- Mais arrête de vouloir tout contrôler ! Putain ! T’es en train de flirter là, pas de RECRUTER ! Pourquoi tu veux toujours tout maîtriser ? Ce que tu manges, ce que tu bois, ou ne bois pas, l’argent que tu dépenses, et ce que tu ressens pour Untel ou Unetelle ! Fous-toi la paix et VIS UN PEU !…
Je me prends assez régulièrement ce sermon de la part de tous mes proches. Mon propre père me dit de prendre plus de bon temps. Je sais que le ton employé est proportionnel à l’amour que mon entourage me porte. Alors je me tais.
Parfois, j’aimerais exploser et leur dire. Leur dire que 95% des problèmes que les gens rencontrent, ils les ont créés eux-mêmes. Que je passe ma vie à observer les erreurs des autres, et que je préfère mille fois être à ma place. Mais je me tais parce que plus que tout le reste, j’ai une bonne maîtrise de mes mots….
Et pourtant je suis vivante, et bien vivante, chaque fibre de mon corps s’émeut de ce que je vis. J’explose de joie, je pleure des rivières. Moi aussi je peux brûler de colère et dégouliner de désir. Je ne suis pas une “control freak”, juste une adulte qui sait ce qu’elle veut. Et j’estime qu’à mon âge, normalement, on sait ce qu’on fait. En plus, les “control freak”, plus qu’eux-mêmes, cherchent à contrôler les événements ou les autres. Certes, j’aime provoquer la chance, et me fabriquer des opportunités, mais j’accepte les événements qui surviennent et je compose avec.
En revanche, j’ai développé une grande capacité à me faire violence et à prendre des décisions qui vont à l’encontre de mes émotions, ou de mes désirs. Mettons-nous d’accord : je ne refuse ni le plaisir ni le bonheur. Je le prends ou je peux, et dès que l’occasion se présente. Mais j’ai posé des limites à mon hédonisme, ce sont les conséquences de mes actes. J’ai un très grand sens moral. Même si je ne l’ai pas suivi durant des années. Et cela m’a valu de nombreux ennuis. Aujourd’hui, j’ai une idée très précise de ma destination, et de la route à observer pour y parvenir. Alors je la suis. Et je refuse… je REFUSE !… Je refuse… Je refuse d’être ma propre victime.
Parce que se laisser déborder par ses émotions et en perdre la maîtrise de ses actes, c’est à mon sens, être sa propre victime. Je suis en paix avec mon cœur, mes hormones, mes appétits, je les accepte, je laisse les torrents et les vagues me traverser. Parce qu’après tout, les émotions ne sont « que » des émotions. Je leur accorde l’importance qu’elles méritent. Je les libère sur le bitume, ou dans ma chambre, seule ou accompagnée. La porte fermée, je rêve, je pleure, je fais la danse de la victoire, j’écris ou je m’épuise physiquement… Puis je respire un bon coup et je reprends ma route…
Alors je me lève une heure plus tôt pour enfiler mes baskets, et me couche plus tard pour terminer un article, je refuse une glace au chocolat en fin de repas, je prends rendez-vous avec ma banque (pour y vivre les 23 minutes les plus pénibles de ma vie) je repose cette paire de pompes en rayon (la dernière à ma taille, putain). Et surtout, surtout, je prends une grande inspiration… et je ne rappelle pas ce mec, qui me vrille les sens et le cœur, parce que j’ai autre chose à faire que tomber amoureuse d’un garçon qui ne me convient pas…
Oui, mes journées sont rythmées de regrets, de moments ou mon cœur tonne, mais où je ne moufte pas. Ma vie est ponctuée d’instants sur le fil, ou je serre la mâchoire et ou je dis « non merci ». Mais plus jeune, mon impulsivité m’a coûté si cher. A présent j’ai compris qu’elle nuisait à un bonheur durable. Mon cerveau est définitivement mieux fait que mon système nerveux. Je suis ma meilleure amie et je ne me laisse pas d’actes manqués…
Du coup, je cours encore et encore, et très souvent aussi, de plus en plus, je médite. Ces deux exutoires sont les moyens les plus simples et les plus sages de me canaliser. Je m’assois en tailleur dans ma chambre et les yeux clos, je regarde mes émotions en face. J’affronte mes boules au ventre, mes envies mal dirigées, mes frustrations, mes angoisses, et mes remords. Je ne les nie pas, et je ne les repousse pas non plus. Elles sont incluses dans le package de la réussite. Je les ai intégrées comme un mal nécessaire que j’évacue en respirant par le ventre. Et quand je rouvre les yeux, après 30 minutes de tempête silencieuse, elles ont disparu. Alors elles ne me font plus peur, et je ne les fais payer à personne.
Non, mon grand désir de contrôle ne m’a pas rendu plus irritable, plus « soupe au lait », ou « peine à jouir ». Bien au contraire, je me sens libérée. Je ne me pose plus de questions sur ce que je dois faire. J’ai la clé. La clé, c’est l’action, et non la réaction. Et la différence entre l’une et l’autre ? C’est ce temps de latence. Celui où je fais un pas en arrière, et où j’observe la situation… Et où je reprends le contrôle.
(cc) cjnzja
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