Notre chroniqueur Bob Howard devait recevoir un livre intitulé « Camille » (étonnant, non?), mais les voies des services de presse étant impénétrables, c’est « Sex and the TV » qui a atterri dans sa boîte aux lettres. Ne s’en laissant pas démonter, Bob l’a dégusté et nous en fait sa chronique culinaire.
Le titre de ce roman, par son analogie avec la célèbre série télé « Sex in the city », pose déjà les bases narrative : une bandes de copines délurées, du sexe et le monde merveilleux du paf. La couverture et son quatrième sonne “girly” mais du “girly with a rabbit”, on nous prévient les scènes de sexe sont de “vraies” scènes de sexe. De la chick-lit mais par pour fillette.
Roman crémeux
Les précédentes aventures de Charlotte (l’héroïne), Deborah et Morgane ont été un succès si j’en crois ce que l’éditeur (La Musardine) affirme. Octavie Delvaux reprend donc ses personnages pour une deuxième saison.
L’histoire ? Une jeune femme, Charlotte, cordon bleu émérite, s’est fait une réputation avec son blog (voir le tome 1 : Sex in the kitchen, ce qui ne me parait d’ailleurs pas très hygiénique). Elle devient alors chroniqueuse dans une émission d’access prime-time. Elle va devoir y faire sa place (je n’ose dire son trou, le but de principal cette note est de faire rire Camille et, par la bande, toi aussi lecteur/lectrice) au milieu des intrigues et autres coups sous la ceinture dont un particulièrement gratiné qui va obliger notre héroïne et ses copines à faire corps pour sauver son honneur et sa carrière naissante.
Ce roman m’a un peu déconcerté : j’ai eu l’impression de goûter un gros cupcake alléchant, au glaçage flashy mélangeant des saveurs piquantes de gimgembre, des touches amusantes d’agrumes et des couches un peu épaisse de guimauve.
Commençons par le gimgembre, les scènes de sexes sont de vraies scènes de sexe. Octavie Delvaux ne minaude pas : on pénètre, on lèche, on suce, on fouette et on se fait fouetter, on se branle et on branle, on met et on se fait mettre dans la joie et la bonne humeur, sans tabous. BDSM, candaulisme, échangisme, lesbianisme (pas de pratiques homosexuelles masculines mais l’héroïne évoque un épisode du précédent roman où elle a offert à son amant cette découverte) mais sans aucune vulgarité. Et ça c’est un vrai plaisir, rien de graveleux, de poisseux, Octavie Delvaux mène ces coïts avec doigté.
Mais, car il y a toujours un “mais”, le vocabulaire, la sémantique, les images utilisés m’ont quelque fois paru un peu cliché : “le centre brûlant de son anatomie”, “des jouissances secrètes et inédites”, “Elle était rarement aussi excitée que lorsqu’elle jouait les salopes devant son Chéri”, “Elle avait l’impression de baigner dans une mer de vice et de plaisir sans fond”, “Sentir son érection creusait en elle des gouffres de désir”, etc.
Erotique, romantique, homoristique
Les mots pour décrire le sexe sont toujours difficiles à trouver et à manier : allez parcourir les 50 nuances de Gris pour comprendre ce qu’est l’érotisme avec un style anémique, c’est du brutal. Octavie Delvaux, elle, trébuche un peu mais il faut avouer qu’elle s’en sort assez correctement au final ; notamment sur la scène érotique finale, la scène cliché par excellence : une plage de sable fin sous la lune et un couple d’amants. L’auteure dynamite la scène (et un tabou) avec l’aide d’une ficelle dont je vous laisserai découvrir tout le sel.
Ce roman de 312 pages est aussi un récit dans lequel s’entrecroisent les histoires sexuelles, sentimentales et professionnelles d’une bande de copines très libres, avec beaucoup d’humour. Je pense à Déborah, la dominatrice amoureuse qui doute de sa vocation permet à O.Delvaux de nous délivrer quelques scènes cinglantes et très amusantes. Certaines de ces scènes sont d’ailleurs “censurées”, mais l’auteure nous les offre sur son blog.
L’humour est très présent dans ce livre et c’est un point fort de la narration. On rit, on reste léger et on prend du plaisir. L’auteure place même de ci de là quelques portraits ou scènes qui sont aussi acérés que les couteaux de cuisine de Charlotte.
Le quatrième de couverture estampille le roman comme une “comédie érotique et romantique”. Je ne peux que confirmer mais le romantisme m’a souvent paru artificiel et un peu “cucul la praline”. C’est peut-être le côté chick-lit qui ne passe pas chez moi. Néanmoins mon agacement n’a été que ponctuel, car j’ai globalement aimé ce livre. Il m’a surpris car j’ai découvert un type de récit érotique que je n’aurais sans doute pas lu spontanément. C’est un heureux hasard qui a fait échouer cette petite pâtisserie piquante sous mes papilles de lecteurs de mauvais genres.
Sex and the TV n’est pas un livre majeur de l’érotisme mais c’est bien écrit, parfois surprenant et on prend du plaisir à lire les histoires de cul de cette bande de filles. Et c’est très bien comme cela.