Le sujet est lancé sans tabou entre Toto, Omar, Benjamin et, invité pour cet épisode, Emeric Berco, animateur sur Skyrock. Pendant 14 minutes, tout y passe, des films érotiques sur M6 à l’expérience du porn en réalité virtuelle testé par Benjamin, en passant par les coulisses d’un tournage, le porn audio et celui dit féministe. « En termes de masculinité, évidemment que le porno nous a tous un peu éduqués sexuellement », confie Benjamin. Tous oui, mais pas de la même manière, puisque Toto évoque notamment sa découverte plus tardive du X et sa consommation de porn gay, contrairement aux trois autres intervenants.
Quatre témoignages, quatre rapports différents qui viennent détricoter et interroger les clichés liés au milieu, en s’appuyant sur le recul qu’ils ont aujourd’hui sur leur sexualité et l’évolution de l’offre dans le porno. « Il ne faut pas oublier que c’est du cinéma », souligne Benjamin, appuyé par Emeric. « Comme lorsqu’on va voir un film, la taille, l’endurance… c’est parfois exagéré », note ce dernier. Une distance vis-à-vis des performances visionnées qui peut ouvrir bien des portes vers un monde de plaisir sans complexe.
« Le porno m’a appris la chorégraphie du sexe », poursuit Benjamin, « il faut commencer par ça, puis il y a ça, et ensuite on change huit fois de position… » Une chorégraphie ressentie comme rigide que Benjamin a « désapprise » par la suite. Pourtant, au gré des partenaires et des envies, comme en danse, à chacun ses mouvements, son style, son rythme… Performeuses et performeurs pouvant jouer les inspirations dans la création d’une chorégraphie à la fois personnelle et évolutive, véritable do it yourself de la sexualité.
Petits, gros, blancs, noirs, en pommes ou en poires, fermes ou tombants, les seins des femmes sont objets de fantasmes, mais également de tabous, en témoigne la faible représentation de leur diversité de taille, de forme et de couleur dans le milieu de la pornographie en ligne. Difficile de s’identifier aux performeuses de la pornographie mainstream lorsque l’on ne correspond pas aux critères de celles-ci. Dans ce milieu, les seins revêtent une importance capitale, sans pour autant représenter la réalité du corps des femmes, particulièrement au niveau de leur poitrine.
Dans le porn, la prédominance de l’irréelSi l’on demande à Bertoulle Beaurebec sa définition d’une poitrine normée dans le monde de la pornographie, sa réponse pose déjà le décor : « Une très grosse poitrine refaite, ronde, flottant d’une façon surréaliste par rapport à son poids et sa taille ». Lorsque l’on accède aux sites pornographiques les plus connus, et donc les plus fréquentés, on ne peut que rejoindre l’avis de la performeuse. Ça et là, les poitrines défient les lois de la gravité, jusqu’à pousser au questionnement sur notre propre cas. « La première fois que j’ai regardé du porno, c’est vraiment le truc qui m’a sauté aux yeux », soutient Julie, 37 ans, « j’avais la vingtaine, j’ai baissé les yeux sur ma poitrine et me suis surprise à me demander si sa forme était normale ».
Bertoulle Beaurebec au SNAP Festival
Difficile donc de trouver des vidéos de femmes aux seins non normés et, pour y parvenir, encore faut-il user la barre de recherche en mots-clefs spécifiques. « petits/gros seins, petits/gros tétons, poires, saggy… », énumère Annabelle, sociologue, « pour aller chercher des termes au-delà du gros et du petit, il faudrait déjà en connaître l’existence, et sans représentation – au quotidien comme dans le porn –, c’est aujourd’hui difficile ». Si beaucoup de femmes les connaissent, chez les hommes, la tâche semble plus ardue. « Franchement, quand je cherche une vidéo, je me casse pas la tête à essayer de trouver des seins en particulier. Si on les voit, ça me va ! », lance David, 31 ans. Le réflexe en la matière revient alors aux fétichistes. C’est le cas de Marvin, 27 ans, qui confie « ne pas pouvoir obtenir d’érection sans oeufs au plat ». Les tout petits seins, bonnets A, font exploser sa libido. « Le souci, c’est que ma notion de petitesse n’est visiblement pas la même que celle de la plupart des sites pornos », poursuit-il, « je peux donc chercher facilement une trentaine de minutes avant d’en trouver une qui me convienne ».
Du côté des MILF (Mother I’d like to fuck), l’irréel est poussé à son paroxysme. « J’aime bien regarder du porn quand j’ai la flemme d’imaginer, mais il me faut quelque chose qui se rapproche de mon corps et de mon âge », explique Lara, « le problème c’est que la majeure partie du temps, je tombe dans la catégorie des MILF sur les sites classiques, et je ne m’y reconnais pas au niveau physique en tant que quarantenaire ayant eu deux enfants ». Lara a ce que l’on appelle des saggy boobs, aka des seins qui « pendent », et en a assez de se voir implicitement bodyshamer par l’offre des sites pornographiques. « Le fait de cacher le véritable aspect du corps d’une grande partie des femmes, ayant eu des enfants ou non, c’est sexiste et révèle assez bien la cible de ces sites », soupire-t-elle.
Et en effet, le récent sondage du géant de la pornographie xHamster vient appuyer l’idée selon laquelle les principaux sites de porn tiennent pour cible les hommes.
Une offre modelée par les hommes, pour les hommesSur les 50 000 utilisateur·ice·s interrogé·e·s dans le monde, 25% se disent bisexuel·le·s, et « la grande majorité est constituée d’hommes » souligne le site. Le but du sondage ? Élaborer une intelligence artificielle répondant aux fantasmes des interrogés. Résultat, une jeune femme eurasiatique aux cheveux longs, lisses, noirs, les yeux bleus et… un bonnet D parfait. « Quand j’ai vu le compte Instagram créé pour cette IA, ça m’a énervée », confie Lara, « oui elle est jeune, oui elle est belle, mais c’est une création modelée par l’avis des hommes, et je suis fatiguée par ce principe ». La question de la forme des seins n’a d’ailleurs pas été posée ou il n’a pas été jugé utile d’en dévoiler les réponses, ce qui accentue encore l’invisibilisation de nombre de femmes dans ce milieu.
Shy Yume l’IA de Xhamster
Dans sa revue statistique de l’année 2018, les chiffres de Pornhub confirment que 2 visiteurs sur 3 sont des hommes. C’était ce que disait déjà une vieille étude sur la consommation sur les sites pornographiques datant de 2010 et sortie par OnlineMBA (sans qu’on sache trop leur méthodologie). « On est dans un cercle vicieux ici », explique Annabelle, « la demande, essentiellement masculine aux débuts du porn en ligne, a créé l’offre qui alimente des clichés, ancrant la demande initiale ». Les poitrines de femmes minces aux bonnets D, E et au-delà sont devenues une norme que l’on n’interroge plus vraiment dans le milieu de la pornographie mainstream en ligne. « De temps en temps, quelques sites reviennent prendre la température, avec un sondage comme celui de xHamster », poursuit la sociologue, « mais ils interrogent leurs utilisateurs, soit essentiellement des hommes qui se satisfont déjà de l’offre actuelle, et la valident à nouveau ». Difficile donc de se défaire des normes déjà contraignantes en société à l’égard des seins des femmes, et extrapolées dans le milieu du porn en ligne. « Étant donné que les seins des femmes sont hypersexualisés dans notre société , il aurait été impossible qu’ils n’occupent pas une grande place dans la pornographie », soulève Bertoulle Beaurebec.
Toutefois, la prédominance des fortes poitrines siliconées dans ce milieu vient modeler l’imaginaire masculin concernant le corps des femmes, et créer des complexes chez ces dernières.
« Je ne pouvais plus dormir sans soutien-gorge »Madeline, 29 ans, est sortie pendant deux ans et demi avec un homme qui lui a confié regarder du porn « au moins un jour sur deux, si ce n’est tous les jours ». « Le problème, c’est que cette consommation a créé chez lui des attentes irréalisables pour moi », explique la jeune femme, « lors de notre première nuit ensemble, il a eu l’air surpris en découvrant ma poitrine extirpée de mon soutien-gorge ». Lorsqu’elle lui demande pourquoi, son compagnon lui explique avoir été surpris par la différence entre sa poitrine liftée par un push up et la forme de celle-ci au naturel. « Ça m’a fait sourire, mais les remarques se sont succédé au cours de notre relation, au point de me créer de véritables complexes », déplore-t-elle. En effet, au bout de six mois, elle confie ne « plus pouvoir dormir sans soutien-gorge » lors des moments passés avec son petit ami. « Tous les hommes hétérosexuels ne sont pas comme ça, c’est vrai, mais ils ont, pour beaucoup, des attentes vis-à-vis de notre corps », note Madeline. Entre pornographie hétéronormée et sexisme ambiant, difficile effectivement d’écarter tout biais sexiste dans l’appréhension du corps des femmes par les hommes hétérosexuels.
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« C’est là que l’on note l’importance d’une éducation sexuelle dispensée auprès des adolescents », explique Annabelle, « si certains se confrontent au sexe en ayant reçu l’éducation nécessaire pour dissocier la pornographie du réel, d’autres, non ». Selon la sociologue, l’éducation sexuelle permettrait de remettre à zéro les idées préconçues tant sur le sexe que sur le corps des femmes. « Aujourd’hui, cette éducation est laissée à la société, aux représentations quotidiennes que l’on croise dans la rue, sur les publicités, à la télévision, dans les magazines… et sur internet au moyen des sites et images pornographiques », appuie-t-elle. Une idée partagée par Bertoulle Beaurebec. « On éduque les filles en leur disant que leur apparence est leur plus grande qualité. Qu’une femme accomplie se doit d’être désirée et convoitée par les hommes et jalousée par les autres femmes », explique l’actrice, « Alors quand on est abreuvées d’une représentation normée de ce qui est censé être beau chez une femme et qu’on ne possède pas les caractéristiques de cette représentation, on nourrit des complexes ». Entourées de poitrines défiant les lois de la gravité, les jeunes femmes voient alors leurs seins comme contraires à cette norme imposée.
Le féminisme et les réseaux à la rescousse« Je suis une femme, je consomme du porno sur internet, et en plus de ça, je suis lesbienne », souligne Elsa, 21 ans, « je ne corresponds absolument pas à la cible des sites de porn ‘classiques’ ». Par cela, l’étudiante souhaite dénoncer tant l’absence de représentation de son orientation sexuelle dans le porno mainstream, que le male gaze dominant dans celui-ci. « Il y a des vidéos de femmes ayant des rapports entre elles, mais on ressent clairement le male gaze (regard masculin) des réalisateurs, cadreurs, monteurs… Ces vidéos sont faites pour des hommes hétéros, pas pour moi », soupire-t-elle. Heureusement, Elsa a, depuis, découvert l’univers du porn féministe, plus proche de la réalité en termes de représentation des corps de femmes dans toutes leurs différences. « L’air de rien, ça fait du bien de voir une femme penchée avec des seins qui tombent comme les miens dans la même position », sourit Elsa.
Au-delà du milieu professionnel de la pornographie en ligne, les femmes ont également choisi d’investir les réseaux sociaux afin de reprendre la main sur la représentation de leurs seins. De la simple suggestion au soft porn, différentes techniques sont mises en œuvre en fonction des restrictions propres à chaque plateforme. Sur Instagram par exemple, la chasse aux tétons de femmes étant toujours d’actualité, les décolletés plongeants et autres t-shirts moulants prennent le relai. Chidera Eggerue, autrice à l’origine du #SaggyBoobsMatter (« les seins tombants comptent ») en a fait sa marque de fabrique. Surnommée « The Slumflower » sur les réseaux, la jeune femme de 24 ans arbore toutes sortes de décolletés, dévoilant une sublime poitrine tombante sortant des carcans imposés par les magazines, publicités, et l’offre pornographique classique. Alors qu’elle envisageait la chirurgie esthétique avant sa majorité, Chidera Eggerue a fini par rejeter les injonctions envers sa poitrine, pour embrasser pleinement la beauté de son corps au naturel. Ce self love, c’est d’ailleurs l’objet de son livre intitulé What a Time to be Alone, qui se veut manuel de réappropriation de soi en tant que femme dans un monde patriarcal.
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Sur Twitter, moins contraignant niveau censure sexiste visuelle, les femmes offrent aux utilisateurs et utilisatrices du réseau une représentation adéquate de leur corps au moyen de « nudes » (photo de nu) postés sur leur compte. Des petits seins, des gros seins, des seins qui pendent, des seins en transparence sous un t-shirt ou en gros plan, pris au reflex ou au smartphone… Il y en a pour tous les goûts, mais avant tout pour le self-love de l’autrice.
S’aimer soi avant toute autre personne, c’est aussi le crédo de Bertoulle Beaurebec. « Regardez les pornos, les magazines, le cinéma, la télévision, la publicité comme de la fiction. Car c’est bien de cela qu’il s’agit », conseille-t-elle, « Dans la vie réelle, personne ne se ressemble, il n’y a pas de modèle unique de beauté, et c’est tant mieux, on se ferait chier sinon ». Et l’actrice de conclure : « Pour plaire aux autres, il faut d’abord se plaire à soi. Plus que des seins, il n’y a rien de plus sexy que la confiance en soi ».
Image en une : Angela White
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