Résumé :
j'ai reçu dernièrement plusieurs (beaucoup de) mails regrettant mon ton « d’observatrice » sur ce blog, au détriment d’un ton de femme plus passionnée (ce que je suis pourtant) exprimant pleinement son excitation et son plaisir. On m’incite à être bien plus explicite sur mes escapades libertines les plus débridées. Ce post, qui est un compte-rendu d’une soirée passée un mercredi soir au club « We » est donc un pas dans cette direction (et promis, je décrirais dans un billet très prochain une superbe soirée privée à laquelle j’ai assisté récemment, totalement propice au meilleur du libertinage…). Mais je reste sur mon principe : je décris les choses vues et vécues. Or pas de grosse orgie dans le club « We », donc pas non plus dans ce billet (logique). En attendant, vous y trouverez quand même un récit de fellation (j’y suis l’officiante), une étreinte, une fille qui branle 4 mecs (tant bien que mal…), une autre qui crie « Oh j’ai chaud, j’ai chaud, mais qu’est-ce que j’ai chaud » et qui enlève alors son soutien-gorge (c’est ça qui devait lui tenir chaud :-)), et vous découvrirez aussi la différence entre le fist-fucking et le whisky (humm...).
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Il existe de très nombreux guides pratiques de type «
Devenez libertin clé en main, tous les codes, toutes les clés, tous les secrets pour faire de vous un vrai de vrai, homologué, plus initié que les initiés ». Classique. Ca existe aussi version « Devenez franc-maçon » ou « Apprenez le trading de produits dérivés » (attention d’ailleurs à ne pas se tromper, du coup : à venir en tenue libertine à une tenue maçonnique – quoi que ? pour faire avancer la cause de la mixité au Grand Orient, why not ? Enfin bref…). Concernant les livres qui prétendent révéler, donc, tous les petits et grands secrets du plaisir «
li-bé-ré », on y apprend à peu près toujours la même chose, à savoir ce qu’on peut déjà lire dans les articles de la rubrique « sexualité / libertinage » ou « sexualité / fantasmes » du site « Doctissimo ».
Mais j’ai quand même jeté un œil au petit guide rédigé récemment par le très spécialiste
Pierre Des Esseintes, «
Osez le libertinage » (tout un programme…). J’y reviendrai d’ailleurs, car – contre toute attente – le livre est plutôt bien foutu, pas racoleur et équilibré – en ce sens qu’il parvient bien à exprimer toute la diversité des approches qui se planquent derrière ce très pompeux (et finalement très fumeux) terme de '
libertinage', aussi prestigieux hier qu’attrape-gogo aujourd’hui (jusqu’à ne plus vouloir rien dire, usé jusqu’à la corde par tous les industriels du sexe pour qui, en gros, tout ce qui peut contribuer à faire cracher au chaland son n° de carte bleue
(fesses, seins, strings, strip-tease, filles qui se touchent, filles qui se lèchent, etc) peut bien s’appeler 'libertinage'...
Donc dans ce petit guide qui invite le néophyte à « Oser le libertinage », dès les toutes premières pages, nous avons droit au témoin d’autorité. Référence : «
Pascal Giraudeau, patron du club parisien Le We et ancien directeur de publication du magazine Interconnexion, référence incontournable de la presse libertine pendant 15 ans ». Ah oui, ça en impose (
euh, c’est quoi Interconnexion, au fait ? Un genre de Union magazine ? Un mag de petites annonces coquines ? Jamais entendu parler en fait… Mais j’imagine que ça devait être drôle, un mag libertin avant internet :-) Genre « petites annonces du Chasseur français », mais en version libertine ? Toutes les anecdotes à ce sujet m’intéressent !!).Alors que nous dit le « Monsieur dont-on-nous-dit-qu’il-est-incontournable » à la page 15 du guide « Osez le libertinage » ?
« Le libertinage, c’est la sexualité récréative. C’est vivre sa sexualité de façon ludique et décomplexée ». Wow aïe aïe… Pour moi, il ne manque que « sans prise de tête », et ce serait le carré gagnant des grands poncifs du cul dans le discours médiatique... Là, on a quand même un sacré triangle :
récréatif +
ludique +
décomplexé… Un jeu d’enfant, en somme ?
En fait, je lis à longueur de temps cette expression, et pourtant la « sexualité récréative », je ne vois toujours pas ce que c’est. C’est considérer le sexe comme un loisir, un passe-temps ? « Ce soir, on se fait quoi chéri ? Ciné
OU DVD en amoureux
OUMonopoly
OU sexe à la papa
OU une ptite partouze mon amour ? ».
« Aller, ce soir, partouze ma chérie, ça va nous changer les idées !… » Là oui, je matérialise le concept de « sexe récréatif ». Quand on s’emmerde, il faut bien colmater. Alors autant baiser, ça occupe. Mieux que ça : ça divertit. Ça ou un DVD, après tout...
Sauf que pour moi, le sexe n’est pas un divertissement, c’est un désir… Je ne me dis absolument jamais, dans ma vie : «
tiens, j’ai un trou dans mon emploi du temps, si j’en profitais pour baiser ? Aller, je vais bien trouver un libertin qui sera dispo… » ou «
Ce soir je ne fais rien de spécial et je suis seule, je vais DONC me trouver un libertin pour venir me baiser »… (par contre, je me dis souvent : tiens, j’ai une plage de libre, si j’en profitais pour faire du sport / du shopping / prendre un verre avec une copine, etc. enfin toutes choses qui sont pour moi, effectivement, des loisirs). A l’inverse, quand je suis séduite par un homme (donc que j’ai envie de baiser avec lui…), je me fous pas mal du planning prévu, et je parviens toujours (tiens tiens, comme par hasard…) à trouver du temps, tôt ou tard…
Bref, dans le genre stéréotypes aussi vides de sens que bien-pensants, « la sexualité ludique et décomplexée », pour moi, ça se pose là. « Le libertinage c’est la sexualité ludique », ça m’évoque plutôt le côté : «
Aller, prends ma femme que j’te baise la tienne, on se connait depuis si longtemps ! Baisons entre amis dans une ambiance bon-enfant, ludique et décomplexée… ». Mais moi ça ne me ferait pas vibrer, « baiser entre amis dans une ambiance décomplexée »…
Considérer le sexe comme « ludique », pour moi, finalement, c’est un peu le réduire à un sous-divertissement de supermarché (une « récréation ») et en faire un loisir commercial dont on pourrait nous gaver, « comme on alimente les bœufs en foin » (c’est ce que disait Saint-Exupéry à propos de la « culture de confection » et du « prêt à penser » -
on pourrait parler à présent de « cul de confection » : celui dont on essaye de nous gaver à longueur de temps, comme des bœufs un peu cons qui iraient baiser en troupeaux là où on leur dirait, en se prétendant plus libertins que libertins … C’est un genre de « libertinage prêt-à-penser », un libertinage en kit avec club + samedi soir + belles phrases qui font bien sur le sexe décomplexé = vous êtes libertins !).
Mais d’ailleurs le sexe ludique, oui, c’est effectivement ce qu’on constate dans les clubs libertins le samedi soir : beaucoup vont en club libertin comme ils pourraient aller au ciné. Avec toute leur bande de potes.
Et après on s’étonne que les libertins – ceux pour qui le libertinage n’est pas un loisir mais un art de vivre, un certain regard porté sur le désir - désertent ces lieux… Bref, j’en reviens au sujet. Je réalise que je ne connais pas ce club, « le We » (club crée et tenu par l’auteur de la citation – revendu tout dernièrement d’ailleurs). De toute évidence, cela manque à ma culture libertine, - et maintenant qu’on me demande assez régulièrement de conseiller tel ou tel club, c’est gênant d’avoir des lacunes. Alors
Memento audere semper : souviens toi de toujours oser. Dit autrement :
il faut bien tout essayer. Même « le WE, dites OUI » (c’est le slogan du club)…
Ni une ni deux, je mets mon homme dans le coup, et nous voilà parés pour aller explorer la
terra incognita du libertinage « ludique et récréatif ». Du coup, dans la voiture, on révise studieusement nos blagues carambar :
- Chéri, quelle est la différence entre 1 min de fellation et 1 min de sodomie ?- Quoi ???
- Mais enfin, joue le jeu ! C’est ludique ! Bon alors la réponse : « t’as pas deux minutes que je t’explique ? »[silence dans la voiture…]
- Que je t’explique la différence entre fellation et sodomie, tu vois… Faut que t’imagine que je suis un mec, en fait, pour matérialiser la partie de la blague où je suis censée t’expliquer la sodomie en une minute…- Ah oui…
- Bon, une autre : quelle différence y a-t-il entre le fist-fucking et le whisky ?- Euh…
- Le whisky c'est "juste un doigt, merci". Elle est bien celle là, non ?- Super...
- Bon, je continue : quel est le temps employé dans la phrase : « l’enfant est né » ?- …
- C’est l’imparfait du préservatif.- ...
- Ouais, ok, elles sont nulles ces blagues... Mais c’est du sexe récréatif. Bon, sinon, je t’excite encore, depuis tout ce temps qu’on est ensemble ? Avec tout ce qu’on a déjà fait et exploré dans le monde des sens ? - Oui. Tu me fais bander comme un dingue et je crève d’envie de te faire l’amour, là, tout de suite, dans la voiture. D’ailleurs dès qu’on rentre dans ce club, je te baise.
- Ça me convient bien. Dépêche-toi de te garer stp.En attendant de trouver une pace, je lui lis aussi le texte de présentation du club, sur leur site internet : « LE CLUB EN LUI MÊME POSSÈDE 7 ÉTAGES TOUS PLUS LUXUEUX LES UNS QUE LES AUTRES. DEUX APPARTEMENTS DE 45M2 SONT ÉGALEMENT À LA DISPOSITION DE LA CLIENTÈLE POUR S’ISOLER EN TÊTE À TÊTE OU EN GROUPE DANS DES DÉCORATIONS D’EXCEPTION, TOUS DEUX ÉQUIPÉS DE JACUZZI, ÉCRANS GÉANTS, insONORISÉS ET BÉNÉFICIANTS DU SERVICE D’ÉTAGE. IL EXISTE ÉGALEMENT UNE SUPERBE TERRASSE POUR LES BEAUX JOURS… ACCÈS TRÈS DISCRET POUR LES VIP. ET POUR FINIR UN TOIT TERRASSE SANS VIS À VIS AVEC VUE SUR LE CENTRE GEORGES POMPIDOU POUR VIVRE AU DEDANS COMME AU DEHORS…. »
Lu comme ça, ça fait grande classe… Terrasse, jacuzzi, accès VIP, etc… En fait, notamment depuis notre soirée au club « Rituel Foch », on n’est plus vraiment dupes. Mais on a quand même envie de rêver.
Sauf que je poursuis la lecture par un second texte de présentation du « We » sur cityvox (à droite en cliquant sur l’illustration ci-dessus), qui est un gloubi-boulga de copier-coller de phrases piquées à droite à gauche, et notamment bien plagiées à la marque de lingerie et d’accessoires érotiques « Maison Close » (dont je suis très cliente – je mets leur texte à gauche). Plagiées sans le moindre discernement. Car, à l’origine, Maison Close rédige un texte qui est adapté à son produit, c'est-à-dire de la lingerie suggestive et des accessoires coquins (menottes en satin, etc). Donc Maison Close conseille à ses clients de se servir de sa lingerie
« comme un jouet, un luxe pour se séduire soi-même ». Ben oui, mettre de la lingerie luxueuse et érotique, ça permet de
« se séduire soi-même », je comprends et j’approuve. Mais plagié sans discernement, cela devient dans le texte de présentation du We :
« venir au we, il faut s’en servir comme d’un jouet, un lieu pour se séduire soi-même » :-D Aller en boîte échangiste pour me séduire moi-même ???? Encore plus drôle, quand la marque de lingerie dit de ses produits :
« plus que de vains apparats, nos dessous et nos accessoires permettent une parenthèse coquine », je comprends, et c’est bien leur contexte : ce n’est pas que de la belle lingerie, c’est de la lingerie faite pour baiser, donc c’est
« plus que de vains apparats »... Cela devient pour le We :
« plus que de vains apparats, le we vous propose une parenthèse coquine ». Ah oui, donc la personne qui a copié-collé n’a même pas pigé le sujet…
Un peu à l’image du libertinage « moderne », finalement, on copie-colle des concepts bien pompeux qu’on pique deci-delà à droite à gauche tous les uns sur les autres, sans leur donner une quelconque réalité ni même y comprendre quoi que ce soit ; on prend quelques phrases qui « font bien », tiens, cette phrase là on leur pique :
« tradition des jeux de l’amour bien français où galanterie et plaisirs fripons font bon ménage », ça en jette à mort, on prend ! Bref, magie-magie et un peu de pompage sur le net, et voilà le we devenu
« une parenthèse intime qui transcendera notre quotidien dans la tradition des jeux de l’amour bien français », wââââouuuu (exactement comme la lingerie Maison Close, mais chut……).
Bon.
Nous arrivons devant le club, il est 0 :15, un mercredi soir. C’est bête à dire, mais à l’idée de découvrir un nouveau lieu et une nouvelle ambiance (même sans être dupes), l’excitation entre nous est perceptible. Avant de rentrer, sur le trottoir, mon homme m’embrasse fougueusement. Superbe baiser d’impatience, de ceux qui signent une étreinte parfaitement imminente... En fait, ce baiser fougueux avant de rentrer, j’en ai encore la saveur, la chaleur, l’excitation rien qu’à l’écrire ici... C’était un vrai baiser suave, pénétrant, très prétentieux… outrancièrement sexuel... un baiser qui me disait :
tu sais bien que je vais te baiser dès qu’on sera rentrés... En m’embrassant, il me sert fort et me fait bien sentir son érection, il plaque bien mon bassin contre le sien... J’adore. Je lui dis que je suis heureuse d’être là, avec lui cette nuit, même au « WE dites OUI », qu’il est mon homme... Il comprend parfaitement ce que je veux dire :
que j’attends, avec toute cette impatience exacerbée, de le toucher, de le caresser, de le sucer, de le sentir en moi, de m’abandonner à lui pour me laisser posséder… Que je suis déjà profondément excitée… Alors quand je sonne, j’ai vraiment hâte qu’elle s’ouvre, cette foutue porte... Pendant que la caméra nous scrute, je pose ma tête très tendrement sur son épaule, pour bien accentuer notre côté « couple amoureux »… Et je trouve ça sublime, ce geste innocent en façade, tandis qu’au même moment ma main s’aventure plus bas, en terrain déjà largement conquis, et caresse son sexe à travers l’étoffe…
Dans l’entrée, de petits écrans de télés diffusent les flyers des soirées. Nous constatons que nous nous pointons à une « soirée trio ». Mon homme est super heureux. Parce que trio pour lui, bizarrement, c’est forcément un homme (lui) et deux femmes. Bah tiens. Je lui rappelle que dans les clubs, la denrée rare est plutôt féminine, et que les trio sont donc de circonstance. Il ne débande pas pour autant, mais je vois bien que je viens perturber sa rêverie… Je précise cependant pour les néophytes que « soirée trio » ne veut strictement rien dire d’autre que :
nous acceptons les hommes seuls… On planque cela derrière le fantasme des femmes qui voudraient se faire prendre par 2 hommes, cela devient dans le marketing libertin des « soirées trio ». En pratique, jamais les proportions (un homme seul accepté pour chaque couple à l’intérieur) ne sont respectées. Bien loin de là !
La porte s’ouvre donc, un homme nous demande de le suivre. C’est très étroit, il faut prendre un grand escalier qui monte, puis un second. Escaliers noirs, murs noirs, plafond noir, et lumières rouges sur le bord des marches. C’est ultra sombre. Pas la pénombre : l’obscurité avec juste quelques points rouges pour se repérer. D’un coup, la sensation d’être rentrés dans un sex-shop. Première impression : on est dans le X. Pas un lieu « porno-chic », un lieu « porno-cru ». On a tous les codes de la maison de passe bien typique comme on peut les imaginer à la frontière belge, avec l’inénarrable Dodo la Saumure qui surveillerait ses filles derrière son bar pendant que les LED rouges placées à peu près partout clignotent pour créer un climat de pornographie un peu glauque...
En haut des escaliers, on arrive dans un petit espace long et très étroit, genre grand couloir. A droite, le comptoir et un escalier qui descend. A gauche, un escalier qui monte et des salles de bain. Nous apprenons que cela représente 1 des 7 fameux étages du lieu (rappelez-vous le texte de présentation : « LE CLUB EN LUI MÊME POSSÈDE 7 ÉTAGES TOUS PLUS LUXUEUX LES UNS QUE LES AUTRES »). Voilà un plan approximatif de ce « 1
e des 7 étages », pour matérialiser les proportions.
Deuxième impression, après l’empire du X : il y a des escaliers partout. A part ça, l’accueil est très sympa. Le jeune homme est avenant, pas intrusif, bien. On paie de suite, 35 euros pour nous deux, c’est à dire « le bas du bas » des tarifs je crois, et les clopes sont offertes par la maison.
Pour info, les « hommes seuls » qui seront-là ce soir s’acquitteront quant à eux d’un ticket d’entrée de 95€. Le prix à payer pour espérer baiser. Sans garantie. Première chose quand on est dans un endroit pareil : une visite des lieux s’impose. On a hâte de découvrir les 7 fameux étages, les suites privées avec jacuzzi, la terrasse, etc… Bon, fin immédiate du suspense, il n’y aura ni suites, ni jacuzzi, ni terrasse, ni vue sur Beaubourg, rien de tout cela pour nous ce soir… Le club étant très peu rempli, ils ne laissent pas les 7 étages accessibles, et les 2 qui sont censés être si luxueux sont fermés.
Concernant les étages, par rapport à l’accueil :
Au dessus :- Etage +1 : juste un fumoir. Deux autres portes, qui sont fermées à clés. Bref, on peut appeler ça « étage », moi j’appelle ça « fumoir en haut d’un escalier ».- Etage +2 et +3 : les fameuses suites, et la fameuse terrasse. Comme indiqué, pas assez de monde dans le club, une petite chaînette en empêche l’accès. Dommage, notre curiosité est frustrée.
Au dessous :- Etage – 1 : un étage avec le bar, et une espèce de petite piste de dance à gauche.- Etage – 2 : étage réservé à la danse. Pas de DJ, musique ultra forte à l’ampli, voire même vraiment trop. Jeu de lumières typique des boîtes de nuit. Petites tables et chaises ultra ultra cheap.- Etage – 3 : étage rempli de grandes alcôves câlines, presque des petites pièces - globalement chaque alcôve est faite pour une bonne dizaine ou douzaine de personnes. Ca fait un peu « usine à baise ». Certaines sont plus ou moins « fermées » par de lourds rideaux en velours (on est vraiment dans les codes du sex-shop), certaines non, dont deux attenantes qui sont des espèces de toiles tressées un peu suspendues, côte à côté, elles doivent bien pouvoir abriter une soixantaine de personnes en train de s’ébattre… Bon, là, un mercredi soir, c’était plus désert que désert… Encore des salles de bain à cet étage (et je crois me souvenir qu’il y avait encore un autre étage d’alcôves en dessous, ça ferait 8 étages ? je ne sais plus…).
La visite nous a bien pris dix bonnes minutes, au moins, avec l’envie de soulever chaque rideau pour voir ce qu’il y avait derrière... Par contre,
je regrette à mort mes petits escarpins à bride et à talon vertigineux genre 12 centimètres... les escaliers sombres toutes les 2 minutes, c’est super gonflant…
Et puis, le mot « étage » est assez drôle, car tous les niveaux sont super étroits. On dirait un cas d’école pour émission de type « coaching maisons » sur M6 : ma maison est divisée en 7 niveaux qui sont tous super étroits, du coup c’est invendable, comment valoriser mon bien immobilier totalement atypique ? Et là, un Stéphane Plaza d’un nouveau genre viendrait avec cette idée géniale :
nous allons en faire… tadada… un club LI-BER-TIN !! (ben oui, « libertin » est devenu un mot magique qui permet de vendre tout et n’importe quoi…).
Par exemple, l’étage « bar » est visible sur cette photo. A droite l’escalier, à gauche, le mur du bar, on a la largeur totale des étages:
Concernant le décor : c’est cheap. Vraiment cheap. Le club se vante sur son site web d’être « LE CLUB LIBERTIN LE PLUS ÉLÉGANT ET LE PLUS RACÉ DE TOUT PARIS »,
disons que c’est tellement grossièrement faux que ça ne mérite même pas qu’on s’y attarde… Le club se vante aussi sur son site de ne pas être, contrairement à bien des clubs parisiens, « une cave voûtée », mais il y a des ambiances de cave qui sont propices au désir… Qui m’évoquent l’infernal flambeau de la lubricité, les réunions discrètes entre libertins la nuit tombée, le secret du sous-sol propice aux aventures… Paradoxalement, une cave voûtée (si elle est chic) peut me procurer une sensation de liberté physique et d’érotisme spontané… Il y a des jeux de lumière, dans l’obscurité, qui sont parfois très sophistiqués, dans la dialectique du montré/caché… Et il est des jeux d’ombres qui auréolent de volupté le moindre mouvement… Là non, c’est vraiment le code « obscurité noire / LED rouges » = codes pornos…
De même que dans d’autres clubs, il y a des ambiances musicales qui laissent entendre tous les souffles de langueur, les râles et les cris de plaisir… mais là, non (même plus tard dans le fumoir, qui est normalement LE lieu par excellence où l’on parle, mon amoureux m’a fait remarquer que la musique était insupportable…).
Bref, « chic et racé », non. « Plaisirs et volupté », ce n’est pas non plus ce que m’inspire le lieu… Mon homme me glisse à l’oreille : « on se croirait un peu chez Dodo la Saumure »… Ben oui… Ca emprunte des codes du peep-show, et en même temps c’est baroque… Par exemple, il y a des céramiques en forme de masques vénitiens absolument partout… Sur chaque mur, 2, 3, 4, 5 masques vénitiens, bariolés et cheap, un peu comme ceux-là…
Alors j’en reviens à ma soirée, avec mon homme. Donc on a visité l’ensemble. Au final, le club est très grand, donc ça faisait franchement « maison fantôme ». On est passé devant le bar, il y avait 8 hommes seuls. Une femme dans un endroit, qui était avec deux hommes et ne voulait pas être dérangée. Tous les autres étages, totalement vides. Toutes les alcôves, vides.
Avantage : aucun problème pour trouver de l’intimité. Et là tout de suite, à ce stade de la soirée, cela devenait clairement notre préoccupation... Comme le chantait Aznavour, «
mais les mondanités passées, libérée de ton enveloppe… tu deviens dans l’intimité… la plus formidable salope… ». Bon, j’estime que la visite du lieu valait mondanités, je n’attends maintenant que de pouvoir montrer à mon homme mon côté « formidable salope » (qu’il connait déjà bien, certes…) Passer au concret : mes envies triviales de baisers très osés, de possessions impétueuses, de pénétration profonde, tout ce à quoi je n’ai cessé de penser toute la journée… Alors je le brusque un peu, je choisis une alcôve un peu retirée, protégée par un lourd rideau, nous sommes seuls à l’étage et de facto seuls dans l’alcôve : je défaits à la hâte quelques boutons de sa chemise, embrasse sa bouche, son cou, son torse (pour la forme), mais je ne pense qu’à ça, alors je m’accroupis rapidement à ses pieds… Je m’empresse de défaire les boutons de son pantalon, baisser rapidement ses vêtements, et me retrouve enfin face à son sexe… Je le vois apparaître sous mes yeux et la seconde d’après ça y est, j’en ai plein le corps et le cœur bat fort, les sensations déboulent de tous côtés et impossible d’endiguer ce flot rouge de mes pensées totalement brûlées par cette intenable envie : être prise… Le sexe de mon homme me fait de l’effet, oui, c’est une certitude… Le sexe de mon homme sous mes yeux, c’est une immense source d’excitation automatique : l’envie d’être prise, sur le champ… Le taux d’avidité de mes mauvaises pensées est à son maximum, je meurs d’envie qu’il me baise… Donc là, moi à ses pieds, il n’y a plus que ça… son sexe… Arrêter de gamberger, et même de penser, interdire à mon esprit tout raisonnement structuré, toute rhétorique, et même tout l’environnement, l’oublier, oublier qu’on est au We et qu’il y a 8 hommes seuls un ou deux étages au dessus qui pourraient bien débouler, juste le sexe de mon homme sous mes yeux, le caresser (un peu) et le prendre dans ma bouche (surtout)… Là, son sexe livré à mes caresses, tout est bien… Le fond de l’euphorie est atteint, en tant qu’art de s’absenter du monde... Et dire qu’on est dans un club échangiste… J’adore le sucer, c’est l’unique moment où je le domine totalement, où je le retiens, il est enfin ma proie, piégée dans mes filets de soie… Et surtout son sexe dans ma bouche m’excite… Je suis une femme résolument active : je préfère toujours séduire à être séduite, draguer à être draguée, organiser plutôt que me laisser guider, et caresser me procure nettement plus d’excitation que d’être moi-même caressée… Alors pendant que je le suce, mes paupières fermées, pour mieux le savourer, mes pensées se concentrent sur la suite… Je savoure le moment, mon indolence moite, ma félicité… Toute ma peau qui tremble, et surtout mon sexe qui s’impatiente… Mon corps qui mouille, transpire, frémit, réclame, mon sexe qui devient tyrannique… Plus je le suce, plus j’accrois mon excitation, plus je sens mon sexe me réclamer de rentrer dans le jeu… J’aime ça, c’est certain… J’aime ressentir l’impatience, ne surtout pas être exaucée trop vite… J’aime la sensation de vide terrible que je ressens à ces instants-là… Elle est intense et obsédante, j’aime (et je déteste, mais j’aime) quand on me force à la subir, quand j’ai envie de lâcher son sexe pour le supplier de me prendre… Il passe sa main dans mes cheveux… Pas un geste autoritaire, un geste tendre, très doux… Il me dit que je le suce divinement, que n’importe quel homme rêverait de me connaître… Et puis il ne dit plus rien, sinon des petits « oui » murmurés… Combien de temps dure cet instant ? De longues minutes… Plus je le suce, plus je me sens moi-même excitée, chaude, brûlante, trempée, impatiente, tout cela devient insupportable… C’est lui qui décide de rompre ce rythme, quand il le veut, mais il me fait attendre… Enfin il me plaque contre la grande banquette, allongée, ouvre à la hâte la robe cache-cœur que j’avais opportunément choisie pour la soirée… Dessous : guêpière noire, il aime… Il abaisse simplement les balconnets pour que mes seins soient libres, allongé sur moi il les lèche, les embrasse et les mordille, c’est divin et c’est une torture, tant je n’attends que d’être pénétrée, et là il n’est pas encore sur moi, mais qu’est-ce qu’il attend… Enfin, il enlève la culotte de dentelle assortie…
Me fait comprendre d’un regard ses intentions, et se jette sur moi avec ardeur, comme j’aime : fureur du félin sur sa proie, tout en crocs, sans pitié, rapidement en moi - il m’arrache un grand cri de plaisir en me pénétrant d’un coup déterminé - et s’acharne alors à fouiller ma chatte avec beaucoup de puissance, beaucoup de maîtrise dans chacun de ses coups, je ressens bien son sexe profondément en moi et j’aime ça, sentir mon corps subir tous les mouvements du sien, il n’y a pas un endroit de moi qui ne vibre, ne s’excite, ne brûle, ne mouille, ne prenne du plaisir… j’aime ça à la folie, je prends toutes les vagues de plaisir, je gémis de plus en plus fort, je ferme les yeux pour savourer mieux encore…
Là, il y a quelque chose de complètement surréaliste à être en train de baiser comme deux amoureux fous dans une boîte échangiste : la sensation qu’à chaque seconde, n’importe qui peut rentrer dans l’alcôve protégée seulement d’un rideau, et se planter à côté de nous pour observer… En fait, c’est un peu comme si nous baisions dans notre chambre, tous les deux,
mais n’importe quel inconnu passant dans la rue pourrait rentrer à tout moment dans l’appartement, s’asseoir sur le bord du lit, nous observer, me caresser, etc. Surréaliste, c’est vrai. Est-ce que cela accroît notre excitation ? Pas sincèrement… C’est plutôt la sensation d’être deux ados de 15 ans qui devraient, quand même, ne pas trop tarder à « faire leur petite affaire », car un adulte pourrait arriver à tout moment et les surprendre… Faire l’amour comme ça, dans un club échangiste, dans son couple : cela donne presque l’impression de faire un truc décalé, défendu, contraire à la philosophie du lieu… L’abandon ne peut donc être, de facto, à 100%, et mon homme se hâte de me faire jouir, plutôt que de faire durer la volupté (il sait parfaitement comment faire…). Je crie sans la moindre retenue… La pression du lieu (cette idée que quelqu’un pourrait bien arriver) l’incite à jouir rapidement en moi (alors qu’il sait que j’adore quand il continue de me prendre après l’orgasme, quand je suis un peu dans les vapes, un peu perdue dans mon plaisir, et que je continue malgré tout à sentir son corps qui cherche son plaisir dans le mien…).
Parenthèse : récemment, j’échangeais avec une journaliste sur le libertinage. La journaliste était très pro et très sympa : le ton est rapidement passé sur des sujets assez intimes. Je lui disais (dans le fil de l’entretien, j’espère que ça ne sera pas coupé et sorti de son contexte…) que, tout de même, j’ai cru observer que certaines femmes ont plus ou moins de facilité à atteindre le plaisir. J’ai des copines pour qui, en dehors de la masturbation, obtenir un orgasme requiert la patience d’un amant capable de leur lécher le clitoris pendant 20 bonnes minutes sans discontinuer… Je disais à la journaliste : c’est sur que ces filles-là n’ont rien à faire dans un club échangiste et globalement dans le monde libertin, elles y seront malheureuses… Etant donné les pratiques et les usages, le libertinage est plus favorable aux femmes ardentes qui ont le plaisir relativement facile, et clairement vaginales… Car contrairement à tous les discours mâtinés de grand altruisme (et de grand n’importe quoi) qu’on entend fréquemment dans la bouche des hommes (« dans les clubs échangistes, les femmes sont reines, on se soumet à 100% à leurs seuls désirs… »), les femmes y sucent les hommes certainement 100 ou 200 fois plus que les hommes ne les lèchent, elles, en retour… Je repense au patron de club qui parle de « sexualité ludique », mais en fait les clubs libertins sont le degré zéro de la variante dans le sexe. Je dirais (basé sur mes observations) que 90% de ce qui s’y pratique se résume à : des fellations, des pénétrations – 4 fois sur 5 en levrette (avec bien sur l’attelage star : les deux en même temps, c'est-à-dire une fille se fait prendre en levrette pendant qu’elle suce un mec). En fait, c’est très mal vu d’avoir des effets sur soi (les patrons de clubs ont toujours peur des téléphones portables, micro indiscret, ou je ne sais quoi… souvent ils demandent même aux hommes de vider leurs poches…), donc de tout mon parcours, je n’ai vu qu’une seule et unique fois une fille avoir une petite pochette en club avec ses sex-toys (et c’était une copine du patron). Ou je vois de temps en temps des filles avoir déjà sur elles un plug anal. A part ça, je n’ai jamais vu de sex-toys en clubs libertins. Est-ce que ça pourrait « trop » inciter certains hommes à monopoliser des filles, en les faisant jouir longtemps avec des jouets ? Je ne sais pas. Mais c’est vrai que c’est dommage, quand on y pense. Le club libertin, c’est le lieu de la pénétration en levrette par excellence, et de la « non-imagination » sexuelle.
Je reprends :
mon homme vient de me baiser dans l’alcôve où nous sommes seuls… on ne s’attarde pas. En me relevant, je sens son sperme s’écouler un peu le long de mes cuisses, et j’adore ça (
un des trucs les plus érotiques qui puisse exister, je trouve, entre un homme et une femme qui ne se protègent pas)… Il me dit : c’est fou, j’aurais été persuadé qu’on allait être dérangé, mais personne, c’est quand même génial, et en même temps bizarre… Dans l’alcôve, il y a un petit coin lavabo avec tout le confort, super propre (
ça c’est vrai que le club était très bien tenu, propre, etc… bon, en même temps, quand il n’y a personne et qu’il ne se passe rien, c’est sûr que c’est plus simple de le garder propre)… On se rhabille rapidement, et surprise, en sortant de l’alcôve, on s’aperçoit qu’elle comportait plusieurs hublots transparents favorables aux voyeurs, et que plusieurs hommes sont massés contre les hublots, et nous ont observés dans notre dos… En sortant, l’un deux me dit que c’était sublime, un des plus beaux spectacles qu’il ait vu depuis longtemps… Un autre me dit que j’ai du aimer ça, parce que j’ai crié vraiment fort… Au-delà du dépit de ne pas avoir vu que j’étais vue pendant que je l’étais ( !), je ne suis pas très friande de ces commentaires, qui font de moi une actrice X à mon insu… Nous comprenons là un code implicite du lieu (bon, on aurait pu s’en douter) : rideau fermé, cela signifiait que les hommes étaient invités à rester à l’extérieur… Rideau ouvert, ils seraient venus se joindre à nous… Là non, rideau tiré, ils sont tous restés sagement à l’extérieur. Quelle docilité !
Nous remontons au bar, mes escarpins dans la main, marchant nue pieds dans mes bas couture pour remonter les deux ou trois escaliers… Et bien sûr, la nuée d’hommes nous suit… Au bar, il est totalement impossible de faire connaissance. Musique ultra-forte, lumières de boîte de nuit. Je parviens à peine à échanger quelques mots avec deux hommes (plutôt séduisants au demeurant), j’apprends qu’ils sont cadres en province, en séminaire de formation de leur boîte sur Paris. Classique. Bobonne est en province, j’ai une nuit de liberté à Paris pour cause de séminaire, l’occasion en or de s’encanailler en tout anonymat et sans conséquences dans la grande ville qu’est Paris -> direction un club échangiste (le bordel des temps modernes…). Why not, chacun fait bien ce qu’il veut et « picore » ce qu’il peut dans ces lieux, mais la recherche d’aventure extraconjugale, dictée par l’opportunité d’une seule nuit de liberté, ce n’est pas exactement ce que j’appellerai un comportement libertin !… Or les opportunistes qui cherchent juste un coup à tirer vite fait, ça ne m’excite pas spécialement (pas du tout, en fait), moi…
Parmi les autres hommes, plusieurs sont totalement, mais alors totalement décalés avec le lieu. Un notamment me revient en mémoire : certainement la cinquantaine, costume chic, et des yeux de chien battu, mais vraiment de chien battu, qui me suppliaient, implorants, presque la larme en coin… En fait, il faut bien comprendre la scène : 7 ou 8 hommes au bar, et tous n’espèrent (soyons honnêtes) que de pouvoir me baiser…
On est à des années lumière de « chacun fait ce qu’il lui plait », et « jouissez sans entrave » des seventiesidéalisées… Là, c’est « chacun fait bien ce qu’il peut », et « pour jouir, il va falloir jouer des coudes »… Chacun met donc en place une stratégie pour tenter d’être celui que je pourrais choisir – il n’y a pas une once de prétention dans ce propos, car cela n’est dû qu’au seul fait que je sois une femme. Je pourrais avoir une toute autre apparence, 20 ou 30 ans de plus, et porter un survêt de sport, etc etc, ce serait strictement pareil. Tous ces hommes jouent des coudes simplement pour pénétrer une chatte (pas « moi » : une chatte, juste une chatte). Donc cet homme, décalé avec le lieu, avait mis en place cette stratégie : surjouer les airs de chien battu, résigné, soumis, implorant du regard que je veuille bien lui donner un petit su-sucre (quelques caresses) voire même, dans le meilleur cas, lui faire faire une petite promenade (l’entraîner dans un étage, une alcôve, le sucer un peu…). Tout cela avec un air profondément malheureux, comme si toute la peine du monde s’abattait sur lui… Sa stratégie était de m’avoir à la pitié… Que mon petit cœur soit ému par la détresse qui émanait de cet homme, qui de toute évidence était bien loin de connaître la surabondance d’opportunités dans sa vie sexuelle…
Je déteste, pour ma part, ce que les clubs échangistes font ainsi des hommes seuls : des « sous-produits » (un couple, c’est tellement mieux) qui doivent apprendre à « se placer » : certains n’ont aucun respect et s’incrustent dès qu’ils voient l’opportunité, certains sont abattus et résignés, il doit même y avoir un peu de masochisme dans leur attitude de chiens battus (je suis là pour croiser une femme, mais je suis sûr à 99% que je n’ai aucune chance d’être choisi – et lorsque par exceptionnel cela arrive, ils se retrouvent du coup paralysés par l’émotion et incapables d’assurer… je jure que j’ai déjà vu un jeune quadra charmant, comme ça, jouir dans son froc au premier frôlement de son entrejambe…). Les autres hommes étaient totalement divers, certains me lançaient des sourires pas possibles, on aurait cru un concours de Mister France avec sourires ultra bright et poses lascives surjouées pour faire fantasmer la ménagère…
Pour débriefer un peu en tête à tête, mon homme et moi nous éclipsons dans le fumoir (on remonte un étage pour arriver à l’accueil, on traverse, et on reprend un escalier dans l’entrée). Le fumoir est grand, mais alors vraiment niveau déco c’est une horreur absolue, tout est dépareillé, baroque, il y a même la lampe halogène sur pied dans un coin, qui est kitshissime… Les fauteuils sont dépareillés, défoncés… Toujours les moulages de masques vénitiens (assez moches) sur les murs, c’est … vraiment super mal décoré, pour être soft :-) Là, on débriefe tous les deux, on se dit clairement qu’il en faut pour tous les goûts, pour toutes les bourses, pour tous les âges… C’est tout simplement un club qui ne correspond pas à nos attentes, dans la déco qui a un côté peep-show, dans l’ambiance qui est proche du côté boite de nuit, dans les étages câlins qui font un peu usine à baise, etc… mais tous les clubs ne peuvent pas ressembler aux Chandelles non plus… C’est cheap, mais en même temps on a payé 30 euros pour être dans un grand truc en plein centre de Paris, donc on ne se sent pas « floués » non plus… Et le barman est sympa, ce qui compense bien des lacunes… Je pense que c’est un club qui est fait pour les moins de trente ans, qui viennent surtout faire la fête, qui se foutent pas mal de la déco du fumoir et du raffinement des détails… Bon, en tout cas ce n’est ni chic ni VIP.
On redescend au bar, et là, miracle ! Plus un chat. Tout le monde a disparu. Du coup, on refait une balade dans le club… Deux étages en dessous du bar, on voit vite où se situe l’action… 4 hommes massés à l’entrée d’une alcôve… Ils me font signe de venir, de rentrer dans l’alcôve… Mon homme et moi passons le rideau, escortés par les 4 voyeurs… Et là, nous voyons, allongés sur le côté sur le grand matelas, une superbe fille en lingerie (20 ou 25 ans à tout casser), physique parfait, grande blonde sublime, avec quatre autre mecs allongés autour d’elle.
La fille a une queue dans chaque main (qu’elle branle vigoureusement), les deux autres hommes sont allongés comme des pachas, elle en suce un par intermittence, l’autre doit surement se dire que son tour viendra… Lorsque nous entrons, elle s’écrie «
oh non, pitié, plus personne, je n’en veux pas d’autres, je ne pourrais pas ». Comme le club est super sombre, elle n’a pas vu les silhouettes, a seulement distingué que des personnes rentraient… Un homme lui dit alors, en parlant de moi : « mais c’est une fille, il y a une fille !
». Et la très jeune femme de s’écrier, alors, toujours en branlant les deux mecs, et avec un visage implorant (moi je voyais bien ses traits, car la partie « banquette » des alcôves est plus éclairée, pour que les voyeurs aient quelque chose à voir…) : «
Oh je t’en supplie viens m’aider, là j’en ai 4 à gérer je n’y arrive pas seule, viens, viens s’il te plait, viens, viens m’aider… ». Je ne sais pas d’où est sortie cette fille, avec qui elle est rentrée dans le club, je ne l’ai pas vu arriver…Ce dont je suis sûre, c’est que dans cette scène que j’observais, elle semblait légèrement subir la pression des 4 hommes allongés autour d’elle, et pas forcément super épanouie, c’est un euphémisme... Parmi les voyeurs massés à l’entrée, qui observent les 4 autres sur la banquette avec la fille, l’un de se fait très insistant auprès de moi : « elle t’appelle, vas-y, vas-y, on veut vous voir toutes les deux, aller, tu y vas », et me presse par l’épaule… Mon homme ne met pas longtemps à couper court à son comportement… Les 4 hommes qui sont sur la banquette avec la jeune femme n’ont pas l’air de s’en préoccuper, ils sont ailleurs, perdus en pleine volupté… Un peu bizarre, en fait, cette scène… d'où sortait cette fille sublime, quelle était sa motivation ? On va dire que la fille est rentrée seule pendant que j’étais dans le fumoir, et qu’elle n’a pas trop su s’imposer face aux 8 hommes qui se sont alors rués sur elle, et qu’elle s’est retrouvée en un rien de temps avec 4 hommes autour d’elle, à les branler et sucer ? Aller, on va dire ça... Moi-même je ne sais pas, je ne comprends pas bien comment en un rien de temps le club s’est reconfiguré autour d’elle, d’où elle sortait…
Mon homme et moi nous éclipsons de cette alcôve bizarre… On fait encore un tour dans les recoins sombres des derniers étages, des hommes nous suivent…
Ils doivent se dire qu’il vaut mieux miser sur moi que sur la fille qui en a déjà 4 sur les bras, et n’en veut plus d’autres… Mais je n’aime pas cela : le club est sombre, je distingue à peine les visages des hommes… Et le côté « ils nous suivent partout où on va » nous déplait, à mon amoureux et à moi… Bref, on sent que la soirée n’est pas au partage... On s’apprête à remonter, quand une autre superbe fille, grande blonde, elle aussi en lingerie, sort d’une alcôve avec un black, avec qui elle a l’air d’être assez complice et de venir de passer un bon moment... En sortant de l’alcôve, au centre de l’étage, elle fait un peu le spectacle pour les autres hommes (qui comprennent que je ne serais certainement pas le bon numéro sur lequel parier), et s’exclame «
Oh mais qu’il fait chaud dans ce club, mais qu’il fait chaud, mais que j’ai chaud, que j’ai chaud, oh là là là là que j’ai chaud… »… sur quoi elle enlève son soutien-gorge avec un grand mouvement lascif… Les hommes seuls se ruent sur elle, comprennent qu’elle va faire le spectacle, c'est à dire enlever sa culotte... et après ? sûrement les sucer… Tous les hommes semblent fascinés par elle... C'est comme ça en club : l'attention lourdingue portée à une femme est éphémère : dès lors qu'une autre laisse entendre qu'elle consent sur le champ à se faire baiser, tous les hommes vont d'abord baiser...
Et mon homme, le mien ? Dieu sait qu’il est libertin, différemment de moi, mais en un sens plus encore que moi… Il a ce côté chasseur, ce côté grand prédateur insatiable de la séduction (il a tout ce qu’il faut pour pouvoir se permettre de l’être)… Grand fauve insatiable, celui qui en oublie qu’il est repu pour tressaillir à la seule vue d’une proie nouvelle, à la seule condition qu’elle soit plutôt appétissante, et au moindre bruit indiquant que cette proie n’est pas loin, il va lâcher la précédente conquête à peine consommée pour se remettre aussitôt en chasse de la suivante, et ainsi de suite… Alors là, la grande blonde qui se déshabille, ça aurait normalement du l’émouvoir, ne serait-ce que capter l’attention de son œil éminemment voyeur… Je m’étonne… Il me dit : «
mais tout sonne faux chez cette elle, tu ne vois pas ? elle se donne en spectacle mais cela sonne faux ! moi les comédiennes, non merci ». Bon. Du coup, mon homme et moi remontons. Au moment de partir, deux couples arrivent (donc à 1h ou 1h15 du matin, environ). Un couple de français qui a l’air très sympa, la quarantaine tous les deux, et un couple de touristes (nous avons le temps d’échanger quelques mots, ils sont à Paris pour dix jours et nous demandent de leur conseiller des « place so sexy », où un truc du genre). Mais on n’a pas envie de rester pour échanger avec eux. On quitte le club sur cela.
Au final, et au-delà de la description du lieu en lui-même (très gros club plein d’escaliers, grande capacité, codes du porno dans la déco avec moult masques vénitiens), je dirais que
c’est tout à fait typique de ce qui peut se passer dans un club libertin, un soir de semaine. Pas grand-chose, avec souvent une seule personne qui est capable de faire basculer toute la soirée. (genre une seule fille qui se tape tous les hommes seuls, cela suffit pour qu'ils aient l'impression d'avoir passé une bonne soirée ;-) ).
Les vrais libertins (dont nous sommes) sont déçus, ne trouvent pas ce qu’ils cherchent. Les hommes seuls s’accrochent à l’espoir qu’un truc va leur arriver. Ils prennent tout ce qu’ils peuvent se mettre sous la dent (observer de loin, observer de près, toucher quand ils peuvent toucher, etc.) et avec un peu de chance, une, deux ou trois filles géreront « le groupe », ils se feront un peu sucer ou pourront même, avec un gros coup de bol, pénétrer une fille,
et au final, ils se diront qu’ils en ont eu pour leurs 95€...J’imagine que pour eux c’est quand même mille fois moins magique qu’une belle nuit d’amour avec une amante, mais ils sont au moins surs d’éviter tout le sentimentalisme et les ennuis qui peuvent découler d’une liaison. Le lieu aura nourrit leurs fantasmes pour un soir. Ca ou un bar où ils auraient dragouillé n’importe quelle fille présente… au moins ici les filles sont censées aimer le sexe ! (j'imagine que c'est leur raisonnement ?)
Pas très libertin, mais les clubs échangistes sont tout sauf des lieux libertins.