Un peu partout, on trouve des textes sur ce que doit être un bon Maître. La plupart de ces récits décrivent une vision idéalisée du rôle et sont très éloignés de la réalité. Pourtant ces écrits sont repris et propagés par les soumises. Ses textes ont tous le même défaut. Ils oublient totalement l’autre tenant de la problématique : la soumise. Sans elle il n’y a pas de Maître. Alors si l’on est en droit de se demander ce qu’est un bon Maître, il faut aussi se demander ce qu’est une bonne soumise.
Il faut déjà mettre hors course celles qui sont incapables de faire la différence entre une soumise et une esclave. Quand une femme me dit qu’une soumise doit obéir aveuglément à son Maître, qu’il a tous les droits, etc. nous sommes en plein hors sujet. Rappelons que la soumise ne transfère qu’une partie du pouvoir à son Maître. C’est ce qui la distingue de l’esclave. Donc non, le Maître n’a pas tous les droits.
Il y a ensuite celles qui ont une vision très idéalisée de la soumission. C’est surtout le cas chez les novices. Nous abordons là le premier point important pour une soumise : l’esprit critique.
L’esprit critique
Avant d’être une soumise elle est d’abord une femme adulte donc responsable de ses actes devant la loi. Elle doit être capable de faire la part des choses, rechercher l’information et décortiquer les textes qu’elle trouve. Quand une femme décide de se lancer dans une nouvelle activité professionnelle elle ne part pas comme ça la fleur au fusil. Elle pèse le pour et le contre, dépose un CV, fait un business plan si nécessaire et une demande de prêt à sa banque le cas échéant. Bref, elle se donne le temps et les moyens de la réflexion. Être une soumise rentre dans la même démarche. La première qualité d’une soumise sera donc sa capacité à peser le pour et le contre, de chercher le maximum d’informations, de contacter d’autres soumises et des maîtres pour comparer les avis. On ne confie pas une partie de sa vie à quelqu’un sans un minimum de précaution.
Beaucoup de femmes rêvent de soumission comme du paradis. C’est comme ceux qui rêvent d’aller vivre sur une île au soleil. Partir pour changer de vie, beaucoup en rêve mais peu le font car le projet est risqué et complexe à mettre en œuvre. Entre le rêve et le passage à l’acte il y a un gouffre.
La soumission est un processus similaire. Entre le rêve et la réalité il y a ce gouffre. Pour devenir soumise il faut être capable de construire le pont qui vous permettra de le franchir sans tomber dans le vide. On comprend de suite qu’il n’y a pas de place pour l’amateurisme. Je veux dire par là qu’agir sans réfléchir aux conséquences de ses actes parce que l’on se laisse aveugler par le rêve peut se solder par un véritable désastre. L’esprit critique est alors un atout décisif !
L’autonomie
Au début, la soumise est une femme libre. Elle est donc autonome et elle doit le rester.
Quand, vous demandez à des soumises, avec ou sans collier, ce qu’est « Une Bonne Soumise », vous avez souvent l’impression d’entendre parler des esclaves. A les écouter, elles sont les choses de leur Maître, il peut tout exiger, tout faire, son pouvoir est total.
Comme mentionné plus haut, la soumise ne donne qu’une partie plus ou moins du pouvoir. Cela veut dire qu’elle doit continuer à gérer toute la partie de sa vie qui est restée sous son contrôle. Elle mène donc une partie de sa vie de son côté.
Je ne détiens pas la science infuse et ce qui suit n’est que mon point de vue personnel sur ce sujet. Je considère que certains domaines doivent rester sous le contrôle de la soumise car ils sont vitaux pour sa survie et son équilibre.
- Le travail: A moins d’être rentière, une soumise à besoin de gagner sa vie. Elle doit donc travailler. Elle doit décider seule de la façon dont elle veut gérer sa vie professionnelle. Cela ne veut pas dire qu’elle ne doit pas demander l’avis de se Maître, cela veut simplement dire qu’au final, c’est elle qui prend les décisions.
- Les finances: Le nerf de la guerre. Si la soumise ne veut pas se retrouver dans une situation désastreuse en cas de séparation, il vaut mieux que le Maître que mettent jamais son nez dans les comptes.
- La famille: Beaucoup de Maître ont cette fâcheuse manie de vouloir isoler leur soumise, sans doute pour mieux la contrôler. Beaucoup de soumises acceptent considérant cela comme normal. C’est une erreur. Toute personne, quelle qu’elle soit a besoin de maintenir des liens avec sa famille si elle en éprouve le besoin. La famille fait partie de soi et la mettre de côté contre sa volonté détruit la personne plus qu’autre chose. Et je ne parle pas des soumises qui vivent en couple vanille.
- Les amis: Ils sont aussi importants que la famille. Vouloir les écarter pour plaire à son Maître est extrêmement dangereux, car le manque fragilisera la soumise au fil du temps. J’aborde aussi le problème Facebook. Le grand délire des Maîtres est de vouloir en prendre le contrôle. Je ne pense pas que cela soit une bonne idée. Contrôler le Facebook de sa soumise c’est considérer qu’elle n’est pas apte à le gérer elle-même. C’est un manque de confiance manifeste hors la D/s est une relation qui repose essentiellement sur la confiance. Beaucoup de Maître se retranche derrière l’argument qu’ils veulent protéger leur soumise des prédateurs. Je pense que n’importe qu’elle femme pourra attester que dans la vie réelle, les dragueurs et autres morts de faim se manifestent à tout moment et les Maîtres ne sont pas là pour faire le ménage. Les femmes se débrouillent seules. Alors pourquoi aurait-elle besoin d’un protecteur sur Facebook ? Quelqu’un vous dérange, vous manque de respect ? Bloquez-le et l’affaire est réglée. Que vient faire le Maître dans l’histoire ? Que peut-il faire de plus ?
Les limites
On ne se réveille pas un beau matin en se disant je veux être une soumise. La recherche d’un Maître est l’aboutissement d’un processus d’introspection profond et sincère sur ce que l’on ressent, ce que l’on souhaite. Il est important de savoir ce que l’on veut car c’est ce qui permettra de fixer les limites avec le Maître. Il ne faut pas perdre de vue que la soumission est un processus qui impose obligatoirement des limites. Sans ces dernières on devient esclave ce qui n’est pas du tout la même chose. Une soumise doit savoir jusqu’où elle est prête à se soumettre pour qu’elle puisse fixer les limites. Ces dernières ne sont pas figées et évolueront avec le temps. Mais ces limites sont obligatoires. Elles doivent venir de la soumise et être acceptées par le Maître. Souvent, il faudra une petite négociation pour qu’un équilibre se trouve. Ce processus est normal et je dirais même souhaitable. Il permettra à la soumise de vérifier la capacité d’écoute du dominant.
Bien entendu, l’esprit critique, l’autonomie, connaître ses limites ne sont pas les seules qualités que doit avoir une soumise, mais elles sont fondamentales. En tant que Maître, je ne vois aucun intérêt à soumettre une femme qui dit amen à tous mes ordres. J’aime les femmes qui ont du caractère, suffisamment pour ne pas capituler de suite sans combattre. Quand la soumise dépose enfin les armes, la victoire n’en est que plus savoureuse car on en connait le prix.
Si j’ai un conseil à donner aux soumises, avec ou sans collier, soyez-vous, soyez-le pleinement, sortez les griffes si nécessaires, quand vous serez sûre de votre choix, votre reddition sera un grand moment de bonheur pour vous, le début d’une belle et grande histoire de D/s
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