Retour 150 ans en arrière, pour la plus grande démocratie du monde. Les gays et les lesbiennes de ce pays risquent à nouveau une peine maximale de 10 ans de prison, en vertu d’une disposition pénale qui date de 1860. Héritée de l’époque coloniale, cette «Section 377» avait pourtant été abrogée en 2009 par la Cour suprême, après un combat mené pendant huit ans par une organisation LGBT. Les juges ont annulé aujourd’hui cette décision, estimant qu’il était du ressort exclusif du Parlement de modifier le Code pénal.
Sécurité nationale en péril
C’est un groupe hétéroclite d’ONG, de partis et de leaders religieux qui avaient recouru contre la dépénalisation. Parfois sous des prétextes curieux, comme cet astrologue de la télévision qui avait estimé que les juges «mettait en danger la défense nationale», car les soldats seraient désormais autorisés à avoir des rapports sexuels entre eux. Un des meneurs du camp antigay, le leader religieux hindou Baba Ramdev, s’est réjoui de voir les juges «honorer les sentiments de tous ceux qui croient en la moralité.»
«Ce verdict est remarquable et bizarre, a estimé le sociologue Sanjay Srivastava au micro de la BBC. Comment un tribunal pourrait-il retirer un droit qui a déjà été accordé au peuple? C’est un énorme revers pour la communauté et cela couvre le pays de ridicule au niveau international.»