Les objets du désir de Thomas Alien Glass
Le « redressement productif ». Le « slip français« . La « tour est folle« . La relocalisation de la production, le savoir-faire hexagonal, l’artisanat, voilà des sujets économiques dans le vent. Ce billet n’est pas sponsorisé par Arnaud Montebourg, mais Arnaud, si tu me lis, penses-y pour la prochaine com’ du ministère : le sex-toy français en a à revendre.
En voilà un qui combine sexe et artisanat : Thomas Segaud. Responsable d’une une boutique de sex-toys, Thomas est, en parallèle, souffleur du verre. Et parmi ses productions : des godes en verre. Comment on en arrive là ?
Coup de foudre pour le verre
« Je ne faisais pas grand chose au lycée, quand j’ai eu un coup de foudre pour le verre soufflé. J’ai alors fait un bac pro spécialisé en verre soufflé, en Auvergne, un des seuls qui existe en France. Dès que j’avais des vacances, je partais avec mon sac à dos pour passer du temps avec des artisans, leur donner un coup de main et apprendre avec eux. »
Une fois le bac en poche, Thomas part travailler chez un designer, à Lyon, « Du coup avec lui j’ai réalisé de nombreuses pièces. Après 4 ans, je suis venu à Paris pour faire autre chose, faire un break, et j’y ai retrouvé mon meilleur porte John Rousseau qui est un copain de promo et qui a son atelier dans le 95. »
Thomas et ses créations
A la recherche de débouchés pour son art, Thomas est embauché par le Passage du Désir… dans le métier de la vente. « Je suis responsable d’un magasin, mais mes jours off je les passe à l’atelier pour travailler pour moi, sur mes propres modèles. Au bout de 2 ans de réflexion, sur ma production, mes objectifs, j’ai lancé ma marque Alien Glass. »
Comment en est-il venu à souffler des godes ? « Quand j’étais à Lyon, de nombreuses personnes du milieu gay ou de la nuit m’avaient fait des demandes spécifiques pour des modèles, des trophées, des piercings. C’est venu naturellement en suite. »
Pas seulement des bibelots
Quand on voit ses modèles, on se dit que ça fait de beaux objets de déco… Mais les gens s’en servent-ils vraiment en situation ? « Ce n’est pas seulement un bibelot. Le poids de l’objet fait en sorte de stimuler les zones érogènes, les renflements stimulent aussi les zones telles que le point G et le point P. Qui plus est le verre est une matière à laquelle on ne peut pas être allergique, et elle prend la température du corps, on peut le refroidir au frigo ou le mettre au bain-marie si on veut jouer avec la température. Et ce sont des formes très douces, le verre étant lui-même une matière très douce. »
On nous rabâche aussi que le seul moyen pour la France de s’en sortir c’est l’innovation. Alors pas question pour Thomas de s’en tenir à ce qu’il fait déjà : « Là je viens de lancer un système d’argenture, qui donne des couleurs et des formes assez originales. Et on va développer deux modèles avec le passage du désir, dont un modèle « rainbow » aux couleurs du drapeau LGBT. Je fais aussi des recherches en ce moment, je travaille avec des gens qui font des sex-toys en acier chirurgical, avec des moteurs à l’intérieur, c’est ma prochaine évolution. »
L’aventure intérieure?
J’avoue que la première idée perverse que j’ai a eue, en voyant ces sex-toy en verre, c’est de mettre un objectif de caméra au bout, version « aventure intérieure », pour filmer ses ébats vraiment au plus près. « J’y ai pensé aussi, je cherche encore comment le faire, et j’ai aussi besoin de partenaires pour partager les coûts de développement. »
Bref ce ne sont pas les idées qui manquent… Ce qui devrait continuer à donner une certaine originalité à ces objets. Car le « made in France » a déjà permis à Thomas de faire parler de ses objets. « Je suis fier de ça et c’est vrai que ça me démarque vis-à-vis des nombreuses marques qui fabriquent aujourd’hui en Chine. Ce produit 100% made in France est vraiment sorti du lot car on est dans l’art, et dans cette identité d’artisanat local. Le vivier d’artisans se réduit d’année en année au vu des coûts de production qu’on a (le gaz pour amener la matière à 1200°C) et de la concurrence des marques fabriquées à bas coût à l’étranger. »