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(cc) krystynana
Lire l’édito La BR au mois d’août : c’est Total Porno.
Le « quadra » a reçu les signes de mon émoi comme un encouragement. Une de ses mains vient se poser sur ma cuisse. Même si mon jean fait barrage, le contact avec sa paume électrise mon épiderme. Son visage est proche du mien, j’oublie toute morale et lui offre mes lèvres sans qu’il n’ait besoin de les demander.
Ce baiser efficace me fait perdre pied et me transporte vers un plaisir inattendu. Sa main remonte le long de mes cuisses ignorant les voyageurs présents dans les autres rangs. La nuit est tombée, l’éclairage des néons veille sur notre découverte réciproque. Le « quadra » me couvre de sa veste, cachant ainsi des regards ses gestes de plus en plus osés.
Ses doigts se sont aventurés sous mon pull-over et font connaissance avec mes seins réceptifs. Un toussotement discret vient interrompre une vague de désir brûlant. Le contrôleur droit comme un i attend que nous lui présentions les billets. Il m’est demandé de régulariser ma situation illégale en m’acquittant du reste à payer pour Valence - Marseille. Son regard sévère ne laisse aucun doute sur l’avis qu’il porte sur nos ébats. Il part rapidement en ne nous souhaitant pas un bon voyage.
A peine le contrôleur a t-il tourné le dos que mon voisin reprend là où il en était resté. Il dirige les opérations avec habileté. Une bosse est apparue sous son pantalon, le plaisir a été partagé, même si j’ai été passive.
« Je vais dans les toilettes, rejoins moi dans deux minutes. »
L’invitation est claire. Je ne réponds pas tellement je suis soufflée par la proposition qu’il vient de me faire, avec le même aplomb que s’il venait de me proposer de jouer au tennis. Tout va trop vite, je n’y suis pas préparée. Je n’étais pas une fille facile et pourtant le « quadra » me fait découvrir les sentiers non balisés d’un plaisir sur le grill. Il est parti sans se retourner.
Les deux minutes se sont écoulées. Je sais que je n’ai pas le culot de le rejoindre et encore moins d’affronter son regard lorsqu’il regagnera son siège déçu par ma fébrilité. Je m’empare de mon sac, le manteau sur le bras, je m’enfuis à l’opposé des toilettes. Le cœur battant, je traverse les wagons, paniquée et honteuse d’avoir perdu le contrôle. Le visage de mon copain vient de surgir dans mon esprit. La culpabilité au corps, je cherche un espace discret où me cacher.
Je suis essoufflée comme si je venais de courir un marathon, le stress m’oppresse. Je me suis posée entre deux wagons, dans l’espace dédié au stockage des bagages. Le temps me semble long, les minutes s’égrènent comme des heures. Je suis sur le qui vive et guette avec crainte l’arrivée du « quadra ». Mon inquiétude s’avère infondée.
Une demi-heure plus tard, Marseille est annoncée. Je descends la première du TGV, et sans réfléchir, je cours à en perdre haleine vers la sortie. Je dévale les immenses escaliers de Saint Charles. Il fait nuit, je suis seule dans une ville que je ne connais pas.
Machinalement, je remets mon téléphone portable en route, poursuivant ma fuite éperdue vers l’obscurité. J’ai peur, peur de ce que je viens de commettre et peur de recroiser le chemin du « quadra ».
Plusieurs appels en absence de mon copain s’affichent, me jetant au visage ma tromperie. Je m’assois sur un banc pour écouter la messagerie. Le ton de mon copain est à la fois inquiet et en colère de ne pouvoir me joindre. Je reste perdue dans mes pensées, réfléchissant à comment je vais pouvoir gérer les retrouvailles avec mon copain, après ce qu’il vient de se passer.
Un SMS sonne dans la nuit. Il est de lui et sa lecture me scotche. « Tu n’es qu’une salope. Adieu. » Un lien me dirige vers le site d’une agence spécialisée pour tester la fidélité des conjoints.
Je viens de me faire piéger avec succès. Le « quadra » a joué son rôle de tentateur à la perfection.
FIN
(cc) Gustavo Minas
Il parait que le sujet du moment c’est le Total Porno dans la tanière du Diable (excusez l’analogie). Et comme j’ai une sacrée relation à la pornographie, je ne pouvais pas passer à côté d’un tel sujet.
Je ne vais pas parler de la première fois que je suis tombée sur une vidéo ou un film sur Canal +, parce que je m’en souviens pas. Je ne vais pas non plus raconter que ça me dégoûtait carrément de voir des gens copuler et les gros plans sur les génitaux masculins il y a quelques années. Parce que, blague à part, j’avais une sorte de répulsion pour les sexes d’homme. C’était juste affreusement laid, point. Et puis il faut dire que j’étais plutôt frigide. CQFD.
J’ai donc tout naturellement commencé par les lesbiennes. Tellement plus sexy. Tellement plus glamour. Pendant longtemps, je me suis abstenue de regarder des vidéos mettant en scène un homme et une femme. Juste pour pas avoir le fameux gros plan. Puis j’ai eu ma première expérience sexuelle. Ma première fellation. Totalement imprévue. Spontanée. Et je me suis dis que finalement, c’était pas aussi dégueu’ que ce qu’on entendait. Ce qui m’a poussée à regarder les vidéos que j’avais étiquetées : NO WAY !
Et puis, le besoin de s’instruire aussi d’une certaine manière. D’apprendre des choses. De voir comment on fait ça, ou ça. Comment on appelle telle ou telle chose. C’était éducatif en somme ! Excitant mais éducatif. Sauf qu’au fur et mesure du temps, j’en ai regardé des tonnes. Et de plus en plus souvent. Et de plus en plus dans l’objectif précis de me faire jouir devant. C’était devenu clairement une partie non négligeable de ma sexualité. Mes désirs et mes fantasmes s’étaient développés en fonction des ces films. La fréquence était résolument de plus en plus importante aussi. J’avais besoin de plus. Ma libido est montée en flèche pour ne jamais redescendre. Toujours plus. Tout en restant dans des choses assez classiques tout de même (faut pas déconner).
Et puis j’ai commencé à fréquenter des garçons. Je n’allais jamais plus loin que les préliminaires, conservant jalousement mon hymen. C’est là que l’effet s’est fait sentir. Devant une vidéo, l’orgasme pouvait arriver - selon mon envie - à une vitesse fulgurante. Avec un garçon, c’était atrocement long. Terriblement épuisant. Si bien que j’ai compris qu’il m’était devenu presque impossible de jouir sans me faire mon propre film dans ma tête. Et encore, ça n’accélérait pas vraiment le processus… Finalement, même le cap de la pénétration passée, c’était pareil. Autant dire, qu’il y a mieux.
Le souci étant que les films porno allant de paire avec ma sexualité, il m’était inconcevable d’arrêter d’en regarder. Du coup, c’est toujours autant le cas. Et j’ai toujours un problème pour atteindre l’orgasme avec mon partenaire. Attention, j’adore ce qu’on me fait. Et je prends vraiment mon pied. Mais c’est comme si ça ne me suffisait pas, comme s’il manquait l’étincelle qui me ferait décoller. Pas moyen de jouir sans me faire mon scénario dans ma tête. Et pas n’importe lequel : un vrai truc porno. Les mots crus, une certaine violence ou domination. Oui, parce qu’il faut savoir que c’est ainsi que je conçois mes rapports aujourd’hui. Porn effect.
Bien sûr, n’allez pas croire que c’est le cas à chaque fois. Au contraire. C’est même moins fréquent que je voudrais. Faire l’amour, doucement, tendrement, j’aime beaucoup aussi. Même si dans ma tête, c’est une avalanche de scènes pornographiques. Cela dit, c’est clairement en “baisant” que je retrouve ce dans quoi mon imaginaire baigne.
Je disais que je mettais un temps infini à obtenir mon orgasme. Tant et si bien que parfois, au bout d’une heure d’acharnement, je laisse tomber. D’autant que mon pauvre homme tente de maintenir les choses jusqu’à ce que j’y arrive. Frustration.
J’ai essayé la technique du “je me vide l’esprit, je pense à rien” ou même du “plus de porno pendant une ou deux semaines“. La première marche bien tant que je veux pas avoir d’orgasme, la deuxième… Dois-je vraiment en parler ? Pourtant, je me rends compte que je commence tout juste à me détacher des scénarios dans ma tête pour me concentrer exclusivement sur ce qu’il se passe. Bon, ça a ses failles et ça ne marche pas toujours, mais même si les orgasmes qui en découlent se comptent sur les doigts d’une main, c’est quand même bien plus intéressant qu’un orgasme provoqué.
Et vous ? Est-ce que le porno a vraiment influencé votre sexualité ?
(cc) the|G|™