Alors que les États-Unis et Cuba s’apprêtent à renouer leurs relations diplomatiques, plusieurs journalistes ont évoqué l’idée de fêter cela avec un cigare. J’ai noté avec amusement qu’une présentatrice à la radio précisait « à fêter avec un cigare, pour papa ».
Il est entendu que le cigare c’est un truc de mec, même s’il est « fait main » c’est à dire traditionnellement roulé sur ses cuisses par une femme. Je me souviens qu’une ex m’avait reproché d’avoir opté pour un module plus gros qu’à mon habitude car cela lui donnait l’impression de me voir avec un phallus à la bouche. Certaines femmes répugnent à adopter un comportement aussi suggestif, surtout en public. Soit. Mais un parfum de scandale s’est toujours attaché aux femmes qui fument.
La pin-up avec un fume-cigarette est le prototype de la féministe pro-sexe. C’était scandaleux quand George Sand habillée en homme s’adonnait au plaisir de la pipe, c’était scandaleux à la libération quand une jeune fille acceptait la Lucky Strike d’un soldat américain, c’est scandaleux aujourd’hui encore quand j’offre un havane à une femme devant son compagnon.
J’ai initié quelques personnes au produit le plus emblématique de Cuba. Des hommes et des femmes. Aux débutants de tous sexes, je recommande de commencer par un module assez gros pour ne pas risquer d’être trop serré. Cela veut dire le diamètre d’un robusto au moins. Évitez donc les mille-fleurs. Il y a classiquement trois tiers dans le cigare: le foin (qui a peu de goût), le divin (équilibre parfait entre puissance et saveur) et le purin (ou la saveur trop concentrée est dénaturée).
Le débutant pourra jeter son cigare dès qu’il aura identifié ce goût. Les changements de goût sont plus ou moins marqués selon la marque et le module. A des débutants, je propose en général Cohiba, reconnaissable à sa bague jaune et à damier noir et blanc. Le siglo IV, par exemple, a la douce puissance d’une main de fer dans un gant de velours… Ceux qui veulent se partager un cigare peuvent se l’échanger à chaque bouffée pour éviter que l’un ai le foin, et l’autre le divin.
Le cigare est généralement associé à des personnages de pouvoir. Je pense par exemple à Clint Eastwood, dans des westerns où il incarne la force qui fera triompher le bien. On a chacun des images de fumeur en tête, du Ché à Churchill, de toutes tendances politiques mais toujours aux commandes, mais les images de femmes avec un cigare sont plus rares : la seule qui me vienne à l’esprit, c’est Rachida Dati… Mais il semble qu’elle n’était pas invitée à la table d’André Santini et Patrick Balkany lorsque un industriel du tabac avait financé un déjeûner du fameux Club des Parlementaires Amateurs de Havanes. La prochaine fois peut-être?