— C’était pas mal, comme film. Pour une fois, je ne me suis pas ennuyée.
— « Pour une fois, je ne me suis pas endormie », tu veux dire.
— Je ne fais que reposer mes yeux.
— Une chose est certaine : tu ne te reposais pas les yeux pendant la scène où le gars donne une fessée à l’héroïne.
— Ouais… c’était rigolo.
— Rigolo ? Tu étais assise sur le bout de ton siège et tu dévorais l’écran des yeux. Sans en manquer une miette.
— Mais non.
— Je crois que tu as envie d’une fessée.
— Arrête ! Moi…vouloir une fessée ? T’es folle.
— À la façon que tu glousses en disant ça, je sais que tu penses le contraire.
— Je ne glousse pas, je pouffe.
— De nous deux, c’est moi la pouffe. En principe, c’est à moi de pouffer et à toi de glousser.
— Ha ha ha ! Tu es bête.
— Blague à part, je suis certaine que tu as envie que je te donne une bonne fessée.
— Ce n’est que notre deuxième rendez-vous, tout ce que nous avons fait, c’est nous embrasser et tu veux maintenant me donner une fessée ?
— Je crois que nous en sommes arrivées à cette étape de notre relation, ma toute belle.
— Alors ? Tu vas laisser choir cette jupe ou tu vas continuer à l’agiter devant mon museau comme un matador ?
— Il y a quelque chose que je dois d’abord t’avouer, Anne.
— Tu es hétérosexuelle ?
— Non. J’ai… un tatouage.
— Big Deal. Comme à peu près 95% de l’humanité. Laisse-moi voir…
— Il est sur ma fesse gauche.
— Voyons cela… HOLY SHIZZLE !
— C’est le portrait de Valérie, mon ex…
— Et aussi la mienne, en quelque sorte. Wow, c’est… criant de vérité.
— Quoi ? Vous avez… toutes les deux…?
— C’est une longue et vieille histoire.
— Elle ne m’a jamais parlée de toi, pourtant.
— Disons simplement que nous ne nous sommes pas quittées en très bons termes.
— Tiens, toi aussi?
— Elle a quand même réussi à te convaincre de te faire graver sa face sur la foufoune. C’est tout un exploit.
— Je suis sincèrement désolée… Je sais que le tatouage est moche, en plus. J’espère que ça ne te traumatise pas. J’avais peur de te le montrer.
— Tu sais quoi ? Je crois que c’est parfait.
— Parfait ?
— Oui. Tu as envie d’une fessée et j’ai quelques comptes à régler avec Valérie. On va pouvoir faire d’une pierre deux coups — peut-être même plusieurs coups, si tu le désires.
— Tu veux dire…
— Viens sur mes genoux.
— Oh… chérie.
— Alors ? Tu as été une vilaine fille ?
— Oui ! Et Valérie aussi !
[S’en suivent claquements, soupirs, cris et volupté. ]