Steve Carell dans « 40 ans, toujours puceau »
L’âge moyen du premier rapport sexuel a régulièrement baissé au cours du siècle écoulé, mais se stabilise aujourd’hui autour de 17 ans. Qui dit moyenne dit situations variables : certains commencent leur vie sexuelle plus tôt, et d’autres beaucoup plus tard. Ceux-ci vivent souvent difficilement leur situation, se sentant en-dehors d’un monde souvent sexualisé, avec le sentiment d’avoir raté quelque chose.
Souvent, aussi, ceux qui se retrouvent sans l’avoir voulu dans cette situation vivent un manque d’affection, de contact, en plus du manque de sexe. Hugues est de ceux-là : à trente ans, toujours puceau, il le vivait très mal. Il s’est dépucelé il y a quelques semaines, avec le concours de Justine qui l’a coaché dans sa recherche. Justine m’a raconté cette histoire, et je les ai donc interviewés tous les deux. Hugues nous explique d’abord l’origine de sa situation.
Considérez-vous que votre dépucelage a été tardif?
Oui. Je vais avoir trente ans cette année. Considérant que la plupart des humains ont en moyenne leur première expérience vers 17 ans, j’estime que j’ai perdu près de la moitié de mon existence.
Ce n’était pas un choix ?
Je ne viens pas d’un milieu à forte tradition religieuse, où la conservation de la virginité est considérée comme une valeur. Je ne pense pas que la virginité ait une quelconque valeur, ni qu’elle soit précieuse et encore moins sacrée. Je suis convaincu en revanche que la première expérience sexuelle requiert une confiance et un bien-être total entre chacun des partenaires, que cette confiance a de la valeur et que ce bien-être est précieux.
Je n’ai pas cherché à rester puceau : depuis la puberté j’ai souhaité une relation charnelle avec les femmes qui m’attiraient.
Qu’est-ce qui a permis à ce pucelage de perdurer ?
Je suis resté puceau parce qu’au cours des quinze années qui ont précédé, aucune des quatre femmes qui m’ont plu plus que les autres, que j’ai côtoyées et que j’ai approchées, ne m’a laissé supposer que je pouvais me permettre plus qu’une relation courtoise ou amicale. Mais ces femmes n’ont rencontré qu’un homme emprunté, incapable d’interpréter que les actes ou les mots à son attention n’étaient pas anodins.
Le milieu dans lequel j’ai grandi m’a fait prendre conscience de la violence des hommes, de leur insistance, de leur mépris, de leur autoritarisme, de leur intrusion, de leur manque d’égards, de leur maladresse, de leur impudence, de leur arrogance, de leur lâcheté. En conséquence, je suis resté puceau parce que les femmes n’aiment pas les “gentils garçons”, les mecs mal-assurés, les amis hypocrites qui ne pensent qu’à baiser, qui ne prennent pas de décision, qui ne font pas le premier pas, qui les prennent pour des fleurs bleues, qui ne comprennent pas quand il faut y aller, qui les font attendre trois ans, qui sont toujours puceau.
Qu’est-ce qui vous a motivé à ne plus le rester ?
Après quinze ans, c’est le chagrin, la peine profonde, le sentiment d’être plein d’une envie d’amour en gestation qui finira mort-né à défaut voir le jour ; c’est que déborder de tendresse, de caresses, de gestes qui n’ont pas d’adresse, cela déclenche un flot d’amertume acide qui ronge de l’intérieur un corps qui rêve de contact, de sentir, de goûter, de toucher, d’explorer de tous les sens l’idée salutaire de l’abandon mutuel.
Je voulais juste prendre quelqu’un dans mes bras, comme jamais ça ne m’est arrivé, je voulais embrasser une femme : jamais en trente ans ! Trente années ponctuées de rares et timides avances, pour m’entendre dire a chaque fois : “je suis déjà avec quelqu’un”… Mais qui sont-ils ces hommes-là? Qu’ont-ils fait? Qu’ont-ils dit?
Vous avez donc réussi à sauter le pas… Mais comment avez-vous fait ? Quelle nouvelle stratégie ?
Ce que j’ai changé, c’est ma conviction que je ne pouvais pas déclencher ce changement : j’ai changé mon état d’attente résignée en envie motrice.
Je m’y suis pris par des décisions simples et accessibles : la première a été de considérer que, pour moi, la méthode la plus propice à faire des rencontres, c’était d’avoir recours à un site dédié.
Ca n’a pas été difficile, mais ça a été déstabilisant. En quelque sorte il a fallu que je m’adapte au moyen : changer de forme sans changer de fond, et surtout j’ai dû encaisser le fait que comme partout, un homme grouille au milieu de semblables qui ne s’encombrent pas de considérations trop fines pour leur égo… mais c’est l’occasion d’être une bonne surprise.
Au hasard d’un site de rencontre, Hugues entre en contact avec Justine… qui va l’aider dans sa quête. Suite au prochain épisode de cette super-série-avec-plein-de-suspense.