Jamais contraste plus frappant que ce jeune ménage tout juste marié du Marquis et de la Marquise de Sade ; d’un côté l’écrivain sulfureux, le libertin invétéré, le fripon de la Cour et le futur prisonnier de Vincennes et de la Bastille – de l’autre côté, la morale, la chasteté, le désir étouffé d’une sainte dévouée à l’amour conjugal de son époux…
Dernier roman de l’auteure Mireille Calmel, cette histoire évoque la passion et les déconvenues de Renée-Pélagie de Montreuil, qui vient d’épouser ce coquin de Marquis de Sade. Charmeur et bel homme, il est à la fois tendre, aimable, libertin et romantique (il s’agit bien de Donatien Alphonse François de Sade). Sa femme, amoureuse et chaste, apprend par un correspondant anonyme les turpitudes de son mari. De candide amoureuse, elle devient une « ardente complice ». Le roman court sur les quatre premiers mois d’un mariage on ne peut plus curieux, quatre mois au cours desquels Renée-Pélagie devient la marquise de Sade…
« Une épouse ne jouit pas. Elle procrée. Dans l’obscurité, chemise remontée sur le haut des cuisses à peine entrouvertes et sur le dos. »
Ce livre évoque les premiers émois d’une jeune femme de bonne famille entièrement dévouée à son rôle d’épouse et surtout loin de se douter que son jeune époux se voue chaque jour à des réunions particulières. Une fois la nuit tombée, la maison conjugale devient le théâtre de jeux vicieux, de positions tendancieuses, de plaisirs plus interdits les uns que les autres. La jeune Renée-Pélagie ne peut s’imaginer ce qu’elle ne connaît pas finalement. Jusqu’au jour où un inconnu lève le voile sur la douloureuse vérité : « Donatien n’est pas l’homme que vous croyez. »
Pendant quatre mois d’une correspondance des plus cocasses, la marquise de Sade passe de fille vertueuse et inexpérimentée à amante joueuse et passionnée. Une fois la boîte de Pandore ouverte, il ne sera plus possible pour elle de la refermer.
Bienvenue au cœur du Paris des Lumières et de la cour de Louis XV où pratiques sadomasochistes polissonnes se mêlent au mordant de quelques scènes gourmandes orchestrées par notre cher Marquis de Sade. C’est à travers la verve innocente d’une femme qui renie sa propre morale, ses propres règles que nous passons de la dévotion, à la soumission la plus totale.
Un mélange de faits réels et scènes fictives quelque peu sadomasochistes entre adultes consentants, rien de bien méchant ne nous emballons pas.
Même si Sade ne tient qu’un rôle d’acteur dans cette intrigue, le ton vante notamment les délices douloureux/la douleur délicieuse… de l’attente. Aucune des perversions criminelles qu’on lui connaît (pédophilie, inceste, viol, zoophilie, nécrophilie…) n’est décrite ici, on assiste uniquement à des échanges variés, torrides et consentis.
Le ton du roman est à l’image du contraste que Renée-Pélagie dévoile au fur et à mesure de son apprentissage.
Ainsi douleur/souffrance, châtiment/expiation et plaisir sont indissociables chez Sade. On découvre, à travers notre héroïne, un personnage charmant et attachant (sexy, osons le dire).
L’attente a des qualités indéniables sur le désir, le plaisir, la découverte de soi, de ses envies…
Mireille Calmel tire certaines ficelles sur nos fantasmes, nos envies, nos jeux de boudoir, tout en nous invitant subtilement à la découverte du tantrisme … Finalement, même si quelque peu frustrante et douloureuse, l’attente n’est-il pas le premier pas vers le plaisir, la jubilation et la découverte ?
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