Le procès intenté à six féministes pour diffamation et injure publique par l'ex-élu parisien Christophe Girard, brocardé pour ses liens avec l'écrivain Gabriel Matzneff, va connaître son épilogue le 17 mai.
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Au croisement de la pop, de la soul et du R&B, le Genevois d’adoption Janti Sabak fait résonner sa musique avec une véritable sincérité. Aperçu d’un itinéraire singulier, à l’occasion de la sortie du très beau Silent Screams.
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Ce vendredi 15 mars, un homme a été insulté et violenté par plusieurs personnes dans un établissement du 10e arrondissement, où il passait la soirée avec des amis. L'attaque aurait été filmée et notamment diffusée sur Tik Tok.
L’article À Paris, un homme victime d’une violente agression homophobe dans un bar du 10e est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Les tribunaux de Tokyo et de Sapporo ont une nouvelle fois jugé que l'interdiction du mariage entre personnes du même sexe était « en état d’inconstitutionnalité » et violait de leur « droit fondamental de fonder une famille ».
L’article Japon : l’interdiction du mariage entre personnes du même sexe à nouveau jugée « inconstitutionnelle » est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Trois ans après son coming-out, le défenseur australien de 24 ans est désormais fiancé. Il a fait sa demande surprise depuis la pelouse du Coopers Stadium, où il évolue depuis quatre ans, avec le soutien de son club.
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Le 29 février 2024, lors d'un concert à l'Accor Arena de Bercy devant plus de 20 000 personnes, l'artiste a lancé des propos injurieux, extraits de son album Or Noir, incitant à la violence contre les personnes homosexuelles. STOP homophobie et Mousse déposent plainte.
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Du 23 au 26 février dernier, STOP homophobie a accueilli à Paris des membres du CSD Mittelhessen, une association partenaire de défense des droits des personnes LGBT+ basée à Giessen, en Allemagne, pour des échanges d'expertise et leur faire découvrir la capitale et ses monuments.
L’article Europe : L’amitié franco-allemande à l’heure du militantisme LGBT+ est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Fondé il y a quatre ans, Swiss Gay Fetish organise de discrètes soirées à thème quelque part dans le canton de Fribourg, selon une recette assez unique. Avec un brin d’appréhension, on s’est invité au sein de cette communauté à la réputation sulfureuse, mais où l'on trouve finalement beaucoup de bienveillance et de convivialité.
L’article Voyage en terre inconnue chez Swiss Gay Fetish est apparu en premier sur 360°.
The queen is back! L'icône drag américaine Sasha Velour fera escale à Genève le 5 avril sur la scène du Théâtre du Léman, avec son tout nouveau spectacle, The Big Reveal Live Show. Présentation d'un phénomène.
L’article «Le monde a besoin du drag» est apparu en premier sur 360°.
Tout à la fois electro, trash, hi-NRG et heavy metal, avec une louche de drag, le duo berlino-vénitien débarque aux Docks, samedi à Lausanne, dans les bagages de la soirée 360° Fever. On fait connaissance?
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Un collectif d’associations LGBT+, dont STOP homophobie, et de personnes transgenres et non binaires forme un recours devant le Conseil d’État. Revendiquant le droit de définir librement l'identité de genre, il demande l’annulation de deux circulaires de 2017 relatives au changement de prénom et de mention du « sexe » à l’état civil.
L’article Recours devant le Conseil d’Etat pour l’autodétermination des personnes transgenres est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Le président Akufo-Addo a déclaré que son gouvernement ne prendrait aucune mesure concernant le projet de loi anti-LGBTQ+, récemment voté par le Parlement, jusqu'à ce que la Cour suprême se prononce sur un recours en suspens. Il pourrait donc renoncer à promulguer le texte face aux pressions économiques.
L’article Loi anti-LGBT : Le président ghanéen renvoie sa décision à l’avis de la Cour suprême est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Deux chercheurs viennent de publier une sociologie de l’icône de la pop française, qui fédère autour d’elle toute une communauté, notamment gay.
L’article Mylène Farmer: des fans sans contrefaçon est apparu en premier sur 360°.
Les députés ont adopté à l'unanimité, en première lecture, mercredi 6 mars 2024, la proposition de loi portant reconnaissance de la Nation et réparation des préjudices subis par les personnes condamnées pour homosexualité, sur le fondement d'anciennes lois discriminatoires.
L’article L’Assemblée approuve à l’unanimité la proposition de loi de réhabilitation et réparation des homosexuels condamnés entre 1942 et 1982 est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Le tribunal de Padoue, près de Venise, a rejeté une requête du parquet qui contestait les actes de naissance d'une trentaine d'enfants de couples lesbiens, pour ne reconnaître que leur mère biologique.
L’article Homoparentalité : la justice italienne autorise la mention des deux parents à l’état civil est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
A l'initiative du Global Black Gay Men Connect, une pré-conférence portant le renforcement de la prévention contre le VIH/SIDA, à destination des publics issus de l'immigration, se tiendra à Munich en Allemagne, le 20 juillet prochain, quelques jours avant la 25ème conférence internationale de lutte contre le sida.
Des bourses sont offertes pour y participer, auprès des personnes concernées et intéressées.
L’article VIH/SIDA : Global Black Gay Men Connect vous invite à sa pré-conférence à Munich en juillet est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Du 4 au 10 mars, c’est la Semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose, une maladie chronique qui touche aussi les personnes queer ayant un utérus. Sauf qu’elles sont souvent plus éloignées du soin en gynécologie et ne bénéficient pas de l’information et du soin dont elles auraient besoin.
L’article Les personnes queer trop souvent oubliées de la lutte contre l’endométriose est apparu en premier sur 360°.
Les deux hommes, en couple depuis 20 ans, se sont unis à l'hôtel de ville de Nea Smyrni, une banlieue du sud d'Athènes, ce samedi 2 mars. Un nouveau moment historique pour le pays qui a tout récemment légalisé la mariage et l'adoption pour tou.te.s.
L’article Félicitations : Stavros Gavriliadis et Dimitris Elefsiniotis, premier couple homosexuel à se marier en Grèce est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Les députés et sénateurs français, réunis en Congrès à Versailles, ont voté ce lundi 4 mars, par 780 voix contre 72 et 50 abstentions, l’inscription de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG) » dans l’article 34 de la Loi fondamentale.
L’article La France, premier pays au monde à inscrire explicitement dans sa Constitution l’interruption volontaire de grossesse est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Un jeune homme de 20 ans a été condamné à une peine de huit mois de prison avec sursis assortie d'une mise à l'épreuve pour des violences exercées à l'encontre du coordinateur du centre LGBTQIA+ de Nice, également vandalisé.
L’article Nice : 8 mois de prison avec sursis pour l’agression d’un militant associatif est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Pour moi, le respect est très important. Mais mes amis gays s’expriment parfois de manière
L’article Ces potes qui adorent dénigrer autrui est apparu en premier sur 360°.
L'Alliance Police Nationale, principal syndicat des policiers, a désigné Alain Parmentier comme référent national LGBTQI+ en octobre 2023. Interrogé à ce sujet, il nous a exprimés sa volonté d'appliquer leur slogan, « Agir pour ne pas subir », à la lutte contre les LGBTphobies.
L’article Un référent LGBT+ nommé dans le premier syndicat de police est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Si certains états ont récemment opté pour la dépénalisation, ces dernières années ont surtout été marquées par une flambée de lois discriminatoires à l’égard des personnes LGBT+ sur le continent africain.
L’article 31 pays africains sur 54 répriment l’homosexualité, dont quatre jusqu’à la peine de mort est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
En 2022, la Suisse a mis quatre mois de plus que ses voisins à lancer la vaccination contre la variole du singe (Mpox), laissant en plan une communauté gay durement touchée. Un média alémanique a étudié les causes de ce raté.
L’article Mpox, un fiasco helvétique est apparu en premier sur 360°.
Cet article Magazine Julie : hommage à la presse qui prend soin des jeunes filles provient de Manifesto XXI.
Consacré aux jeunes filles âgées d’entre 10 et 14 ans, le magazine Julie a fêté ses 25 ans l’année dernière. On l’a feuilleté ou lu avec assiduité, on y a en tout cas trouvé un espace dont on se souvient avec tendresse. Et puis, alors que les chiffres révèlent un mal-être croissant chez les préadolescentes, on s’est demandé comment ça avait évolué avec #MeToo, Internet, l’époque ?Le constat est alarmant, les jeunes filles ne vont pas bien : il y a même « urgence » selon cette enquête de Mediapart qui cite une étude de la Dress faisant état de +63% de scarifications ou tentatives de suicide chez les jeunes filles entre 10 et 14 ans. Comment répondre au mal-être des ados ? Leur vulnérabilité est au cœur de l’actualité. Avec l’exposition des abus subis par Judith Godrèche, sous l’emprise du réalisateur Benoît Jacquot, la société est amenée à remettre en question le regard qu’elle porte sur les jeunes filles.
Sur une note beaucoup plus légère, en début d’année un vent de panique a soufflé dans le monde sucré des TikTokeuses beauté : impossible d’aller à Sephora sans être assaillie par une horde de petites filles de 10 ans qui se battent pour des produits skin care… Mais pourquoi serait-ce si gênant de partager son espace avec des pré-adolescentes ? Certaines ont plutôt été prises de nostalgie en repensant à leurs anciennes virées à Claire’s et à leurs après-midi passées à lire Star Club. Et évoquent des regrets face à ces espaces de liberté pour jeunes filles qui n’existeraient plus aujourd’hui… Vraiment ? La peau (hydratée) de l’ours a peut-être été vendue trop vite…
En 2019, l’ancienne rédac-chef de Sciences et Vie Junior lance le magazine Tchika, le présentant comme le premier magazine « d’empowerment » pour petites filles, en opposition aux autres magazines « plein de rose, de paillettes, parlant surtout de mode et de beauté ». Un beau projet… Et intéressant d’un point de vue marketing, à une époque où l’éducation non-genrée devient à la mode. Mais parler du premier magazine français d’empowerment est un peu rapide quand le magazine Julie existe depuis maintenant 25 ans. Créé par le groupe Milan, le magazine est à mi-chemin entre une version enfantine de Elle et un pendant féminin de magazines comme Astrapi, créé par la presse catholique.
La presse pour jeune fille, ce n’est pas vraiment une nouveauté. Dès 1905, l’hebdomadaire La Semaine de Suzette proposait déjà des histoires, des BDs et des conseils aux jeunes filles de la bonne société. Toutefois dans la fin des années 1990 qui a vu naître Julie, l’époque n’est plus tout à fait la même. La “femme libérée” est abonnée à Marie-Claire mais Alizée est sur le point de ré-introduire la figure de « Lolita » dans les mœurs et dans la mode.
Alors comment parle un magazine pour petites filles en 1998 ? Tout d’abord en les écoutant principalement. Alors que des termes comme « empowerment » et « sororité » ne font même pas encore partie du vocabulaire des Français·es, le but principal du magazine Julie à cette époque est de répondre aux interrogations des petites filles.
« On voulait faire un magazine qui donne un peu les conseils d’une grande sœur, qui parle aux petites filles de tous les sujets qui les préoccupait, même les plus intimes » ré-affirme Charlotte Villez, rédactrice chez Julie de 2006 à 2010. Le cœur du magazine est la rubrique « Confidences » aka le courrier des lectrices, qui met au centre des sujets comme la puberté, l’amour et la famille.
On pourrait critiquer cette formule de départ du magazine qui laisse la part belle à des sujets assez stéréotypiquement féminin : l’apparence et les relations sociales. Mais ce serait oublier d’une part le manque d’informations sur ces sujets pour les jeunes filles à l’époque : comme aujourd’hui, les cours d’éducation sexuelle étaient loins d’être à la hauteur de l’enjeu ; et d’autre part la concurrence était surtout occupée par la presse catholique, qui dans le meilleur des cas éludait ces sujets et dans le pire, propageait un discours conservateur, comme via le fameux Dico des Filles qui a bien mal vieilli.
Même si le terme « féministe » n’était pas directement employé, l’envie d’encourager les filles et de les pousser en-dehors des carcans était déjà là d’après Charlotte Villez : « On a toujours voulu montrer des portraits de femmes dans des métiers originaux, à des endroits on en aurait plutôt attendu un homme. »
L’ambition de l’équipe du magazine était de montrer que les filles ont autant le droit de rêver d’être pilote d’avion que d’être puéricultrice, et de lever les tabous et auto censures sur les métiers réputés « masculins ».
Mais comme nous sommes tout de même dans les années 2000 et que la concurrence avec les autres titres de presse pour jeunes filles fait encore rage, on trouve aussi des articles plus typiques d’un féminin, comme la mode qui a une grande place dans la formule des débuts. C’est là que l’imitation des magazines adultes est la plus flagrante, avec des vrais shootings de mode, parfois même réalisés à l’étranger. Un sujet qui a toujours été un peu épineux d’après Charlotte Villez : « On s’est toujours posé des questions sur cette rubrique : la mode a une place bien moindre dans la formule actuelle. Mais on ne voulait pas éluder le sujet complètement car cela intéresse beaucoup les lectrices. »
Nous sommes dans l’ère des « pop girls » trés féminines, on achète encore des posters, des CDs, la France s’arrête à chaque finale de la Star Academy : c’est l’âge d’or de Stars Club et de tous les magazines qui proposent des affiches et des paroles de chanson. C’est à cette concurrence que Julie doit faire face.
Parler aux filles sans en faire des lolitas ; assumer d’être un féminin sans aller dans les clichés, voilà l’équilibre que Julie a dû maintenir pour faire durer le titre jusqu’à aujourd’hui. Le magazine a évidemment connu plusieurs formules depuis ses débuts. La fin des années 2010 marquent un premier tournant : #MeToo change les discours, les pop-stars et l’hyper féminité font moins recette, on commence aussi à parler de body positivity et d’empowerment féminin. Julie change son fusil d’épaule : fini les starlettes et les shootings de mode. Le magazine mettra désormais les récits de femmes puissantes en avant et donnera de l’ambition aux jeunes filles.
Mais alors que tous les ingrédients étaient là, la sauce ne prend pas et les ventes du magazine chutent. Après enquête, l’équipe du magazine fait un constat : les jeunes filles ont de telles insécurités liées à leurs corps et à la puberté qu’elles n’arrivent pas à se projeter dans une lutte politique. Pascale Garres, rédactrice en cheffe actuelle de Julie, insiste beaucoup sur ce besoin de sécurité des lectrices : « Ce qu’elles voulaient c’était comprendre ce qui leur arrivait et qu’on les rassure sur leur normalité (si tant est que la normalité existe). Elles ne peuvent pas se lancer dans le monde et dans le combat féministe sans ça. »
Charlotte Villez quant à elle s’interroge sur la place des jeunes dans un débat politique mené par des adultes : « On demande beaucoup de maturité et de recul à des filles très jeunes. On voudrait qu’elles soient déjà hyper engagées et conscientes mais c’est nous les adultes qui projetons nos combats sur elles. »
10-14 ans c’est encore un petit peu tôt pour admirer Frida Khalo ou Sylvia Plath. Dans une société qui les bombarde plus que jamais d’image de femmes, le constat est là: en 2024, les jeunes lectrices luttent encore pour bien vivre avec leurs corps et leurs changements.
C’est là que le magazine Julie trouve sa force et fait d’elle encore une valeur sûre aujourd’hui : dans une société qui réussit à la fois à les infantiliser et à les sexualiser précocement, le magazine rassure, crée un safe space et initie ses jeunes lectrices à la sororité.
Captures d’écran du blog « Service d’urgence » de Julie
Cela fonctionne aussi parce que Julie n’est pas uniquement un magazine, mais aussi une communauté en ligne depuis 2006 avec la création du forum en ligne « Folili » puis du blog « Service d’urgence » qui permet aux jeunes filles de s’entraider sur les problèmes qu’elles rencontrent. Sur ces plateformes, les lectrices s’auto-gèrent et reproduisent l’esprit de bienveillance et de sororité du magazine, ce dont se félicite Pascale Garres : « Les lectrices se gèrent entre elles sur beaucoups de sujets ! (…) C’est bien qu’elles se rendent compte qu’elles sont aussi capables de régler leurs problèmes entre elles sans adultes. »
En cela nous devrions tous prendre exemple sur ces jeunes filles: elles réussissent à faire fonctionner une communauté d’entraide sereinement et sans shitstorm. Un exploit dont peu d’adultes peuvent se targuer aujourd’hui… La lectrice Julie de 2024 n’est peut être pas encore prête à coller des affiches la nuit et à manifester mais il y a une chose qu’elle a comprise peut-être mieux que nous : le vrai sens du soutien entre paires.
Mais la lectrice du magazine Julie d’aujourd’hui a aussi changé de ses prédecesseuses sur un autre point: elle tombe beaucoup moins dans le piège de l’hétérosexualité compulsive. La jeune fille de 2024 n’est plus autant dans la quête perpétuelle du garçon idéal, comme le constate Pascale Garres : « Nous recevons des questions qui sont nouvelles mais on remarque une constante : la volonté des lectrices de se conformer à un modèle. Or il se trouve que ce modèle a changé et qu’aujourd’hui, il n’est plus hétéronormé. »
Les conseils donnés aux filles les aident aussi à apprécier la liberté et l’étendue des découvertes que leur offre cette période de leur vie. L’envie de voir la beauté et non le danger dans la liberté des adolescentes : c’est ce qui fait la nécessite de raconter l’histoire d’un magazine pour « gamines » dans un média queer et féministe en 2024. Parce que l’on ne peut pas espérer élever une nouvelle génération de féministes en ne s’intéressant pas aux problèmes de l’enfance et de l’éducation ; parce que les jeunes filles sont les premières victimes des violences, qu’elles soient sexuelles, symboliques, psychologiques ; parce que l’apprentissage de la sororité ne commencera jamais assez tôt ; parce que le corps des jeunes filles est un terrain de combat que nous ne pouvons pas abandonner aux réformistes et aux conservateurs.
Aussi parce que les jeunes filles, loin d’être futiles et imbéciles, ont aussi des choses à nous apprendre, sur nous-mêmes et sur les modèles que nous voulons être.
En cela, écrire pour les ados n’est ni dérisoire, ni facile : c’est un défi et un devoir et Julie s’acquitte toujours de cette mission avec conscience et passion.
Relecture et édition : Apolline Bazin
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Les députés ghanéens ont adopté à l’unanimité un projet de loi élargissant le champ des sanctions pénales à l'encontre des personnes LGBT+ et de leurs alliés, ainsi que la promotion et le financement d'activités liées.
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Les députés tchèques ont refusé de légaliser le mariage entre personnes de même sexe, optant toutefois pour l'élargissement des droits légaux des couples à travers un partenariat civil, déjà autorisé depuis 2006, mais sans autorisation d’adopter.
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Les députés sont revenus sur plusieurs modifications votées par les sénateurs, rétablissant notamment le volet « indemnisations » prévu par le texte initial, ainsi que le périmètre temporel du texte.
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Pour mieux se faire entendre des institutions cantonales, la romande Alpagai et l'alémanique QueerWallis préparent leur mariage.
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Les sénateurs ont largement approuvé, mercredi 28 février, l’inscription dans la Constitution de « la liberté garantie » des femmes « d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse », dans les mêmes termes que l’Assemblée.
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Le 15 février dernier, la Grèce a légalisé le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe au grand dam des religieux qui réclament l'abrogation de la loi, menaçant notamment d'excommunier les parlementaires qui ont « comploté avec le diable » en votant favorablement.
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Dans 20’000 espèces d'abeilles, la réalisatrice espagnole Estibaliz Urresola Solaguren se penche (un rien longuement) sur une identité de genre en éveil. Avec sensibilité, subtilité et intelligence.
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Le gouvernement biélorusse a annoncé l'examen d'une proposition de loi visant à sanctionner la « promotion des relations familiales non traditionnelles », à l'instar de la Russie voisine pour restreindre l'exercice des libertés individuelles tout en réduisant au silence une communauté déjà marginalisée.
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La nouvelle série d'événements proposés par le Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités de l’Université de Genève, «Nus artistiques, nus politiques» s'ouvre ce mercredi avec une conférence abordant les transidentités au Moyen-Âge.
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Le Coco Loko, établissement LGBT friendly de Bordeaux, est depuis le mois de décembre dernier sous pression d’un voisinage raciste et homophobe qui, après avoir tagué d’injures son hall d’entrée, pourtant privé et sécurisé, uniquement accessible aux résidents de l’immeuble donc, menace le gérant, « s’il ne change pas d’activité et surtout de clientèle ». […]
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Papacito est convoqué ce 28 février 2024 devant le Tribunal judiciaire de Paris pour la diffusion de deux vidéos homophobes qui ont déclenché une vague de violences à l’encontre de Christian Eurgal, maire de Montjoi.
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2010, 2017... et voilà 2024! Pour la troisième fois, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, en collaboration avec divers instituts scientifiques et organisations nationales, lance son enquête EMIS.
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Réagissant à la nomination de Gabriel Attal à Matignon, le polémiste avait notamment estimé « impossible de confier les responsabilités d’un pays, d’un gouvernement à une personne faisant partie de la communauté homosexuelle », dans une interview au Média97+. Des propos constituant une violation flagrante de la loi réprimant la provocation publique à la haine ou à la violence homophobe.
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Neuf hommes, jugés « d'apparence féminine », ont été battus, humiliés et placés en garde à vue, ce 17 février, lors d'une descente de police dans un établissement culturel qui accueillait une « soirée inclusive » et donc trop controverse pour les autorités qui ont interdit l'événement.
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Cette année, Les Printemps de Sévelin s'ouvrent sur Atlas Da Boca, pétulant duo pour deux corps trans* de la chorégraphe et danseuse brésilienne Gaya de Medeiros. Interview.
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Deux jeunes de 17 et 20 ans ont été interpellés et placés garde à vue ce 18 février, suspectés de la dégradation de la vitrine du centre, taguée d'injures homophobes.
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Mon ami perd souvent le contrôle de lui-même pendant les rapports sexuels et me fait
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Admiral T, artiste de dancehall homophobe et de murder music notoire aux Antilles, continue de tirer des droits d'auteur auprès de la Sacem depuis 20 ans pour une chanson où il présente les homosexuels comme un fléau social. Pourtant depuis 2013, une école primaire porte son nom en Guadeloupe, sans réaction des services de l'Education Nationale.
L’article Guadeloupe : L’île n’en a pas fini de l’héritage homophobe de la « murder music » d’Admiral T (alias Campbell Christy) est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Cet article Joanna, de l’ombre de la dépression à la lumière de la guérison provient de Manifesto XXI.
Tout est dans le titre, WHERE’S THE LIGHT ? Pour son deuxième album, Joanna a composé à partir de la douloureuse expérience d’une dépression. L’artiste en est revenue, et avec un des plus beaux disques de l’hiver. Entretien.C’est une renaissance pleine de grâce et d’audace. Du RnB langoureux et fantasmagorique de Sérotonine (son premier LP), Joanna a évolué vers une large palette de sonorités électroniques. Les morceaux de WHERE’S THE LIGHT ?, soutenus par des passages techno ou des arrangements hyperpop, alternent harmonieusement avec les notes d’un piano mélancolique (« L’ORAGE N’A JAMAIS AUSSI FORT »). A sa façon, chaque chanson raconte le combat pour se reconnecter à l’envie de vivre (« FIGHTING »). Ces compositions riches de contraste ont une saveur particulière, puisque c’est la première fois que Joanna produit ses morceaux elle-même. Côté texte, une poésie de la résurrection se déploie sans éluder « ses démons » comme elle les appelle et les larmes si nombreuses qui ont coulé. Joanna parle toujours de sexe, de sensualité, d’un amour impératif puisque que demain tout peut s’achever (« APOCALYPSE »). Surtout, la chanteuse révèle une voix cristalline et envoûtante. Depuis notre dernière rencontre en 2019, nous avions donc beaucoup à nous dire. Joanna nous a parlé de ballades en forêt, de traumas, condition d’artiste indépendante et de catharsis.
Manifesto XXI – Cet album est un virage esthétique par rapport à ton premier. Je sais que tu crées beaucoup à partir du visuel, alors quel était ton moodboard pour la création de ce disque ? Quelles ont été tes sources d’inspiration ? Ta technique vocale a évolué aussi.
Joanna : Un élément important c’est que j’ai pris des cours de chant quand j’ai tenté l’Eurovision. Ça m’a permis de rencontrer mon potentiel vocal et je l’ai exploité quand j’ai commencé à écrire l’album. En parallèle j’ai passé beaucoup de temps dans la nature, particulièrement dans la forêt et ça a ouvert un truc en moi. C’est comme si, avec ma voix, j’allais chercher les profondeurs des bois. Ce sont les deux choses qui ont donné la couleur de l’album, cette envie d’aller très loin et d’observer des détails, comme pour méditer. J’ai aussi été très inspirée par la technique vocale de Caroline Polachek. Dans sa manière d’en parler en interview, j’ai senti sa passion pour le sujet et ça m’a inspirée. Dans les images je n’avais pas vraiment de référence consciente.
Quand tu es dans la nature et que tu prends le temps d’observer, grâce à la beauté des choses tout devient plus léger.
Joanna
Cet album parle de dépression, un épisode de maladie que tu as traversé. Où est-ce qu’on trouve des lueurs d’espoirs quand on a du mal à voir la lumière au bout du tunnel ?
Dans la forêt, le temps s’arrête. Quand tu te rends compte que le temps est une affaire de perception, dans le sens où chaque chose à sa temporalité, ça permet de sortir de l’urgence et de l’impatience, de toutes ces choses qu’on peut ressentir quand on est en ville. Quand ça ne va pas et qu’on a des attentes. Quand tu es dans la nature et que tu prends le temps d’observer, grâce à la beauté des choses tout devient plus léger. C’est là que tu trouves ton propre temps à toi, et que tu peux admettre que tu ne vas pas bien, que tu peux prendre le temps de guérir.
Tu es passée par de la déconnexion aussi ?
Oui bien sûr. Quand ça allait un peu mieux, j’ai pris une semaine toute seule en résidence pour me remettre dans l’album et je n’allais plus sur Insta. Je n’ai parlé à personne pendant 5 jours et c’est comme si j’avais reboot quelque chose. Je me suis retrouvée moi-même, et avec, la musique que j’ai envie de faire. C’est là que j’ai commencé à faire des prods, c’était comme un nouveau départ. Je pense que je n’avais pas eu de temps seule depuis très longtemps, peut-être parce que ça me faisait peur. C’est bateau dit comme ça mais il faut avoir du temps pour soi.
Je pense [que derrière ce changement] il y a un petit rejet de l’industrie de la musique. J’avais envie d’aller contre tout ce qui m’a fait du mal.
Joanna
Entre le premier et le deuxième album, tu passes d’une couleur RnB à des sonorités électro, voire techno assez marquées. Qu’est-ce que ça veut dire pour toi d’avoir trouvé plus de réconfort dans ces sonorités ?
Il y a deux choses. D’abord je me suis cherchée et c’est à travers le rap que j’ai repris l’écriture. Ça m’a beaucoup aidée à travailler ma poésie, et à partir du moment où j’ai repris l’écriture, mon entourage a changé et je me suis retrouvée plus proche .
Après j’ai toujours été un peu frustrée par les productions que j’ai depuis le début parce que j’étais un peu dépendante des personnes avec qui je travaillais et je n’avais jamais vraiment touché ce que je voulais musicalement. Quand j’ai pris confiance en moi et que j’ai fait le pas d’écrire mes compos, je suis retournée à ce que j’aime profondément. J’écoutais beaucoup de musique électronique ado. Autour de 13 ans, j’ai découvert l’ambient sur soundcloud, et c’est une scène qui m’a toujours porté. Je pense [que derrière ce changement] il y a un petit rejet de l’industrie de la musique. J’avais envie d’aller contre tout ce qui m’a fait du mal.
Qu’est-ce qui t’a fait du mal ?
Le fait de ne pas forcément avoir ma place en studio. Même si j’ai eu de la chance et que je ne me suis jamais vraiment marché dessus, j’ai toujours dû suivre l’avis d’un mec. J’ai été assez influencée, dans le sens où… comment dire ? J’ai toujours fait ce que je voulais faire, mais jamais exactement comme je le voulais. C’est une question de circonstances, et là j’avais vraiment envie d’écouter mon cœur, de trouver les accords qui me touchent vraiment et écrire à partir de ça, explorer. Avant je n’avais pas le temps pour ça, fallait tout le temps sortir des prods et des chansons, qu’en sortant du studio ce soit fini. Une « méthode rap » qui en fait ne me convient plus.
C’est ça qui est dur [quand tu es indépendant·e], rester rêveur et créer, tout en gérant ces sujets. L’un ne nourrit pas l’autre.
Joanna
Est-ce qu’il y a des choses que tu regrettes dans ta précédente era ?
Non franchement. J’ai toujours réussi à aborder les thématiques que je voulais, faire passer des messages, la musicalité était proche de ce que j’aime. Je ne regrette pas, au contraire, c’est grâce à ça que je peux faire la musique que je veux.
Sur ton compte Instagram, tu parles souvent de la difficulté d’être une artiste indépendante, qui a son propre label. Qu’est-ce qui est le plus dur pour toi à ce stade ?
Il y a plusieurs choses. Le premier c’est le sentiment d’être seul·e, et donc c’est important d’être entourée de gens qui comprennent vraiment ton projet, qui y croient. La deuxième chose, c’est l’industrie de la musique en tant que système. C’est en train de profondément changer, on est de plus en plus d’artistes (émergent·es) à avoir nos labels et nos sociétés. On construit sur notre volonté de liberté, en revanche ça reste très longtemps précaire, donc c’est dur financièrement. C’est dur de consacrer du temps aux réseaux sociaux aussi, de les nourrir puisque c’est là que tout se passe. Quand tu es indépendant·e tu as plein d’autres choses à faire, comme l’administratif. Ça fait une charge mentale de 4 personnes ! C’est ça qui est dur, rester rêveur et créer, tout en gérant ces sujets. L’un ne nourrit pas l’autre.
Quand tu parles du système de l’industrie de la musique, tu parles du productivisme ?
Le commercial oui. Typiquement sur un album, même s’il y a deux ans de travail et que des gens ont taffé dessus, si t’as pas de radio, t’as pas de médiatisation, si t’as pas de vues, tu fais pas de concerts… C’est un cercle vicieux. Parfois, je me dis que la dernière carte c’est d’aller bombarder sur TikTok et ce n’est pas ce que j’ai envie de faire. De toute façon, une carrière qui dure dans le temps met du temps à se consolider, et moi j’ai envie que ça dure toute la vie.
On peut guérir [des violences sexuelles] en étant là pour les autres. En se positionnant dans la vie de tous les jours. En fait, il faut extérioriser, il faut que ça sorte du corps. Ça prend du temps et tout le monde n’a pas conscience que notre corps a besoin de sortir [la violence].
Joanna
Dans l’album, la chanson « Ce n’est pas si grave » est suivie de « Je ne suis pas un objet ». Est-ce que tu penses qu’on guérit vraiment de ce genre de traumatismes ?
C’est tellement large comme question. C’est à la fois personnel, psychologique et politique. Dans un premier temps, on apprend à vivre avec. Guérir, c’est vraiment un pas. Il faut travailler sur soi pour ça. Quand j’ai écrit cette chanson, j’étais encore un peu dans le flou. Ce n’est que quand je l’ai chantée sur scène que j’ai réalisé ce que j’étais en train de dire. Je pensais que j’étais passée au-dessus, mais non je me suis rendue compte que j’étais toujours prise dans cette histoire, que j’étais toujours en colère, que ça fait toujours partie de moi.
On peut guérir [des violences sexuelles] en étant là pour les autres. En se positionnant dans la vie de tous les jours. En fait, il faut extérioriser, il faut que ça sorte du corps. Ça prend du temps et tout le monde n’a pas conscience que notre corps a besoin de sortir [la violence]. Ma manière c’est en tout cas de le faire à travers la musique, et en allant faire une psychothérapie (rires).
Il y a une possibilité de guérison en tout cas.
Oui, tous les chemins sont possibles. Le corps est capable de se remettre de tellement de choses.
© Erika Kamano
J’ai une question un peu plus intime pour toi : plusieurs de tes chansons parlent de désir pour des femmes, or on sait que les femmes bi et pan ont une santé mentale plus fragile. Est-ce que ça te parle ?
Je ne savais pas du tout ! C’est sûr que je me suis toujours sentie différente dans ce que je ressentais pour les autres, depuis toute petite. J’ai beaucoup été amoureuse de mes ami·es et je le traduisais en me disant que j’étais un garçon. C’est toujours là, même si je suis très féminine. J’ai commencé à en parler avec CHÉRI [voir leur feat « Torrent de larmes », ndlr], avec qui j’échange beaucoup sur ces sujets et c’est la première personne avec qui j’en parle ouvertement. Je ne me sens pas très légitime de me poser toutes ces questions, alors que j’ai totalement le droit… Mais oui je pense que ça joue dans mon rapport à l’amour, au corps.
Tu parles beaucoup de larmes dans tes chansons, qu’est-ce qui te fait pleurer ?
Beaucoup de choses ! La colère. Le passé aussi. L’injustice. Typiquement, dans ce qui se passe [en Palestine] en ce moment, tout déclenche les larmes.
Joanna sera au Trianon le 10 avril, retrouver toutes les dates de la tournée ici.
Image à la Une : © Erika Kamano
Cet article Joanna, de l’ombre de la dépression à la lumière de la guérison provient de Manifesto XXI.
Cet article État limite, un documentaire plaidoyer pour une autre approche de la psychiatrie provient de Manifesto XXI.
Jusqu’au 29 avril, le documentaire État limite de Nicolas Peduzzi est en ligne sur Arte.tv. Le film suit le quotidien d’un jeune psychiatre dans un système de santé en délabrement. À l’occasion de la projection du documentaire à l’ACID Cannes 2023, nous avons rencontré son réalisateur pour parler santé mentale et état de la psychiatrie en France.Comment bien soigner dans une institution malade ? C’est la question que pose État limite, nouveau documentaire du cinéaste Nicolas Peduzzi (Ghost Song, Southern Belle). Le film nous entraîne dans les couloirs de l’hôpital de Beaujon à Clichy, où l’on fait sans surprise le constat d’un manque drastique de moyens, de l’épuisement des soignant·es et de la souffrance des patient·es qui ne peuvent être accueilli·es décemment. Mais on y rencontre surtout Jamal Abdel-Kader, un jeune psychiatre qui nous emmène dans ses rencontres avec les patient·es et qui nous touche instantanément par son approche militante du métier.
Le Dr. Abdel-Kader livre dans État limite une vision tout à fait politique des problèmes psychiatriques, ne les reléguant pas à des faits individuels, mais à des facteurs systémiques. Tout d’abord, aux conséquences d’une société néolibérale qui nous met aux bans dès lors que l’on n’est plus productifs : « Le fou ne produit rien, donc on le jette », explique-t-il. Ensuite, à une tradition psychiatrique qui « prend les patients pour des cons », et crée très tôt des addictions aux médicaments. Enfin, à l’absurdité de la logique de rendement du système de santé public, qui demande aux soignant·es de rentabiliser quand la priorité est de créer du lien et dégager du temps avec les patient·es.
Ce que l’on retient du documentaire n’est, néanmoins, pas que ce portrait tristement sombre du système de soin français : c’est la force des mots, de l’humour et de l’engagement de Jamal, ainsi que de tous les soignant·es qui l’entourent, qui se battent corps et âme pour rétablir un rapport humain, amical et empathique avec leurs patient·es. La seule question étant de savoir jusqu’à quand ce dévouement peut tenir. Rencontre avec le réalisateur Nicolas Peduzzi.
Manifesto XXI – Est-ce que tu pourrais nous présenter État limite en quelques phrases ?
Nicolas Peduzzi: C’est un documentaire qui parle de la pratique d’un jeune psychiatre très humain, Jamal Abdel Kader. Jamal est un psychiatre de liaison, c’est-à-dire qu’il a une triple casquette. Il s’occupe des gens qui arrivent aux urgences, en psychiatrie, mais aussi des personnes qui ont des maladies génétiques graves qui nécessitent des soins quotidiens. Et parce que ces gens vivent presque à l’hôpital, leur psyché paye le prix de ça. Enfin, il s’occupe d’autres personnes qui sont isolées, seules, mourantes. Il intervient donc dans tous les services, c’est le seul psychiatre sénior de l’hôpital, et il forme aussi des internes.
Pourquoi avoir intitulé le film État Limite ?
C’est un peu un jeu de mot. L’état limite, c’est un état bipolaire en psychiatrie. Et pour moi, c’est plus largement l’état limite de notre hôpital, de notre société, du néolibéralisme. Je trouvais que c’était aussi intéressant de voir un psychiatre et des soignants qui sont à l’état limite de leur pratique, de leur vocation. Jamal se demande : « À quel moment on devient complice en voulant faire bien notre métier ? » En comblant les trous, en acceptant de continuer à travailler comme ça, comme des super héros… Est-ce qu’on ne devient pas complices du broiement du système public, de son échec ?
© GoGoGo Films
Comment tu t’es retrouvé à tourner à l’hôpital de Beaujon ?
C’est assez particulier : mon père a été transplanté à Beaujon dans les années 90 et les soignant·es lui ont sauvé la vie là-bas. Il s’agit donc d’un endroit que je connaissais avec ma mère, qu’on a vécu de l’intérieur. On y est retourné ensemble (ma mère fait les photos du film), pour voir comment le lieu avait changé et ce qu’il se passait aujourd’hui. Je connaissais pas mal de médecins là-bas, donc il y avait cette première entrée.
Vous saviez déjà ce que vous alliez filmer en arrivant ?
On avait l’idée avec ma productrice d’observer un peu, de faire des repérages sur les soignant·es, les internes qui font leurs premiers pas. Et par hasard, j’ai rencontré Jamal aux urgences. Quand il voit la caméra, il m’embrouille d’abord, il s’énerve. Et ensuite, on devient vite assez proche. Je lui demande si je peux le suivre, et je le suis pendant une longue période. On a passé 2 ans et demi à l’hôpital. Pas tous les jours, c’était très éparpillé, mais c’était des temps longs. On a filmé beaucoup de patient·es. Certaines scènes peuvent paraître courtes, pourtant on a passé tellement de temps avec eux. Jamal nous a guidé dans cet hôpital, ces immeubles, puisqu’il est le seul médecin à passer dans tous les services. Je suis tombé amoureux de sa pratique, de sa façon de faire, de son regard, de sa parole. C’était un coup de foudre amical et cinématographique sur cette personne.
Qu’est-ce qui t’a touché chez Jamal ?
À l’hôpital, j’ai été frappé de voir à quel point la santé mentale était délaissée, dans une société où ces problèmes de santé mentale sont une épidémie. Je le savais, mais de le voir à ce point-là… Avec Jamal, ça m’a donné beaucoup d’espoir de voir un jeune médecin regarder l’autre comme ça, de cette façon humaine et humaniste. Ça m’a aussi touché et aussi rendu assez triste de voir que lui aussi patissait, était victime de cet état des choses, des lieux, de cette société. Je trouvais ça effrayant qu’il soit traité comme ça par les institutions.
Comment est-ce que tu décrirais sa pratique ?
J’ai été touché par son extrême finesse avec le gens, son extrême intelligence. C’est fou parce qu’il fait les choses de façon très simple. Il crée du lien avec ses patient·es, il essaye de récupérer du temps, pour passer une heure, deux heures avec un·e patient·e. Pour lui, c’est thérapeuthique de passer du temps avec des gens qui n’ont jamais eu un regard posé sur eux. Sa bataille, c’est aussi que les gens se regardent différemment, et qu’on ne soit plus considérés comme des numéros. Il soigne les patient·es, mais aussi les institutions.
Tu as donc toi aussi eu des expériences dans des services de psychiatrie. J’allais justement dire qu’en tant que cinéaste, ça peut être compliqué d’approcher le sujet sans voyeurisme, si on n’est pas du tout familier du milieu.
Je lutte depuis mon enfance avec ces problèmes. et j’ai passé pas mal d’années ado dans des services de psychiatrie. Donc forcément, ça m’a tout de suite touché quand j’ai rencontré Jamal. J’aurais adoré rencontrer un mec comme ça adolescent. Je pense que ça m’aurait sauvé de plein de choses.
Jamal soigne les patient·es, mais aussi les institutions.
Nicolas Peduzzi
À propos de la présence de la caméra pendant les entrevues avec les patient·es, Jamal expliquait lors de l’avant-première du film : « Les patients oubliaient complètement sa présence parfois. D’autre fois, ça a aussi été une aide pour moi. Pour des personnes qui ont été très dévalorisées, qui ont eu un sentiment d’échec répété, et bien de sentir un regard posé pour eux, ça peut être tout à fait valorisant, thérapeuthique ». La caméra ne les gênait donc pas ?
Parfois j’appréhendais un peu de filmer les patients. Je me disais qu’ils n’allaient pas vouloir, que ça allait prendre trop de leur intimité. Mais c’est vraiment au cas par cas. Il y en a qui ne veulent pas du tout, que ça dérange. Pour d’autres, le plus souvent, ça peut être un objet thérapeutique. C’est des gens qui sont souvent très seuls, introvertis, et étrangement, le fait d’avoir une caméra, de se sentir vus, ça a pu les aider. C’est aussi parce qu’ils avaient envie de partager quelque chose à ce moment-là.
En voyant le film, je me suis quand même posé la question de la protection de certains patient·es qui témoignent. Par exemple, cette femme qui nous raconte les violences conjugales dont elle est victime. Comment avez-vous pensé au fait de préserver ces personnes, à la sortie du film notamment ?
Comme Jamal est psychiatre, il connaissait exactement les patients et leur situation. Quand il y avait un risque pour le patient, il me disait tout de suite : « Non, là, tu ne peux pas filmer ». J’avais complètement confiance en sa vision des choses en tant que psychiatre professionnel. Jamal a cette finesse de savoir s’il y a un danger ou pas. Par exemple, il y avait un jeune garçon de Marseille avait été victime de représailles par des gangs. On n’était même pas à 200 mètres, que le jeune homme nous a dit : « La caméra, c’est dangereux pour moi ». Dans ces cas-là, je mets des photos, ou bien on entend juste leur voix, ou on floute le passage. Tout ça on le voit vraiment et avec eux, au cas par cas.
On leur disait aussi que le focus de notre documentaire était la pratique de Jamal, sa parole. Et qu’évidemment, par la force des choses, on filmait certains patients, parce qu’on suivait Jamal partout. On leur expliquait que c’était un documentaire sur l’hôpital public, l’état de notre société et de la psychiatrie. Ils faisaient confiance à Jamal et ils sentaient aussi l’amitié entre nous. Ils voyaient qu’on était pas là pour faire des choses voyeuristes, mais pour montrer le travail des soignants.
Les gens qui ne sont pas productifs pour le néolibéralisme, sont exclus de notre société, cela n’intéresse pas nos gouvernements de les soigner.
Nicolas Peduzzi
Jamal n’approche pas la santé mentale comme un problème uniquement individuel, il inscrit la psychiatrie dans notre société néolibérale, avec le fait de vivre en ville, la façon dont on soigne habituellement les patient·es…
Oui, ça m’a vraiment frappé. Dans notre famille, on a tous quelqu’un qui souffre de problèmes psychiatriques, de dépression par exemple. Et il y a une tendance à dire : « Allez, vas-y, sors de ton truc ». Mais lui, ce qu’il explique, c’est que nos sociétés, nos villes particulièrement, créent des problèmes psychiatriques de masse. À un moment, il y a cette patiente, qui est addict et qui a perdu son bras et ses deux jambes à la suite d’un accident. Il explique aux sœurs de cette patiente que toute jeune, au lieu de lui parler, de la regarder, de juste créer du lien, on lui avait filé des médocs. Cela a créé des générations d’addicts. En France, on est un des pays le plus prescripteur et consommateur.
Dans le synopsis du film, tu dis que l’institution médicale est malade. Tu pourrais nous expliquer ?
Surtout la psychiatrie. La santé mentale, la psychiatrie, c’est quelque chose qu’on ne peut pas chiffrer. Donc les gens qui ne sont pas productifs pour le néolibéralisme, sont exclus de notre société, cela n’intéresse pas nos gouvernements de les soigner, et par la force des choses, il n’y a plus de moyens. Aujourd’hui l’hôpital public ne soigne plus les gens comme ils devraient être soignés. J’ai vécu beaucoup aux Etats-Unis, et ma frayeur c’est qu’en France on s’approche de plus en plus de même modèle : les gens qui n’ont pas les moyens de se soigner, on les laisse dans la rue.
État limite de Nicolas Peduzzi est disponible sur Arte.tv jusqu’au 29 avril. Sortie en salles le 1er mai.
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La plus haute cour de cet archipel des Caraïbes a rejeté vendredi 16 février un recours contre sa loi anti-gay, héritée du colonialisme britannique mais maintenue dans le code pénal de 1988. Un nouveau revers pour les militants qui dénoncent depuis des années la violence et les abus subis par la communauté.
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Cet article 50 ans de lutte pour le droit à l’IVG : rencontre avec Annie Chemla, militante historique provient de Manifesto XXI.
50 ans après la naissance du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC), je suis allée à la rencontre d’une de ses militantes, Annie Chemla. Portrait.Annie fait son entrée à la gare, un sourire radieux aux lèvres et les bras grands ouverts, prête à m’accueillir dans le tourbillon du récit de sa vie féministe. Presque une année s’est écoulée depuis notre rencontre autour du documentaire Mécréantes consacré au MLAC. Aujourd’hui, nos chemins se croisent à l’heureuse occasion de la sortie de son livre, Nous l’avons fait. Récit d’une libération féministe, paru le 25 janvier 2024 aux Éditions du Détour. Cet ouvrage autobiographique, déployé comme un journal intime, dépeint l’engagement d’Annie Chemla au sein du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC). Alors que la constitutionalisation du droit à l’IVG est en débat, ce récit vibrant, empreint de vœux d’héritage, s’adresse avant tout à nous, la relève féministe.
Récit d’une vie de combatsAnnie a grandi en Tunisie au sein d’une famille communiste et elle y vit encore au moment où la contraception, la pilule, le stérilet, et l’avortement, y sont légalisés. Son arrivée en France en 1969 est marquée par cette déconvenue : « le pays de la liberté » interdit tous ces droits qui lui étaient acquis dans son pays d’origine. Déjà syndiquée à l’âge de 26 ans, et après un divorce en 1973, elle refuse que l’accès à la contraception reste un souvenir confiné au passé. Prête à en découdre, elle plonge dans le tumulte du MLAC, un mouvement féministe mixte. Contre l’interdiction de l’IVG, il défie l’État français par la désobéissance civile en réalisant des avortements illégaux. Avec l’aide de médecins volontaires, les militantes apprennent à réaliser elles-mêmes des avortements grâce à la nouvelle méthode par aspiration, dite méthode Karman, qui consiste à aspirer le contenu utérin en faisant le vide dans un bocal, ce qui peut être fait par exemple à l’aide d’une simple pompe à vélo, et qui utilise un matériel souple et non traumatisant pour l’utérus. Une technique certes artisanale mais qui, contrairement aux curetages pratiqués dans les hôpitaux, a l’avantage d’être simple, peu chère, peu douloureuse et surtout sans risques, et peut donc être utilisée hors du milieu hospitalier. Le MLAC pratique des avortements illégaux, mais tout sauf clandestins, le message au gouvernement doit être clair : avec ou sans vous, nous avorterons. Annie Chemla se retrouve plongée dans cet élan collectif qui ne cesse de gonfler et de s’étendre sur tout le territoire français, regroupant à son apogée 15 000 militant·e·s. La fulgurance du MLAC donne naissance à une révolution corporelle ancrée dans une militance inédite : portée par la confiance que lui apporte le travail en équipe, elle s’octroie la possibilité d’apprendre ensemble, un pied de nez joyeux au pouvoir médical. Comme on apprend à bricoler son vélo, Annie découvre son propre col de l’utérus et comment insérer soi-même son stérilet.
Dans un premier temps, Annie ne pratique pas elle-même les IVG. Son rôle est celui de tenir la main – littéralement – à celles qui ont sollicité l’aide du MLAC. L’objectif de chaque antenne du collectif est double : obtenir une autonomie corporelle et organisationnelle en défiant le pouvoir institutionnel, tout en faisant pression pour légaliser l’IVG.
Très vite les demandes explosent, le MLAC de Paris peine à répondre à toutes les demandes, et certaines ne peuvent trouver de solution qu’à l’étranger : le MLAC organise des départs en car vers la Hollande ou l’Angleterre, après avoir négocié avec des cliniques sur place des « tarifs de groupe ». Lorsqu’il n’y a que cinq places pour une centaine de demandes, ce sont les femmes désirant avorter qui doivent elles-mêmes décider ensemble qui reste et qui part. Ces moments aussi forts qu’éprouvants, Annie ne les oubliera jamais.
Lorsque je l’interroge sur de possibles conflits au sein de son groupe, elle en évoque un marquant, celui des déclenchements : « À l’époque, certains groupes du MLAC, plus gauchistes, amorçaient l’avortement en utilisant l’aspiration pour le rendre inévitable, puis, au lieu de le conclure, ils conduisaient les femmes à l’hôpital pour exiger que le corps médical prenne la relève. » Elle poursuit: « L’objectif était de contraindre l’hôpital à prendre l’IVG en charge, et ainsi susciter un débat à l’intérieur de l’établissement hospitalier. Cette pratique m’a toujours révoltée, car la femme n’a aucun choix. Elle se retrouve seule avec le personnel hospitalier en colère, propulsée en porte-drapeau d’une lutte, alors qu’elle demandait simplement de l’aide dans un moment de détresse. »
Malgré cette divergence, le MLAC n’a guère de temps pour les querelles internes. Son organisation est horizontale, portée par un objectif clair. Les militantes sont débordées par la demande des femmes, ce qui laisse peu de place aux conflits d’égos.
De l’adoption de la loi Veil à #MetooLe 29 novembre 1974, la loi Veil est enfin adoptée ! Les militantes du MLAC célèbrent ce droit conquis de haute lutte, arraché par la force collective, et non concédé. Annie commence à pratiquer des IVG après cette avancée législative : la loi ne rembourse pas l’acte médical, qui coûte un demi-smic et est interdit aux mineures et aux immigrées. De plus, les médecins hospitaliers ignorent tout de la méthode par aspiration, alors les demandes auprès du MLAC persistent. Cependant, la motivation première d’Annie dépasse la nécessité d’aider, elle souhaite réaliser des IVG elle-même avant de perdre l’opportunité d’apprendre à les faire. Elle participe à la « reprise de la pratique » au sein du groupe MLAC Place des Fêtes et apprend le geste transmis par d’autres femmes. Cette puissance du « faire ensemble » et la manière dont elles entourent collectivement la femme en demande d’avortement la marquent profondément. Elle reste ensuite impliquée jusqu’à la fin du groupe, en 1980. Ce sont de médecins appartenant aux réseaux du MLAC que naîtront ensuite les premiers bébés éprouvettes, qui aboutiront à la légalisation de la PMA pour les couples lesbiens cisgenres et les femmes cis célibataires en 2022.
En 2011, Annie prend sa retraite et décide qu’il est temps de transmettre cette expérience de joie militante et de force du collectif qui ont tant bouleversé sa vie et lui ont permis de ne jamais baisser les yeux face aux médecins et spécialistes qui ont croisé sa route.
Elle commence alors à écrire son récit, bien que doutant d’être un jour publiée. Elle souhaite transmettre, et rappeler aux nouvelles générations féministes que si le MLAC l’a fait, nous pouvons le faire aussi. Ce nous, Annie y tient particulièrement. Son manuscrit est rythmé par les entretiens avec d’anciennes militantes et médecins, afin de rappeler que le succès du MLAC est celui de la force collective. Tout s’accélère une décennie plus tard, à l’occasion de la sortie du film Annie Colère réalisé par Blandine Lenoir. Présente à l’une des avant-premières, elle est bouleversée par la marée de jeunes féministes qui, à l’issue de la projection, s’empressent de venir la remercier. De là, l’envie de voir son texte publié se mue en urgence.
Ravie de rencontrer cette nouvelle génération féministe, elle reste préoccupée, regrettant que l’époque post-covid ne soit pas marquée par une frénésie utopique, propice à espérer des lendemains chantants. Se gardant de tous jugements agistes, elle espère néanmoins que nous saurons faire preuve de pragmatisme, en choisissant d’élire une gauche imparfaite afin d’endiguer l’avalanche autoritariste qui ne cesse de progresser. Parfois, la peur lui noue l’estomac, lorsqu’elle imagine partir de ce monde avec Le Pen au pouvoir.
Elle me confie aussi sa peine devant le virage réactionnaire de certaines de ses ex-sœurs de luttes à l’instar de l’historienne Marie-Jo Bonnet. La panique morale qui sévit autour des personnes trans la dépasse, elle qui a toujours lutté pour la liberté à disposer de son corps. À ses yeux, les personnes trans militant·e·s constituent bien une forme de relève du MLAC. Elleux qui, comme leurs aînées, s’organisent communautairement pour s’entraider et reprendre le pouvoir sur leur corps, défiant les institutions autant que les normes de genre.
Quant à la constitutionnalisation de l’IVG : « C’est un miroir aux alouettes », lâche-t-elle sans détour à France Inter. Elle me confie : « Je me méfie toujours des droits qu’on nous octroie, je préfère ceux que l’on conquiert. Les droits, on les conquiert et on les défend. Sinon, on régresse. » Depuis #Metoo, Annie Chemla reste cependant confiante, et sûre d’une chose : la relève est assurée.
Nous l’avons fait, Récit d’une libération féministe, Annie Chemla, Éditions du détour, 17€Relecture et édition : Anne-Charlotte Michaut, Benjamin Delaveau, Costanza Spina
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Cet article Suppression du Coin des LGBT+ : « Informer, c’est le premier maillon de la lutte » provient de Manifesto XXI.
[ Mise à jour : deux heures après la mise en ligne de cet article, le compte Instagram du Coin des LGBT+ est de nouveau visible. Le dernier post a été supprimé. ] Le plus gros compte d’information LGBT+ sur Instagram, Le Coin des LGBT+, a été définitivement supprimé hier, après la publication d’un post critiquant la politique de pinkwashing menée par l’État d’Israël et ses partisan·es. Contacté par e-mail, son créateur nous a partagé sa colère et son analyse de la situation.C’est une lourde perte pour l’Internet queer francophone. Ces dernières années, nous sommes nombreux·ses (y compris des journalistes) à avoir appris une info grâce au compte instagram @lecoindeslgbt. Le Coin était une page d’information précieuse, où on trouvait aussi bien le compte-rendu des agressions LGBTphobes en France que le récit des victoires législatives partout dans le monde et des partis pris politiques. C’était aussi un endroit d’échange pour ses followers. Bref, Le Coin était un espace essentiel, emblématique du fleurissement d’une génération d’activistes et créateurices de contenus politisés. À moins que la maison-mère d’Instagram ne revienne sur sa décision, il faudra désormais faire sans. Cette suppression rappelle cruellement qu’en 2024, la politique de modération de Meta reste opaque. Derrière la page du Coin des LGBT+, il y a un militant qui tient à rester anonyme, mais qui a toujours beaucoup à dire.
Manifesto XXI – Le Coin représente cinq années de travail bénévole, comment vous êtes-vous senti en recevant la notification de suppression ?
Le Coin des LGBT+ : D’abord, un sentiment d’injustice. Instagram n’a que très rarement puni ceux qui m’insultaient ou me menaçaient de mort quotidiennement. Même ceux qui se sont filmés dans une forêt en train de brûler des drapeaux avec mon nom dessus sont encore là. Par contre, la critique d’Israël vaut une désactivation en moins de 6 heures.
Et puis le sentiment d’un grand gâchis. Cela fait 5 ans que je partage quotidiennement les actualités LGBT+, de manière détaillée et contextualisée de sorte que les ados comme les adultes puissent facilement les comprendre. Je proposais aussi régulièrement des posts sur l’histoire et la culture de notre communauté. En outre, des posts de discussion permettaient aux 240 000 personnes abonnées à mon compte d’échanger sur des sujets divers, de témoigner et de s’entraider. Et on sait à quel point les plus jeunes de notre communauté ont besoin de cette entraide !
Par ailleurs, étant professeur d’histoire, je regrette que cette trace de notre histoire récente, aussi infime soit-elle, ait entièrement disparu.
Avez-vous archivé votre travail en dehors de la plateforme ?
Certains de mes posts sont aussi sur X (anciennement Twitter) mais on ne retrouvera jamais l’ensemble des publications, la communauté et les milliers d’échanges qu’il y a eu entre LGBT+ sur ce compte. De plus, Instagram permettant un format plus long que Twitter, les éléments de contexte y étaient bien plus riches et détaillés.
Instagram vient de trancher en appel : mon compte @Instagram (240 000 abonnés) est définitivement supprimé pour avoir critiqué le pinkwashing de l'état colonial israélien et de ses propagandistes. Cinq ans de travail quotidien définitivement supprimé. https://t.co/AGiGMg7Qu6 pic.twitter.com/uB1b9rLx7j
— Le coin des LGBT+ (@lecoindeslgbt) February 6, 2024
Ce n’était pas la première fois que le compte était menacé de suspension mais cette suppression se produit suite à un post de critique de la politique de pinkwashing menée par Israël et ses propagandistes. Selon vous, qu’est-ce que cela dit de la place des voix minoritaires critiques sur Internet depuis le 7 octobre, et en général ?
Le pinkwashing de l’État colonial israélien – c’est-à-dire l’instrumentalisation des droits LGBT+ pour justifier auprès d’un public occidental la colonisation, l’apartheid et le génocide perpétrés par Israël en Palestine – est une construction récente (environ quinze ans), organisée par le gouvernement israélien et financée à coup de millions d’euros. Sur ce sujet, je vous renvoie à Mirage gay à Tel Aviv de Jean Stern (aux éditions Libertalia, ndlr). Cette stratégie est soutenue activement par des propagandistes influents dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Le fait qu’un gros compte LGBT+ comme « Le Coin des LGBT+ » dénonce depuis bien avant le 7 octobre ce qu’Israël fait en Palestine et refuse que les droits LGBT+ soient utilisés pour justifier ces crimes, est fâcheux pour ces propagandistes qui ont tout tenté pour me faire taire : ils m’ont insulté, menacé, traité d’antisémite et ont signalé massivement mes posts, ce qui a généré la suppression de mon compte par Instagram. Un procédé classique auquel aucun·e militant·e dénonçant le génocide n’échappe, mais certain·e·s subissent une pression bien plus insoutenable : les militant·e·s Palestinien·ne·s, comme Rima Hassan par exemple.
J’ai tout donné dans l’espoir qu’un jour les enfants de notre communauté ne pleurent plus, seuls dans leur lit le soir, pendant que leurs parents sont à mille lieues de savoir ce qu’ils traversent… Mais si peu de choses ont changé, je suis toujours autant en colère. Nos enfants pleurent encore le soir.
Le Coin des LGBT+
Pouvez-vous revenir sur la naissance du Coin ? Y a-t-il un événement particulier qui vous a poussé à lancer la page ?
J’avais 25 ans. J’étais en colère. En colère d’être né dans un monde qui me forçait à me battre pour simplement exister. Une colère que rien ne pouvait apaiser. J’ai créé ce compte sur un coup de tête. J’ai grandi, évolué, progressé en même temps que « Le Coin des LGBT+ ». C’est grâce à ma communauté que j’ai réussi à faire mon coming-out en 2021. J’ai tout donné dans l’espoir qu’un jour les enfants de notre communauté ne pleurent plus, seuls dans leur lit le soir, pendant que leurs parents sont à mille lieues de savoir ce qu’ils traversent… Mais si peu de choses ont changé, je suis toujours autant en colère. Nos enfants pleurent encore le soir.
Le compte rassemblait 240 000 abonné·e·s, ce qui en fait le plus gros compte d’information LGBT francophone sur Instagram. Qu’est-ce que ça raconte de la place accordée aux sujets LGBTQIA dans le paysage médiatique ?
La vraie plus-value du compte, il me semble, était de pouvoir accéder facilement et gratuitement à une part de l’actualité, l’actualité de la communauté LGBT+, qui n’a presque jamais sa place dans les médias dominants. Comme pour les autres oppressions, la plupart des médias en parlent rarement et rarement correctement. Ils se bornent à quelques agressions et aux pays qui ouvrent le mariage aux couples de même genre. Ils en parlent si peu et si mal que beaucoup pensent que les LGBTphobies, c’est fini ! Mon principal but avec « Le Coin des LGBT+ » était de « reconstruire » le problème par l’actualité en montrant que les LGBTphobies sont partout et tout le temps : informer sur le problème, c’est le premier maillon de la lutte.
Refuser de dire le réel, ce n’est pas de la neutralité.
Le Coin des LGBT+
Le travail de veille quotidien effectué pour Le Coin vous place en fin observateur de la presse. Quelles critiques avez-vous à formuler concernant la presse ?
Je pourrais en parler des heures ! Je vais essayer de faire court en mentionnant quatre points qui me paraissent les plus notables :
Tout d’abord, l’actualité LGBT+ souffre souvent d’informations tronquées, décontextualisées, qui glorifient le résultat final en invisibilisant la lutte des premier·e·s concerné·e·s et les « manques ». Par exemple : la presse oubliera volontiers de préciser que la fameuse « interdiction des thérapies de conversion en Allemagne », présentée comme une avancée remarquable permise par la seule volonté du parlement, n’interdit pas ces tortures si la victime a plus de 18 ans.
Ensuite, et c’est lié, je remarque parfois une méconnaissance manifeste du processus législatif : je ne compte plus les fois où toute la presse s’est félicitée d’un nouveau droit pour les LGBT+ alors qu’il ne s’agissait que de la première lecture d’une proposition de loi dans seulement une des deux chambres du parlement d’un pays… Je comprends que cela permette de faire de beaux titres pendant deux ans mais tout de même !
J’aborderai aussi la fausse neutralité : la plupart des médias croient qu’en qualifiant un acte homophobe d’homophobe, ils ne sont plus neutres. Ils préfèreront alors des phrases comme « l’individu a tenu des propos jugés homophobes par une association ». Refuser de dire le réel, ce n’est pas de la neutralité.
Pour finir, et c’est le plus important, une partie de la presse participe elle-même à diffuser la haine anti-LGBT+ et particulièrement anti-trans. Du Figaro à Valeurs Actuelles, en passant par Le Point ou Charlie Hebdo, de nombreux médias se sont spécialisés dans les paniques morales transphobes.
C’est aussi lutter pour notre cause que de lutter contre la précarité et la casse sociale.
Le Coin des LGBT+
Quels enseignements tirez-vous de ces années d’activisme médiatique en ligne ? Vous avez notamment soutenu des campagnes comme Rien à guérir qui ont eu un impact.
Ma participation à la campagne #RienÀGuérir, pour faire interdire les thérapies de conversion en France, est en effet ce dont je me souviendrai le plus longtemps de toute cette aventure. J’y ai consacré une énergie phénoménale, en coordination avec des militants remarquables et courageux, comme Benoît Berthe Siward et Jean Michel Dunand.
Le seul enseignement que je retire de cette campagne, c’est qu’il faut parfois être inventif quand on n’a pas les moyens d’organiser des grosses actions dans le monde réel. C’est depuis mon canapé que j’ai contacté par messages Instagram toutes les célébrités que je connaissais pour leur demander d’exiger en public à Christophe Castaner (alors président du groupe LREM à l’Assemblée nationale) de programmer l’examen de la proposition de loi interdisant les thérapies de conversion (ce qu’il refusait de faire). J’ai été moi-même surpris du succès de cette action : Eddy de Pretto, Hoshi, Marie Papillon m’ont répondu « oui » tout de suite et des dizaines de célébrités ont alors suivi ! C’est encore depuis mon canapé que j’ai coordonné des dizaines de vœux dans les conseils municipaux de villes françaises pour demander l’interdiction des thérapies de conversion. Pour cela, il m’a suffi de pousser mes abonné·e·s à solliciter leurs élu·e·s dans toute la France avec une lettre type : Grenoble, Rennes et Montreuil ont ainsi adopté ce vœu pour demander au Parlement de légiférer.
Quels sont vos conseils pour celleux qui vont continuer d’informer sur des sujets LGBTQIA sur Insta ?
Mes points de vigilance sont les mêmes pour toustes celleux qui luttent contre les LGBTphobies, peu importe où iels se trouvent sur la chaîne du militantisme :
Article mis à jour le 7 février à 18h50.
Le Coin des LGBT+ restera actif sur X (Twitter), suivre ici.
Image à la Une : Léane Alestra
À relire au sujet de la censure sur Instagram :
• Tribune. Fury at the censorship of the net by Romy Alizée (2018)
• Censure : Bientôt l’heure des comptes pour Instagram ? (2019)
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Avec La Mia Danza, le réalisateur tessinois Filippo Demarchi explore sa passion contrariée pour la danse comme révélateur d’un destin. Présenté l’an passé aux Journées de Soleure, ce film intense et émouvant est désormais disponible sur Play Suisse.
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Ils ont poignardé la victime une trentaine de fois à la tête, avec un couteau de chasse, après l’avoir attirée dans un parc près de Warrington dans la région de Liverpool. Ils ont été condamnés à la prison à perpétuité avec des peines de sûreté de 20 et 22 ans.
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On a sans doute plus de chance de mourir quand on est une personne LGBT+ en Haïti qu'ailleurs, en raison des affrontements avec les gangs et narco-trafiquants suscitant une relative indifférence à l'échelle internationale, où il existe à présent un désintérêt pour ce petit pays pauvre et francophone en crise depuis longtemps.
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Le replay de la rencontre entre l’Olympique Lyonnais et l’Olympique de Marseille du 4 février 2024, en clôture de la 20e journée de Ligue 1, n’est désormais plus disponible sur la plateforme d’Amazon Prime Video qui l’a supprimé « en raison d’événements prônant la haine, la violence ou la discrimination envers une personne ou un […]
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Cet article C’est quoi la PU$$Y NIGHTMARE ? 3 questions à OKO DJ provient de Manifesto XXI.
Imaginée par OKO DJ, la soirée PU$$Y NIGHTMARE est de retour ce vendredi 9 février à La Station. On a demandé à la programmatrice de nous présenter cette nuit qui commence toujours par un rituel magique en mixité choisie.À l’affiche de vendredi, OKO a convié ojoo, mad miran, js donny qui se produira en live avec sila xd, et Zoé Couppé pour une performance. Chacun·e nous a donné une track qui incarne l’esprit de la PU$$Y NIGHTMARE selon iels.
Manifesto XXI – C’est quoi pour toi la définition d’un PU$$Y NIGHTMARE ?
OKO DJ : Il y a 4 dimensions importantes quand je fais un event PN. La première, c’est le rituel en mixité choisie avant la teuf. Ce moment sacré, c’est la pierre angulaire de l’event et ça permet d’infuser un nouveau rapport à la fête qui se déroule ensuite.
La deuxième, c’est un line up en mixité choisie également : fem, personnes queers, et personnes non binaires. C’est important pour moi de mettre en avant les projets et la vision artistique unique de ces personnes, et de leur offrir un espace pour l’expérimentation. J’encourage toutes les personnes qui performent dans une soirée PU$$Y NIGHTMARE à se sentir libres d’essayer de nouvelles choses. Je suis donc ravie que js donny se produise pour la première fois en live sous une formation spéciale avec accompagnement batterie par sila xd. Amalia Jaulin, la scénographe, va aussi explorer de nouvelles pistes qui sortent un peu de son travail habituel. C’est ce que je veux offrir aux artistes, et au public qui reçoit ces expérimentations.
La troisième, c’est par rapport à la DA musicale : au minimum un live, et la volonté de sortir du registre électronique. Cette fois-ci, c’est via le live soft metal de js donny x sila xd, tout comme ça a pu l’être avec les performances des artistes trap Lamb ou Countess Malaise que j’ai invitées lors d’éditions précédentes.
La quatrième, c’est l’envie d’accorder une importance aux « à-côtés » de la musique, par exemple en collaborant avec des vidéastes, avec une styliste (grand merci à Caroline Dussuel [@carokenzy]) qui a fait les looks de plusieurs artistes, et une scénographie sur mesure par la talentueuse Amalia Jaulin (merci à elle également) qui vient sublimer le booth placé au centre de la salle pour la teuf, toujours pour explorer cet aspect rituel avec un point focal au centre et les gens autour.
Pourquoi organiser un cercle et rituel en mixité choisie avant la soirée ?
Aujourd’hui, lorsqu’on appartient à certains groupes de la population, malheureusement on est encore obligé·e de lutter au quotidien. Lutter pour se faire entendre, pour être en sécurité, pour faire valoir ses droits et exister en tant qu’être humain libre et souverain. On dispose de beaucoup d’espaces de luttes pour les droits de ces groupes de personnes au sein de la société, dont les femmes, les minorités de genre, les personnes de couleur… Ces espaces sont indispensables et je suis ravie de leur existence.
En revanche, on manque cruellement d’espaces pour célébrer ces différences qui sont à la racine de nos luttes, mais qui sont aussi la source de notre beauté profonde, de ce que nous avons de plus beau à offrir au monde. Avec le cercle sacré en début de soirée, j’offre un espace où l’accent est mis uniquement sur la joie et la célébration de qui nous sommes, pour lâcher le mental, se connecter au cœur et à notre magie intérieure ; et je l’espère se nourrir spirituellement et énergiquement pendant quelques heures, afin de pouvoir être plus apaisé·e et ancré·e pour le reste de notre journée ou semaine. C’est aussi un moment qui opère dans l’intimité et le calme, pour une vingtaine de personnes uniquement, bien loin de l’effervescence de la fête qui a lieu ensuite. Pour que la musique puisse se déployer, il faut d’abord « faire silence ». Enfin, chaque personne qui a pu se déposer au sein du cercle va ensuite devenir une sorte de gardien·ne de l’énergie bienveillante tout au long de la soirée, à sa façon.
Côté scénographie, à quoi peut-on s’attendre ?
Pour la scéno, je travaille avec la brillante Amalia Jaulin avec qui j’ai déjà collaboré pour ces événements. Un très grand merci à elle pour son investissement et ses précieuses créations. Elle comprend très bien l’univers imprégné de magie que j’explore dans ces events. Une des inspirations principales d’Amalia, c’est l’eau, ce qui marche parfaitement avec l’univers PN qui met en avant la nature, les éléments naturels, le monde invisible.
Je lui laisse carte blanche car j’ai entièrement confiance en son art, et j’aime que PN soit un espace d’expérimentation où chaque artiste qui s’y investit peut essayer des choses nouvelles. Amalia m’a parlé d’une récup de matériaux un peu différents de ce avec quoi elle a l’habitude de travailler, ce sera donc l’occasion pour elle de tester quelque chose. On peut s’attendre à une scéno pleine de magie avec un dj booth au centre de la salle de la station, et une scéno suspendue entre textures organiques et natures mortes étranges. J’ai tellement hâte de voir le résultat !
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Une track qui représente l’énergie de la soirée ?Zoé Couppé (performance) : Decha – « Voj a Ver »
« J’écoute ce morceau comme une berceuse, parfois pour m’endormir, parfois pour me réveiller. J’ai l’image en tête du moment où l’on a vu Decha en live avec Marine, en Auvergne, en été. Elle se tenait droite face à nous, elle nous parlait en chantant, et dans son dos, la pleine lune l’éclairait. »
ojoo (dj set) : Lady Saw – « Backshot »
« One of the most badass women in dancehall – let’s go 😀 »
js donny x sila xd (live) : Kidneythieves – « K »
« Femme rock energy, spiritualize the sensuality »
mad miran (dj set) : The Golden Palominos – « Ambitions Are »
« Indestructible femme energy sounds excellent in combination with big bass and breaks. Soundtrack our words. We are indestructible so accompany our words with indestructible beats. »
OKO DJ (dj set) : BigKlit – « Grown »
« One of my fav trap artists out there, so badass and master at blending trap and metal in the productions she raps on! ‘Bitch I’m a grown as$$ woman!!!!’ The lyrics say it all… »
PU$$Y NIGHTMARE, vendredi 9 février à La Station
Propos recueillis par Apolline Bazin et Sarah Diep
Image à la Une : © Amalia Jaulin
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Lausanne accueille la première expo monographique en Suisse de l’artiste Babi Badalov. On y découvre un itinéraire singulier entre Bakou, Leningrad et Paris, et les créations graphiques et poétiques foisonnantes de celui qui a choisi Pasolini et Genet comme figures tutélaires.
L’article Babi Badalov, poète, punk et nomade est apparu en premier sur 360°.
Un tribunal d'Erevan a refusé une demande d'extradition de la Russie concernant Salman Mukaev, qui a fui la république de Tchétchénie après avoir été torturé pour soupçon d'homosexualité.
L’article L’Arménie rejette la demande d’extradition d’un « homosexuel Tchétchène » recherché par la Russie est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
J’ai 33 ans. Est-il encore utile de me faire vacciner contre les HPV?Marc Salut Marc!
L’article Trop tard pour me faire vacciner contre les HPV? est apparu en premier sur 360°.
En dépit des multiples alertes auprès de leur bailleur, mairie ou police, Laurent et Lionel vont devoir déménager, pour garantir leur sécurité, hors de la ville de Vitry, où le couple s'était installé depuis une trentaine d’années.
L’article Harcelé par un voisinage homophobe, un couple gay contraint à quitter Vitry-sur-Seine est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Leur peine sera annulée et 3 000 euros leur seront versés, ainsi que 1.500 dollars par année de détention. 11 000 personnes seraient concernées.
L’article Entrée en vigueur de la loi d’indemnisation des personnes condamnées pour homosexualité en Autriche est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Cinq associations, dont STOP Homophobie, organisent le 6 février 2024 une conférence sur les discriminations et violences subies par les personnes LGBT+ dans les pays criminalisant l'homosexualité et la non-conformité de genre, via le nouveau rapport présenté pour la première fois en français « Nos identités en état d'arrestation » d'ILGA WORLD.
L’article [Conférence internationale] Panorama mondial des persécutions anti-LGBT+ est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Dans Retour en Alexandrie, le réalisateur égypto-suisse Tamer Ruggli nous embarque dans un singulier voyage peuplé de fantômes, avec Nadine Labaki et Fanny Ardant.
L’article Retour en Alexandrie, se laisser séduire par tout ce qu’on a voulu fuir est apparu en premier sur 360°.
«Je me définis comme asexuel·le·x et j’aimerais trouver des personnes queer pour échanger à ce
L’article Vous avez dit «asexuel·le·x»? est apparu en premier sur 360°.
STOP Homophobie et Mousse portent plainte contre l’ex-direction du Collège privé catholique Stanislas, pour discrimination liée à l’orientation sexuelle, après l'exclusion d'une élève, accusée de militantisme pour avoir dénoncer les comportements et propos homophobes de membres du personnel.
L’article Collège Stanislas : plainte pour discrimination LGBTphobe est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Au commencement était la Fin et la Fin était auprès du Commencement. Et la Fin était le Commencement. Il était une fois...
L’article Il était une fois… est apparu en premier sur 360°.
Un professeur de 27 ans de l’IUT de Saint-Malo a été retrouvé sans vie à son domicile. Il aurait mis fin à ses jours mais avait préalablement déposé plainte suite à des lettres anonymes de menaces, notamment homophobes.
L’article St-Malo : un enseignant, victime de menaces de mort homophobes, retrouvé sans vie à son domicile est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Cet article Split : Iris Brey nous a raconté la genèse de sa première série provient de Manifesto XXI.
Iris Brey s’affirme depuis plusieurs années comme une des théoriciennes françaises du « regard féminin » au cinéma. Cette année, elle passait du concept à la pratique en réalisant sa toute première œuvre à l’écran, la série Split. Interview, avec spoilers.Autrice de Sex and the Series (2016) et Le regard féminin (2019), Iris Brey propose dans ses ouvrages une nouvelle manière de créer des images : un « regard féminin », qui permettrait de faire ressentir aux spectateur·ices les expériences que traversent les personnages féminins, rendus sujets – et non plus objets – du récit.
Ce sont ces théories qu’Iris Brey a souhaité mettre en pratique avec Split, la nouvelle série lesbienne sortie sur France.tv Slash, qui raconte la rencontre amoureuse entre Eve, une actrice incarnée par Jehnny Beth, et Anna, sa doublure cascadeuse, jouée par Alma Jodorowsky. À l’occasion de la projection de Split au festival du film LGBTQIA+ de Paris Chéries Chéris en novembre dernier, Manifesto XXI est allé à la rencontre de la réalisatrice pour en savoir davantage sur ses intentions à l’origine de la série.
Manifesto XXI – Comment êtes-vous passée de la théorie du cinéma à la pratique de la réalisation d’une série ?
Iris Brey : J’étais très imprégnée des films que j’avais analysé dans Le regard féminin, et j’avais envie de créer des récits qui racontaient vraiment ce que pouvait ressentir une héroïne. J’avais aussi envie de montrer une sortie de l’hétérosexualité, parce que c’était quelque chose que je n’avais pas vu dans les films que j’avais analysés. Donc je vois vraiment Split comme la continuité de Sex and the series, Le regard féminin, mais aussi de La culture de l’inceste.
Dans Le regard féminin, vous montrez comment l’on pourrait créer de nouvelles images féministes, sur trois niveaux : dans l’écriture du récit (l’intrigue), dans la manière de filmer (la forme filmique), et dans le processus même réalisation du film (vis-à-vis, par exemple, des rapports de pouvoirs sur le plateau, ou encore de la composition des membres de l’équipe). Comment avez-vous mis en pratique ces trois niveaux de réflexion dans Split ?
Si l’on commence par la forme filmique, ce que je défends dans Le regard féminin, c’est qu’il a fallu trouver nos propres codes visuels pour raconter nos propres images, et je pense que c’était ça pour moi l’enjeu du split screen [Division visible de l’écran en plusieurs images simultanées, ndlr]. J’ai découvert que la première fois qu’il avait été utilisé, c’était dans un film qui s’appelle Suspens [1913], réalisé par une femme [Lois Weber]. Elle l’a utilisé pour montrer une femme qui avait peur, alors que son mari était parti et qu’un voleur arrivait chez elle. Le split screen y était donc utilisé comme un triangle, il y avait trois cases pour montrer ces trois actions. Je me suis dit : « C’est fou qu’il ait été inventé par une femme, pour raconter une angoisse d’un personnage féminin » .
Puis j’ai eu envie de retourner cette origine-là : d’utiliser le split screen pour raconter les sensations que traversent des corps féminins, et non pour montrer deux actions simultanées, ou pour faire monter le suspens ou la pression de temps. Je voulais l’utiliser davantage comme un geste impressionniste, montrant des sensations par touches. Le but n’était pas d’expliquer les sensations, mais de créer des images qui donnent des sensations quand on les voit, en créant une atmosphère, des matières, quelque chose de doux. L’idée étant que chaque spectateur·ice puisse interpréter et s’approprier cette grammaire visuelle.
Ensuite, au niveau des références, les images de réalisatrices comme Barbara Hammer et Germaine Dulac nous ont beaucoup accompagnées dans la création d’une sensation.
L’idée était de ne pas tout focaliser sur des parties génitales, sur les seins ou fesses par exemple, mais de filmer d’autres parties du corps. Quand on regarde quelqu’un·e, on peut trouver beaucoup de parties du corps érotiques.
Iris Brey
Comment filmer le désir que porte un personnage féminin sur un autre, sans objectifier ce dernier ?
Je voulais faire en sorte de ne pas les filmer comme des objets, et aussi qu’elles ne se regardent pas comme des objets l’une et l’autre. Je voulais leur donner du corps, de la chair, une subjectivité et une capacité d’agir. Et ça passe par plusieurs choses. Dans l’écriture et le script d’abord, par le fait qu’elles se demandent beaucoup de quoi elles ont envie, si elles sont ok, avec des checks de regards pour le consentement par exemple. Dans la manière de filmer, ensuite, l’idée était de ne pas tout focaliser sur des parties génitales, sur les seins ou fesses par exemple, mais de filmer d’autres parties du corps. Quand on regarde quelqu’un·e, on peut trouver beaucoup de parties du corps érotiques. Il y a aussi plein d’autres zones érogènes, donc je voulais déplacer ce regard pour que les parties génitales ne soient pas le focus des scènes. Et sur le troisième niveau, dans la réalisation même du film, on a travaillé avec ce qu’on appelle une coordinatrice d’intimité.
Dans la plupart des tournages, les scènes d’intimité ne sont pas du tout écrites.
Iris Brey
En quoi consiste ce travail de coordination d’intimité ?
Déjà, la coordinatrice était évidemment sur le plateau pour vérifier que tout se passait dans le consentement de tous·tes. Mais une grande partie de son travail était aussi de m’aider à préciser mes intentions de mise en scène, et de m’accompagner dans la création d’une chorégraphie. Elle pouvait me poser des questions très précises, comme par exemple : « Quand Anna pose sa main sur l’épaule d’Eve, est-ce qu’elle le fait pour donner quelque chose à Eve, ou parce qu’elle attend un geste en retour ? ». Pendant les scènes de sexe, elle me faisait aussi beaucoup travailler les souffles. « À quel moment expirent-elles ? À quel moment ont-elles un orgasme ? C’est quel genre d’orgasme, un qui met du temps à venir, ou un qui vient très rapidement ? » Donc elle me posait toutes ces questions, et il fallait pouvoir y répondre. C’est ce travail de réflexion qui m’a permis d’être précise dans mon intention de mise en scène. Parce qu’il y avait quelque chose de très scripté dans la façon dont les corps pouvaient interagir.
Pourquoi était-il important pour vous de chorégraphier chacun de ces gestes intimes ?
De ce que les comédiennes ont pu me raconter, dans la plupart des tournages, les scènes d’intimité ne sont pas du tout écrites. Au scénario, il est noté : « Ils s’embrassent fougueusement et font l’amour de manière passionnée» . Et rien de plus. Parce que comme ce sont des scènes qui mettent très mal à l’aise sur les plateaux, on va demander aux comédiens et comédiennes d’improviser, de faire comme iels veulent, on va leur laisser cette liberté-là. Mais je pense qu’en fait, c’est assez tétanisant. Déjà parce que la nudité c’est compliqué sur un plateau, mais de devoir en plus improviser comment son personnage interagit dans la vie intime, c’est très difficile à inventer sur le coup.
Donc le travail que j’ai voulu faire était à plusieurs niveaux. Déjà, je voulais que tout soit délimité et chorégraphié. Le but étant que, le jour du tournage, les comédiennes puissent vraiment jouer leur personnage, sans devoir improviser la façon dont leur personnage se comporterait dans l’intimité.
Ensuite, je voulais que ces scènes soient imaginées et réalisées avec leur collaboration. Pour une scène de cunnilingus par exemple, la coordinatrice d’intimité venait montrer aux comédiennes où poser leur main ou leur nez, pour que ça ait l’air réel, sans qu’aucune partie ne se touche. Je leur montrais ensuite comment j’allais le cadrer, en leur demandant si elles étaient ok avec ce cadre-là. Ensuite, on créait toute la chorégraphie de la scène, qu’elles re-regardaient ensuite pour nous dire si elles l’approuvaient – pas seulement par rapport à leur nudité, mais aussi vis-à-vis des sensations que ces scènes véhiculaient. Elles avaient, enfin, un droit de regard au moment du montage. Donc elles étaient, pour moi, réellement participantes dans ce qu’on allait faire. Je n’avais pas envie de leur voler quelque chose ou de le faire sans elle.
Ces scènes de sexe sont d’ailleurs assez nombreuses, sur un temps d’écran plutôt court.
Pour moi, quand on a une rencontre amoureuse et que c’est aussi une rencontre sexuelle, la découverte de l’autre passe aussi par le sexe. Dans les premières semaines d’une relation ça peut être quelque chose d’important, et en l’occurrence ça l’était pour le personnage d’Anna, qui découvre aussi une nouvelle manière de faire l’amour. Je trouve qu’il y a plein de choses qui se racontent dans ces scènes de sexe, qui se disent et se nouent entre elles.
C’est important de montrer que nos intimités peuvent se transformer tout au long d’une vie. On n’est pas forcément coincé·es, et c’est une source de joie, de savoir que les choses peuvent évoluer.
Iris Brey
Comment, dans l’écriture de l’intrigue de Split, avez-vous tenté de créer de nouveaux imaginaires, de nouveaux regards ?
Déjà, je ne voulais pas que ce soit une histoire d’amour avec de nombreux obstacles externes. Je ne voulais pas qu’il y ait un ou une antagoniste, un ou une méchant·e qui viendrait se mettre en travers de cette histoire d’amour et pourrait l’empêcher. Je voulais que ce soit des conflits internes, des décisions qui soient prises par des personnages qui se regardent elleux-mêmes. Si l’on prend l’exemple de Nathan [Partenaire initial d’Anna], je ne voulais pas qu’il soit à l’endroit où on aurait pu l’attendre : quelqu’un qui ne s’intéresse pas à Anna, qui n’est pas sympa avec elle, qui est agressif ou violent. Je ne voulais pas qu’elle sorte de l’hétérosexualité parce que son partenaire n’était pas à la hauteur, mais parce qu’un autre monde s’offrait tout à coup à elle. Un autre paradigme, auquel elle n’avait jamais pensé avant.
On voulait aussi une fin heureuse, un dénouement heureux entre deux femmes et entre deux lesbiennes. Et ça, c’est quelque chose pour lequel on s’est battues avec ma co-scénariste, Clémence Madeleine Perdrillat.
Quand on regarde l’histoire des représentations queers à l’écran, beaucoup de récits tournent autour de la découverte de l’orientation sexuelle d’un personnage. Pourquoi était-il important pour vous de représenter cette trajectoire-là ? Aviez-vous également réfléchi à créer une histoire lesbienne dans laquelle l’orientation sexuelle ne serait pas un enjeu, mais un fait établi de base ?
Ça aurait été une toute autre série. J’ai choisi cette trajectoire, déjà parce que c’est la mienne, et ensuite parce que je ne l’avais jamais vue. Je trouvais aussi ça pertinent de montrer quelqu’un·e qui se pose des questions à l’âge de 30 ans. Je me les suis posées de manière très tardive, et si j’avais vu une série comme ça plus tôt, je me les serais peut-être posées avant. Donc je pense que c’est important de montrer que nos intimités peuvent se transformer tout au long d’une vie. On n’est pas forcément coincé·es, et c’est une source de joie, de savoir que les choses peuvent évoluer.
[TW: inceste, violences sexuelles] Dans une scène de l’épisode 3, Anna demande à Eve si l’agression sexuelle qu’elle a subie dans son enfance a joué un rôle dans le fait qu’elle soit lesbienne. Eve a d’abord l’air contrariée par la question, puis finit par répondre « peut-être ». Cette réponse d’Eve laisse comme une porte ouverte a un stéréotype bien ancré, celui des lesbiennes qui sont lesbiennes parce que traumatisées par les hommes cis. Quel sens souhaitiez-vous donner à cette scène ?
C’est une conversation hyper importante à avoir. Pendant très longtemps, vu que c’est la première question qu’on pose aux lesbiennes, on a répondu qu’il n’y avait aucune corrélation entre les deux. Et on comprend évidemment pourquoi. À cause de toutes les « thérapies de conversion », tout ce qui a été terrible pour une communauté. Mais je pense que de ne pas réfléchir à cette question a ouvert un autre point d’aveuglement.
Moi, clairement, je sais que c’est mon inceste qui a déterminé ma sexualité. Ce n’est évidemment pas le cas de toutes les lesbiennes. Ça ne veut pas non plus dire que toutes les femmes qui ont été agressées vont devenir lesbiennes [plus d’une femme sur 2 a déjà subi un acte de violence sexuelle en France, ndlr]. Mais je trouve important de réfléchir à la question suivante : Pourquoi le fait d’entrer dans une sexualité via la violence et la domination des hommes sur notre corps, n’aurait-il pas pu avoir un impact sur nos désirs ? Le fait d’avoir été agressé·es par des hommes dans l’enfance, dans l’adolescence, ou à l’âge adulte, qu’est-ce que ça produit sur nos désirs ? C’est une question qu’on aborde dans La Culture de l’inceste avec Juliet Drouar, et sur laquelle beaucoup de sociologues travaillent. Je n’ai pas la prétention d’y répondre avec un dialogue.
Tal Piterbraut-Merx m’avait recommandé un livre que je cite dans l’introduction de La Culture de l’inceste. L’autrice y explique que c’est son inceste qui lui a permis de devenir lesbienne. Elle raconte, en fait, que l’effet le plus positif de son inceste, c’était son lesbianisme. Elle en parle comme d’un effet salutaire. Et moi ça m’a bouleversée de lire cette phrase. C’est une phrase que je n’avais jamais lue, une idée que je n’avais jamais entendue. J’ai trouvé ça très puissant de se dire que c’était peut-être ça, la chose la plus positive qu’elle pouvait en tirer. J’ai l’impression de vivre la même chose, et je peux le dire aujourd’hui parce que j’ai 39 ans et que ça fait 25 ans que je suis en analyse. C’est mon expérience, je me revendique lesbienne, et il faut aussi qu’on ait la place, dans nos communautés, de se poser ces questions. Questions qui ne sont ni faciles, ni les mêmes pour tout le monde. Mais il ne faut pas qu’elles soient tabous.
Il faut qu’on puisse se dire : « Peut-être que ça a eu un impact, peut-être pas, mais peut-être ». On a mis une charge tellement négative sur l’idée qu’on devenait lesbienne parce qu’on avait subi un traumatisme, en disant que c’était « par défaut », par manque de quelque chose. Mais il faut renverser ça et se dire qu’en fait, c’est positif de dire que l’on n’a pas envie d’interagir avec eux dans une intimité. Il faut le regarder comme quelque chose de mieux, de plus courageux. La sexualité, ce n’est pas quelque chose avec laquelle on naît. On est le produit d’une société, mais aussi d’un héritage familial, de ce qu’il se passe dans les premières années de nos vies… Tout ça a un impact sur nos désirs. Et le désir, c’est quelque chose qui se construit. Ce sont des questions qu’on aborde beaucoup en thérapie, mais qui n’ont pas encore été embrassées de manière collective.
Pour moi une œuvre lesbienne c’est aussi une œuvre qui montre la joie que ça peut procurer d’être lesbienne.
Iris Brey
Merci de votre réponse. Ce qui pourrait, peut-être, porter à confusion dans ce dialogue de Split, c’est que le lesbianisme semble assimilé à la sexualité, alors qu’il est aussi une orientation romantique.
C’est pour ça qu’Eve raconte aussi qu’elle était amoureuse de sa meilleure amie au collège, et explique qu’elle a eu très tôt des crushs sur des femmes. Mais dans sa trajectoire, de pouvoir parler de son viol pour la première fois, de pouvoir l’écrire avec les colleuses, de travailler le fait d’être pénétrée par une femme… Il y a cette scène de sexe où elle arrive à en jouir et ça la fait pleurer. Ce sont des choses que je n’ai jamais vues avant, et qui sont tellement importantes. Dans cette scène, je ne voulais pas qu’elle réponde : « c’est certain, mon viol a joué dans le fait que je suis lesbienne », mais je voulais qu’on voit que ça la percute. Et que ça permette de réfléchir ensemble à cette question. Même si c’est douloureux.
Pour finir, vos travaux se sont attelés à définir le « regard féminin » au cinéma. La création de Split vous a-t-elle permis de réfléchir à ce que pourrait être un « regard lesbien » à l’écran ?
Je pense qu’un regard lesbien serait un regard qui montrerait que l’hétérosexualité est un régime social et politique, qui politiserait l’hétérosexualité, et qui interrogerait cette norme. C’est ce que j’ai essayé de faire à un endroit. L’antagoniste de la série c’est le patriarcat, dans la fonction sociale qu’Anna peut ressentir, dans les regards, dans ce qu’on attend d’elle, dans la manière dont elle a été éduquée.
Pour moi une œuvre lesbienne c’est aussi une œuvre qui montre la joie que ça peut procurer d’être lesbienne, qui montre des récits imprégnés de choses joyeuses. C’est pour ça que, pour moi, c’est une série lesbienne. Je pense d’ailleurs que quand Anna sort de l’hétérosexualité, elle se considère lesbienne. C’est pour ça qu’il était important pour moi que la dernière image de la série les montre elles deux, très heureuses. Je ne voulais pas qu’on puisse s’imaginer qu’elles puissent retourner vers l’hétérosexualité.
Split (5 x 20 minutes) réalisé par Iris Brey, avec Alma Jodorowsky, Jehnny Beth, Ralph Amoussou… Musique originale Maud Geffray et Rebeka Warrior. Disponible depuis le 24 novembre 2023 sur France.tv Slash
Relecture et édition : Anne-Charlotte Michaut, Costanza Spina
Cet article Split : Iris Brey nous a raconté la genèse de sa première série provient de Manifesto XXI.
Cet article « BEA·S·TS », le sexe cru dans la musique provient de Manifesto XXI.
[Explicit content] Notre chroniqueur Charles Wesley, auteur de la série des Transvocalités, nous a concocté une nouvelle playlist : « BEA·S·TS ». Explicite, dangereusement horny, elle réunit des tracks pionniers en la matière, mais révèle surtout un phénomène qui s’amplifie depuis les années 2010 : l’alliance explosive entre euphorie de genre et énergies sexuelles dans tous les pans de la musique pop électronique. Anal(yse).Supersoaker », « Cream », « Rim », « Pony Whip »… Les titres des musiques de cette nouvelle playlist Manifesto XXI « BEA·S·TS » pourraient être des catégories porn. Une sélection spéciale mettant à l’honneur des artistes contemporain·es qui injectent leur horniness, une présence et énergie sexuelles dans leurs textes et productions. Sans omettre de glisser des classiques !
À écouter sur notre Spotify. Liste des morceaux à la fin de l’article !« The Anal Staircase » de Coil, morceau de 1985 qui ouvre la playlist, fait partie des précurseurs en la matière. La musique expérimentale du duo queer anglais [dont on faisait récemment la rétrospective] fait émerger des images qui évoquent le sexe gay, et cela avant même que Madonna marque les esprits en simulant une scène de masturbation sur scène lors de sa tournée Blond Ambition en 1990.
L’empowerment par le sexeDepuis « Justify My Love » (1990) et son clip cuir, l’empowerment par le sexe et sa représentation s’est transposé sur moult scènes. Au tournant du millénaire, dans le rap ou hip-hop, les phrasés tendus sexuellement étaient souvent attribués à des artistes masculins. Mais Lil’ Kim n’a pas tardé à faire grand bruit et à se réapproprier les codes virils : « I treat y’all n***** like y’all treat us no doubt, Come here so I can bust in your mouth » rappe-t-elle dans « Suck My D**k ». Plus tard, Nicki Minaj et aujourd’hui Megan Thee Stallion ou encore cupcakKe témoignent de cet héritage où l’affirmation de soi passe aussi par l’affirmation du plaisir sexuel, incarné par des paroles et des postures.
LSDXOXO © photo Hendrik SchneiderLe reggaeton, qui a émergé dans les quartiers populaires d’Amérique latine, a aussi connu son lot de machisme en étant commercialisé dans les années 90, avec des paroles réifiantes envers les femmes. Petit à petit, le genre est devenu source d’émancipation et d’hybridation avec des figures comme Ivy Queen, et plus récemment Ms. Nina, Bad Gyal et l’émergence du mouvement neoperreo, pendant féministe du genre perreo parfois qualifié de sexiste. Le terme perrear vient du mot perro (« chien », en espagnol), influencé directement par la position doggystyle (« levrette ») dépeinte par le rappeur Snoop Dogg dans son album du même nom de 1993. Les réseaux sociaux font flamber le phénomène. Les amateurices dénoncent le harcèlement sur le dancefloor, réclament une danse libre et sexy, et une meilleure représentation des personnes invisibilisées.
En France, en 2008 on a eu Sexy Sushi pour nous sauver du manque criant de présence trans pédés gouines dans la musique, avec le « Sex Appeal » de la policière ou encore « Petit PD ». Après le culte (et un peu épuisé) « Je veux te voir », en 2020 Yelle avait sorti « J’veux un chien », dans lequel elle chantait qu’elle voulait « un animal, un ami mâle ».
Make me your sex doll, fuck me up against the wall
Brooke Candy, « fmuatw »
Make my body dessert, make my body berserk
Make my body hurt, make my body squirt
Keep me cummin’, zero to a hundred
Autoerotic fixation, head buzzin’
Le sexe comme source de musique donne un mélange solide et liquide (et les états entre) de mots et de sons. Aujourd’hui nombre d’artistes jouent plus que jamais des stéréotypes de genre pour mieux les dynamiter au milieu de voix horny, de fréquences moelleuses et de percussions qui claquent là il faut, pour mieux nous faire trembler. Ces musiques digitales, malléables, se mêlent à nos fantasmes les plus fous, deviennent un catalyseur d’énergies et d’ondes parfois impétueuses. Elles génèrent de nouvelles représentations, sur nos corps, nos désirs et interactions.
« Why is it bad to feel so good ? Isn’t it so delicious ? » s’interroge, après tout, Violet Chachki, sur « Rim » de Brooke Candy. Nous sommes des bêtes humaines, oui, on mouille devant, derrière, parfois on veut sucer, ou se faire bouffer. Et par la nature explicite de leur contenu, ces musiques font du sexe un enjeu esthétique. On y accède par un rapport aux mots, aux rythmes et aux textures, et par l’intermédiaire de scènes projetées.
Couverture du single « Playboy / Positions » de ShygirlIl semble ainsi que l’on assiste aujourd’hui à la recrudescence d’un phénomène dans lequel les artistes ne prennent plus aucune pincette, qu’on pourrait appeler pornophonie. Si la jouissance y est évidente, la pornophonie au cours de ces presque 2h de musique n’omet pourtant pas, en toile de fond, les dissonances attachées à nos sexualités. Le sexe désaffecté et parfois transactionnel, la conflictualité engendrée par les rapports dominé·e/dominant·e, la digitalisation de la séduction ou les rengaines infatigables, par exemple, peuvent causer une forme de mélancolie.
Mais avant tout enjouée et jouissive, « BEA·S·TS » tente de saisir une petite constellation d’artistes contemporain·es qui mettent l’écoute au défi ces énergies contenues et impudiques en nous. Les beats hyper pop tranchants de BABYNYMPH, le hip-hop ravageur de Big Freedia, ou les murmures salaces de Brooke Candy. Le tube de l’année 2023, « Sodom & Gomorrah » de Dorian Electra aussi, central à la playlist. Une myriade d’impulsions hot, freaky vous y attend donc, pour le plaisir de vos oreilles et plus si affinités…
1 • Coil – The Anal Staircase
2 • Shygirl – Playboy / Positions
3 • Megan Thee Stallion – Body
4 • Brooke Candy – fmuatw
5 • Queen Key – Chefs Kiss
6 • Big Freedia – Booty Like A Drummer
7 • SOPHIE – Pony Whip (feat BC. Kingdom)
8 • Kim Petras – Treat Me Like A Slut
9 • Brooke Candy (feat. Aquaria & Violet Chachki) – Rim
10 • Madonna – Erotica
11 • LSDXOXO – Cream
12 • Eartheater – Supersoaker
13 • BABYNYMPH, diana starshine – Traumapop
14 • Lil’ Kim – Suck My D**k
15 • LSDXOXO – Double Tap
16 • Dorian Electra – Sodom & Gomorrah
17 • Kim Petras – XXX
18 • M3C – Ken
19 • Sexy Sushi – Petit PD
20 • Diamond Doll xo, Goldilux – CUNT FACE
21 • cupcakKe – Cartoons
22 • Ms. Nina – Tu Sicaria
23 • Safety Trance, DJ Substancia – Tusi En El Pussy
24 • Aerea Negrot – Proll-Og
25 • Pabllo Vittar, O Kannalha – Penetra
26 • Manni Dee, River Moon – HOT
27 • Arca – Señorita
28 • Yelle – J’veux un chien
29 • Tokischa – CANDY
30 • Charli XCX – Shake it (feat. Big Freedia, cupcakKe, Brooke Candy & Pabllo Vittar)
31 • Sexy Sushi – Sex Appeal
32 • Kimmortal – This Dyke
33 • Slayyyter – Self Destruct (feat. Wuki)
34 • Brooke Candy – fmuatw (BABYNYMPH Remix)
35 • BABYNYMPH, Chase Icon – NEMESIS
36 • Safety Trance, Virgen Maria – Ratatata
37 • Only Fire – Double Penetration
38 • cupcakKe – Deepthroat
Image à la Une : Brooke Candy dans le clip « fmuatw »
Relecture et édition : Sarah Diep
Cet article « BEA·S·TS », le sexe cru dans la musique provient de Manifesto XXI.
À l’occasion des 25 ans de 360°, parole aux personnes qui ont occupé le poste de rédac-chef. Pour cette dernière chronique, Guillaume Renevey fait parvenir sa lettre d’adieu au magazine.
L’article L’archive de ma génération est apparu en premier sur 360°.
Cet article « Réarmement » : Macron est en guerre, mais contre qui ? provient de Manifesto XXI.
Le nouveau credo d’Emmanuel Macron : l’ordre, le mérite, le travail. Le 16 janvier, lors d’une conférence de presse, le président a promis des lendemains qui chantent grâce à un « réarmement démographique et civique » pour une France « plus juste et plus forte », commandant aux femmes de (re?)devenir les gardiennes du temple. À qui s’adressent ces promesses présidentielles ? Pour dire quoi ? Décryptage.On s’est bien concentré·es, on a mis notre cerveau de « femme » au maximum de sa faible capacité. Pourtant malgré nos efforts, on n’a pas bien réussi à comprendre ce que le Président signifiait par « réarmer » la démographie (on ne fait pas de bébés avec des armes ? les bébés ne sont pas des armes ? quid ?). Par contre, on a bien reçu le message que nous étions attaqué·es et que se caler des cartouches au fond de l’utérus permettrait de faire reculer les lignes ennemies et participerait à l’effort de guerre. Mais contre qui ?
Depuis des mois, une déferlante d’articles s’inquiète d’une baisse de la natalité française. Les utérus non occupés suscitent la crainte d’un déclin français, jusque dans La Tribune du Président de la République du 16 janvier dernier, qui appelait à un « réarmement démocratique ». Si le travail domestique, affectif et reproductif des femmes n’est toujours ni rémunéré, ni comptabilisé dans le PIB, il n’en reste pas moins perçu comme un dû économique, indispensable à l’économie capitaliste.
Pourtant la baisse de la natalité n’est un problème économique ou social que si l’on décide qu’il en est un. Dans les colonnes de Médiapart, le démographe Hervé Le Bras tient à rappeler que l’asservissement domestique des femmes n’est pas gage de croissance économique : « il y a eu beaucoup d’études réalisées sur la relation entre croissance économique et croissance démographique, et on n’a jamais pu mettre en évidence la moindre causalité. »
Et cependant, les éditoriaux de droite sur BFM, dans Le Figaro, Le Point, Capital, Les Échos ou Europe 1 ne cessent de l’assurer : pas de bébés, pas de retraites. Eh oui, une société productiviste et/ou guerrière (puisque c’est ce qu’on nous demande à présent, apparemment) a besoin de bras pour faire tourner les usines au profit de la classe dominante : l’avenir appartient à celui qui a des employé·es qui se lèvent tôt.
En plus de ne reposer sur aucun fondement scientifique, ces considérations sentent d’autant plus la naphtaline qu’il y aura 143 millions de déplacés climatiques supplémentaires dans 30 ans, à accueillir d’une manière ou d’une autre, rendant ces modélisations démographiques nulles et non-avenues.
L’immigration, donc : voilà le sujet qu’Emmanuel Macron se défend de mettre sur la table, tout en ne parlant que d’elle. Si la baisse démographique est un problème selon lui, c’est parce que « la France doit rester la France ». Un mois après le passage de la Loi Immigration, considérée comme l’une des plus racistes du XXIème siècle en France, le président se désinhibe et agite sans se cacher la peur du « grand remplacement », apanage de l’extrême-droite dans sa forme explicite.
La « théorie du grand remplacement » est une théorie du complot fasciste qui, en seulement dix ans, a traversé l’Europe et l’océan Atlantique pour se répandre aux États-Unis et nourrir les discours des partisans de Trump. Son instigateur, Renaud Camus, a inspiré le terroriste des attentats de Christchurch, commis en 2019 en Nouvelle-Zélande contre deux mosquées, faisant 51 morts et 49 blessés.
Cette vue de l’esprit aux conséquences meurtrières veut que les immigré·es non blanc·hes viendraient s’installer dans des pays blancs pour les remplacer. Les immigré·es racisé·es deviendraient de plus en plus nombreux·ses, avec un taux de natalité supérieur, et remplaceraient progressivement les blanc·hes. Dans la version originale de cette théorie, ce remplacement racial est orchestré par un complot d’élites mondialisées, sous-entendu juives.
Un tel raisonnement ne résiste pourtant pas à la réalité, que ce soit aux Etats-Unis ou en France, qui comptait en 2018 à peine 10 % de personnes immigré·es dans sa population, loin derrière l’Allemagne ou l’Espagne, selon Eurostat. Moins de la moitié de ces immigré·es (46 %) provenaient d’Afrique et la plupart du temps, ils et elles étaient issu·es d’ex-pays colonisés par la France au cours des deux derniers siècles. Mais pour une théorie du complot, peu importe les faits et même le fond : elle table sur la panique morale.
Pour empêcher ladite civilisation d’être « remplacée », il faut donc pousser par tous les moyens les femmes blanches à avoir des enfants, en leur interdisant l’accès aux moyens de contraception et en limitant l’avortement. En parallèle, il s’agit d’empêcher les femmes non-blanches d’avoir des enfants en leur restreignant le droit d’enfanter.
Ces politiques racistes et sexistes ont d’ailleurs déjà été menées ces dernières années en France, comme le rappelle Françoise Vergès : les stérilisations forcées des femmes noires à la Réunion, ainsi que l’enlèvement d’enfants pour les assimiler dans la métropole, au moins jusque dans les années 1980. Ce projet de contrôle raciste et sexiste étant évidemment eugéniste, il s’applique aussi aux femmes handicapées, dont la pratique de stérilisation plus ou moins forcée continue en Europe et en France.
Cette peur du remplacement explique l’engouement de l’extrême droite face à l’arrivée des femmes réfugiées ukrainiennes (lesquelles seraient dans leur imagination toutes blanches, aux mœurs traditionnelles, faisant d’elles de futures mères providentielles). Mais elle rappelle aussi les déclarations de Macron en 2017 à Hambourg au G20 qui avaient suscité l’indignation : « Quand des pays ont encore aujourd’hui sept à huit enfants par femmes, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. »
En somme, les femmes non-blanches qui ont beaucoup d’enfants coûtent un pognon de dingue et ne méritent pas d’investissement. Les femmes blanches qui font beaucoup d’enfants sauveront la patrie et sont dignes du service public. Car toutes les vies ne se valent pas dans le pays de la Macronie.
Mais pourquoi prend-il autant l’air d’extrême-droite, ce Monsieur Macron, entre la Loi Immigration et les réarmements de tout et rien ? Pourquoi tout ce bruit et ne pas, comme ses prédécesseurs, casser la solidarité nationale et le service public silencieusement et paisiblement ?
Car Emmanuel Macron est le dernier Highlander d’un système capitaliste se voulant éclairé, mais déjà complètement soufflé. Qui se souvient de la start-up nation ? Qu’est-ce que ça a mal vieilli. On dirait que c’était il y a mille ans.
Depuis, le mythe de l’entrepreneur méritant s’est effondré : on sait très bien qu’on ne devient pas riche en trimant pour Uber, on a juste un prêt à la banque. Et que si on manifeste pour ne pas mourir au travail, ce sera 49.3 et on pourrait même y laisser un œil. À la tête de l’État, l’effondrement de la vision de 2017 laisse un immense vide et il ne reste que le fait têtu : il y a les riches, et il y a ceux qui se sentent de plus en plus pauvres sous les coups conjugués d’une inflation effroyable, de logement inaccessibles, d’un système de redistribution et d’investissements publics hasardeux et d’une captation toujours plus grande de l’argent en circulation par les mêmes personnes. Le vieux couplet est éventé.
Problemos : la classe moyenne est un des plus efficaces garants de la paix sociale en servant d’écluse entre les riches et les pauvres, lubrifiant d’un modèle d’exploitation bien huilé. Qui veut sauver les riches et leurs optimisations fiscales doit sauver le mythe de classe moyenne et la garder de son côté !
Et quel meilleur moyen de dire : « je vous ai compris » que de détourner la colère sur une minorité vulnérable, plutôt que sur le Roi Jean et ses Shérifs de Nottingham ? C’est exactement l’indigne tribut qu’est la Loi Immigration, ou encore les effets d’annonce absurdes (et gratuits !) dont nous avons été gratifié·es la semaine dernière. Une tactique vieille des années 50, dégainée à chaque fois que le ventre mou de la nation se prend d’une vilaine indigestion : diviser pour mieux régner.
Car le capitalisme est caractérisé par une succession de cycles économiques d’expansion et de croissance, suivies de récessions et de contractions. On appelle pudiquement cette alternance « régulation », pour faire oublier l’essentiel : notre système est par essence instable. Et une récession, c’est des personnes qui perdent leur emploi, leur logement, leur famille, leur vie. Ce n’est pas un phénomène exceptionnel. C’est compris dans le package. C’est la vie du capitalisme. Alors il faut serrer les vis pour que ceux qui y perdront toujours continuent à y contribuer.
Cette alliance a priori contre nature entre libéralisme (« faites ce que vous voulez ») et la pensée réactionnaire (« faites des bébés ») n’est pas une nouveauté ; elle a même façonné le visage des Etats-Unis tels qu’on les connaît aujourd’hui. Cette convergence s’est également manifestée lors de l’ère Thatcher, et de manière plus tyrannique encore, avec le soutien des États-Unis à Pinochet. Dans ces deux cas, cette violente austérité fut couplée d’une offensive réactionnaire, se cristallisant aussi sur les enjeux de genre : Pinochet interdit complètement l’IVG, Thatcher lance la chasse aux gays et lesbiennes avec la section 28.
Le reste de la caste dirigeante suit structurellement la même accélération, accélérée par la concentration des médias dans la main de quelques milliardaires qui ont tout intérêt à ce tournant capitaliste-autoritaire. Comme le montre le politiste Cas Mudde : « les médias et les partis politiques pensent l’électorat plus à droite qu’il ne l’est réellement ». Accusé par des figures de droite d’être impuissant, de ne pas avoir « de colonne vertébrale » et largement devancé par le RN dans les sondages, Macron adopte cette « stratégie du choc » pour prouver que quoi qu’on en dise, il en a ‘dans le slip’. Jupiter se pose en pseudo-chef de guerre contre la perte des enfants de la France, propre ou figurée, entre l’infertilité qui explose et les violences urbaines qui ont choqué le pays (et traumatisé les familles directement concernées). Assumant un ton de plus en plus paternaliste, il mitraille son discours du 17 janvier avec du « mérite », de « l’ordre » et de la « responsabilisation individuelle ». Le tout en reprenant le terme de « réarmement démographique » au populiste hongrois d’extrême-droite Viktor Orban.
Ainsi, comme il a déjà amplement été commenté par nos consœurs, il ne s’agit pas d’aider ni les femmes, ni les mamans, ni les gens qui n’arrivent pas à avoir d’enfants. Les mots « service public », « crèche », « adaptation au changement climatique », « soin », « perturbateurs endocriniens », « école », « don de sperme », « solution de garde », « familles monoparentales », « éducateur·ices », « PMA », « associations » ou « aides aux devoirs » n’ont pas été prononcés une seule fois le 16 janvier.
Ce que le président nous propose, c’est de travailler gratuitement, pardon de revenir aux mœurs traditionnelles, à propos de : la maternité — il incombe aux femmes de fabriquer des enfants pour la France —, l’ordre — il incombe aux mamans, surtout les plus populaires, évidemment suspectes car elles touchent de l’argent public, de tenir leurs gamins mal élevés qu’elles laissent devant les écrans, — et le mérite — il incombe aux travailleuses de travailler plus.
Il s’agit d’une nouvelle assignation au contrat hétéropatriarcal : sois une femme (c’est à dire cisgenre, hétérosexuelle, mère, et travailleuse active) et tu auras le droit au titre de citoyenne. Ne t’y plie pas, et tu seras une traître à la Nation.
Nous pouvons être vraiment inquiet·es : le programme macroniste néolibéral ne peut s’incarner autrement qu’avec un tournant de plus en plus autoritaire. Les précaires se sont fait massacrer lors des Gilets Jaunes et par la hausse des coûts du logement et de la vie ; les jeunes hommes racisés par les violences policières et l’infernale séquence de la BRI à Nanterre. C’est maintenant au tour des femmes, via la justification de l’agonie des maternités et des subventions aux associations du planning familial. Et que dire de celles à l’intersection des oppressions, sous un joug insupportable, exorbitant et inhumain mais totalement silencieux.
Alors contre qui Macron est-il en guerre ? Contre toutes les personnes qui éventent son pire secret : que son modèle n’est pas souhaitable et qu’on peut faire société différemment. Les femmes, les LGBTQIA, les fonctionnaires et contractuel·les du service public, les associations à qui on coupe libertés et subventions, les personnels du soin, les paysan·nes, les personnes immigrées et descendantes d’immigrées… parce qu’il s’agit de sa survie, à lui. Mais ne nous trompons pas de combat et ne nous laissons jamais embarquer dans une guerre qui n’est pas la nôtre – Macron peut bien se fantasmer en chef d’infanterie, nous ne donneront pas naissance à des enfants-soldats.
Au « réarmement civique » qui nous enjoint à une soumission complète sous couvert de lutte contre « l’ensauvagement », substituons un bon « aux armes citoyen·nes ». Car n’oublions pas, la barbarie, c’est eux. Les séparatistes mondains, les violents, les communautaires, c’est bien cette classe d’élite prête à nous essorer, jusqu’au fond de l’utérus.
Cet article « Réarmement » : Macron est en guerre, mais contre qui ? provient de Manifesto XXI.
Le parlement grec devrait plancher dès le mois prochain sur le projet de légalisation du mariage et droit à l'adoption pour les couples de même sexe, a annoncé vendredi le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
L’article Grèce : la loi ouvrant le mariage et l’adoption pour tous.tes sera présentée en février est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Inspiré d’une histoire vraie d’abus sur mineur, le face à face d’un duo hollywoodien glamour réveille un sombre et lourd passé. Des places à gagner!
L’article May December, trouble jeu de miroir est apparu en premier sur 360°.
Cet article La Flash Cocotte, nuit éternelle de tous les désirs provient de Manifesto XXI.
Dans ce cycle de 5 chroniques, l’auteur et journaliste Hanneli Victoire décrypte certains phénomènes pop des années 2010 qui ont marqué la culture des jeunes queers, à l’aube d’une décennie de luttes et de conquêtes politiques.Paris, fin des années 2000. La nuit LGBT est structurée autour des boîtes et bars gay du Marais, et quelques autres soirées disséminées dans les rares endroits qui acceptent de booker des collectifs queer. Les années endiablées du Fiacre ou du Palace, iconiques clubs pour la communauté, sont déjà passées, jusqu’à l’arrivée du collectif Flash Cocotte en 2007. Avec ses soirées devenues cultes, la « Flash » devient une étape quasi initiatique pour beaucoup de jeunes LGBTQIA+ en quête d’identité, de liberté et de désir. Retour sur cette soirée qui a fait vibrer les cœurs et les corps de toute une décennie.
Un souffle nouveauBien sûr, les établissements LGBTQIA+ ne manquent pas à Paris. À la fin des années 2000 comme de nos jours, on les retrouve pour la plupart dans le marais. Néanmoins, la diversité du public et des DJ manque cruellement à toutes celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans l’ambiance « gay masc », blanche et plutôt bourgeoise de ces établissements. Dix ans plus tôt, il y avait bien le Queen, célèbre boîte gay des années 90’s sur les Champs, mais elle a vu son public passer de gay à majoritairement hétéro. Quant au Pulp, mythique club lesbien, il a fermé en 2007. Depuis, rien de nouveau sous la boule disco. C’est le constat que formulent les fondateur.ices de la Flash Cocotte, les DJ Nizar, Pipi de Frèche et Dactylo : « Il n’y avait aucune soirée Queer dans le clubbing parisien, les soirées qui s’adressaient à un public à non straight et qui le précisaient étaient uniquement les soirées gay mainstream. Pour le reste, il n’était pas de bon ton de définir une orientation sexuelle ou de s’inscrire dans un héritage culturel lgbtqia+. Certaines soirées clairement gay-mascu se disait « Gay friendly » par pudeur, ce qui parait complètement fou aujourd’hui, et d’autres ne voulaient pas se définir, ce qui empêchait toute politisation de l’espace. » Lassés de ne pas se retrouver dans cette ambiance, les trois amis se lancent, persuadés qu’il existe, comme eux, un public plus jeune, plus politisé et plus divers que ceux des soirées actuelles. La soirée se définit immédiatement comme queer, un terme, à l’époque, encore peu usité : « On a décidé d’utiliser le terme queer – assez rejeté à l’époque – pour signifier le mélange des genres, des identités et des sexualités que nous voulions proposer, mélange qui est à la base quelque chose qui nous définit en tant que collectif : gouines, racisé·es, pédés, fluides, de classes sociales différentes… La nightlife était alors très peu dense et si ça paraissait compliqué de se lancer, c’était tout aussi excitant. »
Une soirée devenue culteLancée à La Java, la soirée passe au fil des années par tous les lieux du clubbing cool de la capitale comme La Folie ou La Machine. DJ résident·es, les trois fondateur·ices mettent un point d’honneur à diversifier le plus possible leurs invité·es : « Très vite, l’idée d’inviter les artistes qui nous impressionnaient et qui étaient peu, voire pas du tout booké·es en France est devenue une excitation supplémentaire. » La formule fonctionne immédiatement. Les soirées font salle comble, et la diversité y est de mise. Tahnee, jeune femme lesbienne, se souvient : « c’est la première soirée queer à laquelle je suis allée et qui m’a fait comprendre que c’était ça ma maison : la queerness ». Même constat pour Hugo, qui est monté faire ses études à Paris en 2010 : « j’arrivais de la campagne profonde, je ne connaissais personne, je venais tout juste de sortir du placard et je n’avais jamais fait de soirée gay de ma vie. Le cliché total haha ! C’est un pote de promo lui aussi gay qui m’a parlé de cette soirée. Quand j’y suis arrivé pour la première fois j’ai cru rêver, tout me semblait incroyable. C’est devenu mon rendez-vous. » Désir, joie, excentricité, la Flash Cocotte est pour beaucoup l’occasion d’oser les tenues les plus folles. Pour Eva, jeune femme lesbienne, « c’est à ce moment-là que j’ai réalisé que les fem existaient et que je pouvais toujours être lesbienne en étant féminine. C’était aussi un super endroit pour pouvoir sortir dans toutes les tenues possibles sans pour autant être sexualisée toute la soirée. » Une liberté qui plaît et qui permet à toute une jeunesse queer de s’émanciper loin du carcan des soirées gays trop normées.
Une rare longévitéFait rare pour une soirée, en 2023 la Flash Cocotte existe toujours. « Je crois qu’on ne s’ennuie pas, tout simplement, et puis il y a régulièrement à Flash Cocotte des moments de communion sur le dancefloor très intenses », explique le collectif. Et pour cause, les organisateur.ices ont su se renouveler et s’adapter aux évolutions de la décennie passée, fidélisant un public d’habitués tout en attirant toujours de nouvelles personnes ayant atteint l’âge d’aller en club. « En termes de direction artistique musicalement, on a été dans plein de directions, du punk rock à la hard techno, on ne se refuse rien quand on le sent, et sur la communication visuelle ou la déco, c’est pareil. » Pour Hugo : « je ne vais plus autant à la soirée qu’à l’époque, car j’ai vieilli haha, mais la Flash reste pour moi une incroyable madeleine de Proust de ma vingtaine et un endroit où j’ai pu pécho en toute liberté un nombre incalculable de beaux mecs ! » Le collectif embraye « Pour beaucoup, le clubbing est très ponctuel ou ne dure que quelques mois dans une vie d’études, de travail, d’engagements parfois super difficiles, c’est une sorte de parenthèse dont le souvenir rappelle qu’un autre monde est possible ! » De ces quinze ans de soirées, Pipi de Frèche, Nizar et Dactylo retiennent surtout la certitude d’avoir contribué à changer les choses dans le monde de la nuit queer, de nos jours remplie de soirées en tout genre. À eux de conclure : « La Flash Cocotte est aussi d’une certaine manière un espace expérimental de looks, d’attitude, de sexualité, on entend ça très souvent dans ce qu’on nous dit et ça nous rend fièr·es ! »
Merci la Flash, on espère pouvoir clubber chez vous encore de longues années !
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Illustration : © Léane Alestra
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Cet article Xavier Dolan, le golden boy queer d’une décennie provient de Manifesto XXI.
Dans ce cycle de 5 chroniques, l’auteur et journaliste Hanneli Victoire décrypte certains phénomènes pop des années 2010 qui ont marqué la culture des jeunes queers, à l’aube d’une décennie de luttes et de conquêtes politiques.2009, festival de Cannes. Un jeune réalisateur québécois de tout juste 20 ans se présente sur la croisette. Son premier film, J’ai tué ma mère, bricolé avec une petite subvention de la région Québec, a été sélectionné dans la prestigieuse catégorie Un certain regard. Un an après, il récidive avec Les amours imaginaires, délicieuse comédie dramatique sur fond de Dalida. Dès lors, son nom est sur toutes les bouches. Son esthétique colorée unique, ses playlists kitsch et chics, et surtout son omniprésence au générique – de réalisateur à monteur en passant par acteur – font de lui un petit ovni du cinéma indépendant. Ouvertement gay, ses films le sont aussi. À lui seul, Xavier Dolan a façonné une bonne partie de l’esthétique queer d’une décennie.
Un réalisateur détonnantRares sont celles et ceux à avoir su se tailler une place aussi unique chez les cinéphiles. Devenu mainstream un peu malgré lui, Xavier Dolan, fils de producteur et habitué aux plateaux depuis petit, avait pourtant tout de l’outsider arty taillé pour ne pas dépasser les salles d’art et d’essai. Des histoires simples, des budgets minis, des plans ultra-inventifs et une BO vintage seront la clé de son succès. Au-delà de tout, c’est surtout son acharnement qui paie. Huit films en dix ans, devant et derrière la caméra, au script et à la DA, le chiffre, même pour un “fils de” relève de la légende. Pour la journaliste et critique de cinéma Marilou Duponchel « C’est quelqu’un qui est très vite devenu l’icône d’une génération parce que ses films sont en lien direct avec l’époque, ont une résonance particulière, soulèvent des questions liées au polyamour, au genre, à la sexualité, à la famille…» Et pour cause, qui n’a pas ouvert de grands yeux ébahis en visionnant, adolescent, la scène de sexe entre le personnage principal joué par Dolan lui-même et son amant, issue de son premier film J’ai tué ma mère, sur la chanson devenue iconique Noir Désir du groupe Vive la fête ? S’il y a bien une chose que Dolan revendique dès le début, c’est son homosexualité, et celle des personnages qu’il incarne, autant dans J’ai tué ma mère, que Les Amours Imaginaires et son plus récent Matthias et Maxime. Réalisateur gay de film gay ? Dolan refuse l’étiquette tout net en cinglant la Queer Palm, le prix cannois récompensant les films LGBT+ qui souhaitait lui remettre en 2012 pour son long-métrage Lawrence Anyways « Que de tels prix existent me dégoûte. Quel progrès y a-t-il à décerner des récompenses aussi ghettoïsantes, aussi ostracisantes, qui clament que les films tournés par des gays sont des films gays ? On divise avec ces catégories (…). » Le ton est posé. Malgré lui, Dolan devient tout de même avec ce troisième film un réalisateur mondialement acclamé, et une icône queer à part entière.
Un univers queer immédiatement reconnaissableC’est probablement dans son deuxième film, l’iconique Les Amours Imaginaires que le style du réalisateur est à son paroxysme : des ralentis, des tubes vintages mélancoliques, des amours impossibles et des couleurs éclatantes, les références queers sont multiples. « Son style se situe dans ce paradoxe entre une affirmation, une volonté de ne pas être affilié à tel ou tel cinéphilie et un cinéma pétri de références, qui condense à lui seul une petite histoire contemporaine du cinéma avec ce goût prononcé pour une forme extrêmement sophistiquée et inventive, ce goût pour les ralentis, pour une certaine excentricité, pour une palette chromatique très vive et très précise. Ce sont des images qui évoquent le cinéma de Wong Kar Wai, de Pedro Almodovar, de Gregg Araki…» nous détaille Marilou Duponchel. La recette fonctionne immédiatement. Pour Alex, jeune homme gay, Xavier Dolan représente beaucoup : « ses films ont accompagné mes années lycées. Je me suis tellement reconnu dans ses différents personnages, tout résonnait très fort en moi et l’esthétique m’a d’emblée sidéré tant tout était beau et bien travaillé. » Ariel, jeune homme trans, abonde : « j’adore revoir ses films, mes émotions sont toujours intactes, même dix ans après, c’est une vraie madeleine de Proust de mon adolescence. » Plusieurs de ses scènes sont depuis devenues cultes, et ont largement dépassé le petit public queer et art & essai. Marilou Duponchel explique : « Dolan est vraiment le cinéaste de la « marge », par les thèmes qu’il convoque, et dont l’ambition est de se déplacer vers le centre pour l’occuper pleinement. C’est quelqu’un qui ne cesse de citer Titanic comme référence absolue de cinéma ou encore Peter Jackson, la saga Harry Potter… Je crois que c’est vraiment l’une de ses ambitions que de faire un cinéma grand public, grand spectacle, un cinéma du divertissement tout en y fondant des préoccupations LGBT, et plus généralement des préoccupations de son temps. »
Icare du cinéma ?Cinéaste devenu mannequin, réalisateur de clip pour les stars comme Adèle ou Indochine, Dolan marque la pop culture de la décennie 2010’s en s’imposant comme l’un de ses chefs d’orchestre. Quitte à en faire trop ? Son attitude de démiurge, créateur total à la fois scénariste, réalisateur, interprète, monteur et directeur artistique agace vite, on lui reproche sa mégalomanie. Si on grince des dents pour le choix d’avoir fait jouer à un homme cis le rôle d’une femme trans (Melvil Poupaud dans Lawrence Anyways), l’adaptation de la pièce de théâtre de Lagarce Juste la fin du Monde avec un casting cinq étoiles l’éloigne définitivement de son style d’origine qui a tant séduit. Pour Alex : « Franchement, c’est à partir de ce film que j’ai commencé à moins l’aimer, le fait qu’il y est autant d’acteur·ices connu·es et que ce soit une adaptation d’une grande pièce, ça brisait un peu la magie des débuts, où on avait l’impression d’être “en petit comité” avec des histoires simples et belles. » Ce déclin se confirmera avec le film d’après, Ma vie avec John F Donovan, superproduction hollywoodienne à la création laborieuse (des heures monstrueuses de rush, Jessica Chastain coupée au montage) qui est un échec retentissant, autant critique que populaire. Son huitième et dernier film, Matthias et Maxime, qu’il voulait comme un retour aux sources de son cinéma d’origine ne séduit pas plus, le charme est rompu. Alors qu’on l’a retrouvé après trois ans d’absence à la télévision avec la sortie de La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé en septembre 2022, le réalisateur a depuis annoncé sa retraite de réalisateur. Ariel conclut : « j’ai bien aimé la série, car on y a retrouvé un peu de son esthétique et que les problématiques traitées étaient intéressantes. Même si j’ai été un peu déçu de ses derniers films, Xavier Dolan reste pour moi une bonne partie de mon adolescence, et je continuerai toujours de l’aimer et de penser à lui en écoutant Dalida. » Bang bang, Xavier Dolan shut us down.
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Illustration : © Léane Alestra
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L’Ifop a publié une nouvelle enquête qui confirme l’acceptation croissante de la visibilité homosexuelle dans le monde politique mais aussi la persistance de certaines poches de résistances homophobes dans les franges les plus conservatrices de la population.
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Dans son film Rosalie, Stéphanie Di Giusto brosse le portrait d’un personnage qui refuse d’être une bête de foire et revendique sa différence.
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Le ministère de l’Education le maintenait confidentiel depuis son bouclage en août 2023. Mais Mediapart l'a révélé, confirmant des « dérives homophobes et sexistes » mais aussi de la « brutalité », des pratiques non conformes avec la loi.
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Il avait tiré sur la foule à l’aide d’un fusil d’assaut, faisant cinq morts et dix-huit blessés dans l'établissement qui commémorait la Journée du souvenir transgenre.
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Cet article Tumblr, le safe place queer des années 10’s provient de Manifesto XXI.
Dans ce cycle de 5 chroniques, l’auteur et journaliste Hanneli Victoire décrypte certains phénomènes pop des années 2010 qui ont marqué la culture des jeunes queers, à l’aube d’une décennie de luttes et de conquêtes politiques.Passé de réseau social superstar à outsider pour vieux geeks nostalgiques en l’espace d’une décennie seulement, le cas de Tumblr a de quoi surprendre. Là où Facebook, Instagram et autre X (ex-Twitter) sont devenus des monstres, le réseau social Tumblr continue quant à lui son petit chemin tranquille démarré en 2007. À la base refuge de prédilection pour les communautés de fans en tout genre, le site, entre le blog et le réseau social, devient rapidement une terre d’accueil pour les queers d’internet.
Le réseau des outsidersRevenons en arrière. 2007 : Facebook explose un peu partout sur la planète, suivi de près par Twitter, où le monde s’enflamme et se découvre une soudaine passion frénétique pour les punchlines en 140 caractères. À côté, se développent les blogs, sur WordPress pour les plus expérimenté·es ou sur Blogger pour les néophytes, dans la belle lignée des Skyblogs. La tendance prend sur tous les segments, du voyage à la mode en passant par la mécanique. Et au milieu de tout cela ? Tumblr. Le site, créé cette année-là par l’Américain David Karp, propose un mélange entre les deux phénomènes. Morgane Tual, journaliste à la rubrique Pixels du Monde et autrice de l’ouvrage « Le Web d’avant » (2020, Huginn & Muninn) nous précise : « Tumblr est un outil de reblogging comme sur les réseaux sociaux, mais reste quand même un espace à soi. On peut personnaliser son blog, faire son propre design, c’est très rassurant. » À mi-chemin entre les deux tendances, Tumblr se démarque sur plusieurs points, décisifs pour les communautés LGBTQIA+ en ligne qui commencent alors à se créer. Déjà, la notion d’anonymat est de mise, avec l’utilisation des pseudos, là où Facebook mise sur le dévoilement entier de sa personnalité. Pour Morgane Tual : « Tumblr a un côté assez safe dans la façon dont il est conçu, par exemple, il n’y a pas besoin de photo de profil. Pour les personnes LGBTQIA+, cet espace peut représenter un endroit où on aura moins la peur de s’outer auprès de ses proches en partageant des contenus. Sur Facebook, on a l’impression d’être dans la transparence totale, et sur Twitter, l’endroit n’est pas du tout safe, c’est le royaume des trolls. Tumblr se démarque beaucoup pour cela. » Sascha, ancien utilisateur, se souvient : « c’était une bulle où je pouvais me réfugier. Pour moi cette époque, c’était un peu le contraire de la sortie du placard, c’était plutôt la phase qui la précède et qui dure plus ou moins longtemps selon les personnes. » La recherche d’une certaine esthétique, la construction d’un univers, d’un profil personnalisé… Tous ces paramètres permettent aux usager·ères de développer des espaces virtuels qui leur sont propres. Sur son blog Tumblr, la personnalisation donne la sensation d’être « chez soi », tout en permettant de repartager un nombre infini de contenus photos, textes, vidéos ou GIF. Autant de fonctionnalités qui permettent aux jeunes LGBTQI+ d’y trouver une safe place où se réfugier.
Un réseau militantL’autre point important que soulève Morgane Tual est celui de la recherche d’informations. Plus qu’ailleurs, Tumblr devient un espace de partage de contenus militants, engagés ou pédagogiques, accessibles de manière anonyme. « Les utilisatrices y sont majoritaires, c’est un ratio hommes / femmes différent de toutes les autres plateformes sur le web. Je pense que ça a beaucoup contribué au fait que Tumblr soit perçu comme plus safe. » Asteire, jeune homme trans, enchaîne : « J’ai commencé à traîner sur Tumblr juste après le lycée et c’est le premier endroit où j’ai côtoyé les identités queers. Je suis convaincu que j’aurais eu beaucoup plus de mal à mettre des mots sur qui j’étais sans Tumblr. » Outre les contenus pédagogiques, Tumblr est également l’espace roi de la pornographie en ligne. Mais là aussi, son contenu n’a rien à voir avec les autres plateformes du web. « Les codes étaient complètement différents de ce qu’on pouvait trouver ailleurs. Tout était vraiment homemade, il y avait des dessins, des photos, des gifs, des textes… Le panorama des sexualités et des corps différents était inédit. Ça n’existait pas ailleurs et c’était, je pense, un endroit hyper important pour les jeunes » relate Morgane Tual.
Une évolution qui fait grincer des dentsAprès un rachat mirobolant par Yahoo en 2013, qui laissait présager la création d’un mastodonte à la Facebook, Tumblr continue de faire son chemin sans exploser en route. Néanmoins, la nouvelle direction décide en 2018 de supprimer tout contenu pornographique de la plateforme. Le tollé suscité chez les utilisateur·ices est énorme, des pétitions circulent en ligne, des boycotts s’organisent, le nombre d’abonné·es chute, mais rien n’y fait, le porno est désormais banni. Pour Morgane Tual : « C’est un drame pour l’histoire du web, car les archives ont totalement disparu. C’est aussi une très mauvaise nouvelle pour l’univers du porno, car c’est tout un pan alternatif et inclusif de cette industrie qui s’en est allé. » De nos jours, Tumblr reste l’endroit de développement par excellence des fandoms, communautés de fan en ligne qui partagent des productions autour de leurs œuvres préférées (Harry Potter, Marvel, Startreck…), et si les premier·ères usager·ères queers ont désormais grandi et ont accès à un nombre incalculable de ressources ailleurs sur le web, certain·es irréductibles continuent d’y retourner, comme Asteire : « Aujourd’hui ça reste un endroit où je vais pour du contenu de fandom, y’a beaucoup moins de monde qu’avant et du coup c’est très chill. »
Tumblr a réussi un pari peu commun : rester un lieu alternatif et underground du web depuis plus de quinze ans, tout en demeurant accessible à tous·tes, éternelle terre d’accueil de tous les weirdos du monde.
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Illustration © Léane Alestra
Cet article Tumblr, le safe place queer des années 10’s provient de Manifesto XXI.
Cet article Glee, la série queer d’une génération provient de Manifesto XXI.
Dans ce cycle de 5 chroniques, l’auteur et journaliste Hanneli Victoire décrypte certains phénomènes pop des années 2010 qui ont marqué la culture des jeunes queers, à l’aube d’une décennie de luttes et de conquêtes politiques.En 2009 apparaissait sur nos écrans Glee, un ovni télévisuel à destination des ados, entre la comédie musicale déjantée et le teen drama du lycée. Alors que la production télévisuelle pour les jeunes adultes se cantonnait aux déboires de bandes de jeunes sexy et populaires, dans Glee, les personnages principaux sont des loosers avec un grand L. Harcèlement, coming-out, suicide, validisme ou encore racisme sont autant de sujets évoqués au fil des six saisons, le tout arrosé de reprises des meilleurs tubes de la planète. Retour sur la série qui a changé la vie d’une génération queer.
La série qui fait du bien aux jeunes en quête de représentationsImaginé par le showrunner gay Ryan Murphy après le succès de sa série Nip/Tuck, le pitch de son nouveau projet est ultra-simple : des jeunes marginalisé·es d’un lycée d’une petite ville américaine se retrouvent ensemble pour chanter au Glee Club, la chorale du bahut, menée par un gentil prof d’espagnol au faux air de Justin Timberlake. Si l’offre télévisuelle nous avait déjà habitué aux teens séries avec leurs lots de dramas à la 90210, aucune n’avait encore abordé les problématiques des lycéen·nes loosers avec autant d’efficacité. Pour Aline Mayard, journaliste culturelle, ce succès tient d’abord à son créateur : « Ryan Murphy est un des premiers showrunners gay qui le revendiquait et qui voulait représenter les gens queer/outsider, il a toujours eu ça à cœur. »
Effectivement, avant Glee, rares sont les séries à mettre en scène autant de personnages LGBT+, elle développe : « Cette série s’est justement illustrée par son grand nombre de personnages queer, mais aussi issus d’autres types de minorités, sans en faire une série communautaire. Contrairement à Queer as Folck ou the L World, il y a dans Glee plein de personnages cis-hétéro également. » Avec le pari d’en faire une série musicale, le showrunner y injecte une bonne dose de pop avec des reprises de tubes devenues quasiment aussi célèbres que les originales. Un pari gagnant qui a su séduire une jeune génération en quête de modèles. Léa, qui avait quinze ans à l’époque de la première saison, se souvient : « Glee pour moi, c’était une vraie révolution, je regardais solo le soir en rentrant chez moi, personne au lycée ne savait que j’étais lesbienne. J’étais harcelée, mal dans ma peau, j’avais l’impression de retrouver des ami·es. »
Une diversité à l’écran historiqueÀ l’instar de Léa, les personnages de Mercedes, Tina, Rachel, ou encore Arty se font régulièrement malmener par les « populaires », à base de « slushis » (sorte de smoothie) envoyés à la figure et commentaires moqueurs en ligne. Mais si ces humiliations résonnent beaucoup avec celles vécues par nombre d’entre nous, c’est le personnage de Kurt, jeune homme gay fan de mode et de comédie musicale qui d’emblée, a retenu toutes les attentions. Harcelé par l’équipe de foot, régulièrement balancé dans la benne à ordure, Kurt n’en reste pas moins fidèle à lui-même tout le long de la série, et ne change ni son apparence ni son attitude d’un iota. Pour Xavier, alors collégien mal dans sa peau, la série est une révélation : « Je me suis immédiatement identifié à Kurt, au point de copier ses vêtements et ses manières. Comme lui, j’étais fan de mode et de comédies musicales, j’étais content d’avoir un modèle à qui m’identifier à l’époque, car je me faisais pas mal harceler au collège. »
Même son de cloche pour Ana. Cette jeune femme lesbienne d’origine mexicaine confie s’être immédiatement attachée au personnage de Santana, pom-pom girl latina qui refuse farouchement d’avouer ses sentiments pour sa meilleure amie Brittany. « Je crois que c’est vraiment l’une des rares séries que je regarde en boucle encore maintenant. Santana a réellement été une énorme inspiration pour moi qui me sentais seule au monde dans ma peau de fille d’immigré·es et de lesbienne dans le placard. » Léa abonde : « Avec le couple Santana et Brittany, c’était la première fois que je voyais des lesbiennes à l’écran, je ne connaissais pas du tout The L Word, j’étais trop jeune. Avec Glee, on avait l’impression que tout le monde avait enfin accès à son petit quart d’heure de gloire, c’était incroyable. » Et pour sûr, la série met en lumière au fil des saisons de nombreuses discriminations, du validisme avec Arty, le jeune homme en fauteuil roulant, à la transidentité avec le personnage de Wade, en passant par la précarité et le travail du sexe avec Sam. Taxé de « série Benetton » par ses détracteur·ices, Ryan Murphy en a-t-il trop fait ? Aline Mayard nuance : « Oui, bien sûr, on a l’impression que certains personnages sont là pour cocher des cases, mais tout de même, c’était historique ! La série montre que, si on additionne tous les outsiders, en fait, on est en majorité et on doit s’unir. Ce n’est pas du tout subtil, mais c’était revendiqué, ça a fait tellement de bien à l’époque, le pouvoir de sensibilisation était énorme. »
Dix ans plus tard, le bilanNéanmoins, après des débuts titanesques, des tournées live dans les stades et quatre saisons à succès, le show subit un premier revers avec le décès brutal par overdose d’un de ses leaders, Cory Monteith, interprète du sympathique quaterback Finn Hudson dans la série. Le scénario étant basé sur sa relation avec Rachel Berry (jouée par Lea Michele, compagne de Cory Monteith) la série a du mal à se relever, et termine tant bien que mal avec une sixième saison coupée en deux, aux audiences catastrophiques. Suivent les accusations de commentaires racistes de la part l’actrice Lea Michele pendant le tournage, ainsi que le suicide de l’interprète de Puck, Mark Selling, inculpé pour détention d’image pédopornographiques dégradent durablement l’image progressiste de la série. Clap de fin en 2015 pour ce show d’anthologie qui, malgré ses travers, reste l’un des préférés de nombreuses personnes queers à travers le monde. Pour Aline Mayard, ce succès dans le temps tient surtout à son statut de pionnière : « Il faut se dire que c’est l’une des premières séries sur l’intersectionnalité qui reste hyper ancrée dans des problématiques que rencontre toujours aujourd’hui un grand nombre d’ados. Elle a définitivement permis de faire bouger les choses. » Et à Xavier de conclure « sans Glee, je serais resté dans le placard tellement plus longtemps, vraiment, cette série m’a tout appris. »
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L'irruption d'un mur entre Haïti et la République Dominicaine vient encore compliquer les vies difficiles des personnes LGBT+ haïtiennes en butte au racisme, alors qu'elles cherchent à tirer parti de ce qu'il y a de mieux des 2 côtés de l'île.
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Claire Gabiache, notamment déléguée aux droits LGBT+, a découvert des inscriptions homophobes sous sa fenêtre et son nom a été rayé de l'interphone. L'élue a déposé plainte.
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Dans un cycle de 5 chroniques, l’auteur et journaliste Hanneli Victoire décrypte certains phénomènes pop des années 2010 qui ont marqué la culture des jeunes queers, à l’aube d’une décennie de luttes et de conquêtes politiques.Mélancolie, nom féminin : « État de tristesse vague accompagné de rêverie ». Bien connu des queers, ce sentiment de vague à l’âme résonne avec le mal-être de ne pas trouver sa place, celui de se sentir décalé·e par rapport aux autres ou encore d’essuyer un premier chagrin amoureux face à un crush hétéro. Ça vous parle ? Dans les années 2010, Lana Del Rey s’est imposée comme la reine des âmes en peine. Avec sa pop et son esthétique vintage, sa belle voix grave et son allure de pin-up 50’s, elle a accompagné nombre de nos moments solitaires, des yeux dans le flou lors d’un trajet contre la vitre du bus, aux grosses larmes au fond de son lit après une rupture. Alors, pourquoi la musique de Lana Del Rey a-t-elle tant marqué les teenagers et jeunes adultes des années 2010 ?
Un ancrage musical et visuel immédiat chez les queersÉdouard Louis l’adore, Xavier Dolan aussi. Ces deux artistes gays qui ont, eux aussi, façonné la décennie 10’s la citent à tour de bras dans leurs œuvres et interviews. Tous·tes les fans de Dolan ont d’ailleurs en tête la scène de fin du film culte Mommy, sur le titre tout aussi culte « Born to Die ». Pour le journaliste musical et architecte Valentin Poirier, le lien entre musique et esthétique est un facteur clé : « Lana Del Rey est arrivée avec le clip de « Video Games », qui était assez maladroit, home made et ressemblait beaucoup à l’esthétique Tumblr de l’époque. » Des images au format 7/8 en noir et blanc ou sépia, des couronnes de fleurs dans les cheveux, des références à l’Amérique des 50’s ou 60’s… Lana Del Rey s’est créé une esthétique reconnaissable entre mille, notamment grâce au concours d’une autre personnalité ouvertement gay de l’époque : Woodkid. L’artiste français a réalisé pour elle les clips « Born to Die » et « Blue Jeans », lui prêtant son esthétique crépusculaire tirant sur le fantastique. Arrivée sur le devant de la scène en 2012 avec son album Born to Die, elle a d’abord été descendue par la critique, même si l’album s’est révélé être un immense succès. En face d’elle, une autre queen : Lady Gaga, et son album Born this way paru quelques mois plus tôt. Outre la proximité du nom, les deux opus permettent à leurs stars d’accéder au statut d’icône queer en même temps. D’après Valentin Poirier « Gaga et Del Rey représentent pour les queers les deux facettes d’une même pièce. D’un côté, la fierté, la joie et la force triomphante incarnées par l’hymne de Pride « Born This Way », et de l’autre le côté torturé, mélancolique, solitaire, plus sombre, que l’on a également toustes connu avec des titres comme « Dark Paradise ». » Un rapport à l’intime et à la solitude que beaucoup ressentent dans leur chair avec la musique de Del Rey.
Un rapport ultra-intimePour Yana, fan de Lana Del Rey pendant son adolescence : « c’était vraiment plonger dans une autre identité, avec l’envie de ne pas être comme tout le monde, d’être quelqu’un de deep et de mystérieux. » Le sentiment est partagé par Anthony, qui avait 14 ans quand l’album Born to Die est sorti : « cet album marque le summum de ma période un peu “dark edgy”, dans le sens où j’avais besoin d’extérioriser un certain mal-être dû à ma queerness. Je l’écoutais en boucle. » Quand on évoque Lana, la question de la mélancolie revient toujours sur la table, une tristesse souvent liée pour beaucoup d’adolescent·es des années 2010 à la contrainte du placard, ou en tout cas, aux doutes face à ses désirs et la perception de soi. « À l’époque, je ne savais même pas que j’étais gay et j’écoutais Lana en secret, pour ne pas me faire moquer. Elle me permettait de me calmer, je crois. Quand j’y repense, elle m’a un peu sauvé la vie » nous relate Victor, qui avait 16 ans en 2012. Face aux harcèlements, à l’incertitude ou encore aux premières déceptions amoureuses, l’écoute de sa musique a été un baume au cœur pour nombre de jeunes ados queers. « J’avais l’impression qu’elle me parlait à moi. Ses clips, la manière dont elle se mettait en scène, je voulais vraiment lui ressembler » explique Sylvia, jeune femme trans. Avec son esthétique de diva vintage, Lana Del Rey a aussi été, pour certain·es, un modèle, loin des icônes à la féminité ultra-exacerbée. Pour le journaliste Valentin Poirier : « Lana Del Rey rentre dans la catégorie des icônes telles que Björk, Kate Bush, ou encore Florence and the Machine : leurs engagements d’alliées LGBT passent plutôt par l’écriture et par la musique que par des revendications concrètes. » Pourtant, certaines prises de positions de Del Rey ne la placent pas forcément en icône féministe.
Un engagement pourtant peu visibleLana Del Rey a toujours revendiqué son amour pour les hommes. D’après Valentin Poirier, « elle porte quand même un message assez problématique autour de l’amour interdit, torturé, voire abusif. » C’est en effet un reproche qui lui a beaucoup été adressé par les communautés LGBT+ et féministes en ligne, à savoir celui d’esthétiser et de valoriser des relations violentes et toxiques. En 2020, suite à ces attaques, elle s’explique dans un post Instagram en se comparant à d’autres femmes de l’industrie musicale qui chantent sur les mêmes thématiques qu’elle, sans se faire pour autant attaquer. Le problème ? Elle ne cite que des chanteuses racisées, telles que Beyoncé ou Rihanna. Le post suscite un tollé en ligne qu’elle essaye de rattraper en participant aux marches de protestations du mouvement Black Lives Matter, et en les citant dans son dernier album. Cependant, son histoire d’amour avec un policier à cette période lui font prendre des positions pro-police qui ne sont pas du tout du goût de nombre de ses fans, alors que les États-Unis se déchirent sur la question des violences policières après l’assassinat de George Floyd. Doit-on la déclasser de son statut d’icône LGBT + ? Comme pour d’autres, la question de ne pas séparer la personne de l’artiste se pose légitimement.
Si on laisse chacun·e se faire son avis, Lana Del Rey reste tout de même un marqueur important de l’adolescence de nombreux queers des années 2010, et son titre « Summertime sadness », l’un des hits de nos étés, pour l’éternité.
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Illustration © Léane Alestra
Cet article Lana Del Rey, bande originale de la queer mélancolie provient de Manifesto XXI.
Sandrine Cina est cofondatrice et directrice de l'association Be You Network, ainsi que de BØWIE, un programme pionnier qui soutient les créateur·ice·x·s queers et féministes dans les domaines sociaux, entrepreneuriaux et artistiques.
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Deux parents ont été mis en examen à Vandœuvre, dans la banlieue de Nancy, pour avoir frappé leurs deux filles de 13 et 17 ans, et séquestré l'ainée qu'ils soupçonnaient d'entretenir une relation avec une autre jeune fille.
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Cet article 5 questions à la Kings Factory pour leurs 5 ans provient de Manifesto XXI.
C’est la soirée de référence pour le drag king à Paris, une scène qui a fait naître de nombreux talents et fédère un public queer fidèle : bon anniversaire la Kings Factory !Rendez-vous mensuel dédié à l’art des drag kings, la Kings Factory quitte son QG de la Mutinerie pour célébrer dignement ses cinq ans au Théâtre Clavel avec un maxi line-up. Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore, un drag king performe et joue avec les codes de la masculinité comme une drag queen le fait avec ceux de la féminité. L’art king est tout aussi ancien que l’art queen, son univers tout aussi incroyable et foisonnant ; et s’ils ne sont pour le moment pas encore aussi connus du grand public, les drag kings de la scène française ont bien d’incroyables talents à déployer. Et ça c’est notamment grâce à la Kings Factory.
Jésus la Vidange et Thomas Occhio, daddies co-fondateurs de la soirée, ont répondu à 5 questions pour raconter l’évolution de la scène king et de leur art.
Manifesto XXI – Cinq ans c’est un bel anniversaire, êtes-vous fiers du chemin parcouru depuis vos début ?
Jésus : Bien sûr ! En prenant du recul sur ces cinq ans on se rend compte que la scène drag king a énormément évolué et être partie prenante de cette évolution est une grande fierté. La Kings Factory a beaucoup évolué en 5 ans également, nous avons permis à beaucoup de kings de faire leurs premiers pas sur scène, nous sommes une association loi 1901 depuis l’année dernière avec maintenant 9 membres et nous performons beaucoup moins dans des caves !
Thomas : Absolument ! Tellement de choses ont changé en 5 ans : la Kings Factory est devenue une association, nous nous sommes structurés, nous avons pu travailler avec des universités ou des mairies. Notre travail est de plus en plus connu et reconnu, mais surtout de nombreux kings ont fait leur premier pas avec nous et c’est très émouvant d’avoir pu assister à tout ça. Et il est vrai que nous jouons moins dans des caves.
La Kings Factory m’a fait passer de jeune homme fou à daddy rangé !
Jésus la Vidange
Comment votre art à chacun a-t-il évolué grâce à la Kings Factory ?
Jésus : Je pense que la Kings Factory m’a fait passer de jeune homme fou à daddy rangé ! Plus sérieusement c’est le laboratoire idéal pour s’essayer à toutes formes de performances. Pour ma part ça m’a aidé à identifier les fonctions que je préfère occuper en tant que drag king : le hosting de soirée par exemple et me concentrer à nouveau sur la musique. Puis surtout l’essentiel, être au contact de tant de kings talentueux et uniques est vraiment inspirant !
Thomas : Avec la Kings Factory, je me suis surpris en testant des performances dans des lieux très petits mais qui forcent à être créatifs. C’est extrêmement formateur. J’ai pu m’entrainer au hosting, ce qui me terrifiait il n’y a pas si longtemps. Tout comme Jésus, je trouve que côtoyer tous ces artistes uniques est une vraie source d’inspiration. Cela permet un échange et une transmission aussi, pour ne pas perdre toute cette histoire king qui se construit.
Parmi toutes les performances que vous avez vu et programmé, pouvez-vous choisir deux de vos préférées (oui ce sera dur de choisir) et raconter pourquoi ces shows vous ont marqué ?
Jésus : La première performance de Lewis Raclette parce qu’il y avait sa maman. C’est tellement rare que les parents viennent à nos shows, c’était un moment marquant et émouvant pour moi.
Thomas : Totalement d’accord, un des plus beaux moments. J’ajouterais un autre évènement, ce n’est pas une performance, mais la Kings Factory qui s’est déroulée après les multiples confinements (4 août 2021). Avec Jésus nous pensions qu’il y aurait peu de monde, un show à Paris au mois d’août devrait être calme. Notre surprise fut totale quand on a vu que les gens faisaient la queue sur plusieurs mètres en dehors de la Mutinerie.
Notre travail est de s’approprier les masculinités pour les aligner avec les valeurs queers/féministes.
Thomas Occhio
Au début des années 2000, le king n’était pas forcément très bien compris et apprécié par le public lesbien à Paris. Les choses ont-elles vraiment changé aujourd’hui ou reste-t-il encore des préjugés y compris au sein de la communauté ?
Jésus : La réponse à cette question est très confuse pour moi car beaucoup de choses ont changé notamment le fait que beaucoup de drag kings ne sont pas des lesbiennes et gravitent plus autour d’une communauté queer que strictement lesbienne. Je dirais que plus on sort de nos zones de conforts, plus les préjugés etc… ont la peau dure et il est très difficile de se faire une place en dehors des évènements que nous organisons nous-mêmes. Disons qu’on est passé de l’incompréhension à la tokenisation même dans la commu LGBTQIA+ étendue.
J’aime voir dans l’art king un laboratoire précieux pour le mouvement féministe, par l’humour et l’invention de masculinités alternatives. Qu’en pensez-vous ? Peut-on dire que le king est un antidote au masculinisme ?
Jésus : Alors oui, pour ma part je vois aussi l’art du drag king comme un laboratoire des masculinités autres/nouvelles. Ceci dit comme tout antidote nous devons être vigilants de bien doser tout ça pour ne pas devenir le poison et reproduire sous couvert de performance/humour/jeu ces masculinités toxiques que nous souhaitons plutôt déconstruire.
Thomas : Le king permet de jouer avec les codes de la masculinité pour créer nos propres masculinités. Avec le king on va questionner le genre, le déconstruire, proposer notre vision et donc il y a autant de vision qu’il y a de king. Toute cette diversité permet à chacun·e de s’interroger sur les codes/normes imposé·e·s par nos sociétés. Le king, par ce qu’il touche (patriarcat, stéréotypes, hétéronormativité…), s’attaque au cœur même de nos sociétés et certaines personnes ne sont peut-être pas à l’aise avec ce travail-là. Notre travail est de s’approprier les masculinités pour les aligner avec les valeurs queers/féministes.
Thomas Occhio © Studio Louche
Question bonus : Quels sont vos rêves pour les cinq prochaines années de la Kings Factory ? (collaboration, types d’événements, nouveaux talents…)
Jésus : Continuer sur notre lancée, contribuer encore et toujours à promouvoir les drag kings auprès de la commu et du grand public.
Thomas : Promouvoir les kings partout, tout le temps ! Essayer d’avoir des évènements plus grand public et pourquoi pas des kings à l’Olympia ! Mais en vrai surtout, conquérir le Monde.
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