News paper wrap – flickr/Zubrow
Deuxième épisode de Pages brûlantes, série de chroniques de livres chauds comme l’été. Zemoga s’est attaquée à « Une femme de papier », réédition d’un succès de librairie de 1989.
Une femme de papier est écrit par une femme au cœur tendre et au ventre désœuvré, qui prend son amant donne-moi ta main, ta main carrée, plus grande que la mienne, plus chaude aussi, et qui n’a jamais eu la patience d’apprendre à être assez douce. Chapitre après chapitre elle effeuille, pour lui, l’album de leurs souvenirs.
Mariée, mère de trois enfants, Françoise Rey a été professeur dans un collège de campagne. En 1989, avec la publication de La femme de papier suivie d’un passage chez Bernard Pivot, elle est devenue une référence de la littérature érotique dès la sortie de ce premier livre.
A chaque épisode, un fantasme, raconté avec les vrais mots de l’impudeur. Il est exploré, décrit, ravivé par l’écriture, tour à tour torride, humoristique et sensuelle. Le choix d’écrire sous forme de lettres à son amant (qu’elle veut reconquérir) est habile. Elle lui rappelle avec délice les souvenirs érotiques qu’ils sont censés avoir vécus parfois ensemble, parfois avec d’autres. Cette écriture permet aussi au lecteur de passer au chapitre suivant si la situation évoquée le met mal à l’aise.
Image dégradante de la femme ? Une enseignante, une épouse, une mère de famille ! Honte, dépravation et exploitation des instincts les plus bas et les plus sordides ? Plutôt une belle recherche sensuelle, un immense désir de combler le partenaire, prendre du plaisir dans le plaisir de l’autre, un bel exercice de la connaissance de son corps, une femme qui veut jouir, qui aime ça, sans inhibition, une femme magnifiquement amoureuse, libre dans son corps et fière de l’utiliser comme elle et son amant le souhaitent… Les hommes souhaitant mieux comprendre les femmes et rendre hommage à son clitoris devraient lire cette Femme de papier.
L’écriture est enlevée, intelligente, souvent drôle, pleine d’esprit. C´est un vrai exercice de style et de maîtrise de la part de Françoise Rey. Elle nous égare sans nous abuser et parvient à ce que le lecteur ne se sente ni rudoyé ni éclaboussé dans les bourbiers où elle nous conduit. L’auteur n’a pas froid aux yeux, et certains épisodes de son bouquin m’ont donné froid dans le dos. J’aime beaucoup le début et la fin de son livre, qui rappellent que la dame ne parle pas seulement de cul. Et j’adhère à cette idée que le cœur et le cul sont difficilement dissociables.
On peut aisément imaginer le plaisir que trouvera l’amant à la lire. Peut-il résister à cet appel au sexe qui se double d’un appel à l’Amour ? Il va revenir, c’est sûr…