Faut-il avoir les mêmes goûts, la même allure physique pour vivre heureux en couple ? Ou, au contraire, être très différents ? Une étude, réalisée en collaboration avec l'appli Happy Couple, tranche : bien se connaître vaut mieux qu'être semblable.
«Mon partenaire et moi nous sommes aux deux extrêmes. Il est introverti, je suis extravertie. Il est minimaliste, j’adore le kitsch. Il porte du noir, je préfère les couleurs éclatantes, explosives…» Dans un article publié sur Bustle.com, la journaliste Emma MacGowan raconte son histoire personnelle : «Je n’irai pas jusqu’à dire que le dicton “Les opposés s’attirent” nous concerne, mais certainement nous n’allons pas tout à fait ensemble. Ces différences entre nous se sont indéniablement aggravées avec le temps, à un point presque douloureux. M’est-il arrivé de fantasmer sur un homme qui partagerait mes goûts ? Bien sûr. Au long des années à vivre ensemble, nous nous sommes cependant efforcés de nous connaître. […] Nous nous comprenons, même si nous pensons que l’autre est super-bizarre. Or voilà qu’une étude le dit : lui et moi sommes faits pour rester ensemble.»
Qu’est-ce qui fait durer l’amour ?
Emma Gowan avoue qu’une enquête statistique fait toujours plaisir à lire quand ça va dans le bon sens. L’étude en question –menée par Isaac Perron, un neuroscientifique comportemental, au sein du Insight Data Science Program– démontre qu’une connaissance accrue de notre partenaire a bien plus d’importance que nos ressemblances. L’enquête a été faite en collaboration avec Happy Couple, une application téléchargée par 750 000 utilisateurs (1) et qui répertorie une masse de donnée énorme : 120 millions de réponses de couples à plus de 3000 questions portant sur leurs habitudes de vie, leur sexualité, leurs goûts, leurs sentiments, etc. L’appli fonctionne de la manière suivante : «Chacun et chacune des utilisateurs/trices répond quotidiennement à cinq questions pour lui-même/elle-même et à cinq questions consacrées à son ou sa partenaire, afin qu’ils approfondissent leurs connaissances mutuelles.»
Gagner des bons points et…
Chaque jour, un petit quiz vous propose un choix de réponse à une question allant de l’anodin au sérieux : «Quand tous les deux vous voulez quelque chose de différent, lequel des deux renonce le plus souvent ?», «De façon réaliste, combien de fois aimeriez-vous faire l’amour avec votre partenaire?». Vous y répondez chacun de votre côté, puis l’appli calcule vos affinités en fonction du nombre de réponses qui tombent juste. C’est l’«alignement» : plus vos réponses convergent, plus vous faites monter les scores. Mais le quiz propose aussi de répondre du point de vue de votre partenaire : c’est la «connection». Plus vous connaissez l’autre (anticipant ce qu’il ou elle va répondre), plus vous avez de points. L’idée d’Happy Couple c’est donc encourager, sur un mode ludique, les tentatives de deviner ce que l’autre pense, aime ou ressent. Il n’existe bien sûr pas de recette magique pour construire une relation, mais l’appli évolue sans cesse, tirant de sa propre base de donnée des informations précieuses pour l’élaboration de questions plus pertinentes.
… construire de l’empathie
Afin de mesurer le niveau de santé relationnelle, Isaac Perron s’est concentré sur les réponses d’un échantillon de 8303 utilisateurs anonymes (hommes et femmes) à quatre questions mises au point par une thérapeute conjugale : «Vous sentez-vous découragé-e quand il faut résoudre une crise dans votre couple ?», «Comment jugez-vous votre communication ?» «Comment jugez-vous vos relations sexuelles ?», «Diriez-vous que vos conflits dérapent facilement ?». Comparant ces réponses aux degrés d’alignement des utilisateurs et aux niveaux enregistrés de «santé du couple», Isaac Perron établit que les personnes qui s’entendent le mieux ne sont pas celles qui donnent les mêmes réponses aux mêmes questions (l’«alignement»). Non, les personnes qui s’entendent le mieux sont celles qui, tout en donnant des réponses très différentes aux mêmes questions, savent quelle sera la réponse de l’autre (la «connection»). En d’autes termes : avoir les mêmes goûts ne signifie pas que vous connaissez l’autre.
Etre pareil ne signifie pas être proche
Etre semblable ne signifie pas se comprendre. Autrement dit, mieux vaut faire partie des gens qui –tout en étant relativement étrangers l’un à l’autre– essayent de combler le fossé que des gens qui –ayant trop en commun– restent ignorants de qui ils sont l’un l’autre. «Etre différent, ça veut dire qu’il faut beaucoup parler», conclut Emma Gowan. A savoir : Happy Couple est né de la rencontre en 2012, sur Tinder, entre un ingénieur français (Julien Robert) et une designer Google de San Francisco (Erin Johnson). Ils se marrièrent et créèrent l’appli, en 2015, afin d’aider les couples à surmonter leurs différences.
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Les résultats de l’enquête complète en anglais.
NOTE 1 : 70 000 utilisateurs sont actifs sur Happy Couple. Certains participent à l’élaboration de nouvelles questions. D’autres font évoluer l’appli qui s’est dotée d’une fonction «chat» afin que les couples échangent et discutent. L’appli propose aussi d’envoyer des messages ou de lancer des défis à son-sa partenaire.