Tout a commencé avec un pectoral droit. Non mais restez, vous allez comprendre.
Tout a commencé avec un pectoral droit qui dépasse d’un marcel trop grand dans un podcast, sur une vidéo postée sur mon mur en guise de clin d’œil. Mais plus qu’un téton qui fait coucou, Nicolas Meyrieux, humoriste et youtubeur de 29 ans, possède aussi une conscience du monde qui l’entoure. Et distille cette conscience à travers ses sketchs et ses vidéos.
Vous commencez à me connaître, un téton altruiste qui se sert de l’humour pour informer et traiter de l’actualité, n’en jetez plus. Rendez-vous était donc pris avec ce jeune homme au talent inversement proportionnel au SWAG de sa coupe de cheveux (il est en effet venu à notre entretien avec une casquette de dresseur Pokemon…).
Nicolas bonjour ! Humoriste, c’était un rêve de gosse ? (Ouais je pose des questions dignes de Drucker, j’fais ce que je veux).
Absolument. J’aime faire rire depuis que je suis né. Quand j’étais petit, je fantasmais sur les humoristes mais je ne concevais pas (encore) d’en faire mon métier, j’étais épaté de voir des gens seuls sur scène, faire rire des milliers de personnes. En premier lieu, je me destinais à être comédien, mais l’humour a toujours été mon sas de décompression, et même quand je répétais des scènes tragiques, je finissais par débiter une connerie.
Un jour, mon prof de théâtre m’a mis face à moi-même et m’a ouvert les yeux sur le fait que, plus que la comédie, je voulais faire rire. Même s’il faut être un sacré comédien pour être un bon humoriste, parce qu’il faut faire adhérer à ton histoire…
Faire ce métier m’a vraiment changé. J’ai canalisé mon énergie… Avant j’étais vraiment un énergumène. Ça m’a rendu plus « supportable ». C’est fou l’énergie qu’on dépense (et qu’on prend au public) pour faire rire les gens ! J’ai décidé de concentrer cette énergie et d’en faire mon métier.
Raconte-moi un peu ton parcours…
Quand j’ai décidé de me lancer, j’avais 21 ou 22 ans. J’ai débarqué à Paris, sans famille et sans argent pour suivre des cours de théâtre. Mes parents n’étaient pas d’accord avec mon projet et ont boudé un temps…
Je suis monté pour la première fois sur scène au FIEALD et j’ai jamais eu autant de mal à contrôler mon sphincter de ma vie. A un tel point que j’ai mis un an ensuite à réitérer l’expérience. Entre temps j’ai quitté mon quartier, Belleville pour cause de cassage de gueule en bande organisée. Un ou deux mois après m’être fait licencier de mon ancienne boîte. Plus d’argent, plus d’appart, les choses se compliquaient, j’ai dû quitter Paris et je suis devenu pendant deux ans « SDF de luxe »… De luxe parce que j’ai vadrouillé, logé chez des amis un peu partout en France, et puis j’ai atterri à Hossegor pour faire du surf…
Et il y a quatre ans, je suis revenu à Paris avec mon jeune frère, qui veut devenir réalisateur. Et c’est là que ma carrière a vraiment débuté.
Au début, je jouais dans la cave d’un bar, avec Reda Seddiki, un autre humoriste, devant des gens qui n’en avaient rien à foutre… Un soir, Gérard Sibelle m’a vu jouer et a m’a envoyé Dominique Lebé (le directeur du festival Top In Humour), qui m’a proposé de m’acheter un spectacle d’une heure. Banco. Puis j’ai joué à la cible, au café Oscar, à la Comédie des Boulevards… Et me voici à la Contrescarpe.
En parallèle, j’avais une chaîne sur Dailymotion, bien avant que Youtube se démocratise. Je trouvais dommage qu’à part « Bonjour Tristesse » aucun podcasteur ne traitait de l’actualité. Alors quand le site auféminin.com a annoncé qu’il en cherchait un, j’en ai profité. C’est ainsi qu’est née La Barbe.
Bah tiens, parle nous de La Barbe…
La Barbe est la suite logique de ma démarche sur scène. Ce sont des vidéos en format court, dans lesquelles j’aborde des thèmes variés : politique, religion, économie, écologie… J’y traite des mêmes sujets que dans mes sketchs, en proposant une information « alternative ».
Du coup, tu te définirais plus comme un « humoriste conscient ? » ou comme un altruiste qui se sert de l’humour pour faire passer les messages ?
Je me définis d’abord comme un artiste, qui peut utiliser ce qu’il veut comme moyen d’expression, et l’humour est un art comme un autre. Je dis effectivement souvent que je fais de «l’humour conscient » et pour répondre à ta question, je pense me situer entre les deux. Je m’exprime à travers l’humour…
Genre si tu savais jouer de la harpe, tu ferais de la « harpe consciente » ?
Hahahaha ! C’est un peu ça…
Et tu comptes te lancer un jour dans une cause en particulier, si ce n’est pas déjà fait ?
Il y a trop de causes pour que j’en défende une seule ! J’aimerais changer le monde, mais je le fais avec mes moyens. Je suis plus un « relais » de l’information, je veux rendre visible l’invisible et du coup ça ne s’applique pas à une cause en particulier, je suis engagé dans tout et dans rien finalement…
Où te souhaite-t-on d’être dans 5 ans ?
Dans 5 ans ? A l’Elysée avec tout le peuple français pour organiser la VIème république, si les gens veulent faire la révolution, je veux bien les relayer… Plus sérieusement, j’aime pas trop l’ego trip, je me fous de la salle dans laquelle je joue, du moment que je peux vivre de mon métier, je serais heureux…
Dernière question : penses-tu qu’être quelqu’un de bien soit compatible avec le succès ?
Bah carrément ! Et pourquoi ça ne serait pas compatible ? J’ai eu l’occasion de rencontrer des gens extraordinaires qui combinent les deux : Baptiste Lecaplain, Bun Hay Mean, Casimir… Et j’veux pas dire, hein ? Mais Casimir a su rester simple ! Et il n’a plus rien à prouver ! Le mec, il pèse, quoi !…
Nicolas Meyrieux Débarque sur France 4 avec La barbe, dont les vidéos sont disponibles sur sa chaine. Vous pouvez aussi le retrouver dans son spectacle Dans quel monde vit-on ? tous les jeudis à la Contrescarpe, dont les billets sont en vente ICI, et ICI.
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