Au tout début de l’été, j’ai longuement parlé de ma « vie de baise » à une journaliste de Rue89. De cet entretien de plusieurs heures, la journaliste a conservé certains éléments de mes propos et a réalisé cette retranscription (ci-dessous), qu’elle m’a envoyé pour information avant la publication de l’interview. L’idée étant que cela reste oral, comme une conversation sur un comptoir de café, au diable la grammaire...
En fait, je ressens beaucoup de fierté par rapport à la façon dont j’ai conduit ma « vie de baise » (si c’était à refaire : tout pareil). Bien sûr qu’il me faut rester modeste, c'est-à-dire vulnérable aux regrets, mais il est certain que j’ai eu la chance, jusqu’à présent, d’être aimée par des hommes d’extraordinaire qualité, qui m’ont permis d’assumer tous mes désirs, et d’en tirer plus encore que du plaisir : d’intenses raisons d’aimer la vie. Je ne dirais jamais suffisamment à mes amants le plaisir et le bonheur qu’ils m’ont procuré (en me faisant si bien l’amour). Tout cela qui est beau, et ne s’oublie jamais, c’est à eux que je le dois.
Ma « vie de baise », en somme, c’est ce désir dont je défends l’obsession. Mais il ne s’agit pas que cette obsession soit
stérile, ou futile, simple vanité ou bûtinement pour tromper l’ennui... Il s’agit qu’elle emplisse de l’idée que tant que dure le fragile, même l’absurde miracle de vivre, il nous appartient de nous y brûler, le plus possible, et le plus souvent possible... Je préférerai toujours le
bal des vivants à la messe des morts, c’est-à-dire faire partie des passionnés, des exaltés, des rêveurs fous et autres jouisseurs insatiables, plutôt que me ranger dans l'armée des petits fantassins sacrifiant leurs rêves et leurs envies sur l’autel de la sécurité - et des petits conforts dérisoires qui vont avec... Le
bal des vivants, c’est le désir, le prendre à bras le corps sinon aller au devant de lui, c’est jouir autant que possible, partager, jubiler, suivre sa propre voie… En fait, j’ai très tôt compris à quel point le désir est ce qui confère, le temps d’une vie, de l’empire sur la mort. C’est ça, ma « vie de baise » : c’est la vie tout court, dans toute son intensité… et putain qu’est ce que c’est bon tout ce que j’ai vécu, jusque là...
Nota : cet article contenait bien sur un lien vers ce blog. Sur celui-ci se trouve mon mail, en bas de chaque page. J’ai reçu dans les 10 jours qui ont suivi un peu plus de 950 mails (ce n’est pas une exagération…), dont quelques critiques et réprobations outrées (10% environ), mais une énorme majorité intéressants voire passionnants. Quel plaisir ! Je n’ai pas du tout fini de répondre, mais j'avance chaque jour ;-)(nota : les éléments en orange correspondent aux questions de la journaliste)
“le vrai plaisir du libertinage, c'est de vivre les choses sans drame.”
"Moi je fréquente peu les clubs, je préfère les soirées discrètes avec un vrai choix des personnes présentes. J'en fais chez moi." J’ai commencé à me masturber à 13 ans. Quand j’ai connu mon premier orgasme, je me suis dit « wahou mais qu'est ce qu'il m'est arrivé ? » Je savais ce que je faisais mais je ne pensais pas que ça allait faire “ça”.
La première fois, c'était : à 16 ans. Après le bac. Lui avait 28 ans, ce n'était pas sa première fois. C'était nul. Ouais, vraiment nul. Comme toutes les premières fois.
C'était pas mon grand amour mais il me plaisait bien. C'était un copain d’un étudiant qui était censé me parrainer quand je suis arrivée dans mon école après le bac. C’était une école réputée, j’ai toujours eu de bonnes notes. Je suis passée du jour à la nuit. Jusqu'au bac j’étais hyper sérieuse, genre pas une sortie de l’année, et mes parents étaient dans le trip « passe ton bac et après tu penseras aux garçons ». Et je me suis retrouvée du jour au lendemain dans un appart à Paris et là ça été Yoplaboum. Je suis passée de la super contrainte à une liberté totale. Alors j'ai tout essayé sexuellement.
Une fois zéro, celle où tout a basculé ? Celle où tout a basculé : mon premier orgasme avec un homme ! Je devais avoir 18 ou 19 ans. Ça faisait trois ans que je faisais l'amour et que je trouvais ça nul. Je regardais le plafond en attendant que ça s'arrête. Les mecs étaient vachement dans la performance, des fois je les voyais transpirer comme des dingues, ils avaient l’air de souffrir le martyr pour se retenir, ne surtout pas jouir… Pas très excitant pour moi, le mec qui a l’air de faire son exercice d’endurance comme dans une salle de sport ! J’avais des orgasmes en me masturbant, comme toutes les filles, mais en faisant l’amour comme ça, jamais. J’en étais même très très loin ! Peut-être que dans ma tête, aussi, je n’y étais pas, je n’étais pas assez dans le désir, dans l’abandon, je ne sais pas.
Et puis je me suis fait draguer par un de mes profs. Je n'ai jamais compris ce qu'il me trouvait, pourquoi moi. Mais j'ai eu le droit à tout. Les allusions pendant le cours et “tu vas rester après que je relise ta fiche”, “il faut que je te parle en privé de ton dernier devoir“... Il devait avoir 45 ans, il était marié. Je ne sais pas comment il a détecté en moi qu'il y avait “ça”. Parce que je n'étais pas du tout une fille aguicheuse, en décolleté. J'ai fini par lui céder. J'étais très angoissée, c’était mon prof quand même. Au début, je me disais mais c'est pas possible, il est vieux, ça se fait pas. Mais il m'a tellement draguée !
Et là, révélation. C'était la première fois qu'un homme n'était pas dans la performance avec moi, au lit. Il avait plus de maîtrise, plus de calme, il était à l’écoute de mes sensations, cela décuplait à la fois mon excitation et mon plaisir. Premier orgasme avec un homme, c’était lui. Mon prof ! Et putain qu’est-ce que c’était bon ! Encore bien mieux que la masturbation.
Ce jour là, j’ai compris que sexuellement, il fallait que j'explore. J'ai eu l'intuition qu'une plénitude sexuelle était possible et qu'il fallait regarder du côté d'hommes plus âgés qui ont passé le stade débile de croire que bien baiser une fille, c’est lui faire le grand marathon de la pénétration pendant trois plombes. J’ai compris aussi que ce côté transgressif m’excitait beaucoup, finalement, je ne l’avais pas en couchant avec des étudiants ou copains d’étudiants.
La fois la plus folle : c’était ma première nuit avec le mec de mes 20 ans, celui qui a fait basculer ma vie sexuelle. On a passé une nuit à retourner mon appart. Il m’a fait jouir comme jamais je n’aurais pu l’imaginer.
Là tu as eu l'impression d'avoir atteint la plénitude sexuelle ? Oui. Clairement. Il a fait de moi l’amante que je suis aujourd’hui, il m’a fait comprendre ma propre jouissance et adorer le sexe, tout simplement ! C’est comme s’il m’avait appris pour toujours la sensibilité de mon corps.
Je l’ai rencontré à 20 ans, à un cocktail de mon école, J’avais déjà couché avec plusieurs de mes profs qui étaient quadra (y a eu pas mal d’autres profs après le premier qui a réussi à me faire jouir, après c’était pas mal moi qui les draguait !), mais lui était encore un peu plus âgé. Il était pas prof mais son entreprise avait des liens avec mon école. Il m'a fait un numéro super arrogant : « tu sais qui je suis ? si je veux, je couche avec toi cette nuit ». Sur le moment j’ai pensé « c’est ça oui, dans tes rêves ». Il m'a draguée au cocktail, je suis partie mais il est venu m'attendre en bas de chez moi le soir même. Il avait récupéré mon téléphone directement auprès d’un des responsables de l’école, qui avait du le prendre dans le fichier des élèves. Il était en bas dans sa voiture, il me téléphonait pour me dire de lui ouvrir, je lui disais « pas question », et là on a passé 4 heures au téléphone à parler, lui en bas de chez moi dans sa voiture, moi dans mon appartement. J'ai fini par lui ouvrir vers 4 ou 5h du mat, et on a fait l’amour. Un truc totalement dingue. A la seconde où on s’est touchés, c’est comme si la fatigue n’existait plus. C’était hors du commun. Une complicité sensuelle immédiate, et absolue. Il était marié, je le savais. Il me disait qu’il baisait plus sa femme depuis belle lurette. J’étais pas jalouse, j’avais le meilleur de lui, le sexe super bon complètement débridé et on se voyait très souvent.
Il était plus âgé et bossait comme un malade, alors la pénétration n’était pas au centre de tout. Comme on s'était trouvés sexuellement on pouvait se retrouver à 22h et se quitter à 8h, donc on baisait, on parlait, on rebaisait, toute la nuit, et à 8h du mat on réalisait qu’on n’avait pas encore dormi… Bien sur il ne pouvait pas bander toute la nuit. J'ai commencé une collection de sextoys... mais bon, des fois on baisait aussi avec n’importe quel objet qui nous passait sous la main aussi, même pas fait pour ça !
Des fois, je me dis, je suis bénie des dieux d'avoir connu une telle relation à 20 ans. C'est quelqu'un qui m'a appris à libérer la parole, à tout dire et que sexuellement, tout est possible. J’ai vraiment compris qu’il n’y a rien de plus con que de ne pas dire son désir en croyant que ça va choquer l’autre, tout ça… Parce qu’en fait le seul fait de dire « ça et ça, ça me fait fantasmer grave », ça surexcite l’autre ! Les femmes qui sont vraiment capables de dire ce qu’elles veulent, sexuellement, ça rend les hommes complètement dingues, ils adorent. Après l’excitation de l’un augmente celle de l’autre, etc, ça devient de la folie… Avec lui, j’ai atteint la folie, émotionnellement et sexuellement. Et je jouissais beaucoup, toute la nuit, et sans faire semblant. C’était de la folie, oui.
Cet homme, je ne vivais que pour le retrouver. Aujourd'hui, je ne saurais pas distinguer si ça a été une passion amoureuse ou sexuelle. Mais j'ai eu une addiction au sexe avec lui. Ça s'est très mal fini. On est tombés dans le travers de l'adultère où on se promet des choses. Il m’a dit plusieurs fois qu’il voulait tout recommencer avec moi, lâcher son entreprise, changer de pays, qu’on recommence une vie tous les deux, loin de Paris… Ça devenait obsessionnel pour moi, je n'allais plus en cours, je ne pouvais plus me concentrer sur rien, je regardais mon portable 60 fois par heure en espérant qu’il m’ait envoyé un SMS, et un jour je lui ai posé un ultimatum. Sa femme ou moi. J’ai compris qu’il pouvait pas me choisir, j’ai réalisé qu’on avait vécu un truc irréel, la différence d’âge, son métier connu, que c’était impossible pour lui. C’est là que tout s’est arrêté. Du jour au lendemain, plus rien. J’ai morflé, vraiment morflé, une des périodes les plus noires de toute ma vie. Mais il en est resté un truc magique. Il m’a appris la vraie liberté, dans le sexe, celle de l’abandon, celle de la parole et de l’imagination. Il m’a fait comprendre l’orgasme. Il a fait de moi celle que je suis. Je lui dois toute ma personnalité. C’est déjà incroyable et irréel que j’ai été sa maîtresse, qu’on ait autant profité, aussi intensément. On n'est plus en contact. Je vis encore avec l'espoir qu'un jour peut être il va me rappeler. Qu'il me dise : « c'était beau ce qu'on a vécu, tu sais, pour moi aussi tu as été l’histoire de ma vie. » Comme dans l’Amant de Duras, des années après il lui passe un coup de fil, juste pour lui dire « qu’il l’aimait encore, qu’il l’aimerait jusqu’à sa mort ».
La dernière fois que j’ai eu une relation sexuelle : c’était hier, un truc libertin, oui. Chez quelqu'un. Un mec rencontré dans une soirée. Il y avait un autre homme qui nous tournait autour. Ça s'est fini à deux, trois. Je ne vais jamais au dessus de trois, quatre personnes. Et passer d'un mec à l'autre dans une chambre à dix, les partouzes, ça ne m'intéresse pas du tout.
C'était bien ? Oui, c'était très bien. J'avais très envie de coucher avec lui. On avait déjà couché ensemble. Sans regret, ni culpabilité. Que des jolies choses.
En moyenne par semaine, je fais l’amour : trois quatre fois. Mais j'ai du mal à répondre. C'est variable. En tous cas, on ne vit pas une vie libertine à plein temps. Sinon, on peut passer sa vie à ça. Surtout quand on est une fille. La plupart des gens ont un événement libertin par semaine grand max. Quand une nouvelle relation démarre, ce peut être trois fois par semaine ! J'ai mon compagnon et j'ai d'autres relations à côté : des fois c’est juste une fois, des fois on se revoit pour refaire l’amour, ce sont des amants assumés en quelque sorte. Mais comme la fidélité du corps n’a juste aucun sens pour moi, je ne me pose pas de limite. Coucher avec un mec, quand les choses sont claires, ça ne veut pas dire « démarrer une liaison ». A la limite dans une même semaine je pourrais coucher avec 4 mecs différents si les 4 me plaisent et sont dans le même état d’esprit, si le désir est là à chaque fois.
Pour ce qui est de mes protections, de ma contraception. Il n y a qu'un seul homme avec qui je n’utilise pas de préservatif. Le préservatif c'est une évidence. Personne dans le milieu libertin ne négocie avec ça. Quelqu'un qui le ferait, il serait exclu.
Pour définir ma sexualité, je dirais qu’elle est : vraiment affranchie des convenances. Le choix que j'ai fait c'est de ne pas avoir une vie rangée et de ne pas rechercher la sexualité qui va avec. Quand on cherche à fonder une famille, on va coucher avec le potentiel père de ses enfants. Moi, ce modèle n'existe même pas dans ma tête. Je veux partager avec des hommes, vivre des choses fortes, intenses, vraies, je veux toujours vivre le désir jusqu’au bout, quand il se présente à moi. Je privilégie cela à la petite famille parfaite, rangée, à la vie de couple stable et sociale qui crée mille contraintes tellement contraires au désir. Avoir une relation sexuelle, pour moi c'est spontané, sans calcul, c’est « vivre le désir ».
Bref, c'est une sexualité libertine. Mais en même temps libertin ça veut tout dire. On a tendance à dire, selon la définition usuelle, que libertin c'est quelqu'un qui vit une sexualité plurielle, qui baise à trois ou quatre. C’est un peu con : on définit le libertinage par l’acte : « tu baises à plus de deux en même temps ? t’es libertin ». Alors que le libertinage c’est justement une liberté, c’est justement de ne pas obéir à une norme sexuelle, donc c’est un état d’esprit.
Mais pour moi le libertinage, c'est que je ne suis ni touchée, ni effleurée par une idée de fidélité. J'ai un amoureux, on vit ensemble mais il est souvent à l’étranger aussi. Mais si lui fait l'amour avec d'autres femmes que ce soit devant moi ou ailleurs, ça ne me fait rien du tout. S'il tombe amoureux c'est autre chose, mais pour moi le sexe, c'est du sexe, du plaisir, je ne vais pas l’empêcher de vivre ça. C’est un coureur, il l’était avant moi, il l’a toujours été, je n’ai jamais pensé que sur ce point je le ferais changer. C’est un être très lumineux, qui est à 100% dans la vie, alors il attire beaucoup, il fascine les femmes. Et puis on s’est rencontré sur cette base là, aussi : nous sommes deux séducteurs. Quand on s’est rencontré, il était en couple et m’avait confié avoir deux maîtresses, et moi je lui avais avoué aussi jongler entre plusieurs histoires. Alors on savait l’un et l’autre qu’on était comme ça, pas du tout dans le mythe de la fidélité. Et pourtant il dit que je suis « l’unique », comme quoi, il n’y a pas que le sexe.
Je crois que cette idée vient du fait qu’assez jeune, j'ai fréquenté des hommes plus âgés, ce qui veut dire souvent être la maîtresse. J'ai assez vite réalisé que ça n'empêchait d'avoir de super relations et que ça pouvait être vécu sans culpabilité. J'ai vécu des histoires vraiment très fortes.
Dans le milieu libertin, on ne joue pas avec les gens. On partage tous les mêmes règles du jeu. On a envie de vivre le plaisir sans se dire « je te quitte, je t'aime et je suis amoureux mais je suis marié », et c'est ça qui est bien. Le sexe c'est un truc génial et je comprends pas pourquoi on en fait une source d'histoires, de culpabilité, de drames, de tromperies... C'est un joli mode de vie, on n'a pas d'emmerde et du coup ça permet de ne pas être malhonnête. On prend le meilleur sans tricher avec les gens.
Je crois qu'on ne connaît vraiment quelqu'un, qu'on a vraiment accès à sa personnalité que quand on a couché avec lui. Les masques tombent. Et moi ça m'intéresse d'aller jusque là. Le sexe est un des rares moments de vérité, dans nos vies, et le partage le plus sublime qui peut exister entre deux personnes qui se désirent.
Comment se passe le déshabillage en général ? Moi, mon grand plaisir, c'est de me préparer et d'attendre en petite tenue. Faut aussi un peu de mise en scène dans le sexe, et j’adore ça !
Ce que je préfère, c'est : de séduire ! De me dire lui je vais essayer de l'avoir. J'ai l'impression de tendre un piège. Il ne faut pas croire que le libertinage c'est de la baise tout de suite. Y a plein d'armes. Y a les mots, le verbe, la stratégie, se préparer mentalement, choisir sa lingerie, le fait de faire semblant de se croiser, de se renseigner discrètement sur les soirées auxquelles il ira, y aller aussi... J'adore aussi prendre une après midi pour baiser. De poser une RTT pour baiser. L’idée d’être en train de baiser pendant que les autres travaillent, que le monde tourne mais que nous deux, on s’est échappés pour partager une après-midi de baise. Et c’est surtout qu’il n’y a pas de fatigue, pas de contrainte de temps, et que l'amour ne se limitera pas à pénétration-jouissance-« salut on s’rappelle faut qu’je file ». En fait, on baise souvent bien mieux là, en prenant tout son temps, qu’en rentrant d’une soirée, d’un dîner interminable, etc.
Je déteste... quand y a des contraintes environnementales. Quand on peut pas crier etc. Ce qui m’insupporte vraiment, c'est les mecs qui disent « chut » « Mais attention tu vas réveiller les voisins » « Bah t'es mignon, mais dans ce cas, on arrête de baiser. Mais qu’est ce qu’on en a à foutre des voisins ? Comment tu peux être en train de baiser et penser aux voisins ? ».
Est-ce que je pense à autre chose, à quelqu'un d'autre, quand je fais l’amour ? Non. Je connais plein d'hommes qui me disent ça, “Je pense à toi quand je baise avec ma femme”. Je me dis à chaque fois «Ah ouais super... La pauvre. » Moi, quand je baise, je suis toujours en totalité consacrée à la personne avec qui je suis, sur mes sensations avec lui.
Je ne fais jamais... tout le crade. Comme tout le monde. Je suis pas très axée sur les « perversions », le mot est un peu fort. Mais tout le SM ça ne m'intéresse pas, même le SM soft, je ne suis pas fan. Je ne suis pas très fessées. En club libertin, ça peut arriver que les mecs se la jouent comme ça, durs, je les vois des fois mettre des fessées, ça me surprend de voir ça, comme si c’était devenu aussi banal qu’une caresse. Mais en fait, tu te construis ton personnage. Donc si tu sais dire « non », t'es respectée. A moi on ne me mettrait pas de fessée. En plus je connais les patrons des clubs, et tout le monde respecte à fond mon compagnon, alors moi en conséquence. Mais c'est vrai que je vois des débutantes qui n’osent pas dire non. Les mecs arrivent, leur mettent une bonne fessée et elles ne disent rien. Le sexe c’est beaucoup « SMisé », je trouve. Moi je n’ai pas besoin de ça. Je n’ai pas besoin d’être là dedans pour jouir.
Des objets ? Tout ce qui est possible et imaginable. Ça fait 10 ans que j'en achète, donc j'en ai énormément. Plus d'une cinquantaine. Mais plein dont je me suis jamais servie ! Ils sont là au cas où, un jour, dans un délire… Et puis je me dis que mes amants peuvent ouvrir les tiroirs, choisir ce qu’ils veulent… je me dis que c’est bien qu’ils aient du choix. Mais en fait c’est juste une fantaisie, un truc que j’utilise rarement. Mais j’aime les avoir.
Ma zone érogène (en dehors des “classiques”)... Pour moi tout est érogène.
Pour parler de l’acte en soi, j’utilise le mot : « baiser ». Je trouve que c'est un mot excitant, qui fait frissonner. J'aime bien aussi que ce soit le même mot pour le baiser, embrasser. Et puis je trouve qu'une femme qui dit « baiser », tout de suite, il y a un côté transgressif, une liberté de parole. Les hommes se disent « elle n’a pas peur des vrais mots de l’impudeur, elle y va, elle n’est pas timide ni coincée ».
Un mot erogène pour moi : c’est “maîtresse”, sans le moindre doute. C’est un mot transgressif, avec le petit reste d'adultère dans la langue française. Pour moi, une maîtresse, c'est la femme que tu désires, avec qui tu fais des trucs un peu fous. Avec qui tu vis ta sensualité à fond. Dans le mot maîtresse il y a forcément le mot désir, parce que ces liens là, amant-maîtresse, ne tiennent sur rien d’autre que sur le désir partagé. Dès lors qu’un seul des deux ne désire plus, le lien ne tient plus, on n’est plus amants, c’est fini.
La première image qui me troublait enfant… C'était pas des images en fait. J'ai pu fantasmer sur des livres, mais pas des images.
Mon fantasme tout à fait interdit… Mon vrai fantasme interdit, ce serait de bosser dans l’univers du sexe.
Du porno ? Des livres ? Les deux, mais pas en couple. Seule. Je regarde comme tout le monde Pornhub ou des sites du genre. Je n'ai pas de site préféré, ni de tag préféré. Mais c'est vrai que j'aime bien le tag “gang bangs”, pour les trios une femme – deux hommes. J'y passe cinq minutes. Tu lances la vidéo et direct, tu vas à la moitié. Par contre en livres, je lis des livres érotiques mais pas pour me masturber.
Ce que je sais de la vie sexuelle de me parents ? Rien. On n'en a jamais parlé. J'ai reçu une éducation catho, baptisée, communion, confirmation... C'est vraiment un sujet tabou. Je trouve ça très bien comme ça. Les parents qui parlent de sexe avec leurs enfants, je ne comprends pas. Mes parents ne savent pas que j'ai une vie libertine. Mais ils ont compris que j’allais pas leur ramener le parfait gendre idéal bien sous tout rapport qui me demanderait en mariage et me ferait 4 gosses dans la foulée. Ils ont compris que je ne veux pas de cette vie-là. Le reste, comment je baise et avec qui, jamais on en parlera. Ma mère connaît juste mon compagnon, ils se sont rencontrés, s’entendent bien.
Si je parle de ma vie sexuelle ? Oui, j'adore en parler. Je trouve que ça crée des complicités avec des gens, d'échanger sur ça. C’est pas parler de boulot, la vie intime. Ca rapproche comme par miracle. C’est le meilleur moyen de faire tomber les barrières.
Ce que je regrette... Il y a forcément des trucs. Aujourd'hui j'ai l'impression de vraiment bien savoir ce que je veux. Je pense surtout à des relations plus qu’à des actes. Ça m'est arrivé de sentir que le mec était insistant et de ne pas dire non. Quand tu n’as pas trop de recul, t’es forcément influençable. Ca m’est arrivé de me dire : « en fait le mec a super bien parlé, il m’a charmée un moment donc j’ai accepté de coucher, mais en fait j’en avais pas vraiment envie, il m’a un peu « eue à l’illusion » ». Après les actes, non, tous les trucs un peu plus transgressif (genre sodomie, tout ça), contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est toujours moi qui demande, pas les mecs !
Moi, ça me choque quand je vois des jeunes de 18 ou 20 ans en club échangiste, je me dis : “putain qu'est-ce qu'ils foutent là”. En même temps, la première fois que je suis entrée en club, je n'étais pas beaucoup plus vieille. C'était avec un petit copain de l'époque. Je n'ai pas la solution à ce dilemme, il faut avoir vécu pour savoir ce qu'on veut ou pas, et en même temps quand on explore on n’a aucun recul.
Mon dernier étonnement, ma dernière découverte au lit. J'ai plein d'étonnements, mais ce sont surtout des personnalités. Des mecs qui se révèlent d'une timidité folle alors qu'ils sont d'une personnalité fantasque, et qu'ils fanfaronnent en club ou en soirée. Et très très souvent l’inverse. Le mec un peu timide que t’es un peu allée chercher, que t’as un peu pris par la main, et qui se révèle une pure folie au lit, plein d’imagination, qui te propose des trucs dingues ! J’ai vraiment appris à ne jamais me fier aux apparences.