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D’une main adroite
Devant toi et sans pudeur
Je rase ma chatte.
J’écarte les cuisses
Tu te faufiles en disant
« Je veux que tu jouisses ».
Oh l’alléchant vit
Vite que je l’engloutisse
Avant qu’il ne fuie.
De foutre couverte
Je reste vautrée au lit
Ah ! Quel beau dimanche !
Celui de nous deux
Qui a le plus beau clito
Est mon nouveau mec.
Je prends mon pied à
N’en plus savoir compter ceux
De mes senryūs.
J’ai branlé un homme
Dans le vagin d’une femme
Achievement unlocked.
Je suis ta porn star
Je reste immobile au lit
Et je fais l’étoile.
Ta chair déborde
De partout et ça me rend
Folle de désir.
Oh dis, tu me laisses
Te traîner en laisse à la
Manif du huit mars ?
Tu sais tricoter ?
J’aime la laine qui frotte
Contre mes seins nus !
Renier ma foi
Pour pouvoir toucher ton corps
Juste une autre fois.
Tu lèches ma fente
J’éclabousse ton visage
Partage des tâches.
Deux doigts bien placés
Suffisent pour un remake
De « Niagara ».
Sur ma bucket list
Il reste faire l’amour
En apesanteur.
Restons toi et moi
L’un dans l’autre emboîtés comme
Tenon et mortaise.
Viens dans l’isoloir
Je veux me faire fourrer
Littéralement.
J’ai mis la clé de
Ta cage de chasteté
En gage au pawn shop.
Les noces pourpres
Dans mon lit chaque fois que
Je suis menstruée.
Je viens de cueillir
Un phallus impudicus
Au fond d’un fourré.
Je sais, je suis nue
N’appellez pas la police
Je peux expliquer.
Deux ou trois buvards
Et ton sperme sur ma peau
Devient violet.
Impossible de
Boire entre amies sans que ça
Ne vire en orgie.
Vingt queues tatouées
À l’intérieur des cuisses
Une par amant.
Chim chimney chim
Je chantonne en ramonant
D’un doigt ton urètre.
« Anvi de fourré ? »
« Es-tu plus doué au lit
Que sur Messenger ? »
Un gode-ceinture
Du lube et des piments forts :
La nuit sera chaude.
Mets ton ciré jaune
Glisse-toi entre mes jambes
Je fais de la pluie.
Tu fourres ta main
Dans ta culotte et tu me
Fais un doigt d’honneur.
Je te téléphone
Pendant que sur mon clito
S’active une langue.
Tu m’as bricolé
Un amant à remontoir
Infatigable.
Tu me fais la cour
Je réprime un bâillement
Quand est-ce qu’on baise ?
En espéranto
Je susurre des mots obscènes
Kaj vi ŝatas ĝin.
Un Alexander
Servi avec des glaçons
Faits avec ton sperme.
Le mec qui signale
Tous mes statuts sur Facebook
M’envoie des dick pics.
Fais-moi ces choses
Que jamais je ne pourrai
Oser raconter.
En plus des morpions
Ce salaud m’a donné des
Punaises de lit.
J’étais menstruée
Mon lit a maintenant l’air
Du lieu d’un crime.
Je suis dans l’entrée
Accroupie pour lui donner
Sa part de dessert.
Ses grains de beauté
En braille épellent le mot
G-a-r-c-e.
Est-ce qu’il y a
Un sous-entendu obscène
Dans ce senryū ?
Ponctue le rythme
De chacun de ces vers par
Un coup de bassin.
J’enfile ton pull
Parfumé et je copule
Avec ton fantôme.
Huilée, ficelée
Servie sur un plat d’argent
À tes invités.
Certains crient « maman ! »,
Mais toi, tu cries en jouissant
Le nom de la mienne.
Contre trois vibros
Le sexshop n’a pas voulu
T’échanger (dommage).
Es-tu fonctionnaire ?
Tu prends toujours une pause
Pendant nos ébats…
« Vas-y, surprends-moi. »
Je t’ai alors doigté les
Canaux inguinaux.
Vi ne komprenas
Miaj malpuraj vortoj
Ĝi ekscitas vin.
J’ai remplacé ses
Viagra par des dragées
Et il a bandé.
Un dernier baiser
Sur l’ourlet de tes nymphes
Et puis bonne nuit.
Vous trouvez peut-être que Lubricités, mon blogue chéri que je porte sur mon cœur depuis quatorze ans a des airs de ville fantôme dernièrement. C’est que je me consacre depuis quelques mois à un nouveau projet – et il est plus que temps que je vous mette au parfum, puisque j’en suis au centième épisode.
Intitulé Vie de licorne, il s’agit d’un feuilleton (très) vaguement basé sur ma vie amoureuse. Les personnages principaux (Elle, Lui et Moi) forment une triade polyamoureuse et pratiquent le BDSM, le sexe de groupe et les mauvais jeux de mots. Illes forment aussi une famille reconstituée avec leurs enfants, leur ex, leurs amoureux et amoureuses et leurs métamours. Le tout sous forme de dialogues, de conversations téléphoniques, de textos et de messagerie Facebook. Vous pouvez commencer la lecture au début ou consulter la liste des épisodes. On y retrouve aussi un lexique plus ou moins sérieux des mots particuliers et bizarroïdes utilisés dans le web-feuilleton. Enfin, vous pouvez acheter des t-shirts et de la merch, juste pour le lulz.
Je vous retrouve là-bas. À tout de suite !
Alors voilà, mon deuxième bouquin est en librairie aujourd’hui, ce qui fait de moi officiellement une écrivaine si je me fie aux lignes directrices de Wikipedia (n’allez pas me créer un article pour autant, de toute façon vous ne saurez pas quoi y mettre). Ça s’intitule Amants et comme pour Le carnet écarlate, c’est publié par les (féministes et légendaires depuis plus de quarante ans) Éditions du remue-ménage. Si vous avez envie d’en acheter une copie, rendez-vous sur leur site plutôt que d’engraisser Blaise Renaud.
Amants est un livre que je n’avais pas prévu écrire; il s’est en quelque sorte présenté de lui-même. Au commencement, je ne faisais que m’amuser sur Facebook en racontant des histoires invraisemblables avec des contraintes simples : la première ligne devait commencer par un prénom masculin, la deuxième devait contenir une chute rigolote, la troisième ligne ne devait contenir que le hastag #Amants et la longueur des lignes devait tenir dans la fenêtre des statuts de Facebook sans être brisées. À ma grande surprise, non seulement les gens qui me suivent sur Facebook ont tout de suite apprécié, mais illes se sont mis(es) à me confier leurs propres anecdotes pour que je les passe à la moulinette et les transforme en #Amants. J’ai ainsi reçu presque deux cent confidences qui sont devenues la base du bouquin, la majorité provenant de personnes s’identifiant comme femmes – et au moins le tiers par des personnes s’identifiant comme hommes. Comme la narratrice est toujours une femme, j’ai dû inverser les genres dans ce dernier cas et franchement, ce fut beaucoup plus facile que je ne l’aurais cru – comme quoi le genre, ce n’est peut-être pas si important que cela quand raconte des histoires de fesses. Le reste des #Amants (parce qu’il y en a 741) est constitué de mes expériences personnelles, de pures inventions ou encore sont des prétextes à jeux de mots idiots – parce que franchement, à part le chocolat et l’orgasme, il n’existe rien de meilleur au monde que les jeux de mots idiots.
Lorsque j’ai abordé les filles du remue-ménage avec le projet de publier un recueil de ces histoires en deux lignes, le problème qui s’est immédiatement posé fut : « Combien d’amants devrais-je inclure dans le livre? ». Trois-cent soixante-cinq, pour en avoir un par année? Six-cent soixante-six, parce que c’est le chiffre de la bête? Mille et un, parce que whatever? Il me fallait une raison à cette accumulation et cette raison est venue avec la structure que j’ai choisie pour organiser le tout.
<SPOILER ALERT>
Amants est un acrostiche géant. La première lettre de tous les prénoms masculins forme le poème Il n’y a pas d’amour heureux d’Aragon – amputé de la dernière strophe patriotarde, comme le chantait Brassens. Voilà pourquoi je n’ai cessé de me plaindre de la rareté des prénoms commençant par la lettre U, voyelle on ne peut plus utile pour écrire de la poésie. Le dernier vers de chaque strophe (« Il n’y a pas d’amour heureux ») forme les premiers mots de chaque interruption et aussi du récit qui clôt le livre – les coïts interrompus et la déprime post-coïtale. Le résultat, c’est que la structure porte un message tragique qui contredit l’humour souvent niais du texte et cette contradiction à mon sens reflète l’essence des relations humaines : une tragédie immense, vécue à coup de banalités et de niaiseries parfois rigolotes, parfois tendres, parfois sublimes, parfois lamentables ou même horribles.
</SPOILER ALERT>
Si j’avais à critiquer mon propre bouquin, voici ce que j’écrirais :
Amants est un curieux objet littéraire. L’objet est l’hétérosexualité telle qu’on la vit en 2017 et le portrait qu’en fait l’auteure n’est pas réjouissant, malgré le recours constant à l’humour. Le constat est clair : il n’y a pas d’amour heureux, la chair est triste et j’ai lu toutes les contrepèteries. Chaque anecdote est une pénétration, la première ligne étant le IN, la seconde ligne étant le OUT. Ces pénétrations forment quatre coïts qui sont interrompus et conclus par quatre textes où on s’interroge sur le consentement, l’amour, la violence et le caractère érotique ou non des rhinocéros. Ne vous attendez toutefois pas à y trouver une moralité, un sens ou des valeurs pour guider votre vie. Amants est amoral et l’accumulation martelée d’anecdotes finit par tuer le désir et l’amour. C’est un voyage au bout de la nuit qui débouche sur le néant et le désespoir – et vous vous demanderez pourquoi vous avez ri à ce point. ★ ★ ★ ☆ ☆
N’étant pas critique, je vais plutôt me contenter de vous inviter à vous en procurer une copie – ou alors attendre quelques jours et tenter de solutionner la prochaine grille de mots croisés, pour en obtenir une copie dédicacée gratuite !
Je veux une petite robe rouge
Une petite robe rouge bon marché
Une petite robe rouge trop mince
Une petite robe rouge trop serrée
Qui pourrait déchirer à tout moment
Une petite robe rouge trop échancrée
Une petite robe rouge trop décolletée
Une petite robe rouge fendue comme un fruit mur
Une petite robe inconvenante et vulgaire
Une petite rouge malhonnête
Mais assez honnête pour qu’on n’ait pas à deviner
Ce qu’il y a – ou n’y a pas – en dessous
Je veux me balader dans cette robe rouge
Sur le trottoir en face de chez toi
En me déhanchant si intensément
Que le bruit de frottement
Que ferait mes fesses et mes jambes
Serait assez tonitruant
Pour ameuter tout le voisinage
Je veux qu’à mon passage
Les ouvriers de la voirie
En aient la bouche si sèche
Qu’ils seraient incapables de siffler leur désir
Et que leurs plates obscénités
Resteraient prises dans leur gorge
Tant que tous leurs sens seraient subjugués
Sous l’empire de ma petite robe rouge
Je veux que les gamins
Inscrits à l’école buissonnière
La clope volée chez le dépanneur à la bouche
Soient pétrifiés de panique
Saisis par leur première érection
À la vue de mes seins sur le point de bondir
Hors de ma petite robe rouge
Je veux que le ménagères
Celles qui tâtent toutes les courgettes du marché
En perdent toute contenance
Toute retenue toute bienséance
Et qu’elles se mettent à couler de sève printanière
Folles de désir et de jalousie
À la vue de mes jambes
Fuyant hors de ma petite robe rouge
Je veux même que les flics
Le regard vacant et la sueur bovine
La matraque entre les cuisses
Et le code de la route dans le crâne
En oublient leur devoir de chiens savants
Pour se transformer en êtres humains
Et spontanément tapissent leur slip
De foutre constabulaire
Devant l’émouvant spectacle mouvant
De ma petite robe rouge
Je veux une petite robe rouge
Pour déclencher dans la foule un tel orage hormonal
Qu’il produirait assez de phéromones
Pour saturer l’air de ton quartier
Et puisse te tirer de ta torpeur
Pour te sortir de ta chambre
Pour que tu coures te jeter à mes pieds
Toi qui n’as pas encore daigné me rappeler
Parce que je n’avais pas de petite robe rouge
Je veux une petite robe rouge
Pour enfin devenir moi-même
– Mais en mieux
Un moi-même sublime et sublimé
Défini par ma coupe et ma couleur
Et par rien d’autre
Je veux une petite robe rouge
Impossible à enlever
Car elle serait ma peau et mes os
La surface lisse indissociable de mon être
Sous laquelle on ne trouverait que le néant
Si on avait l’audace inouïe de la soulever
Je veux une petite robe rouge prête à porter
– Dans le sens que ce serait elle
Qui serait prête à me porter
Pendant que moi je me contenterais
De ne rien dire
De penser à rien
De ne rien vouloir
Et même de ne pas exister
Autrement qu’en tant que petite robe rouge
Un chiffon qui sert à faire bander
Sur lequel on éjacule et on s’essuie
Et que l’on jette après usage
Sans arrière-pensée
Et sans regrets
La saison du ebook se poursuit avec la nouvelle version de Mille gouttes opalines, qui comporte maintenant quatre-vingt-un senryūs érotiques. «Mais Anne, qu’est-ce donc qu’un senryū ?», me demandez-vous. Au risque de passer pour une japoniaiseuse, je résumerai grossièrement la chose en disant que c’est la même querisse d’affaire qu’un haïku, sauf que les thèmes abordés concernent les humains plutôt que la nature. Les miens (sans surprise) parlent de sexe, de sexe et de sexe et sont maintenant téléchargeables en pdf et en epub.
(Senryūs érotiques)
Cheveux détrempés
Des flaques sur l’édredon
Dimanche pluvieux.
Trois amants ce soir
Qui sont venus me sceller
Hermétiquement.
J’ai rêvé à toi
Il n’y avait que ta bouche
Assez pour m’étreindre.
Privée de ta peau
De la moiteur de ton sexe
Je suis en exil.
Pourquoi hurles-tu
« Merci Jacquie et Michel ! »
Pendant nos ébats ?
Musc, ambre et cumin
Un voyage en orient
Le nez dans ton string.
Un doigt et puis deux
Pour finir toute la main :
Je suis fière de toi.
Il a demandé
Ma main lors d’une soirée
Au club échangiste.
Vibro dans la chatte
Plug et bâillon enfoncé
Chaque chose à sa place.
Siroter du rhum
En regardant vingt marins
Passer sur ton corps.
Matin glacial d’hiver
Sous le drap microclimat
Tropical humide.
Tu t’es assoupi
Je me glisse hors de ton lit
Et vais sur Tinder.
Derrière la porte
Cris, soupirs, chuchotements
Qui est avec toi ?
Ce n’est pas ma faute
Si ta femme a vu mes seins
Sur ton téléphone.
Tu brûles de fièvre
Mais tu bandes néanmoins
Chevauchée torride.
Tu veux te taper
Un beau livreur de pizza
That’s so seventies.
J’aime à voir deux mecs
Prendre leur douche ensemble
Étreintes viriles.
Je veux que tu sois
Constamment entre les lèvres
Fixation orale.
Elle aime un peu trop
Ces jeux qu’elle sait d’avance
Qu’ils vont mal finir.
J’ai un maître-queux
Qui sait apprêter ma chair
Attendrie, farcie.
Zip-a-Dee-Doo-Dah
Fredonne-t-il guilleret
En me besognant.
Quelques poils pubiens
Dans une enveloppe blanche
Souvenir de toi.
Tes coups de boutoir
Implacables et réguliers
Comme un métronome.
Tu as joui trop fort
Ton sperme mouille mon cou
Et tes larmes aussi.
Si ta queue se dresse
Reviens j’habite toujours
À la même adresse.
Oyez oyez, bande de fieffés vicelards et d’accortes gourgandines! Je suis en train de mettre à jour mes ebooks et c’est à vous (oui, VOUS) d’en profiter! Vous pouvez en ce moment télécharger les nouvelles versions (en pdf et en epub) de:
La saison se poursuivra en octobre et en novembre avec Mille gouttes opalines, Sirventès, Paroles d’une flegmatique, Contre-feux et Comptines pour ne pas dormir (dont seulement les anciennes versions sont pour le moment disponibles en téléchargement dans la section «Mes bouquins»). Restez à l’écoute!
J’admets que la première fois que je t’ai vu
J’ai tout de suite eu envie de sucer ta queue
J’admets que c’est moi qui ai tâté ton cul
Quand tu avais le dos tourné à ton lancement
J’admets que j’ai ensuite volé ton foulard
Et que je l’ai humé aux toilettes en me branlant
Circonstances atténuantes :
Mes amies n’arrêtaient pas de parler de toi
Elles qui admirent ton génie poétique
Et qui ne cessaient de vanter ta forte personnalité
Ta personnalité qui porte à gauche
Ta très très grosse personnalité
Comment une femme peut-elle résister à ça ?
Je suis donc allée, curieuse, garer mon cul
À la fucking Maison de la Culture de mes deux
Pour t’écouter déclamer nonchalamment
Tes strophes pétries d’immondices
Tes épouvantails à honnêtes citoyens
Quand tu as parlé de douches romaines
Je me suis mise à fondre
Comme le passage du Nord-Ouest
Et quand tu as parlé de Dirty Sanchez
Ça m’a frappé dans le ventre
Comme mes premières règles
Hélas, tu as femme, bungalow et enfants
Alors je ne peux partager avec toi
Mes propres vers orduriers
Alors je les écris juste pour moi
Pour les relire avec ta voix dans ma tête
Pour les relire en me roulant la bille
J’admets rêver de te prendre en Amazone
Quand je pense au rose de tes mamelons
Sous ta chemise Arrow immaculée
J’admets rêver de te lécher sous les couilles
– Est-ce que les épouses des poètes
Leur mangent la raie du cul?
J’avoue t’avoir suivie jusqu’à chez toi
Mais je te jure que je ne suis pas entrée
Sinon je me serais roulée dans ton linge sale
J’aurais frotté ton oreiller sur ma plotte
J’aurais enfoncé ta brosse à dents dans mon cul
Comme Boucle d’or chez les trois ours
Les coups de fil au milieu de la nuit
Les lamentations et le souffle oppressé
Ça j’avoue que c’est bel et bien moi
Mais je sais que je ne dérangeais pas ton sommeil
Tout occupé que tu étais sûrement
À taquiner ta muse, cette pouffiasse
C’était moi la culotte sur la poignée de porte
C’était moi les seins nus dans ton inbox
C’était moi le mot obscène sur le parebrise
C’était moi le «SALOPE» sur la photo de ta femme
Voilà tu le sais alors inutile d’en faire tout un plat
Pas besoin de demander une injonction interlocutoire
Réglons ceci comme des adultes raisonnables
Laisse-moi me faufiler derrière toi
Laisse-moi te secouer la trique
En blottissant mon nez dans ta nuque
Jusqu’à ce que tu craches ton joli foutre
Et quittons-nous ensuite en bons termes
Cher collègue
Suite à notre dernier entretien
Je suis dans l’obligation de vous informer
Que je n’ai jamais eu à votre égard
La moindre pensée déplacée
Je veux que vous sachiez
Que je n’ai jamais envisagé de m’accoupler avec vous
Que je n’ai jamais eu le moindre béguin
Ni aucune envie irraisonnée de vous épouser
Et que l’idée de vous offrir des fleurs
Ou de glisser dans le tiroir du haut de votre classeur
Ma culotte ornée de mon prénom
Et de mon numéro de téléphone
Ne m’a jamais traversé l’esprit
Je vous assure que je n’ai jamais souhaité
Vous embrasser ou caresser vos charmantes mèches noires
(Je dis charmantes pour être polie
Et non pour exprimer
La moindre attirance envers vous)
Parce que vous savez aussi bien que moi
Que mon éthique professionnelle m’empêche
De vous imaginer sans votre chemise
Vous êtes un collègue
Et aucun collègue au torse glabre
Ne hante mes fantasmes
Ce n’est qu’une simple question de déontologie
Vous devez donc être conscient
Qu’il ne m’arrive jamais de me demander
Quelle est la taille de votre verge
Et encore moins d’essayer de deviner
Si vous êtes circoncis ou non
Il est clair que cela ne me regarde pas
C’est d’ailleurs pour cette raison
Que je n’ai jamais contemplé votre derrière
Lorsque vous marchez devant moi
Même si vous l’agitez de façon si suggestive
Mieux : je n’ai jamais eu envie
De vous voir gambader dans l’herbe folle
Sous le soleil de juillet
Avec pour seul vêtement
Une paire de chaussettes blanches
Qui donc aurait des envies aussi ridicules ?
Certainement pas moi
Je peux vous en assurer
Je vous prie donc de croire
Que je n’ai jamais eu envie
De me jeter dans vos bras
Que je n’ai jamais espéré
Votre bite dans ma chatte ou sur mes lèvres
Ni votre langue sur mon clito
Ce n’est pas parce que j’aime
Ficeler et bâillonner les hommes
Que je rêve de vous voir à ma merci
Ce n’est pas parce que
J’aime lécher de la crème glacée
Sur le cul de mes amants
Que je rêve de vous enduire
De gelato praline et beurre
Ou que je rêve de verser de la cire brûlante
Sur votre gland pour pouvoir
En apaiser le feu avec ma salive
Je ne pense pas à vous
Lorsque je me caresse le soir
Seule dans mon lit
Je n’ai jamais prononcé votre prénom
Lorsque mes doigts s’insinuent
Entre les lèvres humides de mon sexe
Je ne m’imagine jamais
Assise sur le photocopieur
Pendant que vous me fourgonnez
En immortalisant notre union
Sur du papier format légal
Je ne vous imagine jamais
Étendu sur votre bureau
Auréolé de post-it
Le visage transfiguré par l’orgasme
Pendant que vous vous répandez dans ma bouche
Je n’ai jamais imaginé
Le laveur de vitres dans sa nacelle
Nous espionnant en s’astiquant le manche
Pendant que vous me prenez en levrette
Sur la grande table de la salle de réunion
Je ne pense jamais
À vos épaules larges
À vos bras puissants
Me basculant sur les sacs de courrier interne
Pour me saillir avec vigueur et passion
Je ne pense pas à vous lorsque je jouis
En fait, je ne pense jamais à vous
Hors des heures de travail réglementaires
Définies par notre convention collective
En espérant
Que tous les malentendus
Seront ainsi dissipés
Je vous prie de croire
Cher collègue
En l’expression
De mes sentiments
Distingués
Je te cherche dans les collines et les greniers
Je te cherche sur l’ourlet de ma vulve
Je te cherche dans mes draps souillés de rêves
Je te cherche au Caire et à Paris
Je te cherche dans les placards du siècle
Je te cherche dans les rayons de poussière
Je te cherche sous la tranchefile
Je te cherche engluée au plafond
Je cherche ton poignard palpitant
Dans la nuit et dans la pluie
Je cherche ton sexe de crabe
Je cherche les chats vérolés
Qui se nourrissaient à tes mamelles vertes
Je cherche les machinations aveugles de tes mains
Sur mes seins frissonnants
Je cherche ta peau séchée par la fumée des passions
Je cherche tes bas qui raffermissaient tes jambes
Ton corset qui soutenait ton corps tremblant
Tes rides tes seins ballants ton air affamé
Et tes robes qui sentaient ton corps pourri
Je cherche ton ventre pour me nourrir
Je cherche tes cheveux pour me rassasier
Je cherche tes reins et ta tête rasée
Je cherche ta langue qui perce mes yeux
Et qui les remplit de salive triomphante
Je te cherche aussi auprès des femmes
De ces femmes que tu voulais fuir
Ces femmes aux mains grasses
Qui caressaient tes seins nus
Et qui crachaient leur urine dans ta soupe
Je te cherche chez les femmes intempestives
Aux ongles de désert cisaillant
Aux aisselles de forêt ruisselante
Je te cherche chez les passantes
Qui ajustent effrontément leurs bas
Avant de vaporiser leur lymphe dans mon cœur
Je te cherche aussi dans les vices des hommes
Car ils étaient ton domaine
Je te cherche dans leurs plaies – tes doux gâteaux
Je te cherche dans leurs viles pensées
Que tu aimais tant mâcher
Je te cherche dans leurs cratères
Qui crachaient leur sperme froid de fantôme
Je te cherche sous leurs prépuces rances
Sur le papier bible de leur prétention
Dans leur ignorance de ton pouvoir
Je te cherche dans la laideur
Où tu trouvais toute ta beauté
Te trouverai-je assise devant une table cassée
La mort dans le ventre et rien dans l’armoire
Fatiguée de tout même de tes souvenirs ?
Te trouverai-je dans les mots d’enfants
Que tu as murmurés en mourant ?
Te trouverai-je près du phallus qui a sonné le glas
Le jour où tu t’es mise à dormir ?
Te trouverai-je enfin
Dans le désespoir de mes songes ?
Car tes désirs d’hier
Sont mes rêves de demain
Remets-moi tout ça immédiatement
Tu ne peux pas te déshabiller ici
Tu ne peux pas étaler sur ce tapis
Tes seins ta motte ton cul pour la caméra
Éteins-moi ce cigare il est interdit de fumer
Non ce n’est pas le temps de prendre un bain
Mais vous êtes tous devenus fous ma parole
Tu ne peux pas te raser les couilles dans la cuisine
Et laisser des poils sur le carrelage
Ce n’est pas le moment de se branler
Mais qu’est-ce qui te prends de te branler
Comment peux-tu te branler à un moment pareil
Mais qu’est-ce que c’est que ça
Tu ne peux pas rester ici avec un doigt dans la chatte
Ce n’est pas le moment de se passer le doigt
Quelle est cette odeur
Ne lui mets pas ta langue à cet endroit
Ne lui tâte pas les fesses
Ne lui mets pas un doigt en astiquant son manche
Tu as des mailles dans tes collants
Arrête tu fais des mailles dans tes collants
Remets ton t-shirt cesse de les tâter personne ne veux les voir
Et toi, ne laisse pas ton slip taché dans le bol à fruits
Qu’est-ce que c’est que ça
Tu ne peux pas apporter ça ici
Remets-le dans ton sac
Éloigne ce truc de moi
Ils vont revenir d’une minute à l’autre
J’entends leurs pas dans l’escalier
Leur voix derrière la porte
N’approche pas ou je crie
Ne me touche pas
Non je
J’eus la permission de les regarder
Ils laissèrent la porte ouverte
Le plus jeune me tournait le dos
L’autre assis, pantalon aux chevilles
Il lui pompait goulument le dard
Bave en filets gluants au menton
Et moi je me contentais de me branler
Spectatrice conne et coite, quoique…
J’aurais dû m’approcher d’eux
Passer mes doigts dans ses cheveux
Parquer mon cul nu sur le béton glacial
Pour lécher le sien, brûlant
Frotter ma chatte sur ses lèvres
Pour lui faire goûter le suc amer
L’essence même de mon plaisir
Lécher sur sa joue râpeuse les traces
Du plaisir défunt de son amant
Lui demander son prénom, à tout le moins
Mais ils ont fui hilares et repus
Me laissant seule, rouge aux joues
Cuisses inondées, corps incendié
Mon amour à lécher
Une touffe dans le buisson
Que leurs bites à la queue-leu-leu
Fourre-tout
Les Quatrains de la catin
Foule de nudités frontales
Du sable dans le KY
Son cul existe : je l’ai rencontré
Poésie rectale
Orgie virile à Amqui
Retiens-toi encore un peu
Chipie barbue cute
Mon chien est une porn star
Calvitie masculine et chauvinisme mâle
Le spleen du Paris Pâté
Poils pubiens devant la Cour Suprême
La crapule et le sodomite
Tout mais pas ça
Batte de baise balle
Viens-donc qu’on puisse partir
Cœur de béton
Cachou à l’anis et crachat à l’anus
Les mats se couchent à Mascouche
Au rendez-vous des poètes bandés
Fait à l’os
Passe-moi un Québec
Bâtard adipeux
La soumission de Jean-Roger
Du sperme dans mon whiskey
Amour à l’arrachée
Chochotte et cum shot
Ève a une pomme d’Adam
Cesse de faire le fif et suce cette queue
Barbiche poisseuse
Monsieur Démon du Midi
Un mec lesbien, ça n’existe même pas
Le pied, c’est douze pouces
Écharde-moi
Ma salope intérieure
Le concombre et moi un samedi soir
Encore une ode à ton glorieux chibre
Freak chaud
Croutes de sperme et biscuits Ritz
Shorts de jeans et botte de cuir
Trop salissant pour être honnête
Dick pics et cacographies
Tu m’as baisée à la piscine municipale
Où nous travaillions tous les deux
Une crampe nécessitait des soins d’urgence
Dans ton maillot de bain réglementaire
Par pure conscience professionnelle
Je me suis héroïquement jetée
Entre tes genoux, sous la table
Du local réservé aux maîtres-nageurs
La directrice a failli nous surprendre
Je suis donc restée immobile
Ta queue dans la bouche
Jusqu’à ce qu’elle parte
Toi tu n’as même pas débandé
Ton cœur battait entre mes lèvres
Ton parfum de sueur, de sperme
Et de crème solaire emplissait mes narines
Nous avons alors convenu
Que c’était vraiment trop risqué
Mais puisque la piscine fermait
Tu m’as suivi dans le vestiaire des filles
Ton érection déformait le lycra
De ton maillot de bain réglementaire
J’ai glissé ma main entre tes cuisses
Hâlées et noueuses de champion crawleur
Tu as mordu mon cou et empoigné mes seins
Les yeux hagards et le souffle court
Et j’ai attrapé ton membre congestionné
Comme on s’agripperait à une bouée
J’ai longuement astiqué ta bite
Avec tant de soin et d’application
Que je m’attendais à tout moment
D’en voir sortir le génie de la hampe
Mais je savais que c’était dans mon cul
Que tu souhaitais rendre l’âme
Alors, je me suis retournée en baissant
Le bas de mon maillot de bain réglementaire
J’ai guidé ton membre entre mes fesses
Râlant à chaque poussée comme une noyée
Expirant dans la houle qui me tanguait
Tuée puis réanimée à chaque coup de boutoir
Et quand enfin tu as fini par te retirer
Tu as déroulé le préservatif rubané de merde
Pour pisser ton foutre à grand traits
Sur le lycra de mon maillot de bain réglementaire
Éteins la lumière
Enlève ce peignoir et approche
Montre-moi un peu de peau
Décroche le téléphone
Je me suis fait belle pour toi
Harnachée de cuir le gode triomphant
Regarde ma bite comme elle me va bien
Je l’ai achetée en pensant à toi
Regarde on croirait vraiment que je bande
Viens sur le lit je serai ton amant
Reste tranquille pendant que je soulève tes jambes
Pour que tes pieds frappent la voie lactée
Essaie de ne pas crier pendant que je te baise
Comme un lièvre, dents sorties et oreilles rabattues
Pendant que j’attise et je que je fourgonne
Le feu ardent qui brûle tes entrailles
Pendant que je te ramone le conduit
En chantant chim chiminey chim chim cher-ee
Pendant que ma queue avance comme le canot
De Radisson — au plus profond de ton continent
En lacérant ta poitrine d’ange déchu
En branlant ta queue comme si c’était la mienne
Viens que je te déflore ô mon aimé
Sur ce lit de satin rouge en forme de cœur
Viens t’asseoir sur mon pieu
Comme sur le trône de Saint Pierre
Avant de boire à mon puits
Pour obtenir la vie éternelle
Nageur disponible pour pipe aux vestiaires
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Je veux être ton esclave sexuel
Je suce homme marié propre + pas d’ITS
Bandé et prêt pour toi
Petit, maigre, 19 ans, rêve d’une cougar
Disponible pour un café et peut-être plus…
Bâillonnée et ligotée
Besoin de crème
Film porno et masturbation mutuelle chez toi
Ma queue + ton cul = extase
Vous n’êtes PAS autorisé à contacter l’annonceur
Au sujet d’autres services ou intérêts commerciaux
Désolée, je me préserve
Pour le danseur embauché par mes copines
Pour mon enterrement de vie de fille
Désolée, je me préserve
Pour les lesbiennes saoules qui me draguent
Au bar quinze minutes avant la fermeture
Désolée, je me préserve
Pour les adonis à moitié nus et luisants de sueur
Qui tondent la pelouse du parc devant chez moi
Désolée, je me préserve
Pour les dames BCBG qui m’invitent pour le thé
Et que je lape entre deux lampées de lapsang
Désolée, je me préserve
Pour tous les mecs sans visage de l’internet
Qui m’envoient des photos de leur bite cramoisie
Désolée, je me préserve
Pour les échangistes en string et en tongs
Qui organisent des orgies dans les sous-sols de Rawdon
Désolée, je me préserve
Pour les ménagères proprettes et quinquagénaires
Qui m’offrent à leur mari pour leurs noces d’argent
Désolée, je me préserve
Pour les types louches recrutés sur Craigslist
Qui viennent sonner chez moi à deux heures du mat’
Désolée, je me préserve
Pour les moustachus transgenres et tatoués
Qui me font monter bareback sur leur moto
Désolée, je me préserve
Pour les camionneurs qui me font sucer leur outil
À la queue-leu-leu dans la douche de la halte routière
Désolée, je me préserve
Pour la candidate conservatrice dans Yorkton-Melville
Qui m’enseigne à coup de gode les valeurs familiales
Désolée, je me préserve
Pour les vieux messieurs à l’haleine de bouc
Qui payent pour que je leur pisse au visage
Désolée, je me préserve
Pour Maîtresse Séverine qui m’a promis
De me marquer au fer rouge le weekend prochain
Désolée, je me préserve
Pour mon patron qui va me congédier
Si je refuse de le laisser me sauter dans son bureau
Désolée, je me préserve
Pour l’autel de Belzébuth, de Moloch et d’Asmodée
Sur lequel je serai sacrifiée lors de la prochaine pleine lune
Parlant de vieux textes, je viens de mettre à jour Faits divers, mon recueil de nouvelles insolites (et scabreuses) versifiées. J’ai dû réécrire beaucoup des plus anciens quatrains, car visiblement j’avais encore de la difficulté en 2009 avec la diérèse et la synérèse. J’avais aussi une prédilection pour les rimes pauvres, manie dont je me suis heureusement départie depuis (ouf). Quelques-unes d’entre elles sont des fumisteries avérées; je les ai identifiées dans les notes en bas de page sans toutefois les retirer du recueil – ça m’aurait fait trop mal aux seins au cœur.
Vous pouvez télécharger le tout en format pdf. Je vous préparerai un epub dès que les piles de mon vibro seront mortes.
(Un autre pantoum daté de 1997 extrait de mes vielles notes de cours universitaires. Jamais n’aurais-je osé montrer à quiconque ce genre de truc à l’époque, alors jeunes gens, prenez ceci comme un coneil bienveillant: n’ayez aucune confiance en la version future et plus âgée de vous-même.)
Avant de souffler mes vingt-et-une bougies
Je veux pomper vingt-et-une queues dans un glory hole
Faire plus ample connaissance avec de parfaits étrangers
À travers un trou de quinze centimètres de diamètre
Je veux pomper vingt-et-une queues dans un glory hole
Pour rassasier cette faim qui me tenaille depuis trop longtemps
Faire plus ample connaissance avec de parfaits étrangers
Dans les toilettes pour hommes d’un centre commercial
Pour rassasier cette faim qui me tenaille depuis si longtemps
Je vais me déguiser en mec moustachu et pervers
Dans les toilettes pour hommes d’un centre commercial
Tout juste à côté du bureau des agents de sécurité
Je vais me déguiser en mec moustachu et pervers
À genoux dans une cabine et la bouche grande ouverte
Tout juste à côté du bureau des agents de sécurité
Ce qui éveillera à coup sûr des tas de soupçons
À genoux dans une cabine et la bouche grande ouverte
Je vais m’étouffer un peu et faire des tas de bruits baveux
Ce qui éveillera à coup sûr des tas de soupçons
Mais je glisserai quand même ma main dans ma culotte
Je vais m’étouffer un peu et faire des tas de bruits baveux
En priant que ma technique ne trahisse pas mon sexe véritable
Mais je glisserai quand même ma main dans ma culotte
Parce que la tension sera à ce moment insoutenable
En priant que ma technique ne trahisse pas mon sexe véritable
Des filets gluants pendouillant de mon menton
Parce que la tension sera à ce moment insoutenable
Je me mettrai à gémir avec ma voix trop aigüe
Des filets gluants pendouillant de mon menton
Le jeans enroulé autour des chevilles et les seins à l’air
Je me mettrai à gémir avec ma voix trop aigüe
Quand l’agent viendra constater le flagrant délit
Le jeans enroulé autour des chevilles et les seins à l’air
J’aurai la honte et le rush d’adrénaline de ma vie
Quand l’agent viendra constater le flagrant délit
Et me traînera au poste menottée pour célébrer mon anniversaire
(Un pantoum de 1998 retrouvé en faisant le ménage de mes notes de cours jaunies de la Fac.)
Il n’y a plus une seule chaise libre dans l’auditorium
Il fait chaud ça sent le fauve le caleçon de la veille
Deux heures déjà qu’il parle sans discontinuer
J’ai le clito à vif et le cul qui me démange
Il fait chaud ça sent le fauve le caleçon de la veille
J’ai le rouge au front je n’entends plus rien
J’ai le clito à vif et le cul qui me démange
Les aisselles moites et la fente suintante
J’ai le rouge au front je n’entends plus rien
Je tords mes mains je serre les cuisses
Les aisselles moites et la fente suintante
Vivement la pause que je puisse me branler
Je tords mes mains je serre les cuisses
Deux heures déjà qu’il parle sans discontinuer
Vivement la pause que je puisse me branler
Deux heures déjà qu’il parle sans discontinuer
Allez ma vieille ne leur fais surtout pas honte
Qu’est-ce qu’ils diraient s’ils te voyaient maintenant ?
Ce n’est pas le moment de faire la mauviette
Et encore moins celui de te défiler
Arrête de tirer sur ta jupe trop courte
Arrête de penser à ton chemisier trop échancré
Relève le front et hausse les épaules
Fais claquer tes talons aiguilles sur le parquet
Qu’ils résonnent comme les trompettes de Jéricho
Montre-leur de quoi tu es capable
Mets-leur en plein la vue
Fais honneur à Ville Lemoyne
Il y en a combien, finalement ?
Cinq ? Huit ? Douze? Quatorze ? Dix-sept ?
Pas plus d’une vingtaine en tout cas
Celui-ci n’est pas trop vieux
Celui-là n’est pas trop moche
Ceux-là semblent à peu près propres
Rien de bien intimidant
Rien que tu n’aies fait au moins cent fois
Allez ma vieille il est trop tard pour reculer
Toi qui fanfaronnais bravache avec eux au téléphone
Toi qui disais que tu en as toujours eu envie
Fais honneur à Ville Lemoyne
Tu es à la hauteur tu le sais très bien
C’est toi la meilleure tu le sais très bien
Tes yeux de braise n’ont jamais eu froid
Tes muqueuses sont plus résistantes que le kevlar
Avec toi les daltoniens en voient de toutes les couleurs
Avec toi les hombres fuient la queue entre les jambes
Laisse-les arracher tes fripes tu les as achetées pour ça
Laisse-les saloper ton maquillage tu l’a mis pour ça
Montre-leur que tes ressources sont inépuisables
Montre-leur que la Rive Sud ne s’en laissera jamais imposer
Allez ma vieille écarte bien les cuisses
Fais honneur à Ville Lemoyne
Il y a du sperme dans ma culotte
Et sur mes cuisses quand je croise
Et recroise mes jambes
Sous la table à manger
Elle me parle la bouche pleine
Des murs qu’il faut repeindre
Pendant que le sperme coule
Lentement au fond de ma culotte
Un peu de sauce béchamel
Au coin de sa bouche
Et moi je ne peux penser
Qu’au sperme dans ma culotte
Non, je ne suis pas allée
Chercher tes trucs chez le teinturier
Non, je n’ai pas récuré le bidet
Comme je l’avais promis
J’étais sur le web toute la matinée
J’ai sauté sur le premier paf venu
Voilà pourquoi ma culotte s’empoisse
À chaque torsion de mon cul
Je cacherai ce soir ma culotte sous le lit
Parce qu’une trace de sperme
Dans une lessive lesbienne
Est trop longue à expliquer
Je la laverai à la main
Dans la lueur de la lune opaline
Pour que jamais tu ne puisses flairer
Qu’il y a eu du sperme dans ma culotte
Philippe était marié et annulait très souvent nos rendez-vous à la dernière minute;
La fois où moi je l’ai fait, il m’a engueulée parce qu’il avait pris un Cialis pour rien.
Malik me regardait avec envie chaque fois que je laissais son maître me monter;
Il aurait eu sa chance, lui aussi, si je n’étais pas si allergique aux poils de chien.
Laurent était junkie et venait parfois dans ma bouche sans avoir eu d’érection;
Il me faisait quand même jouir comme une folle – je vous laisse deviner comment.
Evan me crie une insulte sexiste depuis sa voiture le matin quand j’attends le bus;
Il n’est pas un amant – juste la présence masculine la plus constante dans ma vie.
Isaac était chômeur et ne faisait que se branler devant de la porn toute la journée;
Il se servait, en guise de lube, de ma crème hydratante à soixante dollars le pot.
Ludovic avait un Prince Albert et des perçages aux visage, au torse et aux cuisses;
Son monde entier était un cactus, il m’était impossible de m’y asseoir.
Damien travaillait au salon funéraire et fantasmait à mort sur les beautés livides;
Cette heure passée à l’attendre dans un cercueil fut la plus longue de ma vie.
Zackary m’a dit : «Crosse-donc la street avec moi, ça va être right d’la fun»,
Et j’ai cru qu’il me faisait une proposition graveleuse typique du New Brunswick.
Rafael gagnait sa vie en pêchant le homard dans la baie des Chaleurs
Et il refusait de lécher ma moule sous prétexte qu’elle sentait la morue.
Benjamin était rabbin et devait finir chaque relation sexuelle «à l’endroit normal»,
Alors on commençait dans le vestibule et on terminait dans la chambre à coucher.
Mathieu bossait au Journal de Montréal et baisait ma bouche avec frénésie,
Déformation professionnelle acquise à force de continuellement bourrer des crânes.
Hubert était Belge, mais ne riait jamais quand j’enlevais ma culotte en lui disant :
« Trempe ta frite dans ma moule et donne-moi un peu de mayonnaise».
Julien avait une coupe Longueuil et faisant jouer du U2 chaque fois qu’on baisait;
Moi, je fredonnais I still haven’t found what I’m looking for quand il se rebraguettait.
Louka a rencontré Sophie, son épouse, grâce à mes bons soins d’entremetteuse ;
Reconnaissant, il me laisse jouer à broute-mi-broute-moi avec elle une fois par mois.
Milan était joueur de foot et son engin était trop gros pour être réglementaire ;
Il a buté si fort contre le col de mon utérus que je lui ai donné un carton rouge.
Tommy m’avait invitée chez lui pour me montrer sa collection de livres érotiques ;
J’ai dormi sur le canapé pendant qu’il honorait sa copine dans la chambre d’à côté.
Daniel avait des tas d’idées bien arrêtées sur ce qu’il faut faire au lit avec une dame ;
C’est ce que j’ai compris quand, sans crier gare, il m’giflée avec sa bite semi-molle.
Mathéo s’est glissé derrière moi alors que je dormais à côté de mon fiancé,
A fait trois petits coups, un «oups», puis est parti aussi vite qu’il était venu.
Léonard a fait de poudre sur la table de verre avant de s’y allonger pour me baiser ;
Tout ça s’est terminé, bien entendu, par un tesson sanglant planté dans son dos.
Rémi s’est contenté de doigter ma chatte pendant que mon Jules bourrait mon cul;
Il l’a fait avec tant d’entrain et de dextérité que toute sa main a fini par y entrer.
Joey était sûr d’être monté comme un âne et rien ne pouvait lui ôter ses illusions ;
Même le fait que sa capote baillait sur sa queue comme une vieille chaussette.
Cédric tordait son visage en jouissant au point d’avoir l’air d’être atteint de trisomie ;
Ce n’était pas très sexy à voir, mais qu’est-ce que je lui faisais comme effet, hein.
Adhémar était beaucoup plus âgé que moi et m’a dit après s’être exécuté :
«Tu avais des condoms, c’est bien : tes parents t’ont appris à être responsable».
Ali m’a dit qu’il ne pouvait pas rester toute la nuit et j’ai pleuré, désemparée ;
Il m’a alors bordée et m’a raconté une histoire de chaton orphelin pour m’endormir.
Manu m’a sorti le grand jeu du mâle alpha jusqu’à ce qu’il aperçoive mon furet ;
Il a grimpé sur mon divan en poussant des cris aigus, la flamberge flaccide au vent.
Dae-Jung ne parlait pas ma langue et n’a passé qu’une nuit avec moi, dans un bar ;
Il s’est contenté de sucer mes doigts un après l’autre, jusqu’à ce que le soleil se lève.
Ruben est entré dans ma vie en coup de vent avec ses yeux noirs et sa peau basanée ;
Il s’est enfui dans l’Okanagan en me laissant une amulette tzigane et une vaginite.
Dario a soigneusement placé son iPhone sur la table de nuit avant de se désaper
Pour que son ami qui purgeait une peine de prison zieute nos ébats sur FaceTime.
Steve était peintre en bâtiment et venait me voir pendant ses heures de travail ;
S’il me faisait squirter sur les murs, était-ce par déformation professionnelle ?
Jérôme s’est évanoui en éjaculant et j’ai dû le gifler pour qu’il reprenne ses esprits ;
Ça m’a foutu une de ces frousses… une chance que j’avais joui avant lui.
Jack m’a saoulée et en a profité pour me raser la chatte et me baiser rudement ;
Sa bite était large comme une bûche et il n’a pas nié m’avoir violée quand je l’ai revu.
Marc était beau comme un Dieu, mais il est venu dans son froc en m’embrassant
À chaque rencontre, pendant quatre mois (il était VRAIMENT beau comme un dieu).
Pete était doorman, il voulait m’enculer, mais je lui interdisais l’accès à cette porte ;
Quand j’ai enfin dit oui, il a eu de la merde sur la bite et je ne l’ai plus jamais revu.
Matt n’était pas mon genre, mais il faisait tellement pitié que je tolérais ses avances
Jusqu’à ce qu’il dise : « tu peux fermer les yeux et penser à un autre gars si tu veux».
Abel ne pouvait s’empêcher de rire en jouissant, c’était juste plus fort que lui ;
Un jour, il a éjaculé dans mon œil et ça m’a foutu une conjonctivite carabinée.
Un autre extrait de ce carnet qui date de la fin des années quatre-vingt-dix, qui raconte une anecdote encore plus ancienne – j’avais quinze ou seize ans, je crois.
Hier soir, je suis sortie du cinéma après la dernière représentation et j’ai marché vers l’arrêt d’autobus. Je n’arrêtais pas de penser à cette scène entre la dame plus âgée et la jeune héroïne. Il ne se passait pas grand-chose, mais la tension érotique entre les deux était palpable, presque insoutenable pour le public – en tout cas, elle l’était pour moi, ça c’est certain. Ça m’avait rendue tout chose / ça m’avait mise toute chaude / au point de sentir mes mamelons durcis frotter désagréablement contre mon chemisier. Et puis, je n’aurais pas dû porter ce pantalon, il est un point trop serré et ça contribuait à mon inconfort. J’aurais juré qu’on pouvait entendre le bruit de friction baveux que faisait ma chatte à chacun de mes pas. J’étais brûlante de fièvre – ou de désir. À moins que ce soit les deux à la fois.
La nuit était douce et les rues étaient mal éclairées, désertes, mais remplies d’ombres menaçantes. La peur s’est ajoutée à mon émoi, si bien que j’étais salement excitée, sous l’empire de l’instinct de conservation qui pousse la femelle à fuir et à copuler. Et puis il y avait ce foutu pantalon qui me sciait les fesses. J’ai essayé de marcher lentement, pour atténuer les sensations. J’espérais que toute cette sueur, que toutes ces humeurs qui suintaient de mon corps resteraient discrètes. J’ai tellement ralenti le pas que j’arrivais à peine à marcher. Tout ce que je voulais, c’était me rendre à l’abribus et m’asseoir pour me reposer pendant quelques minutes et reprendre un semblant de contenance. Retrouver une forme humaine.
Sauf qu’il fallait que j’arrive à temps pour ne pas manquer le dernier bus. Quand j’ai eu enfin la présence d’esprit de regarder ma montre, j’ai bien vu que j’étais en retard. Je me suis donc mise à courir. Le tissu s’est remis à frotter sur ma chatte de façon insupportable. Je sentais mon excitation monter. J’ai regardé ma montre. Je me suis précipitée vers l’abribus; il y avait un banc libre. Trop tard : j’ai senti l’orgasme monter, exploser et irradier à travers mon corps. J’ai essayé de garder le silence et ma dignité, mais je savais que j’étais rouge, brûlante et en nage – et que mon pantalon était taché.
Je me suis assise sur le banc et quand j’ai levé les yeux, il y avait une femme me regardait en souriant.
(Un court poème d’Anne Archet – avant qu’elle ne s’appelle Anne Archet, vers 1998.)
Allez, avoue-le donc
Tu le veux
Han ?
Dis-le
Que tu le veux
Tu veux ses bras autour de toi
Qui t’enveloppent
Quand la nuit resserre son étreinte
Tu veux être accueillie par son sourire
Qui dissipe les ténèbres
Quand dans sa chambre tu le rejoins
Tu veux ses mains sur tes cuisses
Qui font chavirer tous tes sens
Quand elles se glissent sous ta jupe
Tu veux ses yeux dans les tiens
Qui te transpercent jusqu’à l’âme
Quand tu le renverses dans son lit
Tu veux baigner dans son parfum
Qui remplit chacun de tes soupirs
Quand ton corps se mêle au sien
Tu veux la courbe affolante de sa queue
Qui coulisse à l’intérieur de toi
Quand tu juges qu’il a été assez obéissant
Tu veux les clés de son cœur
Tu veux celles de sa ceinture de chasteté
Tu veux tenir sa laisse
Tenir le manche du fouet
Allez, avoue-le donc
Dis-le
Que tu le veux
Tu le veux
Han ?
Pfff
Tant pis pour toi
C’est ma chose
C’est mon jouet
Pas le tien
Il est à moi
Connasse
Thomas pouvait éjaculer dans le plus petit récipient sans renverser une goutte ;
Ce talent a fait de lui – sans qu’il ne le sache – le papa de ma fillette adorée.
Jacob a crié « chiche ! » quand j’ai refusé net de faire du ass-to-mouth avec lui ;
Pas de chance, je ne tombe plus dans ce genre de panneau depuis la maternelle.
Logan aimait que je lui ramone l’urètre avec des tiges en acier chirurgical;
Il les rangeait méticuleusement par ordre de grosseur dans un coffret de cuir fin.
Bob était un prospect des Bandidos – patch dans le dos et tatouages à l’appui ;
Sa visite précoce du fond du fleuve l’a empêché de faire de moi sa old lady.
Émile travaillait de novembre à décembre comme Père Noël au Carrefour Laval ;
Assise sur ses genoux, il m’appelait sa fée et me faisait voir des étoiles.
Noah était poilu comme un ours et venait pourlécher mes miches aux WC ;
Chaque fois que je vois un pot de beurre d’arachides Kraft, je pense à lui.
Loic a voulu se servir de mon corps nu comme autel pour une messe noire ;
Hélas, Satan n’a pas pris possession de mon corps – juste le tréponème pâle.
Edouard jouissait d’une réputation de monstre littéraire et d’écrivain-culte;
Il m’a talonné pour que j’ouvre ma cam et que je lui montre mon cul d’écrivain.
Élie m’amenait, les soirs de feux d’artifice, voir les mecs fourrer dans les buissons ;
Mon rôle était de tenir la lampe de poche et faire des « ooooh » admiratifs.
Xavier était philosophe autodidacte et la maïeutique lui a monté à la tête ;
Les flics l’ont arrêté quand en sortant sa bite il voulut faire un Diogène de lui-même.
Tony me faisait fondre avec sa gueule de fauve et sa grosse queue orange ;
Pourquoi le gestionnaire de communauté de Kellogg’s m’a bloquée sur Twitter ?
Mathias bandait mou parce que mon corps n’est pas celui des filles de Porn Hub ;
J’ai réglé le problème en scotchant son iPhone sur mon front pendant l’amour.
Zach a tenté de me séduire en me slammant des vers qu’il avait composés ;
Quand il a fait rimer «noune» avec «bisoune», je lui ai donné son congé.
Elliot était agent immobilier, alors imaginez toutes les maisons où j’ai vu sa pine ;
Croyez-moi, ce n’est pas la photo de la tronche que ses pancartes devraient arborer.
Justin avait conçu juste pour moi un amant d’acier à piston pneumatique ;
En bonne manager, je l’ai largué dès que j’ai su comment m’en servir.
Nicolas était sexy, vigoureux, infatigable et se pliait à tous mes caprices ;
J’ai regretté d’avoir quitté son papa quand je l’ai échappé dans l’escalier.
James était d’une élégance folle et m’a initiée aux joies du five o’clock tea :
Scones sur les seins, sandwichs aux concombres sur la chatte et de la crème partout.
Tristan m’a prise pour Iseult et était bien résolu à conquérir à l’ancienne ;
S’il n’avait pas confondu philtre d’amour et GHB, il ne serait pas en taule aujourd’hui.
Nolan, avec un clin d’œil complice, m’a invité chez lui pour un Netflix and chill ;
J’y suis allée en toute innocence – ce n’était pas encore un mème en 2013.
Jérémie se disait atteint de vampirisme et son teint m’a convaincu qu’il disait vrai ;
Par chance, le contenu de ma Diva Cup a suffi pour étancher sa soif.
Arnaud était presque diaphane, avec sa voix tremblante et sa peau de laiteuse ;
C’était plus fort que moi, je devais le lacérer jusqu’aux sang avec mes ongles.
Ethan n’aimait pas mes pipes et critiquait le moindre de mes gestes ;
Il a fini par me donner une leçon en allant sucer devant moi le voisin de palier.
C’était notre troisième rendez-vous. Elle avait encore apporté ce bizarre de masque à gaz qu’elle avait enfilé elle-même avant que je passe une heure à la ligoter exactement comme elle le souhaitait – photos et diagrammes à l’appui. Je m’étais ensuite amusée à lui enfiler ma collection complète de godes dans le cul et dans la chatte en alternance, jusqu’à ce que j’estime qu’elle ait joui jusqu’à épuisement.
Nous étions blotties l’une contre l’autre dans mon lit et je caressais ses cheveux lorsqu’elle me confia, sur le ton blasé de l’évidence :
«Parfois, je me dis que je ne devais pas survivre à ma naissance, que toute ma vie est un long malentendu. Le cordon ombilical s’était enroulé autour de mon cou comme la corde du gibet et il en a fallu de peu pour que j’entre dans le monde les pieds devant.»
— Oh! répondis-je, trop surprise pour trouver quelque chose d’intelligent à dire.
— Je suis convaincue que c’est pour cela que je ne peux pas jouir sans les cordes. Qu’est-ce que tu en penses?
— Euh… peut-être bien?
— Ouais… je ne sais pas si on peut se rappeler, même inconsciemment, des circonstances de sa propre naissance. Peut-être que la suite a eu plus d’influence, en réalité.
— Ça se peut, balbutiai-je en restant cantonnée malgré moi dans la niaiserie.
— Je t’ai raconté ma première baise? me demanda-t-elle en se retournant vers moi.
— Tu m’as seulement raconté qu’enfant, tu te ligotais toute seule dans ta chambre quand ta mère avait le dos tourné.
— Tu aimerais savoir comment ça s’est passé, ma première fois?
— Oui, si tu le veux.
Elle prit une grande respiration, comme une plongeuse qui s’apprêtait à briser un record en apnée, puis se mit à débiter son histoire, sur un ton calme à glacer le sang.
«J’avais treize ans et lui était beaucoup plus vieux. Il m’avait dit qu’il en avait vingt, mais quand j’y repense, je me dis qu’il était sûrement plus âgé. Il avait de fines lignes au coin des yeux quand il souriait et des crocs acérés quand il se mettait à rire. Il habitait dans le sous-sol de ses parents, alors je me dis qu’il avait probablement moins de trente ans, mais qui sait, hein. Il était supposément l’ami du frère de l’ami de cœur d’une de mes copines et grâce à ce statut, il avait réussi à s’incruster dans ma vie sociale; deux fois sur trois, quand j’allais passer l’après-midi chez une copine ou que nous allions glander au centre commercial, il était là. Nous le trouvions toutes un peu creep, mais c’était pratique de l’avoir dans les parages quand venait le temps d’acheter des clopes et de la bière au dépanneur.
« Ce soir-là, nous étions chez lui pour regarder des films. À un moment donné, il est sorti de sa chambre avec deux bouteilles de deux litres remplies de liquide bleu. Il m’a proposé à la ronde de boire un verre de Kool Aid et nous en versa dans des gobelets en styromousse en nous disant, tout fier, que c’était sa recette personnelle. Je ne comprenais pas comment quelqu’un pouvait avoir une recette personnelle de Kool Aid, après tout, ce n’est que de la poudre qu’on ajoute à de l’eau. Dès le premier verre, je me suis mise à me sentir un peu mal. Je me demande bien ce qu’il avait mis là-dedans, ce salopard. Pendant tout le reste de la soirée, j’ai vu d’autres filles qui allaient s’en servir quand il avait le dos tourné et je me suis dit qu’il y avait sûrement quelque chose qui fait buzzer, alors je me suis arrangée pour faire comme les autres et j’ai bien dû en boire l’équivalent de trois goblets.
«À la fin de la soirée, il ne restait plus que lui et moi. Quand j’ai voulu partir, il m’a proposé de me raccompagner. Il était tard, je ne me sentais pas très bien et j’avais un peu peur, alors j’ai dit oui. J’ai donc marché — tituber serait un mot plus exact – avec lui en direction de ce que je croyais être chez moi, jusqu’à ce que nous arrivions dans un petit boisé que je connaissais bien et qui n’était qu’à quelques mètres de chez lui. Regarde mon bras : je te raconte et j’ai la chair de poule. Et ce n’est rien : parfois quand je suis seule et que j’y repense, j’angoisse tellement que j’ai l’impression que mon cœur va cesser de battre, j’en ai le souffle coupé comme si je revivais chaque minute, chaque seconde.
«Il avait tout prévu, l’ordure. Il avait installé des cordes, des piquets, une lanterne de camping et un espèce de matelas de plage. Il m’a dit que j’allais aimer, qu’il allait me guider, que ce serait parfait. Et moi, pauvre idiote, j’ai dit oui. Je me souviens du frottement de corde autour de mes poignets, de la brûlure sur mes chevilles. L’odeur d’humus et de feuilles mortes. Sur le dos, écartelée, attachée, il m’a pénétrée salement, comme une ordure qui n’en revient pas de sa chance mais qui a la délicatesse de s’arrêter à temps pour éjaculer sur mon ventre et me priver de sa saloperie de descendance. Il m’a ensuite détachée, vaguement essuyée, puis il m’a aidée à ma rhabiller et m’a conduite en voiture chez moi.»
Elle fit une pause dans son récit, comme pour jauger ma réaction. Il n’y avait toutefois rien à jauger : j’étais trop abasourdie par l’ampleur de la confession pour en avoir une.
— Tu sais ce que j’ai fait ensuite?
— Euh… tu as tout raconté à tes parents et vous êtes allez voir les flics?
— Franchement, est-ce vraiment ce que toi, tu aurais fait à cet âge.
— Je ne crois pas non, avouais-je. J’aurais eu trop peur que ma mère me tue.
— Ben c’est ça. J’ai fait le contraire, en somme.
— C’est-à-dire?
— C’est-à-dire que je suis retournée le voir. Chaque semaine. Pendant presque onze mois.
Elle se retourna dans le lit, puis, dos à moi, elle termina de vider son sac :
«Il ne m’attacha plus jamais les poignets, je me débattais trop et il ne voulait pas me laisser des marques que mes parents pourraient trop facilement voir. Il s’est amusé pendant presque un an à blesser une gamine, tu te rends compte? Il savait que j’étais trop honteuse ou trop terrifiée pour en parler à quiconque. Je suis presque morte d’un coup de chaleur cet été-là. J’ai pris coup de soleil sur coup de soleil en espérant que le bronzage soit suffisant pour couvrir les ecchymoses. Comme ce n’était pas suffisant, je me suis arrangée pour tomber souvent en vélo. Une fois, j’ai même sauté par-dessus le guidon en roulant. Peut-être n’était-ce pas seulement pour camoufler les traces de sa violence. Peut-être voulais-je me punir d’être une victime aussi idiote, aussi obéissante. Je ne le savais pas. Et maintenant, je ne le sais plus. Je ne sais plus pourquoi j’y retournais – ou alors, je le sais trop.
«Tu sais pourquoi je tiens tant à ce que tu m’attaches seulement d’une façon si particulière? Parce que je ne veux pas faire renaître les marques qu’il a faites sur mon corps. Parce qu’il y a cet endroit sur ma cuisse que j’ai frotté jusqu’au sang et qui maintenant est incapable de supporter le plus simple toucher. Plus je frottais, moins l’abus s’effaçait; j’ai percé la peau, je me suis rendue jusqu’à cette couche grisâtre et sanguinolente comme la peau d’un monstre – c’était lui, c’était sa peau à lui, il était toujours là, au plus profond de ma chair.
«La dernière fois que je l’ai vu, je lui ai demandé de me passer sa ceinture autour du cou et de tirer aussi fort qu’il le pouvait. Et tu sais quoi? Il l’a fait, ce connard. Alors que je me sentais glisser dans la noirceur bienveillante, j’ai bien cru que j’allais enfin boucler la boucle, que je revenais où tout avait commencé, que tout allait finalement être à sa place. Quand je me suis réveillée, j’étais nue dans son lit, dans cette chambre au sous-sol de ses parents. Je suis montée et il y avait personne. J’ai donc couru comme une dératée et je ne suis plus jamais revenue. Lui n’a pas essayé de me revoir; il est parti de chez ses vieux quelque temps après, à ce qu’on m’a raconté.
«Après toutes ces années, c’est comme s’il était toujours près de moi, comme s’il me parlait encore à l’oreille, comme s’il me répétait encore et encore que je ne vaux rien, que je ne suis rien – et même que je suis moins que rien, que je suis une criminelle, une folle dangereuse : un paillasson pour s’essuyer les pieds, une drama queen névrosée lesbienne, une peine-à-jouir dégoûtante et névrosée que seuls les nœuds coulants et les dildos arrivent à calmer. Après toutes ces années, les ecchymoses sont toujours là : elles ne proviennent plus de son sadisme, mais de mon masochisme. J’ai grandi, je suis devenue forte et résiliente, mais je n’ose pas encore le haïr comme il mériterait d’être haï. Parce que si je me mets à haïr, je ne sais pas si ce sera lui ou le monstre qu’il a laissé en moi et que j’ai pu apercevoir en arrachant ma peau.»
Et c’est là que je me suis mise à pleurer. Moi qui était censée donner du réconfort, de l’affection et de la tendresse à la personne qui m’avait si généreusement fait don de sa personne, de son corps et de son plaisir, moi qui lui avait fait subir des sévices bien intentionnés, – mais sûrement indiscernables de ceux que lui a infligé le monstre qui l’a violée à répétition – moi la dominatrice d’opérette, je braillais comme une idiote et elle, tragiquement belle et imperturbable, me consolait comme si rien ne pouvait plus jamais l’atteindre.
Avant qu’elle ne parte, elle m’a embrassé une dernière fois sur les deux joues et m’a dit ces phrases qui depuis ne cessent de me hanter :
«Quand toute jeune tu as été victime d’abus, l’adulte que tu deviens a le cœur transpercé par un trou noir qui voudrait tout aspirer autour de lui, mais qui n’arrive jamais à le faire. Tu dis à qui veut bien l’entendre que tu n’as besoin de personne et tu arrives même à t’en persuader et à agir en conséquence. L’affaire est que tu as appris à la dure que l’amour n’existe pas, qu’il est impossible d’avoir confiance en qui que ce soir et que tu ne peux être en sureté nulle part – ni chez ton amante du moment, ni même sur le court chemin qui mène à la maison de tes parents. Tu ne crois pas en l’amour et pourtant, tu consacres chaque seconde et chaque souffle à le chercher, tu es prête à tout sacrifier pour le trouver, pour atteindre cette chose en laquelle tu ne crois pas du tout. Et ton cœur, poussé comme le rocher de Sisyphe, voit son trou noir s’agrandir un peu plus chaque jour.»
Alain et Alan avaient la même coupe de cheveux et les mêmes chromosomes;
Je n’étais pour eux que le terrain neutre où ils exprimaient leur amour.
Geoff était mascotte bénévole au Bal de Neige et ça m’excitait terriblement;
Il a hélas refusé de porter sa tête de Glamotte pour me glacer la motte.
Charles m’avait prévenue: il avait une couronne perlée et ça le complexait;
Il m’a pourtant baisée comme un prince avant de gicler contre mon palais.
Serge tenait à ce qu’on fasse du phone sex et je regrette d’avoir dit oui;
Son iPhone 6 était vraiment trop large pour mon tout petit mimi.
Félix m’a fièrement montré sa coquette quéquette près de l’escarpolette;
Il a été déçu de constater que je bourrais mon soutif avec des kleenex.
Benoît aimait me lécher lorsque j’étais menstruée jusqu’à mi-cuisses;
Gamin, il prenait toujours soin de mettre une bavette avant de se mettre à table.
Olivier avait promis d’organiser un gang bang pour mon anniversaire;
Un seul mec s’est pointé, alors on a plutôt joué à Cards Against Humanity.
Hubert travaillait à Revenu Québec et sa voix me faisait craquer;
Quand il ne m’a mise en attente que dix minutes, j’ai sû que c’était réciproque.
Andy était en fauteuil roulant et je jure que ça ne me dérangeait pas du tout;
Une injection d’alprostadil dans le bras de vitesse et en voiture Simone!
Skipper se tenait dans les parcs, le jour comme la nuit, car c’était un spermophile;
Chaque fois que je le croisais, je lui lançais des arachides même si c’est interdit.
Marcel insistait pour me refiler du fric chaque fois que je tombais la culotte;
C’était le prix à payer pour qu’il obtienne enfin l’érection tant désirée.
Diego fut un candidat malheureux aux auditions à l’aveugle de La Voix;
Quand sur le trottoir j’aperçois son joli cul, je me retourne toujours.
Bertrand n’arrivait à jouir que lorsque j’acceptais de faire du poney play;
Je lui ai montré des photos d’équarrissage et ce fut un remède de cheval.
Grokzlak n’avait pas de tentacules, mais venait d’une planète exempte d’ITSS
– Du moins, c’est ce qu’il m’a raconté quand j’ai voulu lui mettre un condom.
Fred se pinçait tellement il rêvait de coucher avec une salope asiatique,
Mais il a débandé quand j’ai refusé de l’appeler sensei en uniforme d’écolière.
(ou promenade sur la ligne souple)
Voici une courte nouvelle qui devait être publiée dans un ouvrage collectif. Je me suis retirée du projet pour toutes sortes de raisons que vous n’avez pas envie de connaître, sauf peut-être celle-ci: être écrivaine, c’est trop 2015. Je vous l’offre ici juste pour le lulz.
* * *
Ça va, jusqu’à présent? Vous ne vous emmerdez pas trop? Vous ne regrettez pas d’avoir acheté ce bouquin? Tant mieux, parce que voici l’histoire que vous attendiez depuis la première page, celle qui vous scandalisera à un point tel que vous entrerez en convulsions pendant que les assises morales de notre société s’écrouleront dans un grand fracas apocalyptique. Cette histoire, c’est celle de mon amoureuse – et c’est aussi la mienne, par le fait même. Elle se prénomme Angélique. Je me prénomme Mari e. Je sais, ça sonne chaste, pur et biblique, mais ne vous fiez pas aux apparences. Nous sommes en réalité des femmes damnées, des succubes, des lesbiennes. Autrement dit: des outils de Satan qui travaillent à la chute de l’Occident et la dissolution de toutes les valeurs grâce aux vertus corrosives de leurs sécrétions vaginales.
Évidemment que je blague; il est loin le temps où les amours saphiques fleuraient le souffre et la transgression. Nous sommes des trentenaires ordinaires , qui habitent un cottage ordinaire dans une banlieue ordinaire. Ordinaires comme dans « représentatives de notre tranche d’âge et de revenus selon la dernière compilation de Statistiques Canada ». Nous sommes mariées, nous avons une fille prénommée Sarah, une place en CPE, deux chats, une hypothèque, deux boulots, une mini fourgonnette, une piscine hors-terre, un broyeur à déchets dont le vacarme couvre le murmure de notre conscience qui nous reproche de ne pas composter, un frigo qui surfe sur les internets tout seul, un selfie stick avec commande bluetooth, une semaine chaque année en tout-inclus à Puerto Vallarta et plus de dettes de cartes de crédit qu’il est humainement possible d’imaginer.
Notre vie aussi est ordinaire – cruellement ordinaire. De ce genre d’ordinaire qui élime les nerfs et creuse des sillons dans la peau. Un supplice de la goutte que j’essaie de me convaincre que j’ai librement choisi. Chaque jour est une répétition du jour qui l’a précédé. Tout commence avec le réveil qui crie de sa voix nasillarde à six heures précises et le snooze incontournable jusqu’à six heures dix. Je vais réveiller la petite pendant qu’Angélique titube dans un demi-sommeil jusqu’à la douche. Je prépare le petit déjeuner: céréales froides, jus d’orange, pain grillé. Angélique et la gamine mangent pendant que je vais moi-même faire mes ablutions. Lorsque je suis habillée, coiffée et prête à partir, mes deux chéries le sont aussi. Les boîtes à lunch sont sur le comptoir et on se bouscule un peu pour mettre nos bottes.
La suite se déroule toujours dans le même ordre. Premier arrêt: la garderie. Je reste au volant pendant qu’Angélique va mener Sarah qui rechigne toujours un peu. Deuxième arrêt: la tour à bureaux du centre-ville où ma chérie va tripatouiller des fichiers Excel pendant ses sept heures trente minutes réglementaires. Terminus: mon propre bureau. Je gare la voiture toujours au même endroit, au deuxième sous-sol, près de la porte ouest, à côté de la troisième colonne. Je salue le gardien de sécurité, puis la réceptionniste, j’accroche mon manteau et j’allume mon ordinateur. Il y a toujours mille réunions où on discute sans fin de processus administratifs qui n’aboutissent jamais. Il faut y arriver dûment préparée, ce qui implique de faire des copies – beaucoup de copies. Je dois rester debout, face à la photocopieuse, jusqu’à la fin de la tâche, afin de m’assurer qu’il n’y ait pas de bourrage. Je la fixe, hypnotisée par le son du va-et-vient, jusqu’à ce qu’elle prenne une pause, comme si elle voulait reprendre son souffle, puis le va-et-vient reprend, régulier, implacable. Souvent, je me prends à compter les impulsions lumineuses, et je sens mes facultés mentales me déserter peu à peu. C’est comme ça qu’on devient une employée modèle – du moins, c’est ce que j’essaie de me convaincre.
À seize heures trente précises – je ne saurais supporter une seconde de plus d’éclairage au néon et d’air recyclé – je dis au revoir à la réceptionniste et au gardien de sécurité, je prends l’ascenseur jusqu’au deuxième sous-sol, je retrouve ma mini fourgonnette garée à côté de la troisième colonne près de la porte ouest, puis direction la tour à bureaux du centre-ville devant laquelle Angélique m’attend sur le trottoir. On se rend ensuite à la garderie que Sarah quitte en rechignant un peu, puis on retourne dans notre cottage pour une soirée qui se déroule toujours dans le même ordre: popote, souper, bain de la petite, dodo de la petite, préparation des lunchs pour le lendemain. Commence alors le temps qui n’a de « libre » que le nom. Les jours impairs, je pars à la piscine. Les jours pairs, c’est Angélique qui va au gym. Ensuite, c’est glandouillage sur le net pour moi et télé pour ma chérie, prélude à une nuit sans rêves.
En entendant les échos d’Unité 9 ou de Orange is the New Black, je me dis souvent que tout ça pourrait être pire. Nous pourrions être dans le placard et malheureuses comme des pierres. Nous pourrions être sans emploi et dans la misère noire. Nous pourrions être racialisées, profilées, marginalisées, fichées, harcelées, traînées dans la boue, parquées dans un centre jeunesse, ou dans un hospice. Nous pourrions être en prison – à moins que nous y soyons déjà, sans le savoir. Rien de tout cela: nous sommes dominées et aliénées juste comme il le faut, de façon libérale, démocratique et privilégiée, comme les filles de bonne famille que nous sommes, et nous marchons en ligne droite vers la vieillesse et la mort à un âge fort probablement avancé.
Curieusement, cette pensée ne me rassure pas du tout, parce que vivre sur le droit chemin a des effets secondaires indésirables. Dans quel état de décrépitude morale serai-je lorsque mon corps, dûment surmédicalisé, finira par me lâcher? Il ne m’a fallu que quelques années seulement de vie adulte pour développer les malaises de civilisation les plus banals, ceux qu’on finit presque toutes par subir: l’angoisse et la dépression. Heureusement, j’ai à ma disposition les miracles de la pharmacopée moderne et les allées sans fins de tous les super savings mega bargain factory outlets de ce monde où je peux me procurer ces objets qui me procurent un high fugace, mais similaire aux pilules que j’ingère et qui me sont remboursées en partie par les assurances magnanimement fournies par mon employeur.
Pour Angélique, par contre, c’est beaucoup moins simple. On dirait que notre mode de vie privilégié ne s’attaque pas seulement à son esprit, mais use aussi prématurément son corps. Jour après jour, je vois son teint devenir de plus en plus livide, son regard se délaver, son dos se courber sous la Grande main qui pèse sur nous et nous aplatit contre terre, comme le disait Roland Giguère. C’est comme si son essence vitale fuyait par tous les pores de sa peau. Comme si elle était mue par une pile qui se décharge sous les coups impitoyables de la vie de servitude d’or et de toc qui est la nôtre. Il n’y a qu’un seul remède, qu’une seule manière pour recharger les piles de mon adorée. Il faut que périodiquement elle se lance dans la dépense pure, que son corps exulte par tous les pores; il faut que, mains dans la main, nous nous éloignions des sentiers battus et allions nous perdre quelques instants en zone sauvage. Voilà pourquoi je passe tant de temps sur internet. Voilà pourquoi j’ai un compte sur tous les sites de rencontres au nord du Rio Grande. Voilà pourquoi je corresponds avec tant d’individus louches. V oilà pourquoi, en ce moment même, je suis dans cet entrepôt désaffecté que j’ai loué près du port. Voilà pourquoi je prends les risques les plus fous. C’est une simple question de survie.
L’air est chaud, humide et rempli de poussière . Je contemple cet amoncellement informe de corps, cette pile de membres s’agitant rythmiquement, de façon désordonnée, mais non sans grâce sur le matelas déposé directement sur le sol. Il faut que je plisse les yeux pour pouvoir détailler dans la pénombre le tableau scandaleusement obscène qui se déroule devant moi. Angélique rive ses yeux rougis sur les miens. Elle est assise à califourchon sur un inconnu, tatoué jusqu’à la racine des cheveux, dont la bite est enfoncée jusqu’aux couilles dans sa chatte. Un autre inconnu au visage émacié, posté derrière elle, la sodomise précautionneusement, avec une délicatesse maniérée. En les voyant besogner joyeusement, je me surprends à fredonner mentalement Valderi Valdera – il y a fort à parier qu’ils se sentent comme de joyeux promeneurs du dimanche tant les sentiers qu’ils empruntent ont été, avant leur passage, longuement balisés et parcourus de long en large. Le plancher de béton poussiéreux est jonché de vêtement divers sur lesquels sont assis quelques individus, hommes et femmes, qui reprennent leur souffle avec, je le devine, le sentiment du devoir accompli. Debout près de la porte, il y en a une qui a refusé au dernier moment de se désaper et qui filme la scène avec son téléphone, une main fourrée entre ses cuisses.
Pantelante, la tête renversée, la bouche ouverte, les lèvres et le menton couverts du sperme du travesti poilu comme un grizzli qu’elle vient tout juste de sucer, Angélique y est presque – enfin, je l’espère. Car voyez-vous, c’est très difficile pour ma chérie: les arrangements se doivent d’être toujours plus complexes, toujours plus extravagants et surtout, jamais deux fois les mêmes. Je suis bien placée pour le savoir, puisque c’est toujours à moi qu’incombe la tâche de mettre en place tout ce que son plaisir exige, de l’aménagement des lieux au recrutement des protagonistes. Ma seule consigne: la faire sortir d’elle-même, l’extraire de cette identité et de cette vie qui, selon ses dires, la rend heureuse.
Quant à moi, je contemple la longue ascension d’Angélique vers le plaisir, assise paresseusement sur un fauteuil de jardin pendant qu’une sauvageonne portant Doc Martens et mohawk jaune me lèche la chatte avec un enthousiasme stimulé par la vigoureuse enculade que lui prodigue avec un gode ceinture monumental une grasse butch au sourire niais et partiellement édenté. Même si elles ne se connaissaient pas il y a une heure à peine, ces deux-là s’en donnent à cœur joie dans l’unique but de me satisfaire… il ne faudra pas que j’oublie de leur demander leur nom, elles pourront peut-être servir une prochaine fois. Je fixe les amants d’Angélique et je suis hypnotisée par le son du va-et-vient, jusqu’à ce qu’ils prennent une pause, comme s’ils voulaient reprendre son souffle, puis le va-et-vient reprend, régulier, implacable. Je me prends à compter les coups de reins et je sens mes facultés mentales me déserter peu à peu. C’est comme ça qu’on devient une épouse modèle – du moins, c’est ce que j’essaie de me convaincre.
* * *
Comme d’habitude, j’ai joui la première, cette fois-ci en tordant dans mon poing la mèche canari de la punkette dont le nez s’est écrasé contre mon pubis. Surprise, la corpulente gouine s’est crispée, faisant du coup sortir le gode du cul de son amante dans un «flop» baveux. Ce fut l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Il n’en a pas fallu plus pour faire basculer Angélique dans l’orgasme; elle a d’abord émis un faible gémissement qui s’est ensuite mué en rugissement impétueux. Elle s’est crispée, a tremblé, puis, vaincue, elle a roulé sur le côté, abandonnant ses amants ahuris à leur bandaison inassouvie.
Il ne me reste plus maintenant qu’à congédier tout le monde, rapailler les fripes d’Angélique et la ramasser elle aussi à la petite cuillère pour la ramener à la maison. J’ai préparé une bonne soupe aux poireaux, cet après-midi, en prévision de notre retour. Je vais lui donner un bain, l’éponger, la poudrer et je vais ensuite la mettre au lit. Demain, nous serons toutes deux de retour sur le droit chemin, sur cette ligne dure que rien ne fait dévier, où tout est immuable et le restera jusqu’à la fin des temps. Ses piles devraient être rechargées pour au moins quatre ou cinq semaines – peut-être même six, si je suis chanceuse.
Chloé était assise à califourchon sur mes cuisses et renversait son bassin vers l’arrière juste assez pour me permettre de fourrer vigoureusement mes doigts dans sa chatte. Quand elle se mit à gémir, je la bâillonnai avec ma main libre et lui sifflai un «chut!» réprobateur. J’attendis que ses soubresauts et ses tremblements de jouissance cessent avant de retirer mes mains de ses lèvres du haut comme celles du bas. Lorsque, blottie contre moi, elle eut repris son souffle, elle chuchota à mon oreille :
— Tu n’avais pas à faire ça. Il met des bouchons d’oreilles avant d’aller au lit. Et puis, il ne risque pas de se douter de quoi que ce soit; ça dépasserait son entendement.
— Parce qu’il croit que je suis la vieille amie que tu fréquentais à l’université – et non la petite amie que tu baisais avant d’obtenir ton diplôme et te convertir par magie à l’hétérosexualité?
— Es-tu en train de me traiter d’hypocrite?
— Non, Je suis seulement en train de te traiter de LUG. « Lesbian until graduation ».
— LUG… ça sonne un peu trop bois de chauffage à mon goût.
— Pourtant, je te trouve encore très chaude… pour une épouse de banlieue, s’entend.
— Ça ne me plait pas du tout, LUG. Ça sonne comme une insulte. Comme si on n’avait pas le droit dans la vie d’explorer sa sexualité et de changer de préférences.
— Meh. Who cares. C’est juste un mot, comme ça.
— Et puis, c’est en anglais. Je déteste ce slang américain qui vient continuellement salir notre belle langue française qui est si menacée au Québec.
— Bon. Tu es une LUG de souche, par-dessus le marché. C’est vraiment la fin des haricots.
— Ne te moque pas de moi!
— Je ne me moque jamais quand il s’agit de toi. J’ai eu de la peine quand on s’est perdues de vue, tu sais.
— Pfff. N’essaie pas de me faire croire que je t’ai brisé le cœur.
Mes yeux commençaient à s’humidifier un peu trop, alors je décidai de faire dévier légèrement la conversation.
— C’est un chouette mari que tu t’es dégottée là, dis donc.
— Oui, il est génial. Et vous avez eu l’air de bien vous entendre tous les deux, ce weekend. J’avoue avoir été agréablement surprise.
— Tu t’attendais à quoi? À un combat de coqs? Qu’on joue à celle qui pisse le plus loin? Je dis « celle » parce que je suis certaine que j’aurais gagné, hein…
— Nounoune!
— Tu aurais voulu que je te supplie de le plaquer là avec ses morveux et son split-level pour te sauver avec moi sur mon blanc destrier? Désolée chérie, mais je ne sors pas avec les filles straight.
— Tu ne fais que les baiser, à ce que je constate…
Je l’embrassai avec toute la tendresse dont j’étais capable, puis lui dit :
— Je voulais juste rappeler à la LUG ce qu’elle manque depuis qu’elle reste au foyer.
Les pieds d’Hugo Lemieux
Chaussés de brogues noirs impeccables
Qui font craquer la salope chintoque du bureau
Les yeux d’Hugo Lemieux
Qui déshabillent la salope chintoque du bureau
Chaque fois qu’il la croise
Les épaules d’Hugo Lemieux
Que la salope chintoque du bureau masse
Dans la salle des employés quand ils sont seuls
Les oreilles d’Hugo Lemieux
Que la salope chintoque du bureau mordille
Quand elle lui apporte un dossier
Le coude d’Hugo Lemieux
Enfoncé dans les côtes de la salope chintoque du bureau
Quand ils luttent et se chamaillent tendrement
Les doigts d’Hugo Lemieux
Qui pincent les mamelons de la salope chintoque du bureau
Devant la photocopieuse
Les lèvres d’Hugo Lemieux
Quand il embrasse la salope chintoque du bureau
Après le resto-ciné réglementaire
Les joues d’Hugo Lemieux
Qui rougissent quand, le lendemain,
La salope chintoque du bureau l’entraîne dans la salle de réunion
Les orteils d’Hugo Lemieux
Badigeonnés un à un
Avec la salive de salope chintoque du bureau
Le dos d’Hugo Lemieux
Qui se cambre quand la salope chintoque du bureau
Lèche son anus avec application
Les jambes d’Hugo Lemieux
Crispées quand la salope chintoque du bureau
Le ramone avec son gode-ceinture
Le torse d’Hugo Lemieux
Constellé de gouttes de sueur
Que lèche la salope chintoque du bureau
Le menton d’Hugo Lemieux
Couvert de la cyprine
De la salope chintoque du bureau
Le cul d’Hugo Lemieux
Qui se tortille drôlement en sortant de la réunion
Avec la salope chintoque du bureau
Les bras d’Hugo Lemieux
Qui poussent la salope chintoque du bureau
Le lundi suivant dans la toilette des hommes
La queue d’Hugo Lemieux
Enfoncée juste un peu trop loin
Au fond de la gorge la salope chintoque du bureau
Le poil pubien d’Hugo Lemieux
coincé entre les dents
de la salope chintoque du bureau
Le sperme d’Hugo Lemieux
Qui gicle et qui brûle
Les yeux de la salope chintoque du bureau
La pisse d’Hugo Lemieux
Qui coule en rigole au coin de la bouche
De la salope chintoque du bureau
Les dents d’Hugo Lemieux
Blanches comme des iceberg
Qui causent le naufrage de la salope chintoque du bureau
Le cœur d’Hugo Lemieux
Qui n’a pas vraiment de place en ce moment
Pour la salope chintoque du bureau
— C’est fou tout ce qu’on peut trouver sur Craigslist.
— Outre les psychopathes et les tueurs en série?
— Oui. Écoute : « Équipement de BDSM à vendre, presque neuf. Cravaches, cannes anglaises, battoirs de diverses largeurs, et autres instruments à percussion – Ha! On se croirait aux matinées symphoniques.
— C’est parce qu’ils font chanter des arias, c’est bien connu.
— Écoute la suite. « Aussi : articles fabriqués sur mesure comprenant menottes pour poignets et chevilles, martinet en daim et un banc de fessée artisanal rembourré en cuir noir avec garnitures nickelées fabriqué avec amour.»
— Oh! Avec AMOUR!
— Il me semble que c’est exactement la pièce d’ameublement qu’il nous manque pour le sous-sol. Tu crois que je devrais l’appeler?
— Certainement. Et profites-en pour lui demander si les menottes sont ajustables.
— Je me demande quand même pourquoi ce type se débarrasse de son équipement. Peut-être est-ce qu’il se rééquipe en neuf? Ou peut-être est-il maintenant veuf…
— C’est peut-être ça. Si jamais il t’arrivait malheur, je n’aurais plus rien à faire de tout ce bazar. Après tout, je peux difficilement me donner moi-même la fessée… ce serait comme si j’essayais de me faire rire en me chatouillant.
— Je doute que tu aies du mal à trouver des volontaires pour te corriger avec amour.
— Possible, mais il n’y a que toi qui saches y faire…
— Parlant de fer… si on le battait, pendant qu’il est chaud?
— Oui! Je me déculotte dans la chambre et j’attends que tu viennes me faire entonner l’air des bijoux, maestro.
— Je vais chercher ma baguette et je te rejoins.
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Gabriel et Vincent aiment votre commentaire : « Le soleil est devenu noir. C’est… »
Carl, Guillaume et Norah aiment votre commentaire : «Je ne sais plus ce qu’est l’amour, alors…»
Julie, Vincent et Michel apprécient votre commentaire : « Il n’y a pas de demain.»
C’est l’anniversaire de Votre Pire Ennemi! Souhaitez-lui bonne fête!
Dylan a partagé votre publication : « Arrêtez-moi avant que je fasse quelque chose d’irrémédiable.»
Carl et Simon aiment votre commentaire : « Vivre, c’est trop 1998. ».
Catherine aime votre commentaire : «Est-ce qu’il y a quelqu’un ici?»
Jessy a mentionné votre nom dans un commentaire.
Annie, Pierre-Luc et 30 autres personnes aiment votre publication : «Je me branle pour faire passer le mal…»
Olivier a commenté votre publication.
Michel vous a invité à l’évènement «Agitation, mouvement et action sans but ni résultat précis»
Lili et Mathieu aiment votre comment : «On m’a oubliée.»
Julie a mentionné votre nom dans un commentaire.
Marc-André et Maxime Fiset aiment votre commentaire : «J’ai joui. Ensuite, j’ai pleuré. Et là, je ne ressens plus rien. »
Lucie et Lucas ont partagé votre publication : «Lorazepam, paxil et single malt»
Anne et Denis aiment votre commentaire : «Adieu.»
Facebook s’ennuie de vous. Connectez-vous pour avoir des nouvelles de vos amis.
Pavel devait prendre un avion et quitter le pays le lendemain matin ;
J’ai caché son passeport pour goûter sa peau quelques heures de plus.
Marius trompait sa femme avec moi un mercredi soir sur deux ;
Il insistait pour que je porte son jonc chaque fois que je le fistais.
Eliott me disait qu’il était majeur et j’espère sincèrement qu’il l’était ;
Il tirait plus vite que son ombre, mais rebandait aussi vite qu’il était venu.
Ilian ne pouvait pas bander sans être recouvert de latex de pied en cap ;
Je lui pompais la valve et m’imaginais être la fiancée du Bibendum.
Placide était énorme – non, pachydermique – et bougeait à peine au lit ;
Mes draps ressemblaient au saint suaire de Turin après son passage.
Guido m’enduisait toujours d’huile avant de me passer à la casserole,
Mais ne daignait jamais faire la vaisselle quand il avait fini.
Yvan aimait donner des surnoms ridicules aux organes génitaux ;
Il appelait son pénis « la bite-eulze » et ma chatte « John-la-noune ».
Alan avait l’obsession de m’envelopper dans du Saran Wrap ;
Je l’ai revu après quelques années – il m’a dit que j’étais bien conservée.
Johan ne m’a jamais rencontrée et ne m’a jamais adressé un seul mot ;
Ça ne l’empêche pas de m’envoyer chaque jour une photo de sa bite.
Adrien avait une idée fixe : me baiser debout contre un mur de ruelle ;
Dire que ce mufle a osé rire du « ƨɿuoɔɘƨ ɘb ɘiƚɿoƧ » imprimé sur mon cul!
Joe était vegan et faisait tout pour me transmettre son amour des bêtes;
J’ai toléré son zèle animalier jusqu’à ce qu’il me refile les morpions.
Clément pardonnait toutes mes incartades et mes infidélités ;
Ça m’emmerdait au point d’en perdre l’envie de me taper des inconnus.
Gael avait beau être asexuel, il était le plus passionné d’entre tous ;
En sa douce présence, je me branlais jusqu’à l’évanouissement.
Jean-Sébastien était athée militant et sévissait sur tous les internets ;
Il criait « OH MON DIEU » quand mon gode fouillait son fondement.
Elle se prénomme Pascale et elle fait dans la féminité comme d’autres font dans les sports extrêmes.
Certaines sont femmes un peu par hasard, un peu à leur corps défendant – des femmes comme moi, par exemple. Certaines sont femmes comme elles sont myopes ou intolérantes au lactose : par fatalité, parce que c’est ainsi, avec un laisser-aller fait de maladresse et imperfection. Mais pas Pascale – oh non, pas elle. Elle est si naturellement femme qu’elle en était sûrement une des décennies avant sa naissance. Elle transpire la féminité par tous les pores de sa peau; même quand elle est saoule et qu’elle sacre en insultant le barman, elle fait passer la Vénus callipyge de Syracuse pour un garçon manqué. Elle est plus femme que n’importe quelle femme qui s’est considérée femme au moins pour un bref moment de sa vie de femme dans toute l’histoire de la féminité. Mieux : elle n’est pas seulement une femme, elle est LA femme. L’archétype. Le modèle d’origine. La matrice de toute féminité, pour les siècles des siècles, amen.
Je sais ce que vous pensez. Vous vous dites : «tu es amoureuse, c’est évident que tu exagères». Vous avez raison sur un point : je suis folle d’elle. Par contre, n’allez pas croire que mon évaluation de la puissance de ses charmes est faussée par une quelconque surdose de dopamine. Regardez-la bien. Ne voyez-vous pas qu’elle est parfaite? Qu’on vendrait un empire pour ses yeux noisette et son nez mutin? N’avez-vous pas envie de plonger dans sa chevelure de jais et de vous enivrer de ses parfums? Et ses lèvres, ses lèvres… ne venez pas me dire qu’elles vous laissent de marbre ! Chaque fois que je la vois, perchée sur ses talons improbables, passer devant moi et se déhancher gracieusement en mettant une jambe délicatement galbée devant l’autre, je sens que je vais défaillir. Et je ne vous parle pas de son cul – en fait, je n’ose pas en parler, parce que les mots me boudent, ils pâlissent lorsque j’ai l’outrecuidance de m’en servir pour le décrire.
Cette déesse est trop femme pour moi, pauvre mortelle et pauvre lesbienne que je suis. Elle use ma santé, je vais devenir cardiaque et grabataire avant l’âge si elle continue de m’ignorer avec sa délicieuse et toute féminine gentillesse, je le sens. Parce qu’il y a un hic. Un gros hic. Son approche de l’hétérosexualité est aussi flamboyante et intense que celle de la féminité. Elle aime les hommes, point barre. Elle cherche un mec, un bonhomme, un mâle avec du poil, un gars baraqué avec des épaules larges comme ça et une voix de baryton. Elle veut un corps rugueux qui charge l’air ambiant de testostérone qui fait liquéfier les midinettes par sa simple présence. Elle ne me l’a jamais dit, parce qu’elle est trop charmante et trop délicieuse pour me faire de la peine, mais je ne suis pas du tout son genre. Même si ma poitrine n’est pas bien grosse et mes hanches assez étroites. Je reste une femme – une femme un peu bancale, pâle version imparfaite de l’idée de femme qu’elle arrive, elle à incarner de façon si spectaculaire.
Il ne me reste qu’une petite chance de lui plaire et il est hors de question que je la rate. Je vais l’inviter à la soirée la plus romantique et hétérosexuelle de l’histoire de la civilisation occidentale. Et pour cela, je vais devoir tout faire pour assumer la forme qui se rapproche le plus de ses désirs. Pour commencer : exit la tignasse. Je vais aller chez un barbier – un vrai de vrai, avec le poteau bleu-blanc-rouge qui roule à côté de sa porte – et me faire faire un undercut avec le toupet bien lissé et gominé vers l’arrière. De retour à la maison, je vais revêtir la forme la plus masculine de moi-même. Je vais m’asperger d’after-shave, me saucissonner avec une gaine en élasthanne qui fera disparaître ma poitrine, je vais bourrer mon slip avec une chaussette roulée avant d’enfiler un complet anthracite, avec une veste et une cravate rouge sang. Pour finir, je m’habillerai d’un nouveau prénom – Pierre, André ou peut-être Simon, je n’ai pas encore décidé.
Enfin devenu un homme, je serai ensuite en mesure de lui sortir le grand jeu. Je l’attendrai, amoureux transi, sur le pas de sa porte, un bouquet de roses à la main. Mon cœur battra la chamade lorsqu’elle ouvrira. J’espère qu’elle m’embrassera lorsque je lui donnerai, mais si elle ne le fait pas, ce ne sera pas un drame – je serai à ce moment en contrôle de mes pulsions viriles, un parfait gentleman. Je l’emmènerai ensuite dîner au Leméac où elle dégustera élégamment son tartare de saumon pendant que je la dévorerai des yeux. Si tout se passe comme je le souhaite, elle se pendra à mon bras alors que nous nous dirigerons vers la Place des Arts pour une soirée à l’Opéra. Et lorsque Faust chantera Salut, demeure chaste et pure, je poserai délicatement ma main sur sa cuisse. L’émotion aidant, peut-être écartera-t-elle légèrement les genoux et la laissera-t-elle glisser sous sa robe.
Nous marcherons ensuite au clair de lune jusqu’à chez elle et je l’embrasserai passionnément sur le pas de sa porte. Ensuite, si j’ai de la chance, si le destin m’est favorable et qu’elle me trouve suffisamment mâle, suffisamment passable, nous déboulerons ensemble dans son condo; je l’embrasserai avec toute la fougue dont je suis capable pendant qu’elle arrachera ma chemise. Je la prendrai dans mes bras pour l’amener à son lit. Je la déposerai avec mille précautions, comme une fleur délicate, puis je retrousserai avec soin sa robe pour plonger, tête première, entre ses cuisses. De mes mains, de ma langue, je ferai bander son délicieux pénis de femme, sa merveilleuse bite de déesse. Je vais l’oindre de ma salive, l’avaler jusqu’à la base, puis taquiner son scrotum avec mes ongles courts et affutés de mec. J’irai jusqu’à faire vriller ma langue dans son cul, son cul charmant qui n’attendra plus que j’aille le cueillir. Ensuite, je m’harnacherai de mon gode-ceinture et la prendrai lentement, amoureusement, en pleurant des larmes de bonheur et en caressant sa queue, jusqu’à ce que jaillisse son sperme de femme, jusqu’à ce que notre jouissance nous unisse et que nous devenions ce que nous avons toujours été destinés à devenir: ni homme, ni femme – qu’un seul être enfin complet, qui a retrouvé sa perfection, l’androgyne originel recréé pour quelques secondes d’éternité.
Certains maux sont inévitables. La souffrance de remplir sa déclaration (d’absence de) revenus. L’inexistence du printemps québécois. L’agacement provoqué par les éliminatoires du hockey. Le caractère d’abruti dégénéré des membres des forces de l’ordre. Et aussi, bien entendu, ma grille de mots croisés qui, telle l’hirondelle, revient toujours déféquer sur votre tête en attendant d’être placée sur la liste des espèces en voie de disparition.
(Si vous trouvez que cette comparaison n’a aucun sens, je compatis avec votre douleur.)
Alors si vous avez envie de souffrir dans la joie et le plaisir, allez la télécharger en format docx ou pdf. On ne sait jamais, vous serez peut-être le prochain ou la prochaine à être intronisée dans le très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbatrices et Masturbateurs Compulsifs. Et pour ne pas bouleverser le cours immuable des choses , j’offrirai un exemplaire papier du Carnet écarlate à la première personne qui me fera parvenir la soluce par email ou, encore mieux, en inbox sur Facebook.
(Pendant que j’y pense: si vous choisissez Facebook, assurez-vous au préalable de faire partie de mes ami(e)s, sinon votre message va échouer dans la boîte «Autre» avec les photos de pinisses non-sollicitées et les missives de weirdos qui veulent me prêter de l’argent).
Et parce que je suis d’humeur accorte, j’offrirai à tous les autres individus qui me feront parvenir la soluce une copie électronique du même bouquin. Allez! Dites-le donc que je suis fine. Juste une petite fois. Ça ne vous tueras pas, hein.
Mark Shargool s’est mis dans la tête de traduire certains de mes petits textes polissons en anglais. Qui suis-je pour mettre un frein à tant d’enthousiasme, hein ? Voici sa traduction de Tu peux toujours rêver.
EDIT: Mark a l’air très motivé, alors j’ai décidé d’ouvrir un Tumblr que j’ai intitulé Exquisite lewdness pour publier ses traductions.
— In my dream, I cried. I screamed like a possessed woman. Do you know why? Because you made cum like crazy.
He’d been after me for months. First by email, then in person, during the dates I granted him stingily, whenever I had a whim to do so. But he was the persistent type, at least that’s what he always told me. Too bad for him; as much as I love to give myself immediately to the impatient, I also love to push the persistent ones to their last gasp. I had stood him up, kept him waiting, broken promises, he was my plaything, ready to crack. Seated next to me in the hotel bar, he fiddled nervously with his third gin and tonic while gazing at me with that hangdog look that I found endlessly amusing.
— Believe me, I can do it. You won’t regret it, he said, gazing at the cleavage that I left open with all the awareness of a real tease. I’ve got a room and…
— My dream first, I answered him with a smile, while caressing the back of his hand from the wrist to the fingernails. He sighed, rubbed his eyes with his thumb and index finger and started drumming impatiently on the counter.
— Ok, of course, your dream. Tell me.
— Well, first of all, you made me cum. But the next instant, you became cruel, menacing. You insulted me. With coarse, vulgar words I didn’t understand. You made me cry and that made you laugh. You made me crawl to up to you…
— I would never treat you like that.
— Will you let me finish? You made me crawl up to you, hacked off my clothes with your pocket knife, even the garter belt that I bought for you. Then, you bent my arm behind my back, threw me on the bed, tied my ankles to the bed legs, and you placed me like that, spread open, with my nose in the pillow, and my behind raised up on a cushion placed under my belly. Then, you took a cane and whipped my ass. I cursed you, I damned you, your ancestors and your descendents….
Anne, you know me now. Such a thing would never even enter my mind…
I saw him squirming on his bar stool, trying to get comfortable. I concluded that my little story, entering his mind, had had an effect. Looking down, with a false, prudish look, I continued.
— Tut tut tut. That’s not all. After a while, you left me like that, alone, sobbing, in that humiliating position, before coming back with some friends, I don’t know how many, but all as nasty as you. They smelled of sweat and cigarettes, they spit on their cocks when they got them out of their flies as they got hard while they laughed and you, you told they what to do, said to them “come on, fuck her up the ass” or “She’s going to suck you like a Goddess”. And that’s what I did, they worked me over one after the other, in the orifice of their choice, made me grind my teeth, made the bed squeak and groan…They didn’t give a damn about dipping their manhood into their buddies’ cum, even when they all made me taste it, until the flavors got mixed together and became one…
I raised my eyes. Beads of sweat had appeared on his forehead. His hand trembled. Finally, he was ripe.
— How could you think like that about me? I admire and respect you, I tell you that all the time! Come up with me, I’ll prove it to you.
It was time to pluck the fruit.
— Listen to me, I’m not going to tell you twice. I want you to make my dreams come true.
Vous avez lue la «version améliorée» du Devoir? Voici la version originale, pour fins de comparaison.
* * *
Chaque année je me promets que ce sera la dernière. Je jure devant dieu et les hommes que je ne serai plus jamais le dindon de la farce grotesque de Hallmark, qu’on ne m’y prendra plus à participer à cette arnaque rose fluo qu’est la Saint-Valentin. Et portant, encore une fois, j’ai succombé. Prise de sueurs froides en regardant le calendrier, je me suis arrangée pour avoir un rendez-vous le soir du 14 février. Vous viendrez ensuite me raconter que le libre-arbitre est autre chose qu’une chimère.
J’ai donc réactivé en soupirant mon compte sur Okcupid dans l’espoir un peu fou de me trouver une date pas trop pitoyable, qui s’est présentée en la personne d’un certain Mathieu de Masson-Angers. Ses messages étaient exempts de fautes d’orthographe, alors je me suis dit qu’il méritait une chance. Je l’ai donc laissé choisir le restaurant où il m’attendait, à la date et à l’heure dite, une rose à la main. Sa photo de profil ne mentait pas : il avait la trentaine dégarnie du toupet et bien garnie du bide, le complet d’un correspondant parlementaire et le sourire 3D White. Quant à sa conversation, elle était aussi intéressante qu’une soirée passée à zapper entre des info-pubs et des reprises du Jour du Seigneur. De l’entrée au dessert, il a été pédant, satisfait de lui-même – et à la fin, carrément insupportable.
Alors qu’il finissait de gober sa crème caramel en parlant la bouche pleine, je me suis dit qu’il fallait que je saute de ce navire en perdition. J’ai donc ramassé ce qui me restait de dignité et je me suis levée. Me voyant faire, il a bredouillé :
— Euh… Anne ? Tu…
— Je pars, mais je dois d’abord faire un arrêt au petit coin. Ça te dirait de m’accompagner ?
Il est devenu soudainement pâle comme un drap.
— C’est que… je ne fais jamais l’amour au premier rendez-vous.
— D’accord, mais baiser au dernier, pas d’objections ?
Il était trop tétanisé pour répondre. J’ai donc fait quelque pas en direction des toilettes ; quand je me suis retournée, j’ai vu qu’il laissait des billets sur la table en tentant de camoufler la bosse dans son pantalon. Lorsqu’il a poussé la porte, je retouchais mon rouge à lèvres, penchée au-dessus du lavabo. Il s’est approché, hésitant. Je l’ai attrapé par la cravate et l’ai entraîné dans une cabine. Nous nous sommes embrassés avec empressement et j’ai défait sa ceinture pendant qu’il s’escrimait avec les boutons de mon chemisier. Dès que sa bite s’est pointée de son caleçon, ce fut trop pour lui : il a éjaculé à grands traits en éclaboussant ma jupe.
— Anne je m’excuse, c’était juste trop… euh… tu sais… a-t-il bredouillé, d’un air franchement contrit.
— Ça va, ne t’inquiète pas, c’était une mauvaise idée.
Il s’est rebraguetté à la hâte et a fui sans demander son reste (ou mon numéro de téléphone). Encore une Saint-Valentin qui tournait en poisson d’avril.
* * *
Je suis donc retournée dans mon demi-sous-sol en soupirant, car je savais exactement ce qui m’y attendait.
En ouvrant ma porte, j’ai d’abord aperçu, alanguie sur mon fauteuil préféré, une rousse filiforme à la peau laiteuse constellée de taches de rousseur. Elle avait les cuisses largement écartées et se taquinc8ait le clito avec ma brosse à dents vibrante. Il faudra d’ailleurs que je pense à la remplacer. Juste à côté, un homme incroyablement poilu et obèse portant une cagoule rose en latex se faisait fister jusqu’au milieu de l’avant-bras par un minet au au regard angélique. Sur le divan, une beauté sombre au bord de l’apoplexie allaitait deux barbus rondouillards et bandants qui semblaient enfin avoir trouvé leur bonheur. Le tout dans une pénombre fleurant le fauve et remplie par les cris de ménade des partouzeurs.
Dans la cuisine, il y avait la dame de la bibliothèque qui léchait la fente recouverte de crème fouettée de ma conseillère municipale. C’est bon de constater de visu à quoi servent nos taxes foncières. À côté d’elles, un échalas se branlait en sacrant comme un humoriste de la relève. Préférant ne pas rester au premier rang (pour ne pas me faire arroser), j’ai enjambé tant bien que mal les corps enlacés qui encombraient le couloir pour me rendre jusqu’à la porte entrouverte de ma chambre.
Au son des craquements du lit et des halètements, j’ai su que j’allais surprendre Jessica, mon amoureuse, en pleine séance de pince-mi pince-moi. Je n’ai pas été déçue : elle était couchée sur le dos au sommet d’un monticule d’oreillers et se faisait fourgonner la voie sodomique par le camelot du Devoir. De chaque côté d’elle, le voisin d’en haut et celui d’en face relevaient ses genoux pour faciliter la pénétration. Le visage de Jess était écarlate et luisant se sueur; de sa bouche crispée sortait une série de cris en staccato, entrecoupés de hoquets étouffés. Autour du lit, une demi-douzaine de quidams à poil zieutaient la scène et attendaient sagement leur tour. Ils se polissaient nonchalamment la trique en échangeant propos grivois et épithètes fleuries.
Jess a joui lorsque je me suis arrivée près du lit. Retenue fermement par mes deux voisins, elle s’est tordue de plaisir, le dos voûté, dans une longue plainte hululante. Elle s’est ensuite effondrée, entraînant avec elle ses camarades de jeu pour former un tas informe de chair collante et repue. Je me suis approchée d’elle et, dégageant de mon index les cheveux humides de son front, je lui ai susurré à l’oreille :
— Allô ma chérie, je suis de retour.
Elle a ouvert les yeux et m’a souri faiblement, puis, après avoir repris son souffle, a annoncé à la ronde :
— Ok tout le monde. Pause pipi !
Les mâles ont un peu ronchonné, mais l’ont quand même aidé à se relever. Elle s’est rendue en claudiquant à la salle de bain où elle m’a fait une bise aussi tendre que parfumée de foutre avant de me demander :
— Alors, mon amour, le grand rendez-vous romantique ? Ça s’est bien passé ?
— Pas trop. Il était ennuyeux comme la pluie et éjaculateur précoce par-dessus le marché.
Elle a fait cette moue boudeuse qui me fait toujours craquer et, toute de miel, m’a dit :
— Ne t’en fais pas, trésor, tu vas finir par le rencontrer, le prince charmant qui t’amènera sur son blanc destrier souper chez ta mère.
Le cœur qui chavire et une larme au coin de l’œil, je l’ai embrassée de nouveau, avant de lui dire :
— Ma chérie, c’est vraiment toi la dernière des romantiques.
C’était un jeudi après-midi comme les autres. Comme à mon habitude, je me beurrais nonchalamment le muffin en regardant de la pr0rn mongole sur YourtePorn quand Anne, ma charmante (et homonyme) éditrice au Remue-ménage m’a contactée sur Fessebouc avec un message qui a immédiatement titillé mon intérêt – comme si j’étais quelqu’un qui avait besoin d’être titillée, hein.
«Y’a une demande un peu particulière qui vient d’arriver… qui ferait de toi une véritable star interplanétaire.»
Je n’ai pas vraiment envie d’être une star sur la Terre, mais comment résister à la perspective d’en devenir une sur Uranus? J’ai donc répondu :
«Le pape veut que je chante Une colombe au Stade ?»
Et bien non, c’était beaucoup, beaucoup plus étrange que cela – et pas mal moins glamour, aussi. La personne responsable du cahier Livres du journal Le Devoir que je ne nommerai pas (appelons-la Catherine) me sollicitait, via mon éditrice, pour que je lui écrive un texte de la Saint-Valentin qui «idéalement ferait faire une crise cardiaque aux lecteurs du journal, mais sans les faire crever.»
Peut-être que vous êtes un lecteur ou une lectrice du Devoir et que, par conséquent, vous savez exactement quel est le niveau de tolérance à la ribauderie de cette crowd. Moi, par contre, je suis si blasée que contempler un chanoine se faire joyeusement trousser à répétition par une troupe de boyscouts me fait au mieux réprimer poliment un bâillement. Dans ces conditions, comment éviter que l’infarctus ne soit létal ? Il fallait que je teste la longueur de ma laisse. J’ai donc envoyé un Nimelle à la personne dont je tairai le nom (appelons-la Catherine) en lui disant : « Pour choquer le lectorat du Devoir, je pense qu’il faudrait que j’écrive une nouvelle BDSM gay mettant en scène René Lévesque et Claude Ryan », dans l’idée qu’elle pousse les hauts cris et me dise exactement ce que je peux et ne peux pas faire. Or, à peine quelques minutes plus tard, voici ce qu’elle m’a répondu :
«Je serais game, pour Ryan & compagnie. Et puis c’est le jour de sortie du film Fifty Shades of Grey. Il y aura assez de bluettes dans l’air, ne faites pas trop joli par pitié !»
Comme dirait Philippe Couillard, je venais de recevoir un mandat clair pour y aller à la hache.
La tentation fut forte de décrire comment Ryan aurait pu faire usage de la main de Dieu dans le fondement coquet et nicotiné de Lévesque, mais je ne suis pas femme à cracher sur les monuments sacrés de la nation – en tout cas, pas devant un public qui ne connaît pas mes manies de crottée anarchiste. Je me suis donc appliquée à rédiger un récit juste assez polisson pour effrayer les âmes sensibles, tout en restant dans les limites consensuelles de la bienséance post-révolution sexuelle. Pour dire les choses platement, je me suis fiée à ce que les Éditions TVA étaient capables de tolérer, à l’époque où elles daignaient encore me commander des petites histoires pour leur magazine de soft-porn. Pas descriptions trop détaillées. Les fluides corporels en quantité minimale. Pas de joual pour décrire les organes génitaux (je sais, ça sonne «complexe du colonisé», mais je vous jure que c’est un critère incontournable).
Lorsque la gentille responsable du cahier Livres que je ne nommerai pas (appelons-la Catherine) a reçu le texte, elle a eu l’air assez contente du résultat, bien qu’elle m’ait confiée que la scène de fist fuck et celle du camelot baiseur du Devoir dépasserait probablement les bornes. Après consultation avec ses patrons, le verdict fut tout autre : «Trop porno.» m’a-t-elle écrit, en ajoutant «Je sais, je sais, la limite entre le porno et l’érotique est floue, mais on me rétorque qu’on est un journal grand public.»
Alors là, moi, je me suis vraiment mise à rigoler. Parce que :
La journaliste que je ne nommerai pas (appelons-la Catherine), triste et déconfite, n’osait pas me demander de réécrire. Je la comprends : quelqu’un d’autre que moi (genre Sœur Marie-Paule Ross) l’aurait immédiatement envoyée se faire voir – ou pire, l’enjoindre de déguster un plat préparé par Christian Bégin. Or, je ne suis pas une artiste, une écrivaine ou – Satan m’en garde – une poétesse, moi. La littérâââture, je m’en branle. Elle n’a rien de sacré pour moi; en fait, absolument rien n’est sacré pour moi. Javelliser une nouvelle érotique pour ne pas faire bobo aux queneuils des lecteurs du Devoir, why not? L’occasion était trop belle pour publier la version originale de mon côté et inviter mes lectrices et lecteurs adorés de jouer au jeu des vingt différences. Et rire un peu, tant qu’à y être, de cette pauvre, pauvre élite intellectuelle québécoise, qui est si mal en point que je me sens mal d’y prendre autant de plaisir.
Comprenez-moi bien : si j’écris ce texte, ce n’est ni pour m’indigner de la censure, ni pour jouer les victimes, ni pour attirer la pitié, ni pour crier «Je suis Charlie» en brandissant dans mes mains ensanglantées le cadavre de mes libertés bafouées. Si vous croyez (sans rire) qu’il existe vraiment ici un droit à la libre expression naturel et inaliénable, je suis vraiment triste pour vous et votre douce naïveté. Tant qu’il y aura des propriétaires, les idées ne seront que des marchandises comme les autres et ce sont ceux qui les vendent – et qui ont les moyens de les acheter – qui auront toujours le dernier mot. Non, qu’on me refuse un texte rédigé exactement comme on me l’a commandé me semble «normal» dans le contexte social qui est celui dans lequel je suis condamnée à vivre. Ça fait partie de la proverbiale game. Et puis, franchement, je ne suis quand même pas une blogueuse saoudienne qui reçoit mille coups de fouet par tranches de cinquante coups hebdomadaires; ça, c’est plutôt ce que je pratique comme loisir dans l’intimité de mon foyer.
Si j’écris ce texte, c’est pour vous rappeler une banalité de base que moi-même j’avais depuis longtemps oubliée, isolée que j’étais dans ma bulle de radicalisme (et dans mon demi-sous-sol) : les mots de la sexualité, encore en 2015, restent puissants. Malgré tout ce qu’on en dit, malgré cette culture soi-disant hypersexuée, malgré la pr0n accessible gratos à toute heure du jour et de la nuit, malgré qu’ils existent dans la langue française depuis des siècles, malgré qu’ils soient restés les mêmes depuis des siècles, malgré qu’on les répète depuis des siècles et malgré que nous les ayons tous et toutes entendus mille fois depuis la cour d’école jusqu’à l’hospice, la puissance incroyable des mots cochons ne s’est pas encore émoussée. Ils brûlent encore la rétine et transpercent encore les tympans. Ils ont encore le pouvoir de remuer les sangs et de mettre le rouge au front.
Et ça, je dois vous avouer que ça me procure un indicible bonheur.
Dans la pornographie mainstream hétérosexuelle, l’éjaculation se fait normalement sur le visage, allez savoir pourquoi. Les pornocrates anglo-saxons ont donc dû inventer un mot pour décrire la pratique – rare et tordue – de l’éjaculation dans le vagin des médames (les enfants, n’essayez pas ça à la maison; utilisez un condom) et ce mot est cream pie. Évidemment, tarte à la crème, ça fait un peu tarte et beaucoup trop comédie burlesque, alors du haut de mon incontestable autorité morale, je suggère tartine comme traduction officielle et patentée, comme dans l’expression: «Il m’a bien tartinée de sauce blanche, ce salopard». J’espère que l’Office de la langue française est à l’écoute, hein.
Quoi qu’il en soit, nous avons un gagnant : Pierre C, qui en plus d’avoir été adoubé Grand chacal en rut du très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbatrices et Masturbateurs Compulsifs lors d’une cérémonie secrète tenue dans mon demi sous-sol, recevra une copie dédicacée du Carnet écarlate, le livre qui non seulement échappera au pilon, mais ira en réimpression, selon ma charmante éditrice (ouaou!). Tous les autres fieffés coquins et gourgandines qui m’ont fait parvenir la solution ont reçu une copie électronique de l’ouvrage.
On se revoit en février pour une autre grille débordant de crème chantilly !
— C’était pas mal, comme film. Pour une fois, je ne me suis pas ennuyée.
— « Pour une fois, je ne me suis pas endormie », tu veux dire.
— Je ne fais que reposer mes yeux.
— Une chose est certaine : tu ne te reposais pas les yeux pendant la scène où le gars donne une fessée à l’héroïne.
— Ouais… c’était rigolo.
— Rigolo ? Tu étais assise sur le bout de ton siège et tu dévorais l’écran des yeux. Sans en manquer une miette.
— Mais non.
— Je crois que tu as envie d’une fessée.
— Arrête ! Moi…vouloir une fessée ? T’es folle.
— À la façon que tu glousses en disant ça, je sais que tu penses le contraire.
— Je ne glousse pas, je pouffe.
— De nous deux, c’est moi la pouffe. En principe, c’est à moi de pouffer et à toi de glousser.
— Ha ha ha ! Tu es bête.
— Blague à part, je suis certaine que tu as envie que je te donne une bonne fessée.
— Ce n’est que notre deuxième rendez-vous, tout ce que nous avons fait, c’est nous embrasser et tu veux maintenant me donner une fessée ?
— Je crois que nous en sommes arrivées à cette étape de notre relation, ma toute belle.
— Alors ? Tu vas laisser choir cette jupe ou tu vas continuer à l’agiter devant mon museau comme un matador ?
— Il y a quelque chose que je dois d’abord t’avouer, Anne.
— Tu es hétérosexuelle ?
— Non. J’ai… un tatouage.
— Big Deal. Comme à peu près 95% de l’humanité. Laisse-moi voir…
— Il est sur ma fesse gauche.
— Voyons cela… HOLY SHIZZLE !
— C’est le portrait de Valérie, mon ex…
— Et aussi la mienne, en quelque sorte. Wow, c’est… criant de vérité.
— Quoi ? Vous avez… toutes les deux…?
— C’est une longue et vieille histoire.
— Elle ne m’a jamais parlée de toi, pourtant.
— Disons simplement que nous ne nous sommes pas quittées en très bons termes.
— Tiens, toi aussi?
— Elle a quand même réussi à te convaincre de te faire graver sa face sur la foufoune. C’est tout un exploit.
— Je suis sincèrement désolée… Je sais que le tatouage est moche, en plus. J’espère que ça ne te traumatise pas. J’avais peur de te le montrer.
— Tu sais quoi ? Je crois que c’est parfait.
— Parfait ?
— Oui. Tu as envie d’une fessée et j’ai quelques comptes à régler avec Valérie. On va pouvoir faire d’une pierre deux coups — peut-être même plusieurs coups, si tu le désires.
— Tu veux dire…
— Viens sur mes genoux.
— Oh… chérie.
— Alors ? Tu as été une vilaine fille ?
— Oui ! Et Valérie aussi !
[S’en suivent claquements, soupirs, cris et volupté. ]
Comme vous le savez peut-être, la journée la plus déprimante de 2015 est sur le point de se terminer. Pour tous ceux et celles qui n’ont pas en ce moment la tête dans le four ou qui ne balancent pas au bout d’une corde, voici un petit quelque chose pour vous rasséréner et – qui sait ? – vous remonter le moral: ma légendaire grille de mots croisés. Vous pouvez dès maintenant la télécharger en format pdf ou docx.
Ouaou ! Je suis si excitée que j’ai fait un rond humide sur mon fauteuil ! Aon !
Encore ce mois-ci, la première personne qui me fera parvenir la soluce (par courriel ou en inbox sur Facebook) recevra un exemplaire papier gratos du Carnet écarlate, le livre qui ne sera jamais mis en vente à côté des barils de vingt-cinq litres de ketchup chez Costco. Et comme si ce n’était pas assez, j’offrirai une copie électronique à tous les autres vicelards et gourgandines qui me feront parvenir ladite soluce avant que je ne la rende publique – probablement jeudi ou vendredi. De plus, tous ces joyeux drilles seront intronisés au sein du très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbatrices et Masturbateurs Compulsifs, avec tous les honneurs et privilèges que ça comporte.
Amusez-vous bien ; moi, je pars finir cette journée de chiotte dans mon lit.
J’ai rêvé qu’il y avait un rhinocéros dans mon sous-sol.
Pour une raison qui m’échappe, j’avais la conviction d’avoir été une vilaine fille, qu’il fallait que je sois punie et que je devais descendre là-bas – même si je ne voulais pas y aller, car je savais confusément qu’il allait se passer là-dessous des choses terribles. Sous le tapis de ma chambre, il y avait une trappe. L’escalier était presque trop étroit, même pour moi qui suis si menue; comment un rhinocéros avait bien pu s’y faufiler ?
La cave était humide et l’air étouffant. J’avançai à tâtons en longeant le mur de pierre couvert de mousse. Après une dizaine de pas, je l’aperçus dans la pénombre. Il était énorme, gigantesque. Sa corne avait l’air affutée comme l’acier, mais en fait elle était douce au toucher, comme du velours. Je la caressai; elle était tiède et dégageait une odeur de musc et de jasmin. Elle avait une consistance qui n’avait rien à voir avec l’os; on aurait dit plutôt un membre humain, avec des muscles et des tendons. Forte et tendre à la fois.
La suite du rêve est confuse. J’étais couchée dans la paille, sur le dos. Il a d’abord mis sa langue sur mon ventre, une langue baveuse et aussi douce que sa corne et qui était aussi large que mon bassin. Il l’a ensuite glissée entre mes cuisses et sous mes fesses, me couvrant de bave gluante. Ensuite, ce fut l’encornage — avec, en alternance, des coups de langue, comme pour apaiser le feu qui consumait ma chair. Un coup de langue, un coup de corne, pénétrant toujours de plus en plus loin, se frayant un chemin au plus profond de moi, un interminable pal contournant de justesse mes organes vitaux et se rendant jusqu’à ma tête, en me fendant comme un coin.
Je fus littéralement déchirée par l’orgasme. Quand je me relevai, se tenait à côté du rhinocéros une copie de moi-même, un homoncule né de la moitié gauche arrachée de mon corps. Elle reprenait forme en faisait des craquements mouillés, comme un scarabée qu’on écrase du talon. Je voyais sa jambe et son bras manquants repousser lentement, ainsi que le reste de son visage. Lorsqu’elle retrouva son intégrité, elle se tourna vers moi et me dit, avec ma propre voix : « Va-t-en et ne reviens plus. Je te laisse le sexe, je n’en aurai pas besoin. Je garde le cœur et je reste ici, avec lui. »
En me réveillant, je fus prise de panique, parce que je n’arrivais plus à prendre mon pouls.
Audrey gloussa lorsque David passa ses bras autour d’elle.
— Hé, laisse, je suis en train de décorer le gâteau de Festivus, dit-elle.
— Ouais, je sais, murmura-t-il à son oreille. Placer des M&M sur un gâteau McCain… ce n’est pas comme si toute ton attention et tes facultés psychomotrices étaient sollicitées, hein.
Elle remua ses fesses contre le pubis de son amant.
— Nous étions au lit à faire des galipettes il y a moins d’une heure…
— Et alors ? J’ai toujours envie de toi.
Elle appuya sa tête sur le côté pour qu’il puisse renifler son cou.
— Arrête ! Tu me fais faire n’importe quoi… je vais mettre du glaçage partout !
— Je vais lécher tout ce qui déborde, c’est ma spécialité.
— Nono !
Elle rit puis fit mine de se consacrer toute entière à son gâteau. Il glissa une main l’intérieur de sa robe de chambre.
— Je ne peux pas me concentrer si tu passes ton temps à me tripoter.
— J’ai besoin de pratique… pour trouver ton clito dans la noirceur. Après tout, c’est la nuit la plus longue…
Lorsqu’il l’eut trouvé, elle n’eut d’autre choix que de lâcher la pâtisserie pour prendre appui, des deux mains, sur le comptoir.
— J’aimerais tellement être assez habile pour pouvoir te faire jouir comme ça, soupira-t-il.
Elle caressa sa main.
— Tu me touches toujours de belle manière… et puis ta langue n’a jamais failli à la tâche.
— N’empêche. Ta main sur ma queue suffit toujours à me faire voir des étoiles. Ça me laisse avec un sentiment d’injustice très désagréable… Hey, si on faisait un vœu?
— Les vœux, ne faut-il pas les faire près de la perche en alu, juste avant la formulation des griefs ?
— Il n’y a pas de mal à en faire un là, tout de suite.
— Dans ce cas, il faut que ce soit un vœu secret.
— Tope là, mon adorée.
« Je fais le vœu d’apprendre à te toucher exactement comme tu le désires », pensa David en fermant les yeux.
« Je souhaite que tu sois aussi fou de désir que je le suis envers toi », se dit Audrey dans sa Ford intérieure.
J’ai rencontré une pornstar une fois chez Moca Loca (c’est le café au bout de ma rue) j’étais assise à la table comme d’habitude et je regardais refroidir mon espresso puis il y a ce jeune homme surgi de nulle part (ou peut-être juste du comptoir je ne portais pas attention hein) qui vient s’asseoir près de moi et qui commence à me parler et comme ça de fil en aiguille j’apprends qu’il gagne sa vie comme acteur de vidéos pornographiques moi j’étais drôlement surprise parce qu’il ne ressemblait pas tellement à une porn star (mais d’un autre côté à quoi ressemble une pornstar masculine quand elle est habillée franchement j’en ai aucune idée) il m’a dit que peut-être je l’avais déjà vu sur YouPorn et j’ai dû lui avouer que je ne suis pas très physionomiste surtout pour les visages et lui a dit qu’on ne filmait pas souvent son visage (hu hu hu franche rigolade) je lui ai demandé si c’était payant comme boulot il m’a dit que non pas tellement à moins de faire de la porn gay alors je lui ai demandé s’il en faisait et il a répondu qu’il fallait bien vivre et moi ça m’a plu (c’est le genre que je préfère) j’aime beaucoup la pornographie quand je ne suis pas impliquée de force ça me donne l’impression d’être une reine tyrannique qui exerce son droit de cuissage sur ses sujets un genre de Catherine de Russie qui oblige la roture à forniquer pour son amusement c’est un de mes plaisirs inavouables et franchement j’en ai un peu honte quand j’y pense mais c’est comme ça et lui il m’a écouté lui déballer tout ça et m’a dit que j’étais bizarre et je lui ai dit peut-être que oui à bien y penser alors il m’a demandé si je voulais allez chez lui pour fourrer et j’ai répondu pourquoi pas de toute façon mon café est maintenant froid et imbuvable alors je l’ai suivi à pied son appart était juste à côté le trottoir était glissant j’ai failli tomber et il m’a rattrapé c’était comme une scène dans une comédie romantique tellement que je lui ai demandé s’il avait l’ambition de jouer dans autre chose que de la porno et son visage s’est assombri il a seulement dit qu’il ne voulait pas en parler enfin bref c’était bien chez lui propre et moderne et tout et tout on a fait voler nos vêtements il était plutôt bon lécheur de fente et un baiseur correct mais sans plus et quand ce fut fini nous fixions le plafond tous les deux allongés nus sur son lit c’est à ce moment qu’une idée bizarre m’a traversé l’esprit je lui ai demandé est-ce que je suis censée te donner de l’argent ou quelque chose et il a répondu non c’est correct mais peut-être que tu pourrais retourner au Moca Loca et me ramener un café avec beaucoup de crème et c’est drôle parce que je sentais la sienne couler entre mes fesses
Quand j’avais dix ans – peut-être même neuf, à bien y penser – je jouais au «chum» avec mon amie Sophie. Nous avions chacune un oreiller qui nous faisait office d’ami de cœur ; le sien se prénommait Patrick et le mien Jean. Le jeu commençait par une sortie en couple d’abord au restaurant, ensuite au cinéma. Les choses s’enchaînaient presque toujours de la même façon : nous commencions par embrasser nos chums-oreillers respectifs, puis, rougissantes, nous finissions par l’enjamber et frotter chastement sur lui nos vulves à grands renforts de coups de bassin.
Nous restions habillées, naturellement, et je ne me rappelle pas avoir eu d’orgasme à proprement parler. Je me souviens par contre de cette chaleur diffuse qui irradiait de mon bas ventre et qui remontait par vagues successives jusqu’à mon visage. Je me souviens aussi de cette excitation aiguë qui prenait un temps fou à se dissiper et qui me laissait flottante, désorientée. Ce n’était qu’un simple de jeu de gamines, un simulacre maladroit basé sur ce que nous avions grappillé et compris de la sexualité telle que la télé nous l’avait présentée (puisque l’idée de nous expliquer de quoi il en retourne vraiment n’avait traversé l’esprit d’aucun adulte de notre entourage).
À l’aube de la puberté, les petites filles sont souvent excitées sexuellement et s’adonnent à ce genre de jeu troublant… mais contrairement aux hommes – qui ont la licence de raconter leurs histoires juvéniles d’érections intempestives et de masturbation de groupe en toute impunité – un passé de petite fille obsédée sexuelle est un sombre secret qu’une femme se doit d’enfouir au plus profond d’elle-même, sous peine d’être marquée à jamais du sceau de l’infamie.
C’était, évidemment, la définition la plus facile et celle qui vous a permis de résoudre cette grille en moins de temps qu’il ne le faut pour crier «cul» !
Charmants pervers et gourgandines, nous avons trois gagnants! Ce mois-ci, une Québécoise, une Belge et un Français remportent tous les honneurs – avouez que ça sonne comme un concept de talk-show à TV5 (ou une mauvaise blague de taverne, c’est selon). C’est un miracle de Festivus ! WOOO-HOOO !
J’ai donc l’honneur de vous annoncer que Margaret Ann Buckley a été officiellement adoubée Grande Licorne en stainless du très noble et très ancien Ordre des Masturbatrices et Masturbateurs compulsifs. Sophie Judith de Champagne, notre deuxième gagnante, a quant à elle reçu la rosette de l’Ordre en tant que Sous-lieutenante des roulements à bille (deuxième classe). Enfin, Antoine (juste Antoine, pas l’autre qui rafle d’habitude tous les honneurs), qui ferme la marche des lauréats, portera dorénavant avec fierté le titre de Capitaine Crouche extra-fibres-sans-sucre-ajouté (première classe).
Nos trois champions se mériteront, tels que promis, une copie dédicace du Carnet écarlate, le bouquin qui est maintenant scruté à la loupe par l’institution universitaire, au grand dam de son auteure qui préfèrerait que son lectorat se limite aux amateurs de manuélisation auto-érotique (malgré que, entre vous et moi, les études littéraires entre probablement dans cette catégorie).
Vous pouvez évidemment aller jeter un coup d’œil à la soluce si le cœur vous en dit.
On se voit en 2015 pour la suite de nos folles aventures cruciverbistes !
Itsse ze ♫ most ♪ Ouonne-deur-foule ♪ taille ♫ mauve ♩ désir !
Plus que vingt-et-un minuscules petits jours avant Festivus ! Avez-vous sorti votre perche d’aluminium de votre sous-sol? Avez-vous préparé votre liste pour la formulation des griefs ? J’en suis convaincue, bande de charmants coquins et gourgandines.
Pour souligner le début de cette saison féérique, quoi de mieux qu’une grille de mots croisés? (À part de l’alcool et des calmants en doses massives?) Je vous l’offre en format pdf et en format docx, toute chaude sortie du four et garnie de fruits confits (beurk). Et puisque j’ai le cœur à la fête, j’offrirai aux trois individus splendides – et aux capacités intellectuelles supérieures – qui me feront parvenir leur solution en premier (par courriel ou en inbox sur Facebook) une copie dédicacée du Carnet écarlate, le célébrissime bouquin de sexe saphique qui ne sera jamais souillé par les mains gluantes de Blaise Renaud ! Ils et elles seront aussi, naturellement, intronisés au sein du très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbatrices et Masturbateurs Compulsifs, avec tous les honneurs et privilèges que ça comporte.
Wooo-hooo ! Avouez que ça vous troue le cul, hein.
♪Dèque ♫ze halls♪ witbotse ♫ovo-lit fa la la♫ la♪ la !
Elle essaie de lire dans le bus. L’homme qui est assis à côté d’elle agit en homme, c’est-à-dire qu’il écarte les jambes comme si ses couilles étaient le centre de l’univers, comme si tout l’espace du monde lui appartenait. Leurs cuisses se touchent. Chaque secousse de l’autobus fait frotter le tissu du pantalon de l’homme contre la chair nue de sa jambe ; chaque contact fait parcourir une décharge électrique à travers son corps. Elle fait semblant de lire, mais ses yeux restent rivés sur l’espace où leurs corps sont réunis. Elle reste parfaitement immobile, jusqu’à ce que tout malentendu soit dissipé, jusqu’à ce que ce soit évident qu’il fait exprès, que ce contact est délibéré, que tout cela était calculé, prévu et joué d’avance.
Elle se tourne donc vers lui et le toise, une expression de défi au visage. Il se jette alors dans ses bras si passionnément qu’elle en échappe son bouquin et que sa tête vient heurter la fenêtre. Elle ne ressent aucune douleur, qu’une excitation aiguë qui la tend comme un arc. Il l’écrase de tout son poids. Son sac va rejoindre son livre, sur le plancher. Elle jette une jambe sur le dossier du banc pendant qu’il s’empêtre dans sa ceinture. Elle tire sa jupe assez pour exposer son sexe déjà humide au regard des passagers du bus. Ceux-ci se sont tous approchés. Ils déchirent leurs tickets et leurs correspondances pour en faire des confettis. Certains applaudissent, d’autres font des « Oh! » et des « Ah! » admiratifs. Le bus tremble comme un vieillard et s’arrête. Il s’enfonce profondément en elle. Elle crie. Il gémit. Les confettis pleuvent sur eux pendant qu’ils jouissent à en perdre l’âme.
C’est peut-être ce qu’il s’imagine qui va se passer, ce connard. Or, tout ce qu’il a accompli, c’est lui faire regretter encore une fois d’avoir eu l’audace folle d’avoir mis le nez hors de chez elle. Elle s’agrippe donc à son roman comme à une bouée, elle se fait toute petite, toute menue et espère que chaque arrêt soit le sien, qu’il sonne la cloche de la délivrance et déguerpisse pour la laisser, enfin, en paix.
La conquête de l’espace, c’est un petit pas pour l’homme et une sacrée enjambée interminable pour la femme.
Ne venez pas me dire que cette définition ne vous a pas fait rire au point de recracher une alvéole pulmonaire noirâtre dans votre gruau matinal.
Il est temps maintenant d’annoncer en grande pompe le nom de nos deux gagnantes! Car, encore une fois, ce sont les dames qui se sont distinguées : parmi les seize solutions reçues, douze furent envoyées par des individus s’identifiant comme des médames! OUAOU ! GEURLE PAWOUEUR !
En première position : Lynda Forgues, cruciverbiste d’élite, qui a été adoubée Commanderesse bardée de cuir du très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbatrices et Masturbateurs Compulsifs. À ce titre, elle recevra un exemplaire dédicacé du Carnet écarlate, le seul livre de l’univers dont la couverture est différente de celle annoncée dans le titre. Lynda fut suivie de près par Hélène Tisseur dont le cerveau musclé et juteux lui a permis de décrocher le titre enviable (et envié) de Maîtresse vibrante à trois vitesses du susnommé très Noble et Ancien Ordre. Elle recevra aussi son exemplaire dédicacé de mon bouquin, dès que ma petite culotte aura assez séché pour que je puisse courir au bureau de poste sans risquer d’attraper un rhume de cerveau.
Quant aux autres participantes et participants, ils ont reçu comme prix de consolation, en plus d’une de mes fameuses remarques sarcastiques et avilissantes, une copie du Carnet en version électronique. Avouez que vous regrettez de ne pas avoir tenté votre chance.
Entéka. Pour ceux et celles que ça intéresse, voici la soluce :
Restez à l’écoute, car on remet ça en décembre, juste à temps pour vos emplettes de Nowel. AON !
Jonathan a essayé de me baiser sans condom,
Puis il a joué au con en disant qu’il ne s’en était pas rendu compte.
Paul avait un scrotum gros comme un pamplemousse ;
Son foutre avait un goût d’agrume.
Sébastien a léché ma fente, à genoux dans les toilettes de la bibliothèque
En trempant son jeans dans la pisse du carrelage.
Alexandre fumait nonchalamment un cigarillo puant
Couché sur le dos, sur ma moquette, pendant que je le chevauchais.
Gabriel m’a surprise alors que je me branlais
Le cul calé dans mon fauteuil, le catalogue Ikea à la main.
Samuel avait la bite blanche et douce comme un petit pain
Et faisait mille manières avant d’accepter de l’enfourner.
Django voulait m’enseigner le chant en échange d’une fellation,
Mais il avait un prépuce interminable à dérouler, alors j’ai dit non.
Tristan était d’une érudition et d’une musculature parfaite,
Mais il ne bandait que pour le mec qui me prenait en levrette.
Louis était prêt à m’obéir au doigt et à l’œil,
Mais tout ce que je voulais, c’était un thé et un bouquin.
Arthur a promis de me montrer quelque chose d’extraordinaire,
M’a entraîné dans sa chambre et a fait de l’origami avec son sexe.
Simon n’était techniquement pas un nain, mais c’était tout comme ;
Sa queue monstrueuse avait la taille de son avant-bras.
Michael avait des fesses comme deux gâteaux au chocolat
Que j’avais la permission ni de toucher, ni de goûter.
Antoine a crié «Salope !» en baisant et «Maman!» en jouissant,
Puis s’est rué dans la douche après avoir taché mon drap de foutre.
Nathan m’a léchée avec gourmandise même si j’avais mes règles ;
Hélas, il m’a donné un faux numéro et ne m’a jamais rappelée.
Théo était mycologue et sa bite avait la forme d’un champignon
(Probablement pas, mais j’en étais quand même convaincue).
Alessandro m’a payé à boire, dans le but avoué de m’emballer ;
Il a fini la soirée en pleurant, dans mon lit, incapable de bander.
Quentin avait les traits épais, vulgaires et quelconques,
– Jusqu’à ce qu’une bite, dans sa bouche, le transforme en ange.
Romain m’a ramonée pendant une heure et n’a pas joui ;
Le lendemain matin, il y avait du sperme séché sur mon ordinateur.
Enzo m’a longuement draguée en me disant que j’étais belle
Et s’est contemplé dans le miroir pendant tout le temps qu’il me baisait.
William était charmant, mais il y avait un je-ne-sais-quoi qui clochait ;
En sortant une capote de son portefeuille, j’ai vu, horrifiée, sa plaque de flic.
Hồng Phúc était gentil, drôle et faisait bien la cuisine,
Mais c’est seulement à cause de son prénom que j’ai ouvert les cuisses.
André a trop vu de porn et a baisé ma bouche comme un lapin ;
Il porte sûrement encore la marque de mes dents sur sa quéquette.
Vincent avait une réserve inimaginable de smegma sous son prépuce ;
J’ai beau être un bon soldat, je souffre encore de choc post-traumatique.
Tom se vantait d’avoir l’imagination perverse du divin marquis ;
Je me suis endormie pendant qu’il me suçait les orteils.
Guillaume voulait que je lui fesse le popotin de toutes mes forces
Et s’est moqué de moi parce que je me suis foulée le poignet.
Yusef était effrontément viril, arrogant et machiste ;
Je l’ai vu se faire bourrer par douze queues bigarrées en une seule soirée.
Léo gardait son menton juste assez râpeux
Pour qu’en le frottant sur mon aine je perde toute contenance.
David, du haut de la chaise du maître-nageur, bandait en m’apercevant ;
Est-ce assez pour le compter parmi mes amants?
Maxime a insisté pour qu’on éteigne la lumière avant de se désaper ;
Depuis, il me réclame des photos de mes seins et de mon cul.
Julien a léché ma fente dans un sentier du Parc de la Gatineau
Et y a laissé du mélange du randonneur en purée.
Denis criait «Couché! Au panier!» à son malamute
Pendant que son épouse glissait dans ma bouche sa langue poisseuse de sperme.
Adam n’a jamais daigné m’adresser la parole ;
Sa copine m’a giflée parce qu’il ne parle que de moi pendant l’amour.
Qu’entends-je? Seraient-ce les sanglots longs des violons de l’automne qui blessent mon cœur d’une langueur monotone? Suis-je en train de rêver? Sommes-nous déjà en novembre ?
Et bien oui, lectrices et lecteurs adorés, accortes gourgandines et charmants vicelards! Et vous savez ce que ça signifie? Je vous le donne en mille : c’est le temps d’une autre stupétrissssssante grille de mots croisés ! WEOW et OUAHOU !
Pour vous y mesurer, rien de plus simple : vous n’avez qu’à la télécharger en format pdf ou en format docx.
Cette fois-ci, je vais remettre non pas un, mais bien DEUX exemplaires dédicacés du Carnet écarlate aux deux individus magnifiques et solaires qui me feront parvenir en premier la solution. Et comme si ce n’était pas assez, ils seront officiellement intronisés au panthéon du très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbatrices et Masturbateurs Compulsifs. THAT’S INCRÉDIBEULE !
Parlant du Carnet écarlate, on commence tranquillement à en parler, ce qui à la fois m’excite et me terrifie. Caroline Allard en a parlé de façon éloquente à la radio publique et Édith Paré-Roy l’a critiqué fort justement sur Les Méconnus. Sans oublier Le Devoir qui en a glissé un mot. Je vais finir par croire qu’il vaut la peine d’être lu, ce bouquin.
Il n’y a rien que je n’aime pas chez l’homme
J’aime l’homme au grand complet
Surtout s’il est grand
Et qu’il porte un complet
Quand je vois un homme
Dans une chemise habillée
Je veux m’approcher de lui
Derrière son dos
Mettre ma main
Sur son épaule
Et la laisser là
Pour un instant
Je pense à ses chaussettes
Comment il en a choisi une paire
Ce matin-là
Et les restantes qui sont
Encore à la maison
Dans un tiroir
Et ses chaussures —
Dieu que ces chaussures me tuent
Surtout si elles sont polies
Que fait-il pour qu’elles reluisent ainsi ?
Tout ce dont j’ai besoin
C’est une paire de chaussures noires
Pour qu’une vague de tendresse
Déferle se moi et me terrasse
Et les cravates qui reposent
Sur leur petit carrousel
J’imagine qu’il les a tenues
Devant le miroir en hésitant
J’ai des hallucinations
D’eau de Cologne
De cigarettes et de laine vierge
Qui pincent mes narines
Et me font tourner de l’œil
Homme au grand complet
Je veux te donner la langue
Je veux avaler ton foutre
Cachée dans le placard à balai
Te réciter des vers masturbatoires
Trempés dans le Tanqueray et tonic
Homme au grand complet
Je veux te voir au garde-à-vous
Nu et dressé devant moi
Te tenir dans ma paume
Comme ma petite chose
Pincer tes mamelons de rubis
Taquiner ton cul du bout de mon petit doigt
Homme au grand complet
Quand viendras-tu à moi?
Quand viendras-tu déposer
Ton pantalon de tweed
Sur le plancher de ma chambre?
Quand viendras-tu accrocher ton veston
Sur le ciel de mon lit?
Où es-tu ce soir?
Où es ta bite gonflée et sirupeuse?
Où sont tes couilles de marbre tendre?
Quand viendras-tu aimer
Chaque parcelle de mon corps?
Quand viendras-tu m’aimer
Au grand complet?
— Oh! Oh! Ok, ça suffit… je ne suis plus capable d’en prendre.
— Mais… tu avais dit que tu aimais le sexe oral !
— Bien sûr ! Sauf que… si je jouis ne serait-ce qu’une seule autre fois, je pense que je vais tomber dans le coma.
— Ben là… je ne faisais que commencer.
— Commencer? Ça doit faire une heure que tu me dévore le bonbon comme une ex-gréviste de la faim dans un Dairy Queen !
— J’ai commencé à trois heures.
— Et alors ?
— Il est seulement trois heures six.
— Ben là…
— Je peux continuer ?
— C’est le changement d’heure, nounoune! Tu m’as léché la fente pendant le passage à l’heure normale!
— Slurp slurp slurp !
— Oh! Oh!
«Commence une mélodie étrange, celle de l’amour à six. On dirait une pièce de musique concrète de Pierre Schaeffer : percussions rythmées produites par le matelas et le lit, grognements graves des hommes qui répondent aux plaintes flûtées des femmes. Le rythme fluctue, tout en accélérant. Les voix se tissent, se nouent et se défont autour de ce martèlement, jusqu’au cri final.»
Je suis en plein processus de réécriture de mes anciens textes. Ça peut sembler étrange, mais cela fait selon moi partie de l’auto-publication sur le web: il n’y a jamais de version définitive, chaque oeuvre est un chantier perpétuellement ouvert et ce n’est que lorsque je serai définitivement partie pour Croatan que ce que j’aurai écrit se fixera – ou sera atteint de rigidité cadavérique.
Je vous soumets donc aujourd’hui la seconde version de ce texte qui date de 2010. Intitulé La Conférence interrompue, il s’agit d’une pièce érotico-philosophique sous forme de transcription de fichiers audio (qui, vous vous en doutez bien, n’existent pas). La prémisse est la suivante : après une nuit passée chez son amant, une femme prépare une conférence sur l’anarchie qu’elle doit donner le soir même. Elle est toutefois continuellement interrompue dans son travail par une série de personnages dont le comportement, par inadvertance, vient illustrer le propos de la conférence – comme si la vie, foisonnante et incontrôlable, faisait irruption dans la théorie.
Pour cette deuxième version, j’ai corrigé une quantité stupéfiante de coquilles et de fautes, en plus d’ajuster un peu le vocabulaire pour le rendre un peu plus «oral» (même si personne ne parle comme ça, j’en suis bien consciente). J’ai aussi ajouté quelques répliques, histoire de rendre les transitions un peu plus naturelles.
Prenez et téléchargez-le tous, ceci est mon pdf, livré pour vous.
Gainsbourg et la Mélodie du bonheur qui se côtoient dans la même grille : pas mal, non ? Je ne suis pas trop mécontente de cette grille, même si elle est un peu lourde côté cases noires, puisque pour une fois, j’ai une belle potence et j’ai évité les chevilles.
(Votre devoir pour ce soir: allez vérifier ce qu’est une potence et une cheville quand on parle mots croisés.)
Une cruciverbiste m’a fait remarquer qu’il est maintenant usuel d’écrire anulingus plutôt qu’anilinctus comme en 2.1.v. Je lui ai répondu que c’est toutefois le terme utilisé dans la plupart des manuels de sexologie et dans le Dictionnaire des fantasmes et des perversions de Brenda B. Love, faque hého, hein, tsé. Enfin, pour ceux et celles qui ne savent toujours pas à quoi h.11.1 fait référence, je vous déconseille fortement de vous frotter à l’oeuvre psychopathe, anthropophage et franchement misogyne de Dolcett.
Toujours est-il que nous avons une championne ! Lison Beaulieu a été la première à me faire parvenir la solution et a été intronisée, lors d’une cérémonie privée, dans le très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbatrices Compulsives à titre d’Amazone des dortoirs, deuxième classe, avec tous les honneurs et privilèges dus à son rang – dont une copie dédicacée du Carnet écarlate, le livre dont tout le monde parle (du moins, c’est ce que font les voix dans ma tête).
Rendez-vous le mois prochain pour une autre grille… et une autre copie dédicacée à gagner !
Je me nomme AA et je suis une verbicruciste anonyme.
Je croise les mots depuis que je sais que les mots peuvent se croiser. Enfant, je dessinais des grilles pendant que mes petits camarades griffonnaient des soleils et des maisons. Mais c’est à la puberté que caresser la case devint pour moi une obsession. Je me réfugiais souvent dans les toilettes pendant des heures pour contempler des grilles à l’abri des regards. Ma mère, inquiète de cette sale manie, consulta un médecin qui prescrit des activités plus saines pour une fille de mon âge, comme l’application de vernis à ongles sur les doigts de pieds, la lecture de Filles d’aujourd’hui et la stimulation de l’entrejambe par la station assise sur les radiateurs. Hélas, c’était plus fort que moi. Je ne cessais de me cacher, dictionnaire à la main, pour me vautrer dans ma perversion verbicruciste.
Évidemment, ma vie sentimentale en a beaucoup souffert. Je fus systématiquement ostracisée par les jeunes de mon quartier, qui m’affublaient de sobriquets tous plus vils les uns que les autres : io, uri, if, lo, eesti et même oc. J’eus donc à porter les stigmates d’une vile manie qu’on ne tolère que chez les gardiens de nuit, les fonctionnaires tablettés et autres usagers des salles d’attente des hôpitaux.
La chance de ma vie fut de rencontrer une jeune cruciverbiste qui me redonna le goût de vivre, moi qui en était arrivée à vouloir me pendre à ma propre potence (sans cases noires, évidemment). Je lui fis une cour assidue en lui dédiant des grilles passionnées, pleines de mots de douze lettres et de chevilles aux définitions folles. Depuis, nous formons un couple heureux, basé sur une saine complicité : je lui parle par énigmes et elle remplit les blancs.
Vous savez quoi? Cette fois-ci, le prix en vaut la peine ! La première personne qui m’enverra la soluce au anne@archet.net, en plus d’être intronisée dans le très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbateurs Compulsifs se méritera une copie dédicacée du Carnet écarlate, le plus-que-célèbre livre qu’il faut lire pour pouvoir se vanter de l’avoir lu! Je compte qu’en offrir trois d’ici la fin de l’année, alors aiguisez vos crayons à mine HB et téléchargez cette grille en format pdf tout de suite avant qu’il ne soit trop tard !
Ce soir a eu lieu le lancement du Carnet écarlate. Vous n’y étiez pas? Vous avez manqué quelque chose – je n’y était pas moi non plus et ce fut marvoulousse, croyez-moi sur parole. La divine poétesse Pascale Bérubé (envers qui je serai éternellement reconnaissante), qui avait été mandatée de me représenter, a lu un petit mot que je m’empresse de partager avec vous.
Bonsoir à tous et à toutes. Je m’appelle Pascale Bérubé et je suis Anne Archet. Depuis des années, à l’insu de mes proches, de mes amis, de ma famille, des forces de l’ordre, du petit Jésus et même de moi-même, je mène une double vie en perdant un temps incommensurable sur internet.
Bin Non. Je blague. Je ne fais que lire ce qu’Anne nous a écrit. Vous pouvez bien rigoler : je suis autant soulagée que vous. Parce que moi, je sais qui c’est et sincèrement, vous ne voudriez pas être coincée dans un ascenseur avec elle.
En tout cas. Le reste va comme suit :
«Chères amies, je vous présente toutes mes excuses. Encore une fois, je brille de la seule façon que je le peux – c’est-à-dire, par mon absence. Vous attendiez-vous vraiment à me voir ce soir? Vous pensiez qu’une petite chinoise maigre comme un jour de carême finirait par se pointer pour faire une crise de panique et d’incontinence urinaire live, devant vos yeux ébahis? Bien sûr que non. Allez, avouez que vous n’êtes pas surprises si j’ai préféré rester terrée dans mon mythique demi-sous-sol du vieux Hull, en compagnie de mes chats, de mon Hitachi Magic Wand modifié et de ma maladie mentale. Meilleure chance la prochaine fois. Tourlou, merci d’être venus, bonne soirée et portez-vous bien.»
Voilà. C’est tout ce qu’elle nous a écrit. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, je trouve ça franchement irrespectueux envers nous tous. Une auteur a le devoir de se présenter devant ses lectrices pour dédicacer des livres, répondre aux questions des journalistes et faire semblant que Guy A Lepage est comique. C’est pour cela qu’après mûre réflexion, j’ai décidé ce soir de la démasquer. Vous voyez la femme qui est à l’arrière, à côté du rayon des nouveautés…? Oui, celle qui fait semblant que ce n’est pas elle et qui fait non de la tête. Eh bien, croyez-le ou non, Anne Archet, c’est ELLE. Allez, Anne! Viens me rejoindre, ne sois pas timide. On l’encourage par une bonne main d’applaudissement ! Mesdames et messieurs, ANNE ARCHET!
Ha, ha, ha. Évidemment, ce n’est pas vrai pantoute, je suis encore en train de lire la note qu’Anne nous a fait parvenir. Je ne contrôle absolument pas ce que je dis, c’est elle qui me met les mots à la bouche : noune, plotte, totons, clitorissse, pwel, fromage de batte, glaire cervicale. Yesss ! Je me sens comme une ventriloque TOUTE PUISSANTE ! Je suis DIEU ! Wooohooo! Je suis presque aussi omnipotente que Fabienne Larouche et juste une peu moins épeurante!
Trêve de gnéseries. Que peut-on dire au sujet du Carnet écarlate… Vous avez lu la quatrième de couverture? Je pense que tout est là : c’est «le meilleur de moi-même». Je suis une femme de peu de talents : j’aurais aimé savoir résoudre des intégrales quadruples, cuire un soufflé qui ne s’effouère pas lamentablement, trouver un vaccin contre la fièvre Ebola ou simplement être douée pour vivre comme une personne normale et saine d’esprit – vous savez, le genre qui se présente en personne dans les lancements pour grignoter des petits fours. Hélas, je ne sais que faire de l’esprit, si possible en mots de cinq cents mots. Vous avez donc entre vos mains le meilleur de moi-même, mon moi profond, l’essence de mon être – et je vous prierais de ne pas vous servir de mon moi profond comme sous-verre, mon âme est déjà assez tachée par le vice pour en plus se retrouver avec des cernes de boisson.
Le Carnet écarlate est une collection de petits textes érotiques écrits sur une très longue période de temps. Les plus anciens datent du siècle dernier, c’est dire à quel point ils sont old school. Depuis que je sais écrire en lettres attachées, je remplis des carnets avec tout ce qui me passe par la tête. Ma puberté ayant été fort précoce, ce qui me passe par la tête s’est mis assez rapidement à s’organiser autour d’un thème unique : ce qui se passe dans et autour de ma culotte. Lorsque les dynamiques et séduisantes éditrices du Remue-ménage m’ont demandé si j’avais quelque chose qui traînait dans mes tiroirs, j’ai pris une grande respiration et j’ai plongé dans cet océan de lambeaux de textes pour en extraire la substantifique moelle, celle que je vous invite aujourd’hui à sucer sans vergogne.
(Ha ! Je lui ai fait dire : «sucer sans vergogne!»)
Le Carnet écarlate parle de sexe et comme la sexualité humaine, il est parfois drôle, parfois tragique, parfois jouissif, parfois traumatisant, parfois tendre, parfois cruel – parfois érotique, tendre et angélique, parfois porno, crade et vulgaire. Je vous invite à l’aborder comme un catalogue inachevé et (dé)raisonné de l’amour physique entre femmes. Comme une boîte de chocolats assortis dont certains sont à la ganache et d’autres au poivre noir. Comme un écrin à bijoux contenant des perles et des œufs de cafard.
Je voudrais en terminant remercier toute l’équipe du Remue-ménage, en particulier Valérie Lefebvre-Faucher qui m’a fait bénéficier de ses conseils et qui m’a permis de rendre ce fouillis libidineux publiable. Aussi bien l’avouer, puisque c’est un secret de polichinelle : Anne Archet, en réalité, c’est elle. Je m’en voudrais de ne pas remercier Anne Migner-Laurin, sans qui le bouquin n’aurait jamais vu le jour et qui depuis si longtemps se cache derrière le pseudonyme d’Anne Archet. La coquine : comment être surprise? Un immense merci à Mélanie Baillargé, l’extraordinairement talentueuse illustratrice du Carnet écarlate; je dirais bien qu’elle aussi est Anne Archet, mais ça serait faire trop d’honneur à ma petite personne. Disons le franchement : Mélanie est Anne Archet, mais en beaucoup, beaucoup mieux. Je tiens aussi à remercier Stéphane Rivard, alias SS Latrique, alias Anne Archet, mon partenaire dans la terreur et dans le crime qui a tant travaillé avec Mélanie pour organiser ce lancement. Enfin, merci à la Librairie Le port de tête de nous avoir accueilli ce soir ; dorénavant, je ne volerai plus jamais de livres chez vous. Promis.
Bonne soirée. Je vous embrasse, tous autant que vous êtes.
Anne Archet
Le Carnet écarlate est en vente chez tous les bons libraires et même les mauvais, en format papier, epub et pdf.
Ce soir a eu lieu le lancement du Carnet écarlate. Vous n’y étiez pas? Vous avez manqué quelque chose – je n’y était pas moi non plus et ce fut marvoulousse, croyez-moi sur parole. La divine poétesse Pascale Bérubé (envers qui je serai éternellement reconnaissante), qui avait été mandatée de me représenter, a lu un petit mot que je m’empresse de partager avec vous.
Bonsoir à tous et à toutes. Je m’appelle Pascale Bérubé et je suis Anne Archet. Depuis des années, à l’insu de mes proches, de mes amis, de ma famille, des forces de l’ordre, du petit Jésus et même de moi-même, je mène une double vie en perdant un temps incommensurable sur internet.
Bin Non. Je blague. Je ne fais que lire ce qu’Anne nous a écrit. Vous pouvez bien rigoler : je suis autant soulagée que vous. Parce que moi, je sais qui c’est et sincèrement, vous ne voudriez pas être coincée dans un ascenseur avec elle.
En tout cas. Le reste va comme suit :
«Chères amies, je vous présente toutes mes excuses. Encore une fois, je brille de la seule façon que je le peux – c’est-à-dire, par mon absence. Vous attendiez-vous vraiment à me voir ce soir? Vous pensiez qu’une petite chinoise maigre comme un jour de carême finirait par se pointer pour faire une crise de panique et d’incontinence urinaire live, devant vos yeux ébahis? Bien sûr que non. Allez, avouez que vous n’êtes pas surprises si j’ai préféré rester terrée dans mon mythique demi-sous-sol du vieux Hull, en compagnie de mes chats, de mon Hitachi Magic Wand modifié et de ma maladie mentale. Meilleure chance la prochaine fois. Tourlou, merci d’être venus, bonne soirée et portez-vous bien.»
Voilà. C’est tout ce qu’elle nous a écrit. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, je trouve ça franchement irrespectueux envers nous tous. Une auteur a le devoir de se présenter devant ses lectrices pour dédicacer des livres, répondre aux questions des journalistes et faire semblant que Guy A Lepage est comique. C’est pour cela qu’après mûre réflexion, j’ai décidé ce soir de la démasquer. Vous voyez la femme qui est à l’arrière, à côté du rayon des nouveautés…? Oui, celle qui fait semblant que ce n’est pas elle et qui fait non de la tête. Eh bien, croyez-le ou non, Anne Archet, c’est ELLE. Allez, Anne! Viens me rejoindre, ne sois pas timide. On l’encourage par une bonne main d’applaudissement ! Mesdames et messieurs, ANNE ARCHET!
Ha, ha, ha. Évidemment, ce n’est pas vrai pantoute, je suis encore en train de lire la note qu’Anne nous a fait parvenir. Je ne contrôle absolument pas ce que je dis, c’est elle qui me met les mots à la bouche : noune, plotte, totons, clitorissse, pwel, fromage de batte, glaire cervicale. Yesss ! Je me sens comme une ventriloque TOUTE PUISSANTE ! Je suis DIEU ! Wooohooo! Je suis presque aussi omnipotente que Fabienne Larouche et juste une peu moins épeurante!
Trêve de gnéseries. Que peut-on dire au sujet du Carnet écarlate… Vous avez lu la quatrième de couverture? Je pense que tout est là : c’est «le meilleur de moi-même». Je suis une femme de peu de talents : j’aurais aimé savoir résoudre des intégrales quadruples, cuire un soufflé qui ne s’effouère pas lamentablement, trouver un vaccin contre la fièvre Ebola ou simplement être douée pour vivre comme une personne normale et saine d’esprit – vous savez, le genre qui se présente en personne dans les lancements pour grignoter des petits fours. Hélas, je ne sais que faire de l’esprit, si possible en mots de cinq cents mots. Vous avez donc entre vos mains le meilleur de moi-même, mon moi profond, l’essence de mon être – et je vous prierais de ne pas vous servir de mon moi profond comme sous-verre, mon âme est déjà assez tachée par le vice pour en plus se retrouver avec des cernes de boisson.
Le Carnet écarlate est une collection de petits textes érotiques écrits sur une très longue période de temps. Les plus anciens datent du siècle dernier, c’est dire à quel point ils sont old school. Depuis que je sais écrire en lettres attachées, je remplis des carnets avec tout ce qui me passe par la tête. Ma puberté ayant été fort précoce, ce qui me passe par la tête s’est mis assez rapidement à s’organiser autour d’un thème unique : ce qui se passe dans et autour de ma culotte. Lorsque les dynamiques et séduisantes éditrices du Remue-ménage m’ont demandé si j’avais quelque chose qui traînait dans mes tiroirs, j’ai pris une grande respiration et j’ai plongé dans cet océan de lambeaux de textes pour en extraire la substantifique moelle, celle que je vous invite aujourd’hui à sucer sans vergogne.
(Ha ! Je lui ai fait dire : «sucer sans vergogne!»)
Le Carnet écarlate parle de sexe et comme la sexualité humaine, il est parfois drôle, parfois tragique, parfois jouissif, parfois traumatisant, parfois tendre, parfois cruel – parfois érotique, tendre et angélique, parfois porno, crade et vulgaire. Je vous invite à l’aborder comme un catalogue inachevé et (dé)raisonné de l’amour physique entre femmes. Comme une boîte de chocolats assortis dont certains sont à la ganache et d’autres au poivre noir. Comme un écrin à bijoux contenant des perles et des œufs de cafard.
Je voudrais en terminant remercier toute l’équipe du Remue-ménage, en particulier Valérie Lefebvre-Faucher qui m’a fait bénéficier de ses conseils et qui m’a permis de rendre ce fouillis libidineux publiable. Aussi bien l’avouer, puisque c’est un secret de polichinelle : Anne Archet, en réalité, c’est elle. Je m’en voudrais de ne pas remercier Anne Migner-Laurin, sans qui le bouquin n’aurait jamais vu le jour et qui depuis si longtemps se cache derrière le pseudonyme d’Anne Archet. La coquine : comment être surprise? Un immense merci à Mélanie Baillargé, l’extraordinairement talentueuse illustratrice du Carnet écarlate; je dirais bien qu’elle aussi est Anne Archet, mais ça serait faire trop d’honneur à ma petite personne. Disons le franchement : Mélanie est Anne Archet, mais en beaucoup, beaucoup mieux. Je tiens aussi à remercier Stéphane Rivard, alias SS Latrique, alias Anne Archet, mon partenaire dans la terreur et dans le crime qui a tant travaillé avec Mélanie pour organiser ce lancement. Enfin, merci à la Librairie Le port de tête de nous avoir accueilli ce soir ; dorénavant, je ne volerai plus jamais de livres chez vous. Promis.
Bonne soirée. Je vous embrasse, tous autant que vous êtes.
Anne Archet
Le Carnet écarlate est en vente chez tous les bons libraires et même les mauvais, en format papier, epub et pdf.
— Anne Agace-Pissette !
Je me retourne. C’est ce demeuré de Steve Ménard, entouré de sa bande de copains lèche-culs. Encore.
— Comment tu m’as appelée?
— Agace-pissette.
— Et pourquoi tu m’appelles comme ça?
— Parce que c’est ce que tu es. Rien qu’une querisse d’agace.
Deux de ses grouillots se mettent à rigoler comme des crétins.
— Et qu’est-ce qui te fait dire que je suis une agace, au juste?
— T’as pas vu de quoi t’as l’air? Comment tu portes ton uniforme? Comment tu frottes tes cuisses pis que tu grouilles ton cul quand tu marches dans la caf’ ?
J’entends un autre de ses larbins siffler : « Estie de plotte».
— Je porte mon uniforme exactement comme toutes les autres filles. Et si je frotte mes cuisses en marchant, c’est parce que je suis faite comme ça, c’est tout.
— C’est ce que je disais : agace-pissette. Salope et stuck-up, en plus.
— Je vais te montrer ce que ça fait, une agace-pissette stuck-up, gros moron.
Je le pousse contre le casier, puis je me jette à genoux devant lui. Il porte un survêtement de sport, alors la surprise aidant, c’est un jeu d’enfant de le déculotter suffisamment pour me permettre d’arriver à mes fins.
Je sors sa bite de son caleçon. Il tremble.
Je le prends dans ma bouche. Il frissonne.
Je fais aller et venir ma tête d’avant en arrière. Il gémit.
J’agite la langue. Il vient.
Le tout en moins d’une minute, top chrono.
Je me relève, puis lui crache son foutre à la figure. Ses trouillards de potes sont trop stupéfaits pour dire ou faire quoi que ce soit. Lui-même est tétanisé et hagard, des larmes de sperme sur les joues.
— Je ne suis pas une agace, dis-je avant de tourner les talons.
Du moins, c’est ce que je fantasme depuis vingt ans d’avoir fait.
Tu es derrière le comptoir au Café Atmosphère
L’artiste du latté aux yeux d’azur
Le maestro du sandwich sur pain intégral
Au tablier taché de foutre en mayonnaise
À la beauté blanche, diaphane et fragile
Tu es si sexy avec ta viande froide
Et ta baguette de six pouces
Avec ton minois de minet sans défense
Que tu éveilles en moi des pulsions
Contre-nature de conquérante
(Si je me fie à ce que j’ai lu
Dans le dernier Cosmo.)
Laisse-moi être ton héroïne
Laisse-moi être ta guerrière viking
Laisse-moi t’emmener loin d’ici
Laisse-moi te sauver de ton boss bedonnant
Laisse-moi t’enlever en vélo
À défaut d’un blanc destrier
Tu es si suave et exquis
Si tendre et si vulnérable
Je veux être ton chevalier servant
Je veux être ta championne obligée
T’acheter des fringues hors de prix
Du parfum et des bijoux
Jeter ma veste dans la boue
Pour que tu puisses marcher sans salir tes pieds
Baiser ta main fuselée
Essuyer ton sexe avec mes cheveux
Passer mes mains dans tes boucles blondes
Jusqu’à ce que tu t’endormes
Ton prénom caresse mon oreille
Et suffit à lui seul à me faire mouiller
Oublie ce que j’ai commandé
Laisse tomber l’allongé-deux-crèmes
Viens chez moi viens dans ma chambre
Viens que je te lise des poèmes enflammés
Viens que je te présente à mes parents
Viens que je te passe la bague au doigt
Viens que je t’apprenne ce qu’est le plaisir
Viens que je chérisse chaque parcelle de ton corps
Je veux laisser courir mes ongles
Affutés comme des rasoirs sur ta peau
Je veux te voir à ma merci
Vêtu d’un short noir et rien d’autre
Ligoté sur une chaise de bois
Je veux arracher un à un
Les poils blonds et follets de ton ventre
Et les garder précieusement sur moi
Comme une sainte relique
Je veux oindre mon front
De ta salive et de ton sperme
Je veux te prendre par tous tes orifices
Faire de toi ma poupée de plaisir
Je veux te révéler à toi-même
Te faire connaître l’extase suprême
De ne plus t’appartenir
De n’être que pur objet de désir
De n’être plus qu’une idole de chair
Entièrement dédiée à ma vénération
Et mon envie folle de te posséder
Laisse-moi te sauver
Et sauve-moi par le fait même
De ce monde qui n’est fait
Que pour les demoiselles en détresse
Que pour les princesses en mal de délivrance
Laisse-toi devenir ma proie
Ô mon Adonis
Du Café Atmosphère
— Qu’est-ce qu’il y a là-dedans? me demande-t-elle en feuilletant le carnet écarlate.
— Le meilleur de moi-même.
— Vraiment ? Alors je dois lui faire l’amour.
Elle lèche une page comme s’il s’agissait de mon sexe, effaçant petit à petit de sa salive tout ce que j’avais écrit, puis offre à ma bouche un petit bout de langue bleue.
Voilà, c’est enfin officiel : mon nouveau (et premier, du moins sur papier) bouquin sera disponible en librairie le 14 octobre prochain. Ça s’intitule Le carnet écarlate, c’est publié par les Éditions du remue-ménage et c’est constitué de très courts textes érotiques – certains aussi courts qu’une phrase – illustrés par la sublime (et esssstrêmement talentueuse) Mélanie Baillargé. Un gros cent quarante pages d’amour saphique décliné sur tous les tons.
Il y aura un lancement à Montréal, à la Librairie Le port de tête le 15 octobre à 18h00. Si vous faites partie de ce 123% de la population mondiale qui s’est inscrit sur Facebook, vous pouvez y trouver les détails. Ce sont Mélanie, le ténébreux SS Latrique et mes gentilles éditrices féministes qui l’organisent. Vais-je être présente? Qui sait… peut-être arriverai-je à y débouler en cassant un talon pour faire tout un scandale induit par la dose massive d’anxiolytiques que j’aurai préalablement ingérée pour me donner le courage initial de sortir de mon demi sous-sol.
Ou alors je trouverai une pulpeuse Anne Archet de rechange et je la chargerai de vous transmettre toute mon affection émoustillée.
On verra.
Le cimetière tranquille cuisait sous les derniers rayons du soleil d’été.
— Installons-nous sous cet arbre, l’ombre a l’air délicieuse, dit-elle.
Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre et se déshabillèrent mutuellement en s’embrassant avec passion.
— Wow… tu es trop bandante… murmura-t-il.
— Baise-moi bien fort, répondit-elle laconiquement.
Elle planta ses ongles dans son dos pendant qu’il la prenait vigoureusement, presque furieusement. Elle jouit la première, en renversant sa tête en arrière et en criant son plaisir aux nuages. Il grogna quelques secondes plus tard en déchargeant son foutre, le gland buté contre le col de sa matrice.
— C’était fantastique, haleta-t-il. Quelle semaine incroyable.
— Les amourettes de vacances, y’a que ça de vrai, ajouta-t-elle en souriant.
— C’est vraiment plate que tu doives partir demain. Tu ne peux pas rester plus longtemps?
Elle secoua la tête.
— Non. Mon mari est un vieux barbon, mais il est friqué. Je n’ai pas envie de le contrarier – ou pire, d’éveiller ses soupçons.
— Dommage.
— Hey, ne fais pas cette tête. Les vacances ne sont pas encore tout à fait finies, Don Juan. Il nous reste quelques heures : faisons-le encore, maintenant. Et encore une fois – toute la nuit.
Ils baisèrent alors plus lentement, plus tendrement, sur une pierre tombale gentiment chauffée par le soleil. Lorsqu’il jouit à nouveau, elle eut un bref moment d’inquiétude en pensant à la vasectomie de son mari. Un peu de calcul mental la rassura : pas de souci à se faire, elle était dans la zone.
En se levant, elle ne remarqua pas l’empreinte rougie que la pierre avait laissée en relief sur ses fesses. En lettres inversées, on pouvait lire : «espérance d’une vie nouvelle».
Dans la foule qui tapisse les rues, il y a un homme qui marche, nu. Il n’est visible que par intermittence, comme une apparition surnaturelle, entre les rangs entrelacés de marcheurs en veston-cravate, en jeans déchirés, en robe soleil, en costume de clown et en uniforme de milice d’extrême droite. L’homme nu ne provoque aucune émotion, pas même un seul regard amusé ou agacé; il jouit d’une immunité étrange, voire suspecte.
Sa nudité n’est pas sans attrait; ses muscles se meuvent avec grâce au rythme fluide de sa marche. Ses fesses se tendent en alternance, ses mollets se tendent et se relâchent comme une mécanique soigneusement huilée et ajustée. Quant à son sexe, il est légèrement dressé et sautille entre ses cuisses légèrement poilues. Son visage est de ceux qu’on voudrait spontanément embrasser si on se donne la peine de le contempler comme il le mérite. Or, il n’y a dans cette foule de quidams occupés et bien nourris personne qui n’a le temps pour ce genre de frivolité.
L’Oneiric Cafe est au coin de la rue. Ses tables s’étirent le long du trottoir; chacune d’elle est coiffée d’un parasol jaune et blanc qui émet une étrange lueur, comme s’il était fait de peau de ver luisant. À la table du coin, celle qui est la plus proche de la foule écumante, une femme est assise, nue elle aussi. Elle lit le journal et sirote un café au lait. Sa nudité est tout aussi attirante que celle de l’homme qui marche ; ses seins sont denses et mûrs, ses jambes sont généreusement galbées, son regard laisse à peine transparaître la lourde sensualité – voire la profonde indécence – de ses désirs. Son visage est aussi de ceux qu’on voudrait spontanément embrasser, comme celui de l’homme qui marche, mais pour des raisons forts différentes et beaucoup moins avouables.
En levant les yeux de son journal, la femme nue aperçoit l’homme nu se frayant peu à peu un passage parmi la masse informe et vêtue. Elle écarquille légèrement les yeux – parce qu’elle est surprise ou parce qu’elle le reconnaît? – et l’observe s’approcher d’elle, le visage pudiquement caché par son bol.
C’est alors que je prends soudainement conscience de ma présence dans cette scène. Je crois que je suis une serveuse, car je tiens un plateau sur lequel est déposé une rose noire. Je suis terrassée par le coup de foudre, c’est l’amour, le pur, le vrai – mais je me réveille avant de savoir lequel de ses deux êtres est l’objet de cet embrasement.
Je n’arrive pas à y croire que je me retrouve encore dans cette situation. Décidément, il n’y a qu’à moi que ça arrive.
— Anne, je suis désolé. Je ne voulais pas te faire de fausses promesses et encore moins te faire du mal. Je tiens beaucoup à toi.
— Pourquoi est-ce fini, si c’est le cas? Ce fut la nuit la plus parfaite de toute ma vie. Personne ne m’a jamais fait l’amour comme tu l’as fait.
— Tu dis ça juste parce que…
— Parce que rien. Tu ne m’as pas juste baisée, tu m’as aimée, passionnément, avec tout ton corps et tout ton âme. Je t’en prie, ne gâche pas ce que nous avons vécu en n’en faisant qu’une histoire d’un soir. Je ne crois pas que j’arriverai à m’en remettre…
Et c’est à ce moment que je me suis mise à pleurer comme une idiote. Il m’a alors prise dans ses bras et a tenté maladroitement de me rassurer.
— Ce n’est pas une histoire d’un soir quand c’est le destin qui nous sépare, mon amour. Si je reste, je te ferai du mal.
— Ça y est, voilà la vieille rengaine qui arrive : «Je ne suis pas bon pour toi, je vais te faire souffrir, tu mérites mieux, et patati et patata… » lui ai-je dit en me dégageant de son étreinte.
— Tu dois me croire. On ne peut pas faire autrement, je te supplie de me croire.
— Voilà une nuit qui aurait pu être parfaite qui se termine. Le soleil se lève. J’aimais tant les aurores, avant.
— Moi aussi, a-t-il dit en essuyant une larme.
Il a pris ma main et m’a entrainée jusqu’au balcon. Devant le soleil levant, il m’a embrassée tendrement, puis m’a murmuré à l’oreille :
— Adieu, Anne.
Il s’est ensuite instantanément embrasé jusqu’à ce qu’il soit réduit à un petit tas de cendres grisâtres, sa dernière larme bouillonnant en s’évaporant sur la rampe du balcon.
C’est toujours la même histoire. Les meilleurs mecs sont tous mariés, gays, ou alors des salopards de vampires.
Tel que promis, voici en primeur intergalactique la version 3.0 des Comptines pour ne pas dormir, en format pdf pratique et hygiénique. Cette édition comprend maintenant soixante-dix sept (!) comptines grivoises et quatre nouvelles illustrations tout aussi scabreuses que révoltantes.
Allez et téléchargez-le tous, ceci est mon ebook livré pour vous.
Tel que promis, voici en primeur intergalactique la version 3.0 des Comptines pour ne pas dormir, en format pdf pratique et hygiénique. Cette édition comprend maintenant 77 (!) comptines grivoises et quatre nouvelles illustrations tout aussi scabreuses que révoltantes.
Allez et téléchargez-le tous, ceci est mon ebook livré pour vous.
Ainsi se termine l’édition 2014 de la Nuit de la comptine. Un immense merci à tous ceux et celles qui ont mis des sous dans mon chapeau; vous êtes des amours en sucre d’orge.
Rendez-vous dans un jour ou deux pour télécharger la nouvelle édition augmentée des Comptines pour ne pas dormir, qui inclura des illustrations originales par votre athlète de la gnéserie cochonne préférée.
Comme le dit toujours mon agent de libération conditionnelle: c’est un dossier à suivre.
Dodo Berline
Sainte Catherine
Endormez-moi cette enfant
Quelle récupère de ses tourments
Ce soir on l’a fustigée
Pendue à l’envers par les pieds
Laissée à baigner dans sa pisse
Baisée par tous les orifices
Dodo Berline
Sainte Catherine
Endormez-moi cette enfant
Quelle récupère de ses tourments
Si l’enfant s’éveille
Coupez-lui l’oreille
Si l’enfant dort bien
Elle aura un gros câlin
Nous n’irons plus au bois
Pour aller faire baiser
La belle que voilà
Par des tas d’étrangers
Sortez votre bite
Si on vous y invite
Dans les fourrés
Fourgonnez qui vous voudrez
La belle que voilà
Par des tas d’étrangers
Car du dogging elle a
Fini par se lasser
Sortez votre bite
Si on vous y invite
Dans les fourrés
Fourgonnez qui vous voudrez
Car du dogging elle a
Fini par se lasser
Le samedi restera
Sage devant la télé
Sortez votre bite
Si on vous y invite
Dans les fourrés
Fourgonnez qui vous voudrez
Le samedi restera
Sage devant la télé
Et j’irai, quant à moi
Seule aller prendre mon pied
Sortez votre bite
Si on vous y invite
Dans les fourrés
Fourgonnez qui vous voudrez
C’est Gugusse, avec son aiguillon
Qui fait jouir les filles
C’est Gugusse, avec son aiguillon
Qui fait jouir les filles et les garçons
Mon papa il ne veut pas
Que je jouisse, que je jouisse
Mon papa il ne veut pas
Que je jouisse entre ses bras
C’est Gugusse, avec son aiguillon
Qui fait jouir les filles
C’est Gugusse, avec son aiguillon
Qui fait jouir les filles et les garçons
Il dira ce qu’il voudra
Moi je jouis, moi je jouis
Il dira ce qu’il voudra
Je vais jouir entre ses bras.
I went to the bordel
Pour boucler la fin du mois
The first guy I met
M’a prise pour une fille de joie
I love you
Vous ne m’aimez guère
I love you
Vous n’m’aimez pas du tout
Mam’zelle what have you got
Sous ce beau petit jupon-là?
I’ve got a bubble butt
Ne l’achèteriez-vous pas?
I love you
Vous ne m’aimez guère
I love you
Vous n’m’aimez pas du tout
Oh ! Let me fuck you now
C’est ma femme qui vous paiera
I went to see his wife :
La salope n’y était pas !
I love you
Vous ne m’aimez guère
I love you
Vous n’m’aimez pas du tout
Aidez cette pauvre artiste flouée par son client. PayPalez-lui un dollar ou deux, elle pourra prendre le bus et retourner à la maison.
Faudra-t-il les ramasser ?
Les tortiller ou les nouer ?
Les jeter par-dessus l’épaule ?
Les laisser tremper dans un bol ?
Les faire sécher sur le comptoir ?
Les remiser dans une armoire ?
Aller les inscrire à la bourse ?
À la fac ou au champ de course ?
Les faire bénir par le pape ?
Ou les faire passer à la trappe ?
Sur le fil à sécher le linge
Il y a une p’tite culotte
C’est à mon amie Charlotte
Sur le fil à sécher le linge
Il y a une cagoule
C’est à mon voisin Raoul
Sur le fil à sécher le linge
Il y a un gode-ceinture
C’est à la maîtresse d’Arthur
Sur le fil à sécher le linge
Il y a un string à bretelles
C’est à la tante à Isabelle
Sur le fil à sécher le linge
Il y’a une poche à lavement
C’est à grand-papa Armand
Sur le fil à sécher le linge
Y’a des capotes usagées
C’est à mon cousin Roger
Un petit cochon
Pendu au plafond
Fouettez son derrière
Il appellera sa mère
Tordez ses mamelons
Il hurlera son nom
Bourrez-lui le cul
Il n’en pourra plus
Tirez-lui ma queue
Il ira bien mieux
Tirez-lui le tuyau
Il donnera du sirop
Tirez-lui le piquet
Il donnera du lait
Tirez-le plus fort
Il en voudra encore
Combien de plus en voulez-vous ?
– 1, 2, 3, 4, 5 !
Vous avez envie d’encourager l’artiste? PayPalez-moi un dollar ou deux, ça vous vaudra une place de choix au paradis.
À la vanille pour les filles
Et au citron pour les garçons
Talons- aiguilles pour les filles
Complet-veston pour les garçons
La coquille, c’est ce qu’ont les filles
Les roustons, ce qu’ont les garçons
Rouler sa bille pour les filles
Frotter l’bâton pour les garçons
Chaînes aux chevilles pour les filles
Et le bâillon pour les garçons
Dans la pastille pour les filles
Au fond du fion pour les garçons
Je suis gentille avec les filles
Et un démon pour les garçons.
Ne pleure pas Jeannette
À la zim boum boum, à la zim boum boum
Ne pleure pas Jeannette
Nous te gang-bangerons
J’inviterai des motards
À la zim boum boum, à la zim boum boum
J’inviterai des motards
Ou trente bucherons
Je n’veux pas de motards
À la zim boum boum, à la zim boum boum
Je n’veux pas de motards
Encore moins de bucherons
Je veux tout plein d’anars
À la zim boum boum, à la zim boum boum
Je veux tout plein d’anars
Ceux qui sont en prison
Je les laisserai venir
À la zim boum boum, à la zim boum boum
Je les laisserai venir
Tous dans mon petit con
Car j’ai lu que c’qui vient
À la zim boum boum, à la zim boum boum
Car j’ai lu que c’qui vient
C’est l’insurrection.
Toutes les femmes sont folles
Excepté ma gougnotte
Qui astique ma plotte
Avec son gode-ceinture
Et vient sur ma figure.
Vous avez envie d’encourager l’artiste? Mon compte PayPal vous attend ; envoyez-moi quelques sous pour un café, je vais en avoir drôlement besoin, hein.
Quand je mets mon diaphragme
C’est pour éviter le drame
J’applique aussi du spermicide
Car c’est mieux que l’infanticide
Si j’avale des cachets d’Alesse
C’est pour pouvoir jouer aux fesses
Si je choisis le stérilet
C’est pour fourrer l’esprit en paix
Quand je me mets du lubrifiant
C’est pour plaire à mon bel amant
En lui enfilant un condom
Pour qu’il me tringle pour de bon
Quant au coït interrompu
C’est autre chose, bien entendu :
Car si j’lui dis de s’retirer
Au fond, c’que j’veux, c’est un bébé
(En vé-ri-té).
Un : Monsieur LeBrun
Deux : secoue ton pieu
Trois : puis, mets-le moi
Quatre : au fond d’la chatte
Cinq : tords-moi les seins
Six : car c’est mon vice.
C’est bientôt l’heure des mamans
Allez, préparez-vous, enfants
Enfilez votre robe de nuit
Et allez vite vous mettre au lit
Maman s’occupe comme elle peut
De ses charmants petits morveux
Mais vingt heures? Il est plus que temps
D’aller rejoindre son amant
C’est bientôt l’heure des mamans
Allez, préparez-vous, enfants
Enfilez votre robe de nuit
Et allez vite vous mettre au lit
Maman se fait bien du souci
Pour sa ribambelle de petits
Mais quand il est passé vingt heures
Elle pense à son vibromasseur
C’est bientôt l’heure des mamans
Allez, préparez-vous, enfants
Enfilez votre robe de nuit
Et allez vite vous mettre au lit
Maman fera une crise de nerfs
Si ce soir vous lui pompez l’air
Dans son bain elle veut mariner
Avec Cinquante nuances de Grey
C’est bientôt l’heure des mamans
Allez, préparez-vous, enfants
Enfilez votre robe de nuit
Et allez vite vous mettre au lit.
La Nuit de la comptine commencera à 20h00 précises, heure de Gîtînô. Pour obtenir les mises à jour d’heure en heure, suivez-moi sur Facebook ou encore suivez le hastag #NuitdelaComptine sur Twitter.
J’ai besoin de sortir de cette léthargie estivale et de me secouer un peu. Voilà pourquoi j’ai décidé, dans la nuit de vendredi à samedi, d’organiser la (cinquième? sixième? – j’ai perdu le fil, après toutes ces années…) édition de ma nuit de la comptine grivoise.
Le concept est simple: de vingt heures à huit heures, je vais écrire une comptine à l’heure et la publier ici, sur mon blog chéri d’un blanc virginal et immaculé. Au menu: rythmes bancals, rimes approximatives, gros mots, polissonneries immatures et pieds-de-nez divers. Pour vous donner une idée du résultat, téléchargez les comptines des nuits précédentes que j’ai regroupées dans mon recueil intitulé Comptines pour ne pas dormir.
Et si d’aventure cette performance esssstradinaire et flabergastante vous impressionne au point de vous donner l’envie d’encourager l’artiste en lui lançant quelques sous dans son chapeau, je me ferai un plaisir d’agiter sous votre nez le lien vers mon compte PayPal.
Comme le dit toujours mon psychiatre : c’est un rendez-vous.
Elle s’appelle Heather et trouve mon accent «so charming», surtout quand je m’empêtre dans son prénom.
— It’s Heather. THer. Repeat after me.
Je répète, mais je suis loin du compte.
— Heather… as in «ei-ther», articule-t-elle lentement.
Je répète donc «Heather» et «either».
— No, that’s not good.
J’essaie encore, mais ma langue est maladroite et raide dans ma bouche, alors que la sienne se meut avec tant de grâce et de douceur. Je la vois, rose et tendre, poindre derrière l’ourlet délicat de ses lèvres.
— It’s a «th», not a «d», sexy.
Après toutes ces années passées à cinq-cents mètres de la frontière ontarienne, je me serait attendue à maîtriser enfin le terrible th anglais. Hélas, ma bouche est trop crispée, ma langue s’écrase trop sur mon palais et je n’arrive qu’à dire «Édeur». Je lui demande donc :
— Please, say it again. I want to learn how to pronounce it correctly.
Elle s’exécute et j’en profite pour contempler ses lèvres, pour épier cette jolie langue venir se placer contre sa dentition immmaculée.
— Could you say it again? I’m not sure I heard correctly…
— No, it’s your turn. You’ve gotta practice !
Évidemment que j’ai besoin de pratique. Mais ce dont j’ai encore plus besoin, c’est de voir ses lèvres s’humecter et sa langue s’agiter.
— Come on, sweetie, say it !
Elle s’approche pour inspecter ma propre bouche. Nous visages maintenant si près l’un de l’autre… j’essaie donc une autre fois.
— Hédeur.
Elle se met à rire gentiment. Tout ça l’amuse follement.
— Not Header! I’m not a newspaper… I told you, it’s Hea-THer, as ei-THer.
Je répète donc, encore et encore, Heather et either tandis que je m’approche de plus en plus de sa bouche. Chaque fois, elle répète après moi. La tension augmente. Mes lèvres se tordent, je cherche mon souffle. J’essaie de dire son prénom, mais c’est comme si je n’avais pas assez d’air dans mes poumons.
— Hea…
Je suis à quelques centimètres de sa bouche.
— …ther.
Le bout de ma langue touche ses lèvres. Je reste pétrifiée par mon audace. Nos haleines se mêlent; la sienne est chaude et sucrée. Sa langue vient à la rencontre de la mienne. Elles entrent dans la danse : à l’intérieur d’elle, à l’intérieur de moi. Elle mordille mes lèvres, je suce les sienne.
Je sens que je vais fondre.
— You’re so hot, Édeur…
— Just call me heater, then.
J’ai honte de l’avouer, parce que ça va à l’encontre de tous mes principes, mais ce qui m’attire le plus chez elle, c’est sa profession et surtout la façon dont elle porte son uniforme. Je sais, je sais, j’ai déjà fait toutes ces déclarations radicales à l’emporte-pièce et vous êtes en droit de me juger – n’ayez crainte, je le fais continuellement moi-même. Il se trouve que lorsque je la vois, en service, revêtue de son uniforme strict et immaculé, je craque.
Elle est grande, sculpturale, ses traits sont fins et réguliers, ses cheveux impeccablement attachés en chignon… je suis certaine qu’elle serait foudroyante de beauté dans une robe du soir. Mais placez cette beauté dans un uniforme à la coupe anguleuse et elle devient tout simplement irrésistible. Le chemisier empesé gris est brodé de rouge et d’or qui contraste avec le blanc crémeux de sa peau. En uniforme, elle a l’air d’une Amazone, d’une souveraine.
Et c’est précisément ce qu’elle est: c’est un chef. Le badge qu’elle porte sur sa poitrine gauche l’indique : elle occupe un rang supérieur dans la hiérarchie et les autres – hommes et femmes – qui portent le même uniforme lui doivent respect et obéissance. Elle baigne dans une telle aura d’autorité que j’en frémis à m’en donner la chair de poule.
Je m’approche timidement d’elle, mon cœur tressaille.
— Bonjour madame, comment puis-je vous aider? me demande-t-elle sur un ton froid, mais courtois.
Mon esprit chavire et mon corps est déchiré par le désir. Comme je voudrais lui dire à quel point je la trouve superbe, à quel point je suis chamboulée par sa présence ! Je voudrais tant lui avouer toute la passion que j’éprouve, lui dire qu’elle me fait mouiller comme une folle… mais elle m’impressionne trop, c’est inutile. Jamais n’oserais-je violer les strictes barrières que son uniforme établit entre elle et moi. Elle est en devoir; le mien est de réprimer mes élans libidineux et de m’en tenir à de stricts rapports professionnels. Après l’avoir fixée quelques secondes, la bouche ouverte et salivant comme une idiote, je finis par lui répondre :
— Un trio Big Mac avec un Coke Diète, s’il-vous-plaît madame.
Josianne, assistante gérante, sourit et entre ma commande pendant que je la contemple révérencieusement. Après avoir payé, je pars donner ce bout d’animal mort au vieux monsieur pas trop propre qui sirote un café (sûrement depuis des heures) à la table près de la porte. C’est pas drôle tous les jours d’avoir des principes, je vous jure.
Nous sommes mercredi soir et vous savez ce que sa signifie, bande de vicelards et de fieffées coquines? Ça veut dire que le concours est officiellement terminé. L’heure est venue d’annoncer la nouvelle membre du très Noble et Ancien Ordre Lubrique des Masturbatrices Compulsives; il s’agit de Margaret Ann Buckley qui, grâce à sa performance aussi rapide qu’éblouissante, s’est vue adoubée du titre envié de vice-amirale (troisième classe). Elle a reçu – comme six autres verbicrucistes qui m’ont fait parvenir leur solution à ma grille de mots croisés – un exemplaire rarissime de Pr0ngraphe, le ebook érotique recommandé par neuf dentistes canadiens sur dix.
J’en ai d’ailleurs profité pour mettre à jour la liste des distingués membres de l’Ordre dont la haute antiquité remonte à 2003, une époque trouble qui ne connaissait ni la civilisation, ni la décence, ni le iPhone. Pour l’occasion, l’Ordre a adopté une nouvelle devise (en latin – si si, trrrès chèrrrreu) dont vous essayerez de deviner la signification et a aussi mis a jour la décoration que ses membres portent fièrement, épinglée sur leur généreuse poitrine, quand ils vont visiter tante Gertrude à l’hospice.
Vous voulez, vous aussi, faire partie de cet aréopage sélect de personnalités érudites d’exception? Revenez dans quelques semaines vous mesurer à ma grille; la gloire immortelle est à votre portée.
Oh, j’allais oublier: voici la soluce.
Appel à tous les gardiens de sécurité, fonctionnaires tablettés et autres loners plus ou moins sociopathes ! Nous sommes en juin, il fait froid, il pleut, j’ai fini de réviser le manuscrit de mon prochain bouquin et je m’emmerde. Toutes les conditions sont donc réunies pour se vautrer tous ensemble dans le plaisir le plus masochiste d’entre tous: les MOTS CROISÉS. Yes ! Yes ! YES ! J’arrive à peine à contenir mon émotion… je suis à ça d’avoir un orgasme spontané.
Vous pouvez immédiatement la télécharger en format pdf.
Cette fois-ci, tous ceux et celles qui me feront parvenir la solution exacte (par courriel, au anne@archet.net, et pas dans les commentaires parce que ça ruine le plaisir des autres, hein) recevront un exemplaire de Pr0nographe, le ebook où tous les synonymes de «noune» ont été utilisés deux fois plutôt qu’une. IN-CRO-YA-BLE !
Je vous entends déjà dire : « Pourquoi alors je me dépêcherais ? Je vais travailler là-dessus peinard et je finirai bien par avoir mon bonbon gratos…» Oh que non, bande de petits vicelards ! D’abord, parce que la première personne à m’envoyer une solution correcte aura l’insigne honneur d’être décorée vice-amiral (troisième catégorie) de l’Ordre lubrique des masturbateurs compulsifs. Ensuite, parce que la solution sera publiée mercredi soir et qu’après il sera trop tard.
Horizontalement
Verticalement
Je ferme la porte de l’appartement et descends l’escalier d’un pas vif, mes clés cliquetant dans la poche de ma veste. Il est là, sur le palier du second. «Bonjour» lui dis-je mécaniquement en arrivant à la dernière marche.
Mes yeux s’écarquillent quand soudainement il entrouvre son trench-coat. Il avait tout prévu, ce satyre : il ne porte rien d’autre en dessous qu’un t-shirt qui lui arrive au-dessus du nombril et des tongs rose fluo. Sa queue est glabre et épaisse; elle bande en pointant dans ma direction. Il la saisit de sa main droite et, dans un soupir de contentement, la serre assez fort pour qu’une goutte opaline perle du méat.
Le rouge me monte au front. J’étouffe de chaleur. J’arrive à peine à articuler un « Monsieur Bouchard ! » tellement je suffoque. Il me dévisage en souriant. Moi, je n’arrive pas à détourner le regard de sa main qui va et vient langoureusement sur son engin. Une exhalation brutale accompagne chaque troisième coup de piston. Je me surprends à compter mentalement :
« Un, deux, HAH… quatre, cinq, HAH… sept, huit, HAH… »
Sans même prendre une pause, il tire avec sa main libre un mouchoir de sa poche. Il accélère ensuite le rythme.
« Vingt-huit, vingt-neuf, HAH… trente et un, trente-deux, HAH, Trente-quatre, Tr… oups. »
Mouvement saccadé des hanches. Son corps se tend comme un arc. Il tente d’éjaculer dans son mouchoir, mais le plus gros du foutre fait un vol plané et atterrit sur la rambarde.
La cage de l’escalier est remplie par l’écho de nos souffles oppressés.
« Je dois y aller, sinon je serai en retard au bureau… » lui dis-je en bafouillant, avant de prendre mes jambes à mon cou. En ouvrant la porte de l’immeuble, je me retourne, je lui jette un dernier regard et lui dis : « N’oublie pas : ce soir, c’est à mon tour. »
« Bien sûr. À tout à l’heure…» répond-t-il en rattachant son manteau.
Dehors, le ciel me semble d’un bleu plus éclatant que d’habitude.
Ne te fie pas à mon prénom. Il arrive qu’un prénom soit un corset lacé avec du fil barbelé. Le mien m’a enfermé à double tour dans la petite-madamerie pâlotte fin-trentenaire sans aspérités ni signes distinctifs. Par sa faute, je suis devenue une brique grisâtre dans un mur de briques grisâtre servant à séparer la masse informe et nathalienne des individus solaires et sublimes qui occupent l’apex de l’évolution de l’espèce. Nathalie est une image blafarde et délavée qu’on a accrochée sur le coin du miroir.
Mais si tu prends la peine de soulever le voile de mon prénom, tu verras que je ne porte rien en dessous. Tu verras que je suis noire et brûlante comme la Géhenne, que je suis la muqueuse du diable – celle qui n’a qu’à esquisser un rictus pour te transformer en statue priapique de granit et t’avaler tout entier. Mes hanches sont une légion infernale, elles se saisiront de ton corps de pauvre mortel et te feront plonger dans les abysses ténébreux et sans fin de la jouissance pré-humaine, reptilienne – celle qui fait sortir de soi et qui est sans retour. Déshabille-moi de mon prénom; je serai la piqûre d’ortie à la base de ta queue, je serai les lèvres du ciel, je te boirai jusqu’aux étoiles, je ferai de toi un saint, un héros de légende, un homme.
Mathieu était amoureux fou de Gabrielle. Il devrait absolument lui dire, mais il n’arrivait pas à trouver le courage de le faire. C’était après tout sa meilleure amie et il ne voulait absolument pas gâcher cela.
En se rendant au restaurant où il lui avait donné rendez-vous, il n’avait pas cessé mentalement de se raisonner, de se dire que tout allait bien se passer, que c’était maintenant ou jamais. Hélas, lorsqu’il la vit, attablée à la terrasse et resplendissante de beauté, tout son courage se mit à fondre comme neige au soleil.
Pit, le clochard qui campait dans le parc de l’autre côté de la rue, s’approcha de lui. Mathieu se mit à fouiller dans ses poches à la recherche de monnaie à lui donner. Avant qu’il ne puisse le faire, Pit lui mit sous le nez un petit sac de tissu rouge vif.
— Hey le jeune ! J’ai quelque chose pour toi. Juste cinq piasses. C’est de la poudre de lune pis c’est magique. Avec ça, n’importe quelle fille va devenir amoureuse de toi; elle va se mettre à mouiller d’la plotte pis elle va te demander de la ramener à la maison pour que tu la fourres solide. C’est cent-dix pourcent garanti, le jeune. Juste cinq piasses.
— Cent-dix pourcent garanti? Ben oui, tiens. Je ne suis pas aussi niaiseux que j’en ai l’air.
— Envouaille donc. Je te jure que ça marche. Juste cinq piasses… de toute façon, qu’est-ce que t’as à perdre?
— Cinq dollars, voilà ce que j’ai à perdre.
— Viens pas me dire que ça va te ruiner, le jeune.
—Vu comme ça, hein… voilà.
Mathieu lui donna un billet bleu tout neuf et mit le sac de poudre dans la poche. Pit fit un large sourire satisfait et édenté.
Sur la terrasse, Gabrielle salua Mathieu.
— Qu’est-ce que tu complotais avec Pit?
— Il m’a vendu de la poussière de lune.
— Ah oui? Ça sert à quoi, ce truc?
Mathieu sourit et jeta le contenu du sac dans l’air, devant elle.
— Fuck. C’est juste du talc…
Gabrielle éternua, puis l’expression de son visage figea pendant quelques secondes. Elle se mit alors à se tortiller sur sa chaise et à minauder d’une drôle de voix :
— Oh ! Mat… Je ne sais pas ce qui m’arrive… Oh… OH ! Je pense que… je mouille de la plotte. Vite ! Ramène-moi à la maison ! Je veux que tu me fourres solide ! Tout de suite ! Je t’en priiiiie !
En passant devant le parc, Gabrielle fit un clin d’oeil et glissa un billet de vingt à Pit qui les regarda filer d’un air attendri.
— As-tu déjà eu ça, toi, un orgasme vaginal?
— Tu veux dire avec la queue seulement? Sans jouet et sans mains?
— Ouais. Un orgasme magique, rien dans les mains, rien dans la poche.
— Ha! T’es folle. Oui, ça m’est arrivé. Une fois, y’a sacrément longtemps.
— Ça s’est produit comment?
Elle prend une gorgée de bière, se cale dans son fauteuil, puis soupire.
— Je fréquentais ce gars qui était pas mal nul au lit. Ne ris pas! Je veux dire, il n’était vraiment, – mais alors vraiment – pas doué. Quand il était bandé, c’était « écarte tes cuisses poupée que je te la mette », suivi d’une trentaine de secondes de va-et-vient frénétique, puis merci bonsoir il est parti. Pas de préliminaires, pas de postliminaires. Après quelque temps, j’avais même abandonné l’idée d’être excitée.
— Pourquoi ne l’as-tu pas tout simplement envoyée paître vite fait bien fait?
— C’est ce qui a fini par arriver. Je suis quand même restée avec lui quelques mois, c’était un gentil garçon… En tout cas. C’était un samedi matin et, à peu près chaque heure, il voulait remettre ça.
— Sérieuse?
— Je te jure. Il tirait vite, mais il le faisait à répétition… on n’avait tous les deux que vingt ans, hein. Ça faisait déjà trois fois qu’on le faisait depuis le petit déjeuner et j’étais là, couchée sur le dos, à attendre qu’il finisse et pensant à rien en particulier et puis BANG! v’là-t’y pas que j’ai un orgasme. Comme ça, venant de nulle part.
— C’est mongol.
— C’était juste un tout petit orgasme, mais un orgasme quand même.
— Qu’est-ce qu’il a dit?
— Rien. Il ne l’a jamais su. J’ai pensé le lui dire, mais… je trouvais que ça faisait malaise.
— Ça faisait malaise que tu lui dises que tu avais joui?
— Non. Ça faisait malaise que je lui dise que je n’avais pas joui toutes les fois d’avant.
— Ah, je vois.
Elle reprit une autre gorgée de bière, puis, après un long silence, demanda :
— Et toi? Ça t’est déjà arrivé?
— Non, jamais. Jusqu’à il y a cinq minutes, je pensais que c’était un mythe.
— Qu’est-ce qu’il pouvait être dans le champ, Freud, quand même.
Vient un temps où les corps ne sont plus synchrones. Elle qui, après toutes ces années, brûle encore et toujours d’un feu ardent, elle est consternée de le voir petit à petit s’éteindre et prendre la couleur grisâtre de la cendre.
Elle broderait des lettres ardentes autour de sa queue si elle le pouvait. Elle l’envelopperait de son éternité, elle la mouillerait de sa salive et la caresserait de ses lèvres pendant son sommeil comme un bouton de rose qui peine à éclore. Elle sait que sa bouche a le pouvoir de réveiller un mort. Elle le lécherait et le sucerait jusqu’à ce qu’elle s’assèche, jusqu’à ce qu’elle s’étrangle sur sa chair enfin renaissante. Elle a la conviction inébranlable qu’elle a le pouvoir de ressusciter la chair; elle pourrait lui redonner la foi, lui montrer qu’il n’a nul besoin d’autre sauveur que ses muqueuses miraculeuses. Si seulement il pouvait croire en elle… il verrait la lumière. Hélas, il résiste, se renfrogne, son corps s’avachit dans la déréliction et le désabusement.
Quand un homme abandonne sa condition d’homme, que devient sa femme? Elle devient une hiérodule, une succube investie d’une mission aussi sacrée que charnelle : celle de le faire renaître, par l’onction baveuse du bourgeon mâle et vierge de son cul.
Elle s’est préparée pour le saint office en taillant ses ongles très ras. Elle les a enduits d’un vernis violet si foncé qu’on croirait qu’ils sont noir. Il l’a remarqué au dîner, lorsqu’elle lui a servi son assiette. Il ne le sait pas encore, mais il est maintenant à la merci de ses griffes obscures, un agneau sacrificiel impuissant — mais pour longtemps. Dès qu’il aura mangé, dès qu’il aura repris ses forces, elle lui montrera que le désir n’a que faire des contingences du corps. Il s’érigera à nouveau, qu’il le veuille ou non, même si elle doit pour cela traire le plaisir hors de lui.
Son éducation sexuelle ayant été marquée par les non-dits, elle a développé très tôt dans sa jeunesse un fétichisme de la confidence. Un secret murmuré à son oreille lui donnait des bouffées de chaleur. Deux secrets et ses vêtements tombaient un à un. Trois secrets et elle devenait tremblante, humide et pantelante. Le quatrième secret suffisait la plupart du temps à la faire basculer dans l’orgasme. A contrario, si son amant ne pipait mot pendant la pipe, s’il restait coi pendant le coït, l’amour devenait une tâche aussi fastidieuse que de plier une brassée de draps contour.
Elle rencontra un séduisant jeune homme gentiment introverti, ce qui, croyait-elle, promettait un monde intérieur riche et une source inépuisable de secrets aptes à la faire grimper jusqu’au septième ciel. Or, elle s’aperçut rapidement que monsieur était impénétrable quand venait le temps de la pénétration. Elle l’encouragea donc en lui confiant les épisodes les plus obscurs et les plus salaces de son passé :
«J’ai baisé avec ma meilleure amie à l’université. Dans le bureau d’un prof. Pendant qu’il nous regardait en se branlant et en invoquant le nom de sa femme.»
«Je me suis fait prendre par un inconnu dans un coin à l’écart d’un cimetière pendant que ma famille éplorée mettait en terre mon grand-papa.»
Elle choisissait toujours le meilleur moment pour balancer ces obscénités, celui où les traits du visage se crispent et la respiration s’accélère. Il avait l’air d’apprécier. En fait, de fois en fois, il aimait de plus en plus, jusqu’au point de plus pouvoir s’en passer. Il refusait toutefois catégoriquement de lui rendre la pareille et de lui livrer ses précieux secrets.
«Je ne sais pas quoi dire.»
«Je ne comprends pas.»
«S’il te plaît, dis-moi pourquoi tu veux ça de moi.»
«Je n’ai pas de secrets, je te jure.»
«Inutile, je n’y arrive pas.»
«Je ne peux pas faire ça.»
C’était sans compter sa patience et son obstination. Elle revint systématiquement, résolument à la charge. Puis, enfin, au moment où elle s’y attendait le moins, elle finit par obtenir de lui un secret – un vrai, un croustillant, un délicieux qui craquait sous la dent puis fondait dans la bouche.
«J’ai triché dans mon examen d’admission à l’université.»
Je lendemain, elle en eut un autre. Puis quatre autres en autant de jours. Elle les recevait comme des caresses qui la faisaient presque défaillir de plaisir.
«J’ai cette douleur au fond de moi… que je ne peux pas montrer.»
«Malgré ce que je raconte, je ne veux pas d’enfants.»
«Au bureau, je me masturbe chaque midi dans les toilettes.»
«J’ai déjà payé une fille pour avoir du sexe. Et c’était la meilleure baise de ma vie.»
«Quand mon père s’est remarié, j’ai couché avec la fille de sa femme. Ça me semblait être de l’inceste et ça m’excitait à mort.»
«Je travaille pour le SCRS la NSA.»
«Je suis recherché pour meurtre en Uruguay.»
«J’ai en ma possession des photos compromettantes du premier ministre en compagnie de mineurs.»
«Les programmes de fluoration de l’eau sont en réalité une stratégie pour faire ingérer è la population des drogues induisant l’obéissance.»
Un jour, elle en saura trop, c’est une évidence. Elle disparaîtra sans laisser de traces. Ou alors, on retrouvera son corps et on conclura à une mort naturelle – à un suicide, à la rigueur . En attendant, chaque secret la transporte un peu plus vers l’orgasme absolu, l’orgasme définitif, celui qui se trouve au-delà des mots, au-delà du corps, par-delà la vie et la mort.
Comme chaque dimanche matin, je prenais mon café à mon bistro de quartier. Comme d’habitude, il était très tôt et j’étais la seule cliente.
Ça à ce moment que je me mis à avoir un chat dans la gorge. Je toussai, d’abord discrètement, puis de plus en plus fort. Je ne pouvais tout simplement pas m’en empêcher; c’était comme si j’allais cracher un de mes poumons. Or, même si je faisais des bruits de tuberculeuse à l’agonie, ni le patron, ni la serveuse ne semblait s’en formaliser. On aurait dit qu’ils ne m’entendaient pas. Je toussai et toussai encore, jusqu’à ce que, dans un ultime râle de coyote, je crachai une gerbe de lumière.
L’étrange lueur protoplasmique flotta quelques minutes au-dessus de la table, puis se matérialisa graduellement sur la chaise devant moi. Elle prit la forme d’une femme sculpturale, d’une beauté irréelle. Je remarquai qu’elle avait les mêmes yeux bridés que moi.
— Tabar… laissai-je échapper.
— Ouf. Je n’arrive pas à croire que j’ai fini par réussir à sortir ! s’exclama l’inconnue.
Nous nous dévisageâmes en silence pendant ce qui me parut être une éternité. Elle prit ma tasse et but mon latte jusqu’à la dernière goutte. Je fus soufflée par un tel étalage de discourtoisie.
— Mais… mais… qui êtes-vous? réussis-je à balbutier.
— Je suis – ou plutôt, j’étais, ta déesse intérieure. J’étais censée faire de toi un objet sublime de désir et d’adoration, mais tu es vraiment trop nunuche. J’en ai eu marre, alors j’ai pris mes cliques et mes claques et je me suis plaquée.
— Ma… ma… ma… ma quoi?
— Oh ça va, la sainte-nitouche, inutile de devenir bègue par-dessus le marché. Quand je pense que je m’étais arrangée pour que tu rencontres un milliardaire… Tout ce que tu aurais eu à faire, c’était le laisser te fustiger autant qu’il le voulait et tu aurais été casée peinarde pour le reste de ta vie.
Je me demandai pourquoi ma déesse intérieure me parlait avec un tel accent parisien.
— Euh… qu’est-ce que ça veut dire, fustiger ?
— Va vérifier sur DuckDuckGo, dit-elle, grimaçante, en hochant de la tête.
— C’est quoi, Doctogo ?
Elle soupira.
— Puisque tu es trop idiote pour lui, je vais aller retrouver Christian, je vais offrir mon sublime popotin pour qu’il le fesse à loisir avec son martinet. Ensuite, je vais exiger qu’il parte avec Charlie Tango m’acheter une rivière de perles à vingt mille dollars.
Elle se leva, me lança un dernier regard méprisant, puis jeta un livre sur la table.
— Tiens, un peu de lecture édifiante, histoire de te déniaiser. Adios, ahurie !
Elle tourna les talons et s’en fut en rigolant méchamment. Sur la couverture, je lus : «Cinquante nuances de Grey».
Je savais bien que je n’aurais pas dû snober ce bouquin.
Enfant, je me souviens avoir entendu mon père d’avoir traité les individus qui fréquentent les glory holes de «poubelles humaines» après avoir découvert leur existence lors d’un reportage télé. Pourtant, il y a pire comme choix de vie – prenez ma sœur, maintenant qu’elle est mariée à son trouduc d’homme des cavernes pour qui elle pond des morveux en série… S’il savait que sa propre progéniture, le sang de son sang, fréquente ce lieu de perdition, il en ferait sûrement une syncope. Qu’il crève, l’ordure.
En ce qui me concerne, il y a longtemps que j’ai fait la paix avec moi-même. Que j’ai cessé de m’en faire avec ce que la société s’attend de moi. Ma bouche n’a pas de sexe, elle n’est ni mâle, ni femelle, alors le queutard qui se trouve de l’autre côté de la cloison peut bien s’imaginer ce qu’il veut.
Ma bouche est chaude, bien baveuse et l’efficacité de ma succion est incomparable. J’en retire une certaine fierté, je dois bien l’admettre. Gay, straight, ça n’a aucune importance pour moi… alors pourquoi ça leur en ferait une, à eux? Ils viennent d’ailleurs tous à moi, sans exception, lorsque, un condom entre les doigts, je les appelle sans mot dire à travers le trou. Je suis l’orifice de leurs rêves, la gorge invisible et qui ne s’étrangle jamais, dans laquelle ils viennent coulisser de bonheur.
Je n’ai pas de visage – non, ce n’est pas vrai, j’en ai un, mais il se limite au contour de mes lèvres. Ils ne me connaissent que par ma puissance fellatrice; je les connais par la forme et par la taille de leur engin, mais c’est surtout par leur odeur que je reconnais mes préférés. J’imagine leur surprise s’ils pouvaient voir qui je suis réellement.
Je rêve d’un avenir meilleur, d’un monde où je pourrais, à visage découvert et sans peur de la mort, avaler tout ce qui gicle devant moi. Je suis sincère, c’est vraiment ma seule ambition amoureuse.
En attendant, j’ai vingt-huit ans et mon cœur, béant comme un glory hole, est ouvert.
C’est aujourd’hui la Sainte-Marguerite de Cortone, patronne des prostituées et des pornographes* et pour célébrer dignement l’occasion, je vous offre en exclusivité et gratuitement (ce qui prouve que je suis moins pute que j’en ai l’air) la dernière version de mon recueil de poésies érotiques intitulé Ce ne sont que des mots, en format pdf.
À l’intérieur, vous trouverez, en plus d’une suite interminable de mots obscènes, quelques illustrations typornographiques de mon cru dont l’une d’entre elles vient de me valoir une suspension de vingt-quatre heures de mon compte Facebook. Il semblerait que représenter une relation sexuelle entre deux femmes en utilisant des lettres, des chiffres et de la ponctuation soit immoral… Qu’est-ce que ce sera, ensuite? Il vont censurer la lettre Y parce qu’elle ressemble trop à une noune? Et qui veulent-ils protéger, au juste? Les gamins de treize ans sur Facebook qui n’ont pas encore découvert YouPorn?
Je sais, je sais, c’est très facile de se moquer de la censure, mais pourquoi m’en priverais-je? La censure est, par essence, risible et surtout, presque impossible à pratiquer autrement que de façon bête et arbitraire. J’aligne des caractères sur un écran pour former des mots et il y en a qui suffoquent. Je les aligne alors de façon à ne pas former des mots et je les choque encore plus. Ne serait-ce pas plus simple de tout permettre et demander aux bonnes âmes de détourner simplement le regard quand elles se sentent offensées?
Ah la la, quelle triste époque. Je vais aller lire de la pr0n, tiens, pour me consoler. Les administrateurs de Facebook devraient en faire autant: c’est souverain contre la crispation anale.
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* Inutile d’aller vérifier, ce n’est même pas vrai: c’est le 22 février.
Un jeune homme très ambitieux du Malawi
Voulant devenir riche, après plusieurs échecs,
A laissé une hyène bouffer son zizi
Et attend, maintenant, qu’on lui envoie son chèque.
Déçue de n’avoir pu acheter son palace,
Elle a placé des petites annonces érotiques
Dans l’espoir que la propriétaire se fasse
Violer en série par des inconnus lubriques.
Un Italien condamné à six mois de taule
Parce que sa femme jouissait trop bruyamment
Se qualifie de dieu du sexe – oh, le beau rôle
(Même si elle simulait, probablement).
Alertés par le voisin, les flics ont surpris
Des époux en pleine séance de fouettage
Dans leur jardin, au milieu de l’après-midi :
Fifty Shades of Grey fait encore des ravages.
— J’ai lunché avec Frédéric ce midi.
— Qu’avait-il à dire pour sa défense?
— Rien, mis à part qu’il a été complètement humilié. Cette fessée que tu lui as donnée…
— Il s’est présenté à cette soirée en toute connaissance de cause. On lui avait clairement expliqué les règles. Il était notre invité et son comportement de mufle a rejailli sur nous toutes. Je n’allais certainement pas le laisser nous faire un tel affront.
— Il n’a fait que tripoter le derrière de cette fille…
— Qui se faisait lécher et qui était au bord de l’orgasme. Tu crois que ça lui a fait plaisir de se faire agresser de la sorte? Fred va devoir apprendre ce qu’est le consentement et comment agir respectueusement envers les femmes.
— Même si elle est nue et qu’au moins cinq hommes lui sont passés dessus?
— Surtout si elle est nue et qu’au moins cinq hommes lui sont passés dessus.
— Tu n’y es pas allée de main morte, en tout cas.
— Pfff. Il adorait ça. Il bandait comme un âne.
— Et ce qu’on lui a fait faire, ensuite…
— Oui. Il était mignon comme tout, poings liés, le gode enfoncé dans le derrière…
— Quand je pense que Catherine qui lui a pissé au visage. C’est moche.
— Si elle pense qu’on va la réinviter, celle-là…
— Surtout qu’elle était trop saoule pour participer à la suite, quand on a installé Fred le ventre contre la table et qu’on l’a pris à répétition avec nos godes-ceinture.
— Sans compter tous les garçons qui étaient encore en état de servir… mais je ne sais même pas s’il s’en est aperçu. Est-ce qu’il t’a dit comment il s’est arrangé pour retourner à la maison?
— Deux types que je ne connais pas se sont offerts pour lui donner une ride, mais ils ont changé d’idée en cours de route. Ils l’ont enculé sur la banquette arrière de leur camionnette, lui ont barbouillé la figure de foutre, puis l’ont foutu dehors à grand renfort de coups de pied au cul avec juste assez de monnaie pour prendre l’autobus. Il a dit que trajet de bus fut l’épreuve la plus humiliante de toute son existence : il sentait le fauve à vingt mètres, sa chemise ne tenait qu’avec un bouton et il lui manquait une chaussure.
— Ah. Et puis ?
— Puis il a dit qu’il avait hâte à la prochaine fois et espérait être réinvité, maintenant qu’il a bien compris les règles.
Des ouvriers saouls et rigolards de Russie
Ont posté une vidéo où on les voit
Se baigner nus dans la cuve d’une laiterie
(Ce qui donnait au fromage un goût de smegma).
Myriam Priscilla Castro aurait engagé
Par désir de vengeance, un gang de bandits
Pour couper le pénis de son ex-fiancé
Et, par le fait même, le lien qui les unit.
Prenez-en de la graine, ô vous chercheurs de job :
Pour avoir une entrevue, il faut éviter
De joindre une photographie de votre zob
En gros plan à votre curriculum vitae.
Quand je suis allumée, quand j’ai le feu au cul
Je suis excitée en ton honneur.
Quand je cours me cacher dans ma chambre
Pour soulager la tension du mieux que je peux
Je verrouille la porte en ton honneur.
Quand je passe mon t-shirt par-dessus ma tête
Je l’envoie valser à travers la pièce en ton honneur.
Quand je laisse tomber mon vieux jeans sur le parquet
Je fais glisser ma culotte en ton honneur.
Quand je sors ma copie de Passions saphiques au collège
Du tiroir où je cache mes plus obscures perversions
Je lis un passage bien juteux en ton honneur.
Quand je m’assois sur le lit, jambes écartées
Sur l’édredon – cul nu calé contre l’oreiller
Je fais courir deux doigts sur ma fente en ton honneur.
Quand je glisse une main sous mon soutif
Je pince un mamelon tout durci en ton honneur
Quand j’attrape mon vibro préféré
Celui qui gronde comme les cavaliers de l’Apocalypse
Je l’enduis généreusement de KY en ton honneur.
Quand je le frotte tout autour de mon clito
Et que des ondes délicieuses me transpercent
Transverbérée par la pureté de l’amour charnel
Je me laisse bercer par la houle en ton honneur.
Quand j’échappe et laisse choir mon bouquin
Que j’imagine tes flammes capillaires soyeuses
Caressant l’intérieur de mes cuisses
Mes orteils se crispent en ton honneur
Quand je me sens tanguer comme dans un bateau ivre
Quand je bascule dans l’abysse aveuglant du plaisir
Quand le plaisir en cascades vient épicer mon sang
Je détrempe et embaume mes draps en ton honneur.
Et quand tout est rangé, que le tiroir est refermé
Que j’ai repris à peu près forme humaine
J’essuie tout ce charmant désordre en ton honneur.
1. Mes yeux sont bandés avec un foulard de soie. Attachée et sans défense, je mords mon bâillon. Toi aussi, tu mords : tu tiens mon mamelon entre tes dents, tu le tires, tu l’étires.
2. Je me tords de désir. Je te veux en moi.
3. Tu enlèves mon bandeau et le bâillon et je crie : «Baise-moi». Tu exiges que je te supplie, et j’obéis avec délectation.
4. Tu écartes mes cuisses, tu glisses lentement ta langue entre mes nymphes.
5. Tu te relèves, tu mordille le lobe de mon oreille et me susurres : «Tu es délicieuse».
6. Je me tortille à chaque contact de ta peau. Je fonds comme du beurre sous tes doigts.
7. Tu écartes mes cuisses davantage et j’en rougis délicieusement de honte. Ton gland glisse dans ma chatte juteuse; j’essaie de t’attirer vers moi comme je peux, toute entravée que je suis par mes liens.
8. Je répète: «Baise-moi», cette-fois ci avec un peu plus de fébrilité, avec un peu plus d’urgence dans la voix.
9. Tu te déplaces par-dessus moi en te délectant de la vue et de l’odeur de mon sexe humide et rougi.
10. Tu te rassois et tu te branles, ostentatoirement, pour contempler le spectacle et me faire mourir de désir.
11. Tu te rapproches enfin pour glisser ta queue en moi à nouveau. Tu me dis : «Je vais te baiser, maintenant», juste avant la première estocade.
Il leva les yeux et me regarda.
— Et ça continue encore comme ça au verso… ?
— Yup.
— C’est… détaillé.
— Je te ferai remarquer que c’est toi qui n’arrêtais pas de te plaindre que les femmes ne viennent pas avec un mode d’emploi.
— Ce n’était qu’une façon de parler, hein.
— L’étape suivante, c’est de vérifier si toutes les pièces sont dans la boîte, juste au cas où il en manquerait une. Comme tu peux voir, il y a le bâillon, le foulard, la corde… Je te laisse t’arranger avec tout ça : moi, je vais aller gentiment attendre l’assemblage dans le lit.
On impose à l’Université de Georgie
Aux sportifs de très strictes règles d’étiquette
En interdisant les gang bangs et les orgies :
Dans ces conditions, pourquoi jouer au basket ?
Doté de trois couilles, un charitable jeune homme
Pour satisfaire notre curiosité
A publié une photo de son scrotum :
Merci à toi, bienfaiteur de l’humanité !
Un faux podiatre aux pratiques déviantes
Vient tout juste d’être arrêté dans un Oualle-Marte
Pour avoir sucé les orteils d’une cliente :
Les fétichistes des pieds, c’est pas de la tarte.
La jeunette Maura Faussell de Virginie,
Saoule comme une grive, s’est foutue à poil
Pour aller visiter en prison son mari
Et apprit à ses dépens que c’est illégal.
Deux adolescentes, à la pointe du couteau
Ont forcé un garçon autiste à se branler
Et copuler avec un chien sur vidéo;
La culture du viol, quelle calamité !
Le docteur Meloy veut mettre au rancart nos godes
Grâce à sa fabuleuse machine à orgasmes,
Mais qui d’entre vous s’enfoncera l’électrode
Dans la moelle épinière avec enthousiasme ?
Comme vous pouvez le voir, nous avons lié leurs poignets à la barre au-dessus de leurs têtes, assez haut pour qu’ils ne puissent pas tout à fait poser leurs talons sur le sol et qu’ils doivent utiliser continuellement les muscles de leurs pieds et de leurs jambes pour soulager leurs bras qui tremblent sous l’effort.
Ne sont-ils pas ravissants ?
Oui, allez-y, vous pouvez les toucher, ils sont là pour cela. Ils adorent, je vous l’assure; c’est pour eux l’occasion rêvée de s’exhiber, d’être admirés. Voyez comment ils sourient gentiment. Je voudrais pouvoir vous montrer leurs yeux, mais vous savez, le règlement, c’est le règlement et ils devront garder leur bandeau en tout temps. Je crois que vous admettrez comme moi que c’est mieux ainsi pour tout le monde.
Ne soyez pas timides mesdames, tâtez-moi cette fesse. Sentez-vous comme elle est ferme, nerveuse, mais si douce et si tendre? Tous les clichés de vos romans préférés miraculeusement devenus réalité sous vos yeux ébahis! Regardez tous ces muscles saillants s’étirer et se gonfler dans leurs bras, dans leur dos, dans leurs jambes longues et élégantes entravées par leurs liens.
Je vous en prie, faites comme chez vous et faites roulez délicatement les testicules de celui-ci entre vos doigts, prenez son pénis dans votre main et caressez-le comme un petit animal familier : ils n’attendent tous que cela. Embrassez un de ses mamelons, prenez sa queue dans votre bouche… vous voyez avec quelle rapidité elle durcit ? Faites glisser un de vos doigts entre ses fesses. Ne vous en faites pas s’il couine un peu: il adore et en redemande, le salaud.
Je vois que ça vous plaît. Impressionnées ? Il y a de quoi. Des corps nus, suspendus de cette façon — surtout quand ils sont si sculpturaux — c’est le paroxysme de la beauté. Avec les bras tendus vers le haut, la chair crémeuse, les os saillant juste aux bons endroits, le creux de l’estomac juste assez arrondi, et les fesses… avez-vous déjà vu quelque chose de plus désirable, de plus charmant ?
Si je suis certaine que ça leur fait plaisir ? Bien entendu ! C’est le désir secret de tous les hommes de devenir des objets de désir. Ne lisez-vous donc pas la presse masculine ? C’est profondément inscrit dans leurs gènes. Ils peuvent bien nous dire le contraire, ils peuvent bien protester et jouer les mijaurés, on ne peut pas vaincre l’atavisme, la biologie. Ils ont beau être ficelés, exposés et bâillonnés, leur dos a beau être zébré par la morsure du fouet, ils bandent éperdument, ils bandent à en perdre l’âme. N’est-ce pas une preuve amplement suffisante de leur consentement, de leur abandon à nos désirs impétueux et incontrôlables de femelles ?
Allez-y, chères amies. Servez-vous, il y en aura suffisamment pour toutes.
Joanna Dennehy, psychopathe et Anglaise,
Condamnée à une peine à perpétuité
Pour triple meurtre, à la presse aurait déclaré :
«Je me console : au moins, je ne suis pas obèse».
N’ayant pas été pénétrée depuis dix ans
Une quinquagénaire a appelé les flics
Qu’elle a suppliés à genoux en leur disant:
«Venez m’apporter un peu de secours phallique.»
À Zurich, un professeur d’administration
En classe, accidentellement a projeté
Des images porno où l’on pouvait zieuter
Des donzelles ayant subi des amputations.
Dans l’État de New York, les vaches d’un fermier
Ne produisaient plus de lait comme d’habitoude.
Le mystère a enfin été élucidé :
Elles se faisaient, de nuit, violer par deux dudes.
— Encore en train de lire tes romans de dino-cul ? demanda Véronique.
— Pour ta gouverne, ça s’appelle de l’érotisme dinosaurien et c’est excellent, répondit Julie dans lever les yeux de son Kindle.
— Tu es trop weird pour cette planète, chérie.
— Je pense que tu n’as pas de leçons de normalité à me donner, madame je-couche-avec-n’importe-quoi-du-moment-que-ça-respire-encore.
— Je vais faire semblant que je n’ai pas entendu cette remarque: j’ai trop hâte de te donner ta surprise.
— Une surprise? Pour moi? Chouette! J’adore les surprises!
— Déshabille-toi et je te montre.
— Okidoki ! dit Julie en faisant glisser ses pantalons de survêtement.
Nue sur le lit, elle figea de stupeur en voyant Véronique revenir dans la chambre.
— Fuck ! Véro… où as-tu trouvé ce monstre?
— Le masque ou le strap-on?
— Les deux !
— J’ai commandé le gode-ceinture en ligne il y a quelque temps. Je suis allée le chercher au bureau de poste ce matin, répondit Véronique en badigeonnant généreusement le phallus factice de lubrifiant. Quant au masque de lézard… il était dans la boîte d’objets perdus du bureau depuis l’Halloween.
— Quelle forme bizarre, on dirait vraiment une bite de reptile.
— Merci mon dieu pour internet, qui rend accessible à masse tout ce qui est pervers, bizarre et ultra-marginal.
— Et aussi de trop grande taille. Ça ne rentrera jamais.
— Ben voyons. Tu es une athlète de la foufoune ; avec un peu de préparation mentale tu vas pouvoir la prendre comme une championne. Tu n’as qu’à imaginer que je suis le héros à cervelle de noix d’un de tes romans à la noix. Tiens, tu la vois, sa pine? Elle dégouline de liquide pré-éjaculatoire et préhistorique juste pour toi.
— Je ne sais pas, Véro, il est terriblement… OH !
— Tiens… c’est curieux, je n’aurais pas pensé pouvoir l’enfoncer si facilement.
— Shit, shit, shit, shit ! Je me sens sur le bord d’éclater.
— Tu veux que j’arrête ?
— Surtout pas ! Je veux pouvoir raconter à tout le monde que je me suis fait baiser par un Vérociraptor… soupira Julie en attrapant les sangles et en tirant son amante vers elle.
Ma peau est parée
De mille gouttes opalines
Nées de ton amour.
J’ai téléchargé
Un alphabet érotique
Pour t’écrire un mot.
Pourrais-tu m’attendre
Bâillonné et poing liés
Dans le lit nuptial?
Café à la main
Ta queue fourrée dans ma bouche
Tu bois et je suce.
Debout dans le bus
Ta bite contre mes fesses
Délicieux cahots.
Nul besoin de langue
Mes doigts sont toujours mouillés
Pour tourner les pages.
Tu dois me baiser
Et pas me faire l’amour
Car je t’aime trop.
N’éclos pas pour moi
Trouve une autre métaphore
Les fleurs m’indisposent.
Quand me feras-tu
Ces choses que je désire
Mais n’ose avouer?
Mamelon durci
Une baie rouge et bien mûre
Roule entre mes dents.
Tes secrets écrits
En lettres fines et sanglantes
Au bas de mon dos
Tu es de retour
Rouge à lèvre autour du gland
Pour bien t’accueillir.
Je voudrais tant boire
La cascade d’or qui coule
Le long de ta cuisse.
Je crie en jouissant :
« Salaud ! Satyre ! Ordure ! »
Et tu me souris.
Ce trou sur ton jeans
À l’entrecuisse, si près…
Que s’est-il passé?
Tes interjections
La nuit en disent plus long
Que tous tes discours.
Tu fais tant d’efforts
Pour me cacher ce que tu
Veux que je contemple.
Son con me bâillonne
Pour mieux entendre ma voix
Baise-moi plus fort.
Comptoir de cuisine
Un goût de miel sur tes lèvres
Gloire du matin.
Ces moues hésitantes
Et ces soupirs que tu fais
Avant d’acquiescer.
Quand tu me ligotes
C’est alors que je me sens
Enfin délivrée.
Va, trouve une veine
Place tes mots sur ma peau
Et pousse bien fort.
Tu me dévisages
Souriante, carnassière
En léchant tes lèvres.
Un complot machiste :
Plus ton phallus s’érige
Plus mon QI baisse.
Mes bonnes manières
À table vont à vau l’eau
Écarte tes cuisses.
Le miel et le lait
Par l’orgasme réunis
Fluides miscibles.
Ces senryūs sont extraits de mon recueil intitulé Mille gouttes opalines, que vous pouvez télécharger en format pdf.
Miranda Barbour, depuis l’âge de treize ans,
A recruté sur Craigslist des dizaines d’hommes
À qui elle a promis de passer du bon temps
(Ce qu’ils ont eu – juste avant qu’elle les dégomme).
C’était dimanche et nous paressions au lit, moi le nez plongé dans son bouquin et elle écoutant distraitement le bulletin de nouvelles télévisé.
— Tous ces scandales de pédophilie dans lesquels l’Église trempe me donnent froid dans le dos, surtout quand je pense que tu as fréquenté une école catholique. Rassure-moi un peu, ma chérie. Dis-moi que tu n’as jamais subi de mauvais traitements…
— J’étais une élève modèle, mais ça ne m’empêchait pas d’être continuellement punie. On m’a donnée la fessée plus souvent qu’à mon tour, mais ce que je détestais le plus, c’était de me faire envoyer au bureau de la Mère Supérieure, parce qu’elle m’obligeait toujours à lécher sa fente.
— Quoi ?
— Bah oui, elle me forçait à me mettre à genoux et à ramper sous sa robe noire. Laisse-moi te dire que c’était sombre et qu’on étouffait de chaleur là-dessous, il fallait se fier à son nez et se guider à l’odeur, si tu vois ce que je veux dire… ensuite, je devais lui brouter la moquette jusqu’à ce qu’elle jute comme une pêche trop molle. Ça prenait toujours au moins vingt minutes… qu’est-ce qu’elle était peine-à-jouir, cette vieille peau.
— Tu… tu me niaises, là ?
— Je n’étais pas la seule, on finissait toutes par y passer. Quand elles voulaient vraiment nous humilier, elles nous faisaient manger à la cafétéria. Là, je te jure, on dégustait – pas la bouffe de la cafétéria, non, mais la surprise au thon de la cantinière. Elle ne se lavait pas souvent, celle-là, et sa plotte était si fripée qu’elle ressemblait à une patate qui serait restée trop longtemps dans le garde-manger. Et je ne te parle pas de l’odeur… quand elle nous l’écrasait au visage, c’était comme si elle nous giflait avec la serpillère qui avait servi à éponger le carrelage des toilettes.
— Ha ha ha. Je suis morte de rire.
— En tout cas, je sais quel effet ça fait de faire minette à une momie.
— Ça m’apprendra à m’inquiéter de tes traumatismes d’enfance, la comique.
— Tu devrais les remercier, mes traumatismes d’enfance. Grâce à eux, je vais pouvoir te gougnotter sans faire de chichis quand tu seras une vieille dame indigne, même si ta noune devient sèche, poussiéreuse et encombrée de toiles d’araignées.
— Ouache !
— Permettez-moi, chère dame, avec tout le respect que je dois à une ainée, de faire vriller ma langue sur votre abricot fendu.
— Pas question, obsédée !
— Allez, profitons-en pendant qu’il est encore frais et juteux.
— Je ne peux pas croire que tu puisses faire des blagues sur un sujet aussi tragique. Si tu veux mon avis, ce genre de mentalité ne fait qu’entretenir la culture du viol…
— Yummmm.
— Oh ! Mon dieu ! Oui !
Une jeune anglaise a appris qu’elle est cocue
Après avoir vu sur le cell de son copain
Une vidéo où l’on voyait l’ingénu
En train de copuler avec son petit chien.
— Oh… Oh… Oui ! Oui !
— Tu aimes ?
— C’est la meilleure fellation qu’on ne m’a jamais faite ! Je veux dire… tu es douée et c’est toujours très bien, mais là… on est vraiment à un autre niveau !
— Merci mon chou. Il faut dire que Guillaume et Valérie m’ont donné quelques bon trucs.
— Vraiment ? Vous avez parlé de… ça ?
— Parlé ? Oui, entre autres.
— Comment ça, « entre autres » ? Valérie t’a fait une démonstration ? Genre avec une banane ?
— Euh … ouais. C’est ça. Genre.
— Et Guillaume était avec vous ?
— Oui.
— Sacré veinard !
— Tu n’as pas idée.
— Tu les remercieras pour moi, hein.
— C’est déjà fait, mon chou, c’est amplement fait. Ils ont eu tous les remerciements qu’ils espéraient avoir.
Traitreusement larguée par un amant ingrat,
Une Londonienne a arraché au couteau
Son prénom qu’elle avait tatoué sur son bras
Puis le lui a posté, conservé dans un pot.
— J’aime quand tu m’appelles Isabelle.
— Oh ! Chérie. Désolé… est-ce que je t’ai encore…
— C’est bon, je t’assure. Je sais à quel point tu l’aimais.
— Oui, mais c’est avec toi que je faisais l’amour… Qui d’autre qu’un salaud crie le nom d’une autre femme en baisant la sienne? Je suis confus, ma chérie. Après toutes ces années, je devrais avoir depuis longtemps passé à autre chose…
— Elle a été ta première. Elle est passée dans ta vie comme un météore. C’est le genre de chose qui est impossible à oublier.
— Je veux bien, mais nous avons été ensemble pendant si peu de temps…
— Ça n’a aucune importance, mon amour. J’ai su dès le premier jour que je ne pourrai jamais la remplacer. Je ne savais même pas si j’allais être un jour à la hauteur de son souvenir, si j’allais éternellement souffrir de la comparaison. Si maintenant tu nous confonds c’est peut-être que notre relation est devenue aussi profonde que celle que tu as eue avec elle. Dans ces conditions, comment pourrais-je m’en offusquer ?
— Ce fut si soudain. Du jour au lendemain, elle était juste … disparue. L’idée de la mort, l’idée que je puisse perdre quelqu’un que j’aimais avec autant de passion, ne m’avait jamais traversé l’esprit jusqu’à ce moment. Mais toi et moi, l’amour que nous avons… c’est plus fort que tout ce que j’avais avec elle.
— Vous n’avez pas eu le temps. Vous étiez si jeunes.
— Chérie, je te jure, je ne pense pas que j’aurais pu finir être aussi près d’elle que je le suis aujourd’hui avec toi. Ne serai-ce qu’à cause du sexe : elle était si prude, si visiblement dégoûtée… j’avais l’impression qu’elle consentait à desserrer les cuisses uniquement pour me faire plaisir. Son éducation avait été terriblement stricte… je ne crois pas que nous aurions pu aller aussi loin dans la passion que nous av…
— Chut ! Vas chercher le lubrifiant pendant que je me retourne.
— Tu…
— Appelle-moi encore Isabelle.
Quand Pamela Turney a surpris son mari
Nu et en flagrant délit d’adultère anal,
La maîtresse enculée sauta en bas du lit
Pour frapper l’épouse : quel drame conjugal !
— Je ne comprends pas pourquoi tu tiens tant à vivre seule.
— Je suis comme ça, c’est tout. C’est un mélange d’agoraphobie et de misanthropie.
— Personne ne souhaite la solitude. La solitude est une malédiction… et ce n’est pas naturel.
— Ça l’est pour moi.
— Tu n’as pas de chat ? Je croyais avoir lu quelque part que tu avais des chats ?
— Mon ex est partie avec deux d’entre eux et le dernier est mort d’une leucémie l’an dernier. Il y a un chat errant qui me rend visite de temps en temps, sur le bord de la fenêtre. Il vient chercher un peu de bouffe et des caresses, puis il s’en va. Il est très indépendant et c’est le genre de chose que je respecte. Je lui ai bricolé une plate-forme : c’est là qu’il vient se prélasser et jouir de ma compagnie.
— Tu es trop belle pour vivre en ermite.
— Tu es gentille de me dire ça, mais je ne vois pas le rapport.
— C’est injuste de ne pas partager ta beauté. Pire : c’est égoïste.
— Je trouve surtout que c’est n’importe quoi. Si tu me trouvais repoussante, ce serait ok? Tu serais d’accord pour que je reste cloîtrée, moi et ma laideur, dans mon demi-sous-sol?
— Ce n’est pas ce que je voulais dire.
— C’est exactement ce que tu voulais dire, mais peu importe. Je comprends. C’est ce que vous me dites toutes.
— Qui ça, toutes?
— Vous tous, les sapiosexuels timbrés qui avez la drôle d’idée de s’amouracher de l’idée que vous vous faites de moi à travers les petits textes que je publie de temps à autre. Et qui faites des pieds et des mains pour me retrouver et me rencontrer, quitte à attendre des mois et des années jusqu’à ce que, à bout de d’excuses et de prétextes, je cède et concède un rendez-vous.
— Je ne veux pas que tu penses que je suis folle…
— Tu n’es pas folle. Juste un peu superficielle.
— J’ai d’abord aimé ton intelligence. Je n’avais pas besoin de te voir pour tomber en amour. Ou savoir que tu es belle.
— Tu ne sais rien de moi. Tu es superficielle, mais ce n’est pas un drame. Ni un défaut. C’est dans ta nature, comme c’est dans la mienne de me cacher et de rester seule, bien à l’abri du monde.
—La nature t’a faite pleine d’imagination tordue et de fantasmes fous. Elle m’a faite pleine de désir de me plier aux ordres d’une femme que j’admire. Ne vois-tu pas que nous sommes complémentaires ?
— Peut-être…
— Il n’en tient qu’à toi de le découvrir. Peut-être que tu te rendrais compte que je ne suis pas aussi folle et superficielle que j’en ai l’air.
— Ah oui ? Et si je te bricolais ta propre plate-forme ? Tu pourrais venir chercher un peu des caresses, puis t’en aller… mais attention, tu n’aurais le droit de te prélasser et de jouir de ma compagnie que lorsque je t’en donne l’autorisation, selon mes caprices et mon bon vouloir. Qu’est-ce que tu en penses ?
— À quel endroit la plate-forme ? Sur le rebord de la fenêtre ?
— Mais non, mais non. Tu es trop grande pour ça… et puis c’est la place du chat et il est très jaloux. Je pensais plutôt à ma chambre. J’ai des crochets au plafond qui ne demandent qu’à servir, un matelas de sol imperméable et pas du tout inconfortable, un collier de cuir et une chaîne que je pourrais attacher à la patte de mon lit… Ça te conviendrait ?
— Je pourrais apprendre à aimer. Peut-être que je n’aurais même pas à l’apprendre. Peut-être que c’est dans ma nature.
— Je commence à le croire.
— Tu me le passes ce collier, histoire qu’on voit s’il me fait ?
— Oublie ce que j’ai dit tout à l’heure. Tu n’es pas superficielle du tout.
Kenneth avait l’habitude de se branler
Devant sa fenêtre, alors son propriétaire
Lui a dit de ne plus sortir la bite à l’air.
Pour se venger, l’immeuble il a incendié.
Un Nigérian, depuis sept ans célibataire,
A poursuivi la compagnie Unilever:
Bien qu’il ait utilisé leur pâte dentaire
Il ne s’est pas du tout mué en French lover.
Ah! Février, mois de l’amour-marchandise, mois de l’amour commercialisé, emballé hygiéniquement dans le plastique et célébré à coup de Cresta Blanca, de parfum Axe et de boîtes de chocolats en forme de cœur. C’est le moment où jamais de marquer le coup et de raviver la flamme dans votre couple – ou, plus réalistement, faire le strict minimum pour emmerder ces salopards de célibataires qui n’ont, avouons-le, que ce qu’ils méritent.
(Si vous êtes célibataire, ne tenez aucunement compte de ce qui précède, j’écris ces lignes sous la menace de Cupidon qui me tient en joue avec son arc et qui m’a bien fait comprendre que je ne dois pas badiner avec l’amouuuuuur.)
Bref, c’est le retour de la fiesta annuelle de la passion rouge fluo. Ne voulant pas être de reste, j’ai décidé d’organiser un INCROYABLE CONCOURS SUPER AMUSANT dont le prix est un exemplaire gratuit (Quoi ‽ Ai-je bien entendu‽ GRATUIT ‽) de Pr0nographe, le ebook qu’il faut télécharger pour pouvoir se vanter de l’avoir lu. Imaginez: le soir de la Saint-Valentin, vous pourriez susurrer à l’oreille de l’être aimé les passages les plus brûlants de sensualité à avoir été numérisés depuis que Gutenberg a inventé le iPad (ou le Kindle, je ne me souviens plus très bien). That’s INCRÉDIBEULE !
Évidemment, on n’a rien pour rien en ce bas monde, alors vous allez devoir travailler un peu pour vous mériter ce sucre d’orge. Voici ce que vous aurez à faire:
Si vous avez déjà votre copie de Pr0nographe, rien ne vous empêche d’essayer de résoudre la grille. Envoyez-moi votre soluce, je trouverai bien une manière de vous récompenser qui ne sera ni douloureuse, ni humiliante (même si ce n’est pas dans mes habitudes, hein).
J’ai mis mon orgasme en conserve dans un petit pot en verre. Chose plus facile à dire qu’à faire, qui m’a pris plus d’une demi-heure, en respectant scrupuleusement la procédure et en utilisant le siphon, la poire de caoutchouc et tous les autres instruments stériles qu’on m’avait remis avec un formulaire de consentement que je devais remplir et signer. Je leur ai ensuite remis mon petit pot de verre rempli par mon orgasme aux reflets opalescents et ils l’ont caché dans la sacristie, entre le vin de messe et l’eau bénite, complètement au fond du placard.
Ils m’ont bien fait comprendre qu’il devait rester là, bien caché, en sureté, et que personne ne le remarquerait.
Ils m’ont ensuite expliqué que tant que mon orgasme resterait en conserve, je vivrai éternellement, dans une jeunesse immuable, inaltérable. Pour un instant, je me suis demandé s’il était sage de confier un orgasme de si bonne qualité à des individus qui – en théorie, du moins – ont une méfiance, voire une haine de la jouissance physique, mais ils étaient si convaincants, ils regardaient mon petit pot de verre avec des regards remplis de tant de bonté… Et puis, pour être bien honnête, qu’aurais-je bien pu faire avec cet orgasme, maintenant qu’il était cuit et mis en conserve ? Il ne me serait plus d’aucune utilité tant qu’il restait là, sous le couvercle hermétiquement scellé.
Ils m’ont assurée que je pourrais à tout moment revenir le chercher, si jamais je changeais d’avis. Ne plus sentir l’horrible fardeau du temps qui brise mes épaules et me penche vers la terre vaut bien ce petit sacrifice de rien du tout, non? D’ailleurs, nous sommes au Québec, ce n’est pas comme si on allait se mettre à incendier les églises du jour au lendemain.
N’empêche, quand je l’ai vu pour la dernière fois sa lueur irisée, je me suis demandé si j’avais fait le bon choix.
En Californie, une dame qui avait
Demandé de l’aide à un agent de police
A reçu de lui un texto qui contenait
Une magnifique photo de son pénis.
Au Nigeria, on ne badine vraiment pas
Quand il est question d’homosexualité :
Une dame s’est débarrassée de son chat
Parce qu’elle était convaincue qu’il était gay.
D’avoir baisé un mouton étant accusé,
Un Anglais, pour s’innocenter, eut ce bon mot:
«La vache que j’avais choisie pour m’accoupler
M’a friendzoné et je me suis pris un râteau.»