Angell Summers fait du coaching
La sexologie, c’est par définition la science de la sexualité. Pour vous aider, au choix :
- Des médecins qui pratiquent la sexologie clinique, ou depuis une dizaine d’année la sexologie prescriptive via le Viagra ou d’autres médicaments censés juguler l’éjaculation précoce.
- La psychanalyse se dit aussi compétente pour traiter les troubles sexuels.
- Et enfin les différents types de conseils en sexualité, qu’ils soient dispensés par un médecin, un psychologue, un conseiller conjugal… ou un coach.
Le coaching est à la mode ces dernières années. On ne va plus « voir un psy » mais on va se « faire coacher ». Les méthodes et positionnements des psychiatres, psychologues, psychanalystes et autres psychothérapeutes ne sont déjà pas toujours faciles à discerner. A cela s’ajoutent les « coaches », dont le nom a une connotation collaborative : on est « entraîné » par quelqu’un, qui va travailler avec vous pour atteindre un objectif.
Au Québec : un ordre professionnel des sexologues
La sexualité n’est pas en reste. Les sexologues qui exercent en France peuvent le faire sans aucun diplôme requis. Certaines facultés, ou encore des établissements d’études à distance, proposent des cursus de sexologie pluridisciplinaires. Sans parler des médecins sexologues, regroupés en association.
Les coachs font donc maintenant leur apparition en sexualité. Pour exercer, aucune formation ou certification n’est nécessaire, pas plus que chez les coachs de vie professionnelle. Seule la société française de coaching, qui propose un système d’accréditation, fonctionne par évaluation par des pairs.
En sexologie comme en psychologie, c’est le contact entre le client et le praticien qui prime. Ce que confirme Mériza Joly, sexologue au Québec : « La sexologie est une science très vaste avec des problématiques variées. Comme dans n’importe quelle discipline, certains professionnels ou certaines approches vont mettre les clients plus à l’aise que d’autres. Ce n’est pas le diplôme qui favorise l’intimité et la révélation de soi chez le client mais la personne que tu es avant tout. »
Cependant, le Québec qui vient de créer, le 25 octobre 2013, un Ordre professionnel des sexologues du Québec et impose une formation en sexologie clinique. Mériza Joly en est membre.« Depuis cette date, le titre de sexologue est protégé. Seuls les gens membre de l’Ordre peuvent se dire sexologue et n’importe qui ne peut plus laisser croire à une certaines expertise dans le domaine sans risquer des poursuites judiciaires. »
Au Québec comme en France, des offres de « coaching sexuel » commencent à fleurir. Mais d’après Mériza Joly, « ce qui se produit avec le phénomène de « coaching sexuel » n’est pas nouveau. Les gens et les médias ont tendance à accorder beaucoup de crédibilité aux anciennes danseuses exotiques, travailleuses du sexe ou actrices porno parce qu’elles en ont vu d’autres, qu’elles connaissent « la vraie vie » et qu’elles ne jugeront pas les gens. »
Une bonne copine pour briser la glace?
Angell Summers est une de ces « actrices qui en ont vu d’autres ». Après 5 ans de carrière dans le X et plus de 400 scènes, elle a décidé en septembre de ne plus apparaître devant la caméra et a lancé, début 2014, son service Intimate Coaching. D’où est venu ce projet ? « J’ai fait des radios comme fun ou skyrock et je me suis rendue compte que les gens avaient plein de questions sur le sexe malgré le fait qu’on soit en 2014. Alors soit on va voir un sexologue, soit on les pose en public à la radio, soit on est tout seul. Et j’ai l’impression que les gens ont du mal à aller voir un sexologue, peut-être parce qu’il y a un côté médical qui fait peur. J’essaye d’apporter cet entre-deux, ce côté bonne copine. » C’est une activité encore peu développée en France : « Il y a peu de coachs en sexualité aujourd’hui, en dehors d’émissions de radio et d’articles sexo dans la presse. Par rapport à d’autres pays, il y a très peu d’offre de ce genre en France. »
La spécificité d’Angell, c’est de créer facilement le dialogue avec ses interlocuteurs. « Si j’avais un problème sexuel, ce serait à une actrice porno que j’aurais le moins peur d’en parler. Parce que j’ai tout vu, les gens me parlent très facilement, même si je les connais à peine. Cela crée une proximité, une connivence. Et puis avec 5 ans de porno, j’ai appris à connaître mon corps et celui de mes partenaires. Au bout de 5 ans, j’ai appris des choses, et je suis capable de transmettre des conseils. »
C’est cette proximité assumée qu’Angell Summers propose à ses clients. Pour elle, c’est un choix de se positionner ainsi : « Ça n’empêche pas que je voie cette activité comme une réelle activité professionnelle, avec une attitude distanciée, un suivi, … Et il va falloir que j’apprenne à ne pas me laisser envahir par les clients. Je compte obtenir un Diplôme Universitaire en sexologie d’ici 2 ans, ainsi qu’un stage pour augmenter mes acquis en tant que coach. Mais ça ne change pas le fait de me positionner en tant que coach, et non sexologue. »
Mériza Joly tient, elle, le discours inverse : il faut absolument un cadre. « Les sexologues ont une responsabilité envers le public et nous devons nous conformer à notre code de déontologie. On ne peut pas promettre, dire ou faire n’importe quoi. En-dehors de ce cadre, s’il arrivait un événement malheureux, il n’y a pas de recours possible en déontologie. »
Le débat est lancé, l’expérience peut-elle suffire comme formation ?
Edit le 20/06/2014 à 14h00 : précisions sur la formation à venir d’Angell Summers