Un autre passionnant épisode de ma vie proprette et rangée qui sera bientôt ajouté aux Mémoires de la pétroleuse nymphomane.
J’étais dans le métier sous le pseudonyme subtil (et latin) de Stella Obcura depuis presque dix mois et jamais n’avais-je eu à servir de femme. Ce qui était offert au menu aurait pu intéresser bien des dames en appétit et à la recherche d’un je-ne-sais-quoi qui leur permettrait de changer de crémerie et de varier un peu leur ordinaire… et pourtant non, il semblait que le genre de caprice que j’offrais n’attirait pas de clientes. Voilà pourquoi je fus si surprise lorsque j’entendis une voix féminine hésitante qui se renseignait, à l’autre bout du fil, sur mes tarifs et mes disponibilités.
Elle finit par me rappeler le lendemain pour me donner rendez-vous au restaurant. Lorsque j’ouvris la porte de la cuisine, elle avait le nez dans une casserole et criant des ordres sur un ton sec à ses marmitons qui s’activaient frénétiquement. Elle m’a plu dès le premier regard : elle était blonde avec des yeux noirs, la peau colorée comme une brune, avec quelque chose de rouge et de scintillant dans le sourire. Ses cheveux s’échappaient en mèches rebelles de sa toque et ses formes généreuses semblaient être sur le point de déborder de sa tunique blanche et de son tablier qui la ficelaient comme un saucisson. Quand il est question de chair féminine, j’aime les portions généreuses et il me déplaît de rencontrer une arête où je cherche un contour; pour mon grand bonheur, elle me semblait bien remplie et ferme comme la pulpe d’une pêche un peu verte.
— Tamara? l’appelai-je après l’avoir contemplé un moment.
— Quoi? répondit-elle sur un ton excédé, sans même jeter un regard dans ma direction.
— C’est moi, Stella… vous m’avez appelée ce matin…
Elle échappa sa cuiller de bois dans sa soupe, se retourna, puis, comprenant enfin qui j’étais, s’approcha de moi en essuyant ses mains sur son tablier. Elle me parla tout bas, nerveusement, sur le ton hésitant et nerveux qui était le sien au téléphone et qui contrastait tant avec celui qu’elle employait avec ses sous-fifres.
— Tu… je veux dire, vous… vous êtes un peu trop tôt, nous ne fermons que dans trente minutes et ensuite, il y aura encore des gens et on ne pourra pas… enfin, tu vois… je veux dire, vous voyez ce que je veux dire…
— On peut se tutoyer, Tamara. Et je peux revenir plus tard, ou encore un autre jour, ou ailleurs si tu le préfères…
Je lui fis le plus beau de tous mes sourires, ce qui eut l’heur de la rassurer.
— Non, non, c’est ce soir où jamais, j’ai assez repoussé l’échéance, depuis tout ce temps que je me refuse de… et puis je vous – je veux dire, je t’en reparlerai plus tard. En attendant, je t’offre un petit quelque chose pour te faire patienter. Il y a une table dans un coin discret…
Elle me fit asseoir près de la porte des cuisines, derrière une haie de plantes vertes. Le «petit quelque chose» qu’elle m’offrit s’avéra être un festin de roi : croustillant de cèpes et girolles aux marrons, brochette de Saint Jacques et gambas avec crème de persil et petite poêlée aux légumes et pour dessert, une île flottante aux pralines roses. Moi qui n’avais mangé que des pâtes et des légumes en boîte depuis plus d’un an, j’étais servie.
Lorsque tous les clients eurent quitté le restaurant et que toutes les chaises furent placées sur les tables, Tamara émergea finalement de sa cuisine.
— J’ai une chambre, à l’arrière, me dit-elle en me prenant par la main. Nous serons tranquilles pour régler notre… petite affaire.
Quelques minutes plus tard, nous en étions déjà dans le vif du sujet. Tout était humide: la nuit, la chambre, la chair de ses cuisses et surtout, cette masse pâteuse et appétissante qu’elle m’offrait en sacrifice. Nue, face au mur, à quatre pattes sur le lit aux draps tachés, enfouissait sa tête dans l’oreiller et attendait que je lui rende le service pour lequel elle m’avait payé deux fois plutôt qu’une. Les dents serrées, elle émettait de petits couinements entrecoupés de respirations rapides et superficielles.
— Vas-y… Vas-y… VAS-Y!» dit-elle sur un ton pressant.
Je m’appliquai alors à lui donner la mère de toutes les fessées. Avec la grande cuillère de bois qu’elle m’avait donnée, je la frappai encore et encore, jusqu’à ce qu’elle hurle, jusqu’à ce que son cul écarlate irradie comme un fourneau.
Quand elle se mit à sangloter et à renifler, j’arrêtai et la laissai reprendre un peu son souffle, avant de passer au second service. Lorsque je sentis qu’elle était à point, j’enfonçai mes ongles dans la chair pantelante et l’écoutai hululer. J’approchai ensuite ma bouche de sa fente; elle était béante, coulante. Ses parfums remplissaient mes narines. Moi qui n’avais pas dégusté de chair féminine depuis des mois… j’allais – encore une fois – être drôlement servie.
J’avais l’eau à la bouche, ma salive se mélangeait aux sucs visqueux de sa conque. Je la pris avec deux doigts vigoureusement, comme elle me l’avait demandé. Ses lamentations incessantes grimpèrent d’une octave lorsque mes dents plongèrent dans sa chair. Elle grogna, cria puis, après quelques convulsions et grincements de dents, elle s’immobilisa, crispée, pendant quelques secondes, puis s’effondra sur le plancher et s’y répandit comme une motte de beurre.
Sur son corps, on pouvait lire les marques de mon passage: rougeurs, ecchymoses, sang, et rigoles de larmes.
— Est-ce que le spécial du chef était à votre convenance?
Elle hocha faiblement la tête.
— Ce fut un plaisir, lui dis-je en la bordant, après l’avoir embrassée tendrement sur le front.