Le libertinage semble être de nouveau à la mode. Comme les épaules carrées façon « Working Girl » et les ballerines de toutes les couleurs, la mode n’étant qu’un éternel recommencement… Mais bon, le libertinage n’est pas tout à fait une mode comme une autre. Quoi qu’il en soit, sont-ce les reportages de Paris Dernière, les frasques de DSK, le livre de Camille Emmanuelle,… Quelle qu’en soit la raison, il faut bien reconnaître que les clubs libertins attirent de plus en plus ouvertement et qu’ils deviennent même un sujet de conversation badin dans les dîners en ville (pas tous les dîners évidemment). Certains se laissent tenter, d’autres hésitent, parlent de moral ou de principes, de rapport à soi, au corps, à l’autre… Car réfléchir au libertinage interroge bien plus que l’être sexuel que nous sommes. Parmi les questions que je me suis posées, il en est une qui anime encore souvent mes réflexions : le libertinage est-il synonyme de liberté (sexuelle ou pas) ?
Les clubs libertins ont des codes bien définis et extrêmement respectés. C’est bien normal quand on pense à ce que chacun vient y faire : se laisser aller et se livrer « à nue » pour partager des moments sensuels avec des inconnus. Il faut tout de même être un peu en confiance ! Un simple regard ou une main posée sur une épaule suffit à faire comprendre que l’on est d’accord pour continuer ou que l’on souhaite que les choses n’aillent pas plus loin. C’est bien plus facile à faire que de dire à un mec qui vient de vous offrir quelques verres qu’on n’a pas l’intention de passer la nuit avec lui !
Les codes ont donc du bon et permettent de se sentir librement en confiance. Rousseau ne nous l’avait-il pas déjà dit : « Il n’y a donc point de liberté sans lois » ? La transposition pourrait être « il n’y a pas de libertinage sans codes ».
« Tout est possible, rien n’est obligatoire »
Cette maxime libertine est une belle promesse ! Mais à y regarder de plus près, à discuter avec les un(e)s et les autres, à redescendre les marches des Chandelles, il ressort que la démarche d’aller vers l’échangisme et le libertinage encadré (les clubs, etc.) n’est pas si simple et que trop souvent certain(e)s le font pour faire plaisir à l’autre sans se préoccuper assez de leur propre désir. Vouloir faire plaisir à l’autre est en soi une belle attitude et le ciment de toute relation amoureuse, mais à trop s’oublier, on risque des lendemains difficiles. Et, lorsque l’amour s’estompe ou disparaît totalement, une gêne, un dégoût, des regrets émergents dont il sera bien difficile de se départir. Les femmes sont, il est vrai, assez douées en la matière. Peut-on alors encore parler de liberté ? Et que dire lorsque l’alcool et certaines drogues (cocaïne, mdma,…) deviennent des partenaires systématiques de ces moments ?
Le libertinage est finalement comme tout : l’important n’est pas ce que l’on fait, mais pourquoi et comment on le fait. S’il faut apprendre à connaître son corps pour prendre du plaisir, il faut, de la même manière, apprendre à se connaître pour pousser certaines portes que la morale, parfois, réprouvent. C’est parce qu’on aura pris le temps de se connaître, de penser à soi, qu’on aura du plaisir à s’oublier le moment (et le lieu) venu. Peut-être faut-il parfois un peu se prendre la tête pour bien prendre son pied. Car les seules règles importantes sont les nôtres, celles qui nous correspondent et nous constituent. On n’est pas libre parce qu’on est libertin. Mais seule la liberté de corps et d’esprit permet d’être vraiment libertin et de vivre pleinement et sereinement toutes les sexualités qui nous attirent.
The post « Libertinage » et « liberté » ne sont pas toujours intimement liés. appeared first on Le Cabinet de Curiosité Féminine.