J’ai voulu faire un portrait de Kenza parce qu’après avoir lu toutes sortes de choses à son sujet (bonnes ou mauvaises), je l’ai trouvée courageuse, et moi j’aime les courageuses. Les femmes qui se battent, qui ont des convictions et qui s’affirment.
Dès nos premiers échanges téléphoniques, j’ai tout de suite senti que Kenza était une femme simple, sans prétention, j’avais la sensation de discuter avec une amie que je connaissais depuis toujours.
On se rencontre alors au café d’un très grand hôtel où elle aime travailler, c’est un immense hall qui donnerait presque le vertige.
Je m’assoie et je donne en quelques mots la direction que va prendre notre rdv. « Ma façon de faire est simple : on boit un café et je t’écoute parler, je ne prends pas de note, je t’écoute simplement, je poserai quelques questions peut-être, éventuellement. Ce qui m’intéresse c’est de te comprendre. »
Elle me parle de son enfance. Elle est née en Irak d’un papa irakien et d’une maman algérienne. Elle a deux petites sœurs. Elle vit à Bagdad quand la guerre du golfe éclate, elle n’était qu’une enfant. Elle me raconte les longs moments dans les abris où elle vivait avec sa famille, et que le bruit des bombes elle connait. « Un jour, ma mère nous a prises, mes sœurs et moi sous ses bras et elle nous a emmenées pour que nous nous réfugions en France. Mon père est resté seul en Irak et je ne l’ai jamais revu. La séparation avec lui a été la chose la plus difficile. Mais je remercie ma mère d’avoir eu le courage de nous emmener loin de tout ça, loin de ce régime patriarcal. J’ai échappé à une vie de soumission, une vie qui aurait dû se passer entre la cuisine et le salon. Quand je suis arrivée en France j’avais 14 ans, là j’ai appris ce qu’était la liberté.» Quand elle me raconte, j’ai envie de pleurer, mais je me retiens.
On parle ensuite de cette liberté, des plaisirs de la vie, qu’elle profite de tout ça. On parle de choses plus personnelles (mais je ne vous en dirai pas plus je lui ai promis que cela resterait entre nous). Elle est fascinante, drôle, généreuse. Elle me raconte sa passion pour la radio depuis son adolescence, durant laquelle elle a même été bénévole sur radio Enghien, on parle un peu de son passage dans la première téléréalité française le loft 1 où elle n’est restée que 3 semaines. Elle me dit qu’à la suite de cette expérience, elle sera une autre femme. Après une petite dépression, elle se rend compte qu’il y aura eu avant le loft et après le loft et qu’il faut qu’elle se batte. « Il a fallu faire quelque chose après cela, si je ne pouvais plus travailler dans des métiers où il y avait un contact direct avec les gens, je me suis dit qu’il fallait se servir de cette notoriété pour faire de vraies choses. Je voulais offrir au public ce que je savais faire et surtout ce que j’aimais faire : écrire et faire de la radio. »
Elle est aujourd’hui animatrice sur France bleue et auteure. Après avoir écrit un premier livre en 2003 Un jour j’ai quitté Bagdad, quatre autres livres verront le jour jusqu’au petit dernier le Petit traité de l’infidélité sorti début février. On en parle ou pas ? Au départ, comme j’apprécie Kenza je ne préfère pas, mais j’ai quand même envie de comprendre pourquoi elle a écrit ce manuel du « comment bien tromper son conjoint»… Bah oui, je suis actuellement en formation pour être thérapeute de couple, c’est un peu paradoxal de dire que ce livre est bon, n’est-ce pas ? Oui bon d’accord il est bien écrit je l’avoue, c’est une auteure c’est certain. Elle sent que je suis un peu sceptique quant au contenu lui-même, elle me parle alors de son livre, je remarque que j’avais omis quelque chose durant la lecture de ce livre, c’est qu’il s’agissait d’une étude de terrain réalisée durant un an auprès d’infidèles, ce sont les «conseils » des personnes qu’elle a interrogées, les choses qu’ils ou elles utilisent pour tromper. Voyons donc cela comme une étude anthropologique. Ce livre alors prend tout son sens à mes yeux.
On parle ensuite d’amour, de sexualité… C’est une femme curieuse et épanouie que j’ai fasse à moi et surtout libérée. Kenza c’est une femme qui ne manque pas d’humour, on rit. On se dit qu’on a quelques points communs : le plaisir assurément et celui d’en faire profiter tous ceux qui voudront.
Lorsque je sors de cet hôtel où nous avons eu rdv, je devine maintenant pourquoi Kenza aime travailler ici ; Après l’avoir écoutée me parler des abris où elle se cachait avec sa famille durant la guerre du golfe, je comprends qu’elle a besoin de grands espaces, pour elle c’est assurément la liberté…