Je précise que ce billet sera plus participatif qu’autre chose car je n’ai pas d’enfant et n’en aurais pas. Donc si je peux avancer quelques réflexions sur le sujet, vos commentaires de réflexion, partage d’expériences seront plus que les bienvenus !
Dans un billet précédent, Joëlle commentait en disant « Je me souviens il y a quelques temps on a beaucoup parlé d’un article à propos de ce père qui avait mis une jupe pour que son fils ne se sente pas exclu quand il avait envie d’en porter lui aussi pour aller à l’école. Combien d’entre nous auraient ce courage là ?
Parce que se fondre dans la norme est tellement tellement facile. Le refus de l’ordre établi c’est se distinguer, se mettre dans la différence et peu en sont capables (hélas). Et au delà de ça beaucoup redoutent que ça soit cause de souffrance chez leur enfant à cause de l’exclusion que cela entraîne.
(par exemple, si ma mère m’a incitée à me défriser les cheveux c’est parce que je me sentais exclue de ce « modèle » de petite fille et que je ressemblais à un garçon. Ce n’étais pas un souhait de sa part, mais une demande qui émanait de moi parce que j’étais malheureuse. Ma mère m’a toujours préférée avec mes cheveux naturels mais elle a vu ma souffrance et cherché un moyen de m’aider).
Donc même en tant que parent « sachant » et averti des conséquences il n’est pas toujours évident de guider ses enfants sur une route épargnée par le diktat du genre. »
Nous vivons dans une société où les différences entre les sexes doivent être marquées, où les normes de beauté sont blanches. Notre société est sexiste, homophobe et transphobe (petit aparté ; cette phrase ne souffre d’aucune discussion et je censurerais toute personne qui vient m’emmerder pour m’expliquer que le société n’est pas homophobe ou transphobe. Vous êtes prévenu-e-s).
Partant de là comment faire ?
Le rôle d’un parent est de participer à la socialisation de son enfant ; en clair qu’il puisse vivre dans une société donnée sans en être exclu parce qu’il n’en partage pas les règles. Prenons un exemple ultra basique ; on apprend tous et toutes la propreté (nous avons des lieux dédiés pour les toilettes) et cela participe à un rite de socialisation.
Pour autant comment faire coïncider les aspirations de l’enfant – prenons aspirations au sens très large – avec une société faite de codes sexistes ?
J’ai souvenir il y a quelques années d’un intervenant qui était venu expliquer sa souffrance en tant qu’ homme ne rentrant absolument pas dans les schémas traditionnels de la virilité. Il avait été moqué toute sa vie durant et, avec le recul disait en vouloir profondément à ses parents qui ne l’avaient jamais forcé à adopter des attitudes viriles, à avoir des activités masculines etc. Il disait que si on l’avait forcé enfant à « devenir un homme », alors il aurait eu une vie moins difficile. J’avoue que je n’avais pas su quoi répondre ; d’une part il me semblait difficile de penser qu’aller contre ses aspirations profondes l’aurait rendu heureux, mais de l’autre le rejet systématique qu’il a subi au cours des années était d’évidence très douloureux.
Une autre fois, une femme était venue parler de son fils qui avait la passion du rose et des paillettes. Elle lui avait donc acheté une belle paire de baskets à paillettes qu’il avait mise pour aller à l’école et cela c’était mal passé puisqu’il avait été battu. Elle était venue demander conseil quant à la suite des événements.
J’avoue que je ne sais pas à quel point il faut composer avec une telle société. Je ne savais pas bien quoi répondre à cette mère, dire à son fils qu’il vaut mieux qu’il porte les baskets à la maison ? Lui apprendre à se battre (ouais super..) pour qu’il puisse défendre ses choix (de toutes façons face à une meute comment le pourrait-il ?), lui faire passer le goût de baskets roses ?
Je prends un exemple qui peut paraître anodin mais qui ne l’est pas ; si on en est à agresser un gamin pour des baskets on se doute ce qu’il se passera s’il sort d’une norme blanche, hétérosexuelle et cisgenre.
Que faire face à cela ?
J’ai coutume de dire que le féminisme a pour but la liberté de chacun et chacune ; c’est à dire la possibilité de faire ce qu’on veut sans être limité par son genre. Mais à quel prix ? Et ce prix à payer en vaut-il toujours le coup ?
Bref à vos claviers.
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