flickr/Henti Smith
Diane Saint Réquier, vous la connaissez peut-être sous le pseudo de « L’Actu à la Loupe« , qui scanne l’actu mais aussi parfois le cul. Elle a lancé récemment Sexy SouciS, site sur lequel elle répond à tous ceux qui se questionnent sur leur sexualité, que ce soit sous l’angle des pratiques, de la santé ou des identités sexuelles.
Tout d’abord, pour nos chers lecteurs, Sexy Soucis, en résumé, c’est quoi?
Sexy SouciS c’est un site où l’on peut trouver des réponses sur« Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe (sans jamais oser le demander) ». Qu’il s’agisse de questions sur la santé sexuelle (VIH, IST, contraception) sur le désir, le plaisir, le consentement, le rapport à son corps ou à celui de l’autre, l’identité, le genre… Et tout ça dans un cadre qui se veut radicalement inclusif : je ne pars jamais du principe que les gens sont hétérosexuels, cisgenre etc. Parce que la majorité n’a pas à devenir la « norme », écrasant au passage tou.te.s celles et ceux qui sortent du cadre. Je veux être l’antithèse des sexologues de la presse féminine qui répandent des injonctions contradictoires et des idées reçues sur les sexualités.
Diane, Freddie Mercury, ou les deux?
D’où parles-tu? D’où tires-tu l’expérience qui te permet de répondre a ces questions?
Je parle de mon ordinateur! Non, blague à part, je parle en tant qu’amatrice éclairée, disons. Cela fait depuis 2010 maintenant que je suis actrice de prévention chez Solidarité Sida. J’ai donc reçu une formation initiale solide qui s’est encore renforcée au fur et à mesure qu’on nous a proposé une formation continue sur des sujets plus pointus. Et évidemment, il y a toutes les personnes avec qui j’ai discuté depuis près de 5 ans maintenant et qui m’apprennent énormément. Cela étant je ne suis pas psy ni gynéco ou sage femme, et je sais faire la part des choses entre les informations et l’écoute que je peux fournir en tant que « paire » (dans le sens « peer », c’est à dire égale à celles et ceux qui me posent les questions) et celles pour lesquelles je renvoie vers une personne plus compétente.
D’où t’es venu cette envie irrépressible de te lancer dans cette aventure?
En fait, je me suis rendue compte que, de manière informelle, beaucoup d’ami.e.s, qui savaient trouver chez moi une certaine empathie doublée d’une absence totale de jugement, se tournaient vers moi pour me demander conseil en la matière. Du coup je me suis dit que c’est quelque chose qui manquait, en fait, on a très peu d’occasions de parler de manière ouverte et décomplexée de sexe, même (surtout ?) avec ses ami.e.s les plus proches… Le fait de proposer l’anonymat total aide aussi à libérer la parole je pense.
Que penses-tu de réponses à des interrogations cul qu’on peut trouver sur doctissimo ou sur ask.com?
Je ne veux pas tout mettre dans le même sac et il y a des gens qui font des choses intéressantes notamment sur Ask où j’ai commencé avant de lancer le site, mais il y a beaucoup de bêtises, d’imprécisions voire d’informations carrément dangereuses qui circulent. C’est pourquoi je m’efforce de ne pas répondre quand je n’ai pas une source fiable et de toujours corriger quand une personne fiable me signale une erreur ou une imprécision, c’est vraiment crucial. Il faut arrêter de diffuser des informations fausse sou imprécises sur les sexualités.
Ce que tu veux faire, ce serait pas un peu le Lovin’fun 3.0 ?
C’est un peu ça mais en version revue et corrigée, oui, pas seulement parce que c’est sur Internet mais aussi parce que depuis les études de genre, queer studies etc ont fait pas mal de chemin, et on ne peut plus les ignorer. Mon partis pris d’inclusivité radicale distingue quand même Sexy SouciS de Lovin’ Fun je crois, même si on a en commun une vision plutôt joyeuse et décomplexée de la sexualité.
Quelle est la question que tu as reçue jusqu’ici et qui t’a fait le plus sourire? Ou le plus pleurer?
Le plus sourire je ne sais pas, mais le plus pleurer c’est sans aucun doute la jeune femme qui m’a contactée après avoir été victime d’un viol. Et de manière plus générale, je suis triste à chaque fois qu’on me demande si telle ou telle pratique ou envie est « normale », ou quand je sens que les gens sont malheureux dans leur corps, leur identité ou leur sexualité. Mais je me dis que peut-être je peux un tout petit peu les aider, et du coup cela me convainc de l’utilité du site.
Retrouvez Diane le 4 mars lors de la prochaine Nuit des Vins Nus au Fabuleux Cabinet de Curiosités, rue Saint-Sabin à Paris, où elle animera un atelier consacré au Point G. Tous les détails sur la page facebook de l’événement.