Non ? Normal. Personne ne sait. Gilles est un «manteau de peau». Cet inconnu pose nu. La photographe Vanda Spengler l'a adopté comme muse. Avec une dizaine d’artistes, elle fait de Gilles le fil rouge d’une exposition intrigante intitulée «g\’il.les\».
De «l’os à la peau, en passant par l’âme», une dizaine d’artistes sondent leur rapport au corps par le biais d’un travail dont le mystérieux Gilles constitue la clé de voute. Du 18 au 30 septembre, au 59 rue du Rivoli (Paris), l’exposition –qui rassemble photo, peinture, graphisme numérique, sculpture et performances– explore les ombres creusées par l’anatomie singulière de Gilles : mais que cachent ce «rhytidome bouleversant», ces «vertèbres apparentes» et ce thorax «doté de son sternum poignant» ? La photographe Vanda Spengler répond.
Qui est Gilles ?
Gilles est un être mystérieux, sexagénaire opaque, qui se livre lorsqu’il est nu.
Combien pèse Gilles ?
Peut-être pèse-t-il 60 kilos. Ou moins. Sa carcasse porte le poids d’une existence qu’il ne nous raconte pas.
Quel âge a-t-il ? Quel est son passé ?
Gilles à 62 ans je crois. Je ne lui ai pas posé de questions sur son passé. Je devrais. Il se méfie des mots. Il parle avec sa peau.
Quel parcours l’a amené à poser nu ?
Il travaille dans l’informatique, n’a pas une vie sociale très riche, enfin, c’est ce que je devine. Un jour, il est venu à l’une de mes séances photo collective avec un.ami à lui. Tout le monde est le bienvenu, avec son corps, ses fêlures, et lorsque je l’ai vu, j’ai eu un choc. Il semblait si vulnérable, tortueux. J’ai presque eu peur de sa démarche si particulière, presque étrange.
Quand et comment avez-vous rencontré Gilles ?
Je l’ai rencontré lors de cette première séance photo dans un recoin perdu du bois de Vincennes il y a 4 ou 5 ans. Il devait se mettre nu avec 10 inconnus et se battre.
Qu’est-ce qu’il a fait ou dit qui vous a frappé en lui ?
Sa présence à la fois singulière et banale, sa beauté dérangeante, sa maladresse mêlée à une puissante envie de crier au monde «je suis là, que vous le vouliez ou. non, j’existe, avec mes failles et mes peurs, j’existe». Il me touche et me bouleverse depuis. C’est devenu comme une muse. Il incarne mes névroses, il les personnifie, leur donne corps.
Quand vous travaillez avec lui, qu’est-ce qui le caractérise ?
Gilles s’abandonne complètement, il fait réellement don de se personne. La bienveillance et la vigilance sont de mise pour ne pas outrepasser ce qu’il veut offrir. Il devient ce que l’on projette sur lui, tel une marionnette. Il est assez passif, d’une candeur rare. C’est un enfant enfermé dans un corps de vieil homme.
Que s’est-il passé pour que vous le présentiez à tou-te-s vos ami-e-s artistes ?
J’aime partager et faire se rencontrer les belles personnes qui m’entourent et m’inspirent.
Que s’est-il passé pour que tous et toutes s’inspirent de Gilles et en fassent un modèle ?
Nous admirons sa totale transparence. Il ne triche jamais. Il EST cette âme qui représente nos zones d’ombres.
Pourquoi écrire ainsi le nom de Gilles (g/‘il.les/) ? Qui a décidé de cette orthographe ?
Gilles ne comprend pas qu’il nous bouleverse. Il n’aime pas tellement la lumière et n’assume pas d’être la pierre angulaire de cette exposition. Nous avons joué avec les ponctuations pour qu’il accepte que son prénom devienne son double artistique, en quelque sorte.
Gilles est-il érotique ?
Pour moi, aucun de mes modèles n’est érotique. Ils expriment des doutes et des questionnements humains asexués. La nudité permet juste d’ôter tout artifice, de se dépouiller, de se sentir plus vrai.
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EXPOSITION «g\’il.les\» au 59, rue de Rivoli 75001 Paris. Du 18 au 30 septembre de 13h à 20h (lundi fermé). Organisée par Louise A. Depaume + Vanda Spengler + Louise Dumont
VERNISSAGE le jeudi 20 septembre à 19h. Finissage le samedi 29 septembre
Avec : Louise A. DEPAUME // Laurent BENAIM // Jean-François BOURON // Louise DUMONT // Claude DUVAUCHELLE // Richard LAILLIER // Aurore LEPHILIPPONNAT // NIHIL // Mila NIJINSKY // Jérôme OUDOT «Trëz» // Pascaline REY // Francesca SAND // Vanda SPENGLER //
Mardi 18 septembre à 19h30 : LECTURE, Aphra de NUCINGEN. Textes d’Alice Legendre & Aphra de Nucingen // Mercredi 19 septembre 16h - 20h : MICROÉDITION, MAD GLEAM PRESS // Mercredi 19 septembre à 20h : POESIE, «Hasard logistique», Thibault DAELMAN. Sur réservation : thibault.daelman@gmail.com // Jeudi 20 septembre à 20h30 : DANSE, «BODYING / rituel de l’être-corps», Juan DEL’O // Vendredi 21 septembre entre 16h & 20h : FRESQUE, Jean-François BOURON & Zélie DETHOREY // Samedi 22 septembre à 20h30 : PROJECTION DOCUMENTAIRE «Vanda Spengler… aura ta peau!», Vanda SPENGLER & Antoine DESROSIERES // Mercredi 26 septembre 16h 20h : MICROÉDITION, LE BATEAU // Jeudi 27 septembre à 19h30 : PERFORMANCE, «Dilemme amer», Catherine URSIN // Samedi 29 septembre : Finissage et vente aux enchères