En 1794, sous le régime de la Terreur, parmi les aristocrates enfermés dans une grande geôle sans cadenas, il y vit un singulier marquis qui écrit et qui fait grand bruit. Une odeur de souffre le précède et le suit.
Ce qui intrigue la jouvencelle, qui craint autant qu’elle est attirée par l’inconnu, le mystère, les joies et les affres de la chair et de l’esprit, pour ne pas dire de la vie tout court, et de la mort aussi qui rôde tout autour; la jouvencelle, dis-je, finit par avouer au divin marquis qu’elle a peur.
Et le marquis de lui répliquer savoureusement (et un peu fiévreusement) : « Obéissez-moi, mademoiselle, et vous n’aurez plus peur. »
Dans cette très belle scène de « Sade« , un film réalisé par Benoît Jacquot, sorti en 2000, on pourrait dire que, dans le processus d’échange de pouvoir érotique, tout est là.
Par la mainPlusieurs ont critiqué le film à sa sortie. Principal reproche : une certaine froideur clinique… et son « manque d’action ».
(Comme si la guerre civile qui sévissait alors en France ne suffisait pas…)
Je ne sais pas pour le livre sur lequel s’est appuyé le réalisateur, Sade – La terreur dans le boudoir de Serge Bramly, que je n’ai pas lu. Dans le film, l’essentiel y est pourtant, à mes yeux. Le marquis initie bel et bien la jouvencelle « à la vie, avant qu’elle ne meure ». Dans une fort belle scène, il la prend par la main pour marquer les trois points cardinaux que sont la tête, le coeur et le cul.
La leçon est forte.
Il a beau poser sur elle « ce regard froid du vrai libertin », il la tient également par la main lors de son baptême du feu, l’espèce.
Quand le Maître se fait paratonnerre…
Scène du film Sade, de Benoît Jacquot (2000).L’article Obéissez-moi, vous n’aurez plus peur est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.