Come4, ou la rencontre de la philanthropie et de la pornographie.
Le projet, fondé des italiens, est celui d’un site porno où l’argent de la pub ne va pas à l’industrie du sexe, mais à des ONG. Les deux fondateurs, Ricky et Marco, expliquaient à Libé à l’automne dernier:
«
c’est une opération sérieuse, radicale, perturbatrice, culturelle et politique. C’est le premier site porno entièrement non lucratif visant à financer des projets humanitaires». Leur slogan? « Porn with heart ».
Ils sont partis des constats suivants: « sex » est le mot le plus cherché sur Internet. Avec plus de 100 billions de dollars de revenus annuels, l’industrie du porno est une des plus lucratives au monde. Et pourtant, c’est aussi l’une des moins transparentes et l’une des moins éthiques. Come4 vient donc d’une idée assez géniale: imaginons une seconde qu’1% des revenus totaux du marché du porno revienne à des causes humanitaires et éthiques?
Leur objectif n’est pas seulement financier, ils sont ambitieux: promouvoir une vision positive, plurielle, et libre de la sexualité humaine, respecter les consommateurs de pornographie en ligne, et aider les associations, avec de la création de contenus.
THE LOVER from come4.org on Vimeo.
Idéalistes? Peut être. Le site n’en est qu’à ses débuts, et ils ont fait appel au site de crowd-funding Ulule pour lancer le projet. Il n’empêche qu’ils viennent de publier leur première vidéo, qui déjà dérange. Sur fond d’images érotiques, une voix off masculine raconte :
«Dans ma vie, j’ai aimé une fois. Elle ne le sait pas, elle ne m’a sans doute même jamais remarqué. Maintenant, je ne reste jamais longtemps avec la même fille.» «
Je paie pour ça, et j’aime. Je sais que c’est illégal, et je m’en fiche», continue-t-elle. On découvre à la fin que le narrateur est Asta Philpot, dans un fauteuil roulant. Né avec une maladie congénitale, l’arthrogrypose, cet Américain vivant en Angleterre se bat pour le droit des handicapés à avoir une vie sexuelle. A travers sa fondation, il «
aide les personnes invalides à découvrir les merveilles du sexe». Son combat rappelle celui de Marcel Nuss en France.
Avec le lancement du projet, Come4 lançait un pavé dans la mare du porno, là ils le lancent dans celle du débat pour la légalisation du travail sexuel. Mais un pavé lancé avec autant d’intelligence, cela ne peut pas faire de mal à notre société.