Conjurer le sort est une activité shamanique, il n’y a pas de doute.
C’était même pas planifié, ni pressenti, que je sorte mon fouet du sac à ce moment précis, à cet endroit, sachant que mademoiselle… la première fois… une mauvaise expérience… il y a longtemps… à cause d’un pauvre (mot inaudible)…
Il était là, le fouet. Je l’ai pris sans me demander, sans me poser de questions. Il s’est imposé à ma conscience, comme une évidence, un éclat de cohérence.
Soupir. Je fus aussi surpris qu’elle le fut. Même le fouet fut surpris, je suis certain.
Je suivis le mouvement. Ce mouvement était bon. Je devrais dire : ces mouvements. Tous ces élans géométriques patiemment construits grâce à la collaboration exemplaire de l’épaule, les bras et le tronc. Tous ces élans calibrés en temps réel, maniés de telle sorte que la lanière aille exactement là où je le souhaitais.
Grâce à ce beau cadeau que m’a offert ma pouliche il y a déjà plus d’un an, je découvre dans l’art du fouet une danse électrique, très baroque ici dans cette lumière, ce lieu, ce décor un brin rococo, cette position de la femelle que j’affectionne tant.
Elle devint haletante, ladite femelle, aux premiers claquements du fouet; je le devins.
La langue du dragon gifla, elle cria, dansant sous la pluie des élans éoliens sonores. Les rayons de soleil qui traversaient les jalousies jalousaient les effets de la flagellation sur la chair boursouflée et rieuse.
Je me transformai en paratonnerre exalté, bien ancré, assez solide pour recevoir toute cette pleine décharge érotique tantrique accumulée qu’elle me transmettait de tout son corps and beyond.
Apprivoiser la bête, c’est le mot. Il n’y a pas de doute.
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