— As-tu déjà eu ça, toi, un orgasme vaginal?
— Tu veux dire avec la queue seulement? Sans jouet et sans mains?
— Ouais. Un orgasme magique, rien dans les mains, rien dans la poche.
— Ha! T’es folle. Oui, ça m’est arrivé. Une fois, y’a sacrément longtemps.
— Ça s’est produit comment?
Elle prend une gorgée de bière, se cale dans son fauteuil, puis soupire.
— Je fréquentais ce gars qui était pas mal nul au lit. Ne ris pas! Je veux dire, il n’était vraiment, – mais alors vraiment – pas doué. Quand il était bandé, c’était « écarte tes cuisses poupée que je te la mette », suivi d’une trentaine de secondes de va-et-vient frénétique, puis merci bonsoir il est parti. Pas de préliminaires, pas de postliminaires. Après quelque temps, j’avais même abandonné l’idée d’être excitée.
— Pourquoi ne l’as-tu pas tout simplement envoyée paître vite fait bien fait?
— C’est ce qui a fini par arriver. Je suis quand même restée avec lui quelques mois, c’était un gentil garçon… En tout cas. C’était un samedi matin et, à peu près chaque heure, il voulait remettre ça.
— Sérieuse?
— Je te jure. Il tirait vite, mais il le faisait à répétition… on n’avait tous les deux que vingt ans, hein. Ça faisait déjà trois fois qu’on le faisait depuis le petit déjeuner et j’étais là, couchée sur le dos, à attendre qu’il finisse et pensant à rien en particulier et puis BANG! v’là-t’y pas que j’ai un orgasme. Comme ça, venant de nulle part.
— C’est mongol.
— C’était juste un tout petit orgasme, mais un orgasme quand même.
— Qu’est-ce qu’il a dit?
— Rien. Il ne l’a jamais su. J’ai pensé le lui dire, mais… je trouvais que ça faisait malaise.
— Ça faisait malaise que tu lui dises que tu avais joui?
— Non. Ça faisait malaise que je lui dise que je n’avais pas joui toutes les fois d’avant.
— Ah, je vois.
Elle reprit une autre gorgée de bière, puis, après un long silence, demanda :
— Et toi? Ça t’est déjà arrivé?
— Non, jamais. Jusqu’à il y a cinq minutes, je pensais que c’était un mythe.
— Qu’est-ce qu’il pouvait être dans le champ, Freud, quand même.